Abstract :
Man in almost all of his activities uses water. It is a
precious material for life on earth. The objective of this chapter is to
characterize the uses of competing water, their level of satisfaction as well
as the pressures exerted on the resource. For this, socio-economic data were
collected from 384 households in the study environment. The processing of this
data using Xlstat and SPSS 21 software reveals that the study sector offers all
the uses characteristic of a rural environment where uses linked to the economy
are superimposed on domestic uses. Thus, this environment concentrates domestic
uses, agricultural activities, fishing, river-lagoon navigation and the
extraction of sand. In addition, this diversity of uses associated with climate
change have significant negative impacts on the aquatic environment and calls
into question the principle of reconciling uses. This deterioration mainly
affects the qualitative aspect of water resources and has economic,
environmental and social repercussions.
131
Keywords: Uses, climate change, Oueme valley,
Benin
132
Introduction
Le développement en général, et celui
des pays du tiers monde en particulier, passe par une mobilisation et une
meilleure gestion des ressources naturelles dont l'eau constitue
l'élément fondamental (Zannou, 2011). Or, la sécurisation
de cette ressource souvent surexploitée et mal gérée, les
problèmes de pollution dus à l'urbanisation, l'accès
à l'eau potable pour le plus grand nombre, sont autant de défis
majeurs pour la gouvernance mondiale.
Selon les experts du PNUE, dans le rapport « Mesurer
l'utilisation de l'eau dans une économie verte », l'une des clefs
pour mieux gérer l'eau aujourd'hui serait d'estimer les ressources
disponibles, de prioriser les usages et d'identifier leurs impacts sur les
écosystèmes. « Cette connaissance s'avère
essentielle, mais malheureusement, la disponibilité de données
pertinentes est actuellement limitée », pointe dans un
communiqué, Jacqueline McGlade, un des auteurs du rapport. De
même, dans son ouvrage La Bataille de l'Eau, Cans (1994) dresse
un tableau alarmant de cette ressource. En effet, sa répartition
quantitative à l'échelle du globe est
hétérogène et souvent très différente de la
répartition des populations (Vissin, 2007). La variabilité
temporelle de sa disponibilité est également source de
problèmes : trop rare, elle entraîne des situations de
pénurie, de désertification, d'exode de populations ; trop
abondante, elle est la cause d'inondations catastrophiques.
Au Bénin, le pays dispose d'un potentiel de ressources
en eau de 13,106 milliards de m3/an en moyenne pour les eaux
superficielles et 1,870 milliards de m3/an en moyenne pour la recharge de la
nappe souterraine (DH, 2000). Mais ces ressources en eau, comme
déjà signalé, sont de plus en plus exposées
à la pression démographique et à la pollution dues aux
activités
133
humaines (Odoulami, 2009). Le secteur d'étude est
confronté à la même réalité. De 2002 à
2013, la population du milieu d'étude a significativement
augmenté et est passée de 255 131 habitants à 379 207
d'habitants avec une diversification des activités. Dans ce contexte ce
chapitre vise à présenter les différents usages et leurs
impacts sur les ressources en eau.
5.1. Matériels et méthodes
5.1.1. Collecte des données
Plusieurs données ont été utilisées
dans le cadre de cette étude. Il s'agit :
- des données agricoles (superficies et productions)
des principales spéculations ont été obtenues au du
Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche.
- une enquête de terrain dans le milieu d'étude a
permis de collecter des données socio-économiques ayant servi
à caractériser les usages. Plusieurs techniques ont
été utilisées pour la collecte des données. Il
s'agit de la revue documentaire, des travaux de terrain sur la base d'entretien
semi-structuré et de l'observation directe.
· Recherche documentaire
Cette phase a permis de faire le point des connaissances sur
la thématique. A cet effet, plusieurs centres de documentation et
institutions ont été visités. Certains de ces ouvrages ont
été consultés à la bibliothèque nationale,
au Département de Géographie et Aménagement du Territoire
(DGAT), dans les laboratoires LABEE, Laboratoire Pierre PAGNEY et LEDUR.
Outre les centres précédemment cités,
d'autres par contre ont été consultés, dans les
institutions telles que la Direction Générale de l'Eau, les ONG
CIPCRE, BEES et PNE-Bénin.
Cette recherche documentaire a été
également appuyée par la bibliographie virtuelle. L'ensemble de
ces différents documents consultés ont permis d'une part,
d'exposer les concepts et réflexions développés par
différents auteurs
134
sur les questions abordées et d'autre part, ont permis
d'affiner la méthodologie de recherche.
· Enquête de terrain
Pour mener les investigations en milieu réel, la
détermination d'un échantillon a été
nécessaire et la taille de l'échantillon est
déterminée par la formule de Dagnelie (1998)
développée au chapitre 3.
Le questionnaire administré est constitué de
questions fermées, de questions semi-ouvertes, de questions ouvertes et
de questions à choix multiples. Il renseigne sur les modes
d'approvisionnement en eau, les types d'usages ainsi que les perceptions des
usagers sur la disponibilité de la ressource et sur les contraintes
climatiques liées à leurs activités.
En complément aux entretiens, les coordonnées
géographiques des différents sites d'exploitation du sable
fluvio-lagunaire ont été prises en vue de leur spatialisation.
· Limite de l'enquête
Malgré les sessions de formation reçues par les
enquêteurs incluant l'interprétation d'expressions ou de concepts,
il est possible que des erreurs d'appréciation aient pu être
commises. Aussi, faudrait-il noter que certains enquêtés
pourraient volontairement biaiser leurs réponses en pensant que la
fausse information montrerait leur vulnérabilité et pousserait
les décideurs à vite leur porter assistance. Par rapport aux
données des campagnes agricoles, la série des données
disponibles n'était généralement pas longue et variait
selon les spéculations.
· Observation directe
Les entretiens ont été complétés
par des observations directes sur le terrain. Elles ont notamment porté
sur les usages de l'eau. Au cours de ces visites,
135
des photographies d'éléments ou de faits
jugés importants pour le travail ont été prises. Certaines
ont été insérées pour illustrer la
rédaction.
5.1.2. Analyse des données
Les données quantitatives recueillies ont fait l'objet
de traitement informatique. Le logiciel SPSS 21 a servi aux différents
traitements et aux représentations graphiques. Les différents
types d'ouvrages et leurs coordonnées ont été extraits de
la Base de Données Intégrée (BDI) de la DG-Eau et ont
servi à cartographier les ouvrages d'approvisionnement en eau à
partir du logiciel ArcGis. Ce logiciel a également servi à
cartographier les sites d'exploitation du sable fluio-lagunaire.
Pour identifier les facteurs déterminant la
quantité d'eau potable utilisée par les ménages, des
régressions logistiques univariées et multivariées ont
été réalisées. A cet effet, la quantité
d'eau journalière est indiquée comme variable dépendante
et a été catégorisée en deux classes
conformément aux normes définies par l'Organisation Mondiale de
la Santé (OMS) et la Stratégie Nationale d'Approvisionnement en
Eau Potable en Milieu Rural (SNAEPMR) au Bénin qui recommandent la
consommation d'une quantité d'eau supérieure ou égale
à 20 litres/jour/habitant. La variable dépendante est donc une
variable dichotomique codée « 1 » pour une quantité
d'eau supérieure ou égale à 20 litres et « 0 »
pour une quantité d'eau inférieure à 20 litres. Les
régressions logistiques simples ont été
réalisées afin de mesurer l'association entre chaque variable
indépendante et la variable dépendante. L'association entre
chaque facteur de confusion potentiel et la variable dépendante a
été estimée au moyen du rapport de cote (RC) et de son
intervalle de confiance à 95 %. Les variables ayant une valeur p <
0,05 en régression logistique simple ont par la suite été
introduites dans la régression logistique multiple. Une procédure
pas-à-pas descendante a été utilisée et a permis
d'éliminer progressivement les variables non significatives. Elle a
également permis d'estimer le rapport de cote
ajusté (RCa) et son intervalle de confiance à 95 %. Le tableau
XVI présente une description des variables intégrées dans
le modèle.
