UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)
FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE (FADESP)
CENTRE DE DROIT ADMINISTRATIF ET DE L'ADMINISTRATION
TERRITORIALE (CeDAT)
MASTER PROFESSIONNEL ET RECHERCHE
OPTION : MARCHES PUBLICS ET PARTENARIATS PUBLICS
PRIVES
5ème Promotion : Année 2017-2018
THÈME :
GESTION DURABLE DES ADDUCTIONS D'EAU VILLAGEOISES AU
BENIN
Réalisé par : Sous la direction de :
Fêmi COCKER Dr Ludovic GUEDJE
Enseignant à la FADESP-UAC
Directeur de la Réglementation et des Affaires Juridiques
à l'ARMP du Bénin
Soutenu le 11 janvier 2020
Avertissement
Le Centre de Droit administratif et de l'Administration
Territoriale (CeDAT) n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions
émises dans les mémoires.
Ces opinions doivent être considérées comme
propres à son auteur.
Dédicace
II
À ma chère mère pour m'avoir
montré le chemin de l'école.
À Adouni et Ifêmi, pour leur dire que le
succès est au bout de l'effort.
III
Remerciements
Ce mémoire est devenu une réalité
grâce à l'encadrement et aux conseils du Professeur Arsène
Joël ADELOUI et du Dr Ludovic GUEDJE que nous remercions pour leurs
bienveillantes orientations malgré leurs multiples occupations.
Nous rendons ici hommage à tous les enseignants du
Master Marchés Publics et Partenariats Public-Privé qui nous ont
formés et en particulier le Professeur Ibrahim David SALAMI pour ses
ambitions pour ce master et enfin le personnel du CeDAT qui nous a
accompagné tout au long de ce noble cursus académique.
Nos gratitudes vont à l'endroit des personnels
bibliothèques et centres de documentations que nous avons
fréquentés lors de la rédaction de ce mémoire et
particulièrement le Centre de Documentation Loïc CADIET du
CREDIJ.
Nos gratitudes vont également à l'endroit des
structures qui nous ont fournis les informations spécifiques sur notre
sujet de recherche. Il s'agit principalement de la Direction
Générale de l'Eau et de l'Agence Nationale d'Approvisionnement en
Eau Potable en Milieu Rural.
iv
Sommaire
Introduction 1
1ère Partie : Une gestion conditionnée 11
Chapitre 1 : Un cadre juridique approprié 13
Section I Des avancées perceptibles 14
Section II Des difficultés indéniables 22
Chapitre 2 : Un cadre institutionnel dynamique 29
Section I Une complexité certaine 29
Section II Une efficacité mitigée 35
2ème Partie : Une gestion perfectible 38
Chapitre 1 : Un cadre juridique perfectible 39
Section I Une gestion mixte 39
Section II Une possible confusion 46
Chapitre 2 : Un cadre institutionnel adapté 49
Section I La gestion participative 49
Section II La lourdeur administrative 54
Conclusion 58
Liste des principaux sigles et
abréviations
ACEP AEV AEP Al. (s)
: Association des consommateurs d'Eau Potable
: Adduction d'Eau Villageoise
: Approvisionnement en Eau Potable
: alinéa (s).
ANAEPMR : Agence Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en
Milieu
Rural
ANCB : Association Nationale des Communes du Bénin
ARMP
|
: Autorité de Régulation des Marchés
Publics
|
Art. (s) : Article (s)
Ass.
AUE CE CeDAT CNE DDCMP DDEM DDS DGEau DGH
: Assemblée
: Associations des Usagers de l'Eau
: Conseil d'Etat
: Centre de Droit administratif et de l'Administration
Territoriale
: Conseil National de l'Eau
: Direction Départementale de Contrôle des
Marchés Publics
: Direction Départementale de l'Eau et des Mines
: Directions Départementales de la Santé
: Direction Générale de l'Eau
: Direction Générale de l'Hydraulique
dir. : sous la direction
FADeC FADESP
: Fonds Aide au Développement Communal
: Faculté de Droit et des Sciences Politiques
FNEau : Fonds National de l'Eau
GIRE IEC INE MDGL MPPPP MR
: Gestion Intégrée des Ressources en Eau
: Information Éducation Communication
: Institut National de l'Eau
: Ministre de la Décentralisation et de la Gouvernance
Locale
: Marchés Publics et Partenariats Public-Privé
: Message Radio
V
n° : numéro
ODD OMD
|
: Objectifs de Développement Durable
: Objectifs du Millénaire pour le Développement
|
op. cit : déjà cité
p
PAG PEA PGSSE PME PNE PPP PTF SBEE SCRP SDE
: page
: Programme d'Action du Gouvernement
: Poste d'Eau Autonome
: Plan de Gestion de la Sécurité Sanitaire de
l'Eau
: Petite et Moyenne Entreprise
: Politique Nationale de l'Eau
: Partenariats Public-Privé
: Partenaires Techniques et Financiers
: Société Béninoise d'Énergie
Électrique
: Stratégie de Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté
: Structure Déconcentrée de l'Etat
SEau : Service de l'Eau
SONEB
|
:
|
Société Nationale des Eau du Bénin
|
vi
SNAEP-MR :
|
Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en
Milieu Rural
|
spéc. : spécifique
UAC
|
: Université d'Abomey-Calavi
|
1
Introduction
« L'eau est la chose la plus nécessaire
à l'entretien de la vie, mais elle peut facilement être
corrompue... Elle a donc besoin que la loi vienne à son
secours...1 » L'eau constitue un bien
considéré à l'instar de l'air, comme essentiel à la
vie humaine. Parmi les ressources qui contribuent au développement des
activités humaines, l'eau est la plus importante. Elle est une ressource
indispensable pour la vie. « Elle compose 65% du corps humain et
recouvre 70% de la surface de la terre2 ». Elle s'amenuise
à cause des activités anthropiques et des changements
climatiques. Mais paradoxalement, la population mondiale augmente et les usages
se multiplient de façon exponentielle. Le fait qu'elle soit une
ressource indispensable à la vie fait d'elle une ressource
convoitée plus qu'aucune autre. L'eau doit alors être
protégée contre toute forme de pollution et de contamination.
Elle a donc besoin que la loi vienne à son secours comme le disait
déjà PLATON3 depuis le XVIIIème
siècle. « L'accès à cette ressource pose encore
d'énormes difficultés dans plusieurs régions du
monde4 ». Cette situation conduit à des maladies
qui affectent les Hommes au point de baisser leur productivité. Il
existe un lien direct entre le manque d'eau potable et toutes sortes de
maladies dont sont victimes les populations pauvres dans le monde, en
particulier dans les pays en voie de développement5. Il ne
sert à rien de réaliser à grands frais des infrastructures
sociocommunautaires, si l'on ne conçoit pas un dispositif
cohérant de gestion pérenne prenant en charge les besoins
réels des bénéficiaires. Ces infrastructures
sociocommunautaires sont ici les ouvrages servant à la fourniture de
l'eau potable. Le dispositif d'utilisation pérenne et rationnelle
dont-il s'agit ici est le cadre juridique mis en place pour leur gestion. Telle
est de façon caricaturée la maladie6 dont souffre le
Bénin dans plusieurs secteurs vitaux dont le secteur de l'eau,
première denrée alimentaire.
Alimenter les populations en eau douce, de qualité et
s'en servir pour les divers autres usages tout en préservant les
équilibres écologiques est un enjeu majeur de
développement durable.
1 PLATON, Les lois, livre VII, en ligne : <
http://books.google.fr>, p. 987,
consulté le 07/04/2019 à 12h30
2 BAECHLER L., « La bonne gestion de l'eau: un
enjeu majeur du développement durable », Cairn Info, 2012,
vol. 3, n° 365, p. 4.
3 PLATON, Les lois, op. cit., p.
1153.
4 HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau
potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin »,
Développement durable et territoires. Économie,
géographie, politique, droit, sociologie, 2006, n° 6, p. 1.
5 BRIAND A. et LEMAITRE A., « Privatisation de
la distribution de l'eau potable en Afrique : une aubaine ? », Actes de la
journée d'études, Université d'Artois, Arras, 2004, p.
102.
6 SOSSOUKPE J. O., Problématique de la
gestion efficace des marchés de la commune de Lokossa.
Mémoire de fin du 1er cycle ENAM, Abomey-Calavi, Université
d'Abomey-Calavi, 2012, p. 6-7. Cet auteur a mené le même
raisonnement pour exprimer les difficultés de gestion dans d'autres
secteurs, notamment le secteur des infrastructures marchandes.
2
Ainsi, l'objet de notre sujet est d'étudier la
problématique de la « Gestion durable des Adductions d'Eau
Villageoises au Bénin ».
En effet, la gestion durable de l'eau consiste à
garantir par des moyens techniques performants et économiques le retour
au milieu naturel d'une eau dont les qualités satisfont aux exigences
sanitaires et environnementales7. Dans le cadre de notre
étude en lien avec l'objectif six des ODD8, «
garantir l'accès de tous à l'eau et à l'assainissement
et assurer une gestion durable des ressources en eau », la gestion
durable de l'eau en milieu rural, passe en partie par une meilleure gestion des
AEV qui sont des infrastructures de production, de distribution et de gestion
de l'eau. L'enjeu est donc la réalisation et l'utilisation d'AEV
durablement performants. C'est l'affermage selon la SNAEPMR9 qui est
le mode de gestion retenu pour les systèmes d'Approvisionnement en Eau
Potable (AEP) en milieu rural au Bénin.
Dans le cas de la présente étude,
l'autorité affermante, est l'Etat à travers les
collectivités territoriales, les communes, qui confient à un
sachant, c'est-à-dire, une structure spécialisée dans la
gestion professionnelle des infrastructures de production et de distribution
d'eau potable pour fournir de façon continue de l'eau de bonne
qualité à la population et verse en retour des redevances
à la commune conformément à un contrat10 de
gestion. Le fermier ne réalise pas les investissements initiaux mais
assure l'entretien de l'ouvrage. Dans un contrat d'affermage d'AEV, la commune
conserve la propriété des équipements, tandis qu'un
opérateur privé (OP) est responsable de l'exploitation de l'AEV
conformément aux dispositions contractuelles. L'OP perçoit des
revenus tirés de la commercialisation de l'eau sur la base de tarifs
convenus avec la commune tandis que les dépenses liées à
l'exploitation et à la maintenance lui incombent11.
Dans sa vision de mettre en place de grands systèmes
d'approvisionnement en eau potable avec une gestion durable d'ici 2021, l'Etat
à partir d'une convention librement consentie avec les communes, propose
une nouvelle formule de Partenariat Public-Privé (PPP) où le pays
sera subdivisé en trois (03) zones, chaque zone constituant un lot.
Contrairement au mode de gestion actuel, où la gestion est
confiée à de petites entreprises non spécialisées
ou à des tacherons, les
7 Gestion durable de l'eau, Assainissement durable,
disponible sur :
www.assainissement-durable.com,
consulté le 07/05/2019 à 1h39mn
8 ONU, Objectifs de Développement Durable
(ODD), disponible sur :
www.un.org, consulté le
25/06/2019 à 11h19mn
9 MEEM, Stratégie Nationale
d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural 2017-2030, principe
directeur n°2 : La promotion de la gestion professionnalisée des
systèmes d'approvisionnement en eau potable.
10 Un exemplaire du contrat d'affermage des AEV est en
annexe1 à la présente étude.
11 WSP, Bénin-Partenariats
Public-Privé novateurs au service de la durabilité de
l'approvisionnement en eau potable en milieu rural-Étude de cas,
Cotonou, PEA-BM, 2016, p. 11.
3
zones seront attribuées à des firmes
professionnelles pour assurer l'exploitation, la maintenance, le
renouvèlement et aussi l'extension des réseaux d'AEV pour
garantir la pérennité du service de l'eau en milieu rural au
Bénin.
Plusieurs définitions sont données au concept de
Partenariat Public-Privé (PPP) en raison de la diversité des
formes que peut revêtir ce mode de gestion. En effet, s'accorder sur une
définition du concept de Partenariat Public-Privé n'est pas chose
aisée car de nos jours il n'existe toujours pas une définition
commune ; le concept PPP peut désigner soit un modèle de
politique de développement, soit un modèle de coopération
internationale, ou encore une forme d'interactions entre acteurs publics et
privés. Dès lors le concept peut changer de dénomination
selon les pays : Contrat de PPP en France, contrat de concession en Belgique,
montages de type BOT (Built, Operate, Transfer) en Grande-Bretagne, etc.
Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU), il faut entendre
par Partenariat Public-Privé, «des relations de collaboration
voulues entre diverses parties, États et autres acteurs, dans le cadre
desquelles tous les participants acceptent de travailler ensemble à la
réalisation d'un même but ou de s'engager dans une tâche
bien précise en partageant les risques, les responsabilités, les
ressources, les compétences et les avantages12».
L'Union Européenne quant à elle, définit
le Partenariat Public-Privé (PPP) comme «des formes de
coopération entre les autorités publiques et le monde des
entreprises, visant à satisfaire des besoins d'intérêt
général. Ils s'expliquent par la volonté de
bénéficier davantage du savoir-faire et des méthodes de
fonctionnement du secteur privé dans le cadre de la vie publique, ainsi
que par l'évolution plus générale du rôle de l'Etat
dans la sphère économique, passant d'un rôle
d'opérateur direct à un rôle d'organisateur, de
régulateur et de contrôleur13».
Dans son ouvrage titré, Financement d'un projet de
Partenariats Public-Privé, DABIRE14 pense que « Le
terme PPP désigne les contrats par lesquels les pouvoirs publics et des
entreprises privées s'engagent à construire ou gérer
ensemble des infrastructures ou d'autres services. C'est une entente
contractuelle entre un organisme du secteur public et une entreprise à
but lucratif aux termes de laquelle les ressources et les risques sont
partagés dans le but d'assurer la prestation d'un service public ou le
développement d'une infrastructure publique. En d'autres termes, c'est
un contrat entre deux partenaires (l'un public et l'autre privé)
dans
12 Maison du développement locale,
Capitalisation de l'expérience des maisons du développement
local, MDL, Sénégal, 2014, p.11
13 idem, p.12
14 DABIRE C., Financement d'un projet de
Partenariats Public-Privé (PPP), Paris, L'Harmattan, 2014, p.
31-32
4
lequel le partenaire privé rend des services au
partenaire public qui reçoit lesdits services moyennant une
rémunération. Ce partenariat requiert une négociation
permanente entre les parties, qui se poursuit durant la durée du contrat
(en moyenne une vingtaine d'années) et qui nécessite des
révisions au long du parcours dont il convient de déterminer les
périodicités. Les PPP permettent, dans un contexte exigeant,
d'améliorer la gestion d'un projet d'intérêt public, sous
la responsabilité d'un opérateur privé et de le financer
entièrement ou partiellement sur des ressources privées.
»
A l'instar de DABIRE, la loi n° 2016-24 du 28 juin 2017
portant cadre juridique du partenariat public-privé en République
du Bénin définit les PPP comme « un contrat par lequel
une personne publique confie à un partenaire privé, personne
morale de droit privé, pour une période déterminée,
en fonction de la durée d'amortissement des investissements ou des
modalités de financement retenues, une mission globale ayant pour objet
la construction ou la transformation, l'entretien, la maintenance,
l'exploitation ou la gestion d'ouvrage, d'équipement ou de biens
immatériels nécessaires au service public dont l'autorité
contractante a la charge, ainsi que tout ou partie de leur financement
».
Les contrats de Partenariat Public-Privé ont donc un
caractère innovant ici également. Mais vu leur
particularité, on pourrait qualifier les PPP comme « les
contrats les plus importants de par leur importance économique et
financière et leur poids dans les politiques publiques15
».
De cette multitude de définitions, on peut retenir que
le Partenariat Public-Privé (PPP) est une forme de contractualisation
fondée sur des techniques de financement et/ou de gestion des projets
publics spécifiques convenues avec le secteur privé sur un
partage optimisé des risques. La présente étude met
particulièrement l'accent sur l'exploitation, la maintenance, le
renouvellement et l'extension des AEV dans la perspective de leur gestion
durable. Jusque-là, l'Etat est représenté par les communes
et le partenaire privé est le fermier, une PME qui se débrouille
pour assurer la gestion des infrastructures avec ses moyens de bord. Alors
qu'aujourd'hui, la vision du gouvernement est de réaliser les ouvrages
avec l'aide de ses Partenaires Techniques et Financiers (PTF) avant de confier
la gestion à un professionnel. Tout étant dynamique, il pourrait
évoluer avec le temps vers un PPP où le Partenaire Privé
se chargera directement du financement ou de la recherche du financement.
15 AKEREKORO H., Droit administratif des biens.
Nouvelles orientations béninoises, Cotonou, Les Éditions de
la Miséricorde, 2017, p. 91.
5
On retiendra dans le cadre de la présente étude
qu'une Adduction d'Eau Villageoise (AEV) est un dispositif de fourniture d'eau
potable parfois muni d'une station de traitement, généralement
constitué d'un forage équipé d'un système de
pompage motorisé avec une source d'énergie thermique,
électrique, solaire ou mixte, relié à un réservoir
de stockage qui envoie l'eau vers un réseau de distribution, les
abonnés ou la population de la zone de couverture.
Ab initio, l'historique du sujet nous renvoie
à la période d'avant la décentralisation, avant 1999,
où le système de gestion des AEV fut régi par le
décret n° 96- 317 du 2 août 1996, portant mode de
constitution, d'organisation et de fonctionnement des Associations des Usagers
de l'Eau (AUE). Ce décret stipule que la Direction
Générale de l'Hydraulique est le maître d'ouvrage. Elle
élabore avec les Associations des Usagers de l'Eau une convention de
cession et d'exploitation des équipements des systèmes d'eau
potable. A l'exception de l'ouvrage de captage qui reste la
propriété de l'Etat, le reste de l'infrastructure devient,
à la signature de la convention, « propriété »
de l'AUE. Force est de constater que ces AUE, dont le fonctionnement est
basé sur le bénévolat, n'ont pas pu, dans la plupart des
cas, assurer cette grande responsabilité à elles confiée
par l'Etat.
A l'avènement de la décentralisation, 1999, on
se retrouve dans une phase transitoire où la gestion communautaire ayant
montré ses limites, se substituait progressivement par une gestion mixte
qu'on pourrait qualifier de «
communautaro-professionnelle16 ». La situation
s'était vite muée en un conflit d'intérêt. D'un
côté, il y avait les AUE qui se sont « suffisamment
sucrées » avec la gestion communautaire, donc elles étaient
réfractaires au changement de mode de gestion, de l'autre
côté, il y avait les élus communaux qui voulaient jouer le
rôle que leur confère désormais la loi en prenant le
contrôle de la gestion. En effet, la loi n° 97-029 du 15 janvier
1999, portant organisation des communes en République du Bénin,
stipule en son article 93 que « la commune a la charge de la
fourniture et de la distribution d'eau potable ». C'est dans cette
dissension entre les élus et leurs administrés que l'Etat,
accompagné de ses Partenaires Techniques et Financiers, ne pouvant pas
laisser la situation perdurer est donc intervenu pour les aider à
juguler la crise17. Ainsi en 2006, il y a eu l'atelier
national18 de réflexion sur le système de gestion des
AEV, réunissant les communes, les opérateurs privés, les
représentants
16 On essayait de trouver l'équilibre en
conciliant au cas par cas la gestion communautaire et un balbutiement de
gestion professionnelle qui peinaient à prendre. Puisque
c'étaient les mêmes acteurs qui changeaient de veste
17 La plupart des ouvrages étaient
déjà tombés en panne faute d'entretien périodique
et de suivi de la gestion financière.
18 WSP, Bénin-Partenariats
Public-Privé novateurs au service de la durabilité de
l'approvisionnement en eau potable en milieu rural-Étude de cas,
op. cit., p 10.
6
des usagers de l'eau et la DG-Eau où les
différents scénarii de gestions susceptibles de mieux garantir la
pérennité des réseaux d'AEV ont été
proposés et quatre19 options de gestion ont été
retenues et adoptées. C'est dans le souci de respecter ces dispositions
légales en vigueur au Bénin que toutes les propositions placent
la commune au centre de la gestion des ouvrages. Tous ces modes de gestion ont
été expérimentés par les communes avec toutes les
difficultés y afférentes. Finalement, après toutes ces
périodes transitoires, c'est la délégation par la commune
de la gestion des AEV à un fermier pour une gestion durable des AEV,
objet de la présente réflexion qui s'est
généralisée. L'épopée continue, parce que
cette gestion non plus n'a pas encore donné satisfaction. C'est ce qui
justifie une nouvelle fois l'intervention de l'Etat central pour apporter son
assistance.
La gestion durable des AEV commence déjà par les
étapes de passation de marché, le respect des règles de
l'art lors de la construction jusqu'à la mise en place d'un
système d'exploitation pour une gestion durable. La problématique
de la gestion durable des AEV se pose dans bon nombre de pays en Afrique au sud
du Sahara. Mais notre étude se limitera au cas du Bénin à
cause de nos moyens limités et des difficultés que rencontrent
les populations du milieu rural qui n'ont autre solution que d'espérer
l'appui de l'Etat. Mais en consentant à caller l'étude dans une
période20 précise, qui pourrait être encore
singulièrement élargi, nous voulons éviter le risque de
« trop embrasser pour mal étreindre ». La gestion des
infrastructures d'AEP par un prestataire professionnel est courante en
hydraulique urbaine, cette approche a été introduite en
hydraulique rurale au début des années 200021 comme
alternative à la gestion communautaire qui a montré ses limites.
Outre les AEV, il y a d'autres ouvrages d'AEP. Le sujet s'intéressera
exclusivement aux AEV parce qu'elles représentent le système le
plus dense en hydraulique rurale et sont appelées à juste titre
ouvrages complexes22. Si l'on parvient à maitriser
leur gestion, alors on réussira aisément la gestion des autres
ouvrages de moindre envergure, dits simples. Cette étude est
circonscrite dans le milieu rural du Bénin, car les AEV sont
réalisées
19 Les quatre options de gestion proposées
sont : Option 1: Délégation par la commune de la gestion des AEV
à un fermier ; Option 2: Contrat tripartite commune, (AUE) et fermier ;
Option 3: Délégation par la commune de la production à un
fermier et de la distribution à une AUE ; Option 4:
Délégation par la commune de la gestion des AEV à une
AUE.
20 Nous précisons qu'il s'agit
prioritairement du Bénin à partir de 1999 avec l'avènement
des lois sur la décentralisation
21 WSP, Délégation de gestion du
service d'eau en milieu rural et semi urbain, 2010, p.3,
22 Ouvrages complexes : terme technique par lequel,
les AEV sont désignées dans le guide à l'usage des
communes, Intermédiation spécifique aux AEV, 2008
7
en milieu rural et à la limite semi-urbain. Quant au
milieu urbain, il est géré par la société d'Etat
SONEB23 en charge de l'AEP dans les villes.
L'actualité du sujet s'apprécie dans la
volonté du gouvernement Béninois de prioriser la
réalisation des AEV à travers son programme d'action. En effet,
le 22 mars 2018, à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Eau, le
Ministre béninois en charge de l'eau a rassuré l'opinion
nationale que l'accès à l'eau potable est une
préoccupation du gouvernement en précisant que 2 060 000
personnes supplémentaires seront desservies d'ici mars
201924. Cette promesse est encore en cours de mise en oeuvre en ce
moment avec toutes les difficultés y afférentes. Encore plus
récent, c'est l'Etat même qui est venu à la rescousse des
communes avec un vaste programme d'accès universel à l'eau
potable d'ici 202125 par le canal d'une convention cadre de
partenariat Etat-Commune26. L'actualité du sujet
s'apprécie ainsi dans cette évolution innovante introduite par
l'Etat dans la gestion des AEV
L'eau est une denrée indispensable, un bien de
consommation et un facteur de production. Elle abrite ainsi toutes les
caractéristiques des biens économiques. Par conséquent,
l'eau est un bien économique comme il est reconnu à la
conférence internationale sur l'eau et l'environnement tenue à
Dublin en 1992 sous le quatrième principe: « l'eau
utilisée à de multiples fins, a une valeur économique et
devrait donc être reconnue comme bien économique. En
vertu de ce principe, il est primordial de reconnaître le droit
fondamental de l'homme à une eau salubre et à une hygiène
adéquate pour un prix abordable. La valeur économique de l'eau a
été longtemps méconnue, ce qui a conduit à
gaspiller la ressource et à l'exploiter au mépris de
l'environnement. Considérer l'eau comme un bien économique et la
gérer en conséquence, c'est ouvrir la voie à une
utilisation efficace et équitable de cette ressource, à sa
préservation et à sa protection27 ».
23 SONEB : Société Nationale des Eau du
Bénin, chargée de la production et de la distribution de l'eau
potable en milieu urbain.
