INTRODUCTION
0.1. ETAT DE LA QUESTION
Ce sujet qui fait l'objet de notre étude n'est pas du
tout nouveau dans le monde scientifique.Nous avons bien voulu nous conformer
à la tradition qui veut que tout travail scientifique puisse passer en
revue la littérature disponible en la matière. En effet,
l'état de la question est une revue critique de la littérature
sur le même objet d'étude. Son importance est de montrer
l'originalité de l'étude du point de vue de la
problématique, des hypothèses, de la méthodologie, du
cadre théorique et des résultats obtenus.
Parmi les auteurs qui ont traité sur les alliances
politiques nous pouvons citer : Philipe BIYOYA MAKUTU et Rossy MUKENDI
TSHIMANGA1(*)dans leur
ouvrage : « Alliances et coalitions des partis politiques en
RépubliqueDémocratiqueCongo causes et
conséquences » font ressortir que l'avenir de la
dialectique majorité-opposition en
RépubliquedémocratiqueduCongodépendra des reformes de la
loi sur les partis politiques qui devra imposer les partis politiques
populaires et attrape-tout, et aussi la constitutionnalisation des partis comme
en Républiquefédérale d'Allemagne.Ils ajoutent qu'avec des
partis faibles et non compétitifs, la dévolution du pouvoir en
RDC demeurera un facteur d'instabilité et des crises politiques
récurrentes.
Ils constatent que l'exécutif ne gouverne pas avec
l'appui du parlement dont la majorité se sert du Président de
République pourtant irresponsable devant le parlement, et le Premier
ministre est menacé constamment de motions de censure.
Nous nous rallions à la position de ces deux auteurs
car ils abordent cette matière d'une manière
générale. Particulièrement nous estimons qu'il faut
uneréforme du système électoral pour garantir la
compétitivitéélectorale et le triomphe de la
vérité des urnes afin de donner à la démocratie
congolaise une dimension plus consensuelle.
Fabrice MUKAYA MUTSHIPAY2(*) a axé ses réflexions sur
« Les alliances politiques en
Républiquedémocratique du Congo : atouts et faiblesses cas
de l'Union Nationale Congolaise (UNC) »
L'auteur considère que la plupart des alliances
politiques qui sont parvenues à remporter les élections se
mettent vite au partage du gâteau au détriment de la population.
Les promesses et autres engagements pris lors de la campagne électorale
ne sont pas respectés. Pendant le partage du butin, les coalitions
parfois se fragilisent suite au mécontentement de certains
alliésinsatisfaits.
Paterne MAMBO3(*) a au terme de son étude qui a porté sur
« les rapports entre la constitution et les accords politiques
dans les États africains : Réflexion sur la
légalité constitutionnelle en période de
crise », fait un constat selon lequel : la nature de la
relationentre la constitution et les accords politiques est atypique ou
hétérodoxedans le contexte africain. Elle défie la logique
des mécanismes du positivismeclassique. La hiérarchie des normes,
classiquement admise, n'estpas respectée bien souvent, reléguant
parfois la constitution au secondplan face à des accords politiques dont
la suprématie dansl'ordonnancement juridique de l'État
concerné peut être remarquée.
Nous sommes d'accord avec cet auteur dans la mesure où
les acteurs politiques africains en général et congolais en
particulier recourent assez fréquemment à des accords et autres
compromis pour sortir des crises nées de leurs désaccords. Ces
arrangementspolitiques comportent souvent un contenu juridique destiné
à pallier les insuffisances et les lacunes de la constitution, dont
l'instrumentalisation par le pouvoir exécutif est l'une des causes du
malaise des sociétés politiques africaines. La relation entre la
constitution et les conventions politiques en période de crise pose
problème. Elle se révèle être une relation à
la fois conflictuelle et pacifique, dont les manifestations dépendent
des règles en présence. La grille de lecture de l'analyse
constitutionnelle classique se trouve affectée par le caractère
atypique de cette normativité constitutionnelle
pénétrée par la politique. La pyramide des normes, en
particulier, est bouleversée par ces accords politiques qui, dans
certains cas, sont prioritaires par rapport à la constitution.
MIANO LOE4(*) dans son étude sur « la
signature des accords politiques en Afrique noire
francophone »pense que le fait de procéder à la
signature des accords politiques subodore une concrétisation frauduleuse
de la constitution notamment au niveau de ses solutions constitutionnelles pour
faire prévaloir les solutions extraconstitutionnelles qui sont
dictées par lanécessité de la transition. Cette
concrétisation de la fraude à la constitution que provoque cette
signature a une double fonction : elle est déstabilisatrice et
restauratrice de l'ordre constitutionnel. L'auteur ajoute que la signature des
accords politiques rend donc illusoire la symbolique de la suprématie de
la constitution formelle.
Nous nous rallions à cette réflexion parce que
nous pensons que les accords politiques n'ont pas seulement pour
conséquence de banaliser la constitution mais aussi de banaliser, et
cela de manière obscure son effectivité. Le cas de la
République démocratique du Congo dont l'accord global et inclusif
était source de tout pouvoir d'autant plus que l'article 1er
de la constitution de transition du 04 Avril 2003 disposait que :
« la constitution de la transition de la RDC, est
élaborée sur la base de l'accord global et inclusif et la
constitution constituent la seule source du pouvoir pendant la transition en
RDC5(*)»
KABWIKA Junior dans sa recherche sur « l'Analyse
des forces et alliances politiques face aux enjeux dans la dynamique
démocratique durant la transition en RDC 2003-2006 »a
abouti au résultat selon lequel les alliances politiques durant le
processus électoral de 2006 à part celles qui ont abouti à
la création de l'AMP et UN tissées autour de Joseph KABILA et
Jean-Pierre BEMBA, les autres alliances se sont faites surtout par rapport au
sujet de l'heure. L'auteur estime qu'il n'a pas constaté d'alliances
structurées et fortement soudées. Celles-ci furent donc
spontanées, sporadiques et éphémères.
Nous estimons que cedernier n'a pasévoqué le
caractèreévolutif des alliances tout au long de la période
de la transition car au premier moment de la mise en place des institutions,
celles-ci avaient pour objectif fondamental la réussite de la
transition. De ce fait, ces alliances politiques préélectorales
fortuites furent tissées essentiellement pour faire face aux
échéancesélectorales.
Pihame BARBAKOUA6(*) qui a axé sa réflexion sur
« la constitution à l'épreuve des accords
politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain » note
que les accords politiques instaurent des régimes de fait. Curieusement,
malgré ce paysage aussi ratissé que celui-ci, la constitution
sauf dans de très rares cas où elle est tout simplement
abrogée, reste en vigueur. D'où la nécessité
d'analyser le sort qui lui est alors réservé.
Nous appuyons cette étude en ce sens que la
cohabitation entre l'accord politique et la constitution semble acquise. Le
quiproquo vient du fait que, malgré l'existence de la constitution, on
constate un rayonnement de l'accord politique au point de la surplomber.
Notre étude se démarque des travaux
antérieurs dans la mesure oùnous abordons la question des accords
ou alliances politiques en RDC dans un contexte particulier et inédit
d'autant plus que l'accord politique en étude relève d'une
situation postélectorale imposée par les suffrages
exprimés. Car à l'issue des élections du 30
décembre 2018 qui ont consacré la première alternance
pacifique au sommet de l'Etat en République démocratique du
Congo, les deux protagonistes à savoir le CACH et le FCC ont
remporté ces scrutins dont le premier à la présidence de
la République et le deuxième a la majorité au parlement,
deux institutions majeures du pays occupées par des adversaires faisant
de cette situation, inédite dans l'histoire politique de la RDC. L'issue
de ces élections les contraint à collaborer et ils ne s'y
opposent pas.Ainsi l'accord du FCC et CACH a débouché à
une coalition dite FCC-CACH qui s'apparente à une épine sous le
pied pour le bon fonctionnement de l'appareil étatique dont le
présent mémoire se propose donc d'en analyser l'impact sur la
gestion de l'Etat.Contrairement aux travaux antérieurs qui se sont
limités à démontrer la juxtaposition entre les accords et
ou alliances politiques et la constitution et se sont appesantisplus
spécifiquementsur les accords politique post conflits, pendant la
période des transitions et préélectorale en analysant leur
importance et inconvénient sur le plan juridique et politique.
0.2. PROBLEMATIQUE
La recherche scientifique est un processus permanant de
grandes découvertes et d'apprentissage dans divers secteurs du savoir.
Pour mener une investigation scientifique, l'identification du problème
de recherche suivit d'un questionnement constituent l'étape initiale de
la recherche.
La problématique est définie comme étant
l'ensemble construit, autour d'une question principale, des hypothèses
de recherche et des lignes d'analyses qui permettront de traiter le sujet
choisi.
Le champ politique congolais longtemps transformé en
théâtre de rébellion, de guerres civiles et d'agressions
armées et qui serait en restauration, détermine fortement la
vérité du jeu des alliances et des coalitions des partis ou
regroupements politiques.
La question des alliances et des coalitions politiques peut
être abordée à partir de l'esthétique du
parlementarisme pour en décrire le décor ou en valider le
principe ou alors à partir de son importance stratégique comme un
exercice de jugement et de l'intelligence politique à travers leur
usage, et, la force de leur contribution à l'efficacité
institutionnelle.7(*) C'est
cette deuxième approche qui est retenue dans le cadre de nos
recherches.
Depuis son accession à la souveraineté nationale
et internationale, la République démocratique du Congo s'est
révélée comme un Etat à vocation parlementaire.
Toutes les fois que l'élandémocratique s'est manifesté, au
cours de son histoire (table ronde, conclave de Louvain, conférence
nationale souveraine, ou dialogue inter congolais) le parlementarisme a
été logiquement posé comme fondement politique. Pourtant,
le parlementarisme à la française aura été le choix
de la constitution du 18 février 2006, soit un
régimesemi-présidentiel. La loi fondamentale consacre un
exécutif dualiste en ce que le Premier ministre engage la
responsabilité du Gouvernement devant la représentation
nationale, tandis que le Chef de l'Etat détient le pouvoir de
dissolution.8(*)
Le parlementarisme est par nature, une variante de la
démocratielibérale qui impose que c'est finalement le parti
politique ou le groupe des partis qui obtient la majorité au terme d'une
compétitionélectorale, qui est censé gouverner le pays.
L'autre point important concerne l'alchimie électorale
et gouvernementale qui varie selon qu'il s'agit d'un système bipartisan
ou multi partisan. Si dans le bipartisme, le jeu des alliances ou coalitions
relève de l'exception, dans le multipartisme, par contre, les alliances
et coalitions sont inévitables, indispensables à la fois pour
conquérir le pouvoir et pour l'exercer par la suite. Selon Maurice
DUVERGER : « ces alliances entre partis ont des formes et
degrés variables, elles peuvent revêtir un caractère
occasionnel ou fortuit ou constituer une union durable tantôt organique
ou plutôt inorganique. »9(*)
En RépubliqueDémocratique du Congo, et
particulièrementla pratique institutionnelle de la
TroisièmeRépublique, révèle et confirme la
tradition de recours aux alliances. Il y a lieu de constater que depuis les
élections de 2006, la vie politique en RDC est rythmée par des
alliances et coalitions formées autour, soit d'une personnalité
ou d'une formation politique.10(*)
En politique, le rôle des partis ou regroupements
politiques est de conquérir le pouvoir et le conserver le plus longtemps
que possible. Cependant, pour y arriver, un parti politique ne joue pas en
solo. Il doit plutôt avoir besoin des autres pour bien mener la bataille.
Cette pratique est donc appelée alliance politique. Cette
dernière met ensemble les différentes formations politiques pour
un but spécifique celui d'emporter les élections.
Les élections de décembre 2018 n'ont pas
été inédites uniquement parce qu'elles ont donné
lieu à la première alternance pacifique mais aussi parce qu'elles
ont créé une situation rare dans l'histoire politique de la
RDC à savoir: la cohabitation. En effet, à en croire les
résultats officiels, Félix TSHISEKEDI a été
éluprésident au détriment de Martin FAYULU et Emmanuel
RAMAZANI SHADARY, le dauphin désigné de KABILA. Par contre les
autres scrutins se sont traduits par une victoire massive du Front Commun pour
le Congo, la coalition de 18 partis formées par Joseph KABILA.
Officiellement, le FCC a obtenu 330 des 500 sièges de l'Assemblée
nationale, 836 députésprovinciaux, plus de 80 des 108
sièges du Sénat et 24 gouverneurs sur les 26 provinces. S'il a
concédé la présidence, le FCC domine les institutions
législativesau niveau national et provincial ainsi que les gouvernorats
qui ont un rôlestratégique dans le système institutionnel
congolais. Selon la constitution congolaise, cette configuration politique
implique que le Premier ministre soit issu de la majorité parlementaire,
donc du FCC.
L'analyse de cette situation inéditequi affecte le
processus de la démocratisation du pays a soulevé en nous
quelques préoccupations. C'est ainsi que notre questionnement gravitera
autour de principales questions suivantes :
1. L'accord entre le Front Commun pour le Congo et le
Cap pour le Changement constitue-t-il un dérapage
constitutionnel ?
2. Quels sont les dommagessociaux et
politiquesqu'infligela coalition FCC-CACH sur la gestion de
l'Etat ?
Telle est la problématique de notre étude qui
porte sur «l'Incidence des accords politiques dans la gestion de
l'Etat cas de Front Commun pour le Congo et le Cache pour le
Changement. »
0.3. HYPOTHESES
Les hypothèses sont des réponses provisoires
qu'on donne aux questions posées. Selon OLOFIO BEN OLOMY11(*), l'hypothèse est une
proposition particulière d'un sujet d'observation ou
d'expérimentation ayant pour but d'établir la
vérité.
Dans cette acceptation, l'hypothèse est une idée
directrice ou une tentative d'explication des faits formulés au
début de la recherche.
En guise de réponse provisoire à
lapremière question de notre recherche, nous postulons
l'hypothèse selon laquellel'accord entre FCC et CACH rassure quant au
bon fonctionnement de l'appareil étatique et donne l'alerte sur le
dysfonctionnement des institutions de la République.Cependant, en lieu
et place de la cohabitation, le Front Commun pour le Congo et le Cap pour le
Changement ont plutôt opté pour une coalition de gouvernance,
option qui ne constitue pas un dérapage constitutionnel.
Quant à la deuxième préoccupation, nous
formulons l'hypothèse selon laquelle la population n'aurait pas
confiance en la coalition FCC-CACH d'autant plus que l'asymétrie du
rapport de force constatée dès le début du mandat de cette
union et les crises intempestivesqui caractérisent cette alliance,
laissent croire qu'il n' est nullement question de l'intérêt
général mais plutôt de ces deux familles politiques. Le
bras de fer entre alliés risque d'empêcher le nouveau
Président d'incarner le changement tant voulu par la population
congolaise et sa la volonté de rupture d'avec le
régimeprécèdent.
0.4. OBJECTIFS DU TRAVAIL
Dans cette étude, l'objectif poursuivi est d'analyser
l'impact de la structure en étude sur la gestion et le fonctionnement de
l'appareil étatique aux fins d'identifier les dommages socio-politiques
etdémontrer comment cette coalition au pouvoir (FCC-CACH) qui semblait
être un duo et un moindre mal pour sortir le pays de l'agitation
politique au lendemain d'un processus électoral controversés'est
transformée en duel.
0.5. DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE
Les sciences sociales en général et le domaine
politique en particulier constituent un champ d'étudetrès vaste
et complexe que nous ne saurons analyser dans sa globalité ou dans un
mémoire.Nous avons opté pour l'incidence des accords politiques
dans la gestion de l'Etat cas de FCC-CACH.
Dans le temps et dans l'espace, la RDC constitue notre univers
d'investigation. Nous avons évoqué des accords ou alliances qui
se sont succédé depuis la veille de l'indépendance
jusqu'au processus électoral de 2018. Notre travail couvre la
période postélectoralede décembre 2018 ayant conduit
à la première alternance pacifique au sommet de l'Etat afin de
nous rendre compte de l'opérationnalité de la question
0.6. INTERET DU SUJET
Le choix de ce sujet n'est pas un fait fortuit.Il est
dicté par l'actualité de la politique congolaise relative
à la situation inédite survenue à la suite des
élections du 30 décembre 2018 organisées en
RépubliqueDémocratique du Congo, mais aussi motivé par
notre formation en sciencepolitique. Notre souci consiste à
réaliser des analyses sur les modalités des accords ou alliances
politiques et leur impact sur le fonctionnement de l'appareil étatique
et les conditions de vie du peuple congolais. Ce sujet présente pour
nous un triple intérêt à savoir, personnel ;
scientifique et pratique.
Ø Sur le plan personnel, nous nous sentons plus
concernéen tant que citoyen congolais car, le sujet sous examen nous a
intéressé du fait que la situation politique du pays ne garantit
pas un avenir certain à la nation congolaise
Ø Sur le plan pratique, le sujet sous examen nous
permet de mettre à la disposition des acteurs politiques, partis
politiques et toute personne morale ou physique à vocation politique, un
outil qui analyse les atouts et faiblesses des alliances politiques que la
RépubliqueDémocratique du Congo a connues dès son
accession à la souveraineté nationale et internationale.
Ø Au point de vue scientifique, cette étude nous
permet de relever et d'analyser rationnellement les facteurs de modalité
des accords ou alliances politiques en RDC. Ainsi, toute personne ou chercheur
qui s'engagera sur cette voie, aura un minimum d'information liée
à l'incidence des accords ou alliances politiques dans la gestion de la
chose publique en RépubliqueDémocratique du Congo.
0.7. METHODOLOGIE ET TECHNIQUES
L'élaboration de tout travail scientifique exige que la
démarche soit guidée par une méthodologie pouvant
permettre une systématisation stricte des données constituant la
base d'étude. Ainsi, la validité d'une recherche est
accréditée, dans une certaine mesure par la
démarcheméthodologique, soubassement de sa constitution.
En effet, comme nous le fait remarquer JP. OLIVER,12(*) « les
méthodes en sciences sociales sont souvent considérées
comme des outils indépendantes des problématiques au service
desquelles elles sont amenées à fonctionner. »
Nous sommes en désaccord avec cette vision techniciste des
relations entre cadres théoriques et cadres méthodologiques
d'enquête. Nous pensons au contraire que toute méthode en science
sociale est dans une relation d'affinité avec une certaine posture
épistémologique.
La spécificité et la réalisation d'un
travail scientifique résident au fait qu'il ne peut se faire sans
l'utilisation de méthode d'analyse. Elle est une procédure
logique inhérente à toute démarche scientifique comme
attitude vis-à-vis de l'objet. Elle est aussi une procédure qui
est utilisée pour découvrir la vérité et la
prouver.13(*)
Pour ce travail, nous nous sommes servi de la méthode
dialectique et nous nous sommes appuyé sur les principes de lutte des
contraires et du changement qualitatif sans oublier celui de la connexion
universelle des phénomènes sociaux comme les
phénomènes de la nature éternellement en mouvement et
changeants, et leur développement est le résultat du
développement des forces contradictoires de la société.
0.7.1 PRESENTATION DES LOIS DE LA DIALECTIQUE
Selon POLITZER14(*),
la méthode dite des contraires repose sur quatre
principales lois que nous présentons succinctement.
0.7.1.1 LOI DE LA TOTALITE
Cette loi nous ramène à la recherche de
l'enchaînement des processus qui entraînent à des
études minutieuses et complètes. Donc de processus en processus,
nous en arrivons à l'examen des conditions d'existence d'un
système. Nous avons ainsi un enchaînement de processus, qui nous
démontre que tout influe sur tout. C'est la loi de la globalité.
La dialectique rattache le fait particulier, le délai à
l'ensemble.
0.7.1.2 LOI DU MOUVEMENT
On dit, en parlant de la société : faut-il
revenir à des réformes ou faire la révolution ? On
discute pour savoir si, pour transformer la société, on atteindra
ce but par des réformes successives ou par une transformation
brusque : la révolution. Toute transformation est le
résultat d'une lutte des forces opposées. Cette transformation
s'effectue peu à peu, par une série de petites transformations,
que la pomme verte se transforme en pomme mûre par une série de
petits changements progressifs.
0.7.1.3 LOI DU CHANGEMENT
Cette loi de la dialectique commence par constater que `rien
ne reste là où il est, rien ne demeure ce qu'il est'. Qui dit
dialectique dit mouvement, changement. Par conséquent, lorsqu'on se
place au point de vue de la dialectique, cela veut dire se placer au point de
vue du mouvement, du changement. Lorsque nous voudrons étudier les faits
suivant la dialectique, nous les étudierons dans leurs mouvements et
changements.
0.7.1.4 LA LOI DES CONTRAIRES
Dans la vie, il y a des forces qui maintiennent la vie, qui
tendent vers l'affirmation de la vie. Puis il y a aussi dans les organismes
vivants des forces qui tendent vers l'affirmation et d'autres tendent vers la
négation, et entre l'affirmation et la négation, il y a
contradiction.