Tableau XVI: Description des variables intégrées
dans le modèle
Variables Code Signification
Modalités
Quantité Qté
|
Variable dépendante
Quantité d'eau utilisée par personne et par
ménage
Variables indépendantes
|
< 20 L = 20 L
|
|
Disponibilité DSP
Distance DST
Présence effective de l'infrastructure
d'approvisionnement en eau
Distance en mètre séparant la concession de
l'infrastructure d'approvisionnement en eau
Oui
Non
Moins de 300 m
Plus de 300 m
Saison SAI Saison au cours de Sèche
laquelle la quantité d'eau
Pluvieuse mentionnée est utilisée
Période de chaleur
|
PC Période au cours de laquelle la quantité d'eau
mentionnée est utilisée
|
Oui Non
|
|
136
Source : Travaux de terrain, 2018
5.2. Résultats
Pour caractériser les usages de l'eau, un état
des lieux de l'existant a été réalisé. Les usages
qui en sont faits ont été présentés. Enfin, la
satisfaction des besoins en eau a été évaluée au
niveau des usagers.
5.2.1. État actuel de l'approvisionnement en
eau
Les sources d'approvisionnement en eau du milieu ainsi que
les différents usages qui en sont faits ont été
appréciés. Deux sources d'approvisionnement
137
en eau sont exploitables. Il s'agit des eaux souterraines et
des eaux de surface. Les eaux de surface sont utilisées pour la plupart
des usages. Mais les eaux souterraines sont prioritairement exploitées
pour la boisson. Les ouvrages d'exhaure standards servent à leur
exploitation.
5.2.1.1. Ouvrages d'exploitation des ressources en
eaux souterraines
Les eaux souterraines sont captées à partir des
ouvrages conventionnels réalisés par l'État et parfois par
des particuliers. Il s'agit pour la plupart des Adductions d'Eau Villageoises
(AEV), des Forages équipés de Pompes à Motricité
humaine (FPM) et des puits modernes (PM). Il y a également des puits
artésiens dans les régions de Bonou et Dangbo. Certains sont
aménagés, d'autres ne le sont pas. La figure 33 présente
la répartition spatiale de ces ouvrages dans le secteur
d'étude.
2°28'0"E
2°36'30"E
z
- m
·
Source non aménagée (38)
z ô
- rv
0
Echelle
10
xm
2°28'0"E
2°3830"E
Source: DG-Eau, 2018 Fond Topographique IGN,
1992 Réalisation: Fêmi COCKER, 2019
z ô
z
Wogoi
soBONO ·
·
Allh ` ·
144.7.
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14è ·
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Dékanmè
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M
Houédo Aguékon
Avagbodji
·
Hiluédomé
AGUEGUES
Zoungamè
· La
ne de
rto-Novo
z o
v-
h
CD
Commune de Sèmè-Kpodji
z -co
co
LEGENDE
· Puit moderne (12)
Source aménagée (23)
· AEV (37)
· PMH (150) Localités
Village, quartier, hameau
Chef-lieu d'arrondissement
Chef-lieu de commune
·
O ·
Figure 33 : Ouvrages d'approvisionnement en eau
138
· 139
Adductions d'Eau Villageoises (AEV)
Une AEV est un ouvrage de captage et de distribution de l'eau
souterraine. Elle est généralement constituée d'un forage
équipé d'un système de pompage motorisé (pompe
immergée électrique) relié à un réservoir de
stockage et à un réseau de distribution. La source
d'énergie peut-être thermique (groupe électrogène),
parfois c'est l'énergie conventionnelle de la SBEE ou de plus en plus
les énergies renouvelables (énergie solaire photovoltaïque).
L'eau est distribuée au moyen de Borne-Fontaine (BF) et de Branchement
Particulier (BP) par des canalisations enterrées (figure 34).
Figure 34 : Schéma de principe d'une Adduction d'Eau
Villageoise Source : DGEau, 2018
Selon la DG-Eau, les AEV présentent de nombreux
avantages par rapport aux ouvrages simples : suppression du pompage manuel
(réduction de l'effort physique), moins d'attente aux points de
distribution, réduction du temps de corvée, les points de
distribution plus proches des consommateurs, possibilité sous certaines
conditions de disposer de Branchement Particulier à domicile et enfin
possibilité d'extension du réseau sans investissements lourds.
140
Au total, 37 AEV sont dénombrés dans le milieu
d'étude. L'analyse de leur répartition par commune
révèle une inégale distribution de ces ouvrages. La figure
35 présente la répartition des AEV par commune.
ADJOHOUN AGUEGUES BONOU DANGBO SO-AVA
Effectif
18
16
14
12
10
4
8
0
6
2
Communes
Figure 35: Répartition des AEV par commune
· Forages équipés de Pompes à
Motricité humaine (FPM)
C'est un point d'eau muni d'une pompe manuelle ou à
pédale. Son utilisation nécessite l'effort physique (photo 2).
141
Photo 2 : FPM dans le village de Kakanitchoé,
Arrondissement de Kodé, Commune d'Adjohoun
(Prise de vue COCKER, 2019)
Cet ouvrage qui dessert la localité de
Tcheyemihoué est réalisé selon les informations
gravées sur le bas-côté de la margelle en 2016 par le PNUD
sur le programme d'urgence du gouvernement béninois. Les FPM
étant des ouvrages simples, rapides à réaliser et moins
coûteux que les AEV, bien qu'insuffisants, sont plus nombreux. L'analyse
de leur répartition par commune montre aussi une inégale
distribution de ces ouvrages selon la figure 36.
Communes
70
60
50
Effectif
40
30
20
10
0
142
Figure 36: Répartition des FPM par commune
On en dénombre 150 en tout avec un taux de panne de 7
% selon la Base de Données Intégrée de la DGEau (BDI,
2018). Le nombre réduit de ces ouvrages dans les communes de
Sô-Ava, Aguégués et Bonou s'explique par les conditions
hydrogéologiques difficiles de ces zones. En effet,
Aguégués et Sô-Ava sont des zones lacustres et
nécessitent des équipements spécifiques et des moyens
exorbitants pour y réaliser des forages de qualité. Ainsi,
certains partenaires financiers en quête de visibilité
évitent à dessein d'orienter leur financement dans ces zones. La
ressource n'est pas à portée de main à Bonou. Plusieurs
forages financés par l'État ont été
négatifs. Les rapports des bureaux d'études chargés de la
prospection géophysique corroborés par la cartographie du
potentiel en eau souterraine présentée dans le chapitre 4 de
cette étude (potentialité qualifiée de médiocre
pour cette zone) confirment le taux d'échec non négligeable dans
cette région.
· Puits Modernes (PM)
Un puits moderne est un ouvrage à grand
diamètre (1,5 à 2 m) aux parois protégées par des
buses en béton. Ce type de puits peut être réalisé
à la main ou avec des machines. C'est un ouvrage de captage vertical
permettant de
143
capter une nappe souterraine et d'assurer de façon
permanente différents besoins en eau. La photo 3 montre un puits moderne
dans l'arrondissement d'Azowlissè.
Photo 3 : Puits moderne dans le village de Gbada,
Arrondissement d'Azowlissè, Commune d'Adjohoun
(Prise de vue COCKER, 2019)
C'est un puits moderne situé dans la localité
d'Agonmè. Sur l'ouvrage, il est inscrit que c'est réalisé
par le Projet d'Appui au Développement Rural de
l'Ouémé-Plateau (PADRO) du Ministère de l'Agriculture, de
l'Élevage et de la Pèche (MAEP). C'est l'un des rare puits
modernes réalisés sur un financement public qui est encore
fonctionnel dans le secteur d'étude. Les usagers préfèrent
les ouvrages qui nécessitent moins d'effort physique. A la
différence des puits traditionnels, les puits modernes sont
entièrement crépis et cuvelés jusqu'au fond avec une
margelle pour limiter la pollution de l'eau.
144
Le prélèvement est fait à l'aide d'un
système de treuil actionné par l'usager. Face à leur
vulnérabilité à toutes sortes de pollution, la
Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural
(SNAEPMR) ne prend plus en compte les puits modernes comme ouvrages donnant de
l'eau potable. Mais il est important de mentionner que ces ouvrages existent
toujours dans certaines localités et continuent toujours par soulager
les populations en attendant l'arrivée d'ouvrage plus
évolué. La figure 37 présente la répartition des PM
dans les communes d'études.
ADJOHOUN AGUEGUES BONOU DANGBO SO-AVA
Effectif
4
8
0
7
6
5
3
2
1
Communes
Figure 37: Répartition des puits modernes par
commune
Suivant la base de données intégrée de
la DGEau en 2018, il existait 12 PM dans le secteur d'étude. Selon la
figure 37, les communes des Aguégués et de Sô-Ava n'ont
pratiquement pas de puits moderne à cause de leur situation
hydrogéologique. En effet, il est difficile, voire impossible de
réaliser des puits dans cette zone où la nappe phréatique
affleure le sol. Aussi, faudrait-il ajouter la pression de l'intrusion saline
due à la proximité et au contact avec l'océan Atlantique.
Néanmoins, la commune de Sô-Ava sur sa zone
périphérique possède un puits moderne abandonné
depuis 2003, à Kinto-
145
Oudjra dans l'arrondissement d'Ahomey-Lokpo. Dans la commune
de Bonou, il est également difficile de réaliser des PM parce que
les conditions hydrogéologiques ne sont pas favorables à ce type
d'ouvrage.
· Sources d'eau non aménagées
(SNA)
Les sources d'eau non aménagées sont des points
de captage d'eau souterraine en forme de cuvette. Arrivée naturelle
d'eau, ces sources ne possèdent ni couvercle ni dispositifs
d'étanchéité, encore moins de filtrage, à part
l'exhaure qui a servi à leur captage comme le montre la Photo 4.
Photo 4 : Source artésienne non aménagée
dans le village Assrossa, Arrondissement de Damè-Wogon, Commune de Bonou
(Prise de vue COCKER, 2019)
L'ouvrage est réalisé dans la localité
de Gbéfadji sur un financement commun de la Banque Islamique de
Développement (BID) et l'Union Économique et Monétaire
Ouest-Africaine (UEMOA) selon le service technique de la mairie de Bonou. En
attendant son aménagement, une infirme partie est prélevée
pour les usages domestiques et le reste coule dans la nature (photo 4). C'est
le cas de plusieurs sources artésiennes qui coulent dans la nature et
attendent un éventuel aménagement. Cette situation interpelle sur
la
146
gestion rationnelle, respectueuse de l'environnement et des
ressources en eau. La gestion d'aujourd'hui devrait tenir compte des besoins
des générations futures.
On note une concentration de ces ouvrages dans la commune
d'Adjohoun, parfois Bonou et quelques fois à Dangbo comme l'indique la
figure 38.
Figure 38: Répartition des sources d'eau non
aménagées par commune
En somme, il y a 38 sources d'eau non aménagées
selon la BDI de la DGEau consultée en 2018. Pendant que ces sources
coulent dans la nature tous les jours dans cette partie du pays, ailleurs dans
le même pays les gens ne trouvent pas de l'eau à boire. Il y a un
problème d'équilibre dans la répartition des ressources en
eau. Il reste beaucoup à faire pour rétablir
l'équité qui est aussi un principe de la GIRE. Pour éviter
le gaspillage de cette ressource, des retenues d'eau et des abreuvoirs
pourraient être aménagés pour le bétail. Ainsi, en
saison sèche, les éleveurs seront un peu soulagés surtout
que le milieu est une zone de transhumance. Il y a aussi la possibilité
d'utiliser une partie de l'eau pour les activités de transformation de
produits agricoles. De commun accord avec les usagers qui exploitent cette
ressource pour leurs activités génératrices de revenus,
l'Etat pourrait accompagner le processus mettant en place une taxe de
solidarité. Cela servira à contribuer
aux projets de recherche de ressource en eau et
d'approvisionnement des populations des régions qui sont dans un
contexte hydrogéologique difficile. C'est aussi un principe de la GIRE.
Lorsqu'on a accès à la ressource en eau, il faut penser à
ceux qui ne l'on pas.
· Sources Aménagées0T11T
(SA)
Une source aménagée est une arrivée
naturelle d'eau équipée pour différents usages, dont
l'approvisionnement en eau potable. Dans la plupart des cas, le surplus est
déversé dans la nature. Pour une gestion rationnelle des
ressources en eau, il est souhaitable que ce surplus soit canalisé pour
d'autres usages comme l'irrigation des cultures. La photo 5 montre une source
aménagée dans la commune de Bonou.
Photo 5 : Source artésienne aménagée dans
le village d'Assrossa, Arrondissement de Dame-Wognon, Commune de
Bonou (Prise de vue COCKER, 2019)
147
Ces sources aménagées sont dénombrées
et sont réparties selon la figure 39.
|
|
|
|
|
|
20
|
|
|
|
18
|
|
|
|
|
|
|
16
|
|
|
|
|
|
|
|
14
|
|
|
Effectif
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
|
|
|
4
|
|
|
|
2
0
|
|
|
|
ADJOHOUN AGUEGUES BONOU DANGBO SO-AVA
Communes
148
Figure 39: Répartition des sources
aménagées par commune
Le secteur d'étude compte 23 sources
aménagées. La lecture de cette figure révèle une
inégale répartition de ces ouvrages dans le milieu
d'étude. On constate que ces ouvrages sont plus aménagés
dans la commune de Bonou que dans les communes d'Adjohoun et de Dangbo.
Sô-Ava et des Aguégués en sont dépourvues.
L'aménagement de ces ouvrages contribuera à la
préservation des ressources en eau.
5.2.1.2. Eaux de surface
La basse vallée de l'Ouémé est
essentiellement arrosée par le fleuve Ouémé, auquel
viennent s'ajouter le confluent Sô, les rivières Tovè,
Sissè, les lacs Hlan et Hounhoun.
Le fleuve Ouémé prend sa source au nord du pays
dans le département de la Donga et coule jusqu'au sud où il
parcourt les communes de Bonou, d'Adjohoun, de Dangbo, de Porto-Novo et
alimente le complexe lac Nokoué lagune de Porto-Novo. Cette lagune est
située au sud du delta et constitue l'exutoire par lequel les eaux du
fleuve Ouémé se jettent dans l'océan Atlantique par le
chenal de Lagos. Quant au lac Nokoué, il est relié à la
mer par le chenal de Cotonou, et à la lagune de Porto-Novo par un bras
d'eau : le
149
canal de Totchè. Son hydrodynamique est essentiellement
contrôlée par le régime saisonnier des apports continentaux
de la Sô et de l'Ouémé.
5.2.2. Usages des ressources en eau
L'eau dans le secteur d'étude est utilisée
à des fins diverses. Les principaux usages sont les usages domestiques,
l'agriculture, l'élevage, la pêche et la navigation fluviale. Il y
a également l'extraction du sable fluvio-lagunaire.
5.2.2.1. Usages domestiques
Les usages domestiques de l'eau sont très
variés. Outre la boisson, elle est utilisée quotidiennement pour
l'hygiène et les tâches ménagères de nettoyage,
rinçage, ou lavage. Pour la plupart, ces usages exigent une eau de
qualité. Dans le milieu d'étude et selon les résultats
d'enquête, les eaux souterraines constituent la première source
d'approvisionnement en eau de la population pour les usages domestiques.
Cependant, l'accès à cette ressource n'est pas
aisé pour tous. L'analyse de la desserte en eau confirme
l'inégale répartition des ouvrages d'approvisionnement en eau et
révèle le faible niveau d'accès à l'eau potable des
populations des Aguégués (13,6 %). La figure 40 illustre les taux
de desserte par commune et les compare au taux de desserte global du secteur
d'étude et au taux de desserte national.
150
Figure 40: Taux de desserte par commune
Les perceptions de la population sur l'accès à
l'eau sont plus ou moins partagées. Ainsi près de 40 % des
ménages enquêtés éprouve une difficulté
certaine en ce qui concerne l'approvisionnement en eau potable. Cela se
confirme par le taux de desserte moyen qui est de 37 % (BDI, 2018). Ce n'est
pas étonnant si l'on considère l'insuffisance des points d'eau,
la distance parcourue, le coût de l'eau et l'état
d'impraticabilité des voies notamment en saison de pluie. En effet, si
la distance est longue, la corvée d'eau devient plus fastidieuse et
impacte ainsi les quantités prélevées. La distance au
point d'eau est donc un paramètre important puisqu'elle détermine
la quantité d'eau disponible à l'usage domestique et
hygiénique. Dans ce contexte, les eaux de surface constituent une source
alternative d'approvisionnement en eau de consommation et d'usage pour les
activités domestiques.
5.2.2.2. Usages agricoles
D'après Lacoste, (2003), le prélèvement
agricole comprend les prélèvements pour l'irrigation et
l'élevage du bétail.
151
5.3.2.2.1. Agriculture
Dans la basse vallée de l'Ouémé, les
activités agricoles se pratiquent en fonction des saisons dans la plaine
inondable et sur le plateau. Cette agriculture à l'instar du pays est
essentiellement de type pluvial (Vodounou et Doubogan, 2016).
· Principales spéculations
produites
Selon les enquêtés, les principales cultures
produites dans le milieu d'étude sont le maïs (88 %), le riz (75
%), les produits maraîchers (68 %), l'arachide (58 %), le haricot (57 %),
le manioc (53 %) et la patate douce (53 %). La figure 41 illustre les
différentes spéculations produites par les
enquêtés.
Figure 41 : Spéculations produites
dans le milieu d'étude
Source : Données de terrain, 2018
La figure 40 révèle que le maïs et le riz
représentent les principales spéculations produites dans la basse
vallée de l'Ouémé. Les estimations dans le milieu par le
Ministère de l'Agriculture de l'Élevage et de la Pêche
(MAEP) se chiffrent à 27 023 hectares de superficies couvertes par la
culture de maïs et 1 089 hectares du riz pour la campagne 2015-2016. Les
figures 42
152
et 43 traduisent l'évolution des superficies
emblavées et de la production des cultures du maïs et du riz.
Superficie (ha)
40000
60000
50000
30000
20000
10000
0
Superficie (ha) Production (T)
Campagne
40000
90000
80000
0
70000
60000
50000
30000
20000
10000
Production (T)
Figure 42 : Évolution des superficies emblavées
et de la production du maïs de 1995 à 2016
Source: MAEP, 2020
L'analyse de la figure 42 révèle que les
superficies emblavées et la production du maïs ont connu une
évolution en dents de scie de 1995 à 2016. L'examen de leurs
courbes respectives sur cette période montre des périodes de
hausse et de baisse de la productivité et des superficies
emblavées. Ainsi, la campagne agricole de 2003-2004 est celle qui
enregistre la plus faible productivité (12 300 tonnes).
Par ailleurs, la variation de cette productivité est
significativement liée aux superficies emblavées pour la culture
de maïs. L'exploration d'une association ente la superficie
emblavée et la production à partir du test de corrélation
de Person révèle en effet une forte corrélation positive
(r=0,9). En d'autres thèmes, l'augmentation de la productivité
est fortement liée à l'augmentation de la superficie. Toutefois,
les variations de la superficie emblavée peuvent être liées
à la polyculture qui est un système agricole qui
153
consiste à cultiver sur une parcelle ou un ensemble de
parcelles agricoles plusieurs spéculations à la fois.
En ce qui concerne la culture du riz, les superficies et
productions ont connu une évolution presque identique de 2000 à
2016 (Figure 43).
Superficie (ha) Production (T)
1200
6000
1000
200
0
0
Superficie (ha)
1000
400
800
600
4000
5000
3000
2000
Production (T)
Campagne
Figure 43 : Évolution des superficies emblavées et
de la production du riz de
2000 à 2016
Source: MAEP, 2020
Au cours de cette période, pendant que la superficie
emblavée augmente, la production a également augmenté.
Cette situation peut-être expliquée par la fertilité des
terres due à la succession des crues.
· Contraintes climatiques liées à
l'agriculture
Les incidences des changements climatiques se font d'ores et
déjà sentir. Depuis 1970, il est noté une modification du
régime des précipitations : début tardif ou précoce
des pluies, rupture au coeur de la saison, hausse de l'intensité
pluviométrique. La quasi-totalité (99 %) des paysans
enquêtés pensent que l'arrêt ou le retard des pluies pendant
la période végétative des différentes
spéculations constitue le véritable problème climatique
(Figure 44).
154
Figure 44 : Perceptions des paysans des contraintes
climatiques liés à l'agriculture.
Source : Données de terrain, 2018
Le problème se manifeste par l'incertitude
prévisionnelle que vivent les paysans en ce qui concerne la
pluviométrie. En effet, comme le montre la figure 43, les paysans
estiment que les désastres causés par le climat ne sont pas
liés fondamentalement à la hauteur des pluies, mais plutôt
à leur rareté ou à leur interruption durant la
période des cultures. Le régime des précipitations ainsi
bouleversé, les cultures atteignent les limites de leur tolérance
thermique. Dans ce contexte, les eaux du fleuve Ouémé sont
régulièrement drainées vers les champs en période
de saison sèche ce qui permet de doubler les récoltes. Ainsi,
l'adaptation a été systématique avec la construction des
canaux d'irrigation. Toutefois, cette irrigation demeure embryonnaire et se
limite aux périmètres maraîchers. Par ailleurs, selon les
enquêtés, pour la préparation du sol, l'entretien des
plants et la conservation des grains, les exploitants agricoles utilisent les
pesticides.
· 155
Usage des pesticides
Les pesticides utilisés dans les champs se retrouvent
parfois sous l'effet du ruissellement dans les cours d'eau. Cela conduit au
déséquilibre de la vie dans ce milieu avec des
conséquences sur les ressources en eau et l'environnement. Cette analyse
est confirmée par plusieurs travaux dont celui de Barrault (2009) qui a
montré les impacts sanitaires et environnementaux de l'usage agricoles
des pesticides. Dans le milieu d'étude, 36 formulations commerciales ont
été enregistrées et ont permis de recenser 3 types de
pesticides. Il s'agit des insecticides, les herbicides et les fongicides. Ainsi
pour lutter contre les ravageurs et les maladies des cultures, les producteurs
utilisent des pesticides principalement les insecticides (20 formulations),
suivis par les fongicides (13 formulations) et enfin les herbicides (3
formulations). Le tableau XVII présente les préparations
commerciales et les types de pesticides recensés.
