Section II : Les principes d'application de la
politique migratoire des travailleurs migrants haïtiens.
La disposition naturelle des hommes à migrer vers des
territoires abondant en ressources est sans nul doute considérée
dans le circuit économique comme un phénomène
traditionnel.
Au XXIème siècle, les migrations sont
généralement ordonnées par l'existence de facteurs
économiques, politiques ou encore sociaux. Les mouvements migratoires de
la diaspora caribéenne s'inscrivent dans ce contexte. Loin d'être
une exception notable, elle présente un échantillon du monde
mettant en exergue l'existence des multiples causes de départs des flux
de migrants. Analysé en détail, un point témoigne avec
acuité d'une caractéristique commune : une tendance forte au
départ de la main-d'oeuvre qualifiée. L'ensemble des îles
de la Caraïbe insulaire, de Cuba à Trinidad sont enclines à
ce qui est communément appelé la fuite des cerveaux. Selon Ratha
et Xu (2008), quatre des îles appartenant à l'arc caribéen
sont dénombrées dans les dix premiers pays ayant un taux
d'émigration qualifiée élevé en 2005. À
titre d'illustration, la Jamaïque enregistre un taux d'émigration
qualifiée de près de 82,5 %, Haïti de 81,6 %. Trinidad et
Tobago et Grenade enregistrent respectivement des taux de 78,6 % et 66,7
%195.
a) Migration, droit et institution
La migration est également une question de droit :
droit de l'immigration, du séjour et de l'asile politique, droit des
immigrés à vivre en famille, droit de la nationalité pour
ce qui est de la procédure de naturalisation, droits à
prestations (droits sociaux)... Le droit de la famille est sans cesse
sollicité en matière de migration. En ce qui concerne l'union par
exemple, il est question de regroupement familial ou de mariage « mixte
». Par ailleurs, le législateur, puis les autorités
judiciaires peuvent vouloir empêcher les mariages dits « de
complaisance » ou mariages « blancs ». En matière de
filiation, il est possible d'évoquer le regroupement familial,
l'adoption, la kafala... En dehors de toute union ou de filiation, nous
195 Beine, M., F. Docquier and H. Rapoport (2001). «Brain
drain and economic growth: Theory and evidence», Journal of
Development Economics, 64 (1): 276-289.
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ROODLY RICHARD
8/2/19
« Plaidoyer pour un cadre juridique de la protection
des travailleurs migrants et migrantes haïtiens et haïtiennes: cas du
rapport avec la République Dominicaine, les États-Unis et le
Chili »
pouvons également citer la situation des mineurs
isolés étrangers qui arrivent sur le territoire national, sans
qu'aucun détenteur de l'autorité parentale n'y soit
présent196.
Certes, il n'y aucune obligation à « franciser
» et l'on peut garder une référence à ses origines
via son nom. Toutefois, que l'on fasse ou non la démarche, l'acte
dénote une « projection identitaire », liée à la
migration. Ainsi, la migration, pratique sociale de mobilité, question
socio-anthropologique en lien avec la construction identitaire, est souvent
aussi, en complément, une question juridique ou
judiciaire197.
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