Donc la dialectique on constate le changement, mais pourquoi
les choses changent-elles ? Parce qu'il y a lutte entre les forces, entre
les antagonismes internes, parce qu'il y a contradiction. Voilà la loi
des contradictions ; les choses changent parce qu'elles contiennent en
elles- mêmes la contradiction.
Liant tous ces faits et répondant aux quatre lois de la
dialectique, la classe politique congolaise se constituait comme étant
une totalité, une globalité ou un tout indivisible dans lequel
interagissaient les différentes forces politiques en présence
entre elles : c'est la loi du mouvement. Du fait que la dynamique de ces
forces, les membres qui les constituaient séparément passaient
d'un camp à un autre camp, ces mutations expliquent la troisième
loi, celle du changement. Et parce qu'elles défendaient parfois des
intérêts divergents par rapport aux enjeux en présence,
cela engendrait des contradictions et des contraires qui constituent la
dernière loi.
A part la méthode précitée, nous avons
recouru également à l'approche de l'histoire immédiate.
Selon VERHAEGEN15(*), cette méthode est
fondée sur la participation de l'acteur historique au procès de
connaissance. Son application suppose que l'acteur historique prenne conscience
de son propre rôle dans la création et la transformation des
structures qui l'environnent.
Cette prise de conscience, condition nécessaire du
dialogue entre le savant et l'acteur, se produit lorsque l'ensemble social
auquel appartient l'acteur, entre en crise et que celle-ci provoque
l'engagement politique de l'acteur historique. Seul le sujet engagé dans
une transformation historique de la société, visant au
renversement des rapports sociaux existants, peut être le siège
d'une connaissance plus vraie, plus féconde de sa propre situation et
des conditions objectives de son engagement. Il est le seul partenaire valable
du chercheur de l'histoire immédiate.
Cette méthode nous a permis de nous fonder d'abord sur
la période actuelle, du présent et remonter le cours de
l'histoire par une approche régressive.
Ensuite, nous avons recouru aux entretiens et à
l'observation, en interrogeant les acteurs historiques et les témoins
des événements.
Enfin il nous a fallu, non seulement poser des questions et
écouter, mais surtout comprendre les faits.
Au sens plus général, la dialectique est un
enchainement de notions qui rendent compte d'une réalité complexe
avec des aspects qui peuvent paraitre opposés. Elle se distingue ainsi
de l'abstraction d'un raisonnement de type logico-mathématique, et elle
peut mêmeêtre prise au sens péjoratif d'une argumentation
illusoire et inutilement compliquée.
Les rapports entre les partis ou regroupements politiques sont
dialectiques. A certains moments, les partis politiques s'opposent et cette
opposition va déboucher sur un nouveau conflit ou sur l'entente.Le choix
de la dialectique s'explique par le fait qu'elle est une méthode de
discussion, des raisonnements, de questionnement et d'interprétation. En
effet, depuis l'accession de la RDC à la souveraineté nationale
et internationale, l'on a assisté particulièrement dans la
perspective des élections à une refonte des alliances aussi bien
dans la majorité que dans l'opposition. Ainsi, La méthode
dialectique va nous permettre ici de chercher la source de tout problème
et d'en décrire l'évolution. Elle nous permettra d'analyser et de
faire de bonnes observations pour bien étudier et comprendre le
problème envisagé à savoir ici l'incidence des accords
politiques dans la gestion de l'Etat cas de FCC-CACH.
0.7.2. TECHNIQUES
Les techniques sont des outils permettant au chercheur de
rendre la méthode plus opérationnelle et efficace. C'est donc un
outil indispensable qu'utilise le chercheur pour recueillir des données
indispensables pour l'élaboration de son travail scientifique.
Elles peuvent être aussi définies comme
étant un ensemble des outils de la recherche impliquant les
procédés de collecte des données adaptées à
la fois à l'objet de la recherche, à la méthode d'analyse
et surtout au point de vue qui guident la recherche.
Les techniques de récolte des données sont des
outils permettant à un chercheur de récolter et dans une certaine
mesure de traiter les informations nécessaires à
l'élaboration d'un travail scientifique. Car la méthode seule
n'est pas suffisante pour la réalisation d'un travail scientifique.
Pour ce travail, nous avons recouru aux techniques
documentaires et à l'observation directe. Toutes ces techniques nous ont
été indispensables dans la collecte et dans la sélection
des données intéressant notre étude.
La technique documentaire, consiste à analyser les
documents et les étudier afin d'arriver à déterminer les
faits ou phénomènes par la lecture. Nous avons compulsé
les données écrites que nous avons confrontés entre elles,
nous les avons analysées et n'avons retenu que celles qui nous ont paru
utiles. Nous avons à cet effet utilisé les ouvrages, les notes de
cours, les articles de revues, les documents officiels, et la webographie.
Quant à l'observation directe, celle- ci nous a permis
tout en étant en République démocratique du Congo, pendant
la périodecouvrant le processus électoral de décembre2018
et après celle-ci ; d'observer directement les événements
politiques, les jeux des acteurs politiques et le fonctionnement de la
structure qui fait objet de notre étude. Cette technique nous a mis dans
une position du chercheur immergé dans son objet de recherche.
0.8. DIFFICULTES RENCONTREES
Dans le cadre de la réalisation de ce travail, nous
nous sommes buté à quelques contraintes notamment l'accès
limité à certains sites d'information, le manque d'une
documentation fiable, le sujet étant d'actualité, nous avons eu
du mal à le cerner d'autant plus qu'il est dynamique et insaisissable
dans son évolution. Il nous afallu donc rester connecté aux
différents médias et recourir à la presse pour
s'imprégner de la situation politique versatile de l'actualité
politique congolaise.
0.9 SUBDIVISION DU TRAVAIL
Hormis l'introduction générale et la conclusion,
l'ossature de ce travail est composée de quatre chapitres. Le premier
est axé sur les
considérationsgénérales.Ledeuxième s'articule sur
l'état des lieux et le cadre légal des alliances et coalitions
politiques en Républiquedémocratique du Congo.Letroisième
aborde l'analyse sur la situation post-électorale de décembre
2018 et en fin le quatrièmeest axé sur l'impact de la coalition
FCC-CACHdans la gestion de l'Etat.
CHAPITRE I. CONSIDERATIONS GENERALES
Ce chapitre consacré à la présentation du
cadre théorique de cette étude et la définition des
concepts clés, est structuré en deux sections. La première
section porte sur les définitions des concepts et la seconde sur la
typologie des accords politiques.Notre préoccupation est de
présenter et de définir les concepts de base de la
présente étude. Cette démarche permet de fixer les
lecteurs sur le sens accordé à chaque vocable usité dans
notre étude.
1.1. DEFINTIONS DES CONCEPTS
Dans cette section, nous allons définir les concepts
clés de notre recherche car il est impérieux de situer les
concepts par rapport à l'étude que l'on mène. Dans ce
travail les concepts centraux que nous allons définirsont:
Incidence, politique, accord politique, Etat et gestion.
1.1.1. INCIDENCE
Ladéfinition du concept incidence est très
complexe du fait qu'elle est définie de diversesmanières selon le
contexte du domaine où il est utilisé.
Le dictionnaire Larousse définit l'incidence comme
étant une répercussion plus au moins directe de quelque chose ou
une conséquence.16(*)
1.1.2. POLITIQUE
Etant un mot polysémique, il nous parait judicieux de
faire une nuance entre la politique et le politique, car la
compréhension de ces deux concepts n'est pas totalement
différente, mais plutôt complémentaire, parce que pour
Aristote « la politique est une oeuvre » tandis
que pour Platon, « le politique est un
dialogue »
Platon précise que la politique est l'art de gouverner
les hommes avec leur consentement. Toujours selon lui, le politique peut
être, mais pas nécessairement un gouvernement effectif. Ce qui
fait que le politique n'est pas l'exercice d'une fonction, mais les
qualités de l'homme.17(*)
En ce qui concerne notre étude, nous nous focalisons
sur la politique qui est l'objet de plusieurs interprétations et sa
conception ferait l'unanimité chez tous les penseurs. Certaines
définitions ont tendance à réduire la politique à
une simple gestion de l'Etat, à l'organisation des grands moyens de la
nation et une course effrénée au pouvoir. C'est pourquoi Roger
GARAUDY affirme que la politique embrasse tous les aspects de la vie
humaine.Elle inclut tous les rapports humains possibles, notamment la gestion
de l'Etat ou la famille, l'organisation d'un groupe de travailleurs. Elle
signifie, toute prise en main par l'homme de sa destinée faisant la
relève de la religion et de leurs théocraties, la politique est
la prise en charge par l'homme de l'ensemble de rapports humains.18(*)
1.1.1.1 LA POLITIQUE
Le mot politique est l'un des termes les plus utilisé
par tous, tout en étant une notion scientifiquement difficile à
définir. Les auteurs ne s'accordent généralement pas sur
la signification de ce terme que certains limitent à l'exercice du
pouvoir au sein de l'Etat. Or l'exercice de la politique ne se limite pas au
niveau de l'Etat, même si, la vie politique est dominée par la
concentration des pouvoirs au niveau de l'organisation étatique. On ne
peut saisir la réalité politique en la cantonnant à la
seule organisation étatique qui, bien que surplombant tout, ne se
retrouve pas nécessairement partout. En effet, que dire de
l'autorité d'un chef de guerre, d'un chef en milieu coutumier, d'un
père de famille, d'un chef religieux, d'un patron d'entreprise, d'un
syndicaliste, d'un leader d'opinion, d'un professeur, etc.
Comme on le voit, on retrouve le pouvoir dans toute
communauté sociale. Aussi, tout pouvoir n'est pas
nécessairementpolitique, de même que la politique ne se
réduit pas, comme le dit MACHIAVEL, à la seule
quêteeffrénée du pouvoir. L'appétit du pouvoir n'est
qu'un aspect de la politique, le pouvoir lui-même n'étant qu'un
moyen, un instrument de la politique.
Max WEBER définit le terme politique comme
« un groupe de domination dont les ordres sont
exécutés sur un territoire donné par une organisation
administrative qui dispose de la menace et du recours à la
violence. » cette définitionréductrice ignore la
force de l'idéologie dans l'exercice de la politique, de la discipline
sensée librement consentie grâce à la manipulation
idéologique, la force contraignanten'intervenant qu'en cas de
désobéissanceavérée
Quant à nous, la politique est entendue comme l'art de
la pratique du pouvoir et de la gestion de la société.
1.1.3. ACCORD POLITIQUE
Un accord est généralementdéfini comme
une entente entre des personnes. Il est appréhendé comme
« la rencontre des volontés en vue de produire l'effet de
droit recherché par les partis. »19(*)Transposé en droit
international public, le vocable accord s'assimile à bien d'autres
expressions telles que convention, traité, protocole, pacte, charte,
statut, modus vivendi...
La pratique révèle que ces expressions, en droit
international, sont interchangeables et sont souvent employées en tant
que termes génériques.20(*) Le critère commun à ces expressions est
la manifestation de la volonté. L'accord peut contenir plusieurs
objectifs économiquestraitant de coopération ou
d'intégrationéconomique, social relatif aux questions
environnementales et politiques visant d'intensifier, pacifier ou à
normaliser les rapport politiques entre les signataires.
L'accord politique est un compromis signé entre les
protagonistes en conflit, sous la supervision d'un médiateur ou d'un
facilitateur.21(*)
1.1.4. ETAT
L'Etat possède une triple signification :
sociologique, organisationnelle et juridique.
Ø Sur le plan sociologique, l'Etat est un ensemble de
personnes vivant sur un territoiredéterminé et soumis à un
gouvernement donné. Cette définition rejoint celle de la
premièreédition du dictionnaire de
l'Académiefrançaise de 1696 qui définit l'Etat comme
« le gouvernement d'un peuple vivant sous la domination d'un prince
ou en république. »
Ø Du point de vue organisationnel, c'est une forme
d'organisation que la société utilise pour s'orienter et se
gérer. L'Etat désigneégalement un ensemble de personnes
qui acceptent de s'imposer un ordre sous certaines conditions.
Ø En droit constitutionnel, la notion d'Etat est
appréhendée comme une personne morale de droit public
représentant une collectivité, un peuple ou une nation, à
l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire
déterminé sur lequel elle exerce le pouvoir suprême, la
souveraineté. Ses formes d'organisations sont diverses, allant d'un
modèle centralisé ou un
modèlefédéral22(*).
L'Etat constitue le champ par excellence de l'exercice du
pouvoir politique. Le rôle de l'Etat s'étend sur toute la vie
politique tant nationale qu'internationale. A ce sujet René LOUREAU
dit : « l'implication générale, donc la
moins visible et la plus forte, surdéterminant toutes les autres,
subsumant non seulement les analogies mais aussi les oppositions politiques
actuelles, c'est l'implication massivement inconsciente dans la forme
étatique : déesse mère de toutes nos
représentations, des plus délirantes au plus
critiques. »23(*)
L'Etat trouve son origine dans la nécessité de
concilier les intérêts contradictoires qui naissent dans toutes
sociétés humaines entre dominants et
dominés.L'État, dit ENGELS en tirant les conclusions de son
analyse historique, « n'est donc pas un pouvoir imposé du
dehors à la société ; il n'est pas davantage la
réalité de l'idée morale, l'image et la
réalité de la raison, comme le prétend HEGEL. Il est bien
plutôt un produit de la société à un stade
déterminé de son développement ; il est l'aveu que cette
société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec
elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables
qu'elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les antagonistes, les
classes aux intérêts économiques opposés, ne se
consument pas, elles et la société, en une lutte stérile,
le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la
société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites
de l'"ordre"; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se
place au-dessus d'elle et lui devient de plus en plus étranger, c'est
l'État.»24(*) La conception de l'Etat diffère selon
qu'on est de l'école fonctionnaliste ou du courant critique. Ainsi, pour
la sociologie fonctionnaliste, l'État est l'organe de maintien de
l'ordre dans la société. Cependant, ajoutent les sociologues
critiques, l'Etat est créé pour assurer l'ordre public, l'Etat ne
peut assumer ce rôle qu'en fonction de ce qu'en pensent les dominants. Ce
n'est donc pas l'Etat de tous, mais l'Etat de ceux qui dominent et ou
exploitent les autres. C'est donc, selon LENINE, « un organisme
de domination de classe, un organisme d'oppression d'une classe par une
autre ; c'est la création d'un ordre qui légalise et
affermit cette oppression en modérant le conflit des
classes. »25(*)
A notre avis, les deux conceptions se complètent plus
qu'elles ne se rejettent. D'où notre insistance pour réaliser
dans les études des faits sociaux, la
synthèseméthodologique des deux paradigmes dominants, le
fonctionnaliste et le critique.
1.1.5. GESTION
Du latin gestio, La gestion est selon le dictionnaire
Larousse, l'action ou la manière de gérer, d'administrer, de
diriger, d'organiser quelque chose. C'est une période pendant laquelle
quelqu'un gère une affaire. La gestion est également le
management de l'action collective. C'est un besoin de répartir les
tâches, de coordonner les individus ou une nécessité de
gérer la contrainte de temps, de gérer les ressources humaines,
matérielles et financières.
La gestion peut être entendue comme une organisation
d'un groupe d'individus, qui structure, ordonne, pilote des ressources afin
d'atteindre un objectif commun.
1.2. TYPOLOGIE DES ACCORDS POLITIQUES
Pour rappel, l'accord politique est un compromis signé
entre les forces politiques ou les protagonistes en conflit sous la supervision
d'un médiateur ou d'un facilitateur. Dans la
présenteétude, l'expression « accord
politique » concerne d'une part les accords de coalition
électorale,les accords de gouvernance commune et la cohabitation.
1.2.1. ACCORD DE COALITION ELECTORALE
Deux ou un groupe des partis politiques créent une
coalition préélectorale en annonçant qu'ils ont
l'intention de former un gouvernement ensemble s'ils reçoivent assez de
votes au cours de l'élection à venir. Dans bien des cas
toutefois, les partis politiques briguent les suffrages de manière
indépendante, et les électeurs n'ont pas la possibilité de
se prononcer sur les pourparlers post-électoraux menant à un
gouvernement de coalition.
En coordonnant leurs stratégiesélectorales et
parfois même en harmonisant leurs programmes politiques, les partis
essaient d'améliorer leurs chances de remporter le plus de sièges
possibles au parlement. Parfois, un parti politique peut même recommander
à ses partisans de voter pour le partenaire d'une coalition
éventuelle afin que tous les partis politiques qui font partie de la
coalition préélectorale obtiennent assez de votes pour
êtrereprésentés au parlement. Cela se fait surtout dans les
systèmesélectoraux où les électeurs peuvent
exprimer deux votes sur un bulletin et partager leurs suffrages et, par
conséquent, appuyer deux partis différents au moyen d'un seul
bulletin de vote. Si par exemple un de leurs votes en faveur d'une coalition
éventuelle, cela peut aider les deux partis à
êtrereprésentés au parlement.
Les alliances préélectorales sont un
phénomène courant dans les démocratieslibérales. En
Europe occidentale seulement, plus de 200 coalitions
préélectorales ont été formées entre 1946 et
2012.26(*)
Les genres de coalitions préélectorales varient
d'un parti et d'un pays à l'autre, allant d'une vague promesse de
gouverner ensemble à des recommandations de votes. On peut classer les
ententes préélectorales entre les partis politiques selon la
clarté de l'engagement à gouverner ensemble.
Selon CARROLL et COX, la forme la moins contraignante serait
la simple annonce de la volonté de travailler ensemble, suivie de
l'annonce par les partis d'une plate-forme commune, ensuite de l'annonce de
l'établissement de listes de circonscriptions communes ou d'une liste
nationale commune.27(*) La
forme la plus contraignante serait la négociation de désistements
mutuels entre partis, où se retirent le candidat d'un parti dans une
circonscription donnée et le candidat de l'autre parti dans une autre
circonscription, pour que les deux partis ne s'y fassent pas la lutte. En plus
de ces types de coalitions, les auteurs soulignent qu'il peut exister des
formes plus ténues de coopérationélectorale entre les
partis, par exemple le fait de présenterquelques candidats communs ou
d'encourager les électeurs à voter pour un allié.
1.1.1.2 CONDITIONS DE LA FORMATION D'UNE ALLIANCE
PREELECTORALE
Même si les conditions de la formation de coalitions
préélectorales n'ont pas été
examinéessystématiquement, on peut relever deux hypothèses
principales concernant les facteurs qui influent sur la formation d'une
coalition.
Selon ce qu'on peut appeler l'hypothèse de la
disproportion, des alliances préélectorales sont plus
susceptibles d'être formées dans les systèmes
électoraux disproportionnels s'il y a plus de deux partis.
L'hypothèse de base serait que le système électoral peut
avoir un effet considérable sur la formation de coalitions et
d'alliances pendant la périodepréélectorale.28(*)
Les systèmes électoraux majoritaires avantagent
généralement les grands partis. S'il y a plus de deux partis en
concurrence, les grands partis ont tendance à vouloir former des
alliances préélectorales afin d'augmenter leurs chances d'obtenir
une majorité au parlement et de faire partie du gouvernement. Dans ces
genres de systèmesélectoraux, les partis peuvent par exemple
partager leurs suffrages ou mêmetransférersystématiquement
les votes au sein de leurs alliances électorales.
1.2.2. COALITION DE GOUVERNANCE COMMUNE
Une coalition politique est une association de partis
politiques qui concourent à réaliser des objectifs communs. Il y
a une coalition préélectorale qui se forme avant les
élections pour soutenir un candidat qui portera le programme de la
coalition29(*).C'est
notamment le cas de FCC, CACH et LAMUKA ; on vise à
améliorer les perspectives électorales. Cette coalition peut
suivre après les élections et aboutir à une coalition
gouvernementale.
Il y a aussi la coalition postélectorale imposée
souvent par les suffrages exprimés dans le parlement. Ici la coalition
est la fusion des différents partis distincts pour atteindre la
majorité parlementaire afin de gouverner sur base d'un programme de
gouvernement négocié.30(*)Cette deuxième forme de coalition est
imposée par les suffrages des électeurs.
Il y a également la coalition dite conjoncturelle, de
courte durée axée sur le vote ou le rejet d'un projet de loi. En
RDC, on pourra assister certainement à ce type de coalition quand il
sera peut-être question de voter la loi sur la suppression des
élections des gouverneurs des provinces. Il nous semble difficile de
voir la coalition LAMUKA s'associer à FCC ou à CACH.
Pour échapper à la coalition, le parti politique
doit gagner les électionsprésidentielles et obtenir la
majorité des sièges au parlement. Si on perd un de ces deux
postes, on est automatiquement candidat à la coalition. Par ce fait, on
adhère affaibli à une coalition, et on ne peut prétendre
gouverner seul. Cette incapacité de pouvoir gouverner seul provient du
fait que les électeurs ont dispersé les suffrages au parlement
à plusieurs partis et aucun d'entre eux n'a atteint la majorité.