Tableau XVII: Préparations commerciales et types de
pesticides recensés
Préparations Types de pesticides
commerciales
|
|
Callicuvre Fongicide
Cap Fongicide
Capt 88ec Insecticide
Cotalm Insecticide
Cypercal Insecticide
Cyper. d Insecticide
Cypermethrine Insecticide
Dimex 400 Insecticide
Dithane. m Fongicide
D6 Insecticide
Emir 88ec Insecticide
Feuille papayer Fongicide
Feuille neem Fongicide
Foko Fongicide
Funguran Fongicide
Glyphader480sl Herbicide
Préparations Types de pesticides
commerciales
|
|
156
Hercules 50sc Herbicide
K othrine Herbicide
Kocide Fongicide
Lambdas Insecticide
Lazer Insecticide
Mancozeb Fongicide
Malate Insecticide
Malathion Insecticide
Manebe Fongicide
Pacha Insecticide
Quiniquini Insecticide
Rambo Insecticide
Serphox Insecticide
Sidim Insecticide
Sulfa 80wp Fongicide
Supermaster Insecticide
Thionex 350ec Insecticide
Topsine Fongicide
Victory 72wp Fongicide
Wreko 2,5 ec Insecticide
Source : Données de terrain, 2018
5.3.2.2.2. Élevage
L'élevage est pratiqué
généralement sur les berges, les plateaux, de façon
extensive et incontrôlée. De ce fait, pendant la crue, les
propriétaires d'animaux sont confrontés à des
problèmes d'affourragement et d'enclos. La solution endogène
adoptée est de parquer les animaux sur les voies et quelques fois dans
les enclos surélevés. L'élevage des bovins est peu
développé dans la basse vallée de l'Ouémé.
Toutefois, le milieu dispose d'importante potentialité hydrique et
fourragère qui attire les transhumants. Mais, la transhumance est
perçue comme un système de production dégradant
l'environnement, du fait qu'elle occasionne des déplacements massifs de
cheptel à la recherche de pâturages et de points d'eau. La
pression animale avec la transhumance des bêtes (source de conflits entre
éleveurs et
157
cultivateurs) participe également à la
destruction du couvert végétal exposant les sols aux effets de
l'érosion.
La photo 6 montre un troupeau en transhumance
rencontré à Hozin dans la commune de Dangbo lors des travaux de
terrain.
Photo 6 : Transhumance à Hozin dans la commune de Dangbo
(Prise de vue COCKER, 2019)
5.2.2.3. Pêche
La basse vallée de l'Ouémé dispose
d'importante ressource hydrique favorisant la pratique de la pêche. C'est
la principale activité de la population après l'agriculture. Elle
représente une source de revenus non négligeable tant sur le plan
financier que sur le plan alimentaire. Elle est de type continental et est
pratiquée sur les rivières, la lagune, le fleuve durant toute
l'année avec des techniques diverses notamment les filets, les nasses et
les acadjas.
158
Cependant, l'apport des branchages dans la réalisation
des acadjas et la prolifération des algues comblent les cours
d'eau et plan d'eau au fil des années. De même, le
développement excessif de ces algues réduire
considérablement la possibilité de photosynthèse et donc
de production d'oxygène. Les eaux sont alors moins chargées en
oxygène. D'après la déclaration des enquêtés:
« l'encombrement des cours d'eau par les plantes aquatiques
envahissantes réduit les zones de pêche et entraîne une
diminution de la production de poissons ». Ce point de vue des
pêcheurs est renforcé par la figure 45 qui matérialise
l'évolution à la baisse des prises de pêche dans le milieu
d'étude.
Figure 45 : Évolution annuelle de la production
halieutique de 1987 à 2 000 Source : Direction de la Production
Halieutique (DPH), Cotonou, Bénin L'analyse de cette figure
révèle une diminution du rendement halieutique depuis 1995. En
effet, de 1995 à 1997 cette production excédait les 20 000 tonnes
par an. Les années 1998, 1999 et 2 000 quant à elles, ont
enregistré une baisse de la production qui est passée sous la
barre des 20 000 tonnes par an. Cette diminution de la production halieutique
est accentuée selon eux par les modifications climatiques. Les
pêcheurs ont signalé les impacts négatifs
159
de ces modifications sur la pêche. La figure 46 montre
les perceptions des pêcheurs sur les changements climatiques liés
à la pluviométrie.
Figure 46 : Perceptions des pêcheurs sur les
changements climatiques liés à la pluviométrie.
L'analyse de la figure 45 montre pour la pluviométrie,
cinq facteurs cités par les enquêtés : le retard dans le
démarrage des pluies (11 %), l'augmentation de l'intensité
pluviométrique (72 %), l'arrêt précoce des pluies (14 %) et
la diminution du nombre de jours de pluie (3 %).
La figure 47 donne les perceptions des pêcheurs sur les
changements climatiques liés à la température.
160
Figure 47 : Perceptions des pêcheurs des changements
climatiques liés à la température.
L'observation de la figure 46 montre que les pêcheurs
du secteur d'étude perçoivent les modifications de la
température à travers son augmentation (77 %) ainsi que
l'insolation (17 %) et enfin la réduction de la fraicheur nocturne (6
%).
5.2.2.4. Navigation
La navigation concerne le transport sur les cours et plan
d'eau, établissant une relation économique et socioculturelle
durable entre les différentes communautés. Il est très
développé sur le fleuve Ouémé avec des barques
à moteur, des barques à voile et des barques à pagaie. Ce
potentiel de navigabilité augmente pendant la période de crue
où sillonne une importante armada de pirogues de toutes dimensions, dans
un espace qui devient plus vaste et encore peu développé en
moyens de communication. La photo 7 montre le transport des biens et des
personnes dans la commune des Aguégués
161
Photo 7 Mobilité à Avagbodji dans la commune des
Aguégués (Prise de vue COCKER, 2019)
Dans le milieu d'étude, les plantes aquatiques
constituent un obstacle dans la navigation des embarcations dans la mesure
où elles modifient la morphologie des cours d'eau et de ses environs et
apportent un frein au trafic sur l'espace fluvial.
De même, sous les conditions climatiques actuelles, les
transports fluviaux peinent à se développer. En effet, les
acteurs interrogés sont unanimes sur le fait que les conditions
climatiques actuelles constituent une menace pour les transporteurs. Selon les
informations obtenues lors des entretiens, les vents du mois d'août
constituent un véritable danger aux embarcations. Ces perceptions se
confirment par les travaux de Sossou-Agbo (2013) qui montre que les vents en
période de mousson tropicale (juin à septembre) sont les plus
redoutés par les utilisateur de la voie d'eau dans le complexe
lagunaire.
5.2.2.5. Exploitation du sable
fluvio-lagunaire
L'exploitation du sable fluvio-lagunaire est devenue
également une filière dans le milieu. Cette activité est
menée sur plusieurs sites dans les communes de Bonou, d'Adjohoun, de
Dangbo, des Aguégués et de Sô-Ava. La figure 48
162
présente le positionnement géographique des
sites d'exploitation de sable fluvio-lagunaire.
Figure 48: Répartition spatiale des sites
d'exploitation artisanale du sable fluvio-lagunaire
163
On dénombre en tout 42 sites d'exploitation de sable
fluvio-lagunaire dans le milieu d'étude. La commune d'Adjohoun
possède le plus grand nombre de sites (18). Ensuite ce sont les communes
de Bonou et des Aguégués qui possèdent respectivement 8 et
7 sites d'exploitation. Enfin la commune de Sô-Ava en possède 5 et
celle de Dangbo en compte 4. Ces sites d'exploitation sont saisonniers dans les
communes lacustres (Sô-Ava et Aguégués).