24 Message du ministre de l'Eau et des Mines
à l'occasion de la Journée mondiale de l'Eau le 22 mars 2018,
disponible sur : www.lanationbenin.info, consulté le 25/09/2018
à 10h19mn
25 45 projets phares du PAG (Programme d'Actions du
Gouvernement 2016-2021), disponible sur :
www.presidence.bj/benin-revele,
consulté le 21/01/2019 à 10h22mn
26 Dans la forme juridique requise, l'Etat
représenté par le Ministre en charge de l'eau a signé avec
chaque commune représentée par son Maire, une convention
dénommée « Convention cadre de partenariat Etat-Commune
» pour l'accompagner à atteindre avec
célérité les objectifs de développement
fixés ; (exemplaire de la convention signée en annexe2)
27The Dublin Statement, 1992. Texte original:
« Principle 4: Water has an economic value in all its competing uses and
should be recognized as an economic good. Within this principle, it is vital to
recognize first the basic right of all human beings to have access to clean
water and sanitation at an affordable price. Past failure to recognize the
economic value of water has led to wasteful and environmentally damaging uses
of the resource. Managing
8
La bonne gestion de l'infrastructure déclenche
l'intérêt social et politique car l'ouvrage bien entretenu ne
tombe pas souvent en panne et la population est paisible avec un accès
continu et permanant à la ressource pour ses différents besoins.
Ainsi, elle n'est pas perturbée dans la gestion de ses activités
génératrices de revenu et ne souffre pas des maladies
liées au manque d'eau potable. Les autorités à divers
niveaux ont donc le temps de se consacrer à d'autres projets de
développement, puisque la politique c'est la gestion de la
cité.
La motivation principale qui sous-tend cette étude sur
la gestion durable des AEV est la difficulté d'accès à
l'eau potable. En effet, un milliard quatre cent millions environ d'êtres
humains dans le monde, n'avaient toujours pas accès en 2003 à
l'eau potable et parmi eux, 450 millions se situaient en Afrique28.
Alors qu'environ 85% de la population urbaine en Afrique a de l'eau potable,
55% de la population rurale n'y a toujours pas accès29. Les
effets néfastes des difficultés d'accès à l'eau
potable sur la santé et l'hygiène, constituent aussi un facteur
prépondérant dans le cercle vicieux de la pauvreté. Dans
de nombreuses régions des pays en développement, la charge
d'aller chercher de l'eau revient en effet aux femmes et aux enfants, qui
doivent souvent parcourir de longues distances, leur laissant alors moins de
temps pour des activités génératrices de revenu chez les
femmes et l'éducation chez les enfants. Cette réalité est
le quotidien des milieux ruraux du Bénin. Les distances à
parcourir peuvent se réduire s'il y a plus d'infrastructures
réalisées à proximité des concessions30.
Depuis 1960, un peu plus de 600 AEV ont été
réalisées au Bénin. Pour soulager la peine des populations
qui affrontent de longues distances à la recherche de l'eau, le
gouvernement du Bénin ambitionne d'en réaliser 166 pour la
période 2018-2019, soit approximativement le tiers de ce qui a
été réalisé en 58 ans
d'indépendance.31 Il serait donc utile voire impérieux
en tant que praticien des marchés publics et acteur du secteur de l'eau
d'avoir une vision rétrospective sur ce qui n'avait pas marché
dans les gestions antérieures et de réfléchir sur un
mécanisme de gestion durable des AEV afin d'en faire vraiment une
gestion professionnelle. Le gouvernement conformément à son
PAG32 a mis en place l'Agence Nationale d'Approvisionnement en Eau
Potable en Milieu Rural (ANAEPMR). Compte tenu de la sensibilité du
secteur, de l'urgence et des défis à relever, elle
water as an economic good is an important way of achieving
efficient and equitable use, and of encouraging conservation and protection of
water resources »
28 GAUTIER A.-M., « De l'eau pour tous »,
Amis de la Mission, 2004, n°4, p. 3.
29 « Eau potable », Enterprise Works World Wide (2003),
disponible sur:
www.enterpriseworks.org
30 COCKER F., VODOUNOU J.-B. et YABI J., «
Determinants of the volumes of drinking water used in rural area in the
lower valley of Oueme in Benin », inédit, 8-9.
31 « Le défi de l'eau potable par le Gouvernement
du Président Patrice Talon sous la loupe du Président du FRD
», disponible sur :
https://visages-du-benin.com,
consulté le 21/01/2019 à 10h22mn
32 PAG : Programme d'Action du Gouvernement 2016-2021
(Bénin)
9
a été directement rattachée à la
Présidence de la République. Il est prévu la
réalisation de grands systèmes de fourniture d'eau potable
(production, distribution et gestion). Étant cadre de la Direction
Générale de l'Eau (DGEau) qui apporte son assistance technique
à cette agence pour l'aider à mieux accomplir sa mission, nous
avons jugé opportun d'étudier la gestion durable des AEV au
Bénin. Cela nous permettra d'assister notre Etat et les
collectivités territoriales dans l'exécution des projets de
développement et surtout au moment de mettre en place un système
efficace de gestion durable.
Pour aborder le sujet, nous avons adopté une
méthode de travail basée sur la recherche documentaire pour mieux
nous informer et nous imprégner des travaux existants afin de mieux
illustrer l'innovation de notre sujet en nous appuyant sur les
expériences acquises pendant environ deux décennies
d'activités dans le secteur. Pour analyser les informations
théoriques issues de la documentation en lien avec la
réalité du terrain, nous avons échangé avec les
acteurs de la gestion actuelle et quelques représentants des usagers
constitués en Association des Consommateurs d'Eau Potable (ACEP) afin
qu'ils s'expriment sur la nouvelle vision prônée par l'Etat.
Compte tenu de nos ressources financières très limitées,
les réalités sur ce sujet étant les mêmes d'une
commune à l'autre, nous avons retenu par choix aléatoire une
commune de proximité, Akpro-Missérété, pour les
échanges en vue de comparer les tendances à l'information
théorique précédemment obtenue dans la documentation et
par la connaissance du secteur.
L'Etat face au défi de l'accès universel
à l'eau potable en milieu rural d'ici 2021, a fait valider un plan
national de développement du sous-secteur AEP en milieu rural
préparé à partir d'un état des lieux
actualisé à fin juin 2017 de la couverture des territoires des
communes en ouvrages d'Approvisionnement en Eau Potable. Le gouvernement a donc
convaincu par ses idées les communes qui, de façon volontaire ont
adhérées à une convention cadre de partenariat
Etat-Commune en abandonnant une partie de leurs prérogatives compte
tenue de la complexité du sujet tout en participant aux prises de
décisions importantes concernant leur territoire. Dans la forme
juridique requise, l'Etat représenté par le Ministre en charge de
l'eau a signé avec chaque commune représentée par son
Maire, une convention dénommée « Convention cadre de
partenariat Etat-Commune » pour l'accompagner à atteindre avec
célérité les objectifs de développement
fixés, (un exemplaire de cette convention signée est en annexe 2
du présent mémoire).
10
En effet, dans le respect de l'article 153 de la Constitution
béninoise, de l'article 86 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant
organisation des communes en République du Bénin et de la loi
2001-07 du 9 mai 2001 portant maîtrise d'ouvrage public en
République du Bénin, le gouvernement et les soixante-quatorze
(74)33 communes autres que les trois (3) à statut particulier
ont d'accord partie signé une convention cadre de partenariat pour la
réalisation et la gestion des ouvrages d'AEP. Mais cette fois-ci la
gestion a évolué de l'affermage communal régie par les
principes de délégation de service public à un Partenariat
Public-Privé nouvelle version sous le contrôle de l'Etat. Donc, en
plus de l'exploitation et la maintenance, les volets extension et
renouvellement des équipements s'ajoutent. Le choix du gouvernement avec
ses conséquences juridiques est-il une évolution positive
à cent pour cent ? Au regard de cette nouvelle orientation et sachant
que les procédures dans le cas des PPP sont complexes, le cadre
institutionnel pour cette innovation est-il vraiment déjà
opérationnel ? Le système risque d'être bloqué
à un moment donné si les préalables ne sont pas faits pour
éviter de « mettre la charrue avant les boeufs ».
L'eau étant une ressource indispensable à la vie, la question est
de savoir comment faut-il gérer les AEV pour garantir l'accès
durable à l'eau potable. N'est-il pas idéal d'adopter un mode de
gestion plus performant intégrant le caractère social du service
de l'eau pour garantir l'accès durable à tous ? Le recours au
Partenariat Public-Privé est-il un atout pour bénéficier
de l'expertise du partenaire privé et de l'extension des ouvrages ?
Comme le mentionne très bien Luc
Albarello34, le « chercheur en sciences humaines ne part
jamais vers n'importe quel terrain, pour observer n'importe quoi. Même si
le champ est mal connu, même si l'objectif de la recherche n'est
guère précis, le chercheur a toujours bien sa `petite idée
derrière la tête'. Et cette petite idée, s'il prenait le
temps de la faire émerger, de l'expliciter, de la structurer davantage
est bien souvent... une hypothèse » C'est cette petite
idée qui est formulée dans l'hypothèse de l'étude.
Il y a une évolution positive dans la nouvelle orientation de l'Etat par
rapport au résultat peu reluisant de la gestion communale. Le
développement du plan suivant permettra de confirmer ou d'infirmer cette
hypothèse découlant de notre cadre théorique.
Dès lors, la gestion actuelle peut être
analysée comme (1ère Partie) une gestion
conditionnée, mais aussi en toute connaissance de cause elle peut
être analysée comme (2ème Partie) une gestion
perfectible.
33 Bordereau de transmission des Conventions
cadre de partenariat Etat-Commune par le Ministre en charge de l'eau au
Directeur de l'ANAEPMR, 5 juin 2018, en annexe 3
34 ALBARELLO L. Méthodes en sciences
humaines, 4e éd., De Boeck Supérieur, Bruxelles,
2012, p. 41.
11
1ère Partie : Une gestion
conditionnée
Le développement d'une nation passe par le bien
être de la population. Pour être en bonne santé, il faut
consommer des aliments sains. L'eau en constitue le premier et est encore un
constituant essentiel de la plupart des aliments. Cette ressource n'est pas
toujours disponible de façon équitable au sein des populations
surtout les plus démunies d'Afrique. Le Bénin n'échappe
pas à cette réalité.
Cependant, des faits nouveaux sont intervenus dans le secteur
de l'eau au Bénin, notamment, l'approbation en juillet 2009 de la
Politique Nationale de l'Eau35, qui prévoit, dans son
orientation stratégique n°2, d'« assurer un accès
équitable et durable à l'eau potable et à l'assainissement
pour les populations » et dans l'axe n°1 de cette orientation de
« garantir les services améliorés d'AEP aux populations,
notamment l'amélioration des services d'AEP »; Pour
réussir la mise en oeuvre de ces engagements de souveraineté, il
faudrait avoir une politique de gestion efficace des ouvrages
d'Approvisionnement en Eau Potable.
C'est dans cette perspective que la gestion des Adductions
d'Eau Villageoises a connu une évolution positive qui est tout de
même conditionnée. Cette évolution est encadrée
déjà par (Chapitre I) un cadre juridique approprié, mais
aussi par (Chapitre II) un cadre institutionnel dynamique.
12
35 Ministère de l'Énergie et de l'Eau,
Politique nationale de l'eau, Cotonou, 2009, p. 39.
13
Chapitre 1 : Un cadre juridique approprié
L'acte juridique principal régissant le secteur de
l'eau est la loi sur la gestion des ressources en eau, dénommée
le « Code de l'eau », qui a été adoptée par la
loi n° 2010-44 du 24 novembre 2010. Elle fixe les frais ou taxes dus aux
autorités en charge conformément à l'application du
principe « usager-payeur »36. Les frais constituent la
contribution financière des usagers commerciaux calculée sur la
base du volume d'eau prélevée (ou utilisée ou
mobilisée). Selon cette loi, ces frais ou taxes devraient servir au
financement des activités du secteur de l'eau. Cette loi fait
également référence à l'organisation des services
relatifs à l'eau, mais ne précise pas dans le détail les
rôles et les responsabilités des différents acteurs en
matière d'approvisionnement en eau notamment pour ce qui est de
l'élaboration des politiques, de la réglementation et de la
prestation de services. La définition des rôles et des
responsabilités se fonde donc sur plusieurs textes de loi, y compris la
loi sur la gestion des ressources en eau et la loi sur la
décentralisation. Parmi les autres actes juridiques pertinents figure le
décret portant création des comités de bassin37
adopté en septembre 2011, qui définit le cadre pour la
planification et la gestion des ressources en eau. Le décret pris en
février 2001 fixe les normes de qualité de l'eau
potable38.
La République du Bénin a retenu l'accès
à l'eau potable comme l'une des priorités de la Stratégie
de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP) et a
adhéré aux Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). Il en résulte qu'avec la mise en oeuvre d'un
cadre juridique approprié accompagné du contexte de la
décentralisation, des progrès ont été
enregistrés en matière d'accès à l'eau potable aux
populations rurales, comme le confirme des OMD déjà atteints en
2015.
Toutefois, les besoins grandissants des populations ont
déjà rattrapé ces progrès qui sont aujourd'hui
dépassés. La promulgation en 2010, de la loi portant gestion de
l'eau en République du Bénin axée sur la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) ; l'adhésion du
Benin aux objectifs post 2015, c'est-à-dire aux Objectifs de
Développement Durable (ODD), qui visent l'accès universel
à l'eau potable à l'horizon 2030; le lancement d'une nouvelle
ère de gouvernance de l'action publique avec l'élection d'un
nouveau Président en avril 2016 sont
36 Ce principe vient de l'adoption des
recommandations de la GIRE et permet de compenser les quantités
prélevées par une taxe ou redevance qui servira à la
protection et à l'entretien des ressources en eau.
37 Décret n°2011- 621 du 29 septembre
2011 portant création, attributions, composition, organisation et
fonctionnement des comités de bassin en République du
Bénin.
38 Décret no 2001-094, du 20
février 2001, fixant les normes de qualité de l'eau potable en
République de Bénin.
14
autant de nouveaux paramètres qui sont venus booster le
secteur de l'eau au Bénin. La Gouvernance est marquée entre
autres par des réformes audacieuses pour «Relancer de
manière durable le développement économique et social du
Bénin».
Ce cadre juridique a contribué à l'obtention
(Section I) des avancées perceptibles dans le secteur de l'eau en
général et particulièrement dans la gestion durable des
infrastructures d'AEP, mais il a enregistré tout de même (Section
II) des difficultés indéniables qui ont freiné parfois le
processus mis en place.
Section I Des avancées perceptibles
L'environnement juridique dans le secteur de l'eau au
Bénin a contribué à l'amélioration du taux de
desserte en eau potable. En effet, le taux de desserte en eau potable en milieu
rural, cadre de la présente étude a globalement connu une
progression régulière sur la période 20102015 passant de
57,2 % en 2010 à 67,6 % en 2015, pour une cible OMD fixée
à 67,3 % en 201539. Il convient de noter que ce taux n'a pu
être stabilisé et a connu une baisse. Ce recul, qui n'a pas permis
de consolider les acquis de la contribution du secteur à l'atteinte des
OMD. Cela s'explique entre autres, par la chute des réalisations de
points d'eau après l'atteinte des OMD due au scandale du « PPEA II
», l'accroissement annuel de la population qui baisse le taux lorsque les
réalisations ne suivent pas et également les taux de panne
élevés. En effet, les ouvrages en panne ne sont pas pris en
compte dans le calcul du taux de desserte.
Le maintien des avancées et leur amélioration, a
besoin (§1) d'une procédure de sélection du partenaire
innovante conduisant à (§2) une gestion efficiente des AEV.
§1 Une procédure de sélection du
partenaire innovante
Le secteur de l'Approvisionnement en Eau Potable est un
secteur sensible et vital qui a donc besoin d'un traitement particulier et
d'une attention soutenue. Les études et travaux de construction des
Adductions d'Eau Villageoises requièrent une technicité
spécifique. Pour sélectionner les prestataires, il faut donc
passer par (I) l'identification du partenaire et dans les étapes
suivantes, organiser les (II) procédures de suivi des travaux.
A. L'identification du partenaire
L'identification du partenaire requière des
préalables. Dans le fonctionnement actuel, c'est la commune,
maître d'ouvrage, qui conduit le processus conformément au code
des marchés
39 Plan national de développement 2018-2025,
Bénin révélé, Cotonou, 2017, p. 65.
15
publics. En effet, il y a d'abord un avis de manifestation
d'intérêt à l'issue duquel des bureaux d'études et
entreprises sur la base des critères bien élaborés sont
short-listés pour participer à l'appel d'offres. Le
processus est d'abord conduit pour le choix du bureau d'études et c'est
après qu'il est repris pour la sélection de l'entreprise devant
conduire les travaux de construction de l'AEV. En effet, le bureau
d'études mène des études préalables de
faisabilité et d'Avant-Projet Détaillé (APD) qui serviront
de boussole aux travaux à réaliser. Il contribue également
au processus de sélection des entreprises.
Conformément au code des marchés publics en
harmonie avec le dossier type d'appel d'offres, l'appel d'offres contient les
procédures, les spécifications techniques et le modèle de
marché ou contrat. La commune étant le maître d'ouvrage,
elle sollicite l'assistance-conseils de la Structure Déconcentrée
de l'Etat (SDE) concernée par l'activité. Dans le cas
d'espèce, c'est le Service de l'Eau de la Direction
Départementale de l'Eau et des Mines qui assiste la commune dans le
processus. Le Service de l'Eau veille à la régularité des
aspects techniques, à la conformité du dossier avec les exigences
du code des marchés publics et oriente la commune vers les structures
compétentes en cas de litige lorsque toutes les voies de recours pour un
règlement à l'amiable sont épuisées.
Les Partenaires Techniques et Financiers accompagnent l'Etat
à travers l'appui au budget général de l'Etat. Les
communes sont servies à travers le Fonds d'Aide au Développement
Communal (FADeC). C'est le cas du Programme Pluriannuel d'appui au secteur de
l'Eau et de l'Assainissement (PPEA). Le PPEA I s'est focalisé sur le
financement des ouvrages simples, Forages équipés de Pompes
à Motricité humaine et des forges à gros débit qui
serviront les AEV pour assurer la disponibilité de la ressource en vue
de préparer le PPEA II qui a priorisé le financement des ouvrages
complexes, les Adductions d'Eau Villageoises inter-villages et
inter-arrondissements. C'est ce programme qui a contribué à
l'atteinte des OMD en 2015. Mais malheureusement, il a connu une fin
fâcheuse. Le Gouvernement a entrepris des démarches en vue de
faire sanctionner les agents de l'État impliqués dans ce scandale
« affaire PPEAII » dans laquelle il est reproché aux personnes
impliquées, l'utilisation de plusieurs milliards de FCFA à des
fins autres que celles dudit projet, même si plus tard, la justice a
prononcé, en avril 2017, un non-lieu sur ce scandale qui a secoué
le pays en 201540. Pour rendre le transfert de compétences
efficace et permettre aux techniciens communaux de se former auprès des
cadres expérimentés, l'Etat fait réaliser les grands
travaux par les Structures Déconcentrées de l'Etat
40 Plan national de développement 2018-2025,
Bénin révélé, Cotonou, 2017, p.136
16
qui transfèrent progressivement les connaissances
théoriques et pratiques aux agents communaux. La capitalisation de ces
expériences leur permettra de mieux jouer leur rôle de
maître d'ouvrage que leur confère la loi sur la
décentralisation. Les difficultés qui jonchent ce chantier
s'observent dans le manque de personnel et ou de cadre de niveau requis ayant
le profil pour assimiler les nouvelles techniques spécifiques au
secteur. La politisation à outrance des décisions techniques
vient parfois baisser les performances. L'exemple qui fait l'unanimité
est l'instabilité au poste des Chefs Services Techniques et des
Responsables Eau et Assainissement des Communes pour ce qui concerne le secteur
de l'Eau. Ces techniciens sont parfois remplacés par l'autorité
communale pour des raisons personnelles. Cette pratique a pour
conséquence directe le perpétuel recommencement. Les nouvelles
personnes recrutées ou affectées au poste sans
l'expérience et le bagage nécessaire pour tenir le poste ne
donnent naturellement pas les résultats escomptés. Il faut
reprendre encore toutes les compétences déjà
transférées et les formations données avec la nouvelle
équipe avec le risque de tout reprendre au prochain changement.
Heureusement, le Message Radio (MR) du Ministre de la
Décentralisation et de la Gouvernance Locale, suspendant le recrutement
de personnel dans les collectivités locales, vient atténuer la
situation. En effet, ce MR41 invite les Préfets à
faire surseoir par tous les Maires des communes respectivement sous tutelles,
le recrutement de personnel au sein des collectivités locales
jusqu'à la mise en place de la structure découlant de
l'application de la loi n° 2015-18 du 23 février 2017 portant
statut général de la fonction publique conformément aux
articles 382 et 384. Par conséquent, il est interdit au Préfet
l'approbation d'actes de recrutements de personnels communaux. Il reste les
mouvements de personnel à l'interne à coloration politique et
inopportuns qui font que le problème n'est pas entièrement
solutionné. Mais c'est déjà une avancée notable
pour l'évolution du secteur qui ne cesse d'innover. Après la
sélection classique de prestataire pour la réalisation des
travaux, l'Etat par soucis de soulager le plus grand nombre de personnes, se
propose d'expérimenter le partenariat public-privé.
Selon les articles 17 et 18 de la loi n°2016-24 du 28
juin 2017, portant cadre juridique du partenariat Public-Privé en
république du Bénin, l'identification du partenaire est
guidée par l'économie et l'efficacité du processus, la
liberté d'accès, l'égalité de traitement, la
reconnaissance mutuelle et la transparence des procédures. Les modes de
passation sont l'appel
41 Message Radio n°068/MDGL/DC/SGM/DGCL/SA du
07/02/2018, Objet : Suspension recrutement personnel dans collectivités
locales. (Copie du Message Radio en annexe 4)
17
d'offres, l'entente directe et l'offre spontanée.
Même les offres spontanées font l'objet d'une mise en concurrence
dans les conditions prévues par ladite loi. L'esprit de la loi
étant de permettre à un maximum de prestataires de participer au
processus dans l'équité et le respect des règles de l'art.
Pour le projet de construction de grands systèmes d'AEV, l'Etat a
opté prioritairement pour l'appel d'offres international
précédé d'une pré-qualification. L'avantage ici est
que la porte est ouverte pour les firmes internationales ayant l'expertise, le
poids financier et technique nécessaires pour supporter les
réalisations. Ainsi l'Etat est libéré des détails
et s'occupe des grandes orientations, de l'encadrement, de la supervision et du
recadrage au besoin. Il a donc le temps de conclure avec le partenaire le mode
de règlement qui est le mieux adapté à l'activité
et qui profite aux différentes parties. Les risques de chantiers
inachevés sont amoindris. Le partenaire s'efforce à
réaliser des travaux de qualité puisque c'est dans l'exploitation
de l'ouvrage qu'il se fera progressivement rembourser. Le bon retour sur
investissement en dépend à plus d'un titre.
Nombre de pays aujourd'hui, y compris ceux dits
développés font recours au PPP pour la réalisation
d'infrastructures en raison notamment de la souplesse du système de
financement, de la qualité de l'offre de service et par ricochet des
opportunités en matière de création d'emplois. En effet,
des projets tels que les autoroutes à péage, construction
d'Adductions d'Eau Villageoises sont générateurs d'emploi aussi
bien au moment de l'exécution que de l'exploitation et contribuent de ce
fait à la réduction du taux de chômage. En plus de ces
éléments, le PPP présente d'autres avantages.
Le fait de confier la construction et la gestion des
infrastructures à un partenaire privé, dans un contexte
particulier de contraintes budgétaires du pouvoir public ; compte tenu
de l'urgence et du caractère sensible et vital de l'eau, l'Etat
déjà en retard dans sa politique d'approvisionnement en eau
potable, avec un taux de desserte en chute, 40 %42 en 2018, ne peut
pas attendre de mobiliser toutes les ressources financières et de
s'approprier en son sein toute la technologie et les compétences
techniques nécessaires pour la construction et la gestion des
infrastructures d'AEP. Ceci est d'autant plus vrai que l'Etat a besoin
d'approvisionner sa population en eau potable pour lui éviter la
consommation des eaux de sources douteuses qui pourraient affecter la
santé et empêcher la masse laborieuse de vaquer à ses
activités. Dès que les maladies hydriques s'installent, les
enfants et les femmes sont les premiers affectés, l'éducation est
perturbée et les activités génératrices de revenu
en prennent un grand coup. Cela
42 Taux de desserte, disponible sur:
www.eaubenin.bj,
consulté le 21/03/2019 à 18h12mn
18
agit sur les indicateurs du produit intérieur brut qui
baissent. L'économie s'en ressent et les conséquences sont
immédiates sur le développement du pays. Alors qu'avec un
partenaire privé qui a les capacités financières et
techniques adéquates, un partenariat « gagnant-gagnant » peut
se révéler bénéfique pour tous. D'une part, l'Etat
jouit d'un service pour lequel il n'a même pas encore les moyens de se
l'offrir. Son objectif serait atteint parce que les collectivités
territoriales son accompagnées dans leur mission de fournir de l'eau
potable en quantité recommandée à la population. La
convention Etat/Commune serait ainsi une expérience réussie.
D'autre part, le partenaire serait satisfait de faire des affaires et recouvrer
progressivement son investissement et son bénéfice
conformément aux clauses du contrat avec la fierté morale d'avoir
soulagé des personnes en détresse.
La délégation de la maîtrise d'ouvrage ;
Comme définie dans la loi sur la décentralisation, la commune est
maître d'ouvrage, mais par défaut de compétence, elle se
fait assister. En son article 108, la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999
portant organisation des communes en République du Bénin stipule
que dans l'exécution des opérations qui découlent de ses
compétences et sous sa maîtrise d'ouvrage, la commune peut
déléguer, se faire assister, concéder, affermer,
sous-traiter ou passer contrat. Dans le partenariat entre l'Etat et la commune,
le partenaire privé vient jouer une partie du rôle de l'Etat et
des communes pour booster les réalisations des infrastructures d'AEP et
accélérer les résultats. Mais cela ne diminue en rien
l'autorité de l'Etat et des communes. Ils continuent de jouer leur
rôle de régularisation, de contrôle et de supervision. La
personne publique contrôle l'exécution du contrat de partenariat,
notamment du respect des objectifs de performance particulièrement en
matière de développement durable.
L'échelonnement des coûts sur la durée
conformément au tableau de remboursement établi par le contrat ;
Conformément aux clauses du contrat, le partenaire privé peut
percevoir des redevances dans l'exploitation du système d'AEV.
Généralement financés par l'endettement classique, les
projets d'infrastructures sont par essence les dépenses les plus lourdes
pour les États et le remboursement de ces concours financiers classiques
s'échelonne sur des durées moyennes de 10 à 30 ans. Le
paiement des travaux peut être étalé pendant toute la
durée du contrat, mais, rien n'interdit d'en prévoir un paiement
plus rapide et donc moins coûteux. C'est ainsi, si on prend
l'hypothèse d'un versement fixe annuel, que la personne publique doit
toujours être en mesure de savoir, par exemple, quelle part est
liée au remboursement des emprunts souscrits. Dans le cas de la gestion
des AEV, ce remboursement sera beaucoup plus efficace parce que la distribution
de l'eau génère vite des ressources croissantes au fil du
temps.
19
Après l'identification du partenaire
concrétisée par la signature du contrat, il faudrait mettre en
place la procédure de suivi des travaux.
B. La procédure de suivi des travaux
Dans la procédure actuelle, des études
techniques préliminaires, des études de faisabilité et un
Avant-Projet Détaillé (APD) sont réalisés par un
cabinet chargé des études et du contrôle de la future AEV
à construire. Il est retenu à l'issue d'un appel d'offres ou
d'une consultation restreinte selon le cas. Ces études font l'objet
d'une validation à chaque étape. C'est de l'APD qu'on s'inspire
pour la procédure de sélection de l'entreprise qui se chargera de
construire l'AEV. Le suivi des travaux se fait à plusieurs niveaux. Le
bureau d'études a une mission de contrôle permanent sur le site de
réalisation des travaux et veille sur les intérêts du
maître d'ouvrage. La Structure Déconcentrée de l'Etat (SDE)
ici c'est la Direction Départementale de l'Eau et des Mines à
travers le Service de l'Eau qui dans son rôle d'assistance-conseils que
lui confère la loi43 coordonne les réunions
périodiques de chantier et organise le suivi des prestations du bureau
d'études et de l'entreprise. La commune est représentée
par la section du service technique qui est chargée de l'eau. C'est lors
des réunions de chantier que les recadrages nécessaires sont
opérés et les nouvelles orientations sont données avec la
maîtrise des délais de réalisation. Lorsque les travaux
sont ainsi réalisés dans les règles de l'art avec des
équipements durables, cela contribue à la gestion efficiente des
AEV.
§2 Une gestion efficiente des AEV
Plusieurs facteurs concourent à la bonne gestion des
AEV. Une gestion réussie dépend d'abord de la conception et de la
réalisation de l'ouvrage. En effet, si le projet d'AEV est mal
conçu cela pourrait affecter sa bonne gestion. C'est le cas d'un projet
d'AEV surestimé. La norme au Bénin c'est un point d'eau pour 250
habitants44. Lorsqu'il y a plus de point d'eau que d'usager, cela va
baisser la distribution et par ricochet les recettes. La gestion va donc en
partir. Le gestionnaire ou le partenaire à qui la gestion de l'ouvrage
sera confiée doit être spécialisé dans la gestion
des systèmes d'Adduction d'Eau Villageoise, (I) le professionnalisme du
partenaire est donc nécessaire. (II) La supervision de l'Etat lui permet
de s'assurer que chaque acteur s'acquitte de ses attributions afin que le
service de l'eau soit continu pour le bonheur de la population.
43 Art. 108 de la loi n° 97-029 du 15 janvier
1999, portant organisation des communes en République du Bénin
44 C'est la norme fixée par le Bénin,
disponible sur :
www.benin.snieau.org,
consulté le 21/07/2019 à 19h52mn
20
A. Le professionnalisme du partenaire
La gestion communautaire ayant montré ses limites, les
communes ont exercé le pouvoir que leur confère la
loi45 en confiant la gestion des AEV à des partenaires, les
fermiers. Il est important de clarifier le sens de partenaire dans le contexte
actuel. Ce sont des établissements modestes qui se chargent de la
gestion des réseaux d'AEV sur la base d'un contrat d'affermage. Le
fermier doit assurer à ses risques et périls, sous sa
responsabilité, la gestion professionnelle de l'AEV, à la
satisfaction des usagers. Le fermier recrute un personnel qui assure le service
permanant de l'eau. Il y a un exploitant qui est chargé de la production
et coordonne la distribution de l'eau. Dans certains cas c'est lui qui est
chargé de la collecte de recettes, dans d'autres, le fermier recrute un
agent percepteur qui fait le tour périodique des points de distribution
pour la collecte. L'exploitant est chargé de l'entretien de la station
de pompage et lavage régulier du château d'eau pour éviter
les contaminations. « L'exploitant organise et assure les tâches
techniques d'exploitation. Il s'occupe de la production, du traitement et de la
distribution de l'eau »46. Il tient plusieurs cahiers ou
fiches de suivi. Il s'agit du cahier de pompage, cahier d'entretien, cahier de
recette... Le fermier contracte avec une équipe de maintenanciers qui
intervient pour les cas de panne et les entretiens préventifs du
système en prélude à d'éventuelle panne. Les
fontainiers sont les responsables de leur point de vente. A ce titre, ils sont
chargés de la distribution de l'eau au niveau de leur Borne Fontaine
(BF), le nettoyage des lieux et le respect des horaires de vente retenus de
commun accord avec les usagers sous la supervision de la mairie souvent
assistée par le Service de l'Eau, Structure Déconcentrée
de l'Etat en charge de l'assistance-conseils aux communes. Il rend compte
périodiquement des recettes à partir de son cahier de recette.
Lorsque les recettes ne sont pas fréquemment retirées, cela
occasionne les impayés parce que certains fontainiers s'en servent pour
gérer le quotidien. Pour éviter des ruptures dans la distribution
de l'eau aux usagers, le fermier fait des stocks d'intrants ou consommables
indispensables à sa production. Dans les cas où la source
d'énergie utilisée est le groupe électrogène, il
prévoit des approvisionnements en carburant pour pallier aux
éventuelles coupures. En plus des BF, il y a aussi des Branchements
Particuliers (BP) qui sont des raccordements du réseau dans les
domiciles, écoles, hôpitaux et autres services publics. Les
compteurs des BP sont relevés par l'exploitant ou l'agent collecteur
45 Art. 93 de la loi n° 97-029 du 15 janvier
1999, portant organisation des communes en République du Bénin
46 HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau
potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op.
cit., p.10
21
et facturés par mois comme à la SONEB. Le
fermier tient des fiches mensuelles de suivi47 et dépose son
rapport d'activité contenant le point financier à la mairie au
plus tard le 05 du mois suivant. Le service de la mairie en charge du suivi,
vérifie si les différentes redevances sont libérées
conformément au contrat. Afin de s'assurer de la continuité du
service public de l'eau, l'Etat accompagne le processus par son
assistance-conseils, c'est la supervision de l'Etat.
B. La supervision de l'Etat
Bien que la gestion des AEV soit confiée au fermier,
l'Etat a le contrôle absolu sur la ressource en eau et définit les
conditions de prélèvement48. Le Service de l'Eau au
niveau départemental relai l'Etat central et assiste la commune à
faire le suivi nécessaire à la réussite de la mission du
fermier pour garantir un service public de l'eau sans faille à la
population. La commune ne doit pas se substituer au fermier et chacun doit
jouer au mieux son rôle. Pour ce faire des renforcements de
capacités sont organisés à l'endroit des techniciens de la
mairie chargés du suivi des fermiers. Les fermiers à leur tour
reçoivent des formations pratiques sur les outils de gestion durable des
AEV. Un logiciel de suivi de la gestion des AEV a été mis
à la disposition des acteurs sur le financement de la coopération
allemande au Bénin dans le cadre du Programme d'appui au Secteur de
l'Eau, l'Hygiène et de l'Assainissement (ProSEHA). Les différents
acteurs sont formés sur son utilisation. Le logiciel a une double
fonction compte tenu de la partie qui s'en sert. Il permet au fermier
d'organiser, d'anticiper et de prévoir les entretiens à faire. Il
l'aide à suivre les recettes et dépenses afin de dégager
convenablement les redevances et son propre profit. Pour la Commune, le
logiciel aide le technicien communal chargé du suivi à constater
à temps les difficultés qui peuvent survenir et attirer
l'attention du fermier afin que celui-ci prenne les mesures idoines pour
éviter le dysfonctionnement. Cet outil qui n'est qu'une application
informatique, pourra bien jouer ce rôle s'il est
régulièrement renseigné comme indiqué lors des
formations. C'est là qu'intervient à nouveau le Service de l'Eau
qui fait des recyclages à chaque partie. Il veille à ce que le
fermier respecte ses engagements contractuels et que le service technique de la
mairie fasse le suivi nécessaire pour la continuité du service de
l'eau au sein de la population. C'est ce rôle d'assistance-conseils que
joue l'Etat à travers sa structure déconcentrée qu'est le
Service de l'Eau qui accompagne la commune à assurer le suivi de la
gestion du fermier. Cette complémentarité entre les acteurs
conduit parfois à des difficultés qu'il faut analyser afin de les
surmontées.
47 Fiche récapitulative mensuelle de la
gestion des AEV tenue par le fermier et adressée à chaque fin de
mois à la mairie pour faciliter le suivi, voir annexe 5.
48 Art. 47 du code de l'eau (Loi n° 2010-44 du
24/11/2010 portant gestion de l'eau en République du Bénin)
22
Section II Des difficultés indéniables
Le contrat de gestion des AEV a connu plusieurs
options49 avant de se stabiliser sur le type « commune-fermier
». La commune délègue la gestion des AEV à un fermier
qui en assure l'exploitation et lui rend compte. Malgré que cette option
ai été retenue librement par les communes, il y a toujours des
difficultés lors de sa mise en oeuvre tant (§1) dans la
procédure de conclusion du contrat que (§2) dans la phase
d'exécution du contrat.
§1 Dans la procédure de conclusion du
contrat
La conclusion du contrat d'affermage des AEV suit une
procédure classique validée par les acteurs. Le Service de l'Eau
accompagne la commune à chaque étape du processus. La
procédure vise à permettre à tous les candidats de
compétitionner avec les mêmes chances et dans les mêmes
conditions. La finalité est de retenir la structure la mieux capable
d'assurer une gestion durable des AEV à la satisfaction des usagers.
Face à cette ambition, des difficultés s'observent
déjà lors (I) des préalables à la sélection
et aussi à (II) la sélection.
A. Les préalables à la sélection
Avant de passer à l'étape de sélection
des prestataires pour la gestion des AEV, il y a des préalables dont il
faudrait s'assurer pour ne pas étouffer le fermier déjà au
début de sa gestion. Le Bénin comptait déjà
plusieurs centaines d'Adduction d'Eau Villageoise avant l'abandon de la gestion
communautaire au profit de la gestion dite professionnelle. En effet, avec
l'accompagnement de la Banque Mondiale en 2006, il y a eu un état des
lieux du parc d'AEV au Bénin. Ce diagnostic50 a
révélé que plusieurs AEV sont en panne. Parmi celles qui
sont fonctionnelles, il y a beaucoup de réparation et d'entretien
à faire. Des équipements vétustes à remplacer et
d'autres corrections majeures à faire pour la bonne marche des
installations. À l'issue de cet état des lieux, plusieurs
recommandations ont été faites dans l'optique d'améliorer
la situation peu reluisante. La recommandation phare était de
réhabiliter les AEV avant de les enrôler dans le processus de mise
en affermage. Entre autres, il faudra remplacer les groupes
électrogènes, les pompes immergées et autres
équipements dont le nombre d'heures de fonctionnement est
déjà avancé qui pourraient tomber en panne dès le
démarrage des activités du fermier. Il a été aussi
retenu par le diagnostic le renforcement de certains réseaux
identifiés. Tous ces préalables visent à réduire
les peines du fermier juste au début de la gestion et éviter
49 Option 1: Délégation par la
commune de la gestion des AEV à un fermier ; Option 2: Contrat
tripartite commune, (AUE) et fermier ; Option 3: Délégation par
la commune de la production à un fermier et de la distribution à
une AUE ; Option 4: Délégation par la commune de la gestion des
AEV à une AUE.
50 DGEAU, Rapport de l'étude diagnostique
de la gestion des AEV, Cotonou, Pot commun, Initiative-Eau, 2006.
23
le découragement voire l'échec à l'entame
d'une nouvelle expérience qui augure le succès. Par ailleurs, il
a été retenu que la gestion des ouvrages simples comme les
Forages équipés de Pompes à Motricité humaine (FPM)
existant dans les entourages d'une AEV soient confiée au fermier
gestionnaire de l'AEV pour éviter la concurrence déloyale dans la
gestion des infrastructures réalisées pour le même
objectif, l'amélioration du taux de desserte en eau potable des
populations.
Le prix de vente de l'eau, le montant des redevances et de la
caution d'exploitation pour la mise en affermage de l'AEV doivent être
fixés avant le lancement de l'appel d'offres et le dossier d'appel
d'offres est complété avec les chiffres retenus
Mais, dans l'euphorie et l'empressement de mettre les AEV en
affermage, force est de constater que toutes les dispositions constructives
présentées ci-haut, qui devraient faciliter la gestion du fermier
n'ont plus malheureusement été prises avant le démarrage
de la sélection.
B. La sélection
Aux difficultés liées à l'étape de
préparation de la phase de sélection, s'ajoutent celles qui
entourent la procédure de sélection proprement-dite. La
procédure de sélection du délégataire doit
être préalablement validée par la direction du
contrôle des marchés publics compétente. Dans le cas des
collectivités locales, ce sont les Directions Départementales de
Contrôle des Marchés Publics (DDCMP) qui sont compétentes
selon le code des marchés publics. Mais dans la réalité du
terrain, les communes pour la plupart lancent directement le dossier d'appel
d'offres pour affermage sans requérir l'avis de la DDCMP comme le
recommande la loi. Les raisons non fondées souvent
évoquées sont la perte de temps et l'ampleur du dossier. Les
dossiers d'affermage ne sont pas pris aux sérieux comme ceux de travaux
car il n'y a pas d'infrastructure physique à voir à la fin du
processus. L'ouvrage est déjà réalisé et c'est de
sa gestion qu'il est question.
Aussi faudrait-il noter que le fermier soumissionnaire n'a pas
les informations nécessaires et suffisantes pour présenter un
compte d'exploitation prévisionnel adapté à la gestion de
l'ouvrage à exploiter. En effet, l'état des lieux devrait
permettre à la commune de fournir au fermier, les données de
production, de distribution, et les informations techniques qui lui permettront
de produire son compte d'exploitation prévisionnelle. Malheureusement,
la commune elle-même n'a souvent pas les données par défaut
de collecte ou mauvais archivage des informations. Grace à
l'assistance-conseils des structures déconcentrées de l'Etat,
les
24
Services de l'Eau, la BDI51 permet de
récupérer certaines informations pour celles qui y sont
renseignées. Cet outil d'envergure nationale souffre aussi
d'actualisation des données. En effet, la collecte des données
dans le cadre de la BDI s'effectue dans une approche participative et mobilise
des ressources humaines aussi nombreuses que pluridisciplinaires. Les
données collectées passent par un processus rigoureux de
validation. Elles sont traitées au niveau communal, sont
remontées et validées par les services de l'eau (SEau) au niveau
départemental. La Direction Générale de l'Eau
procède enfin à la vérification finale des données
et à leur intégration dans la base de données qu'elle
loge. « Ce processus de collecte, de validation et de mise à
jour des données alourdit et retarde les mises à jour de la BDI
»52. Le principal instrument de suivi est une base de
données intégrée (BDI) partagée avec les communes,
qui recueillent des données sur les ressources en eau et les
infrastructures. La DG-Eau à travers les SDE fournit également
une assistance technique aux communes pour les aider à assumer leurs
responsabilités en matière d'AEP dans le respect des lois de la
décentralisation. Le retour d'information à faire par les
communes pour alimenter la base de données n'a toujours pas
fonctionné. L'Etat n'a donc plus la maîtrise des
données.
Par ailleurs, on est tenté dire uti, non abuti.
Le cadre contractuel ne fournit pas suffisamment d'incitations pour
pousser les opérateurs privés à s'engager et « le
processus d'appel d'offres a été obstrué par des
considérations politiques ou des intérêts
personnels53 ». Le maire et son conseil communal trouvent
la phase de sélection comme le moment idéal pour faire les
remerciements politiques. C'est-à-dire imposer un allié politique
et lui attribuer la gestion même s'il ne satisfait pas aux
critères de sélection ou s'il n'a aucune expérience de
gestion professionnelle des AEV. Du coup, l'objectif qui est de confier la
gestion à un professionnel n'est plus la priorité. Selon Akpako
F., se sont « Les pesanteurs politiques qui entravent ou biaisent la
sélection des fermiers et des ONG d'intermédiation sociale
»54. Cela se récent illico presto dans la
phase d'exécution du contrat.
51 BDI, Banque de Données
Intégrée, est un outil national de gestion des données sur
l'eau. Elle est alimentée par les services de l'eau au niveau
départemental et agrégée au niveau national par la
Direction Générale de l'Eau
52 NDAW M. F. et MIGAN S. A., Étude sur
la valorisation du potentiel des TIC dans le secteur de l'eau, assainissement
et hygiène. Etude de cas: Bénin, WSP/WBG, 2015, p. 8.
53 WSP, Bénin-Partenariats
Public-Privé novateurs au service de la durabilité de
l'approvisionnement en eau potable en milieu rural-Étude de cas,
op.cit., p. iv.
54AKPAKO F. C., Amélioration du
système d'approvisionnement en eau potable des quartiers
périurbains du Sud Bénin: Cas de Cococodji et Hêvié
dans la commune d'Abomey-Calavi, Mémoire de Master, Ouagadougou,
2ie: Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement,
2011, p. 19.
25
§2 Dans la phase d'exécution du
contrat
La procédure de conclusion du contrat d'affermage ayant
connu des difficultés, il faudrait naturellement se préparer
à leur gestion dans la phase d'exécution du contrat. La gestion
du contrat (I) doit respecter les clauses librement consenties pour
éviter l'impact des différends sur la distribution de l'eau
(II).
A. La gestion du contrat
La gestion du contrat d'affermage nécessite un suivi de
la bonne mise en oeuvre et le respect des clauses du contrat. Néanmoins,
il y a des difficultés liées aux irrégularités dans
la sélection du fermier et d'autres inhérentes à
l'exploitation du réseau. Le constat montre clairement que les communes
ont du mal à maitriser la gestion des contrats
d'affermages55. Elles n'ont pas les moyens de recruter les cadres
techniques à la hauteur des tâches. Aussi, faudrait-il noter que
la gestion efficiente des AEV dépend de leur état de
fonctionnement. L'expérience a prouvé que les AEV
réhabilités ou nouvellement réalisés, rencontrent
moins de problème de gestion comparativement à celles qui sont
laissées dans leur état de délabrement et mise en
affermage. Parmi les difficultés de gestion, il y a le
phénomène des pertes d'eau sur le réseau. Parfois, ce sont
de réelles pertes dues à des casses répétées
de conduite ou à la vétusté des installations ou au
défaut de formation de l'exploitant. Dans ces cas, un diagnostic bien
posé permet de remédier à la situation à la
satisfaction de tous. Mais, dans certains cas, les plus fréquents, ce
sont des pertes d'eau simulées pour couvrir et compenser la mauvaise
gestion et le détournement organisés par l'équipe de
gestion. C'est le même constat que fait l'étude56 sur
la gestion des AEV dans le département du Couffo et conclut que «
Certains fermiers, arguant de pertes importantes sur le réseau, font
pression sur la commune pour que le calcul des redevances soit basé sur
le nombre de mètre cubes distribué ». En effet, selon
l'article 12 du contrat d'affermage, les redevances à payer par le
fermier sont calculées sur la production et non sur la distribution. Le
fermier sachant qu'une goutte d'eau perdue lui sera comptabilisée via le
compteur totalisateur appelé compteur tête-forage, prendra toutes
les dispositions pour éviter le gaspillage. Ce principe découle
des recommandations de la GIRE qui prône la gestion rationnelle de la
ressource et décourage le gaspillage dans l'optique de protéger
la nature et faire de l'économie aux générations futures.
Cette situation, due au manque de suivi est
55 DGEAU, Rapport de l'atelier bilan de la
maîtrise d'ouvrage communale dans le secteur de l'eau et de l'eau et de
l'assainissement, Cotonou, Rapport annuel n° RMCT 37, 2013, p. 17.
56 Dégbey DJIDJI, Problématique
de la gestion des adductions d'eau villageoise dans le département du
Couffo. Enjeux et perspectives, Mémoire de Master, Cotonou,
Institut International de Management, 2014, p. 56.
26
observée dans plusieurs cas d'affermage d'AEV au niveau
des communes. Une grande quantité d'eau est noté comme perte dans
les fiches de suivi, mais la visite sur le terrain montre un sol bien sec sur
toute la trajectoire du réseau. Dans ces cas, le diagnostic ne
relève aucun dysfonctionnement sur le réseau. Le fermier est mis
en débet de rembourser tout ce qui est détourné. Si le
fermier pour ses affinités avec l'équipe dirigeante de la mairie
n'avait pas déposé la caution conformément au contrat, il
disparait et mets ainsi en difficulté la distribution de l'eau à
la population. C'est en ce moment que la structure déconcentrée
de l'Etat est appelée à jouer au sapeur-pompier alors
que l'assistance-conseils nécessaire était donné lors de
la sélection, mais la mairie avait décidé de faire
autrement.
Dans la plupart des communes du sud-Bénin où la
générosité hydrogéologique57 facilite la
prolifération des Postes d'Eau Autonomes (PEA) privés, les
fermiers sont concurrencés par les promoteurs de ces PEA qui ne
fournissent pas toujours de l'eau potable. En effet, c'est une concurrence
déloyale parce que ces ouvrages ne respectent aucune norme de technique
ni d'hygiène. Ces forages réalisés sans autorisation sont
parfois positionnés proche des sources de contamination de la ressource
comme des latrines ou des ateliers où sont déversées des
huiles de vidange. L'eau n'est pas traitée et les bombonnes de stockage
ne sont pas régulièrement entretenues. Les résultats
obtenus par une étude dans la commune de Kétou sur les PEA
privés, révèlent qu'ils ne respectent pas les normes de
potabilité. En effet, « 100% des échantillons
analysés contiennent des coliformes totaux. Dans 71,4% des
échantillons, il a été confirmé la présence
de coliformes fécaux et dans 21%, la présence de streptocoques
fécaux »58. Cela pourrait entrainer des
problèmes de santé publique. C'est donc une véritable
bombe à retardement. Les textes qui interdisent ces pratiques existent
et sont bien connus des collectivités locales, mais les maires se
résignent à ne rien faire sous prétexte qu'ils ne veulent
pas perdre leur popularité. Comme l'ont confirmé une étude
sur la prolifération des PEA privés au Bénin59
et une autre sur le dimensionnement et la gestion des AEV dans le
département de l'Ouémé60, les PEA privés
fournissent de l'eau non potable. Le phénomène est plus
développé dans les départements de l'Ouémé
et du Plateau à cause de leur proximité avec le Nigéria
où la
57 Il s'agit des milieux où l'eau souterraine
est bien disponible à des profondeurs facilement accessibles
58 KELOME N. C., DOVONOU L. et LAWANI R., «
Problématique de l'eau desservie à la population par les Postes
d'Eau Autonomes Prives dans la Commune de Ketou », J. Rech.Sci.Univ.
Lomé, 2014, vol.16, n° 1, p 16.
59 INGABIRÉ ZANNOU F.,
Phénomène des postes d'eau autonomes (PEA) privés au
Benin : Diagnostic, impacts et solutions alternatives, Mémoire de
DESS, Abomey-Calavi, Université d'Abomey-Calavi, 2006, p46.
60 LOFA G., Optimisation des choix techniques
et technologiques du dimensionnement et de la gestion des AEV du
département de l'Ouémé, Mémoire de Master,
Ouagadougou, 2ie: Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de
l'Environnement, 2012, p. 19.
27
pompe à immerger dans le forage, le réservoir en
plastique, les exhaures et autres équipements entrant dans
l'installation du système sont bon marché.
Par ailleurs, dans les cas d'AEV usagers, dans les
préalables à la mise en gestion déléguée,
l'Etat a promis, la réhabilitation des AEV ou tout au moins le
changement des équipements lourds comme le groupe
électrogène et la pompe immergée déjà
amortis dans la plupart des cas. Mais dans la précipitation de tout
mettre en affermage, les fruits n'ont plus tenus la promesse des fleurs. Les
fermiers aussi étant pressés de prendre la gestion n'ont plus
rendus cette condition sine qua non avant de démarrer quelle
qu'activité que ce soit. Le contrat d'affermage n'étant pas un
contrat de réhabilitation avant exploitation, les difficultés non
pas tardé avant de commencer à perturber le fermier qui
espérait que l'Etat allait tenir sa promesse au début de
l'exploitation. Dans cette atmosphère, le fermier ne se sent pas
accompagné comme convenu. Avec ces difficultés, il commence par
rater le payement des redevances. La mairie ne veut pas connaitre de ces
difficultés. Elle pense que le fermier doit honorer son engagement parce
qu'il n'y a pas de force majeure. Le fermier de son côté
considère les grosses pertes d'eau, la concurrence déloyale et
autres situations comme des cas de force majeure. Si une médiation n'est
pas entreprise, ces différends perturbent la distribution de l'eau aux
usagers.
B. L'impact des différends sur la distribution de
l'eau
L'eau étant une ressource indispensable à la
vie, l'Etat en attendant d'atteindre son objectif qui est de desservir
entièrement tout le pays est exigent sur la continuité du service
de l'eau dans les milieux où les infrastructures sont déjà
disponibles. C'est pour cela que l'article 16 du contrat d'affermage au
Bénin, prévoit qu'en cas d'interruption non justifiée du
service supérieure à 72 heures constatée, la commune a la
faculté de prononcer des pénalités d'un montant
correspondant à 10% des recettes globales de vente de l'eau
estimées pour la période d'interruption. Le fermier n'a donc pas
le droit d'interrompre unilatéralement le service de l'eau. Ce principe
est le même dans le contrat type d'affermage au Cameroun61 qui
poursuit les mêmes objectifs que celui du Bénin en disant qu'en
cas d'interruption partielle du service non justifiée, privant d'eau
plus de cent (100) abonnés pendant plus de dix (10) heures : une
pénalité de 0,25 mètre cube par abonné privé
d'eau et par heure d'interruption, soit appliquée, sans que cette
pénalité ne puisse excéder celle correspondant au cas
d'interruption générale. Toutefois, dans le cas du Bénin,
cette partie du contrat aura toute sa force juridique si l'Etat même a
joué sa
61 Art.103.3 alinéa 2 du contrat d'affermage du
service public de l'alimentation en eau potable des centres urbains et
périurbains du Cameroun
28
partition dans les préalables à
l'exécution du contrat. En effet, un réseau à peine
fonctionnel, mis en exploitation, sans une réhabilitation
préalable, ne pourra que poser des problèmes de panne entrainant
la rupture de la distribution de l'eau. En somme, les collectivités
territoriales manquent de capacité technique, de suivi et de
financement. Il est difficile pour un fermier qui vient de démarrer la
gestion avec son modeste compte de fonctionnement de faire face à des
renouvellements d'équipements qui ne sont même pas prévus
dans son contrat. Les fermiers qui viennent de se lancer dans cette aventure
disposent de compétences techniques limitées, ils manquent
d'expériences de gestion et ont un accès limité au
financement pour anticiper sur les investissements nécessaires qui
rendront la gestion des AEV rentable en attendant le coup de main de l'Etat qui
se fait attendre. C'est dans ce schéma que l'affermage des AEV a
évolué. La distribution de l'eau est souvent perturbée par
plusieurs facteurs. Pendant que le fermier et la mairie ne s'entendent pas sur
qui doit régler les difficultés qui se posent sur le
réseau, les usagers sont privés d'eau et parfois retournent aux
sources d'eau alternatives qui ne sont souvent pas conseillées à
cause de leur impact sur la santé. Tous les efforts de sensibilisation
à l'utilisation de l'eau potable sont oubliés et les mauvaises
pratiques déjà abandonnées refont surface avec tous les
risques qu'elles contiennent et c'est un éternel recommencement.
Même après la réhabilitation des infrastructures d'AEP,
d'autres usagers ayant perdus le réflexe de payer pour avoir l'eau
potable, continuent de s'approvisionner dans les rivières ou au niveau
des PEA privés où le coût est plus bas. Ce cas est
légion dans plusieurs communes du sud-Bénin.
En dépit des difficultés perceptibles qui le
jalonnent, le cadre juridique pour la gestion durable des AEV au Bénin
est approprié. Il a besoin des améliorations et du soutien d'un
cadre institutionnel dynamique pour son éclosion.
29
Chapitre 2 : Un cadre institutionnel dynamique
L'Etat Béninois a confié la
responsabilité de la fourniture des services relatifs à l'eau
à différentes entités en tenant compte de la
sensibilité du milieu. Ainsi, la structure parapublique
dénommée Société Nationale des Eaux du Bénin
(SONEB) à but lucratif est chargée de l'approvisionnement en eau
potable des centres urbains et périurbains de plus de 20 000 personnes.
Elle est présente dans 69 communes. Ce n'est fait pas l'objet de la
présente étude.
La présente étude s'intéresse
plutôt aux Adductions d'Eau Villageoises qui sont prioritairement
destinées au milieu rural. Selon la Stratégie Nationale
d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (SNAEPMR) de la DGEau, les
systèmes d'adduction d'eau potable devraient être construits pour
les agglomérations regroupées de 2 000 personnes et plus. Moins
que ce nombre, ce sont les Postes d'Eau Autonomes qui sont adaptés.
Enfin pour les hameaux de moins de 250 habitants, un Forage
équipé de Pompe à Motricité humaine suffit pour le
desservir.
Les acteurs potentiels de la gestion de la ressource sont
nombreux et regroupés en plusieurs catégories (le secteur public,
le secteur privé, la société civile et les partenaires
techniques et financiers). Chacune de ces catégories d'acteurs a ses
propres intérêts qui peuvent correspondre avec ceux d'un autre
groupe ou bien leur être contradictoires. Ce cadre institutionnel
national est décrit par la DG-Eau qui est chargée de veiller
à la politique de l'eau, d'éclairer les stratégies
nationales sur les questions relatives à l'approvisionnement en eau et
de superviser leur mise en oeuvre au niveau des communes. De ce fait, elle est
également responsable du suivi du secteur de l'eau.
Ce cadre institutionnel de par sa constitution présente
(Section I) une complexité certaine. Sa mise en oeuvre a prouvé
qu'il est efficace mais présente des aspects perfectible d'où
(Section II) une efficacité mitigée.
Section I : Une complexité certaine
Le Bénin fait aujourd'hui partie des pays ayant recours
à la participation des investisseurs privés dans le secteur de
l'eau. Sur la base d'un arrangement Partenariat Public-Privé (PPP) de
type affermage entre le secteur privé local et les communes
décentralisée, des opérateurs privés gèrent
les systèmes d'adduction d'eau villageoise tout en s'adaptant à
la complexité du cadre institutionnel. La complexité (§1)
des institutions concernées s'harmonise avec celle (§2) des parties
au contrat pour conduire à un partenariat « gagnant-gagnant
»
30
§1 Des institutions concernées
Plusieurs structures travaillent ensemble et se
complètent pour donner la complexité fonctionnelle qui
régit le secteur de l'eau au Bénin. La coordination de (I)
l'ancrage institutionnel est assurée par le ministère en charge
de l'eau qui facilite (II) la complémentarité institutionnelle
afin que les actions soient structurées pour éviter les doublons
et les pertes de ressources.
A. L'ancrage institutionnel
Les dispositifs institutionnels de gestion des infrastructures
d'accès à l'eau potable sont réorganisés pour rimer
avec les textes de la décentralisation. L'Etat à travers le
Ministère en charge de l'eau dans son rôle régalien est
responsable de la définition de la politique sectorielle, de la
stratégie nationale et de la réglementation. Les autres
ministères compétents en matière de services relatifs
à l'eau travaillent avec le ministère en charge de l'eau pour
faciliter l'atteinte des résultats. Le ministère de la
Santé est chargé de superviser la qualité de l'eau. Le
ministère de l'Économie et des Finances est chargé de la
régulation des marchés publics et du suivi des subventions de
l'État aux communes. Le ministère de la Décentralisation
et de la Gouvernance locale, aide les communes à se conformer aux
dispositions légales et règlementaires. Le ministère du
Plan et du Développement coordonne les activités du gouvernement
central
Le ministère en charge de l'eau s'appuie sur sa
direction centrale dans le domaine, la Direction Générale de
l'Eau (DGEau). Cette dernière avec le soutien de ses directions
techniques, coordonne les activités de sa représentation dans les
départements. Les Structures Déconcentrées de l'Etat dans
le secteur de l'eau sont les Services de l'Eau (SEau) qui sont sous les
directions départementales en charge de l'eau. Ces services ont
été créés dans les années 1990 afin de
recenser les besoins en infrastructures d'approvisionnement en eau et d'en
superviser la construction. À l'avènement de la
décentralisation, les communes sont chargées d'assumer cette
fonction. Le rôle des SEau s'est mué en celui d'assistance
conseils aux communes. Les SEau vérifient que la conception et la
construction des systèmes d'adduction d'eau sont conformes aux normes
techniques et juridiques. L'assistance conseils est sur demande. Toutefois, le
SEau peut formuler des conseils s'il le juge nécessaire sur des aspects
spécifiques. Les communes pour réussir leur nouvelle mission
doivent s'appuyer sur l'expertise libre et gratuite des Services de l'Eau qui
ont déjà capitalisé plusieurs années
d'expériences dans le secteur. Les SEau transfèrent aux communes
toutes les informations disponibles sur les équipements
d'approvisionnement en eau pour leur passer la main.
Conformément à la loi sur la
décentralisation, les communes sont chargées de la planification
des investissements, de la passation des marchés et du fonctionnement
des systèmes d'adduction d'eau. Afin de recenser les besoins et les
demandes des communautés, les communes se font aidées par des
intermédiaires sociaux (ImS). Au départ ils travaillaient avec
les communes par l'intermédiaire d'une ONG. Mais pour faciliter
l'autonomie des communes, ces ImS ont été intégrés
au personnel des communes. La SNAEPMR rappelle que l'intermédiation
sociale pour sensibiliser les populations sur des questions comme
l'hygiène autour des points d'eau et l'importance de contribuer aux
coûts du service public de l'eau potable est habituellement faite par des
ONG. Or, il s'agit d'un des rôles régaliens des communes. Elle
recommande que les services communaux soient en conséquence être
soutenus dans ce sens.
Dans le but de maitriser les défis liés à
l'approvisionnement en eau et à la gestion durable des AEV, les
entités malgré leur diversité sont structurées pour
se compléter.
B. La complémentarité institutionnelle
« C'est au bout de l'ancienne corde qu'on tisse la
nouvelle » a dit l'adage. Compte tenu de la diversité des
acteurs dans le secteur de l'eau et du caractère social que revêt
l'objet, nul ne sera de trop et c'est dans la complémentarité que
les résultats seront améliorés. L'action de l'Etat est
complétée par l'administration centrale et
déconcentrée. La Direction Générale de l'Eau
(DGEau) au niveau national et les Directions Départementales de l'Eau et
des Mines (DDEM) à travers les Services de l'Eau (SEau) au niveau
départemental sont responsables de la régulation du sous-secteur,
du suivi de la stratégie et de l'assistance-conseil aux communes. La
cible étant la même, pour une meilleure
complémentarité, les Directions Départementales de la
Santé (DDS) sont, quant à elles, responsables du contrôle
de la qualité de l'eau depuis la distribution jusqu'à la
consommation et de l'appui aux gestionnaires des infrastructures d'eau potable
dans l'élaboration et l'exécution du Plan de Gestion de la
Sécurité Sanitaire de l'Eau (PGSSE) et de l'IEC pour un
changement de comportement des ménages.
Pour mémoire, le modèle utilisé en
République du Bénin dans le service public de l'eau potable est
la maitrise d'ouvrage communale accompagnée d'une professionnalisation
de la fourniture du service. Ce modèle implique une
délégation des services par les communes aux opérateurs
professionnels spécialisés. Dans un esprit de
complémentarité institutionnelle, les communes ont signé
une convention avec l'Etat en cédant pour le temps nécessaire une
partie du pouvoir que leur confère la loi à l'ANAEPMR qui se
chargera de leur réaliser de grands systèmes d'AEV. Pour ce
faire, elle assure la maitrise d'oeuvre nationale des réalisations
d'infrastructures
31
d'AEP en milieu rural. Sa mission est d'initier, de
programmer, de faire réaliser et de suivre les travaux
d'infrastructures. Comme c'est d'accord parties que ce rôle des communes
lui est dévolu, on ne parlera pas de conflit d'attribution, mais de
complémentarité institutionnelle.
En marge de cet accord avec l'Etat, les communes peuvent
toujours négocier avec leurs partenaires des réalisations
d'ouvrages d'AEP. À ce titre, elles jouent le rôle que leur
confère la loi, même si une partie est concédée
à l'Etat à travers l'ANAEPMR. Elles assurent le suivi
décentralisé du service public de l'eau potable. La structure
faitière des communes, l'Association Nationale des Communes du
Bénin (ANCB), représente les communes au niveau national. La
commune dans son rôle institutionnel est en même temps partie au
contrat.
§ 2 Des parties au contrat
L'analyse de l'état actuel des ressources en eau et de
leurs différents modes de gestion fait apparaître d'importants
problèmes de gouvernance. La demande en eau est croissante et de plus en
plus concurrentielle. On observe une pluralité des acteurs pouvant faire
valoir des responsabilités légales en matière de gestion
des ressources en eau. Au-delà de la société civile, il y
a d'une part (I) l'Etat soutenu par ses partenaires techniques et financiers et
d'autre part (II) le partenaire privé
A. L'Etat
Dans le processus de mise en affermage des AEV, l'Etat est
représenté par la commune assistée par les SDE, Ici c'est
le Service de l'Eau qui accompagne la commune. Selon le contrat d'affermage, la
commune contrôle le service public de l'eau rendu par le fermier et est
responsable du renouvellement des équipements. La commune s'engage
à ne rien faire qui puisse dégrader les équipements. Elle
s'engage, en cas de destruction partielle ou d'endommagement de son fait,
à prendre en charge l'intégralité des frais de remise en
état du matériel ainsi que les frais annexes tels que les frais
de transport, d'installation, de démontage et de remontage. Sauf en cas
de défaillance dûment constatée du fermier, la commune
s'interdit d'intervenir par elle-même ou de faire intervenir un tiers
pour le dépannage du matériel sans l'accord du fermier. Avec
l'appui technique du Service de l'Eau, la Commune effectue des audits
techniques et financiers périodiques de la gestion de l'AEV. La Commune
inscrit dans son budget chaque année les sommes nécessaires au
renouvellement et aux extensions ainsi que les cautions d'exploitation. Au
besoin, la commune doit-être en mesure de rembourser la caution
d'exploitation au fermier. Dans le quotidien les communes n'arrivent toujours
pas à bien jouer leur rôle malgré l'assistance du Service
de l'Eau. Le personnel communal est insuffisant et les compétences
requises n'y sont pas. La gouvernance communale de l'eau pour
32
33
une gestion durable reste à améliorer. La
capacité financière ne répond pas à toutes les
attributions dévolues aux communes. Mais ne vient pas seulement de
l'Etat central. La coopération décentralisée est une
coopération entre deux communes. Elle peut être entre une commune
d'un pays tiers et le Bénin ou entre des communes béninoises. Les
ONG internationales sont des organismes internationaux qui interviennent
indépendamment d'un gouvernement tout en recevant des subventions de
celui-ci. Comme les ONG locales, elles n'ont pas de rôle
prédéterminé, mais elles appuient le sous-secteur de l'eau
potable en accord avec l'autorité et en conformité avec leurs
statuts.
Cependant, les partenaires techniques et financiers (PTF) sont
des organisations qui assistent le secteur public au Bénin dans la
réalisation des objectifs du sous-secteur de l'eau potable en milieu
rural. On distingue les organismes bilatéraux et multilatéraux
représentant un pays, plusieurs pays ou une organisation internationale.
Ils accompagnent la réalisation de la politique gouvernementale et la
stratégie sectorielle, en général à travers des
soutiens financiers. Les banques de développement sont des structures
financières internationales qui participent au processus à
travers des soutiens financiers et des financements concessionnels. Toutes ces
institutions appuient l'Etat et facilitent ainsi l'insertion du partenaire
privé.
B. Le partenaire privé
Les fermiers et les délégataires sont des
prestataires privés qui sont, à travers un contrat avec les
communes, responsables pour l'exploitation et la maintenance des
infrastructures d'approvisionnement en eau potable. La responsabilité
des fermiers et des délégataires est définie par le type
de contrat. Dans le contrat d'affermage, l'autorité publique, ici la
commune, loue les actifs à un fermier moyennant une redevance. Le
fermier assume le risque opérationnel. Dans le contrat de concession,
l'opérateur privé reprend la gestion d'une infrastructure
publique pour une période donnée pendant laquelle il assume
d'importants risques de financements (réhabilitation, extension de
réseau). L'opérateur privé assume aussi les risques
liés à la gestion et à l'exploitation pendant la
durée du contrat.
Dans la réalité actuelle du Bénin, le
gestionnaire n'a pas la charge de financer la réalisation et la
réhabilitation des infrastructures. Son rôle principal est de
gérer et de rendre compte. Dans ses obligations contractuelles et
conformément à l'article 12 du contrat d'affermage, Le fermier
perçoit l'intégralité des revenus de la vente de l'eau,
quel que soit le volume vendu. Il assure à ses propres frais
l'exploitation et l'entretien du système de pompage et du réseau.
En particulier,
34
il paie les fournitures et rémunère tout le
personnel nécessaire. Le fermier est tenu de réparer le groupe
électrogène et la pompe immergée à ses frais, tant
que ceux-ci n'auront pas atteint leur limite normale d'amortissement qui est
fixée à 12 000 heures de fonctionnement pour le groupe
électrogène et à 18.000 heures pour la pompe.
Au-delà de cette durée normale de service, le fermier peut
demander à la commune le remplacement du groupe
électrogène et de la pompe, qui est financé par la
commune.
De plus, le fermier est tenu de verser des redevances. Il
s'agit de la redevance pour le renouvellement, d'extensions. Cette redevance
est destinée à couvrir les provisions pour le renouvellement du
groupe électrogène et de la pompe immergée, le
renforcement des installations ou les extensions du réseau
destinés à améliorer le service et/ou à en
étendre l'accès à de nouveaux usagers (construction de
nouvelles bornes fontaines, extension de réseau, mise en place de moyens
d'exhaure plus puissants). Le montant de la redevance pour le renouvellement et
les extensions est fixé par rapport à la totalité du
volume d'eau produit. Ensuite il y a la redevance au budget communal. Cette
redevance est destinée à alimenter le budget communal. Elle sert
à financer les audits techniques et financiers et à assurer le
suivi du secteur par la Commune. Le montant de la redevance au budget communal
est également fixé sur la base de la totalité du volume
d'eau produit. Il est à noter que ses redevances sont estimées
à l'aide d'un logiciel mis en place avec l'appui des PTF. Cet outil
permet d'estimer en toute objectivité la part de chaque partie sans
ruiner le fermier.
Enfin, il y a le revenu du fermier qui n'est pas une
redevance, mais son bénéfice. Après versement des
redevances prévues ci-dessus, le solde du produit de la vente de l'eau
est acquis au fermier.
Les fermiers sont représentés au niveau national
par leur structure faitière, l'Association Fédérative des
gestionnaires privés de réseaux d'Eau du Bénin (AFEB).
A part les fermiers, le secteur privé comprend d'autres
partenaires. Les bureaux d'études exécutent des études
préalables aux travaux ou d'autres études nécessaires dans
le sous-secteur de l'eau potable. Ils assurent le contrôle des travaux
d'infrastructures d'AEP. Les entreprises réalisent les travaux de
forages et les travaux d'infrastructures d'AEP.
Avec toute l'organisation autour de la gestion des AEV et tous
les dispositifs mis en place qui confèrent au cadre institutionnel une
complexité certaine, ce cadre présente tout de même une
efficacité mitigée.
Section II : Une efficacité mitigée
Dans le cas de l'affermage au Bénin, c'est l'Etat qui
fait les investissements et le fermier exploitent. Cette forme de gestion
déléguée a permis l'éclosion de petites et moyennes
entreprises car la procédure utilisée n'est pas celle formelle du
PPP qui est plutôt complexe. Les communes elles-mêmes sont
conscientes qu'il y a des aspects à revoir dans le fonctionnement du
cadre institutionnel actuel. C'est pour cela qu'elles ont convenu avec l'Etat
de se faire assister. Pour ce faire, la mise en oeuvre de la gestion par
affermage des AEV prônée par l'Etat sera limité par
(§1) les organes et la cellule d'appui au PPP puis (§2) le conseil
des ministres et la commission ad'hoc d'appel d'offres.
§1 Les organes et la cellule d'appui au
PPP
La gestion des AEV s'organise autour de plusieurs liens
d'obligations liés par une même finalité. Le contrat
devient complexe dès que la participation du privé se densifie
dans la conception, le montage, le financement et la mise en oeuvre du contrat.
Dans le cas actuel de la gestion des AEV, la participation du privé se
limite à la mise en oeuvre du contrat, c'est-à-dire
l'exploitation des installations. Avec la nouvelle convention entre l'Etat
central et les communes, le financement va s'ajouter. Mais à la longue,
le partenaire pourrait participer à la conception et au montage. Quelles
seraient alors la (I) limite des organes de contrôle et de
régulation et la (II) limite de la Cellule d'appui au PPP ?
A. Limite des organes de contrôle et de
régulation
Selon la loi n° 2016-24 du 28 juin 2017, portant cadre
juridique du partenariat public- privé en République du
Bénin, la Direction Nationale de Contrôle des Marchés
Publics (DNCMP) assure le contrôle des opérations de passation des
contrats de partenariat public-privé. L'Autorité de
Régulation des Marchés Publics (ARMP) est l'organe de recours et
de facilitation du dialogue entre les parties, en cas de différends.
Dans le cas de l'affermage des AEV, certaines communes ne respectent pas
l'étape de contrôle et trouvent que cela alourdi la
procédure. Pour faciliter la proximité et fluidifier le
système, l'Etat a mis en place, les Directions Départementales de
Contrôle des Marchés Publics (DDCMP). Mais la situation n'est
guère reluisante et reste toujours à améliorer. Dans le
Département de l'Ouémé, le personnel de la DDCMP se
réduisait à son directeur seul. Cela ne facilite pas la
célérité dans le traitement des dossiers malgré la
bonne volonté de celui-ci.
L'ARMP pourrait être sollicitée plus tôt
pour ses conseils qui pourraient même faciliter le processus et
éviter les différents à gérer. Mais, ce n'est pas
souvent le cas. C'est lorsque tout est bloqué, qu'on a recours à
l'ARMP et cela retarde le processus inutilement, alors qu'on
35
36
pouvait solliciter l'assistance-conseil gratuit de l'ARMP en
amont. Ces structures malgré leur dévouement sont limitées
par le manque de personnel et d'appui financier. Dans l'exercice de leurs
missions, ces deux entités peuvent requérir l'expertise de la
Cellule d'Appui au Partenariat.
B. Limite de la Cellule d'appui au PPP
A la lumière des articles 2 et 3 du décret
n° 2017 - 043 du 27 janvier 2017 portant attributions, composition et
modalités de fonctionnement de la Cellule d'Appui au Partenariat
Public-Privé en République du Bénin, la CAPPP
placée sous l'autorité du Président de la
République, apporte son expertise dans l'exécution et le suivi
des contrats de partenariat public-privé, contribue à la
réalisation, au renouvellement des infrastructures et équipements
publics, ainsi qu'à l'amélioration de la qualité du
service public en proposant de projets d'envergure à travers des
contrats de PPP. Pour réussir la gestion durable des AEV, le
gouvernement se propose le recours au PPP.
§2 Le choix des PPP dans la gestion des
AEV
Fort des expériences issues des modes de gestion
antérieure, compte tenu de l'ambition de réaliser de grands
systèmes d'AEV et surtout de l'échéance déjà
proche (2021), le gouvernement se propose d'évoluer en mode PPP. Ce
choix a certainement (I) des atouts à exploiter mais aussi (II) des
limites à minimiser.
A. Les atouts
La promotion du partenariat public-privé pour financer
le sous-secteur approvisionnement en eau potable est une recommandation de la
Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable
2017-203062. Il a été démontré à
travers des initiatives pilotes d'après la même source, que les
fermiers étaient prêts à participer financièrement
à l'investissement en capital pour l'amélioration du niveau de
service des réseaux d'AEP pour peu que les contrats soient «
sécurisés » et leur donnent l'opportunité de prendre
en charge le service public de l'eau pour une période
conséquente, allant de 6 à 8 années. Cette période
leur permettra de faire le retour sur investissements afin de retrouver leur
équilibre financier pour pouvoir réinvestir ailleurs.
Le PPP est avantageux à plus d'un titre parce qu'il
soulage l'Etat et permet aux populations de jouir d'un bien ici l'usage de
l'eau potable avant que le partenaire ne soit remboursé par les options
étudiées adaptées à la gestion de l'eau qui
favorisent chaque partie. Dans la gestion en mode PPP, les infrastructures sont
bien entretenues et bien gérées puisque c'est le moyen par
62 MEEM, Stratégie Nationale
d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural 2017-2030, DGEau, 2017,
p. 3.
37
lequel le gestionnaire sera payé. Donc il est bien
regardant sur la maintenance des équipements ce qui évite la
rupture de la fourniture de l'eau qui était le mal récurrent.
Malheureusement, ce modèle a bien des limites.
B. Les limites
Le cadre institutionnel et législatif actuel n'est pas
complet pour la gestion des AEV en mode PPP. Cette forme de gestion
écarte les petites entreprises parce qu'elles n'ont pas la surface
financière suffisante pour préfinancer les réalisations,
les coûts de gestion et attendre longtemps ou progressivement ou parfois
lentement pour se faire rembourser. Elles risquent de connaitre la faillite. En
optant intégralement pour le modèle PPP, l'Etat asphyxie
délibérément les Petites Moyennes Entreprises (PME) qui
sont pourtant des contribuables et payent des impôts pour contribuer au
développement du pays. Alors que l'Etat, dans ses missions
régaliennes est sensé faire la promotion des Petites Moyennes
Entreprises pour le développement harmonieux des diverses couches de la
société.
38
2ème Partie : Une gestion perfectible
39
Chapitre 1 : Un cadre juridique perfectible
Au Bénin, dans le sous-secteur de l'approvisionnement
en eau potable, beaucoup d'avancées perceptibles sont à noter et
font la fierté du secteur comparativement à d'autres. Le cadre
juridique est bien structuré et en lien avec les évolutions du
secteur. Les textes sont disponibles, mais la mise en oeuvre doit-être
suivie.
Lorsque l'on analyse plus en détails le cadre juridique
dont dispose le Bénin, l'on observe d'une part, qu'il se pose un
problème d'harmonisation des textes et, d'autre part, que même si
l'arsenal juridique du pays est assez fourni, des problèmes de mise en
application se posent. Certaines lois sont présentement
inadéquates et méritent d'être révisées ou
actualisées pour mieux cadrer avec l'actualité. Le processus
d'élaboration et d'adoption des textes législatifs et
réglementaires est long et vraiment lourd. Souvent c'est le
défaut de texte ou décret d'application qui rend inexploitable
certaines lois. La méthode de vulgarisation n'est pas parfois
adaptée. Pour exemple, la loi sur le code de l'eau est traduite dans
plusieurs langues nationales identifiées comme les plus parlées
au Bénin. Mais cela n'a pas permis d'impacter le maximum de personnes
puisque toute la population non scolarisée n'est pas
alphabétisée. Selon Index mundi63, seul 38,4% de la
population béninoise est alphabétisé en 2015 et ce taux
est resté en dent de scie depuis 1995. Beaucoup de personnes parlent les
langues locales les comprennent, mais peu y sont alphabétisées.
Il est donc souhaitable qu'en plus de ce canal de vulgarisation, de prioriser
les supports audio et associer la presse pour atteindre une plus grande
cible.
Dans l'optique d'améliorer la gestion actuelle, il ne
serait pas superflu d'expérimenter (I) la gestion mixte tout en
gérant le risque (II) d'une confusion possible.
Section I Une gestion mixte
Sur la base des développements
précédents, suivis d'exemples précis, il est
malheureusement établi que même l'affermage à son tour n'a
pas donné tous les résultats escomptés. Il serait donc
souhaitable d'essayer un mode de gestion intermédiaire qui associe les
avantages de l'affermage aux atouts de la gestion en PPP. On parlera (I) d'un
semi partenariat public-privé dans (II) un cadre législatif
adapté, c'est-à-dire qui correspond à cette de gestion.
63 Information sur les pays, Population: taux
d'alphabétisation, disponible sur:
www.indexmundi.com,
consulté le 21/11/2019 à 14h12mn
40
§ 1 Un semi Partenariat
Public-Privé
Cette forme de gestion suggère la prise en compte des
points forts de l'affermage et l'exploitation des aspects du PPP qui
profiterons à l'affermage et pourraient contribuer à la gestion
pérenne des AEV. Cela conduira à un mode de gestion nouveau
à expérimenter. Ce mode de gestion tient compte des
difficultés des gestions passées et contourne les longues et
complexes procédures des PPP qui alourdissent le processus. La gestion
des AEV a donc juste besoin de (I) la mise à contribution des atouts de
l'affermage soutenue par (II) la sélection des avantages du PPP
adaptés à la gestion professionnelle efficiente des AEV.
A. La mise à contribution des atouts de
l'affermage
Bien que la gestion par affermage ait connue beaucoup de
difficultés, elle a des aspects positifs qu'on pourrait améliorer
et adapter au contexte actuel. Mieux sa mise en oeuvre n'a pas non plus
respecté les principes de départ sinon elle pourrait donner des
résultats plus reluisants.
La procédure pour la passation d'un marché pour
la mise en affermage est souple. Elle est à la portée des
collectivités locales et accessible aux opérateurs privés
locaux et nationaux. Certaines communes font une pré-qualification
à partir d'un avis à manifestation d'intérêt pour
aboutir à une liste restreinte de prestataires qui seront
consultés ultérieurement dans un processus d'appel d'offres.
D'autres lancent directement l'appel d'offres ouvert et font la
sélection des fermiers sur la base des exigences du DAO.
L'affermage des AEV intègre des arrangements
contractuels, un lot de plusieurs (2 à 3) systèmes est
proposé dans un seul contrat. En effet, le regroupement permet entre
autres avantages de réduire les coûts de transaction, y compris au
sein du lot des AEV qui sont moins rentables, ce qui rend la transaction
attrayante pour les opérateurs privés attirés par les gros
volumes de vente d'eau et est susceptible d'intéresser les banques
commerciales en proposant des transactions plus importantes.
La présence d'un ouvrage simple dans le champ de l'AEV
menace davantage les activités sur le réseau si ses points d'eau
sont plus proches des BF. D'une manière générale les BF
sont positionnés à au moins 150 à 200m des ouvrages
simples notamment les forages. Mais des cas déplorables sont
observés sur certaines AEV, exemple de Boribansifa et Zougou Pantrossi
dans le nord où l'ouvrage simple se trouve à moins de 20m d'une
BF. Les longues périodes d'attente d'une réhabilitation sur AEV
en panne, amène parfois les populations à demander et à
obtenir la réalisation d'un forage dans le champ de l'AEV. La
proximité des ouvrages simples limite
41
ou empêche la consommation à la BF. Un atout de
l'affermage jusque-là non encore exploité ou mal exploité
permet de gérer cette difficulté. En effet, dans ce cas, la
gestion de tous les ouvrages simples existant dans le champ d'une AEV sous
gérance est confiée au fermier ayant la gestion de l'AEV. Cela
évite la disparité et la gestion de l'ouvrage simple suit les
principes de gestion des BF autour de lui.
Dans le cadre du développement locale, cela renforce
l'esprit d'association des administrés à la gestion de la
cité encourage la gestion de proximité. Les impôts
payés par ces structures serviront au développement de la
commune. Mieux, la gestion en affermage contribue à l'éclosion
des Petites et Moyennes Entreprises. Cette nécessité d'une plus
grande participation du secteur privé a été prise en
compte dans la Politique nationale de l'eau de 2009. Cette politique stipule
que « le rôle du secteur privé devrait être
renforcé en lui octroyant davantage de responsabilités dans la
gestion déléguée des ouvrages hydrauliques dans les zones
rurales et des AEV dans les zones semi-urbaines conformément à la
stratégie d'alimentation en eau en milieu rural64
»
Ces divers avantages de l'affermage pourraient être
valorisés dans la nouvelle gestion. Dans cette optique, (II) la
sélection des avantages du PPP serait privilégiée.
B. La sélection des avantages du PPP
Dans le cadre du Partenariat Public-Privé, en plus de
l'exploitation et de la maintenance que font les fermiers, il y a le volet
extension. Il soulage le maître d'ouvrage et responsabilise davantage le
partenaire. Dans le cas de la gestion des Adductions d'Eau Villageoises, le
volet extension contribue à l'amélioration du taux de desserte et
à la pérennité du service public de l'eau. La population
n'étant pas statique, le besoin en eau augmente au fil du temps. Les
extensions et les nouvelles réalisations viennent satisfaire les
attentes des usagers. Plus le réseau est étendu, mieux il y a
d'abonnés et l'implication directe c'est la hausse de la production,
d'où l'augmentation des recettes. Le diagnostic du rapport65
du Programme Eau et Assainissement de la Banque Mondiale a également
révélé que certaines AEV pouvaient devenir plus rentables
si les extensions étaient réalisées pour que ces
équipements desservent une population plus importante et si des
campagnes étaient menées pour sensibiliser la population aux
avantages liés à la consommation de l'eau des AEV. Dans ce
contexte, le prix de l'eau peut être revu à la
64 Ministère de l'Énergie et de l'Eau,
Politique nationale de l'eau, Cotonou, 2009, p. 25.
65 WSP, Bénin-Partenariats
Public-Privé novateurs au service de la durabilité de
l'approvisionnement en eau potable en milieu rural-Étude de cas, op.
cit., p. 10.
42
baisse sans menace pour la rentabilité du réseau
grâce à l'économie d'échelle. Vendre beaucoup
à un coût unitaire réduit rapporte parfois plus que vendre
peut à un coût unitaire élevé. Ainsi, toutes les
parties sont satisfaites au grand soulagement des abonnés.
L'étude66 intitulée, entre enjeux
politiques et arrangements locaux dans la commune de Djougou au Bénin
montre que les fontainières et l'exploitant sont particulièrement
touchés par l'irrégularité saisonnière de la
consommation de l'eau, dans la mesure où leurs
rémunérations sont liées aux volumes vendus. Les
fontainières sont souvent des femmes âgées et
handicapées. Elles reçoivent un petit pourcentage, soit 50
FCFA/par m3 distribué. Les bons jours (jours de marché, soit une
fois par semaine, en saison sèche), elles peuvent vendre jusqu'à
5 m3, ce qui en fin de journée permet au mieux d'avoir 250 FCFA. En
saison des pluies, elles ne gagnent plus rien. L'exploitant, mieux
rémunéré peut recevoir jusqu'à 26 000 FCFA par mois
entre décembre et juin, mais seulement 5 000 à 7 000 FCFA par
mois le reste de l'année. L'irrégularité de ces gains
contraint à l'exercice d'autres activités (il est
également agriculteur et éleveur de volailles et de petits
ruminants ; la fontainière fait du petit commerce) pour avoir d'autres
revenus. Cette pluriactivité n'est pas facile à assumer car
l'importance et la diversité des tâches à effectuer pour
que l'AEV fonctionne et soit gérée correctement impliquent une
disponibilité constante de l'exploitant et des fontainières
surtout pendant la saison sèche. Selon cette même étude, la
pluriactivité constitue une opportunité pour les employeurs qui
bénéficient de cette souplesse pour rémunérer au
minimum les employés et les contraindre à assurer certaines
tâches avec leurs propres moyens. L'exploitant utilise sa moto pour
contrôler l'état du réseau ou pour relever chaque semaine
les consommations d'eau aux BF. Il utilise son téléphone portable
pour rendre compte de son travail auprès de son employeur, le tout sans
aucune indemnité. Des trois AEV de la commune (hors Djougou ville),
seule celle de Kolokondé est rentable parce que ce chef-lieu
d'arrondissement est plus grand que les deux autres localités et qu'une
partie de sa population a pris l'habitude de payer l'eau de l'AEV.
Avec le PPP, des grandes firmes internationales
intéressées par l'activité vont contracter directement
avec l'Etat et prendre un grand nombre de réseau en gestion. Selon
l'ambition du gouvernement béninois, le pays sera réparti en
quelques grandes zones et confier à des partenaires avec un contrat de
PPP tenant compte de la sensibilité du secteur de l'eau. Les
66 BONNASSIEUX A. et GANGNERON F., « Des
mini-réseaux d'eau potable : entre enjeux politiques et arrangements
locaux. Le cas de la commune de Djougou au Bénin », Mondes en
développement, 2011, vol. 155, n°3, p. 85.
43
partenaires pourront aussi contribuer au financement des
réalisations. Les partenaires seront rémunérés lors
de la gestion par des mécanismes de payement des PPP adaptés au
cas des AEV. Avec ce mode plus organisé, le traitement salarial des
employés suivra les textes en vigueur au Bénin et la
rémunération ne sera plus conditionnée aux saisons de
l'année. L'exploitant sera vraiment professionnel et se consacrera
entièrement à son travail. Le système de fonctionnement
des AEV sera adapté aux nouvelles technologies. Le partenaire fera des
formations de recyclages à son personnel pour le mettre à la
hauteur de la tâche. Pour bien réussir l'activité, elle
doit être régie par un cadre législatif adapté.
§ 2 Un cadre législatif
adapté
Dans l'esprit de rendre opérationnel le Partenariat
Public-Privé nouvelle formule, il faut lui associer loi et
décrets d'application souples et tenant compte du caractère
social de l'eau. Il serait donc souhaitable de faire (I) recours aux
procédures simplifiées en s'appuyant sur (II) la gestion
contrôlée.
A. Le recours aux procédures simplifiées
Face aux contraintes budgétaires et à la
nécessité de réaliser des investissements publics
colossaux, l'Etat fait de plus en plus recours aux Partenariats
Public-Privé (PPP). Ils sont aujourd'hui considérés comme
des outils de prédilection pour doter un pays en infrastructures
publiques de qualité (ports, aéroports, universités,
autoroutes).
Le PPP se présente dans de nombreux pays sous des
formes variées. Généralement, on distingue deux grandes
familles selon HALLAOUY67. La première concerne la
participation du secteur privé à la gestion d'un service public.
C'est le cas de la gestion déléguée qui porte
essentiellement sur les secteurs marchands tels que les transports urbains, la
distribution d'eau et d'électricité, l'assainissement et la
collecte de déchets, la production d'électricité, ou
encore la concession dans les domaines agricoles.
La seconde famille a trait à la participation du
secteur privé au développement et à la gestion d'une
infrastructure d'intérêt public, par exemple une centrale de
production électrique, une autoroute ou encore une unité de
traitement d'eau.
67 PPP, un mode de financement pour projets
structurants, disponible sur:
www.cfcim.org, consulté
le 21/10/2019 à 19h12mn
44
La gestion des Adductions d'Eau Villageoises pourrait bien se
retrouver dans l'un ou l'autre des cas. L'essentiel c'est d'opter pour les
procédures simplifiées afin d'alléger le système de
gestion.
L'approvisionnement en eau potable est un service social
sensible. Le taux de desserte est faible globalement au Bénin. Le
gouvernement a donc décidé dans son programme d'action, de mettre
en priorité l'accès universel à l'eau d'ici 2021. Compte
tenu de l'urgence et du caractère vital que revêt le sujet, l'Etat
pourrait contracter avec un partenaire pour la construction, l'extension et la
gestion des systèmes d'approvisionnement en eau potable. Dans ce cas,
l'Etat pourrait exceptionnellement éviter les longues et complexes
procédures du PPP et prioriser un PPP souple de type simplifié,
qui aboutit rapidement à la réalisation des infrastructures et
à leur mise en gestion pour la satisfaction des usagers. L'important
c'est de bien définir les options et parvenir à un consensus avec
le partenaire privé et consigner par écrit tous les compromis
pour éviter les litiges à l'exécution. En plus, chaque
partie devra veiller à ne pas léser l'autre partenaire, mais
chercher plutôt à l'aider à mieux accomplir sa mission.
Dans ses recherches de financement, l'Etat pourrait identifier un partenaire et
contracter directement avec ce dernier si chacune des parties est satisfaite de
la conclusion du contrat.
La réalisation de grands systèmes d'AEV
nécessite beaucoup d'investissements. L'Etat n'a parfois pas les moyens
de répondre au besoin sans cesse grandissant des populations. Le PPP,
vient donc soutenir l'Etat et aide à soulager la population. En
attendant que l'Etat mobilise les ressources pour vernir construire les
infrastructures, le partenaire privé aurait déjà
étanché la soif des populations un tant soit peu. L'accroissement
de la population et les pannes des ouvrages sont des facteurs qui baissent le
taux. La gestion des AEV nécessite une autonomie financière du
gestionnaire. C'est pour cela que géré en mode PPP, le
système d'AEV sera mieux entretenu. Le partenaire privé saura
mettre en place un service d'entretien et de réparation des
installations. Mieux, le partenaire privé fort de sa surface
financière et de son ambition de faire plus de profit, assure
l'extension du réseau vers d'autres localités non encore
desservies. Cela augmente le nombre d'abonnés et améliore le taux
de desserte dans le milieu. Les populations qui consommaient l'eau des
rivières changent de comportement et utilisent l'eau de l'AEV dont
l'extension est arrivée dans leur village. Les maladies hydriques et
autres affections causées par l'absence de l'eau de bonne qualité
disparaissent. Hommes et femmes se concentrent sur leurs activités
génératrices de revenu. Les enfants vont
régulièrement à l'école. Tout cela contribue au
développement du pays. Pour y arriver, cette gestion en mode PPP
simplifié doit-être contrôlée.
45
B. La gestion contrôlée
Pour réussir cette gestion en PPP simplifié, il
ne faudrait pas abandonner le partenaire dans sa gestion, mais l'accompagner
avec un suivi ou un contrôle pour corriger les imperfections. A cet
effet, l'Etat doit baliser la gestion du partenaire, vue que les objectifs ne
sont pas toujours les mêmes. Le partenaire est à la recherche du
profit. L'Etat est à la recherche du bien-être de sa population.
C'est l'Etat qui fixe le prix de vente de l'eau en tenant compte du pouvoir
d'achat des usagers. Le partenaire privé chargé de l'exploitation
est tenu de respecter le prix fixé par l'Etat. Il veille à la
fourniture continue du service de l'eau. Il doit anticiper sur les situations
de panne pour éviter l'interruption de la distribution de l'eau. Tout le
réseau doit-être lavé périodiquement. Pour s'assurer
de la qualité de l'eau, l'analyse physico-chimique et
bactériologique de l'eau distribuée est réalisée
une fois par an. Le gestionnaire protège les installations et utilise au
besoin la main d'oeuvre locale pour certaines tâches appropriées.
Compte tenu du caractère social et sensible de l'activité, l'Etat
exerce nécessairement un contrôle de la gestion du partenaire
privé qui doit requérir l'avis de l'Etat avant d'entreprendre
certaines activités.
Les Associations des Consommateurs d'Eau Potable (ACEP)
assurent la veille citoyenne et gèrent la remontée de
l'information. Cela permet à l'Etat de gérer en temps réel
les difficultés liées à la distribution de l'eau
potable.
Puisque c'est l'ère du numérique aujourd'hui, il
est souhaitable de penser une application libre facilement
téléchargeable, accessible à tous et compatible avec les
smartphones pour relayer aussitôt l'information à qui de droit
dès qu'une situation pouvant entraver la fourniture de l'eau survient au
niveau d'un système d'AEV. Cela rendra efficace le contrôle de
l'Etat et incitera le partenaire privé à améliorer ses
performances. Parallèlement, une autre application directement
connectée au compteur tête-forage c'est-à-dire le compteur
de production, aidera le gestionnaire à suivre à distance ses
employés et à contrôler la production, la distribution, la
vente, les recettes et la gestion des dépenses. Il pourra donc en temps
utile, donner des instructions et orientations pour la bonne gestion de
l'infrastructure pour la continuité du service public de l'eau.
Cette préconisation n'est que la bienvenue, puisque
l'introduction des Technologie d'Information et de Communication (TIC) dans le
suivi-gestion des AEV fait partie d'une réforme globale de
professionnalisation de la gestion de l'approvisionnement en eau potable des
centres semi-urbains du Bénin. A long terme, l'objectif est surtout
d'assurer la pérennité du
46
service public de l'eau à travers une meilleure
prestation de service des opérateurs d'AEV68. Toutefois,
l'utilisation des TIC, doit se faire dans le respect de la législation
et des normes.
Cette gestion mixte devrait être bien encadrée et
documentée pour éloigner toute confusion possible.
Section II : Une possible confusion
La gestion mixte fait appel à la fois aux pratiques de
l'affermage et du PPP. Une confusion est donc possible dans la phase de mise en
oeuvre. Il faudrait donc faire la part des choses et consigner par écrit
tous les aspects qui pourraient semer la confusion et conduire à des
situations conflictuelles. Dans ce sens, les dispositions doivent être
prises (§) dans les responsabilités des parties et ce jusque
(§) dans la prise de décision.
§ 1 Dans les responsabilités
Dans la gestion des contrats, les différentes parties
en affaire ont chacune des responsabilités. Les clauses relatives au
partage des responsabilités contractuelles qui définissent
l'étendue des responsabilités par chaque cocontractant en
fonction des risques encourus et de leurs obligations sont bien définies
du coté (I) de l'Etat et du coté (II) du partenaire.
A. De l'Etat
Le modèle de contrat étant mixte, il faudrait
éviter le risque de mélange dans la gestion des attributions.
L'Etat devra laisser le partenaire conduire ses activités sans
s'immiscer directement dans la gestion. Il se limitera au suivi du respect de
la bonne mise en oeuvre des clauses contractuelles.
L'Etat contrôle le service public de l'eau rendu par le
gestionnaire qui est responsable du renouvellement des équipements.
L'Etat s'engage à ne rien faire qui puisse dégrader les
équipements. Il s'engage, en cas de destruction partielle ou
d'endommagement de son fait, à prendre en charge
l'intégralité des frais de remise en état du
matériel ainsi que les frais annexes tels que les frais de transport,
d'installation, de démontage et de remontage.
Sauf en cas de défaillance dûment
constatée du gestionnaire, l'Etat s'interdit d'intervenir par
lui-même ou de faire intervenir un tiers pour le dépannage du
matériel. Seul le gestionnaire en est garant.
68 NDAW, M. F. et MIGAN S. A., Étude sur la
valorisation du potentiel des TIC dans le secteur de l'eau, assainissement et
hygiène. Étude de cas: Bénin, WSP/WBG, 2015, p. 9.
47
Pour faciliter la tâche au partenaire privé,
l'Etat paye régulièrement et à temps sa consommation au
niveau des branchements des services publics tels que les centres de
santé, les écoles, les commissariats, les mairies et autres
établissements publics.
Dans la même logique, il faudrait éviter les
confusions dans les responsabilités du partenaire.
B. Du partenaire
Le partenaire a une importante responsabilité depuis le
processus de réalisation jusqu'à la mise en gestion. S'il est
chargé de la réalisation, il ne devra pas apporter des
modifications au plan sans un consensus préalable avec l'Etat. Il doit
respecter les tarifs de l'eau convenus dans le contrat. Le fermier doit assurer
à ses risques et périls, sous sa responsabilité, la
gestion de l'AEV, à la satisfaction des usagers. Ses tâches
couvrent l'exploitation du système ainsi que l'entretien et toutes les
réparations de l'ensemble des ouvrages et des équipements,
à l'exception du forage lui-même.
Le partenaire ou le gestionnaire doit maintenir en bon
état de fonctionnement les ouvrages et les équipements qui
restent le patrimoine de l'Etat même s'il a préfinancé la
réalisation et respectant les normes techniques. Il doit veiller
à maintenir en permanence un lot de pièces de rechange en vue de
permettre une intervention immédiate pour l'entretien et les petites
réparations. Le gestionnaire est tenu en cas de destruction partielle ou
d'endommagement de son fait, de prendre en charge l'intégralité
des frais de remise en état du matériel ainsi que tous les frais
annexes qui s'y rattachent.
Les travaux d'entretien courant et de réparation sont
à la charge du gestionnaire. Il assure la protection des installations
contre les déprédations et les vols. Les compteurs qui seront
utilisés par lui doivent être préalablement
agréés par l'Etat. Le gestionnaire doit éviter toute
interruption du service de l'eau. Il doit laisser l'Etat faire tous les
contrôles nécessaires au bon suivi sans s'immiscer dans sa
gestion.