Dans ce cas, on est obligé de s'associer à d'autres groupes
d'acteurs politiques ayant reçu aussi les accréditations des
électeurs de manière à constituer une majorité pour
pouvoir gérer l'Etat. Le gouvernement qui sortira de ce parlement est le
gouvernement de coalition composé des membres de différents
partis qui ont accepté de coopérer. Cela étant, la
coalition FCC-CACH s'inscrit donc dans cette logique.31(*)
1.2.3. COHABITATION
La cohabitation désigne une situation institutionnelle
particulière. Dans cette configuration, le pouvoir exécutif,
exercé par le Président de la République et par le Premier
ministre qui dirige l'action du gouvernement, est assuré par deux
adversaires politiques. Ce terme qui s'est imposé dans le langage
politique désigne depuis le milieu des années 80 une situation
institutionnelle dans laquelle on y trouve coexistence d'un chef de l'Etat
élu au suffrage universel sur un programme politique et d'un Premier
ministre s'appuyant sur une majorité parlementaire élue pour
soutenir une politique opposée.32(*)
En effet, le président de la République
élu au suffrage universel, joue habituellement un
rôleprépondérant dans la vie politique. Mais, il peut
arriver qu'après une électionlégislative, il ne dispose
plus du soutien de la majorité parlementaire, si celle-ci est d'un bord
politique opposé à la majorité présidentielle.
1.1.1.3 LES CAUSES DE LA
COHABITATION
En France longtemps inenvisageable, la cohabitation est
cependant devenue réalité 28 ans après la promulgation de
la constitution de 1958 et ce, par l'interaction de plusieurs
facteurs :
v La volonté des électeurs qui, à trois
reprises (1986, 1993, 1997), ont imposé cette situation au sommet de
l'Etat
v La spécifié du texte constitutionnel qui
organise une dyarchie à la tête de l'Etat, accentuée par
l'instauration en 1962 de l'élection du Président de la
République au suffrage universel direct et dont l'une des
conséquences, avec la naissance du fait parlementaire majoritaire apparu
aux électionslégislatives de novembre 1962, est la bipolarisation
de la vie politique.
v Une alternance politique complète en 1981. Pour la
première fois, le Président de la Républiqueélu est
d'une tendance opposée à son prédécesseur,
changement complète, un mois plus tard, après dissolution, par
l'élection d'une assemblée nationale reflet de la majorité
politique dont est issu le nouveau Président. L'alternance ne remet en
cause ni les institutions ni leur fonctionnement ; elle consacre
l'efficacité du texte constitutionnel, d'autant mieux que les nouveaux
gouvernants parvenus au pouvoir après 23 années passées
dans l'opposition en utilisent toutes les subtilités et que le
président nouvellement élu entend remplir pleinement sa
fonction.
v Une alternance incomplète, ne touchant que la
majorité politique de l'Assemblée nationale (l'opposition
parlementaire devenant majorité à la suite d'un scrutin
législatif national), qui se produira pour la première
période de cohabitation (1986-1988), laquelle sera suivie de deux autres
cohabitations pour les mêmes raisons mais dans les contextes politiques
différents en 1993-1995 et en 1997-2002. Depuis 1986, la France a
été gouvernée pendant neuf ans selon cette configuration
institutionnelle particulière.33(*)Afin de remédier à cette situation
atypique, devenue pour nombreux observateurs synonyme d'immobilisme et
difficultés accrues pour la mise ne oeuvre d'une politique
cohérente, il est décidé de réduire le mandat
présidentiel à cinq ans. Cette réforme est adoptée
par referendum.
1.2.4. INCOMPATIBILITE DES ACCORDS POLITIQUES AVEC LA
CONSTITUTION
Certains constitutionnalistes ont essayé d'attribuer
aux accords politiques une valeur juridique en se fondant sur la
possibilité de les rattacher à la constitution ou d'en faire une
norme internationale. Pour eux, les accords politiques sont juridiques parce
qu'ils résolvent des crises dont l'acuité n'est plus un secret
pour personne.34(*)Or,
loin d'êtreétrangère ou opposé au droit, la crise
lui est consubstantielle et familière puisqu'il a
précisément pour fin de la prévenir, de la figer, de la
circonscrire ou de la maitriser... parfois d'en sanctionner les effets
inéluctables, sinon à l'extrême de s'y adapter.35(*)A y voir de près on se
rend à l'évidence que les accords politiques ont difficilement un
lien avec la constitution. Par ailleurs, ils ne peuvent avoir le label de
normes internationales.
L'existence d'un quelconque lien entre la constitution et les
accords politiques découleraient forcement de leur rattachement aux
mécanismes constitutionnels de résolution des crises au sein de
l'Etat ou vu moins de leur compatibilité avec la constitution dans son
ensemble.
L'incompatibilité des accords politiques à la
constitution peut êtredémontrée de deux façons.
D'une part en se fondant sur une analyse substantielle et d'autre part,
à travers une analyse fonctionnelle.
1.1.1.4 INCOMPATIBILITE
SUBTANTIELLE
Certains acteurs ont prétendu reconnaitre une certaine
compatibilité des accords politiques avec la constitution, en
prônant une approche compréhensive des textes.36(*)
Pour ce faire, ils proposent la technique de
l'interprétation fonctionnelle et l'article 36 de la constitution
française de 1958 relatif à l'état de siège,
dispose que celui-ci est pris en conseil des ministres. Sa prorogation
au-delà de douze mois ne peut être autorisée que par le
parlement. Relativement à la dictature constitutionnelle, l'article 16
de la même constitution dispose : « lorsque les
institutions de la République, l'indépendance de la nation ou
l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une
manière grave et immédiate, et que le fonctionnement
régulier des institutions publiques constitutionnelles est interrompue,
le Président de la République, prend les mesures imposées
par les circonstance, après consultation officielle du Premier ministre,
des présidents des assemblées ainsi que du conseil
constitutionnel, il informe la nation par un message »37(*)
Relativement à l'accord de Linas Marcoussis, le
professeur J DU BOIS DE GAUDUSSON l'a présenté en ces
termes « moyennant l'adoption d'une approche
compréhensive des textes, les modifications recommandées par
l'accord ne sont pas incompatible avec la constitution »38(*)
Le professeur KPODAR distingue trois méthodes
d'interprétation qui répondent mieux à la fonction de
volonté : il y a en premier lieu
l'interprétationgénétique par laquelle l'on recherche la
volonté réelle de l'auteur du texte, à travers par exemple
les travaux préparatoires ; en second lieu
l'interprétationsystémique, dont l'objet est d'éclairer un
fragment de texte par un autre et enfin l'interprétation fonctionnelle
ou de l'effet utile par laquelle on donne au texte la signification qui lui
permettra de remplir la fonction qu'on lui avait attribuée.39(*)
En effet, le professeur KPODAR a rejeté, dans son
célèbre article sur l'accord de Linas Marcoussis, toute
compatibilité dudit accord à la constitution fondée sur
une telle démarche. Pour le grand théoricien des accords
politiques, si le recours au principe de l'interprétation de l'effet
utile est un argument consistant pour établir la compatibilité de
l'accord avec la constitution Ivoirienne, il est également impossible de
faire rentrer ce compromis dans les catégories des conventions de la
constitution.40(*)En tous
cas, il n'est pas prudent d'étendre cette analyse à tous les
accords politiques, puisque pour le professeur DU BOIS DE GAUDUSSON, sur le
plan juridique, la conciliation des deux textes passé par la
révision de la constitution.41(*)Autrement dit, les accords politiques qui
prévoient une révision peuvent être qualifiés de
compatibles après celle-ci. En réalité, s'il est vrai
qu'une telle révision créerait une compatibilité entre la
constitution et l'accord, il s'agirait tout simplement d'une conformation de la
constitution à l'accord politique. Comment admettre juridiquement de
soumettre le pouvoir constituant à une grande mésintelligence
organisée par quelques individus à la poursuite de leurs
intérêts personnels ? Même jusque-là, on peut
encore refuser le nom de régime de droit au système
installé, puisque la révision pouvait être
substantiellement déniée de validité pour deux raisons. La
première est relative à la procédure. En effet, on se
trouverait en présence d'une simple formalité d'adaptation de la
constitution à l'accord politique. Elle serait donc complètement
vidée de sa substance. La seconde est relative aux institutions qui
interviennent.
1.1.1.5 INCOMPATIBILITE
FONCTIONNELLE
Quel est en réalité la fonction des accords
politiques ?
On proclame souvent les avantages des accords politiques
surtout lorsqu'il s'agit de résoudre une crise politique d'envergure
militaire. On pense souvent que ce genre de crises dépasse le cadre
juridique et ne pourrait donc pas êtrerésolu par des
mécanismes juridiques ; et qu'il faudrait chercher ailleurs la
solution à une telle situation. Les accords politiques sont alors
considérés comme la panacée. Seulement, derrière
cette idée de bon sens encore à vérifier, se cache une
véritable volonté de redistribuer le pouvoir aux forces en
place.42(*)Dès
lors, on se demande comment deux textes contradictoires, ayant une
finalité commune peuvent être compatibles.
Par ailleurs, si une telle compatibilité est
prouvée, on se demande comment serait contrôlée son
effectivité. En effet, on peut s'interroger sur l'attitude du juge
constitutionnel. Comment gèrerait-il la contradiction entre les deux
énoncés ? Il semble donc acquis que les accords politiques
sont difficilement démontrables sur le plan interne. Le droit
international semble, lui aussi, leur denier toute juridicité.
Encore faut-il se rassurer que les accords mettent fin
à la crise. Cette inquiétude est légitime puisque le
Professeur KPODAR constate avec regret que l'accord de Marcoussis n'est pas
parvenu à pacifier le pays et qu'il a fallu l'intervention des forces
licornes qui ont créé une zone tampon entre les rebelles et les
forces officielles pour arrêter les affrontements. Certains auteurs
désignent les accords politiques par un nom évocateur :
accord de partage de pouvoir et de gestion consensuelle.43(*)
1.2.5. ACCORDS POLITIQUES ET LES POUVOIRS DE CRISE
S'il est clair, que les accords politiques ne peuvent
acquérir une juridicité par le biais des mécanismes
juridictionnels de résolution des crises au sein de l'Etat, les pouvoirs
de crises semblent, quant à eux, plus généreux.
Le droit constitutionnel appréhende la notion de
pouvoir de crise comme des procédés de nature et de portée
trèsdifférentes, destinés à faire face à des
situations d'exception de caractère national ou local, mais se
traduisant tous, par l'assouplissement ou la mise à l'écart, pour
une durée plus ou moins longue, de la légalité. Il s'agit
fondamentalement de l'état de siège, l'état d'urgence, et
de la dictature constitutionnelle.
On entend par état de siège, régime de
temps de crise résultant d'une déclaration officielle et qui se
caractérise par la mise en application d'une législation
exceptionnelle de prévoyance, soumettant la liberté individuelle
à diverses restrictions et à une emprise renforcée de
l'autorité publique. L'état d'urgence, quant à lui,
désigne une situation dans laquelle les pouvoirs de police
administrative se trouvent renforcés et élargis pour faire face
soit, à un péril imminent résultant d'atteinte grave
à l'ordre public, soit d'évènementprésentant par
leur nature et leur gravité, le caractère de calamité
publique pouvant ou non résulter des circonstances
exceptionnelles.44(*)Prenant ses origines dans la dictature romaine, la
dictature constitutionnelle est pour sa part, le point culminant des pouvoirs
des crises. Elle postule que toutes les fois que les troubles menacent la
sureté de l'Etat, le chef de l'Etat peut prendre toutes les mesures
exigées par les circonstances.
La doctrine de l'état de siège et de
l'état d'urgence ont pris naissance aux Etats unis sous l'impulsion de
Abraham LINCOLN qui déclarait à ce
propos : « j'aime mieux méconnaitre une
disposition de la constitution et de sauver l'union que de respecter
strictement la constitution et de la voir s'effondrer »45(*)
Presque tous les Etats africains ont adopté ces modes
de résolution constitutionnelle des crises à l'exception du Togo
qui n'a prévu à cet effet que l'état de siège et
l'état d'urgence. Il n'a donc pas adopté la dictature
constitutionnelle. Peut-être que le constituant togolais de 1992 l'a
considéré comme superfétatoire ou plutôt semble
faire confiance à l'intelligence et à l'imagination du chef de
l'Etat qui comprendrait que son rôle de garant de l'indépendance
et l'intégrité du territoire lui confère automatiquement
ce pouvoir.46(*)
En effet, le recours aux pouvoirs de crises est soumis
à des conditions aussi bien de forme que de fond. Dans tous les cas, les
accords politiques semblent ne pas supporter ce formalisme. Ce qui conduit
encore une fois, à leur refuser une valeur juridique. Cette situation
est davantage renforcée lorsqu'on envisage une certaine
compatibilité avec la constitution dans son ensemble.
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX ET CADRE LEGAL DES
ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUES EN RDC
Le jeu d'alliances et coalitions est réellement une
constituante de l'histoire politique de la République
Démocratique du Congo du fait du multipartisme, même si pendant
des longues périodes, le pays a vécu sous la coupe d'un
régime monolithique, qui avait freiné l'élan
démocratique dans le pays car, à chaque fois que les
circonstances ont permis l'organisation des scrutins, les alliances entre
partis politiques se sont avérées indispensables voire
indépassables.Dans ce chapitre subdivisé en quatre sections
portant respectivement sur les alliances politiques pendant la 1er
et la 2ème République, le cadre légal des
alliances et coalitions politiques en RDC, l'aperçu sur la coalition
FCC-CACH et l'expérience tri-quinquennale du jeu des alliances et
coalitions politiques en RDC, nous allons tenter brièvement de retracer
ce qu'a été ce processus de démocratisation, tout en
relevant l'essentiel et spécifiquement les causes de ces
différents compromis politiques.
2.1. LES ALLIANCES POLITIQUES PENDANT LA 1ère et
la 2ème REPUBLIQUE
2.1.1. DE 1960 A 1965
Le jeune Etat congolais est né dans un contexte
politique polarisé mettant aux prises les séparatistes
constitués fondamentalement des fédéralistes et des
unionistes. Les alliances entre partis politiques tournaient essentiellement
autour de la nature de l'Etat congolais (unitaire ou fédéral)
doublé d'un sentiment ethnique.
Les élections de mai 1960 ont donné lieu
à des alliances étonnantes ; au Katanga, le Balubakat
(Association des balubas du Katanga) s'était d'abord allié
à la Convention Nationale du Katanga (CONAKAT), puis à
l'idée d'un Congo uni à cause de l'exclusivité ethnique et
des accointances européennes de cette dernière.
Au Kasaï, l'Union nationale Congolaise, parti des LULUA,
fut dans une alliance avec le Mouvement national congolais Lumumba (MNC/L) une
protection contre la domination du Mouvement national congolais Kalonji (MNC/K)
et son caractère tribal luba. A Léopoldville, c'est la
rivalité du parti solidaire Africain (PSA) et de l'Alliance des Bakongo
(ABAKO) qui déterminera en grande partie l'attitude des deux partis, et
c'est notamment le fait que le PSA soupçonnait l'ABAKO d'intentions
séparatistes qui l'amena à se rallier aux partis appuyant
l'idée d'un Congo unitaire.47(*)
L'unitarisme ayant pris de l'ascendant sur le
fédéralisme aux élections de 1960, cette tendance
politique a pris des dimensions affectives se rapportant sur des leaders
politiques. Et c'est autour des personnalités que se nouaient
désormais les alliances et coalitions. C'est à la suite
d'ailleurs de la confusion et d'épreuves ouvertes entre, d'un
côté, la majorité parlementaire de la convention des
nationalistes congolais (CONACO) favorable au premier ministre sortant
Moïse TSHOMBE et, de l'autre côté, l'opposition
composée de députés du front démocratique congolais
et supportant Evariste KIMBA, nouveau premier ministre nommé par le
Président KASA-VUBU en 1965 que, le General Joseph-Désiré
MOBUTU fera son coup d'état et va justifier celui-ci par la menace d'une
guerre civile nourrie par les ambitions personnelles et mal
gérées des politiciens.48(*)
2.1.2. DE 1990 A 1997
MOBUTU instaura un régime de parti unique de 1965
à 1990 avant de permettre la réintroduction du multipartisme
à l'occasion de la conférence nationale souveraine (CNS). Les
partis politiques et les organisations de la société civile
s'organisèrent en plateformes politiques, autre noms de cartels ou
alliances politiques. La transitiondémocratique fut dominée par
le principe du partage équitable et équilibré du pouvoir
entre cartel de l'opposition Union sacrée de l'opposition et
alliés (USROAL), et le cartel des partis de la mouvance
présidentielleconstitué par les forces politiques du conclave
(FPC). L'émergence d'une opposition libérale et
démocratique à partir de 1994 va occasionner unetri
latérisation du jeu politique, permettant au Marechal arbitre, de
désigner librement dans l'un de ces groupements le coordonnateur d'un
gouvernement que l'on qualifiait de panier des crabes49(*). Comme les
électionsdémocratiques n'eurent pas lieu durant cette longue
transition vers la troisièmeRépublique, il ne fut pas possible de
tester la force politique de ces alliances et coalitions politiques, la
distribution du pouvoir ayant relevé du pouvoir discrétionnaire
du Chef de l'Etat. Toutefois cette géographie politique nationale
offrait au Chef de l'Etat la possibilité d'opérer des
reconfigurations des forces politiques sur l'échiquier, par un recyclage
non avoué de l'ancien régime.
2.1.3. DE 2002 A 2006
Les forces politiques qui vont aux élections en 2006
sont d'origines politico-militaires ayant participé au dialogue inter
congolais de Sun-city en Afrique du sud. Ce sont des composantes
politico-militaires appelées à se transformer en partis
politiques et des entités qui tiendront lieu des coalitions politiques
formatrices d'un gouvernement négocié et dont le fonctionnement
des institutions n'obéira pas au principe de la séparation du
pouvoir.
Le gouvernement partagé ou de cohabitation provisoire
(1 Président + 4 Vice-présidents) issu de dialogue inter
congolais a reposé par contre sur un principe de cohabitation. Toutes
les sensibilités politiques armées et non armées y compris
la société civile ont été inclues dans les
institutions sur la base des quotas négociés. A la tête de
ce gouvernement se trouvait un collègeprésidentiel dont chaque
membre délégué par sa composante avait la charge d'une
commission spécifique. Le Président de la République avait
le devoir au regard de l'article 80 de la constitution de développer un
leadership responsable. Seule l'UDPS a renoncé unilatéralement
à faire partie de ce gouvernement et même de participer au
processus électoral organisé par ce gouvernement en 2005 et
2006.
2.1.4. DE 2006 A 2011
Lesélections de 2006 censées mettre un terme
à la plus longue transition politique et inaugurer la troisième
République ont été organisées sur la base des
principes établis par la constitution du 18 Février 2006. La
principale innovation cette loi fondamentale est l'accès au jeu ou
à la concurrence politique accordé aux personnes sans attaches
politiques appelées indépendants. Le
régimeélectoralprévoyait en effet un suffrage universel
direct dans lequel le Président de la République serait
élu à la majorité absolue au premier tour, et à
défaut, on procédait à un second tour dans les quinze
jours suivant la proclamation des résultats. Le mode de scrutin ainsi
que les conditions d'éligibilité pour d'autres fonctions
électives devaient être fixés par la loi
électorale.
Deux grandes alliances se sont constituées au premier
tour de ces élections couplées (présidentielles et
législatives) qui se sont tenues le 30 Juillet 2006 : l'Alliance de
la majorité présidentielle (AMP) créée
officiellement le 24 Juin 2006 dominée par le parti du peuple pour la
reconstruction et la démocratie (PPRD) et le regroupement des
nationalistes congolais (RENACO) chapeautée par le Mouvement de
libération du Congo (MLC) de Jean pierre BEMBA. Aucun candidat sur les
trente-trois retenus n'a pu obtenir la majorité absolue à l'issue
du vote. Suivant les résultats publiés par la commission
électoraleindépendante (CEI) le 20 Août 2006 : KABILA
44,8 %, BEMBA 20,09%, GIZENGA 13,0%, NZANGA MOBUTU 4,8% et Oscar KASHALA
3,5%. Aucun autre candidat ne franchit la barre de 2%.50(*) L'AMP plus le parti Lumumbiste
unifié (PALU) et l'Union des Mobutistes (UDEMO) a pu cependant disposer
de la majorité absolue à l'Assemblée nationale soit 338
sièges sur les 500 qui étaient à pourvoir.51(*)
L'intermède entre les deux tours a été
l'occasion de nouer des alliances et reconfigurer l'espace politique. Ainsi par
la déclaration du 19 Septembre 2006, le PALU a apporté son
soutien à joseph KABILA. La signature officielle de l'accord AMP-PALU
est intervenue le 30 Septembre 2006. La sortie officielle de l'Union pour la
Nation (UN), plateforme de soutien à Jean-Pierre BEMBA a eu lieu le 23
Septembre 2006.
La publication des résultats le 15 Novembre 2006 donna
pour vainqueur Joseph KABILA 58,8% contre 41,95% pour Jean-Pierre BEMBA. En
déclarant non fondée la requête du MLC, la cour
suprême de justice a confirmé le résultat dans verdict du
27 Novembre 2006. Sur les 632 sièges à pourvoir dans les
Assemblées provinciales, l'AMP qui a bénéficié des
nouveaux ralliements depuis les scrutins du 30 Juillet 2006 obtint 259
sièges dont 132 pour le PPRD contre 182 sièges pour UN dont 104
pour le MLC. Et pour l'élection des sénateurs organisés
peu de temps après, l'AMP a obtenu 58 sièges sur le 108 à
pourvoir.52(*)
Suivant les clauses d'un accord extraparlementaire d'alliance
électorale au second tour, la primature fut dès lors
confiée au PALU, cet accord scella les équilibres institutionnels
instables et ne permit qu'imparfaitement la consolidation de la
démocratie et le respect de la séparation du pouvoir.
2.1.5. DE 2011 A 2018
Les élections de Novembre 2011 ont connu une ambiance
particulièrement chaude en amont et en aval. La surchauffe
observée était la conséquence de la précipitation,
de l'improvisation, de l'intransigeance et de la méfiance qui ont
caractérisé les parties prenantes au processus électoral
et particulièrement les partis politiques.53(*)C'est la révision de
l'article 71 de la constitution qui a le plus posé problèmes
d'autant plus qu'il consistait au changement du mode de scrutin pour
l'élection du Président de la République.
Du suffrage majoritaire à deux tours, le
Président de la République devrait
désormaisêtreélu à la majorité simple. Ce qui
modifiait complètement le jeu politique par rapport à 2006. La
problématique du contexte s'associait à celui des acteurs car, si
l'AMP a renouvelé son attachement à Joseph KABILA, l'opposition a
vu émerger d'autres acteurs que ceux qui l'ont représenté
aux échéancesprécédentes. Etienne THSISEKDI de
l'UDPS et Vital KAMERHE de l'UNC ont remplacé Jean-Pierre BEMBA en
détention à la Haye par la cour pénale internationale. Une
redistribution de cartes s'est opérée dans les deux camps.
L'opposition politique congolaise n'a pas réussi dans
ses tentatives de vouloir présenter un candidat unique à la
présidentielle du 28 Novembre 2011. Deux camps se sont nettement
constitués : l'aile Fatima et l'aile Sultani. La première
s'est formée autour du leader de l'UDPS, Etienne TSHISEKEDI,
considéré comme figure de proue de l'opposition politique
congolaise ; et l'autre camp a été fortement dominé
par Vital KAMERHE, Président de l'UNC et ancien membre de la
majorité présidentielle.
Le point commun entre tous ces groupements de l'opposition
aura été sans doute leur hostilité au régime de
KABILA. L'opposition a fait de la bonne gouvernance son credo, estimant
unanimement que la gouvernance a été lamentable durant ce premier
quinquennat de la troisième République. Le changement
était, à leur entendement, tributaire de l'alternance
impérative au sommet de l'Etat.54(*)
La majorité de son côté s'est faite de
plus en plus centrifuge. Il s'est dégagé une nette volonté
de certains alliés comme le PPDR, l'alliance pour le renouveau du Congo
(ARC) et bien d'autres partis de faire cavalier seuls. Le PALU qui a fait
sensation en 2006 était en perte de vitesse et risquait à tout
moment de basculer dans une crise d'identité du fait de l'âge
avancé de son leader. Le Rassemblement congolais pour la
démocratie-Kisangani Mouvement de libération (RCD-KML) a tout
simplement fait défection et l'UDEMO s'est retrouvé pratiquement
en cessation d'activités. L'alliance de la majorité
présidentielle a été traversée par plusieurs
scandales et a été remplacée par une nouvelle structure
dénommée Majorité Présidentielle (MP).
Pour le scrutin présidentiel de 2018, Joseph KABILA
inéligible du fait de la limite constitutionnelle de deux mandats
consécutifs et sa majorité présidentielle avaient
désigné Emmanuel RAMAZANI SHADARY, ancien Ministre de
l'intérieur et de la sécurité, pour représenter le
Front commun pour le Congo (FCC), la coalition des partis de la
majoritéprésidentielle. Face à lui, l'opposition
congolaise a tenté s'unir et proposer un candidat unique. Après
intenses négociations à Genève, c'est Martin FAYULU,
Président d'un petit parti d'opposition (Engagement pour la
citoyenneté et le développement ECIDé) qui fut
désigné comme candidat unique de l'opposition comme Moïse
KATUMBI, Jean-Pierre BEMBA tous deux empêchés de se
présenter, Felix TSHISEKEDI ou Vital KAMERHE de s'accorder
collectivement tout en s'assurant qu'il ne puisse s'émanciper de leur
soutien ultérieurement, cet accord n'aura cependant duré que 24
heures, la base de l'UDPS n'acceptant pas que le parti soit
représenté par un autre candidat. Le fils de l'opposant
historique décida alors de se présenter sous une autre plateforme
d'opposition Cap pour le Changement (CACH), avec un autre parti UNC de Vital
KAMERHE.
Pour sa part, Martin FAYULU décida de se maintenir
comme candidat du reste des partis représentés à
Genève, sous la bannière de la coalition LAMUKA. C'est donc
principalement autour de ce triangle FCC, CACH et LAMUKA que les
électionsgénérales sont disputées.
2.2. CADRE LEGAL DES ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUES
EN RDC
Les lois congolaises, dont la constitution de Février
2006 modifiée et complétée en 2011, s'appliquent aussi aux
partis politiques. La loi fondamentale qui consacre le principe de la
gouvernance politique, organise les compétitionsélectorales entre
les partis et crée, de ce fait, un espace politique concurrentiel des
partis politiques qui peuvent à tout moment recourir aux alliances et
coalitions aux fins de conquête ou d'exercice du pouvoir.
En RDC, comme dans tout Etat à régime
multipartiste, les alliances et coalitions politiques sont de deux ordres
à savoir : les alliances électorales et les alliances
gouvernementales. Les premières se constituent dans la perspective de la
compétition politique à travers les urnes et les secondes
supposent une synergie autour d'un programme commun de gouvernement.55(*)Leur constitution ou formation
soulève un problème de leur base juridique ; celui-ci
devrait éclairer leur fonctionnement.
2.2.1.LES TEXTES JURIDIQUES DE REFERENCES EN MATIERE
D'ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUES EN RDC
Les alliances et coalitions sont, en théorie et en
pratique, des procédésstratégiques imaginés par les
partis politiques soit pour conquérir le pouvoir, soit pour l'exercer.
La loi et les règlements dans ce cas déterminent les conditions
de l'exercice des libertés des acteurs et des structures en la
matière. Ce sont eux qui fixent les conditions et critères de
formation des alliances et coalitions politiques.
Il s'agit principalement de :
v La constitution de la Républiquedémocratique
du Congo ;
v La loi sur les partis politiques ; et
v La loi électorale ainsi que
v Lesrèglements de l'Assemblées nationale et de
différentes Assemblées provinciales.
2.1.1.1 LA CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO
La constitution du 18 Février 2006 fixe les principes
de base du fonctionnement du système politique congolais dans son
ensemble en mettant un accent particulier sur les acteurs qui doivent animer le
système politique. Ce sont les articles 5, 6, 7, et 8 qui plantent le
décor de la vie politique démocratique en RDC
(souveraineté du peuple, régime de l'électorat, le
multipartisme politique, la liberté d'expression et la concurrence
politique, la pénalisation du monopartisme ainsi que la sacralité
de l'existence et du fonctionnement de l'opposition)
2.1.1.2 LA LOI SUR LES PARTIS
POLITIQUES
La loi sur les partis politiques est une loi organique voulue
par l'article 6 de la constitution de la République qui dispose que
« les partis politiques concourent à l'expression du
suffrage, au renforcement de la conscience nationale et à
l'éducation civique. Ils se forment et exercent librement leurs
activités dans le respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes
moeurs. » il s'agit notamment de la loi n°04/002 du 15 mars
2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques.
Cette loi ne s'applique qu'aux partis politiques et laisse de
côté les regroupements politiques que ceux-ci créent ou
auxquels ils consentent d'adhérer librement. Le législateur a
délibérément exclu les regroupements politiques du champ
d'application de ladite loi. En effet, ces regroupements sont, en
réalité, des associations ou des coalitions momentanées
formées au gré de la conjoncture politique, parfois sur base d'un
simple protocole d'accord ; leur vie est, par essence, des plus
précaires, et il ne convient pas, par conséquent, de les
assujettir à un formalisme excessif et rigide au risque de les vider de
leur pertinence.56(*)
Dans l'esprit de cette loi, les alliances et coalitions
politiques sont considérées plutôt comme des simples
mécanismes, stratégies, que comme des structures ou organisations
à part entière. La législation s'applique au producteur
plutôt qu'aux produits du fait de la contingence dans le positionnement
des partis politiques. C'est-à-dire, que le législateur a voulu
laisser aux paris politiques une marge de manoeuvre beaucoup plus grande dans
la prise d'initiatives et le choix des familles politiques auxquelles ils
veulent appartenir au gré des évènements. En d'autres
termes, la loi n'exige pas l'alliance ou coalition en directive politique
laissant ainsi aux partis de rempiler, de mobiliser et de tout attraper si
possible. Car c'est seulement lorsqu'ils ne le peuvent y recourir.
2.1.1.3 LA LOI ELECTORALE
Contrairement à la loi n°01/002 du 15 mars 2004
portant organisation et fonctionnement des partis politiques, la loi
électorale de 2006 et 20011 considère cependant le regroupement
politique comme une entité autonome dans le contexte strict des
élections. Les articles 12,13, et 14 sont clairs à ce sujet.
Le candidat se présente, hormis pour les scrutins
uninominaux, soit individuellement pour le candidat indépendant, soit
sur la liste d'un parti politique ou d'un regroupement politique de la
circonscription électorale qu'il a indiqué dans sa
déclaration de candidature d'article 12.
La même loi définit le regroupement comme
étant une association créée par les partis politiques
légalement constitués en vue de conquérir et d'exercer le
pouvoir par voie démocratique. La commission
électoraleindépendante ainsi que l'autorité administrative
en sontimmédiatement informés.57(*)
Le principe de l'information comme base de l'existence et de
la reconnaissance des groupements politiques ne semble répondre
qu'à une nécessité protocolaire, c'est-à-dire,
d'identification de ces entités dérivées sur les listes
électorales. Ainsi entendu, la loi électorale n'énerve
nullement celle portant organisation et fonctionnement des partis
politiques.
2.1.1.4 LES DISPOSITIONS
REGLEMENTAIRES
Les dispositions règlementaires sont prises dans le
cadre des institutions politiques nées des urnes. Les regroupements
prennent dans le cadre du jeu institutionnel, une connotation différente
devenant ainsi des organes au sein des Assemblées nationale,
provinciales et locales. C'est le mécanisme de groupes politiques ou
parlementaires.
La compréhension et les missions de ce groupe sont les
mêmes dans ces différentes Assemblées, mais, leur taille
varie d'une institution à une autre. Il s'agit, en effet, d'un
regroupement ou d'une association des élus constitué sur base des
affinités ou d'opinions politiques durant la législature en vue
de défendre des intérêts qu'ils jugent nécessaire,
interdiction faite, des intérêts particuliers, ou de tout autres
contraires à la constitution, aux lois de la République, à
l'ordre public et aux bonnes moeurs.
Tout élu d'un parti politique est membre du groupe
politique auquel appartient ce parti. Il ne peut faire partie que d'un seul
groupe. Ceux qui n'appartiennent à aucun groupe peuvent s'apparenter
à un groupe de leur choix, avec l'agrément du bureau de ce
groupe.58(*)
En définitive, les alliances et les coalitions non
institutionnelles ne font pas l'objet d'une codification particulière en
RDC. Ces structures conjoncturelles, informelle, sont considérées
davantage comme des moyens politiques plutôt que comme des acteurs
à part entière du jeu politique. Elles constituent, en effet,
l'expression matérielle du libéralisme politique souhaité
par les participants au dialogue inter congolais et consacré dans la
constitution du 18 Février 2006.
2.3. L'EXPERIENCE DU JEU DES ALLIANCES ET COALITIONS
POLITIQUES EN RDC
Il est important de préciser d'entrée de jeu que
l'expérience du système des coalitions et des alliances dans la
période susmentionnée ne porte que sur les institutions
nationales et provinciales, étant donné que les restes des
scrutins n'ont jamais été organisés. Les Assemblées
locales n'ont jamais existé et les responsables des entités
territoriales ont été nommés par ordonnance
présidentielle pour assurer la continuité de l'Etat.
En effet, le premier constat qu'on peut établir
lorsqu'on analyse l'espace politique congolais, c'est celui du
dédoublement entre les alliances et coalitions politiques. Le
législateur du 18 Février 2006 a perçu en avance la
disparité entre ces deux types d'alliances ou coalitions
(électorale et gouvernementale)
L'article 78 de la constitution dispose que :
« Le Président de la République nomme le Premier
Ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation
de celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur présentation par
celui-ci de la démission du gouvernement. Si une telle majorité
n'existe pas, le Président de la République confie une mission
d'information à une personnalité en vue d'identifier une
coalition. La mission d'information est de trente jours renouvelables une seule
fois »
A la vérité, en 2006 comme 2011, l'observance de
cette disposition n'aura pas été de stricte application, la
frontière entre la majorité parlementaire et celle
présidentielle n'étaient que fictive. En conséquence, les
chefs de différents gouvernements qui se sont succédés
n'auront été ni députés ni responsables de la
majorité présidentielle en tant que plateforme. Antoine GIZENGA,
le premier chef du gouvernement de la troisième République, par
exemple, a dû sa désignation à la tête du
gouvernement a sa position au premier tour des élections de 2006 ;
son parti, PALU, disposait d'un sénateur et de 27 députés
ou représentants dans la chambre basse. Le Premier Ministre MATATA
PONYO, cadre du PPRD était ministre des finances ; c'est dire que
le principe de la coalition gouvernementale n'a pas été
respecté, et aussi les programmes de ce deux gouvernement n'ont pas
été ceux des coalitions parlementaires identifiés.
Dans ce cas, la stabilité institutionnelle du
gouvernement dépend de la loyauté de tous au Président de
la République, mieux de la subordination de la majorité
parlementaire à la majorité présidentielle. La
majorité parlementaire a, à plusieurs reprises, cherché
à déstabiliser le gouvernement responsable devant le parlement.
D'où plusieurs motions de censure contre le gouvernement,
initiées des fois par la majorité, mais dont aucune n'aabouti
à déchoir un ministre ou renverser le gouvernement à
l'issue du contrôle parlementaire.
Les alliances politiques de 2006 n'ont tenu longtemps. L'UN
était entrée dans la phase d'hibernation depuis
l'incarcération de Jean-Pierre BEMBA à la Haye. Le SET (soutien
à Etienne TSHISEKEDI) et DTP (dynamique TSHISEKEDI Président) qui
se sont constitués autour d'Etienne TSHISEKEDI ont implosé du
fait d'une absence de vision commune. L'AMP a disparu au profit de la MP
coordonnée par un secrétariatgénéral. Une partie de
l'opposition regroupée au sein d'une coalition dénommée
forces acquises au changement (FAC)
En 2018, étant donné que les
nécessités politiques étaienténormes pour pouvoir
renverser le régime Kabila, l'opposition congolaise s'est
constituée en coalition dénommée LAMUKA puis
s'était vu obligée d'accepter l'idée d'un candidat unique
de l'opposition dont Martin FAYULU ayant été rendu officiel
à Genève par les leaders de l'opposition. Cet accord aurait
malheureusement lésé la base de Felix TSHISEKEDI et Vital
KAMERHE, les partisans dudit accord. Ces derniers avaient tout simplement
décliné c'est ainsi que va naitre la coalition Cap pour le
Changement (CACH) à Nairobi.Empêché par la constitution,
KABILA choisit Emmanuel RAMAZANI SHADARY comme dauphin afin de compétir
aux élections du 30 Décembre 2018 pour le compte de la
majorité présidentielle transformée en Front commun pour
le Congo (FCC).
Cette petite sociologie du jeu des alliances de la
majorité et de l'opposition politique en RDC soulève logiquement
la question des raisons véritables de la formation de ces regroupements
ainsi que des conséquences possibles quirésultent dans la vie de
la nation.
CHAPITRE III : ANALYSE SUR LA SITUATION
POST-ELECTORALE DE DECEMBRE 2018
Largementcélébrée comme la
première alternance pacifique du pouvoir depuis l'indépendance du
pays en 1960, l'élection surprise de nouveau Président issu de
l'opposition historique reflète cependant un processus et un
résultatélectoral bien plus complexes.
Les élections ont consacré une double victoire
politique : pour le candidat de l'opposition Félix TSHISEKEDI qui
devient Président et, paradoxalement, pour son
prédécesseur dont la coalition remporte une victoire
écrasante aux électionslégislatives nationales et
provinciales. Par conséquent, si Joseph KABILA n'est plus à la
tête du pays, il semble encore largement en détenir le
pouvoir.59(*)
Le processus électoral (et sa préparation)
démontre à la foi l'habileté de Joseph KABILA à
reconfigurer des pratiques autoritaires à travers des règles
d'apparence démocratique mais aussi sa résilience pour s'adapter
à l'évolution de contraintes et pressions aussi bien internes
qu'externes.
En dépit de contestations, les résultats
officiels ont finalement été acceptés par la
communauté internationale. Celle-ci, craignant pour la stabilité
du pays et n'ayant de toute façon que peu d'espoir quant à un
succès du processus électoral, s'est largement
résignée face au compromis imposé parles campsTshisekedi
et Kabila.
Dans ce chapitre, il est question de retracer le
déroulement des élections de décembre et d'en analyser
l'impact des résultats et leurs effets sur la scène politique
nationale et internationale, la brève description desprincipales
coalitions politiques ayant pris part à ce rendez-vous et l'analyse sur
la structure faisant objet de notre étude.
3.1. DESCRIPTION DES PRINCIPALES COALTIONS AUX
ELECTIONS DE DECEMBRE 2018
La République démocratique du Congo compte un
nombre très élevé de partis politiques. Le site de la
commission électorale nationale indépendante (CENI),
l'institution chargée de l'organisation des élections, en a
recensé 602 lors du dernier processus électoral qui s'est
déroulé en 2018 de même que 71 regroupements politiques
officiels.60(*)
Au sujet des regroupements politiques en RDC, l'institut
français des relations internationales (IFRI) indiquait en 2015 :
« un regard plus nuancé suggère que des alliances
stratégiques peuvent se tisser au-delà des clivages politiques.
Ces regroupements politiques se font tant par affinités que par
opportunisme, et les configurations actuelles sont encore susceptibles de
connaitre des mutations. »61(*)
Cette analyse est restée d'actualité dans le
cadre du processus électoral qui s'est étalé entre 2016
(date initialement prévue pour les élections) et le 30
décembre 2018 (scrutins législatifs et présidentiel). La
République démocratique du Congo a vu naitre durant cette
période diverses plateformes dont il est souvent difficile de retrouver
le nombre exact de membres, celui-ci fluctuant au gré de
l'actualité politique. Certaines plateformes ont une durée
limitée dans le temps, ou peuvent en intégrer une autre voir
plusieurs.
La présente section présente brièvement
les quelques coalitions qui ont eu un impact sur l'échiquier politique
congolais lors du dernier processus électoral et qui sont
régulièrement cités.
3.1.1. FRONT COMMUN POUR LE CONGO (FCC)
Le Front Commun pour le Congo, en sigle FCC a
été lancé en juin 2018 à l'initiative du
président Joseph KABILA en vue de mobiliser les partis membres sur un
programme commun lors de la campagne électorale et de soutenir une
candidature commune au scrutin présidentiel. Une charte constitutive de
ce front a été signée le 1er juillet 2018 par
45 personnalités. Outre les 45 personnalités signataires de la
charte constitutive, divers noms se sont encore ajoutés par la suite. A
l'issue d'une conférence tenue le 19 juillet 2018, le FCC a
rédigé un communiqué dans lequel on retrouve une liste de
regroupements politiques qui le composent. Néhémie MWILANYA, le
directeur de cabinet de Joseph KABILA depuis 2015 est le coordonnateur du
FCC.
Le 8 août 2018, Joseph KABILA désigne
l'ex-ministre de l'intérieur Emmanuel RAMAZANI SHADARY comme son dauphin
à la présidentielle.
3.1.2. LAMUKA
La coalition LAMUKA qui signifie
« réveille-toi » en lingala est née dans le
contexte préélectoral alors que les différents partis de
l'opposition cherchaient à désigner un candidat commun pour les
élections présidentielles. Sous l'égide de la Fondation
Kofi Annan se rencontrent à Genève le 09 novembre 2018 les sept
principaux leaders de l'opposition congolaise : Moise KATUMBI, Jean-Pierre
BEMBA, et Adolphe MUZITO tous écartés du scrutin et les quatre
opposants Martin FAYULU, Vital KAMERHE, Freddy MATUNGULU et Félix
TSHISEKEDI. Les discussions portent sur divers enjeux politiques notamment la
révision du fichier électorale, boycott des élections, le
retrait des machines à voter. Le 11 novembre 2018, après trois
jours de tractation et un vote à deux tours, Martin FAYULU est
désigné candidat commun de l'opposition à la
présidentielle, initialement prévue le 23 décembre 2018
puis reportée au 30 décembre 2018, et porte-parole de la
coalition LAMUKA. Sur la liste officielle des candidats à la
présidentielle, il est indiqué qu'il est le candidat de la
plateforme Dynamique de l'opposition.62(*) Il était prévu que les autres
participants occupent en cas de victoire différents postes importants
(primature, présidence du sénat et Assemblée nationale,
gouvernorat de la banque centrale.)63(*)
Mais, coup de théâtre, dès le lendemain
12 novembre, Félix TSHISEKEDI et Vital KAMERHE annoncent le retrait de
leur signature de l'accord de coalition conclu avec les cinq autres. Tous deux
justifient cette décision afin de respecter la volonté de leur
base. Par la suite, d'autres personnalités décideront de quitter
le navire Lamuka. Ainsi, Gabriel KYUNGU WA KUMWANZA de l'UNAFEC annonce son
départ au cours d'un meeting le 18 février 2019. Ce retrait est
officiellement confirmé le 1er mars 2019 dans un
communiqué dans lequel KYUNGU déclare désormais soutenir
le président de la République tout en étant encore membre
de la plateforme de KATUMBI Ensemble pour le changement. Le 16 avril 2019 c'est
autour de Jean-Claude VUEMBA, président du Mouvement du peuple congolais
pour la République (MPCR) d'annoncer son retrait de LAMUKA.
Le 27 avril 2019, la coalition électorale LAMUKA
devient une plateforme politique en se dotant d'une charte. Il est
décidé d'instaurer une présidence tournante d'une
durée de trois mois qui sera assurée par un coordonnateur de
présidium avec, dans l'ordre de succession : KATUMBI, MATUNGULU,
BEMBA, MUZITO, et enfin FAYULU.
Le 17 juin 2019, l'un des cadres de LAMUKA, Antipas MBUSA
NYAMWISI, président national du Rassemblement congolais pour la
démocratie-Kisangani/Mouvement de libération (RCD/K-ML) qui avait
regagné Kinshasa au terme d'un exil de sept ans formalise sa
décision de quitter LAMUKA et se rapproche du président
TSHISEKEDI. Il explique vouloir apporter sa contribution à la lutte
contre l'épidémie à virus Ebola et à
l'insécurité à l'Est du pays, notamment à
Beni-Butembo et dans l'Ituri.
Début juillet 2019, LAMUKA perd encore un autre de ses
leaders en la personne de Freddy MATUNGULU. Il devait succéder à
KATUMBI à la tête du présidium mais a accepté
l'offre du Président TSHISEKEDI de siéger au conseil
d'administration de la banque africaine de développement (BAD).
3.1.3. LE CAP POUR LE CHANGEMENT (CACH)
Le 12 novembre 2018, Félix TSHISEKEDI
et Vital KAMERHE annoncent le retrait de leur signature de l'accord de
coalition conclu avec les cinq autres leaders de LAMUKA. Tous les deux
justifient cette décision afin de respecter la volonté de la
base. A l'issue d'une rencontre organisée au Kenya le 23 novembre 2018,
ils créent ensemble une nouvelle coalition politique
dénommée Cap pour le Changement. Vital KAMERHE se retire de la
course à la présidentielle au profit de TSHISEKEDI. Le patron de
l'UDPS sera donc le candidat président de CACH, tandis que Vital KAMERHE
sera son directeur national de campagne.
3.2. LE CARACTERE HISTORIQUE ET INEDITE DES ELECTIONS
DE DECEMBRE 2018
Le 24 Janvier 2019, Félix TSHISEKEDI prête
serment et devient le cinquièmePrésident de la République
démocratique du Congo. Il succède ainsi Joseph KASA-VUBU
(1960-1965), Joseph-Désiré MOBUTU (1965-1997), Laurent
Désiré KABILA (1997-2001) et Joseph KABILA (2001-2019). Ce
dernier, désignéaprès l'assassinat de son père, a
exercé le pouvoir pendant une période d'intérim de son
père Laurent Désiré KABILA (2001-2003) de transition
(2003-2006) puis durant deux mandats électoraux de cinq ans, le maximum
selon la constitution congolaise, dont le dernier a été
prolongé de deux ans jusqu'à l'organisation des
électionsgénérales du 30 Décembre 2018, soit 18
années au pouvoir.
Bien que célébrée comme la
première alternance pacifique du pouvoir depuis l'indépendance,
l'élection surprise du nouveau Présidentreflète cependant
un processus et un résultatélectoral bien plus complexe. Par un
mélange d'arrangements politiques, de manipulationsélectorales et
de subversion démocratique, l'ancien Président et son entourage
semblent avoir ainsi réussi à produire une configuration
politique inédite permettant à la fois de conserver le
contrôle des institutions de l'Etat et sa rente
politico-économique tout en offrant une alternance présidentielle
dont la marge de manoeuvre dans l'exercice du pouvoir parait largement
symbolique. Dès lors et en dépit de l'apparence de changement,
ces élections ne produiraient qu'une forme de continuité et ne
seraient qu'une reconfiguration d'un mêmepouvoir. La nature et les
conséquences de ce processus électoral et la reconnaissance
internationale dont il a fait l'objet posent ainsi plusieurs questions,
à la fois sur la viabilité à moyen et long terme d'une
cohabitation de fait entre plateforme électorale du Président et
celle de son prédécesseur, et sur le message envoyé aux
congolais quant à leurs aspirations démocratiques et les moyens
d'accéder au pouvoir politique en RDC.
Espérées puis reportées plusieurs fois,
les électionsgénérales congolaises ont finalement
été tenues le 30 Décembre 2018, deux ans après la
fin du mandat officiel de Joseph KABILA. Trois scrutins ont été
organisés : les électionsprésidentielles (à un
tour) et les électionslégislatives nationales et provinciales.
Les députés provinciaux élus ont à leur tour
désigné les sénateurs et gouverneurs des provinces lors
des élections organisées les 14 Mars et 10 Avril 2019.
Justifié par des menaces sécuritaires ou sanitaires (liées
au virus à EBOLA), la commission nationale indépendante a
reporté la tenue des scrutins dans trois villes importantes du
pays : Beni, Butembo et Yumbi. Dans ces villes, les élections se
sont finalement déroulées le 31 Mars 2019, à l'exception
du scrutin présidentiel qui a été simplement
supprimé.
En dépit d'obstacles préélectorales et
d'irrégularités, de violences ou restrictions du droit de vote le
jour du scrutin, les congolais se sont largement déplacés pour
voter (taux de participation de 47,56%) 64(*)le glissement du calendrier et la perspective d'un
changement post Kabila ont contribué à la ferveur
électorale congolaise malgré la menace
généralisée au tour du processus. Des files d'attentes se
sont même formés dans certaines villes où les
élections avaient été reportées, certains
souhaitant exprimer leur vote, même symboliquement. Annoncés par
la CENI le 10 Janvier 2019 puis validé par la cour constitutionnelle 10
jours plus tard, les résultats consacrent une double victoire politique.
Victoire historique pour le candidat de l'opposition Félix TSHISEKDI,
qui devient Président de la République avec 38% des voix contre
34% pour Martin FAYULU et 23% pour le candidat du FCC, Emmanuel RAMAZANI
SHADARY.
Victoire aussi paradoxalement, pour le FCC qui remporte une
grande majorité des sièges à la fois au niveau national et
provincial. En effet, la coalition de Joseph KABILA a obtenu 341 sièges
sur les 500 de l'Assemblée nationale, contre 104 pour la coalition
portée par Martin FAYULU et seulement 47 pour la coalition du
Président élu.65(*)Cesrésultats ont logiquement permis au FCC de
prendre le contrôle de l'Assemblée nationale, du Sénat, des
Assemblées provinciales ainsi des gouvernorats ; c'est donc un
raz-de-marée électoral pour les partisans de Joseph KABILA.
3.2.1. LE VOTE ET LES ARRANGEMENTS POLITIQUES
Cette double victoire est néanmoinssurprenante
plusieurs égards. D'abord, elle suggère qu'une grande partie de
la population ait voté (le même jour) pour une coalition
différente au scrutin présidentiel et au scrutin
législatif. En effet, si la coalition de TSHISEKDI a obtenu 38% des voix
à l'électionprésidentielle, elle n'a obtenu que 9% des
sièges au parlement national tandis que le FCC a obtenu 68% des
mêmesièges pour seulement 23% des voix à
l'électionprésidentielle. L'ampleur de la différence entre
les deux votes engendre certaines interrogations quant à la
véracité des résultats annoncés.
Ensuite car les résultats de
l'électionprésidentielle publiés par la CENI contredisent
à la fois les données obtenues par les 40.000 observateurs de la
CENCO portant sur 43% des votes mais aussi celles issues d'une fuite de la base
de données de la CENI portant sur 83% de ceux-ci. Ces deux sources
révèlent que le gagnant serait en fait Martin FAYULU, avec 59%
des voix selon les données de la CNCO et 62% selon celles fuitant de la
CENI. Félix TSHISEKEDI n'aurait lui obtenu qu'entre 15% selon la CNCO et
19% des voix selon la fuite de la CENI et Emmanuel RAMAZANI environ 18%. La
corrélation quasi-parfaite entre les résultats issus de ces deux
sources ainsi que l'analyse de leurs données respectives par des experts
indépendantes laissent peu de doute quant à une véritable
victoire de TSHISEKEDI par les urnes et par là, quant à
l'exactitude de l'ensemble des résultats annoncés par la
CENI.66(*)
Enfin, la CENI n'a publié aucun
résultatdétaillé des élections, en contradiction
avec son obligation légale. Alors que la commission électorale
aurait pu facilement lever tout soupçon en publiant les résultats
par bureau de vote et centre de compilation, elle s'est limitée à
l'annonce des voix obtenues par les trois principaux candidats à
l'électionprésidentielle et les noms des
députésélus. Aucune vérificationindépendante
n'est possible sur cette base, ce qui accentue encore la suspicion autour de
l'authenticité des résultats publiés. Par ailleurs,
l'exclusion de Beni, Butembo et Yumbi du vote à
l'électionprésidentielle renforce encore le doute sur la
réelle volonté de la CENI d'assurer que le vainqueur soit celui
issu du vote populaire.
En effet, le vote dans ces circonscriptions aurait pu modifier
l'ordre des vainqueurs, la différence officielle du nombre de voix entre
TSHISEKEDI et FAYULU n'étant que d'environ 680.000 alors que le nombre
d'électeurs y était de près du double. Si les
résultats annoncés ne correspondent pas à la
réalité des urnes, de quoi sont-ils le fruit ?
L'explication de cette dissonance semble se trouver dans un accord
trouvé entre les camps de KABILA et du tandem TSHISEKEDI /KAMERHE. Cet
accord pour une transition pacifique et une gestion commune du pays à
travers une coalition gouvernementale serait donc la conclusion de tractations
autour de deux éléments clés : le transfert de la
présidence au-delà du cercle Kabila et les garanties pouvant
être apportées à celui-ci pour ne pas s'y opposer.67(*)Autrement dit, le processus
électoral n'aurait été que la façadederrière
laquelle la gestion du pays se négociait par arrangement politiques et
hors de tout contrôle démocratique, avec pour conséquence
la construction de résultatsélectoraux en fonction du compromis
trouvé. En ce sens, le processus électoral congolais constitue
une défaitedémocratique, le choix des urnes n'ayant
été respecté.68(*) Cette défaite semble ainsi être le prix
de l'accès au pouvoir pour les uns et celui du maintien au pouvoir pour
les autres.
3.2.2. REACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE PAR RAPPORT
AUX ELECTIONS DE DECEMBRE 2018 EN RDC
En apparence inacceptable d'un point de vue
démocratique, le compromis proposé par les camps
Kabila-Tshisekedi a cependant été accepté par la
communauté internationale, notamment africaine et occidentale, tous
connaissent, voir reconnaissent, la manipulationélectorale et certaines
voix se sont mêmeélevées pour demander le respect de la
vérité des urnes entre le moment de l'élection et celui de
la validation des résultats par la cour constitutionnelle.69(*)
C'est le cas par exemple de la communauté de
développement de l'Afrique Australe (SADC) qui avait appelé
à un recomptage des voix ou de l'Union africaine qui avait
demandé la suspension de l'annonce des résultats et l'envoi d'une
délégation à Kinshasa. Néanmoins et après
plusieurs revirements, peu, voire aucun membre de cette communauté
internationale, ne reconnait aujourd'hui d'autres résultats que ceux
annoncés par la CENI. Par exemple, si le gouvernement américain a
sanctionné une série de personnes liées au processus
électoral, notamment pour avoir réussi à faire en sorte
que le vote reflète la volonté du peuple congolais, le pays
reconnait néanmoins le Président TSHISEKEDI, qui a
effectué une visite d'Etat aux Etas unis d'Amériquedébut
Avril 2019.70(*)
Les revirements et l'ambiguïté de la
communauté régionale et internationale occidentale autour du
processus électoral est largement le produit d'une peur de
l'instabilité et des violences potentielles qui résulteraient
d'un positionnement alternatif. De plus, largement dubitative sur la
possibilité d'un succèsdu processus électoral. Cette
communauté internationale comme la plupart des commentateurs et experts
n'avaient que peu d'espoir qu'un autre candidat que celui choisi par KABILA
puisse êtreélu. Cette anticipation de l'échec à
faciliter l'acceptation d'une alternance qui, si elle n'est pas
démocratique, a le mérite d'en avoir les apparences et de
s'êtredéroulée sans explosions de violence.
En filigrane de cette acceptation se dessine également
une forme de résignation vis-vis de la RDC : « ce
n'est peut-être pas une vraie alternance démocratique mais ce
n'est déjà pas si mal. »comme l'a exprimé
le Ministre Français des affaires étrangères, Jean-Yves LE
DRIAN, et d'ajouter « l'élection s'est achevée
finalement par une espèce de compromis à l'africaine
(...) Monsieur TSHISEKEDI est devenu Président dans une
configuration trèsparticulière et propre à la
RDC ».71(*) Ce
propos et la forme de condescendance qu'il laisse transparaitre contribue aussi
à un afro-pessimisme essentialisant ce qui serait une incapacité
continentale à produire un
résultatélectoraldémocratique.
3.3. LES SCENARIOS DE LA COALITION FCC-CACH
Dans la déclaration finale lu par Jean-Marc KABUND,
chef de la délégation de CACH, les deux parties ont reconnu que
« le peule a accordé une large majorité au FCC
à l'Assemblée nationale, au Senat et aux Assemblées
provinciales ». Elles justifient cet accord par disent-elles,
leur patriotisme et cela « tenant à prévenir des
crises politiques qui en cas de cohabitation pourrait dans notre jeune
démocratie bloquer dangereusement le fonctionnement des institutions
nationales et provinciales, réduisant à néant les chances
de rencontrer les aspirations légitimes de notre peuple
(...) »72(*)
Les quatre points principaux de la conclusion de ces longues
négociations sont : l'effectivité de la coalition FCC-CACH
pour gouverner ensemble, l'adoption d'un programme commun de gouvernement, la
mise en place d'un gouvernement de coalition et en fin la mise sur pied d'un
comité de suivi de la mise en oeuvre d'un accord de suivi de la dite
coalition.
Hormis le Premier ministre, le gouvernement comprendra 65
membres dont 48 Ministres et 17 vice-ministres. La famille politique de
Félix TSHISEKEDI a droit à 23 postes et le FCC va s'adjuger 42
autres restants.
Dans cette section, nous allons analyser les rapports qui
caractérisent cette coalition inédite et démontrer les
causes et effets de cette dernière dans la gestion de l'Etat.
3.3.1. LA COALITION FCC-CACH DUO OU DUEL
La majorité des congolais ne croit pas à une
coalition fonctionnelle et encore plus rares sont ceux qui croient à une
coalition fonctionnelle et durable. D'une part, les conditions d'une coalition
fonctionnelle ne sont pas réunies (respect des prérogatives
constitutionnelles de chacun et entente sur un socle minimal d'objectifs
communs) ; d'autre part, l'asymétrie du rapport de force pourrait
jouer en défaveur du Président TSHISEKEDI et risque de
l'empêcher d'incarner la volonté de rupture de la population avec
le régime précèdent. D'autant plus qu'il n'avait toujours
pas encore résolu la problématique de la formation d'un nouveau
gouvernement après plus de quatre mois de coalition, le couple FCC-CACH
subissait ses premiers couacs : mauvaise odeur, spectacle désolant,
violences, casses et autres actes de vandalisme, discours acérés,
quolibets et autres injures à la limite de la déraison,
réactions musclées et disproportionnées. Même s'il
n'est pas encore au point de bénéficier d'un certificat de
divorce en dépit de demandes et menaces sans succès de la base de
l'UDPS, la tension observée depuis le début de cette coalition,
fait, néanmoins, dire aux analystes indépendants que cette
coalition est sérieusement bousculée. Et qu'à la
prochaine, si des dispositions appropriées ne sont pas prises, le pire
est à craindre. D'où des appels se multiplient pour appeler
KABILA et TSHISEKEDI à inviter à leurs partisans au calme. Car,
en effet, la gestion consensuelle du pays vers son redécollage tant
souhaité par tous les congolais est de loin plus importante pour le
salut public que la propension à se laisser entrainer sur le chemin
ténébreux des conflits postélectoraux aux effets
déchirant.
Selon Martin MULUMBA, « la coalition entre FCC
et CACH au pouvoir semblait être un moindre mal pour sortir le pays de
l'agitation politique au lendemain d'un processus électoral
controversé. Mais quelques mois ont suffi pour constater que ce qui est
souvent présenté comme un duo, résultat de la
volonté du peuple congolais, s'avère être un
véritable duel entre les deux alliés73(*) ». Non
seulement cette alliance est fondée sur une méfiance
réciproque de ses acteurs, mais elle révèle aussi, par
leur comportement, qu'elle est totalement dépourvue d'un objectif
commun, ce qui constitue un caillou dans les chaussures présidentielles.
Car, s'il est vrai que les partisans de Félix TSHISEKEDI se battent pour
la réussite du quinquennat, on constate que les membres du FCC de Joseph
KABILA s'organisent sérieusement pour reconquérir le pouvoir en
2023, un combat logique en démocratie, mais qui ne rend pas la
tâche facile à Félix TSHISEKEDI, minoritaire dans les deux
chambres du parlement. Celui-ci s'est-il tiré une balle dans le pied en
faisant le choix d'une coalition au lieu d'une cohabitation ? Cette
situation d'un président venant de l'opposition et d'une majorité
parlementaire acquise au Président sortant alors que les deux
élections avaient eu lieu le même jour reflète-t-elle
réellement la volonté du peuple congolais ou s'agit-il seulement
des conséquences d'une commission électorale dépourvue de
toute indépendance ?
3.3.2. DEMONSTRATION DES FORCES AU SEIN DE LA COALITION
FCC-CACH
Les évènements à Kinshasa et Lubumbashi
ont donné des chaudes sueurs aux cadres de la coalition FCC-CACH qui,
apparemment, se sont montrés impuissant.
Militants et combattants répondant aux ordres des
tireurs des ficelles, tapis dans l'ombre, ont lâché leur
colère pour se déverser massivement dans la rue. Et au solde de
tout compte, l'on note qu'à leur passage, des sièges des partis
politiques, à l'instar du PPRD, de l'ARC originale de Charles NAWEJ ont
été totalement détruits. Dans les deux familles politiques
(FCC et CACH) l'on se rejette mutuellement la responsabilité de ces
actes aussi bien ignominieux qu'infâmes. Juste en face, du
côté de LAMUKA, FAYULU, jouant à la
récupération, a trouvé de l'eau à porter à
son moulin pour se relancer sur le combat pour la vérité des
urnes.
Lors des meetings populaires, le premier
vice-président de l'Assemblée nationale et président en
intérim du parti présidentiel, Jean-Marc KABUND, affirme devant
les militants de l'UDPS que les cadres du FCC monteraient des stratégies
pour empêcher Félix TSHISEKEDI de réussir son quinquennat.
Le Président de l'UDPS ajoute qu'il existe une réelle crise de
confiance au sein de ladite coalition. KABUND avait non seulement accusé
le FCC de ne pas être sincère envers eux, mais avait aussi promis
aux militants de lancer un mot d'ordre dans les prochains jours si ces
manoeuvres continuent car il ne voulait pas voir les caciques du FCC traverser
le fleuve Congo par la nage menaçait le maitre-nageur. Les partisans de
joseph KABILA condamnent cette provocation d'un proche de Félix
TSHISEKEDI ; ils accusent Jean-Marc KABUND d'une arrogance
injustifiée et de non-respect d'un accord de paix, tout en promettant
à leur tour des actions s'il n'était pas sanctionné par
CACH.
Voilà le décor planté pour un
véritable duel institutionnel et une preuve de la fragilité de
cette alliance politique, que certains avaient qualifiée de contre
nature.
Fallait-il éviter le piège de la coalition et
accepter une cohabitation pour être indépendant, voire même
un arbitre impartial qui incarne le destin de la nation ? Sans
majorité propre au parlement, le nouveau Président n'était
pas dans une situation favorable. Deux choix s'offraient à lui.
Soit une cohabitation : de captation (tenu par ses engagements secrets
avec Joseph KABILA, le Président TSHISEKEDI est progressivement
étouffé par le clan Kabila, n'a aucune marge de manoeuvre et est
réduit à un roi sans royaume. Il mène une politique qui ne
heurte pas les fondamentaux du pouvoir du clan Kabila et est
discrédité dans l'opinion publique congolaise) ou une
cohabitation pacifique (chacun se contente de son espace de pouvoir et respecte
les engagements pris envers l'autre camp. Les deux camps trouvent un
équilibre politique et la cohabitation se déroule sans accroc
majeur jusqu'à la prochaine élection.) Ou une cohabitation
guerre-de-tranchée (chacun essaie de rogner progressivement l'espace de
pouvoir de l'autre camp et tente de bloquer ses initiatives. La cohabitation
devient une négociation pérennante et une longue série de
batailles juridico-constitutionnelles sur les limites du pouvoir
exécutif et législatif. Ces luttes interinstitutionnelles
bloquent les réformes nécessaires pour faire avancer le pays et
améliorer les conditions de vie de la population. La cohabitation se
traduit par l'inertie gouvernementale mais va jusqu'à son terme
électoral.) Ou une cohabitation belliqueuse (chacun essaie de
déstabiliser l'autre grâce à des manoeuvres politiciennes
et des coups tordus : motions de défiances, dissolution de
l'Assemblée nationale, etc. la cohabitation se transforme en une
série de crises politiques qui accroissent le risque politique, bloquent
les réformes nécessaires et peuvent aboutir à
l'interruption du mandat présidentiel et/ou à des nouvelles
élections législatives en cas de dissolution de
l'Assemblée nationale.), soit une coalition avec le Président
sortant. Aujourd'hui, on constate que Félix TSHISEKEDI se retrouve
devant un fait accompli. Il lui faut un courage exceptionnel et une main qui ne
tremble pas pour surmonter ce qui apparait comme un obstacle sur son chemin de
la construction de l'Etat de droit. Peut-il avoir ce courage et le
déclic qui lui permettront de faire de l'année 2023
réellement celle de l'action et sortir de toutes les promesses qui
risquent de faire de lui un père Noël à la recherche d'un
traineau ? D'autant plus que l'année 2020 dite de l'action
s'avère être une année des illusions suite à la
crise sanitaire humanitaire due à l'intrusion de la pandémie de
Coronavirus, la saga judicaire due au détournement de deniers publics
lié au programme d'urgence de ses 100 premiers jours initié par
lui et qui a occasionné l'arrestation de son allié et bras droit
Vital KAMERHE et les crise institutionnelles entre le pouvoir judiciaire et
législatif.
Avec une majorité parlementaire qui joue pas
clairement le jeu, il sera difficile mais pas impossible au Président de
construire l'Etat de droit qu'il ne cesse de promettre, car bien que
déterminé, on ne voit pas comment le chef de l'Etat congolais va
faire accepter certaines choses à ceux qui s'organisent
déjà pour reconquérir le pouvoir et qui ne souhaitent pas
voir leur conquérant muni d'un bilan défendable.
3.3.3. LA DISSOLUTION DU PARLEMENT EST-ELLE UNE
SOLUTION POUR DISSOUDRE LA COALITION ?
Même s'il est vrai qu'il s'agit d'une
expérience inédite en République démocratique du
Congo et qu'il faut du temps pour que les habitudes prennent ou que la
confiance s'installe, il est aussi vrai qu'avec deux alliés qui se
combattent sans se le dire en face, le Président TSHISEKEDI risque de
terminer son quinquennat avec un bilan de seules promesses, ce qui ferait de sa
vision du « peuple d'abord » un simple slogan sans
lendemain.
En politique, la bonne foi se prouve et ne se présume
pas.74(*) Les propos tenus
et comportement affiché par les membres de la coalition FCC-CACH
démontrent clairement que cette alliance est dépourvue de toute
fondement solide et qu'il est difficile d'en espérer grand-chose. Selon
la constitution congolaise, le chef de l'Etat peut dissoudre l'Assemblée
nationale à la condition qu'il existe une crise persistante entre le
gouvernement et le parlement, une crise que le FCC ne peut se permettre
d'offrir à Félix TSHISEKEDI dans le contexte actuel, où
des législatives anticipées risqueraient de réveiller la
colère populaire qui était palpable en 2018. Mais quand on sait
qu'en politique, une crise peut facilement être fabriquée dans un
laboratoire, il y a lieu de prendre au sérieux les menaces de Jean-Marc
KABUND et de s'attendre à de véritables actions, promis par le
Président lors de son discours face aux congolais de la diaspora
à Londres bien que le déclanchement de cette arme est possible
qu'avec le courage exceptionnel de Félix TSHISEKEDI.
3.3.4. L'ESPOIR D'UN CHANGEMENT DU CLIMAT POLITIQUE ET
SOCIAL
L'avènement du Président
TSHISEKEDI a déjà changé le climat du régime. Apres
deux années de tension politique (le glissement de 2016 à 2018)
qui ont pesé sur la population, le climat
politico-sécuritairedétente pendant la première
année est à la détente: libération de prisonniers
politiques, comportement moins abusif des forces de sécurité,
liberté d'expression et de réunion de Martin FAYULU qui, bien
qu'il fasse maintenant figure de l'opposition remet en cause les
résultats électoraux, peut se déplacer librement en RDC et
s'exprimer à la télévision publique, la RTNC. Par contre
pendant la deuxième année soit en 2020, dans un rapport
publié le 22 Juillet 2020, HumanRights Watch (HRW) révèle
une restriction croissante des droits de l'homme en RDC. Cette organisation de
défense des droits de l'homme note que les autorités congolaises
ont réprimés des détracteurs pacifiques, des journalistes
et des membres de partis politiques, tout en utilisant les mesures de
l'état d'urgences sanitaire mises en place en raison de la
pandémie de Covid-19 comme prétexte pour limiter les
manifestations. Des dizaines de personnes ayant critiqué les politiques
du gouvernement, y compris sur les réseaux sociaux, ont fait l'objet
d'intimidations et de menaces, d'arrestations, et dans certains cas, de
poursuites judiciaires75(*). Le président a aussi pris certaines
décisions pour affirmer son autorité comme la mise à
l'écart du chef de l'ANR (KALEV MUTOND), des nominations dans les
renseignements militaires (la DEMIAP) et l'annonce de premières
sanctions pour corruption contre des membres du régime
précèdent : suspension du Ministre des affaires
foncières, suspension de plusieurs directeurs généraux
d'entreprises publiques, installations d'une commission dénommée
Etienne TSHISEKEDI chargée d'enquêter sur les spoliations76(*). De plus, le Président
mène une diplomatie opposée à celle de KABILA. Alors que
ce dernier avait isolé la République démocratique du Congo
ces dernières années tant à l'égard des
gouvernements américain, européens qu'africains, le nouveau
Président s'efforce de renouer les liens et effectue de nombreux voyages
à l'étranger. Il songe à jouer les médiateurs dans
la crise Ougando-rwandaise, entame une politique de détente avec Paul
KAGAME qui avait voulu remettre en cause son élection (visite
à Kigali et ouverture réciproque de liaisons aériennes) et
prend publiquement le contre-pied de joseph KABILA sur plusieurs dossiers
notamment la MONUSCO dont il souhaite le maintien.
Contrairement à ce qu'il avait annoncé, il n'y
a pas eu de nomination d'un informateur pour identifier la majorité
parlementaire et former le gouvernement. Prévu par l'article 78 de la
constitution, l'informateur peut être nommé par le
Président afin d'identifier la majorité parlementaire dont doit
être issu le Premier ministre. Or le FCC a fait valoir qu'il constitue la
majorité parlementaire avec 330 députés et qu'en
conséquence le poste de Premier ministre lui revient de droit. La
formation du gouvernement est prise en otage par le FCC qui propose des noms du
Premier ministre au Président. Cependant, le FCC n'a pas obtenu gain de
cause en ce qui concerne la nomination du Premier ministre, Felix TSHISEKEDI
ayant refusé aux moins deux fois les noms qui lui ont été
soumis. Le temps que prendront les négociations postélectorales
pour la formation du gouvernement était en soi un indicateur du rapport
de force.
Les deux élections indirectes (les sénatoriales
et l'élection de gouverneur) qui font suite aux élections
directes marquent la première véritable défaite de
TSHISEKEDI. A la suite de la révélation de l'achat des votes pour
les sénatoriales et face au mécontentement des militants de
l'UDPS, il a bloqué l'installation des sénateurs, reporté
l'élection des gouverneurs et lancé une enquête pour
corruption. Ce faisant, il a donné l'impression de vouloir éviter
un Sénat ultra-dominé par le FCC. Finalement, le président
a dû se résoudre à autoriser leur installation,
officiellement pour respecter les délais constitutionnels et il n'est
donc pas parvenu à bloquer l'élection corrompue des
sénateurs.
L'élection des gouverneurs est aussi une nouvelle
démonstration de force du FCC. Alors que les élections des
seconds tours restent à organiser dans plusieurs provinces (Nord-Kivu,
Mai-ndombe, Sankuru, Sud-ubangi, etc.) le FCC remportait au début
d'avril 2019, 17 gouvernorats sur 26 dès le premier tour, la plate-forme
du PrésidentCACH n'obtenant au premier tour qu'un seul gouvernorat,
celui de la province du Kasaï-Oriental. Les gouvernorats
stratégiques de la capitale, Kinshasa, et du Kongo central reviennent au
FCC alors que l'élection directe de leurs assemblées provinciales
avait été remportée par l'opposition dans ces deux
provinces, les élections indirectes consacrent l'inversion
complète des élections directes : ceux que les
élections ont mis au pouvoir ont, sans changer de parti, voté en
faveur du FCC.77(*) Par
ailleurs, le FCC a eu l'intelligence de changer les visages et de ne pas
recycler les Ministres du gouvernement précèdent. En effet, mis
à part Zoé KABILA qui devient Gouverneur du Tanganyika, il n'y a
pas de grandes figures du clan Kabila parmi les gouverneurs.
CHAP. IV : IMPACT DE LA COALITION FCC-CACH DANS LA
GESTION DE L'ETAT
Comme nous l'avons souligné dans le chapitre
précèdent, les élections de décembre 2018 n'ont pas
été inédites uniquement parce qu'elles ont donné
lieu à la première alternance pacifique au sommet de l'Etat, mais
aussi parce qu'elles ont créé une situation rare dans l'histoire
politique de la République démocratique du Congo : la
coalition de gouvernance communeentre deux protagonistes.
Ce chapitre, se propose donc dedémontrer l'impact de
la coalition au pouvoir sur la gestion de l'Etatnotamment sur les plans
sociale, économique, politique, sécuritaireet enfin d'identifier
les différentes crises causées par les alliés au
pouvoir.
4.1. DES ATTENTES SUR LE NOUVEAU REGIME
Après dix-huit années de
présidence de KABILA, l'avènement d'un nouveau Président
issu de l'opposition suscite de fortes attentes de la part de nombreux
acteurs ; ce qui ouvre à la fois des opportunités tout en
impliquant des contraintes pour le Président Félix TSHISEKEDI.
4.1.1. ATTENTES DE LA POPULATION CONGOLAISE
Comme nous l'avons évoqué dans
l'une de nos hypothèses, les attentes de la population qui a voté
pour la rupture avec le régime Kabila sont à la hauteur des
frustrations populaires dans l'un des pays les plus pauvres du monde où
le gouvernement s'est désengagé des services sociaux de base
depuis plusieurs décennies. Loin de s'améliorer ces
dernières années, les indicateurs humanitaires
révèlent l'ampleur des maux qui frappent la population
congolaise : insécurité ( le nombre de
déplacés avoisine les 5 millions de personnes) , pauvreté
massive (87,7% de la population vit sous le seuil de pauvreté),
malnutrition (le nombre de congolais en situation d'insécurité
alimentaire est passé de 7 à 13 millions de 2016 à 2018 et
la malnutrition aiguë concerne 4,9 millions d'enfants de moins de 5
ans78(*) déficit
d'accès aux soins (plusieurs foyers épidermiques :
choléra, rougeole, Ebola dans une zone à forte densité de
population.79(*)) Par
rapport aux autres épidémies d'Ebola qui ont éclaté
en RDC, celle qui frappe depuis août 2018 et la malnutrition dans le
Nord-Kivu (territoire de Beni/Butembo) a deux particularités : elle
se déroule dans une zone de forte densité humaine, elle menace
35% des mines d'or de la RDC et peut facilement devenir une
épidémie régionale.80(*)
Ces attentes concernent la situation socio-économique
et la justice. Les organisations de femmes demandent la parité au sein
du gouvernement ; les organisations de défense des droits de
l'homme attendent un grand renouvellement dans la magistrature et les services
de sécurité et insistent pour que soient exhumés les
crimes du régime Kabila (massacre de Bundudia Kongo en 2007, meurtre de
Floribert CHEBEYA le leader de l'ONG voix de sans voix, répression dans
le Kasaï contre KAMWINA NSAPU en 2016, etc.) Lors du rassemblement au
stade de martyrs de Kinshasa le 24 mars 2019, la foule a même
réclamé l'arrestation de Joseph KABILA. Les mouvements citoyens
attendent un gouvernement qui soit enfin redevable à la population et se
concentre sur le développement du pays tandis que les organisations de
lutte contre la corruption envoient des dossiers à la présidence
afin que des poursuites soient lancées. La ligue congolaise de lutte
contre la corruption (LICOCO) a par exemple, demandé au Président
d'enquêter sur le détournement de la redevance logistique
terrestre censée financer la réhabilitation du réseau
ferroviaire entre Matadi et Kinshasa. Cette taxe a généré
53 millions de dollars américain de 2013 à 2016 au profit de la
société congolaise des transports et ports mais aucune
véritable amélioration du réseau ferroviaire n'a eu
lieu.81(*)
Les revendications socio-économiques s'exprimaient
déjà à Kinshasa : grève de l'entreprise de
transport de bus Transco, manifestations des employés du commerce
dominé par les compagnies libanaises et indo-pakistanais, discussions
sur les arriérés de paiement des fonctionnaires, etc. alors que
la capitale reste sensible aux éventuelles turbulences sociales, en
province la demande de développement est particulièrement
forte.
Conscient du haut degré de frustration sociale, le
Président a présenté le 02 mars 2019 un programme de
travaux d'urgences à exécuter pendant les 100 premiers jours de
son mandat (essentiellement des travaux de construction, réhabilitation
de routes et d'électrification). Les bailleurs ont été
sollicités pour lancer des travaux à forte visibilité et
à impact rapide à Kinshasa. Le Président s'efforce de tuer
dans l'oeuf tout mouvement de contestation sociale (déblocage des fonds
pour les chauffeurs de Transco, pour les policiers non payés etc.) et
multiplie les promesses (par exemple l'amélioration de la condition de
vie des policiers et militaires et de leurs familles lors de sa visite du grand
camp militaire de Kinshasa, le camp TSHATSHI.82(*)
4.1.2. ATTENTES DU PARTI PRESIDENTIEL
Au sein du parti du Président, la
compétition pour les postes est intense. Apres plus de 30 ans de combat
politique, l'UDPS accède enfin à la magistrature suprême,
ce qui suscite des attentes de promotion considérables. Le cabinet du
Président serait assiégé par les membres de l'UDPS qui
demandent des faveurs présidentielles. La course aux postes est d'autant
plus intense que la diaspora de l'UDPS a cotisé pour cette campagne
électorale et est revenue à Kinshasa depuis l'élection.
Beaucoup de cadres et leurs familles avaient pris le chemin de l'exil à
l'époque de MOBUTU puis à l'époque de Joseph KABILA. De
retour ils comptent bien faire fructifier leur exil.
4.1.3. ATTENTES DES GROUPES ARMES
Alors que le régime Kabila avait fermé la porte
de l'intégration après la crise du M23, beaucoup de groupes
armés espèrent une nouvelle vague d'intégration dans
l'armée. Prenant acte de l'alternance présidentielle, plusieurs
d'entre eux (en particulier les Mai-Mai) ont annoncé renoncer aux armes
pendant le premier trimestre du nouveau régime.83(*) Le dernier chef milice
à exprimer sa disponibilité pour être intégré
est Guidon SHIMIRAY du NDC-Rénové. Une partie de la
rhétorique politique des Mai-Mai faisait de Joseph KABILA un
étranger complice du Rwanda, ce qui justifiait leur mobilisation
auprès de la population des zones rurales des Kivu. De plus, en raison
du glissement électoral de 2016 à 2018, il y avait eu au Sud-Kivu
la volonté de former une coalition Mai-Mai anti-Kabila.84(*) Les Mai-Mai ne peuvent
remettre en cause l'origine congolaise de Félix TSHISEKEDI tandis que
les miliciens de KamwinaNsapu accueillent favorablement l'élection d'un
enfant du pays, c'est-à-dire un Kasaien. Il bénéficie donc
d'un apriori positif auprès de ces deux catégories de groupes
armés. Il reste à savoir s'il est prêt à ouvrir les
portes de l'armée à ces derniers, notamment les Mai-Mai qui sont
habitués à marchander leur bonne volonté, exigent des
grades élevés et n'en sont de toute manière pas à
leur première intégration dans les FARDC.
4.1.4. ATTENTES DES ENTREPRISES OCCIDENTALES
Le secteur privé anglo-saxon et
européen souhaite la fin du diktat du duo KABILA-GERTLER sur les
affaires.85(*) La fin du
partenariat obligatoire avec la famille Kabila pour les entreprises qui
s'implantent et la fin du harcèlement fiscal et administratif sont leurs
principales demandes. A l'inverse des sociétés asiatiques, les
entreprises européennes ne peuvent pas travailler selon les standards
locaux. De ce fait, elles ne sont pas compétitives sur le marché
congolais où la concurrence avec la chine et d'autres
paysémergents (Inde, Turquie, Corée du sud, etc.) est
intense.86(*) Par
ailleurs, avec la fin de la gouvernance prédatrice du clan Kabila, elles
espèrent un regain de confiance des bailleurs internationaux et le
lancement de grands travaux d'infrastructures sur financement international.
Les entreprises du secteur minier, secteur qui reste le
pilier de l'économie congolaise ont une revendication très
spécifique : la remise en cause du nouveau code minier. Joseph
KABILA a promulgué au début de 2018 un nouveau code qui a
fortement augmenté le niveau de taxation des entreprises minières
et a conduit à une hausse de 97% des recettes budgétaires
liées au secteur minier de 2017 à 2018.87(*) Ce dernier coup du
régime Kabila lui a valu l'animosité de grands groupes miniers
qui ont gelé certains investissements et souhaitent voir ces
dispositions abrogées.88(*) Toutefois la taxation des entreprises minières
est une mesure populaire dans l'opinion publique congolaise ; d'autre part
le Président serait contraint d'obtenir le soutien d'un parlement
dominé par le FCC. En voulant la remettre en cause, le gouvernement se
mettrait en porte-à-faux par rapport à l'opinion publique et
offrirait au FCC une opportunité de l'attaquer publiquement sur un sujet
sensible. La demande de révision du code par le secteur minier ne
saurait aboutir en tant que telle mais, par contre, des concessions de nature
réglementaire sont possibles dans le cadre d'arrangement à
l'amiable. Les assauts d'amabilité entre Félix TSHISEKEDI et des
responsables de compagnies minières lors de son voyage aux Etats-Unis
semblent indiquer une telle éventualité.89(*) Par ailleurs, d'autres
entreprises qui ont des contentieux avec le régime
précédent espèrent pouvoir récupérer leurs
fonds et reprendre leurs activités en RDC.90(*)
4.2. QUELQUES CRISES CAUSEES PAR LA COALITION
FCC-CACH
4.2.1. DESIGNATION DU PREMIER MINISTRE
Félix TSHISEKEDI et Joseph KABILA
tentaient en vain de s'accorder sur le profil du nouveau chef du gouvernement,
censé incarner le changement et la rupture voulu par le nouveau
Président, ainsi que par la population et la communauté
internationale. C'est ainsi qu'après le désaccord sur Albert
YUMA, le 20 mai 2019 soit quatre mois après l'investiture de la nouvelle
présidence, Sylvestre ILUNGA ILUNKAMBA a été nommé
Premier ministre au terme d'âpres négociations entre le nouveau
Chef de l'Etat et son prédécesseur.
4.2.2. SORTIE DU GOUVERNEMENT
L'interminable feuilleton a pris fin le 26
août 2019 soit sept mois après l'investiture du Président
Félix TSHISEKEDI. Après des mois de négociations entre le
CACH la coalition du président, et le FCC celle de son
prédécesseur, majoritaire à l'Assemblée, les deux
camps s'étaient initialement mis d'accord le 29 juillet 2019 sur une
répartition de 65 portefeuilles dont 42 postes reviendraient au FCC et
23 autres au CACH.
4.2.3. AFFAIRE ORDONNANCES SNCC ET GECAMINES BLOQUEES
Plus de dix ans après, la RDC connait la cohabitation
entre un président de la République élu au suffrage
universel direct mais sans majorité parlementaire. Les origines du
conflit sur l'exécution de ces deux ordonnances présidentielles
viennent de cette situation alambiquée. Le rapport de forces entre le
FCC et le CACH ne laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre au camp de
Félix TSHISEKEDI d'exiger beaucoup plus que ce qu'il a obtenu en ayant
opté une coalition qu'une cohabitation.
De façon laconique, en mai 2019, le
Président Félix TSHISEKEDI avait nommé un nouveau staff
dirigeant à la Gécamines et la Société Nationale de
Chemin de Fer (SNCC). Gabriel KYUNGU WA KUMWANZA et SAMA LUKONDE avaient
été nommés respectivement à la tête du
conseil d'administration de la SNCC et à la direction
générale de la très convoitée
Générale des carrières et mines (GECAMINES). Une toute
première en RDC où depuis l'avènement de la
troisième République par la constitution du 18 février
2006, l'on a aperçu qu'une ordonnance présidentielle
déjà publiée au journal officiel de la République
empêchée de sortir ses effets par le refus du ministre du
portefeuille de prendre un acte de notification par le simple fait que la
procédure de nomination de ces deux ordonnances aurait violé la
procédure de partage des postes entre alliés de la coalition au
pouvoir.
4.2.4. AFFAIRE CHARLES NAWEJ POUR OUTRAGE AU CHEF DE
L'ETAT
Pour une toute première fois dans
l'histoire politique de la République démocratique du Congo
depuis son accession à l'indépendance le 30 juin 1960, les
congolais ont assisté à une passation civilisée de pouvoir
entre deux Présidents vivants. Au-delà d'un
cérémoniel d'Etat, l'évènement avait charrié
une forte symbolique dans la vie démocratique du pays. Et même de
l'Afrique subsaharienne, très abonnée aux coups d'Etat.
Ainsi, depuis le 24 janvier 2019, les communautés
occidentale et africaine avaient changé leur façon de regarder la
RDC que d'aucuns considèrent, à tort ou à raison, comme un
pays politiquement immature. Cependant, il se trouve que la
célébration de l'alternance politique en RDC survient dans un
environnement très agité, sur fond de tension entre les deux
camps de la coalition au pouvoir. A savoir, le FCC du Président
honoraire Joseph KABILA et le CACH, plateforme chère au chef de l'Etat,
Félix TSHISEKEDI.
D'ores et déjà, la situation politique
postélectorale du pays empreinte d'un climat de morosité, est la
suite logique de fâcheux qui ont mis la tempête dans un verre d'eau
au courant du second semestre de l'année 2019. Le premier épisode
de la crise aura donc été la séquence du
député national membre du FCC Charles NAWEJ, accusé en
juin 2019, d'outrage contre le chef de l'Etat. Ce, à la suite des
nominations à la SNCC et la Gécamines.
L'on se souviendra que les propos « le Chef de
l'Etat a signé inconsciemment91(*) » du député national
Charles NAWEJ à la plénière de la chambre basse du 7 Juin
2019 sur les ordonnances du Chef de l'Etat portant nominations de mandataires
publics à la SNCC et la Gécamines, avaient créé de
très vive tensions et même des incidents entre les militants de
l'UDPS, parti au pouvoir, et ceux du PPRD de l'ancien Président Joseph
KABILA. Face à l'ampleur d'une situation qui a failli faire voler la
coalition en éclats, le député national auteur desdits
propos n'avaient pas hésité à faire amende honorable. En
témoigne sa déclaration faite le 15 juin 2019, dans laquelle
Charles NAWEJ avait exprimé « ses plus profonds
regrets » avant de solliciter l'indulgence du Président
de la République et de tout le peuple congolais suite au grave
malentendu né des propos tenus au sein de l'Assemblée nationale.
« Rien ni personne ne peut justifier une atteinte à la
plus haute instance de notre pays. C'est pourquoi, je regrette
sincèrement être à l'origine de cette entame dans notre
cohésion nationale, et réitère la demande de pardon de
notre nation92(*) » avait imploré Charles
NAWEJ.
4.2.5. MENACE SUR LA DISSOLUTION DE L'ASSEMBLEE
NATIONALE
Apres qu'on a surfé sur les
séquences rappelées ci-dessus, l'ironie de l'histoire atteste
que, cette fois-ci, le précèdent fâcheux est la
déclaration du Président de la République Félix
TSHISEKEDI, faite le 21 janvier 2020 devant la communauté congolaise
à Londres. Des déclarations qui ont suscité une
très vive polémique. Une controverse ambiante au point de
créer une tension entre les deux plateformes qui forment la
majorité parlementaire. Autrement dit, pour cette énième
séquence, c'est le chef de l'Etat Félix TSHISEKEDI qui se trouve
lui-même au coeur de la crise. Le Président avait brandi la menace
d'une dissolution de l'Assemblée nationale en cas de crise avec ses
partenaires. « Jusqu'à présent, je n'ai vu aucun
ministre s'opposer à mes décisions. Mais certains ministres me
disent qu'ils subissent des pressions » a déclaré
le président TSHISEKEDI. « En cas
d'obstruction », avait-il précisé
« je serai contraint, en fin de compte, de prendre la
décision de dissoudre l'Assemblée nationale.93(*) »
En réponse au Président de la République
qui a agité la veille la menace d'une dissolution de l'Assemblée,
la Présidente dudit organe Jeannine MABUNDA l'une de caciques du FCC de
Joseph KABILA, avait demandé « d'éviter les
malentendus et les risques de haute trahison ». La
Présidente de l'Assemblée nationale avait
révélé qu'elle avait abordé la question de la
dissolution lors d'un entretien-vérité avec le chef de l'Etat le
13 juin 2020, en présence du Président du Sénat, Alexis
THAMBWE MWAMBA, lui aussi issu du FCC. Tous deux ont rappelé au chef de
l'Etat qu'il ne peut y avoir dissolution selon la constitution qu'en cas de
crise persistante entre le gouvernement et la chambre basse du parlement, ce
qui pour l'heure n'est pas le cas.94(*)
4.2.6. EPISODE JEAN-MARC KABUND
Apres les propos de Charles NAWEJ en juin
2019, un autre incident survint cinq mois plus tard. Soit en novembre 2019. En
toile de fond, la destruction méchante et répréhensible
à Kinshasa et à Kolwezi, des sièges de deux principaux
partis politiques de la coalition, à savoir le PPRD et l'UDPS ainsi que
le déchirement des effigies de Félix TSHISEKEDI et de Joseph
KABILA dans les mêmes agglomérations.
On rappelle que lors de ce énième
épisode du clash au sein de la coalition FCC-CACH, le camp vexé
fût celui de Joseph KABILA, à la suite des propos de Jean-Marc
KABUND, président intérimaire de l'UDPS, élu premier
vice-président de l'Assemblée nationale. S'adressant le 12
novembre 2019 à la base de l'UDPS au siège national du parti,
Jean-Marc KABUND avaitdéclaré « je mets en garde
tout le monde, je ne vais intimider personne. Je parle à nos amis. Nous
sommes dans cette coalition de bonne foi. Regardez l'Angola. Est-ce que le
Président honoraire est là-bas ? Non. Suivez ce qui se passe
là-bas. Combien sont en prison ? Il y a également l'exemple
de l'Afrique du Sud. Est-ce queZuma n'a pas de problème avec la
justice ? C'est pour vous montrer notre bonne foi. Il ne faut pas que
certaines bêtises nous poussent à aller fouiner95(*) ». Des propos
qui auraient frustré les sociétaires du FCC. Pour ces derniers,
les déclarations de Président de l'UDPS étaient
dangereuses et de nature à compromettre de nombreux sacrifices dont la
coalition FCC-CACH la pierre angulaire. Tout en faisant remarquer à
Jean-Marc KABUND que ses propos étaient contraires au règlement
intérieur de l'Assemblée nationale, spécialement en son
article 121 alinéa 2 à 4. Les élus nationaux membres du
FCC avaient rappelé à ce dernier qu'il tenait son poste
grâce à l'existence de la coalition parlementaire FCC-CACH et au
vote majoritaire des députés du FCC.96(*)
L'annonce d'un congrès qui précipite la chute
du Président de l'UDPS de son poste de premier vice-président de
l'Assemblée nationale par le Président du Sénat Alexis
THAMBWE MWAMBA, parait comme un déclic qui ouvre à une crise
institutionnelle. C'est un préalable à la rupture de la coalition
au pouvoir qui a difficile à cohabiter. Le Président du
Sénat estime que le chef de l'Etat a violé la constitution de la
République en décrétant l'état d'urgence sanitaire.
Il affirme qu'il n'en pas été question au menu de leur entretien
avec le Président en mars 2020.97(*) Jean-Marc KABUND rétorque que le
Président Félix TSHISEKEDI leur avait parlé de sa
volonté de décréter l'état d'urgence sanitaire,
conformément à la possibilité que lui offre la
constitution, celle d'une simple concertation.
Du coup, c'est une levée de boucliers. Chaque camp
exhibe ses biceps, tout en brandissant la même constitution. THAMBWE
MWAMBA annonce la tenue du congrès, Gilbert KANKONDE vice-premier
ministre de l'intérieur s'invite au débat en annonçant la
fermeture provisoire du palais du peuple afin de faire respecter les mesures
d'urgences annoncées par le chef de l'Etat. Voilà un bras de fer
qui va faire des victimes.
Lors d'une émission sur Top Congo FM, Jean-Marc KABUND
a révélé que l'organisation d'un congrès
nécessite au moins sept millions de dollars américains. Des
affirmations qui auraient irrité son collègue Jean-Jacques MAMBA,
député du MLC de Jean-Pierre BEMBA. Celui-ci a exigé des
preuves qu'il n'a jamais obtenues, d'où la pétition qu'il a
initiée et qui a abouti à la destitution de Jean-Marc KABUND de
son poste de premier vice-président de l'Assemblée nationale.
Ainsi, une saga politico-judiciaire démarre. Dans son ordonnance sur la
requête de Jean-Marc KABUND, le conseil d'Etat avait décidé
la suspension de l'élection du successeur de Jean-Marc KABUND en
attendant l'arrêt de la cour constitutionnel. Les députés
voulant tenter de passer outre la décision du conseil d'Etat, avaient
été empêchés par la police d'accéder au
palais du peuple. Contre toute attente, la cour constitutionnelle
déclare la requête de Jean-Marc KABUND recevable mais non
fondée et confirme sa déchéance du poste de premier
vice-président de l'Assemblée nationale.
4.2.7. BRAS DE FER ENTRE L'ASSEMBLEE NATIONALE ET LA
JUSTICE
L'importance de la représentation nationale dans
toutes les démocraties ou dans les sociétés qui y aspirent
n'est pas discutable. L'Assemblée nationale peut contribuer sensiblement
à travers la production législative et le contrôle
parlementaire à l'amélioration de la qualité de vie dans
une société. En revanche, une Assemblée nationale qui ne
fait pas des préoccupations du peuple son souci majeur peut être
nocif par celui-ci. Comme le benzène ou le cadmium, deux des dix
produits chimique qui, selon l'OMS, posent un problème majeur de
santé publique (cancers, anémie, aplasique, etc.) la progression
de la troisième législature en République
démocratique du Congo ne semble pas différente de celles deux
toxiques susmentionnés (benzène et cadmium) dans le corps. Le
rapport coût-rendement de cette institution joint au budget de la
présidence et du gouvernement asphyxie sur les congolais. Les spectacles
auxquels l'on assiste depuis un moment à l'Assemblée nationale ne
sont pas de bon augure.98(*)
Censée représenté le peuple dans
l'exercice de sa souveraineté (article 5 de la constitution) et partager
avec le Sénat, l'exercice du pouvoir législatif (article 100 de
la constitution) la troisième législature de l'Assemblée
nationale majoritairement FCC donne l'impression de briller par un infantilisme
sidérant. En suivant les débats, prise de positions rixes au sein
de cette législature, on se rend vite compte que les
préoccupations majeures des Congolais ont été
sacrifiées sur l'autel des positionnements individuels, du partage du
pouvoir, des egos et de règlement des comptes politiques. C'est ce qui
peut expliquer l'opposition entre l'Assemblée nationale et le conseil
d'Etat qui après l'arrestation spectaculaire du député
national Jean-Jacques MAMBA, s'était vu dans l'obligation de
défendre à nouveau son indépendance face à la
justice autour d'une élection pour la succession de KABUND dont le
procureur général près la cour de cassation avait
réquisitionné la police pour faire respecter la décision
du conseil d'Etat de surseoir cette élection. Suite à ce qui
précède, nous pensons que le bras de fer entre la justice et
l'Assemblée nationale serait à la base de nouvelles
réformes proposées par les députés Aubin MINAKU et
Gary SAKATA tous du FCC, afin de renforcer le pouvoir d'injonction du ministre
de la justice, en lui permettant de sanctionner par mesures conservatoires les
magistrats et avoir une main mise sur les activités judicaires. Comme on
pouvait s'y attendre, ces propositions de lois ont donné lieu à
des protestations au sein de la magistrature et de la classe politique.
4.2.8. LA CHUTE DE VITAL KAMERHE
Grâce à une alliance
électorale avec Vital KAMERHE et son parti UNC, et au terme d'un
arrangement secret qui existerait avec le Président sortant Joseph
KABILA, le fils du défunt figure de proue de l'opposition Etienne
TSHIESEKEDI est proclamé gagnant du scrutin. Peu importe que l'autre
opposant, Martin FAYULU, revendique lui aussi la victoire et les observateurs
de l'Eglise catholique dénoncent une élection
truquée : la République démocratique du Congo tien
enfin son alternance pacifique, pour la première fois de son histoire
heurtée.
KAMERHE a été l'un des artisans de la
conquête. Cet ex-Kabiliste, ancien ministre et Président de
l'Assemblée nationale entre 2006 et 2009 puis candidat à la
présidentielle de 2011, a apporté son expérience et les
voix du bassin du Kivu, très peuplé, à Félix
TSHISEKEDI. Le duo a sillonné la RDC sans jamais se séparer. Les
termes de leur accord prévoient qu'en 2023, TSHISEKEDI devra lui rendre
la pareille et lui céder son fauteuil. En attendant, Vital KAMERHE est
l'un des seuls cadres de la coalition CACH à être familier des
rouages de l'administration congolaise. Il ne peut occuper le poste de premier
ministre, réservé au camp Kabila qui a raflé la
majorité des sièges à l'Assemblée. Il occupe donc
celui, stratégique, de directeur de cabinet de la présidence. Et
à ce titre, il pilote le programme des cent jours initié par le
chef de l'Etat, censé réaliser en urgence des grands travaux.
Mais hélas ! KAMERHE est soupçonné par la justice de
s'être personnellement enrichi au passage. C'est ainsi qu'au cours d'un
procès inédit dit de 100 jours, le bras droit de Félix
TSHISEKEDI sera condamné à 20 ans des travaux forcés pour
détournement de fonds publics et corruption.
Depuis son élection, le président TSHISEKEDI a
martelé sur tous les tons que la lutte contre la corruption était
sa priorité. Il pouvait difficilement brider les magistrats sur cette
affaire emblématique connaissant la politique à la congolaise.
Dans son discours à la nation la veille du soixantième
anniversaire de l'indépendance, le chef de l'Etat congolais a de
façon superficielle abordé le sujet du procès de 100 jours
qui d'après lui était une page tournée, sujet auquel il ne
s'est pas encore publiquement exprimé. Mais il semble, aux yeux de tous,
que Félix TSHISEKEDI a lâché son binôme. Pour quelle
raison ? Est-ce par calcul politique, afin de se débarrasser d'un
allié devenu trop encombrant ? S'agit-il d'un avertissement au camp
Kabila ? La condamnation de KAMERHE serait-elle une preuve pour prouver
aux Etats Unis sa ferme volonté de combattre la corruption comme ils
l'ont demandé ? Que des questions sans réponses. Ce qui nous
parait sur, ce que l'indépendance de la justice et la lutte contre la
corruption serait son mobil. Mais aussi, il nous parait judicieux de penser que
la mise à l'écart de KAMERHE ait été
téléguidée ou non, elle constitue un tsunami politique en
RDC car elle vient crédibiliser une grande partie du discours du
Président Félix TSHISEKEDI sur la lutte anticorruption et envoie
un message fort : personne n'est intouchable. Dans le bras de fer
invisible qui se joue entre l'ancien, toujours puissant, et la nouvelle
présidence, l'avertissement a du poids. En sacrifiant son
précieux partenaire de coalition, la présidence TSHISEKEDI
pourrait enfin gagner en autonomie ou se retrouver durement fragiliser.
4.2.9. LE CONTRESEING DES ORDONNANCES PORTANT NOMMINATIONS
AU SEIN DE L'ARMEE ET L'APPAREIL JUDICIAIRE
Apres l'épilogue TUNDA YA KASENDE, c'est
toujours la hache de guerre qui continue à être
déterrée entre le FCC et le CACH, les deux partenaires de la
coalition au pouvoir. Pour cette énième fois, la crise est
consécutive aux ordonnances du Président de la République
Felix TSHISEKEDI sur les nominations dans l'armée et la justice.
A ce sujet, le FCC et le CACH font deux lectures
diamétralement opposées sur la notion d'intérim et celle
de contreseing qui sont bien définies dans la constitution du 18
février 2006. Pour le CACH, plus particulièrement l'UDPS, le
parti politique du chef de l'Etat, la constitution est assez claire à ce
sujet, il n'y a pas de confusion possible à faire. L'article 90
alinéas 2 prescrit que l'intérim constitue la
délégation des pouvoirs, c'est-à-dire de toutes les
compétences, toutes sans exclusive de celui qui l'accorde.
L'intérimaire, dans ce cas précis dispose de tous les pouvoirs et
a donc un plein mandat. Une autre divergence de taille entre les deux
partenaires, c'est sur la notion de contreseing. Pour le CACH, le contreseing
a une portée juridique et politique. Dans les deux cas, le contreseing
du Premier ministre n'est pas une autorisation qu'il donne à
l'Ordonnance du Président de la République. Il n'en a rien
à émettre comme avis sur l'acte juridique qu'il doit
contresigner. Le contreseing c'est en rapport avec l'exécution de l'acte
juridique pris par l'autorité supérieure du Premier ministre qui
est le Président de la République.
Le Premier ministre quant à lui, prend des distances
aux nominations opérées dans l'armée et dans la
magistrature. Il s'est dit « surpris » de la voie
choisie par le chef de l'Etat. Sans passer par des canaux officiels, c'est par
un communiqué que le Premier ministre a décidé de
régler des comptes à son chef, le Président de la
République. Si le cas TUNDA a consacré la rupture entre le chef
de l'Etat et son Premier ministre, les nominations du 17 juillet 2020
installent une crise aux conséquences imprévisibles.
Pour le FCC, sans le contreseing du seul Premier ministre
aucune Ordonnance présidentielle n'est valable car il s'agit du quitus
donné à l'acte juridique pris par le chef de l'Etat. Le
contreseing, montre que le Président de la République est en
harmonie avec la majorité parlementaire avec laquelle il partage le
pouvoir. Comme on le voit, il y a plus qu'un hiatus dans la vision de ces deux
partenaires (FCC-CACH).