Au cours des investigations de terrain, les exploitants
artisanaux rencontrés sur les divers sites de commercialisation du sable
ont expliqué comment s'organise le travail. Le prélèvement
se fait sous l'eau à des profondeurs allant parfois jusqu'à 7
mètres. Plusieurs outils sont mis à contribution. Au large de la
lagune, des tiges sont enfoncées de part et d'autre pour
équilibrer la pirogue et une échelle centrée sur le
côté sert à descendre dans l'eau et remonter le sable
prélevé dans un sceau perforé. Un dispositif appelé
« agnan » est utilisé pour racler la boue en surface
avant le prélèvement. Une perle sert à remuer le sable
pendant que le courant d'eau emporte les débris. La pirogue ou la barque
motorisée aide à transporter le sable jusqu'à la berge
pour constituer les tas à charger après dans les camions pour la
vente. Une pirogue de taille moyenne peut transporter 35 sceaux et faire la
navette 4 à 5 fois par jour. Pour cette pirogue, il faut environ 10
voyages pour faire le tas qui peut remplir un camion de 6 m3. Les
exploitants ont estimé la quantité journalière de sable
prélevé sur ce site à 60 m3, environ 1320
m3 par mois et 15840 m3 par an. Le coût moyen d'un
camion de 6m3 est 36 000FCFA. Cela pourrait changer selon le lieu de
livraison. Le travail commence le matin vers 8h et s'arrête le soir vers
16h. Cette activité perturbe la quiétude des espèces
aquatiques, mais au même moment, elle contribue à la
réduction du comblement de la lagune. L'exploitation du sable occupe
certains pêcheurs reconvertis et contribue ainsi à la diminution
de la pression exercée sur les produits halieutiques. Cependant cette
activité n'est pas menée de juillet à
164
novembre à cause de la crue qui d'une part, rend
difficile la plongée et d'autre part, occupe les sites de stockage du
sable en les rendant inaccessible. Il est souhaitable de mener une étude
d'impact environnemental pour anticiper les risques environnementaux. La photo
8 présente l'activité d'extraction du sable fluvio-lagunaire et
donne un aperçu des quantités prélevées.
Photo 8 : Exploitation artisanale du sable lagunaire dans la
commune des
Aguégués
(Prise de vue COCKER, 2019)
5.2.3. Évaluation de la satisfaction des besoins
en eau
L'évaluation de la satisfaction des besoins en eau
s'est faite pour les usages domestiques sur la base des appréciations
des différents acteurs.
5.2.3.1. Satisfaction en terme de
quantité
· Volume d'eau prélevé ou
consommé
La quantité moyenne journalière d'eau potable
utilisée par personne dans la population enquêtée est de 34
#177; 12 litres/jour/habitant. Cependant, il existe une différence en ce
qui concerne la répartition de cette quantité selon les
165
communes. Ainsi, les quantités utilisées pour
les usages domestiques dans les communes d'Adjohoun (39 #177; 14
litres/jour/habitant) et Dangbo (36 #177; 12 litres/jour/habitant) sont
supérieures à cette moyenne de 34 #177; 12 litres/jour/habitant.
Dans le même temps, les quantités d'eau potable utilisée
à Bonou (34 #177; 12 litres/jour/habitant), Sô-Ava (32 #177; 12
litres/jour/habitant) et Aguégués (27 #177;
10litres/jour/habitant) sont faibles en rapport à la moyenne
régionale obtenue. La figure 49 montre la variation du volume d'eau
utilisé par commune.
Figure 49: Variation du volume d'eau utilisée par
commune Source : Travaux de terrain, 2018 Par ailleurs,
comparées à la norme de 20 litres/jour/habitant, on peut dire
que l'accessibilité en termes de volume d'eau collectée est
satisfaite dans ces cinq
166
communes. Toutefois, l'analyse de la répartition des
ménages par quantité d'eau prélevée
révèle des inégalités (tableau XVIII).
Tableau XVIII : Répartition des ménages par
quantité d'eau utilisée
|
|
Quantité d'eau utilisée
|
|
|
|
< 20 L
|
|
= 20L
|
Communes
|
Effectif
|
Fréquence (F)
|
N
|
F
|
|
(N)
|
(%)
|
|
(%)
|
Adjohoun
|
7
|
8,1
|
75
|
91,9
|
Aguégués
|
13
|
28,6
|
33
|
71,4
|
Bonou
|
7
|
15,8
|
35
|
84,2
|
Dangbo
|
13
|
12,5
|
92
|
87,5
|
So-ava
|
15
|
14
|
94
|
86,0
|
Total
|
55
|
14,3
|
329
|
85,7
|
|
Source : Enquête de terrain, 2018
La lecture de ce tableau révèle que la
majorité des enquêtés (85,7 %) consomment plus de 20 litres
d'eau par jour, norme définie par l'OMS et SNAEPMR. Cependant, les
quantités d'eau retenues ici ne concernent que celle
prélevée par la ménagère et il n'est pas exclu
qu'un membre du ménage prélève de l'eau pour un besoin
spécifique. Par ailleurs, 14,3 % de ces enquêtés consomment
une quantité d'eau inférieure à la valeur minimum de 20
litres/jour/habitant, nécessaire pour satisfaire les besoins
hygiéniques de base. Pour comprendre cet état de choses, les
analyses de régressions logistiques ont été faites.
Ces analyses ont permis d'identifier les facteurs climatiques
et ceux liés à l'accessibilité à l'eau,
susceptibles d'influencer le volume d'eau consommé. Ce qui permettrait
de comprendre le sens des effets observés, expliquer quelles sont les
variables qui ont un effet majeur et quelles sont celles qui ont
167
un impact plus faible sur la variation du volume d'eau
prélevé ou consommé. Cependant, cette étude ne
prétend pas expliquer en totalité les variations des volumes
d'eau consommés. Elle tente simplement de trouver un lien entre le
volume d'eau consommée par certaines variables liées notamment
à la disponibilité de la ressource en eau, la distance parcourue,
les saisons et les périodes de chaleur.
· Facteurs déterminant la quantité
journalière d'eau utilisée par ménage
Analyse univariée : Le tableau XIX
présente les résultats du modèle d'analyse univarié
des variables déterminant le volume d'eau utilisé. L'analyse de
ce tableau révèle que l'ensemble des variables introduites dans
le modèle est statistiquement associé (p-value < 0,05)
à la quantité d'eau utilisée.
Tableau XIX: Modèle d'analyse univarié des
déterminants du volume d'eau
utilisé
Quantité d'eau utilisée
Variable
|
< 20 L
|
= 20 L
|
RC brut (intervalle de confiance)
|
Disponibilité
Oui Non
|
8(14,3 %)
47(85,7 %)
|
266(80,7 %)
63(19,3 %)
|
1.00
0,04(0,008-0,18) ***
|
Distance
|
|
|
|
Moins de 300 m
|
8(14,3 %)
|
111(68,9 %)
|
1.00
|
Plus de 300 m
|
47(87,5 %)
|
50(31,1 %)
|
0,08(0,02-0,35) **
|
Saison
|
|
|
|
Sèche
|
16(28,6 %)
|
235(71,4 %)
|
1.00
|
Pluvieuse
|
39(71,4 %)
|
94(28,6 %)
|
0,16(0,0-0,53) **
|
Période de chaleur
|
|
|
|
Oui
|
12(85,7 %)
|
89(55,3 %)
|
1.00
|
Non
|
2(14,3 %)
|
72(44,7 %)
|
0,2(0,04-0,95) *
|
|
Source : Enquête de terrain, 2018 *p< 0,05 ;
**p< 0,01 ; ***p< 0,001
168
Disponibilité de point d'eau potable : les
résultats d'analyse révèlent que la
non-disponibilité de point d'eau potable dans le milieu est un facteur
qui prédit la consommation d'une quantité d'eau potable
inférieure à 20 litres, le rapport de cote étant de 0,04
et son intervalle de confiance à 95 % de [0,0080,18].
Distance parcourue : le Programme d'Alimentation Eau Potable
et Assainissement en Milieu Rural (PAEPA) au Bénin définit pour
un accès adéquat, une distance maximale de 300 m entre le point
d'eau et son lieu d'utilisation (FAD, 2012). Dans ce sens, la majorité
des enquêtés des communes de Dangbo, Bonou, Adjohoun,
Aguégués et Sô-Ava a un accès adéquat
à l'eau potable. La figure 50 présente la variation des distances
parcourues selon les communes.
Figure 50 Variation des distances parcourues selon les
communes
Par ailleurs, le tableau XIX révèle que 87,5 %
des enquêtés utilisant moins de 20 litres d'eau par jour, parcourt
une distance supérieure ou égale à 300 m. L'analyse de la
relation entre la distance parcourue et la quantité d'eau potable
prélevée fait apparaître qu'une distance supérieure
à 300 m détermine la collecte d'une quantité d'eau
inférieure à 20 litres, le rapport de cote étant de 0,08
et son intervalle à 95 % de [0,002 - 0,35].
