WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Plaidoyer pour un cadre juridique de la protection des travailleurs migrants et migrantes haïtiens et haïtiennes. Cas du rapport avec la République Dominicaine, les états-Unis et le Chili.


par Roodly RICHARD
Ecole de Droit et des Sciences Economies des Gonaives (UEH)  - Licence 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B) La Migration d'après François Crépeau : Le danger, c'est l'immobilité.

Le phénomène s'est accéléré parce que les moyens de communication le permettent. Mais la migration est l'état normal de fonctionnement de l'humanité. La sédentarité n'est que très récente et n'est même pas très fréquente: nous bougeons tout le temps. C'est dans notre ADN. Nous sommes une espèce migrante, et ce n'est pas 400 ans de théorie de la souveraineté territoriale qui vont changer cela. Il y a en ce moment sur la planète plus de 250 millions de migrants.

Ce nombre devrait atteindre les 400 millions vers 2050. En proportion, on reste à 3%, 3,5% de la population mondiale, comme c'est le cas aujourd'hui61. La réduction de la population active, notamment en Europe, va être un facteur majeur dans la transformation des migrations. Il y a des tas de choses que nous faisions dans nos sociétés que nous ne ferons plus. On aura besoin de migrants, mais il faudra que cela se passe dans des contextes qui ne soient pas ceux de l'exploitation. À cause de la globalisation, il y a un blocage autour des migrations qu'il faudra dénouer, et cela prendra au moins une génération. Ce blocage, c'est celui de la délocalisation.

On a délocalisé vers le sud tout le secteur manufacturier, mais au même moment, on a délocalisé vers le nord les conditions de travail du Sud dans bien des secteurs de nos économies, en ayant des migrants en situation irrégulière ou des travailleurs étrangers avec des contrats très précaires.

60 Frédéric Boyer, Migrants, mémoire du monde le 17/09/2015

https://www.la-croix.com/Culture/Livres-Idees/Livres/Migrants-memoire-du-monde-2015-09-17-

61 Cf. wwww. worldpopclock. com. Nombre de pays ne disposant pas d'un système censitaire fiable, ou ayant des données trop anciennes, on peut considérer que l'incertitude concernant les effectifs de population mondiale est approximativement de 2 à 3%.

Page 33 of 127

ROODLY RICHARD

8/2/19

« Plaidoyer pour un cadre juridique de la protection des travailleurs migrants et migrantes haïtiens et haïtiennes: cas du rapport avec la République Dominicaine, les États-Unis et le Chili »

Il s'agit de quelque chose de très structurel dans nos sociétés: il y a toujours eu une main-d'oeuvre docile, flexible pour faire des boulots terribles comme les esclaves, les serfs au Moyen Âge ou les ouvriers du XIXe siècle, et aujourd'hui, ce sont les travailleurs migrants qui occupent cette fonction. Cette précarité est connue de tous, surtout de nos dirigeants, mais ils ne font rien parce que c'est la condition de survie, dans la situation actuelle, de toute une série de secteurs de l'économie.

a) Le droit pourrait-il régler cette situation?

Le droit n'a jamais changé la vie des gens tout seul. C'est un outil: il y a régulièrement des jugements de la Cour européenne des droits de l'homme, de tribunaux partout en Europe qui disent aux gouvernements ce qu'ils n'ont pas le droit de faire avec ces populations. Le droit sert à quelque chose, mais par rapport aux millions de migrants dont les droits sont bafoués, on n'a que quelques dizaines de décisions.

Pour une raison assez simple: le migrant ne se plaint pas, ne va pas devant les tribunaux. Il a investi énormément d'argent pour venir dans nos pays. Il a aussi passé des mois qui peuvent avoir été extrêmement durs avec de la torture, de l'extorsion, avant d'arriver dans le pays où il travaille. Il porte entre ses mains l'espoir de sa famille qui attend de l'argent en retour, qui attend qu'il réussisse, qu'il puisse s'établir, se marier, avoir des enfants.

b) Comment en est-on arrivé là?

Parce qu'il n'y a pas, sur cette question, d'opposition dans les systèmes dans lesquels nous sommes. Les personnels politiques fonctionnent à l'incitatif électoral, et comme les migrants n'ont pas de droit de vote, ils sont sans capacité de punir ou de récompenser les politiciens. On ne connaît pas de politiciens, sauf dans des partis marginaux, qui ont un discours pro-immigration, demandant des chiffres supplémentaires d'immigration ou une bien meilleure protection des travailleurs migrants... Il n'y en a pas.

Dans les faits, l'évaluation de l'insertion de ces personnes est généralement celle d'un déclassement: des personnes qui étaient ingénieurs chez eux deviennent simples

Page 34 of 127

ROODLY RICHARD

8/2/19

« Plaidoyer pour un cadre juridique de la protection des travailleurs migrants et migrantes haïtiens et haïtiennes: cas du rapport avec la République Dominicaine, les États-Unis et le Chili »

techniciens dans le meilleur des cas. Après des années d'attente, la personne a changé totalement de projet de vie. Le danger, ce n'est pas la mobilité, c'est l'immobilité62.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote