Conclusion
Nous retiendrons dans ce chapitre que l'économie
guinéenne a été longtemps caractérisée par
une instabilité macroéconomique, une croissance économique
volatile et faible, une dégradation du compte courant. Le déficit
budgétaire souvent important est accompagné par une recrudescence
de l'inflation et de la dépréciation de la monnaie nationale. Le
secteur minier reste le principal pourvoyeur de recettes d'exportation
(près de 90%).
Pour permettre le décollage économique de la
Guinée, certaines contraintes et défis doivent être
relevés notamment, pallier à l'insuffisance des ressources
publiques, favoriser le développement du secteur privé,
améliorer la qualité des institutions et renforcer la
cohésion sociale. Ces contraintes et défis ne seront
résolus qu'en prenant en compte certains facteurs entre autres, la bonne
gouvernance et la qualité des institutions, la disponibilité des
ressources humaines qualifiée, et le développement d'une base
productive. C'est ainsi que le Plan National de Développement Economique
et Social (PNDES 2016-2020) a été non seulement
élaboré pour prendre en compte ces facteurs mais également
pour créer une base solide pour la vision 2040, qui devrait faire de la
Guinée un pays émergent.
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Guinée Page 10
CHAPITRE 2 : Politique Monétaire en
Guinée
Dans ce chapitre, nous présenterons dans la section 1,
l'évolution du système bancaire, dans la section 2, la Politique
monétaire et, dans la section 3, les défis de la politique
monétaire en Guinée.
Section 1 : Le système bancaire
guinéen
Dans cette section, nous présenterons en premier lieu
l'évolution du paysage bancaire et les reformes sur la politique
monétaire en deuxième lieu.
1.2 Le paysage bancaire de la Guinée
Le paysage bancaire Guinéen n'était
composé que de banques de la colonie française avant son
indépendance en 1958. A la suite de l'accession à la
souveraineté nationale, quatre banques étrangères ont
continué leurs activités sur le sol guinéen, malgré
la rupture des relations entre la France et la Guinée.
Aussi, les réformes monétaires engagées
en 1983 avec les Institutions de Bretton Woods ont permis la liquidation de six
banques d'Etat (BNDA, BGCE, Crédit National, BNSE et BC). Pour combler
ce vide crée par cette liquidation, le Gouvernement guinéen a
favorisé l'installation de banques commerciales en 1983, suivie en 1985
par l'ouverture de compagnies d'assurance, et en 1988 par la création
des institutions de microfinance.
A partir de 1985, c'est avec des groupes français que
les quatre banques de la place ont été créées (en
1985, Banque Internationale pour l'Afrique de Guinée, Banque
International pour le Commerce et l'Industrie de Guinée avec Banque
Nationale de Paris, Société Général de Banques de
Guinée avec Société générale, en 1987, Union
Internationale de Banques de Guinée avec Crédit Lyonnais), dans
des conditions qui ont nourri quelques controverses. En 1991, la BPMG fût
créée dans le but d'allier les intérêts
privés guinéens à ceux de banques marocaines.
En 1992, le bilan agrégé des banques
représentait 9.5% du PIB avec une bancarisation relativement faible.
L'analyse de ce bilan montre que le total des dépôts était
constitué de 82% des dépôts à vue, dont 31% des
dépôts des non-résidents et 42 % libellés en
devises. Les crédits mobilisés par les banques en 1992
étaient composés de 83.6% des crédits à court terme
et le reste de crédits à moyen et long terme. Ces crédits
étaient orientés en grande partie au financement des importations
(crédits à court terme) afin d'éviter de financer les
activités de production que les banques considéraient comme trop
risquées.
La réforme monétaire enclenchée depuis
1985 a favorisé l'installation massive de plusieurs banques de capitaux
étrangers (occidentaux et africains) entre 1996 et 2006. On note la
présence de géants africains par la rentrée
d'International Commercial Bank (1996), ECOBANK (1999), First International
BANK (2006). Aussi, en 1996, le groupe bancaire géré par les
groupes français (BIAO, BNP, SG et Crédit Lyonnais)
représentait plus de 85% du système bancaire en termes de
collecte de dépôts et de crédits distribués.
En 2008, cinq(5) banques commencent leurs activités
parmi lesquelles, quatre (4) banques étrangères (Skye Bank
Guinée, Banque Sahelo saharienne pour l'Industrie et le Commerce de
Guinée, Banque pour le Commerce et le Financement, United Bank for
Africa) et une banque de développement agricole et minier de capitaux
privés guinéens (Banque Africaine de Développement
Agricole et Minier de Guinée). Malgré la présence massive
de ces banques, le système bancaire reste relativement
Les déterminants de la demande de monnaie en
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concentré en termes de volume de dépôts
collectés et de crédits distribués. Trois grandes banques
détenaient 76% des dépôts et 78% des crédits du
système bancaire.
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