169
Variation saisonnière : les quantités d'eau
consommées varient également en fonction des saisons de
l'année. La figure 51 illustre la variation du volume d'eau
utilisée selon les saisons.
Figure 51: Variation du volume d'eau utilisée selon les
saisons
En effet, l'analyse de la figure 51 révèle
qu'en saison pluvieuse, la quantité d'eau potable utilisée est
statistiquement inférieure à celle consommée au cours de
la saison sèche (p < 0,01). Ce résultat est confirmé
par la régression logistique simple qui indique que la saison pluvieuse
est un déterminant de l'utilisation d'une quantité d'eau potable
inférieure à 20 litres, le rapport de cote étant de 0,16
et son intervalle de confiance à 95 % de [0,01-0,53]. Cependant, la
forte consommation de l'eau enregistrée dans le milieu d'étude
durant la saison sèche prouve que la ressource en eau est disponible
même en saison défavorable.
Période de chaleur : En analyse univariée, la
période de chaleur a un impact sur la quantité d'eau potable
utilisée. Les résultats ont, en effet, montré que
l'absence de période de chaleur prédit au seuil de 5 %, la
consommation d'une quantité d'eau potable inférieure à 20
litres.
170
Analyse multivariée : Le tableau XX
présente les résultats de l'analyse multivariée et permet
de dégager les principales variables déterminant le volume d'eau
utilisé.
Tableau XX: Modèle d'analyse multivarié des
déterminants du volume d'eau
utilisé
|
|
|
|
|
Quantité d'eau utilisée
|
|
Variable
|
< 20 L
|
= 20 L
|
CR ajusté (intervalle de
confiance)
|
Disponibilité
Oui Non
|
8(14,3 %)
47(85,7 %)
|
266(80,7 %)
63(19,3 %)
|
1.00
0,05(0,01-0,29) **
|
Distance
Moins de 300 m Plus de 300 m
|
8(14,3 %)
47(87,5 %)
|
111(68,9 %)
50(31,1 %)
|
1.00
0,13(0,02-0,7)*
|
Saison
Sèche Pluvieuse
|
16(28,6 %)
39(71,4 %)
|
235(71,4 %)
94(28,6 %)
|
1.00
0,17(0,04-0,76)*
|
Période de chaleur
Oui Non
|
12(85,7 %)
2(14,3 %)
|
89(55,3 %)
72(44,7 %)
|
1.00
0,17(0,08-1,09)
|
|
Source : Enquête de terrain, 2018 *p < 0,05, **p
< 0,01
Les résultats obtenus pour ce modèle final ont
montré une association significative entre la présence effective
d'infrastructure d'approvisionnement en eau, la distance, la saison et la
quantité d'eau utilisée. (p < 0,05). De cette
analyse, la non-disponibilité d'ouvrage d'approvisionnement en eau
potable est le principal facteur déterminant la consommation d'une
quantité d'eau potable inférieure à 20 litres.
· Degré de satisfaction en termes de
quantité
Le taux de satisfaction en termes de quantité est de
70 % et s'explique par les quantités élevées d'eau
consommée et largement supérieures à la norme
préconisée par l'OMS (20 litres/jour/habitant). Les besoins non
satisfaits concernent 30 % de la population d'étude. Ils sont
essentiellement dus à
171
l'absence d'ouvrage d'approvisionnement et à la
distance qui sépare le point d'eau de l'habitation.
5.2.3.2. Satisfaction en terme de
qualité
L'eau destinée aux usages domestiques doit être
exempte de tout élément nuisible à la santé.
À cet effet, elle doit respecter les normes de potabilité
physiques, chimiques et bactériologiques. Dans le secteur
d'étude, l'usage de l'eau le mieux suivi est l'alimentation en eau
potable d'un point de vue qualitatif. La stratégie nationale
d'approvisionnement en eau potable (20052015) prévoit en effet des
dispositions concrètes pour un contrôle de la qualité de
l'eau distribuée aux populations, la mobilisation et la protection des
ressources en eau (MMEE, 2007). La nouvelle stratégie (2016-2030)
rappelle les mêmes dispositions. Afin de respecter les normes
établies par l'État pour la qualité de l'eau, il est
imposé aux exploitants des différents réseaux
d'approvisionnement de réaliser des tests de potabilité.
Ainsi, dans le secteur d'étude, la qualité de
l'eau des ouvrages d'approvisionnement en eau potable est toujours
contrôlée avant la mise en service desdits ouvrages. L'annexe 6
présente des exemples de résultats d'analyse physico-chimique et
bactériologique de forages exécutés dans le milieu
d'étude. Dans le cas d'une contamination de cette eau, le laboratoire
central d'analyse de l'eau de la Direction Générale de l'Eau
recommande les méthodes usuelles de désinfection avant
l'équipement de l'ouvrage pour s'assurer que l'eau à servir
à la population est conforme aux normes universelles de
potabilité. Dans les cas où les résultats d'analyse ne
sont pas conformes aux normes, le forage est déclaré impropre
à la consommation et fermé ou transformé en
piézomètre en cas de besoin.
Le calcul rapporté au nombre d'abonnés donne
à l'échelle de la vallée, un taux de satisfaction de 90 %.
La bonne qualité de cette eau est perçue par les
172
usagers sous plusieurs angles, à savoir sa
limpidité, son goût agréable, et l'absence de
dépôt.
5.3. Discussion
Les méthodes utilisées pour caractériser
les usages de l'eau ont conduit à l'analyse des différentes
catégories d'usage et leur degré de satisfaction en liaison avec
les difficultés et contraintes y afférentes. Les modèles
de régressions logistiques univariées et multivariées ont
servis à identifier et analyser les facteurs déterminants la
quantité d'eau potable utilisée par les ménages dans les
secteurs d'étude. Ces quantités ont été
comparées aux normes nationales et internationales pour faire les
déductions conformément aux objectifs de la recherche. Mais
l'étude a montré ses limites parce qu'elle n'a pas pu faire le
même exercice pour les autres usages. Si les quantités
prélevées pour l'agriculture, l'élevage et autres
étaient également connues, cela permettrai de faire une
projection dans le futur à partir d'une estimation de population pour
voir de façon chiffrée jusqu'à quel horizon la ressource
est toujours disponible. A l'échelle du secteur d'étude,
plusieurs usages sont faits de la ressource en eau dont l'agriculture,
l'extraction du sable fluvio-lagunaire, la pêche, la navigation et
l'alimentation en eau potable. Les enquêtes ont montré que les
eaux souterraines servent prioritairement pour les usages domestiques. Les eaux
de surfaces constituent quant à elles, une source d'approvisionnement
alternative.
L'agriculture est tributaire des conditions
météorologiques et concerne principalement la production de
culture vivrière, dont le maïs et le riz. Les produits
phytosanitaires jouent un rôle prépondérant dans cette
agriculture. Cependant, l'application de ces produits ne répond pas aux
normes recommandées, ce qui expose l'environnement à des risques
très élevés (Abou et al., 2018) et
inquiète sur l'état actuel des ressources en eau du secteur
d'étude. Cette réflexion tire sa pertinence du fait que les
pesticides
173
qui atteignent le sol rejoignent ensuite sous l'effet des
pluies, les eaux de surface par ruissellement superficiel ou les eaux
souterraines par infiltration (Ramade, 1995). D'autres pesticides, les plus
rémanents tels que l'endosulfan reste déposer sur les
sédiments ou encore accumulés dans les chaînes trophiques
Ernoult (2009) cité par Adechian et al. (2015). Les organismes
aquatiques sont par conséquent en permanence exposés aux
résidus de pesticides dont certains peuvent persister plusieurs
années dans le milieu (Barrault, 2009). Les caractéristiques
organoleptiques enregistrées pour ces eaux de surface et la
présence de matière en suspension présagent
déjà d'une qualité défectueuse. L'aspect de ces
eaux constitue dès lors des preuves de pollution. Ces observations sont
corroborées par les résultats de Adjagodo et al. (2017)
qui mettent en évidence l'état de pollution physique et
bactériologique de l'eau du fleuve dans la basse vallée de
l'Ouémé.
