INTRODUCTION
Depuis plusieurs années, le choix d'une politique
économique appropriée et efficace reste une préoccupation
majeure des Autorités, leur permettant de faire face à des
déséquilibres macroéconomiques.
La monnaie est au coeur des stratégies
économiques consistant à assurer et à réaliser des
objectifs de politique économique à travers la définition
d'objectifs intermédiaires ou de variables informationnelles.
L'utilisation d'un objectif intermédiaire notamment
dans le cadre de stratégie de ciblage monétaire nécessite
l'existence d'une fonction de demande de monnaie stable.
La demande de monnaie constitue la pierre angulaire dans le
choix d'une politique monétaire appropriée, permettant à
une Banque Centrale d'anticiper les conséquences d'une éventuelle
variation de la masse monétaire sur les agrégats
économiques.
Ainsi, l'estimation d'une fonction de demande est une des
préoccupations majeures pour une Banque Centrale. La
compréhension de ces principaux déterminants permet
d'apprécier l'intérêt de cibler les variables
monétaires afin de maitriser l'inflation et assurer l'allocation des
ressources disponibles.
Pour des besoins de politique monétaire, et
d'évaluation des effets des différents changements
économiques et financiers sur la mise en oeuvre de la politique
monétaire, des recherches sur la demande de monnaie ont
été réalisées dans les pays industriels avant de
s'étendre sur les pays en développement.
Les premières littératures (Irvin
Fisher(1911), Keynes(1936), Friedman (1958), Baumol et Tobin (1981)),
portaient sur le problème de détermination de la vitesse de
circulation de la monnaie et les facteurs qui déterminent la
détention de la monnaie par les agents économiques. Les
résultats des études réalisées dans les pays
développés montrent la significativité du revenu et du
taux d'intérêt sur la demande de monnaie grâce au
développement des marchés financiers et à la modernisation
du système financier. Par contre, dans les pays en développement,
les premiers modèles conçus soutiennent que la théorie
classique quantitative de la monnaie est jugée plus réaliste
à cause de l'état embryonnaire des marchés financiers.
Polack 1957, Polack et Argny 1971, confirment le motif de
transaction
Si des recherches sur la demande de monnaie ont
été entamées par plusieurs pays en développement,
en particulier ceux de l'Afrique de l'Ouest, le problème reste entier
pour le cas spécifique de la Guinée d'où notre choix du
thème « les déterminants de la demande de monnaie en
République de Guinée ».
L'intérêt de cette recherche réside dans
le fait que la Guinée traverse des périodes d'instabilité
macroéconomique accompagnée par des déséquilibres
économiques notamment dans le domaine monétaire.
Les déterminants de la demande de monnaie en
Guinée Page 2
Au cours des dernières décennies, la situation
économique de la Guinée était marquée par une
instabilité macroéconomique accompagnée par des reformes,
qui touchent en grande partie le système monétaire et les
finances publiques. La croissance économique réelle était
de 2.39%1 en moyenne sur la période 2006 à 2016 et
reste en dessous de la moyenne de celles des pays de l'Afrique subsaharienne
(4.62%). La faiblesse de cette croissance se traduit par une aggravation du
déficit budgetaire de 8.8% du PIB en 2014, et une
détérioration du compte courant dans l'ordre de -24.2% du PIB. La
faible mobilisation des recettes publiques se traduit par un recours au
financement monétaire de la Banque Centrale, situation qui amplifie
l'inflation (13.8% en moyenne par an) qui se situe à des niveaux plus
élevés que la moyenne des pays de l'Afrique Subsaharienne
(8.2%).
Aussi, le système bancaire reste relativement peu
développé, le crédit au secteur privé
représente 12.64% du PIB en 2016 comparé à celui du
Sénégal (34.1% du PIB). Le ratio de la masse monétaire sur
le PIB qui mesure l'approfondissement financier ou le degré de
monétisation de l'économie tourne autour de 33% en moyenne. La
circulation fiduciaire qui retrace la préférence de la
liquidité pour les agents économiques représente 29.34% en
2016 alors que la quasi-monnaie sur la masse monétaire n'est de 27.28 %
en 2016. Le taux de bancarisation est relativement très faible en
moyenne 6% en dessous du niveau au Sénégal (17.94% en 2016).
Au regard de ces déséquilibres
macroéconomiques et de la place de la monnaie pour la conduite efficace
et appropriée de la politique monétaire, il est important
d'appréhender l'évolution de la demande de monnaie qui constitue
une source d'information sur les réactions des agents, laquelle permet
de déterminer la vitesse de transmission de la politique
monétaire.
De cette préoccupation principale découlerons les
questions subsidiaires suivantes :
V' Quels sont les motifs de détention de
la monnaie en Guinée ? V' La demande de monnaie en
Guinée est-elle stable ?
Pour répondre à ces interrogations, l'objectif
principal de notre recherche est de contribuer à la formulation d'une
fonction de demande de monnaie afin de permettre à la Banque Centrale de
mieux prévoir les conséquences de sa politique monétaire.
Il s'agira spécifiquement :
V' D'identifier les motifs de demande de monnaie
par les agents économiques; V' D'analyser la
stabilité de la demande de monnaie;
V' De donner une orientation en matière
de ciblage monétaire.
Pour atteindre les objectifs de cette étude, les
hypothèses suivantes seront testées :
V' Hypothèse 1: il existe une
corrélation positive entre la demande de monnaie
et le revenu ;
V' Hypothèse 2 : il ya une
corrélation positive entre la demande de monnaie et le taux
d'inflation.
1 Base de données du
Fonds Monétaire International (FMI)
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Guinée Page 3
Dans le cadre de cette recherche, nous adopterons une
démarche méthodologique quantitative basée sur la collecte
des données relatives aux grandeurs économiques: le Produit
Intérieur Brut, le taux d'inflation, la masse monétaire et le
taux d'intérêt. Les données ainsi collectées seront
utilisées pour faire une analyse descriptive de la situation
économique, et spécifiquement de la politique monétaire de
la Guinée.
Nous procéderons ensuite à une revue
documentaire des différentes approches théoriques
développées par les grands courants de pensée
économique de la demande de monnaie. Une revue empirique
synthétique guidera pour faire le choix d'un modèle
approprié et adapté au contexte Guinéen, afin de
comprendre le comportement de détention de la monnaie par les agents
économiques.
L'étude sera structurée en quatre (4) chapitres
regroupés en deux grandes parties. La première partie,
consacrée au contexte économique en République de
Guinée, examinera en chapitre 1, le cadre macroéconomique et en
chapitre 2, la politique monétaire en République de
Guinée.
La deuxième partie de notre recherche sera
réservée au cadre théorique et empirique de la demande de
monnaie. Nous décrirons en chapitre 3, la théorie de la demande
de monnaie et son rôle sur l'activité économique et le
chapitre 4, abordera la modélisation de la demande de monnaie en
République de Guinée.
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Guinée Page 4
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