Pour faciliter les comptes, le gestionnaire doit informer
l'Etat par écrit des volumes produits et distribués, du personnel
affecté au service, le rendement du réseau, le débit moyen
de pompage, la consommation moyenne du groupe (carburant, lubrifiants), le
nombre d'heures de fonctionnement du groupe pendant la période et depuis
sa mise en service, les grosses réparations effectuées ou
prévues, les travaux de renouvellement et d'extension effectués
et à effectuer.
48
Périodiquement, le gestionnaire est tenu
d'établir et d'adresser les états de gestion à l'Etat.
Cela permettra à l'Etat de suivre et de savoir comment le gestionnaire
est en train de récupérer ses investissements sans abuser du bien
public.
Le gestionnaire tient informé l'Etat des
éventuelles difficultés rencontrées dans
l'exécution de ses activités afin que celui-ci lui apporte
l'appui nécessaire. Au tant qu'elles sont possibles dans les
responsabilités des parties, les confusions sont possibles dans la
lecture de la loi.
§ 2 Dans la lecture de la loi
Dans le contrat de gestion mixte, il faudrait faire attention
pour éviter la confusion dans la compréhension de la loi. Chaque
partie est appelée à faire une lecture profonde de la convention
de partenariat.
A. Confusion au niveau de l'Etat
La personne publique ne doit pas perdre de vue qu'il s'agit
d'un semi partenariat Public-Privé. Le contrat est donc
rédigé en conséquence. Le régime adopté est
souple compte tenu du caractère social du service. Les règles
complexes du PPP sont abandonnées au profit de procédures
simplifiées. Dans le cas du PPP formel, selon l'article 6 du
décret n° 2018 - 028 du 31 janvier 2018 fixant les modalités
de fonctionnement des commissions ad hoc d'appel d'offres chargées des
procédures de passation des contrats de partenariat public-privé
en République du Bénin, l'Autorité contractante
élabore le dossier de pré-qualification qu'elle soumet d'abord
à la validation de la Direction Nationale de Contrôle des
Marchés Publics pour recueillir son avis avant le lancement de la mise
en concurrence et la publication de l'avis de pré-qualification
correspondante. Ici, la procédure pourrait se simplifier davantage pour
vite satisfaire les besoins en eau en attente. Par la même occasion cela
soulagerait les parties en accord et l'objectif serait vite atteint.
B. Confusion au niveau du partenaire
Les mêmes confusions sont possibles au niveau du
partenaire privé. La personne publique se chargera de bien expliquer au
partenaire les phases à prendre en compte. Les étapes superflues
qui ne feront que rallonger la procédure et compliquer les
échanges seront abandonnées. L'objectif principal est de
s'entendre sur l'essentiel et accélérer la procédure afin
de satisfaire les besoins des usagers qui n'attendent que le service de l'eau
soit disponible et continu.
49
Chapitre 2 : Un cadre institutionnel adapté
La responsabilité de la fourniture des services
relatifs à l'approvisionnement en eau a été confiée
à différentes entités dans les zones urbaines et rurales
du Bénin. La Société Nationale des Eaux du Bénin
(SONEB) est responsable de la zone périurbaine et urbaine de plus de 20
000 personnes. Selon les statistiques de sa Direction Générale,
elle est présente dans 69 communes sur les 77 avec 200 000 branchements
domestiques.
Quant aux milieux ruraux de moins de 20 000 personnes, la
Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural
(SNAEPMR) prévoit un système d'adduction d'eau pour une
agglomération de 2 000 personnes. Une Borne Fontaine dessert 500
personnes. Un Poste d'Eau Autonome (PEA) est dimensionné pour couvrir 1
000 usagers. Le Forage équipé de Pompe à Motricité
humaine (FPM) dessert un petit village ou localité de 250 habitants.
Le bras technique du Ministère en charge de l'Eau est
la Direction Générale de l'Eau (DGEau). Elle propose la Politique
Nationale de l'Eau (PNE), le Plan d'Action Nationale de la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE), accompagne la mise en
place des comités de bassin et assure le suivi du secteur de l'eau. La
DGEau accompagne les collectivités locales à travers ses
structures déconcentrées qui sont les Services de l'Eau dans les
départements. Le secteur de l'eau étant multi-acteurs, d'autres
structures compétentes en la matière l'accompagnent. Le secteur
de la santé, le secteur de la décentralisation et de la
gouvernance locale, le secteur du cadre de vie et du développement
durable, le secteur de l'agriculture, de l'élevage et de la pèche
qui est un grand consommateur des ressources en eau, le secteur de
l'économie et des finances et le secteur du plan et du
développement, chacun en ce qui le concerne contribue et coordonne les
activités pour l'essor du secteur de l'eau, secteur vital pour les
autres secteurs. L'approche adoptée pour la gestion des ressources en
eau est basée sur la gestion participative
Section I : La gestion participative
La gestion participative est un mode de gestion qui consiste
à susciter l'engagement et la prise d'initiative de tous les acteurs, en
les responsabilisant et en les intégrant dans la vie quotidienne de
l'entreprise, et surtout lors de la prise des décisions. Ce mode de
management est essentiellement fondé sur une culture qui prône la
délégation du pouvoir, la communication et le respect mutuel. En
effet, toutes les décisions sont le fruit d'un consensus entre les
différentes parties prenantes. Cette approche qui évite les
tensions et les conflits liés à la ségrégation
50
hiérarchique. Dans la même logique, la gestion
participative des ressources en eau est basée sur l'implication et la
responsabilisation des parties prenantes à la base afin qu'elles se
sentent concernées et participent à la recherche de solutions
idoines aux difficultés de gestion de l'eau69. La gestion
participative conduit à (§) une simplicité certaine dans la
gestion du contrat et le suivi du partenaire. C'est un modèle de gestion
qui se base sur (§) l'intégration de la volonté des
usagers.
§ 1 Une simplicité certaine
La gestion participative a un avantage certain dans la mesure
où elle intègre tous les acteurs concernés. Cette vision
est partagée par Hounmenou70, qui pense que «
l'implication active des populations bénéficiaires dans la
gestion des équipements hydrauliques, constitue actuellement une
sérieuse option, visant à favoriser leur accès durable
à l'eau potable ». Ce principe peut s'appliquer à
diverses étapes : déjà (I) dans la gestion du contrat puis
(II) dans le suivi du partenaire.
A. Dans la gestion du contrat
La bonne gouvernance de la ressource en eau passe au
préalable par le développement et la mise en application d'un
cadre juridique adéquat et propice à la promotion de la
transparence et de la gestion participative. Au Bénin, l'arsenal
juridique disponible se rapportant à la protection et à la
sauvegarde des ressources naturelles y compris des ressources en eau est
important et diversifié. Ces instruments juridiques ont
été régulièrement renforcés par des
dispositions adaptées aux engagements internationaux pris par le pays et
à l'évolution du cadre socio-économique et culturel.
Ainsi, plusieurs lois et décrets ont été adoptés ou
sont en cours d'élaboration ou d'adoption.
Ces différents textes prennent en compte la gestion
participative. La gestion du contrat inclue tous les acteurs jusqu'aux usagers
qui sont représentés par l'Association des Consommateurs d'Eau
Potable (ACEP). Elle a sa place dans le suivi du partenaire.
B. Dans le suivi du partenaire
La personne publique fait le suivi de la prestation du
partenaire privé. Elle se dote des outils nécessaires pour
accomplir à bien la mission. Un système de suivi est
élaboré et mise en place. Conformément à la loi,
les structures déconcentrées de l'Etat, les collectivités
locales et les
69 COCKER F., Accessibilité à l'eau
potable en milieu lacustre au Bénin : Cas de la commune des
Aguégués, Mémoire de Master, Cotonou, Institut
International de Management, 2010, p. 12.
70 HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau
potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op.
cit., p. 8.
51
représentants des usagers c'est-à-dire les ACEP
sont associées pour un suivi concerté et participatif du
partenaire.
Les structures déconcentrées de l'Etat sont
chargées d'assurer l'assistance-conseils nécessaire aux communes.
Elles continuent le suivi de la disponibilité de la ressource en eau
souterraine pour éviter que le service de l'eau ne soit interrompu par
défaut de la ressource. Les services de l'eau recentrent leurs
activités sur les fonctions de transfert de connaissances et de suivi.
Ils veillent à l'application de la législation, au respect des
normes de conception, de réalisation et d'exploitation des ouvrages. Ils
peuvent à la demande des communes leur apporter un appui conseil pour la
mise en oeuvre de leur programme d'alimentation en eau. Les Services de l'Eau
ainsi que le prévoit la loi de décentralisation, peuvent fournir
aux communes des prestations de maîtrise d'ouvrage
déléguée.
Les communes, en tant que structures administratives
territoriales déconcentrées, sont dotées de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière et sont
administrées par un conseil communal dont les membres sont élus.
A partir de ce moment et selon les termes de la loi, elles acquièrent
toutes les compétences pour exercer pleinement la maîtrise
d'ouvrage dans le domaine de la fourniture et de la distribution de l'eau
potable sur leur territoire. Elles exercent cette compétence dans le
respect de la stratégie sectorielle, des réglementations et des
normes nationales en vigueur.
L'ACEP a essentiellement pour objet de regrouper les
consommateurs d'eau potable, d'assurer la défense de leurs
intérêts individuels et collectifs et la promotion de leurs droits
matériels et moraux dans tous les domaines de la gestion du service
public de l'eau. De façon plus spécifique, l'association a pour
objet d'assurer la représentation des usagers du service public de l'eau
de la commune auprès de l'administration communale et de ses
représentants, de défendre les intérêts des
consommateurs d'eau contre tout abus de la commune et toute dégradation
de la qualité des prestations du service public de l'eau fournies par
les gestionnaires des AEV, la SONEB ou tout autre distributeur, d'assurer la
veille citoyenne sur tout manquement lié la fourniture du service public
de l'eau et formuler en cas de besoin à l'autorité communale, des
propositions d'amélioration dudit service, de participer aux instances
paritaires de coordination, de concertation et de suivi relatives à la
fourniture du service public de l'eau au niveau communal et enfin de faciliter
la gestion des plaintes des usagers.
Puisque la gestion de l'eau vise à soulager les
usagers, il est souhaitable de tenir compte de leurs besoins dans l'esprit de
la gestion concertée.
52
§ 2 La prise en compte des usagers
Dans la gestion des infrastructures communautaires, les
usagers se retrouvent à un niveau (I) dans la sélection et (II)
dans l'exécution.
A. Dans la sélection
Déjà à l'étape de
sélection, les usagers sont pris en compte. Avant la
décentralisation, la gestion était communautaire. L'équipe
de gestion de l'AEV est mise en place de façon participative pour un
mandat périodique après une assemblée
générale où tous les usagers de l'eau sont invités.
En effet, les infrastructures d'approvisionnement en eau sont collectivement
gérées en zone rurale béninoise par les populations
bénéficiaires organisées en Association des Usagers de
l'Eau (AUE). Cette association volontaire regroupe l'ensemble des villageois
usagers de l'eau, résidant sur le territoire (un ou plusieurs villages),
desservi par un système d'adduction d'eau. Le processus est
supervisé par le Service de l'Eau du département concerné
qui veille à la participation de tous.
Après la décentralisation, la gestion est
passée de communautaire à communale. Selon la loi n° 97-029
du 15 janvier 1999, portant organisation des communes en République du
Bénin, les communes sont responsables des infrastructures publiques de
leur territoire de compétence. Mais la loi ne les autorise pas à
gérer directement les ouvrages. Elles font donc « du faire faire
». Ici également, à part quelques ratés, la gestion
solitaire est proscrite et le processus est conduit pour permettre aux usagers
ayant l'aptitude et remplissant les conditions de participer à la
sélection. Ainsi il y a eu des AUE qui se sont converties en structures
d'affermage, des entreprises locales qui participent et gagnent les appels
d'offres pour la mise en gestion déléguée des AEV.
Aujourd'hui, la sélection du partenaire privé
est également participative. Suite à la convention entre l'Etat
et les communes, c'est l'Etat qui conduit le processus à travers
l'Agence Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural
(ANAEPMR). L'appel d'offre est international et copie est envoyée aux
communes couvertes par le système d'AEV à mettre en gestion
professionnelle. Elles sont aussi autorisées à participer
à l'ouverture des plis.
B. Dans l'exécution
La participation s'observe de même dans
l'exécution de la gestion. Le Bénin a adopté en 1992 une
stratégie nationale d'alimentation en eau potable71. Cette
stratégie vise à impliquer les populations du monde rural dans
tout le processus d'appropriation de l'alimentation en eau
71 DIRECTION DE
L'HYDRAULIQUE, Stratégie nationale de l'alimentation en eau
potable, 1992, p. 19
53
potable. Les principes fondamentaux de cette stratégie
sont en particulier, la décentralisation du processus de prise de
décision, ainsi que la participation des communautés à
l'investissement et à la gestion des points d'eau.
La gestion communautaire est déjà par nature
participative. Le mode de gestion est classique. Après réception
des ouvrages, l'AUE fait une convention de cession et d'exploitation avec
l'Etat, maître d'ouvrage représenté par la Direction
Générale de l'Hydraulique en ce moment à travers le
Service Départemental de l'Hydraulique. Par cette convention, l'AUE
organise la gestion de l'ouvrage qui reste la propriété de
l'Etat. Chaque adduction d'eau villageoise a son Association des Usagers de
l'Eau (AUE) qui regroupe l'ensemble des villageois usagers du système
d'eau potable. Ils mettent en place un Comité Directeur par
élection qui compte un président, un secrétaire, un
trésorier, un représentant de l'Association de
Développement du milieu et une représentante des femmes.
Déjà cette configuration est le socle de la gestion
participative. Le comité de gestion signe un contrat avec un exploitant
qui est chargé de la production, de la distribution et de l'appui
à la collecte des recettes. Des contrats de vente de l'eau au niveau des
Bornes Fontaines sont signés avec des fontainiers qui sont payés
au prorata de la quantité vendue. L'AUE fait un contrat de maintenance
avec une structure privée spécialisée dans la maintenance
des AEV qui est agréée par la Direction de l'Hydraulique. La
participation des usagers à l'investissement initial est de 5% selon
l'approche par la demande. Les usagers sont impliqués dans la gestion
des équipements, l'approbation du budget prévisionnel, la
fixation du prix de l'eau, le renouvellement, l'extension des
équipements jusqu'à l'élection des membres de l'AUE.
Dans la stratégie 2005-2015, approche par la demande
est remplacée par la programmation communale. Les communautés
à la base depuis le niveau hameaux, localités, villages jusqu'aux
arrondissements remontent leur besoin à la commune à l'aide de
l'outil de Programmation Communale Eau (PCEau) avec l'assistance-conseils du
Service de l'Eau. La commune dans l'ordre de priorité déjà
retenu par chaque acteur, met en place les participations financières au
paravent mobilisées par les usagers eux-mêmes et soumet la
réalisation au financement disponible. L'esprit de gestion participative
se retrouve dans le processus de priorisation décrit conduit par les
communautés. Dans la gestion confiée par la commune à un
fermier, les usagers sont représentés par l'ACEP qui joue le
rôle de veille citoyenne et défend l'intérêt des
consommateurs. Périodiquement, en application de la loi sur la
décentralisation, le maire fait une reddition de compte publique sur
toutes activités de la commune. A cette occasion, le point
54
de la gestion des ouvrages d'approvisionnement en eau est
présenté et les administrés avec le conseil communal sont
invités à se prononcer.
La gestion des infrastructures d'AEP est aujourd'hui
confiée à une Agence Nationale qui est placée sous la
tutelle de la Présidence de la République. Les attributions
autrefois déconcentrées sont désormais recentrées.
La gestion confiée à l'Unité d'Exécution qui rend
compte au Conseil d'Administration (CA) de l'agence. Le fonctionnement de
l'agence est contenu dans le décret n° 2017 -039 du 25 janvier 2017
constatant approbation de la création de l'Agence Nationale
d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural. L'agence travaille en
symbiose avec les communes et s'appuie sur l'expertise des Structures
Déconcentrées de l'Etat en charge du secteur de l'Eau pour
réussir sa mission. Dans tous les cas, la gestion participative se
retrouve dans un aspect ou dans l'autre.
Le cadre institutionnel est généralement
adapté, la lourdeur administrative rend parfois inefficace les prises de
décision.
Section II : La lourdeur administrative
La lourdeur administrative est une difficulté à
laquelle toutes les administrations publiques font face. Elle est
considérée parfois comme un mal nécessaire parce que c'est
en voulant respecter toutes les procédures et dispositions de la loi que
le système s'alourdit parfois. Le cadre institutionnel impose
déjà des étapes administratives obligatoires à
franchir dans la gestion des ouvrages. En somme, on se retrouve au bout de la
procédure avec (§) la perte de temps et (§) les plaintes des
usagers.
§ 1 La perte de temps
La gestion de l'approvisionnement en eau potable est une
activité à caractère social qui nécessite des
mesures spéciales à un moment donné. Il est bien de
respecter les procédures mises en place pour l'atteinte de cet objectif
vital qu'est de fournir de l'eau potable à la population. C'est donc la
responsabilité de tous les acteurs (I) la recherche du consensus pour
éviter (II) la remise en cause des décisions en vue de la
célérité afin de satisfaire les usagers qui ne comprennent
qu'un seul langage : l'eau potable en quantité suffisante, disponible de
façon pérenne et à un coût accessible.
A. La recherche du consensus
La gestion des ressources en eau implique le contact entre
plusieurs acteurs qui ne gèrent pas forcément les mêmes
réalités et ont parfois des intérêts divergents,
mais doivent atteindre une même finalité. L'objectif visé
est de faire une gestion durable des Adductions d'Eau
Villageoises. Après la réalisation des
infrastructures d'approvisionnement en eau potable, le grand défi est de
mettre en place un système efficace de gestion. Plusieurs acteurs qui ne
répondent pas du même employeur, n'ont donc pas
nécessairement les mêmes obligations sont appelés à
cogiter ensemble pour trouver un consensus de gestion à la satisfaction
de tous. Par ailleurs, ce consensus doit être conforme aux règles
et principes de gestion en vigueur au Bénin. Autrement dit, c'est autour
des lois en vigueur dans la République en matière de gestion
durable des AEV que les parties en présence doivent s'accorder pour
éviter le faible taux de consommation des ressources affectées
pour le secteur de l'eau.
B. La faible consommation des ressources
Selon la Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau
Potable en Milieu Rural 2017-2030, l'un des plus grands problèmes du
sous-secteur est sa faible capacité d'absorption des ressources du fait
de la lourdeur des procédures administratives aussi bien au niveau
communal qu'au niveau national. Fort de ce constat, l'État a pris la
décision stratégique de créer l'Agence Nationale
d'approvisionnement en eau potable en milieu rural, une structure
adaptée à la réalisation de ce projet phare du
sous-secteur d'eau potable en milieu rural. L'investissement doit se baser sur
un Plan Directeur de Développement du sous-secteur «
approvisionnement en eau potable en milieu rural » visant l'accès
universel à l'eau potable dans chaque commune. L'objectif ultime est la
disponibilité d'une source améliorée en eau potable, ce
qui implique une interrelation graduelle des systèmes hydrauliques
urbains vers le milieu rural. La réalisation de cet objectif implique un
effort de synergie tout en envisageant les milieux ruraux et urbains comme des
entités interdépendantes. Par ailleurs, il faut considérer
les plaintes et les traiter à temps avant que la situation ne
dégénère.
§ 2 Les plaintes des usagers
Pour rester dans la logique des Objectifs de
Développement Durable (ODD) et suivre l'approche de la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (GIRE), « ne laisser
personne de côté », mais avec (I) Le chemin tortueux des
réalisations, les plaintes des usagers augmentent, ainsi ils sont
laissés de côté. Face à cette situation, se greffent
(II) les difficultés de gestion durable
A. Le chemin tortueux des réalisations
L'exemple le plus connu de tous est le processus d'appel
d'offres. La mobilisation de la ressource avec les Partenaires Techniques et
Financiers ou sur le Budget National n'est pas automatique. Elle se
concrétise au bout d'un long processus. Une fois le financement
disponible, les différentes étapes du processus de passation du
marché depuis l'avis à
55
56
manifestation d'intérêt jusqu'à
l'attribution du marché de réalisation en passant par les
études de faisabilité et d'avant-projet détaillé,
dans la pratique, un an (01) est passé sans un seul coup de pioche ni la
pose d'une seule conduite dans le meilleur des cas. Si la procédure n'a
pas échoué pour des cas « d'offres infructueux » ou de
faute administrative ou autre, elle continue l'année suivante pour
quelques mois. Si tout va pour le mieux, les travaux démarrent vers la
moitié de l'année et sont après un bout de temps suspendus
à cause des pluies. Avec un peu de chance, la réception sera
prononcée l'année suivante. Pendant tout ce temps, l'urgence est
là et attend. La plainte des populations reste sans suite. Alors que
depuis près de deux (02) ans, la ressource est disponible et attend la
paperasse et les procédures pour servir à approvisionner en eau
potable les braves populations des campagnes qui produisent la plupart des
produits vivriers consommés en ville.
Après la réalisation, commencent les
difficultés pour mettre en place un système de gestion durable de
l'ouvrage.
B. Les difficultés de gestion durable
Une fois l'AEV construite et fonctionnelle, il faudrait penser
à un système de gestion qui se dérobe un peu de la
lourdeur administrative. Une gestion autonome serait appropriée. L'AEV
n'a pas besoin de ressources extérieures pour fonctionner et se
maintenir. Le dimensionnement est fait en sorte que les recettes issues de la
vente de l'eau servent à l'entretien, au renouvellement et à
l'extension du réseau. Compte tenu du caractère communautaire du
service de l'eau, il faudrait éviter la gestion solitaire et prioriser
l'approche participative.
Pour réussir la gestion durable des Adductions d'Eau
Villageoises, il faut en amont mieux connaître les ressources en eau
disponibles par l'organisation du suivi permanent de leur évolution
qualitative et quantitative dans l'espace et dans le temps. Il faudrait
également évaluer les besoins en ressources humaines en nombre et
en qualification intervenant dans la chaine de gestion des AEV et disposer d'un
système de formation et de recyclage continu approprié.
Il serait souhaitable que l'Etat prenne en charge les frais de
gestion afin que la distribution de l'eau potable devienne enfin gratuite pour
le bonheur de la population en milieu rural. En réalité,
l'objectif que poursuit l'Etat en réalisant les infrastructures
d'approvisionnement en eau potable est la consommation de l'eau potable pour
éviter les maladies liées à l'eau. Mais lorsque l'eau est
vendue et les usagers n'ont pas la capacité financière de
l'acheter, ils retournent aux sources non conseillées et sont
exposés à des maladies de tout genre. L'Etat gagnerait donc
à adopter la politique de la gratuité de l'eau potable en milieu
rural car cela garantie l'accessibilité effective
57
des bénéficiaires à la ressource vitale.
Ainsi, la mortalité infantile due au manque d'eau potable et à
l'assainissement sera limité. Les femmes et les hommes seront
concentrés sur leurs activités économiques et pourront
contribuer au développement du pays. Les ressources que l'Etat allait
gaspiller pour lutter contre le choléra et les autres maladies hydriques
seront affecter pour d'autres actions de développement. Finalement, en
soulageant la population rurale en mettant de l'eau potable gratuitement
à sa disposition, c'est encore l'Etat qui est le premier
bénéficiaire parce qu'il résout plusieurs problèmes
à la fois.
58
Conclusion
L'eau est la première des matières
premières dont on ne peut se passer. Sa fonction est d'assurer la vie.
D'une part, le coût élevé72 de la
réalisation des infrastructures d'approvisionnement en eau potable,
constitue un obstacle majeur à l'amélioration de l'accès
à l'eau dans les régions pauvres d'Afrique, en particulier en
milieu rural au Bénin. D'autre part, « la
bonne gestion constitue la moitié des réserves de provisions ou
même la totalité 73 ».
Autrement-dit, lorsque les infrastructures sont bien
gérées, elles durent le temps qui est prévu pour le
renouvellement et/ou l'extension. Ainsi, le maître d'ouvrage a l'avantage
de réorienter ses autres ressources vers d'autres besoins non moins
importants. L'infrastructure bien gérée, devient un bien
économique et une source de revenu donc constitue une réserve.
Dans le cas d'espèce, puisque la gestion de l'AEV produit des
redevances, le système doit pouvoir s'auto entretenir donc n'a plus
nécessairement besoin que le maître d'ouvrage y injecte à
nouveau des ressources. Le concept de délégation de gestion
s'inscrit également dans une logique d'ouverture à la
participation du secteur privé74. La bonne gouvernance de
l'eau repose sur la coordination des actions, une implication judicieuse et une
large concertation entre les différents acteurs avec un recours aux
outils modernes de gestion.
On constate aujourd'hui, que c'est bien de réaliser les
ouvrages d'AEP pour soulager les peines des populations, mais c'est encore
mieux d'organiser autour de ces infrastructures qui coutent beaucoup d'argent,
une gestion pérenne gage d'une utilisation durable qui permettra
d'augmenter le taux de desserte75 et de le maintenir
ascendant. C'est pour cela que certaines collectivités territoriales se
mettent ensemble ou font des jumelages76 avec des communes
de la métropole où d'ailleurs pour faire face au défi de
la gestion durable des AEV. Les cas de l'UCOZ77 dans le Zou et du
GICC78 dans les Collines, en sont des illustrations. Le Gouvernement
du Bénin a quand même réalisé des progrès
rapides depuis la gestion
72 HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau
potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op.
cit., p. 1.