Ces engrais chimiques des champs de cultures drainés
par les eaux de ruissellement, ajouté à la faible salinité
des eaux au cours de la saison des pluies, permettent la croissance rapide des
espèces comme la jacinthe d'eau (Eichhornia crassipes), la
salade d'eau (Pistia stratiotes) et la fougère d'eau
(Salvinia auriculata). Ces plantes s'accrochent aux quilles des
barques et sont la cause d'accidents et constituent ainsi un obstacle dans la
navigation des embarcations.
L'exploitation du sable fluvio-lagunaire constitue
également l'une des activités menées par les populations
du secteur d'étude et qui a pris ces dernières années une
ampleur importante. Entre temps, cette activité se pratiquait sans aucun
intérêt public, puisque la vente du sable marin avait une
prédominance dans les travaux de construction dans le sud du pays.
Cependant, Rossi (1991), a établi que le
prélèvement de sable marin sur les côtes a provoqué
une transgression marine de 40 mètres par an.
174
La transgression marine engendrée par ce
prélèvement a ainsi conduit à la fermeture des
différentes carrières, conformément au décret
interministériel n° 2008-615 du 22 octobre 2008. Cela donna aux
populations du milieu aquatique, une nouvelle opportunité face aux
besoins des villes en matériaux de construction. Des regroupements se
sont ainsi créés dans plusieurs villages où chacun
contribue au travail comme c'est le cas dans le secteur d'étude. La
fermeture des carrières de sable marin a donc amplifié
l'exploitation du sable fluvio-lagunaire. Selon, Cocker et al. (2018),
cette activité a reçu l'onction des collectivités locales
qui se contentent de percevoir des taxes de prélèvement, sans une
véritable organisation de la filière tenant compte des impacts
environnementaux.
L'autre fait majeur de cette ruée est lié
à la diminution drastique des ressources issues de la pêche
lagunaire (Dakpo et al., 2013) et le désastre écologique
engendré. L'extraction du sable dans les fonds lagunaires crée
une rupture du couloir écologique : habitat, zone de reproduction,
nourriture, morphologie et dynamique du lac, de la lagune ou de la
rivière voire celle du fleuve (Sossou-Agbo, 2013). Aussi, lors de
l'extraction la végétation subaquatique se trouve-t-elle
déraciner par les plongeurs ce qui occasionne la perturbation de
l'écosystème.
En ce qui concerne l'alimentation en eau potable, les
résultats révèlent une consommation de 34 #177; 12
litres/jour/habitant. Ces valeurs sont comparables à ceux de Azonhe
(2015) et Dos Santos (2006) qui ont obtenu également des
quantités d'eau supérieures à la norme de 20
litres/jour/habitant. Néanmoins, le taux de desserte est bas dans la
commune des Aguégués (13,6 %). Ce résultat concorde avec
celui de (Cocker, 2010) qui qualifiait déjà le taux de desserte
de la commune des Aguégués de faible (12,3 %).
Selon l'OMS citée par Dos Santos, (2006), le volume
d'eau dont dispose une personne par jour détermine les besoins qu'elle
peut couvrir en termes de
175
consommation et d'hygiène. Ainsi, une personne qui
consomme moins de 5 litres/jour couvre difficilement ses besoins (consommation,
pratiques d'hygiène) et par ricochet est exposée à un
risque sanitaire très élevé. Par contre, une personne qui
dispose d'une quantité minimum de 20 litres/jour peut couvrir ses
besoins minimums de base. Cependant, certains auteurs à l'instar de
Gleick (1993) soutiennent que ces quantités sont insuffisantes pour
satisfaire les besoins vitaux quotidiens en eau. Selon l'auteur, il faut une
quantité de 50 litres par jour et par personne repartis ainsi qui suit :
5 litres pour la boisson, 20 litres pour les usages sanitaires ; 15 litres pour
les usages de toilette et 10 litres pour la préparation des repas. Or
dans le secteur d'étude, bien que la moyenne d'eau potable
utilisée soit supérieure à la norme de 20
litres/jour/habitant, ce chiffre cache toutefois des inégalités
entre habitants comme l'a soulevé Azonhe (2009).
En effet, 85,7 % de la population enquêtée
utilise une quantité d'eau potable supérieure ou égale
à 20 litres contre 14,3 % qui en utilise moins. Les analyses
effectuées pour justifier cet état de fait ont montré que
la non-disponibilité d'ouvrage d'approvisionnement en eau potable est
l'un des principaux facteurs déterminants la consommation d'une
quantité d'eau potable inférieure à 20 litres. Ces
analyses mettent également en exergue, le rôle primordial de la
distance dans l'accès à un volume d'eau potable suffisant. Ce qui
rejoint les conclusions de Dos Santos (2006) pour qui la distance au point
d'eau est une donnée de premier ordre puisqu'elle détermine en
partie les quantités disponibles aux usages domestiques et aux usages
hygiéniques notamment. Dans cette étude, les distances de plus de
300 m se présentent en effet comme un facteur limitant la collecte d'une
quantité d'eau supérieure ou égale à 20 litres
(RC=0,08, p < 0,01). Ce résultat est confirmé par
celui de (Poncin, 2007) qui indique bien que les ménages qui se situent
à une distance telle qu'il faille plus de 30 minutes
176
pour accomplir la corvée d'eau en consomment le strict
minimum par personne et par jour, soit moins de 5 litres. Une enquête
réalisée par Cairncross et Cliff au Mozambique dans un village
situé à 4 km d'une source d'eau indique que les quantités
transportées par jour et par personne oscillaient entre 1,3 et 6,8
litres, soit une moyenne de 4,1 litres (Poncin, 2007). Par ailleurs, la saison
pluvieuse prédit également le prélèvement d'une
faible quantité d'eau potable. Ce résultat se justifie par le
fait qu'en saison des pluies, les ménages recueillent l'eau de pluie
pouvant être destinée à l'ensemble des usages domestiques y
compris pour la boisson après filtrage dans certains ménages (Dos
Santos, 2006).
Toutefois, les activités domestiques en absence de
système d'assainissement adéquat présentent des risques de
pollution sur les ressources eau. Le transfert de la pollution vers le milieu
aquatique ou souterrain dépend dans ce cas de nombreux paramètres
liés aux caractéristiques topographiques, pédologiques et
à la pluviométrie. Ce constat s'applique également aux
autres activités telles que la pêche et la navigation
fluvio-lagunaire susceptibles d'engendrer des risques de contamination par
encombrement des fonds et surface des masses d'eau par les techniques de
pêche prohibés et enfin les impacts sur le milieu dû
à la fréquentation. Ces résultats corroborent ceux de
Sossou-Agbo (2013) dans le complexe fluvio-lagunaire de la basse vallée
de l'Ouémé où 30 % des pêcheurs lient la baisse du
rendement halieutique à la température de l'eau qui augmente
chaque année et 60 % qui parlent de l'excès d'acadja
dans les eaux. Les résultats d'analyses physico-chimiques et
bactériologiques réalisées par Adjagodo et al.
(2017), révèlent que la concentration en oxygène
dissous dans cette zone est inférieure à 3 mg/L d'OR2R. Selon
Beaux (1998), cette teneur en oxygène dissous observée
témoigne d'une pollution de l'eau du fleuve. Une augmentation de la
177
population et une concentration des usages de l'eau
entraîneront des pressions plus accrues sur les ressources.
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