73 MARKETEUR B., Consultant en Publicité,
Lecture, Communication, Voyage, Algérie, Bejaia
74 WSP, Délégation de gestion du
service d'eau en milieu rural et semi urbain, op.cit., p. 7.
75 Le taux de desserte : c'est le rapport entre la
population effectivement desservie et la population totale. Il ne peut
excéder 100% même dans le cas où il y a des points d'eau en
excédent. MEE, Guide de programmation communale des ouvrages
d'approvisionnement en eau potable en milieu rural et semi urbain, 2010,
p.11
76 Plusieurs communes ont faits des partenariats
appelés « jumelage » avec d'autres communes occidentales pour
des projets de développement dont la réaliser et renforcement de
la gestion des AEV. C'est le cas des communes de Bohicon, Dassa,
Akpro-Missérété...
77 UCOZ, Union des Communes du Zou
78 GIC Groupement Intercommunal des Collines
59
communautaire puis en aidant les communes à adopter les
contrats d'affermage et enfin il est en train de passer à la gestion en
PPP des systèmes d'AEV.
Depuis 1992 avec l'approche par la demande, les AEV sont
gérées par les communautés à la base
organisées en Association des Usagers de l'Eau avec l'accompagnement de
la Direction de l'Hydraulique. Outre l'entretien et la maintenance des
équipements, beaucoup d'AUE ont investi dans l'extension de leurs
réseaux ou dans le cofinancement de diverses infrastructures
sociocommunautaires dans leurs localités, construction de modules de
classe et bibliothèque en milieu scolaire, extension du réseau
vers d'autres villages79. Le Bénin ne manque pas d'investir
dans la réalisation des infrastructures sociocommunautaires et
particulièrement les infrastructures de production et de distribution
d'eau potable aux populations. Force est de constater que le taux de desserte
peine à augmenter à cause de la fréquence des
pannes80. Cette information est confirmée par les
données ressentes du ministère en charge de l'eau qui affiche
pour l'année 2018, un taux de desserte de 40 %81.
Déjà il n'y a pas suffisamment de ressources financières
pour réaliser les ouvrages au fur et à mesure que la population
s'accroit. Mais, le peu d'infrastructure réalisé connait
tellement de difficultés de gestion82 qui se ressentent sur
l'état de fonctionnement des ouvrages au point où certains
ouvrages sont constamment en panne. Plusieurs acteurs dont les Organisations de
la Société Civile à travers la Coalition Eau83
ont observé que la gestion qu'en font les collectivités locales
reste à améliorer. L'Etat a déjà fait des efforts
d'investissements, mais la finalité n'est pas assurée. Il ne
s'agit donc pas seulement de réaliser les ouvrages. Mais il faut aussi
organiser leur gestion pérenne.
Les collectivités locales ont fait l'expérience
d'une gestion professionnelle avec l'affermage des AEV. L'Etat accompagne la
commune pour l'investissement initial et le fermier assure l'exploitation et la
maintenance dans une certaine mesure puisque le renouvellement des
équipements n'est même pas à la charge du fermier selon le
contrat d'affermage84. Mais cette gestion a malheureusement
montré ses limites malgré les efforts des communes. En effet,
avec l'avènement de la décentralisation en 2003, les communes ont
expérimenté la gestion déléguée
79 HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau
potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op.
cit., p. 11.
80 Les pannes tirent vers le bas le taux de
desserte, car un ouvrage en panne n'est pas pris en compte dans le calcul du
taux de desserte, voir site web de la DGEau,
www.eaubenin.bj,
consulté le 21/03/2019 à 18h12mn.
81 Taux de desserte, disponible sur:
www.eaubenin.bj,
consulté le 21/03/2019 à 19h30mn
82 WSP, Bénin-Partenariats
Public-Privé novateurs au service de la durabilité de
l'approvisionnement en eau potable en milieu rural-Étude de cas,
2016, op. cit., p. 10.
83 Coalition Eau, Etat des lieux des collectifs,
plateformes et réseaux d'organisation de la société civile
du secteur eau et assainissement dans 7 pays de l'Afrique de l'Ouest et du
Centre, 2008, Rapport Bénin
84 Article 4, Contrat d'affermage des AEV, 9.
Annexe 1
60
des AEV suite à l'accompagnement technique et financier
des structures déconcentrées de l'Etat dans le secteur de l'eau
et des Partenaires Techniques et Financières. En 2010, 157 AEV
étaient gérées sous contrats d'affermage, soit 47 % des
340 AEV construites à l'époque85. Par contre, il y en
a qui n'ont pas su gérer. L'étude sur la décentralisation
et Gouvernance de l'eau potable en milieu rural au Bénin est parvenue
à la conclusion que « la gestion communautaire n'est pas
favorable à la pérennité du service d'approvisionnement en
eau potable compte tenu du fonctionnement irrégulier des AUE et du
manque de professionnalisme de leurs responsables »86. Il
a été relevé plusieurs cas de mauvaise
gestion87 comme l'illustre également le rapport bilan du
Programme Eau et Assainissement88 de la Banque Mondiale qui constate
que les performances de la gestion communautaire, après vingt ans de
pratique, n'ont globalement pas été à la hauteur des
enjeux. Cela est confirmé par l'étude sur la gouvernance de l'eau
potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin89, qui
a conclu que « certains membres de comités directeurs
s'entendent avec les exploitants pour détourner les fonds de leurs AUE
». A l'avènement de la décentralisation, il y a eu la
gestion communale.
Aujourd'hui, l'Etat est en train de prendre les dispositions
pour expérimenter la gestion des AEV à travers le Partenariat
Public-Privé. L'avantage ici est que l'Etat pourra alimenter en eau
potable sa population et rembourser plus tard. Le partenaire est dans
l'obligation de faire une gestion professionnelle durable pour pouvoir
récupérer ses investissements.
Toutefois, ces différentes formes de gestion ont connu
des points forts et des points faibles. L'essentiel étant de tirer les
avantages et corriger les faiblesses. Cependant, toutes les formes de gestions
décrites le long de cette étude peuvent conduire à la
gestion durable des AEV au Bénin. Mais c'est la mise en oeuvre qu'en
font les acteurs qui ne respecte plus l'approche qu'ils ont eux-mêmes mis
en place. Donc le problème de formule ou méthode de gestion ne se
pose pas. Il suffit de choisir celle qu'on pense la mieux adaptée
à son cas et bien la mettre en oeuvre. Ensuite, recenser les
difficultés lors de la mise en oeuvre, les analyser pour y apporter des
solutions appropriées afin d'arriver effectivement à une gestion
durable des Adductions d'Eau
85 DGEAU, Evaluation du processus de
professionnalisation de la gestion des AEV- Bénin, Cotonou, Rapport
Final Version Provisoire n° 1, 2010, p. 21.
86 ADOMOU A., Décentralisation et
Gouvernance de l'eau potable en milieu rural au Bénin: cas de la commune
de Toffo, DESS développement et gestion de projet,
Université de Bouaké et Institut Universitaire du Bénin,
2008, p. 47.
87 BONNASSIEUX A. et GANGNERON F., « Des
mini-réseaux d'eau potable : entre enjeux politiques et arrangements
locaux. Le cas de la commune de Djougou au Bénin » op.
cit., p. 84.
88 WSP, Délégation de gestion du
service d'eau en milieu rural et semi urbain, op. cit., p.3
89 HOUNMENOU, B. G., « Gouvernance de l'eau
potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op.
cit., p. 10.
61
Villageoises en vue d'améliorer le taux de desserte en
milieu rural qui est encore de 40 % en 2018 selon la Direction
Générale de l'Eau.
62
Bibliographie :
I- Ouvrages
A- Ouvrages Généraux
AKEREKORO H., Droit administratif des biens. Nouvelles
orientations béninoises, Cotonou, Les Éditions de la
Miséricorde, 2017, 209pages.
ALBARELLO L. Méthodes en sciences humaines,
4e éd., Bruxelles, De Boeck Supérieur, 2012,
256pages.
BEAUD M., L'art de la thèse, La
découverte, Nouvelle éd., 1994, 202pages. PLATON Les
lois, livre VII, 1852pages, en ligne : <
http://books.google.fr>.
MPD, Plan National de Développement 2018-2025,
Cotonou, Bénin révélé, 296pages.
B- Ouvrages Spécifiques
DABIRE C., Financement d'un projet de Partenariats
Public-Privé (PPP), Paris, L'Harmattan, 2014, 2017pages.
DIRECTION DE L'HYDRAULIQUE, Stratégie nationale de
l'alimentation en eau potable en milieu rural, DH, 1992. 198pages.
MAISON DU DÉVELOPPEMENT LOCALE, Capitalisation de
l'expérience des maisons du développement local, MDL,
Sénégal, 2014, 91pages.
MEE, Politique nationale de l'eau, DGEau, 2009,
51pages.
MEEM, Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau
Potable en Milieu Rural 2017-2030, DGEau, 2017. 61pages.
NDAW M. F. et MIGAN S. A., Étude sur la valorisation
du potentiel des TIC dans le secteur de l'eau, assainissement et
hygiène. Étude de cas: Bénin, WSP/WBG, 2015,
28pages.
MEE, Guide de programmation communale des ouvrages
d'approvisionnement en eau potable en milieu rural et semi urbain.
Cotonou, 67pages.
Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Eau,
Intermédiation spécifique aux AEV Guide à l'usage des
communes, Cotonou, Imp. Gutenberg, 2008, 51pages.
WSP, Délégation de gestion du service d'eau en
milieu rural et semi urbain, 2010, 28pages.
WSP, Bénin-Partenariats Public-Privé novateurs
au service de la durabilité de l'approvisionnement en eau potable en
milieu rural-Étude de cas, Cotonou, Programme Eau et
Assainissement, Banque Mondiale, 2016, 60pages.
63
C- Autres ouvrages
DGEau, Rapport de l'étude diagnostique de la gestion des
AEV, Pot commun Initiative-Eau, Cotonou, 2006, 90pages.
DGEau, Evaluation du processus de professionnalisation de la
gestion des AEV- Bénin, Cotonou, Rapport Final Version Provisoire
n° 1, 2010, 131pages.
DGEau, Rapport de l'atelier bilan de la maîtrise d'ouvrage
communale dans le secteur de l'eau et de l'eau et de l'assainissement, Cotonou,
Rapport annuel n° RMCT 37, composante AEP en zone rurale/ PPEA-I, 2013,
54pages.
II- Articles
BAECHLER L., « La bonne gestion de l'eau: un enjeu majeur
du développement durable », Cain Info, 2012, vol. 3,
n° 365, pp 3-21.
BONNASSIEUX A. et GANGNERON F. « Des mini-réseaux
d'eau potable : entre enjeux politiques et arrangements locaux. Le cas de la
commune de Djougou au Bénin », Mondes en
développement, 2011, vol. 155, n°3, pp 77-92.
BRIAND A. et LEMAITRE A., « Privatisation de la
distribution de l'eau potable en Afrique: une aubaine? », Actes de la
journée d'études, Université d'Artois, Arras, 2004, pp.
98-115.
COCKER F., VODOUNOU J.-B. et YABI J., «
Determinants of the volumes of drinking water used in rural area in the
lower valley of Oueme in Benin », inédit, 17pages.
GAUTIER A.-M., « De l'eau pour tous », Amis de la
Mission, 2004, n°4, pp 3-10.
HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau potable et
dynamiques locales en zone rurale au Bénin »,
Développement durable et territoires. Économie,
géographie, politique, droit, sociologie, 2006, n° 6, pp
1-19
KELOME N. C., DOVONOU L. et LAWANI R., «
Problématique de l'eau desservie à la population par les Postes
d'Eau Autonomes Prives dans la Commune de Ketou », J. Rech.Sci.Univ.
Lomé, 2014, vol.16, n° 1, pp 15-23.
LOKO HOUNKPATIN F., « Le service public de l'eau au
Bénin : cadre juridique et droit à l'accès »,
Librairie Africaine d'Etudes Juridiques, `Rule of Law Program for
Sub-Saharian Africa', 2013, vol. 17.
LORRAIN D. « La naissance de l'affermage :
coopérer pour exister. », Entreprises et histoire, 2008,
vol. 1, n° 50, pp. 67-85.
SAUSSIER S. et TIROLE J. (2015). « Renforcer
l'efficacité de la commande publique », Notes du conseil
d'analyse économique, 2015, vol. 22, n° 3, pp. 1-12.
III- 64
Thèses et mémoires
ADOMOU A., Décentralisation et Gouvernance de
l'eau potable en milieu rural au Bénin: cas de la commune de Toffo,
DESS développement et gestion de projet, Université de
Bouaké et Institut Universitaire du Bénin, 2008, 80pages.
AKPAKO F. C., Amélioration du système
d'approvisionnement en eau potable des quartiers périurbains du Sud
Bénin: Cas de Cococodji et Hêvié dans la commune
d'Abomey-Calavi, Mémoire de Master, Ouagadougou, 2ie: Institut
International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement, 2011,
75pages.
COCKER F., Accessibilité à l'eau potable en
milieu lacustre au Bénin: Cas de la commune des
Aguégués, Mémoire de Master, Cotonou, Institut
International de Management, 2010, 107pages.
DJIDJI D., Problématique de la gestion des
adductions d'eau villageoise dans le département du Couffou. Enjeux et
perspectives, Mémoire de Master, Cotonou, Institut International de
Management, 2014, 73pages.
LOFA G., Optimisation des choix techniques et
technologiques du dimensionnement et de la gestion des AEV du
département de l'Ouémé, Mémoire de Master,
Ouagadougou, 2ie: Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de
l'Environnement, 2012, 85 pages.
SOSSOUKPE J. O., Problématique de la gestion
efficace des marches de la commune de Lokossa. Mémoire de fin du
1er cycle ENAM, Abomey-Calavi, Université d'Abomey-Calavi, 2012,
65pages.
INGABIRE ZANNOU F., Phénomène des postes
d'eau autonomes (PEA) privés au Benin: Diagnostic, impacts et solutions
alternatives, Mémoire de DESS, Abomey-Calavi, Université
d'Abomey-Calavi, 2006. 85pages.
IV- Textes nationaux
A- Lois
Loi n° 90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution
de la République du Bénin, telle que modifiée par la loi
n°2019-40 du 07 novembre 2019.
Loi n° 97-029 du 15 janvier 1999, portant organisation des
communes en République du Bénin.
La loi n° 2010-44 du 24 novembre 2010 portant gestion de
l'eau en République du Bénin.
Loi n° 2015-18 du 23 février 2017 portant statut
général de la fonction publique en République du
Bénin.
Loi n° 2016-24 du 28 juin 2017, portant cadre juridique du
partenariat public-privé en République du Bénin.
Loi n°2017-04 du 19 octobre 2017 portant Code des
marchés publics en République du Bénin.
B-
65
Décret
Décret n° 96-317 du 2 août 1996, portant
mode de constitution, d'organisation et de fonctionnement des Associations des
Usagers de l'Eau.
Décret n° 2001-094, du 20 février 2001,
fixant les normes de qualité de l'eau potable en République de
Bénin.
Décret n° 2011-621 du 29 septembre 2011 portant
création, attributions, composition, organisation et fonctionnement des
comités de bassin en République du Bénin.
Décret n° 2015-326 du 03 juin 2015, portant sur
la fixation des conditions d'exercice des activités d'exploitation des
ouvrages d'eau potable au Bénin.
Décret n° 2017-039 du 25 janvier 2017 constatant
approbation de la création de l'Agence Nationale d'Approvisionnement en
Eau Potable en Milieu Rural.
Décret n° 2017-043 du 27 janvier 2017 portant
attributions, composition et modalités de fonctionnement de la Cellule
d'Appui au Partenariat Public-Privé en République du
Bénin.
Décret n° 2018-028 du 31 janvier 2018 fixant les
modalités de fonctionnement des commissions ad hoc d'appel d'offres
chargées des procédures de passation des contrats de partenariat
public-privé en République du Bénin.
C- Arrêtés / Message radio
Message radio du Ministre de la Décentralisation et de
la Gouvernance Locale constatant la suspension de recrutement de personnel dans
les collectivités locales, [Message Radio n°068/MDGL/DC/SGM/DGCL/SA
du 07/02/2018].
V- Internet (sites)
www.assainissement-durable.com
consulté le 07/05/2019 à 1h39
www.benin.snieau.org,
consulté le 21/07/2019 à 19h52mn
www.books.google.fr,
consulté le 07/04/2019 à 12h30
www.cfcim.org, consulté
le 16/11/2019 à 16h46mn
www.coalition-eau.org,
consulté le 21/03/2019 à 18h12mn
www.eaubenin.bj,
consulté le 21/03/2019 à 18h12mn
www.enterpriseworks.org,
consulté le 11/08/2019 à 22h12mn
www.gwppnebenin.org,
consulté le 30/09/2019 à 10h34mn
www.indexmundi.com,
consulté le 21/11/2019 à 14h12mn www.lanationbenin.info,
consulté le 25/09/2018 à 10h19mn
www.presidence.bj/benin-revele,
consulté le 21/01/2019 à 10h22mn
66
www.pseau.org, consulté
le 22/02/2019 à 15h19mn
www.un.org, consulté le
25/06/2019 à 11h19mn
www.visages-du-benin.com,
consulté le 21/01/2019 à 11h22mn
67
Annexes
Liste des annexes :
Annexe 1 : contrat d'affermage 68
Annexe 2 : convention cadre de partenariat Etat-Commune 76
Annexe 3 : Bordereau de transmission de la convention cadre de
partenariat entre l'Etat et les
communes rurales du Bénin à l'ANAEPMR 82
Annexe
4 : Message Radio du MDGL suspendant le recrutement de personnel dans les
collectivités locales 85
Annexe 5 : Fiche
récapitulative mensuelle de suivi de la gestion des AEV tenue par le
fermier
86
68
Annexe 1 : contrat d'affermage
Entre
La commune de .. représentée par son Maire, Mme
/M. ., désignée ci-
après par
"la Commune"
Et
M (ou la société ..représentée
par Mme/M. , domicilié(e) à
, inscrit(e) au registre du commerce de , sous le n° .,
sous le régime
de . désigné ci- après par "le
Fermier",
Il a été convenu ce qui suit
:
CHAPITRE I - OBJET ET DURÉE DU CONTRAT
Article 1 - Objet du contrat
Le Maire de la commune confie au fermier, qui accepte,
l'exploitation, la gestion et la
maintenance de l'AEV de dont la description exacte figure dans
l'annexe 1 du présent
contrat.
La gestion des FPM dans l'emprise des AEV est confiée au
fermier dans le cadre d'un contrat spécifique avec la commune.
Un état des lieux contradictoire est dressé avant
la mise à la disposition du fermier des équipements.
Article 2 - Pièces constitutives du contrat
Les annexes suivantes sont considérées comme
faisant partie intégrante du présent contrat :
Annexe 1 : Plan du réseau et description des ouvrages et
des équipements, Annexe 2 : Etat des lieux contradictoire signé
par le fermier et la commune, Annexe 3 : Modèle de compte
d'exploitation annuel.
Annexe 4 : Modèles de compte rendus mensuels à la
commune
Annexe 5 : Résultats des analyses physico chimiques et
bactériologiques à la mise en service de l'AEV
Annexe 6 : Exemple d'élaboration du plan de gestion de
sécurité sanitaire de l'eau pour une
AEV
69
Article 3 - Entrée en vigueur et durée
du contrat
Entrée en vigueur
Le présent contrat signé par les parties entre en
vigueur après :
· la signature de l'état des lieux
contradictoire,
· le versement sur le compte de la commune au Trésor
Public d'une caution d'exploitation de
montant en lettres FCFA (montant en chiffres de francs CFA)
· la fourniture à la commune de la liste du
personnel d'exploitation et des prestataires avec leurs noms et adresses.
Durée
Le présent contrat est conclu pour une durée de 3
ans dont une période d'essai de 1 an. Il peut être
renouvelé par période de 3 ans, à défaut de
dénonciation par la commune ou le fermier au moins six mois avant
l'échéance prévue.
CHAPITRE II - OBLIGATIONS DES PARTIES
Article 4 - Obligations de la
commune.
La commune contrôle le service public de l'eau rendu
par le fermier et est responsable du renouvellement des équipements. La
commune s'engage à ne rien faire qui puisse dégrader les
équipements. Elle s'engage, en cas de destruction partielle ou
d'endommagement de son fait, à prendre en charge
l'intégralité des frais de remise en état du
matériel ainsi que les frais annexes tels que les frais de transport,
d'installation, de démontage et de remontage.
Sauf en cas de défaillance dûment
constatée du fermier, la commune s'interdit d'intervenir par
elle-même ou de faire intervenir un tiers pour le dépannage du
matériel sans l'accord du fermier.
La Commune effectue des audits techniques et financiers
périodiques de la gestion de l'AEV.
La Commune doit inscrire dans son budget chaque année
les sommes nécessaires au renouvellement et aux extensions ainsi que les
cautions d'exploitation.
Le renouvellement, à la charge de la commune, concerne
le groupe électrogène, la pompe immergée, les
pièces spéciales (vannes, ventouses et vidanges) mais aussi
l'entretien lourd du groupe électrogène qui doit être
réalisé au bout de 6000heures de fonctionnement.
La commune doit assurer ce renouvellement et cet entretien lourd
à temps.
La Commune aide le fermier, en cas de besoin, pour le
recouvrement des impayés, en particulier pour les branchements des
services publics (centres de santé, écoles.....) et prend les
mesures nécessaires pour que le paiement soit assuré.
Article 5 - Obligations du fermier
Le fermier doit assurer à ses risques et
périls, sous sa responsabilité, la gestion de l'AEV, à la
satisfaction des usagers. Ses tâches couvrent l'exploitation du
système ainsi que l'entretien et toutes les réparations de
l'ensemble des ouvrages et des équipements, à l'exception du
forage lui-même.
70
Le fermier doit entretenir en bon état de
fonctionnement les ouvrages et les équipements qui lui ont
été Le fermier doit entretenir en bon état de
fonctionnement les ouvrages et les équipements qui lui ont
été donnés en gestion en respectant les normes techniques
et s'abstenir de les dégrader. Il doit veiller à maintenir en
permanence un lot de pièces de rechange en vue de permettre une
intervention immédiate pour l'entretien et les petites
réparations.
Le fermier est tenu en cas de destruction partielle ou
d'endommagement de son fait, de prendre en charge l'intégralité
des frais de remise en état du matériel ainsi que tous les frais
annexes qui s'y rattachent.
Les travaux d'entretien courant sont effectués par des
agents du fermier ou désignés par lui. Les travaux de
réparation sont effectués par des agents du fermier ou
désignés par lui.
Les travaux d'entretien courant sont effectués par des
agents du fermier ou désignés par lui. Les travaux de
réparation sont effectués par des agents du fermier ou
désignés par lui.
Le fermier doit assurer la protection des installations contre
les déprédations et les vols. Le groupe électrogène
ne doit être démarré que pour les périodes de
pompage.
Les compteurs qui seront utilisés par le fermier
doivent être préalablement agréés par la commune ou
par toute autorité désignée par elle.
Le fermier effectue une fois par semaine, le matin avant le
démarrage de la pompe, une mesure de niveau de l'eau dans le forage
à l'aide d'une sonde électrique. Ces données sont
transmises avec le compte rendu mensuel d'activités.
Le fermier doit aviser sans délai la commune de toute
interruption du service pendant plus de 24 heures consécutives et
exposer par écrit les raisons de cette interruption.
Le fermier doit communiquer à la commune des comptes
rendus mensuels, techniques et financiers sous forme de tableaux, en sorte que
la commune puisse effectuer tous les contrôles nécessaires.
Le fermier doit informer sans délai la commune de
toute interruption du service pendant plus de 24 heures consécutives et
exposer par écrit les raisons de cette interruption. Le fermier doit
communiquer à la commune des comptes rendus mensuels, techniques et
financiers sous forme de tableaux, en sorte que la commune puisse effectuer
tous les contrôles nécessaires.
Les comptes rendus techniques doivent obligatoirement contenir
:
· les volumes produits et distribués,
· le personnel affecté au service,
· le rendement du réseau, le débit moyen
de pompage, la consommation moyenne du groupe (carburant, lubrifiants), le
nombre d'heures de fonctionnement du groupe pendant la période et depuis
sa mise en service,
· les entretiens courants réalisés et les
comptes rendus de visite et d'intervention de réparation,
· les grosses réparations effectuées ou
prévues,
· les travaux de renouvellement effectués et
à effectuer sur financement de la Commune. Les comptes rendus financiers
doivent préciser :
· le détail des dépenses et leur
évolution par rapport au mois précédent,
· le détail des recettes de l'exploitation pour
les branchements particuliers et par borne fontaine et leur évolution
par rapport au mois précédent,
·
71
le détail des sommes versées au titre des
différentes redevances avec la photocopie des reçus
correspondants.
Le fermier doit établir une fiche
récapitulative mensuelle, technique et financière, selon le
modèle qui lui sera remis par la commune. Cette fiche est envoyée
au Service Technique de la commune avant le cinquième jour du mois
suivant le mois considéré.
Chaque année, le fermier est tenu d'établir et
d'adresser les états de gestion suivants à la commune avant la
fin du premier trimestre du nouvel exercice :
· un rapport annuel d'activités technique et
financier sur les résultats de l'exercice écoulé. Ce
document est accompagné du compte d'exploitation présenté
conformément au modèle joint en annexe 3,
· un programme d'activités prévisionnel
annuel, comportant notamment les volumes des ventes envisagés,
argumenté et accompagné d'un compte d'exploitation
prévisionnel,
· le cas échéant, une proposition de
programme d'investissement (renouvellement, extensions,...) à financer
par le fonds de renouvellement et d'extensions.
Le fermier élabore et met en oeuvre un plan de gestion
de la sécurité sanitaire de l'eau
Le fermier doit tenir informée la commune des
éventuelles difficultés rencontrées dans
l'exécution de son contrat.
Article 6 - Obligations générales
des parties
Les parties contractantes ne peuvent de leur propre
initiative modifier les caractéristiques techniques des installations ni
opérer d'aménagement sans l'accord préalable de
l'autre.
CHAPITRE III - EXPLOITATION DU SERVICE
Article 7 - Propriété des ouvrages et
des équipements
Les ouvrages et équipements détaillés en
annexe 1 sont propriété de la commune. Les infrastructures et
matériels financés par la Commune grâce à la
redevance de renouvellement et d'extension ou sur les propres fonds du fermier
deviennent propriété de la commune.
Article 8 - Fonctionnement du service
Le fermier est tenu d'assurer la distribution continue de
l'eau aux bornes fontaines de .... h à .... h et ce, sept (7) jours sur
sept (7).
Le fermier n'a la faculté d'interrompre le service
public de l'eau qu'en cas de nécessité absolue. Les interruptions
doivent être portées préalablement à la connaissance
de la commune.
Article 9 - Régime des branchements
particuliers
Toute personne physique ou morale peut demander un branchement
particulier.
La demande de branchement particulier est adressée au
fermier qui la transmet à la commune. L'autorisation est accordée
par le fermier, après avis technique du Service Technique Communal. Le
branchement ne doit en particulier pas entraîner une dégradation
des conditions de fourniture d'eau aux points de distribution existants.
72
Le coût du raccordement au réseau et le
branchement sont à la charge du demandeur. Le coût du compteur est
financé par le fermier. Le raccordement au réseau et la pose du
compteur doivent être faits sous la responsabilité du fermier.
Un contrat d'abonnement est signé entre le demandeur
et le fermier puis visé par le maire, suivant le modèle fourni
par la commune. La facturation aux branchements particuliers est mensuelle.
Le fermier peut suspendre la fourniture à un
branchement particulier en cas de non-paiement des factures et selon les
modalités prévues dans le contrat d'abonnement. Dans le cas de
branchement des services publics, le fermier doit informer la commune avant la
suspension du branchement.
CHAPITRE IV - TARIFS ET DISPOSITIONS FINANCIERES
Article 10 - Prix de vente de l'eau
Le prix de vente de l'eau est fixé comme suit :
· Vente aux bornes fontaines .... FCFA la bassine de 35
litres
.... FCFA le bidon ou le seau de 20 litres .... FCFA le
fût de 220 litres
· Vente aux branchements particuliers : .... FCFA le
mètre cube
Article 11 - Révision des prix et du montant
des redevances Les tarifs de vente de l'eau peuvent être
révisés annuellement.
Une demande d'augmentation des tarifs peut être faite
par le fermier ou une baisse des tarifs par la commune ; ces demandes doivent
être basées sur des éléments objectifs (augmentation
ou baisse des charges ou des consommations).
Le montant des redevances peut aussi être
révisé annuellement en fonction des ventes réelles et des
renouvellements de matériel effectivement réalisés
après accord du Service Technique de la commune. La révision du
tarif doit être adoptée par une décision du Conseil
Communal.
Article 12- Répartition des produits de la
vente d'eau
Le fermier perçoit l'intégralité des
revenus de la vente de l'eau, quel que soit le volume vendu.
Le fermier assure à ses propres frais l'exploitation
et l'entretien du système de pompage et du réseau. En
particulier, il paie les fournitures et rémunère tout le
personnel nécessaire.
Le fermier est tenu de réparer le groupe
électrogène et la pompe à ses frais, tant que ceux-ci
n'auront pas atteint leur limite normale d'amortissement qui est fixée
à 12.000 heures de fonctionnement pour le groupe
électrogène et à 18.000 heures pour la pompe.
Au-delà de cette durée normale de service, il peut demander
à la commune le remplacement du groupe électrogène et de
la pompe, qui est financé par la commune.
73
Article 13- Redevances
Le fermier est tenu de verser les redevances suivantes :
Redevance pour le renouvellement,
d'extensions
Cette redevance est destinée à couvrir les
provisions pour :
· le renouvellement du groupe
électrogène et de la pompe,
· le renforcement des installations ou les extensions du
réseau destinés à améliorer le service et/ou
à en étendre l'accès à de nouveaux usagers
(construction de nouvelles bornes fontaines, extension de réseau, mise
en place de moyens d'exhaure plus puissants).
Le montant de la redevance pour le renouvellement et les
extensions est fixé à ..... F CFA par m3 sur la totalité
des m3 produits.
Les sommes correspondantes sont déposées par le
fermier mensuellement au plus tard le 5 du mois suivant, sur le compte de la
commune au Trésor Public.
Une copie du récépissé de
dépôt est remise à la commune. Redevance au
budget communal
Cette redevance est destinée à alimenter le
budget communal. Elle sert à financer les audits techniques et
financiers et à assurer le suivi du secteur par la Commune.
Le montant de la redevance au budget communal est fixé
à ..... F CFA par m3 sur la totalité des m3 produits.
Les sommes correspondantes sont déposées par le fermier
mensuellement au plus tard le 5 du mois suivant, sur le compte de la commune au
Trésor Public.
Une copie du récépissé de
dépôt est remise à la commune. Revenu du
fermier
Après versement des redevances prévues
ci-dessus, le solde du produit de la vente de l'eau est acquis au fermier.
Article 14 - Impôts et taxes
Le fermier doit s'acquitter dans les délais
légaux de tous les impôts et taxes exigibles en rapport avec le
présent contrat et pendant toute sa durée.
CHAPITRE V - MESURES DE SUBSTITUTION - PENALITES -
RESILIATION
Article 15 - Mesures de substitution
En cas de défaillance du fermier (non respect des
obligations contractuelles), et après trois avertissements et une mise
en demeure non suivie d'effet, la commune peut prendre toutes mesures
nécessaires pour faire fonctionner le service, aux frais du fermier.
La commune fait exploiter le réseau par un tiers pour une
durée maximale de trois mois au cours de laquelle elle doit signer un
contrat avec un nouveau fermier.
Article 16 - Pénalités
74
En cas d'interruption non justifiée du service
supérieure à 72 heures constatée, la commune a la
faculté de prononcer des pénalités d'un montant
correspondant à 10% des recettes globales de vente de l'eau
estimées pour la période d'interruption.
Article 17 - Résiliation
Résiliation par la commune
En cas de non-exécution par le fermier d'une seule des
clauses et conditions du présent contrat, la commune pourra, huit jours
après une mise en demeure par écrit restée sans effet,
engager la procédure de résiliation du contrat sans
indemnité.
Sans que cette énumération soit limitative, le
contrat sera notamment de plein droit résilié par la commune dans
les cas suivants :
· Suspension pendant plus de 10 jours de la distribution
d'eau du fait de circonstances imputables au fermier,
· Défaut ou insuffisance d'entretien des ouvrages
dûment constaté,
· Faillite, redressement judiciaire ou liquidation du
fermier,
· Non-paiement des redevances pendant trois mois
consécutifs.
En cas de résiliation suite à une
défaillance du fermier, la caution reste acquise à la commune
sans préjudice de tous autres dus, droits et dommages et
intérêts dont la commune pourrait poursuivre le paiement.
Résiliation par le fermier
En cas de non-exécution par la commune d'une seule des
clauses et conditions du présent contrat qui la concerne, le fermier
peut, huit jours après une mise en demeure par écrit
restée sans effet, engager la procédure de résiliation du
contrat sans indemnités.
Sans que cette énumération soit limitative, le
contrat sera notamment de plein droit résilié par le fermier dans
les cas suivants :
· Refus ou incapacité de la commune à
procéder au renouvellement du groupe et de la pompe lorsque ceux-ci ont
atteint respectivement 12.000 et 18.000 heures de fonctionnement,
· La commune décide d'une manière
unilatérale d'une révision du prix de l'eau,
· La commune intervient sur les ouvrages et les
équipements sans en référer au fermier,
· La commune impose du personnel au fermier.
Résiliation par chacune des parties
En tout état de cause, chacune des parties a la
faculté d'engager la procédure de résiliation du
présent contrat après avoir notifié à l'autre un
préavis de six mois. La partie qui prend l'initiative de la rupture doit
expliquer par écrit les motifs de la résiliation du contrat.
CHAPITRE VII - FIN DU CONTRAT ET DISPOSITIONS
DIVERSES
Article 18 - Retour des biens a la commune
Si aucune faute n'est mise à la charge du fermier et si
l'état des lieux en fin de contrat ne fait ressortir aucune
détérioration des équipements du fait du fermier hormis le
vieillissement et
75
l'usure normale des installations, la commune s'engage
à lui restituer le montant intégral de la caution.
A la date d'expiration du contrat, le fermier est tenu de
retourner l'ensemble des biens mis à sa disposition par la commune, sans
frais, en état normal d'entretien et de fonctionnement.
Si l'état des lieux en fin de contrat montre que
l'état des équipements est moins bon que l'état normal
d'entretien et de fonctionnement, les travaux de remise en état normal
des équipements doivent être réalisés par le fermier
à ses frais; si le fermier n'exécute pas ces travaux, la commune
peut les faire réaliser elle-même en mobilisant la caution
d'exploitation.
A la remise des biens à la commune, l'état de
paiement des redevances dues par le fermier à la commune est fait. Si,
à ce moment, le fermier doit encore des redevances, la somme due
à ce titre est déduite de la caution à lui restituer par
la commune dans un délai maximum de trois mois.
Article 19 - Force majeure
En cas de force majeure, le fermier doit informer la commune
par écrit dans les meilleurs délais. Si la commune ne conteste
pas le cas de force majeure évoqué par le fermier dans un
délai de quinze jours à compter de la réception de la
lettre de notification, le fermier est libéré de ses obligations
jusqu'à ce que cette force majeure ait cessé.
En aucun cas, une défaillance des équipements
consécutive à un manque d'entretien du fermier n'est
considérée comme un cas de force majeure.
Article 20 - Election de domicile - notifications
Pour les besoins des présentes et de leurs suites, les
parties font élection de domicile :
La commune de : (adresse)
Le fermier : (adresse)
Toutes notifications ou injonctions au titre du présent
contrat sont valablement faites par lettre recommandée avec
accusé de réception ou par lettre par porteur avec remise contre
récépissé aux adresses ci-dessus.
Article 21 - Droit applicable et attribution de
juridiction
Le présent contrat et ses annexes sont soumis au droit
béninois qui est seul applicable. A défaut de conciliation entre
les parties, tous litiges auxquels le présent contrat peut donner lieu,
notamment au sujet de sa validité, de son interprétation, de son
exécution ou de sa résiliation sont soumis aux tribunaux
compétents.
Fait à : . le
En quatre exemplaires
Pour la commune Le Fermier
Le Maire
76
Annexe 2 : convention cadre de partenariat
Etat-Commune
Exemplaire signé de la convention de partenariat entre le
Gouvernement du Benin et la Commune de Akpro-Missérété
C
77
CONVENTION CADRE DE PARTENARIAT
Entre Ies ;oussignes
Le Gouvernement du Bénira,
représenté par te /vlinistre de l'Eau et des Mines
(MESA:, Monsieur Sarrau SEiDOU ADAMBI
D'une part,
Et
Lo Commune de Akpro
·Misseréte
représentée par son Marre Monsieur M. Mrchei
8A1`fGU
D'autre part,
Il a été convenu ce qui
suit
PREAMBULE
Le Gouvernement, face au défi de Pactes
unrversel à l'eau potable en milieu rural à fin
2021, a fait élaborer et valider en Juin 2017 un Plan
Directeur National de Développement do sous-secteur de l'AUU en milieu
rural. Ceci est un véritable plan national de développement
du sous secteur ce rapprovisionnement en eau potable en
mrlieu rural, préparé à partir d'un état
des beux actualisé a fin juin 2017. de la couverture des territoires des
Communes en ouvrages d'approvisionnement en eau
potable_
Pour que ce plan national et sectoriel soit cors en
oeuvre dans le respect de a légalité nationale,
le Gouvernement a pris en compte les dispositions de :
1. la Constitution béninoise du 11
décembre 1990 qui dispose en son article 153 que aal'Eto! veille air
développer»ent harmonieux de toutes callectrwtes territoriales,
dans le respect des potentialités naturelles, de la sobdorrte nationale
et de l'équilibre mater-'ranale ;
2. la loi r'r 97-029 du 15 janvier 1999 dont i'artide
86 dispose que dans le cas de la mise en oeuvre d'un plan national de
développement e la commune damne son avis sur la tranche
tarrrmurrole du plan national de développement__. kr et ar qu'elle est
partie prenante aux procedures et aux
r
78
opercUrorts d'er erragernent du territoire pour ce
quo- concerne son ressort territorrof. ;
3. La loi N'2001-7 du 9 mai 2001 portant rna?tnse
d'ouvrage publique précise en son article ler, entre autres, qu'a il
appartnen- au maitre d'ouvrage
- de s'assurer de la aisabilir er de
l'opportunité de i-auon
- de dérerrniner sa
localisation., s'il s'agit d'un ouvrage
- d'en deinir et d'en adopter le programme
·
- d'en arrêter 1 'enveloppefuiancrëre
prévisionnelle .
· d'en assurer le finoncemew :
- d en choisir le mode de réalisation
conliarnsément am code des mcr -chtls p blirs..
».
Pour garantir la celerité des ouations et une
coordination efficiente des interventions devant concourir la
réalisation sans faille de ce Programme d'intérêt vital
pour les populations vivant en zones rurales, il a été
créé par décret du 25 janvier 2011, l'Agence Nationale
d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (ANAEPMR)
Convaincu de l'adhésion réelle des
différents acteurs de ce sous-secteur .a ce programme d'investissements
massifs, le Gouvernement a fait élaborer un document qui a servi de base
a une concertation avec les acteurs clés de ce Programme Ces
échanges ont porté sur la pertinence crème du programme et
sur les modalités pratiques de sa rnse en oeuvre, dans une
approche véritablement participative et inclusive
Assurés de l'intérêt vital que
revit fa réalisation de ce Programme National inédit
d'accès universel l'eau potable, d'ici la fin de l'année
2021. le Gouvernement du Bénin et la Commune de
Aicpro-Missérété ont décidé en toute
connaissance de cause, de confirmer leurs engagements respectifs par la
signature de la convention cadre de partenariat dont la teneur suit
Titre ! De l'objet et du contenu
Article I
·
Objet
La présente convention cadre a pour objet de
définir les conditions et les modalités de partenariat entre le
Gouvernement et is Commune de Akpro-Nlissérété
relatif a la mise en Ouvre du Programme d'acces universel à l'eau
potable en milieu rural et semi-urbain a fin 2021.
Article 2 - Contenu
La convention porte sur
3
79
L'identification de la tranche du programme a realiser
sur le territoire de la Commune ;
La programmation des best -s d'investissement en
infrastructures d'Approv saonnernent en Eau Potez } sur le territoire communal
; L'Identification des sites corn .
· ;:,x devant
accueiihr les infrastructures d'AFP
La préparation des etudes techniques,
environnementales, sociales et des dossiers d'appel d'offres ,
La consultation et la participation effective des
populations locales conformément a la loi
La gestion du volet foncier du Programme;
La delegation de gestion du Service Public de l'eau
potable ,
Le suivi-contrôle de La réalisation : le
contr$!e des travaux. reception provisoire, la mise en service et la
réception définitive ; le suivi du fonctionnement des ouvrages
d'approvisionnement en eau potable réalisés.
titre ll- Des engagements du Gouvernement et ceux
de la Commune Article 3 : Des engagements du
Gouvernement
te Gouvernement s'engage a :
Identifier, planifier et programmer, en concertation avec
chaque Commune, les besoins d'Investissements en infrastructures
d'Approvisionnement en Eau
Potable en rural au Bénin ,
Identifier, en concertation avec la Commune, la tranche
communale du Programme ;
· Rechercher eR gérer les financements du
Programme;
- Réaliser, en collaboration avec la Commune,
tes etudes techniques, environnementales et sociales du Programme
Assurer, en collaboration avec la Commune, la
réalisation des infrastructures nécessaires au captage, a la
production, au transport et a la distribution de l'eau potable en milieu rural
Suivant les normes de qualité établies ;
Necker a l'indemnisation des propriétaires
terriens des sites devant accueillir les infrastructures d'AFP
conformément aux dispositions des lois et reglemer t en vigueur
;
Organiser, conjointement avec la commune, la gestion du
patrimoine, la délégation de la gestion â des
opérateurs professionnels régionaux et le suivi de l'exploitation
du service public de l'eau en milieu rural ;
Assurer â la Commune, l'assistance-conseil
nécessaire à la rime en oeuvre correcte de la présente
convention et ce, par le brais des Sei vices
Déconcentrés de l'Eau;
4
80
- Prendre les dispositions nece55aire5 pour faciliter
l`exécution de la présente convention cadre.
Article 4 Des engagements de la Commune La Commune
s'engage a
Contribuer, aux côtés du Gouvernement
à l'identification de la tranche du programme à réaliser
sur son territoire .
- Déterminer, libérer et mettre a
disposition, conformément aux dispositions des lois et règlements
en vigueur les saes devant accueillir /es infrastructures d'Approvisionnement
err Eau Potable ;
Contribuer, aux côtés du Gouvernement, au
suivi de la tranche du programme en cours de réalisation sur son
terrR.Orre ,
Convenir avec le Gouvernement du dispositif de
pérennisation des investissements et des équipements
d'Approvisionnement en Eau Potable en milieu rural et de la roue en oeuvre de
la gestion déléguée a des opérateurs professionnels
régionaux
Participer a la réception des ouvrages
d'Approvisionnement en Eau Potable réalisés sur son
territoire
Prendre les dispositions nécessaires pour
faciliter 1'exétut,on de la présente convention
cadre.
filtre Ill- Des modalités
d'exécution
Article 5- Maîtrise d'ouvrage
ta maitrise d'ouvrage des projets a exécuter
dans te cadre de ce programme gouvernernentai, objet de la présente
convention cadre, est assurée par l'Agence Nationale d'Approvisionnement
en Eau Potable en Milieu Rural {ANAEPMR).
Article 6 Passation des marches
La passation des marches publics entrant dans le cadre
du programme objet de is présente convention s'exécutera
conformément au Code des Marchés Publics en
vigueur en République du Bénin.
ARlde T- Suivi-Contrôle
Le suivi-Contrôle cies projets entrant dans le
cadre du programme objet de la présente convention cadre est
assuré par I'ANAEPMR en concertation avec la commune de
Akpro-Missérété.
in conséquence, I'ANAEPMR met en place, en
concertation avec la commune de Akpro-Mis5érétë, un
mécanisme de suivi-contrôle desdits projets. nonobstant la
vérification des résultats par un Agent Vérificateur
indépendant (AVI).
4
81
Titre IV - De la mise en vigueur, de la durée,
de ka révision et du règlement des Ries
Article 8- Mise err vigueur
La présente convention cadre entre en vigueur
compter de sa date de signature
Article 9 - Durée
ta présente convention est signée pour la
durée du Programme.
Article 10 - Révision
La présente convention cadre peut être
révisée ou modifiée d'accord parties en fonction des
nécessités de rnIse en oeuvre efficace du programme.
Article 11 Règlement des
'litiges
Les litiges qui surviendraient de
l'exécution ou de l'interprétation de la
présente
convention cadre seront réglés l'amiable.
En cas d'échec, ia Chambre
Administrative de la Cour Suprême du Bénin
est compétente pour en tonnaitre.
.110.1.1j,
Enregistrement
La présente convention cadre est dispensée
des droits de timbre et
d'enregistrement. /
Fait à Cotonou en quatre exemplaires originaux. le
a#..~r......2018.
Pour la Commune de
Akpro-Missérété
Pour te Gouvernement du Bénin
te Ministre de l'Eau et des es
S.arnou SElDQt.i AQAM81
·
82
Annexe 3 : Bordereau de transmission de la convention
cadre de partenariat entre l'Etat et les communes rurales du Bénin
à l'ANAEPMR
|
1TSTES DES CO\I M UNES
COMMUNES
|
|
1G W O DRf,
|
|
|
|
|
|
01 I CORLY
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
02 -- I GDGOU JOU
03 ABOMEY
·CALAVI
D4 . KETOU
a POBE
0 SEG8ANA
07 _I
ROHIC_ON
os NOUEYOGBE
09 PERERE
R 10 IC DAL!
11 AGUEGUES
1?L GNANADO
13 KOUANDE 3
14 I AGBANGNINZoUN
15 GLAZOUE
I-- 16 } BOPA
17 ZA
·KPOTA
1B SINENDE~
pt .bo tO11F- voT BLrt
WMEI
t .
19 ATHIEME
26 .. _ ... WAKE _21
_ SAKETE_
22S JDANGBO
23 5/ iEO
24 IfANGNI
25 - NATITIN(UU
1- 26 SAVALOU
27 ;WEAN VILLE
28 DJAKOTOMEY
9 GRAID
·POPD
30 TCHAOIJROU
31 DJOUGOU
32 MATERJ
33 LE
34 COME
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85
Annexe 4 : Message Radio du MDGL suspendant le
recrutement de personnel dans les collectivités locales
86
Annexe 5 : Fiche récapitulative mensuelle de suivi
de la gestion des AEV tenue par le fermier
87
Table des matières
Avertissement i
Dédicace ii
Remerciements iii
Sommaire iv
Liste des principaux sigles et abréviations v
Introduction 1
1ère Partie : Une gestion conditionnée 11
Chapitre 1 : Un cadre juridique approprié 13
Section I Des avancées perceptibles 14
§1 Une procédure de sélection du partenaire
innovante 14
A. L'identification du partenaire 14
B. La procédure de suivi des travaux 19
§2 Une gestion efficiente des AEV 19
A. Le professionnalisme du partenaire 20
B. La supervision de l'Etat 21
Section II Des difficultés indéniables 22
§1 Dans la procédure de conclusion du contrat 22
A. Les préalables à la sélection 22
B. La sélection 23
§2 Dans la phase d'exécution du contrat 25
A. La gestion du contrat 25
B. L'impact des différends sur la distribution de l'eau
27
Chapitre 2 : Un cadre institutionnel dynamique 29
Section I Une complexité certaine 29
§1 Des institutions concernées 30
A. L'ancrage institutionnel 30
88
B. La complémentarité institutionnelle 31
§ 2 Des parties au contrat 32
A. L'Etat 32
B. Le partenaire privé 33
Section II Une efficacité mitigée 35
§1 Les organes et la cellule d'appui au PPP 35
A. Limite des organes de contrôle et de régulation
35
B. Limite de la Cellule d'appui au PPP 36
§2 Le choix des PPP dans la gestion des AEV 36
A. Les atouts 36
B. Les limites 37
2ème Partie : Une gestion perfectible 38
Chapitre 1 : Un cadre juridique perfectible 39
Section I Une gestion mixte 39
§ 1 Un semi Partenariat Public-Privé 40
A. La mise à contribution des atouts de l'affermage 40
B. La sélection des avantages du PPP 41
§ 2 Un cadre législatif adapté 43
A. Le recours aux procédures simplifiées 43
B. La gestion contrôlée 45
Section II Une possible confusion 46
§ 1 Dans les responsabilités 46
A. De l'Etat 46
B. Du partenaire 47
§ 2 Dans la lecture de la loi 48
A. Confusion au niveau de l'Etat 48
B. Confusion au niveau du partenaire 48
89
Chapitre 2 : Un cadre institutionnel adapté 49
Section I La gestion participative 49
§ 1 Une simplicité certaine 50
A. Dans la gestion du contrat 50
B. Dans le suivi du partenaire 50
§ 2 La prise en compte des usagers 52
A. Dans la sélection 52
B. Dans l'exécution 52
Section II La lourdeur administrative 54
§ 1 La perte de temps 54
A. La recherche du consensus 54
B. La faible consommation des ressources 55
§ 2 Les plaintes des usagers 55
A. Le chemin tortueux des réalisations 55
B. Les difficultés de gestion durable 56
Conclusion 58
Bibliographie : 62
Annexes 67
Table des matières 87