La question que l'on se pose est de savoir comment ce couple
va cheminer en noces là où sont point de vue est divergent sur
des dispositions de la constitution qui règle l'intérim du
Premier ministre tout comme le contreseing des actes juridiques du chef de
l'Etat. Qui va alors les départager en faisant la lecture objective sur
les dispositions qui les opposent ? La vraie divergence entre les deux
partenaires semble être logée ailleurs. c'est ici où se
pose la question de ce qui divise réellement la coalition où le
FCC estime à ce jour que leur partenaire a réussi à faire
entrer dans le rapport des forces, l'appui qu'il a réussi à avoir
du côté du gouvernement américain par son Ambassadeur en
RDC. Ce serait là, le noeud des divisions qui se cacherait dans les
lectures de la constitution. La coalition FCC-CACH tangue. La crise a atteint
le sommet de l'exécutif national. Ce nouvel incident qui affecte la
coalition n'est pas de nature à cimenter toute cohésion. Le pays
ne peut être géré au gré des désaccords entre
deux membres d'une même coalition. Plus rien ne va entrer le FCC et le
CACH, la poursuite souhaitée de la coalition risque de n'être
qu'un voeu pieux.
4.2.10. LES ORDONNANCES CONTROVERSEES
La constitution congolaise, dans son article 158, fixe les
conditions de nomination au sein de la plus haute institution judiciaire du
pays. Pour la petite histoire, créée le 18 février 2006,
la cour constitutionnelle issue de la constitution adans ses attributions, les
compétences de juger le Président de la République et le
Premier ministre. Institution de contre-pouvoir, la cour devait donc assurer
l'Etat de droit, tout en permettant de vérifier la conformité des
lois par un contrôle. Il faudra attendre juillet 2014 pour voir le
Président Joseph KABILA nommer les neuf juges de cette cour, qui
prêteront serment le 4 avril 2015 devant le Président, les deux
chambres du parlement réunies en congrès et le conseil
supérieur de la magistrature. Les juges VUNDUAWE TE PEMAKO, Jean-Pierre
MAVUNGU, BANYAKU LUAPE, Jean-Louis ESAMBO, Benoit LWAMBA BINTU, Corneille
WASENDA, FUNGA MOLIMA, KALONDA KELE et KILOMBA NGOZIMALA jurent et prennent
ainsi l'engagement de respecter la constitution, d'agir avec honneur et
dignité.
Selon la constitution congolaise promulguée en 2006,
la cour constitutionnelle comprend neuf membres nommés par le
Président de la République, dont trois sur sa propre initiative,
trois désignés par le parlement réuni en congrès et
trois désignés par le conseil supérieur de la magistrature
(les deux tiers des membres de la cour constitutionnelle doivent être des
juristes provenant de la magistrature, du barreau ou de l'enseignement
universitaire. Le mandat des membres de la cour constitutionnelle est de neuf
ans non renouvelables), dit la loi fondamentale. Selon toujours la
constitution, la cour constitutionnelle est renouvelée par tiers tous
les trois ans. Ainsi, trois ans après avoir mis en place la Haute cour,
Joseph KABILA signe l'Ordonnance n° 18/038 du 14 mai 2018, nommant les
nouveaux juges dont Norbert NKULU, Jean UBULU MPUNGU et François BOKONA.
Norbert NKULU a été désigné par la
présidence de la République et Jean UBULU par le conseil
supérieur de la magistrature. François BOKONA a, quant à
lui, été désigné par le parlement réuni en
congrès.
Or, Joseph KABILA, ayant nommé trois juges le 14 mai
2018, il n'était pas possible que Felix TSHISEKEDI puisse en nommer
trois autres avant les trois ans requis par la loi. Le nouveau Chef de l'Etat
aurait dû attendre mai 2021 pour opérer des nominations.
« Ces nominations ne sont pas de nature à apporter la paix
au sein de notre coalition. Elles sont faites de manière
cavalière, en plus d'être illégales. La constitution
stipule que la cour constitutionnelle ne peut connaitre de nomination venant du
Président de la République qu'après 3 ans à l'issue
d'un tirage au sort. Or, le Président Joseph KABILA avait
déjà nommé trois juges en 2018. Et donc, il n'y avait ni
opportunité, ni vacance pour nommer des nouveaux juges. De plus, les
trois juges devaient venir des trois composantes, ce qui n'a pas
été le cas. Ils sont nommés unilatéralement et sont
tous issus d'une seule composante. C'est totalement illégal99(*) », expliquait
Adam CHALWE MUNKUTU, secrétaire national du PPRD, parti de Joseph
KABILA.
Les trois nominations, qui devraient passer comme une lettre
à la poste, coincent à la gorge de deux juges. Le 04 août
2020, le décor était planté à la cour de cassation
dans la capitale congolaise, où les juges Jean UBULU et Noël
KILOMBA NGOZIMALA, nommés Présidents à la cour de
cassation par une ordonnance du chef de l'Etat Félix TSHISEKEDI le 17
juillet 2020, étaient attendus sans se présenter au rendez-vous.
Sur place, ni le Premier ministre, encore moins le Président du
Sénat et la Présidente de l'Assemblée nationale. Eux aussi
sèchent la cérémonie. Quelques heures après, la
copie d'une lettre écrite par les deux juges et adressée au
Président de la République fuite sur les réseaux sociaux.
« Excellence Monsieur le Président de la
République, c'est par la voix des ondes et sans consultation
préalable, que nous avons appris, le 17 juillet 2020, nos nominations en
qualité de Présidents à la cour de cassation, par
Ordonnance n°20/108 du 17 juillet 2020, lesquelles ont été
suivies de nos remplacements immédiats, alors que c'est depuis juillet
2014 pour le juge KILOMBA, et avril 2018 pour le juge UBULU, que par nos
lettres respectives (...) nous avions levé l'option de ne plus
travailler à la cour suprême de justice, jusqu'à
l'expiration de nos mandats de neuf ans à la cour constitutionnelle, et
ce, conformément à la constitution, en son article 158,
alinéa 3, ainsi qu'à la loi-organique n°13/026 du 15 octobre
2013 »100(*), expliquent-ils dans cette correspondance
datée du 27 juillet 2020. En clair, les deux juges estiment que leurs
mandats respectifs à la cour constitutionnelle sont de neuf ans pour
chacun et sont encore en cours.
La polémique éclate. La guerre judiciaire
battra son plein. Felix TSHISEKEDI voit, notamment, l'opposition, et même
le camp de Joseph KABILA, contester vigoureusement ses nominations à la
cour constitutionnelle. Néanmoins, si la polémique est vive,
c'est surtout parce que de telles nominations à la plus haute
institution judiciaire du pays visent des objectifs qui font craindre une
tentative de contrôler complètement le processus électoral
à venir. En effet, selon la constitution, la cour constitutionnelle est
notamment arbitre des contentieux électoraux. C'est elle qui valide tout
le processus, du calendrier à la publication des résultats
définitifs, en passant par la validation des candidatures, ainsi que
leurs rejets.
4.1.1.1 LA COALITION FCC-CAH DANS UNE SITUATION
EPINEUSE
Il s'observe une succession d'événements qui non
seulement mettent le pays en péril, mais
égalementdémontrent que la coalition au pouvoir ne pourra jamais
répondre aux attentes du peuple congolais. Sans pour autant omettre les
déboiresprécédents entre alliés, le peuple
congolais a assisté à une crise majeure qui a creusé un
grand fossé entre le FCC et le CACH à travers laquelle les deux
partenaires n'ont pas caché l'intention de mettre un terme à la
coalition.
Pour ce énième crise due au boycott des
Présidents de l'Assemblée nationale, du Senat, du Premier
ministre ainsi que des députés et Sénateurs du FCC
à la prestation de serment des trois nouveau juges à la cour
constitutionnelle, dont le camp Kabila estime que le choix
délibéré de violer la constitution a été
consommé jusqu'au bout par le camp Tshisekedi ne cache plus les
indicateurs de la cohabitation. En lieu et place de demeurer dans la perfidie,
le Président TSHISEKEDI en a profité pour hausser le ton dans un
discours au lendemain de la cérémonie de prestation de serment
des juges nouvellementnommés à la courconstitutionnelle en
évoquant les divergences qui l'opposeraient près de deux ans au
FCC de son prédécesseur Joseph KABILA mais n'annonce pas la fin
de la coalition. Il annonce par contre l'entame d'une série de contacts
visant à consulter les acteurs politiques et sociaux en vue de
créer une union sacrée. Ce qui pour nous présagerait la
fin de la coalition au pouvoir et viserait la formation d'un gouvernement
d'union nationale autour du fils du sphinx de Limete d'autant plus que les deux
alliés au pouvoir ne parviennent pas à régler leurs
différends depuis Juin 2020.
Quant à l'idée de trouver une nouvelle
majorité, à l'heure actuelle, la coalition présidentielle
compterait à peine 50 députés, quand le FCC en auraitplus
au moins330. Pour la construire, Félix TSHISEKEDI devrait
débaucher plus de 200 élus des rangs de son partenaire ou de
l'opposition.
4.3. OBSERVATIONS SUR LA GESTION DE L'ETAT SOUS
FCC-CACH
Face au principe de réalité et aux pesanteurs
congolaises, les bonnes intentions du Président marquent le pas mais
hélas les bonnes intentions ne suffisent pas. Plus d'un an après
son accession au pouvoir dans des circonstances controversées,
Félix TSHISEKEDI fait l'amère expérience des pesanteurs
congolaises et des limites de la classe politique congolaise. Apres les espoirs
suscités par sa volonté déclarée de lutte contre la
corruption, renforcée par la nomination de nouveaux magistrats,
supposés plus intègres que leurs prédécesseurs, les
désillusions se succèdent.
4.3.1. SUR LE PLAN SOCIO-ECONOMIQUE
Au soir du 24 janvier 2019, le discours
d'investiture du Président Félix TSHISEKEDI résonnait sur
toute l'étendue du territoire national comme une promesse ferme d'un
Congo meilleur. Il était le signal fort d'une nouvelle page faite de
gloire et de progrès pour le peuple congolais. L'UDPS dont le slogan est
« le peuple d'abord » tenait enfin sa chance de
briller.
Plus d'une année après, les raisons
d'espérer semblent englouties par la réalité du terrain.
La mécanique économique du pays ne tourne pas aussi bien que
FATSHI l'aurait souhaité. Les indicateurs passent progressivement au
rouge et les plans annoncés transpirent la contre-vérité.
Les plaintes se multiplient et les équilibres sociaux se
bouleversent.101(*)Contrairement à Joseph KABILA qui en 2001
accédait au sommet dans une RDC dont l'économie était
à bout de souffle,102(*) le Président TSHISEKEDI est entré en
jeu, rassuré par une économie presque stable et performante. Il
faut dire que son prédécesseur avait fait preuve de rigueur en
mettant en place notamment un comité stratégique de suivi des
mesures économiques les plus importantes pour le pays. Résultat
Félix TSHISEKEDI a trouvé les caisses de l'Etat avec une
réserve confortable.103(*)Malheureusement l'avantage n'a visiblement pas fait
la différence et pour causes : les antivaleurs se sont
emparées de la présidence au point que la corruption y a
trouvé un grand refuge. Les scandales se sont multiplié aussi
vite que les promesses irréalisables. Le procès dit de 100 jours
dont le directeur de cabinet a été reconnu coupable illustre
cette page controversée d'une gestion festive de finances publiques. Il
y aurait aussi un tâtonnement dans la gouvernance économique, les
nouveaux venus opèrent selon le mode essai-erreur et ont tendance
à confondre la rapidité et précipitation.104(*)
Il nous parait judicieux de rappeler que le budget annuel
extravagant de près de 11 milliards de dollars américains
proposé par le régime TSHISEKEDI n'aura eu comme seul effet que
de bouger les chiffres. La réalité a finalement imposé sa
loi et le collectif budgétaire a émergé comme une
obligation incontournable. « La Covid-19 sert aujourd'hui de
justificatif face à la régression économique du pays.
C'est une approche faussée et irresponsable qui ne permettra
certainement pas au nouveau régime de réajuster les
choses105(*)»
selon l'économiste Christian NDUNGU.
4.3.2. SUR LE PLAN SECURITAIRE
Lors des sa prestation de serment, le
Président TSHISEKEDI s'est engagé à construire un Congo
fort, tourné vers le développement dans la paix et la
sécurité. Le nouveau Président congolais a essayé
de renforcer la sécurité, mais les populations de l'Est du pays
ne se sentent toujours pas en sécurité. L'un de ses plus grands
défis est la violence continue dans l'Est du pays, où des
dizaines de groupes armés font des ravages. L'armée a
gagné du terrain sur le champ de bataille contre les Forces
démocratiques alliés (ADF), un groupe rebelle qui a ses origines
en Ouganda, mais qui maintenant basé dans la région de Beni. En
2019, la milice a intensifié ses attaques en faisant des
représailles contre les civiles, tuant plus de 200 personnes en trois
mois.106(*) « Pendant ma campagne
électorale, j'ai eu l'occasion de me rendre dans ces régions et
j'ai été frappé par cette même situation qui m'a
vraiment beaucoup blessé » déclarait le
Président TSHISEKEDI lors d'une interview accordée à la
BBC. « Je me suis engagé à l'époque à
faire tout mon possible pour apporter la paix. »107(*) Le Président a
ordonné à l'armée de déplacer une base de
commandement à Beni, la ville au coeur des attaques. Certaines troupes
ont été remplacées, apportant une nouvelle énergie
dans la lutte contre la milice. Dans sa bataille contre un groupe, aux moins
deux leaders clés du groupe FDLR Hutu Rwandais ont été
neutralisés. Mais de nombreux autres petits groupes armés sont
toujours actifs dans cette région, certains étant
impliqués dans le commerce illégal de minerais. Les attaques
contre les civils se poursuivent, les rebelles, parfois armés de simples
machettes frappent à tout moment et sèment terreur et
désolation.
Curieusement, au moment même de la rédaction de
cette recherche, soit plus d'une année, les deux alliés au
pouvoir (FCC-CACH) se livrent à des querelles intempestives et autres
quolibets et cela, intervient au moment où le pays fait face à
des agressions de ses voisins notamment l'armée Zambienne qui occupe une
partie du territoire plus spécifiquement PWETO et MOBA dans le grand
Katanga, des groupes armées Sud-soudanaise et Centrafricaine dans les
provinces de l'Ituri et Haut-Uélé, en plus des groupes
armés Rwandaises, Burundaises et Ougandaises qui n'ont jamais
quitté le territoire congolais.
4.3.3. SUR LE PLAN POLITIQUE
Malgré sa victoire à la
présidence, Félix TSHISEKEDI a dû trouver un compromis avec
la coalition de son prédécesseur Joseph KABILA, qui
contrôle la majorité des sièges au parlement. Les
négociations entre les deux parties ont durée sept mois avant
qu'un consensus ne soit trouvé pour qu'un gouvernement soit
formé. Les relations entre les deux parties au pouvoir demeurent tendues
créant ainsi un climat politique malsain et des crises à
répétions. Les politiciens rivaux échangeant des insultes
et, dans certains cas, recourant à la violence quand bien même les
deux autorités semblent déterminées à faire en
sorte que la coalition fonctionne. Depuis son arrivée au pouvoir, le
Président TSHISEKEDI a créé un climat politique qui
contraste avec les 18 années de KABILA. Des prisonniers politiques ont
été libérés et des personnalités clés
de l'opposition en exil sont revenues en RDC où ils jouent leur
rôle politique. Mais ceux qui, en RDC et à l'étranger ont
vu dans le pouvoir bicéphale mis en place à Kinshasa un moindre
mal, une formule grandissant l'apaisement politique et la stabilité du
pays, doivent déchanter. Les tensions sont de plus en plus vives entre
les partisans du Président Félix TSHISEKEDI et ceux de son
prédécesseur Joseph KABILA, qui a conservé la main mise
sur le pouvoir grâce à son écrasante majorité dans
les Assemblées. L'alliance entre le FCC et le CACH ne tient que parce
que le contact est maintenu au plus haut niveau car la base de chaque camp
quant à elle, affiche une défiance croissante.
4.3.4. SUR LA MAGISTRATURE
En 2011, l'on a assisté fort malheureusement à
une révision constitutionnelle portant manifestement atteinte à
l'indépendance du pouvoir judiciaire congolais. En effet,
larévision constitutionnelle du 20 janvier 2011 a amendé
l'article 149 de la constitution en supprimant le parquet parmi les titulaires
du pouvoir judiciaire et l'a placé curieusement sous l'autorité
du Ministre de la justice (pouvoir exécutif). Pourtant, d'une part avant
cette révision de triste mémoire, cet article 149 de la
constitution conférait le pouvoir judiciaire aussi bien aux cours et
tribunaux qu'aux parquets rattachés à ces juridictions. Et
d'autres parts, la constitution congolaise consacre le principe sacramental de
la séparation entre les pouvoirs traditionnels (Exécutif,
Législatif et Judiciaire) sans préjudice de leur collaboration.
Or en lieu et place d'assurer la protection des dispositions essentielles et
l'ordre public de la loi fondamentale et d'épargner celles-ci des
révisions intempestives, la plupart de constituant ont pris l'habitude
d'encadrer rigoureusement la procédure de modification
constitutionnelle.108(*)C'est dans ce sens qu'il faut comprendre les
précautions souvent prises pour rendre intangibles certaines
dispositions constitutionnelles. C'est dans cette logique qu'en
République démocratique du Congo, le constituant a posé
l'article 220 qui prévoit des principes et des prérogatives
insusceptibles de faire l'objet de révision constitutionnelle et sont,
donc, intangibles, parmi lesquels on cite l'indépendance du pouvoir
judiciaire. Curieusement, comme si cette atteinte de 2011 à
l'indépendance du pouvoir judiciaire ne suffisait pas, deux propositions
de lois organiques ont été initiées et
déposées au bureau de l'Assemblée nationale en date du 19
juin 2020 par les honorables députés Aubin MINAKU et Gary SAKATA
en vue de modifier et compléter respectivement la loi organique
n°13/011 du 13 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire, la loi organique
n°08/05 du 05 août portant organisation et fonctionnement du conseil
supérieur de la Magistrature ainsi que la loi organique n°06/20 du
10 octobre 2006 portant statut des magistrats. Parmi les reformes à
apporter dans les trois propositions de lois supra indiquées, on note
notamment : la mise sur pied d'une conférence des procureurs ;
conférer au ministre de la justice non seulement le pouvoir des
sanctions disciplinaires sur les magistrats, mai pire encore des pouvoirs
exorbitants sur les magistrats du parquet au point d'interférer dans la
conduite de l'action publique ; et enfin la procédure de nomination
de procureures par le Président de la République devra d'abord
passer par le parlement.
Eu égard à ce qui précède, il
importe d'emblée de nous questionner si ladite démarche est-elle
constitutionnelle ou politique. Que dit la loi à ce sujet ? En
effet, suivant l'article 130 alinéa 1er de la constitution
congolaise de 2006 telle que modifiée puis complétée
à ce jour par la loi de 2011, certes tout député national
a le droit d'initier des lois. Cependant, dans le cas de figure, la
démarche parait inconstitutionnelle, car tendant une fois de plus
à dépouiller le pouvoir judiciaire de ses prérogatives
constitutionnelles.109(*)Nous allons tenter de le démontrer dans les
lignes qui suivent.
Considérant que la quasi-totalité des
prérogatives du pouvoir judiciaire à reformer par ces trois
propositions de lois sus épinglées sont régies par la
constitution elle-même (l'organigramme du conseil supérieur de la
magistrature et le pouvoir de sanctions disciplinaires sur les magistrats
prévus à l'article 152, la procédure de nomination des
magistrats par le président de la République prévue
à l'article 82 alinéa 2, et la non-ingérence des autres
pouvoirs dans la bonne administration de la justice fondée à
l'article 151), leur révision ou modification ne peut jamais se faire
par une loi ordinaire ou organique comme le propose ces trois propositions de
loi dont question. Mais plutôt, seule l'initiative d'une loi
constitutionnelle y relative peut ce faire. Ainsi, nous pensons que pour
freiner cette démarche des honorables députés
précités, trois remparts sont possibles, à savoir :
juridictionnel, le Président de République ainsi que le souverain
la population.
4.1.1.2 LE REMPART JURIDICTIONNEL
En vertu des articles 160 alinéa 2 et 43 de la loi
organique n°13/026 du 15 octobre 2015 portant organisation et
fonctionnement de la cour constitutionnelle, celle-ci est chargée du
contrôle de la constitutionnalité des lois et des actes ayant
force de lois. De ce fait, la cour prénommée pourra jouer sa
partition du dernier rempart aux fins d'empêcher l'applicabilité
de ces trois propositions de loi que si après saisine,
conformément à l'article 48 de la loi organique
précitée, elle déclare celles-ci (trois propositions de
loi) non conforme à la constitution. Il importe par ailleurs de noter
qu'ici, il s'agira d'un contrôle à posteriori. C'est-à-dire
que si, après que ces trois proposition de lois arrivaient à
être adoptées au niveau du parlement, quiconque pourra
décider de les attaquer pour inconstitutionnalité. Certes, ces
trois propositions de loi sont dites organiques. Et de ce fait, leur
contrôle de la constitutionnalité est censé être a
priori. C'est-à-dire, elles doivent être en principe jugées
conformes à la constitution par la cour constitutionnelle avant leur
applicabilité. Toutefois, considérant qu'il s'agit des
propositions de loi organique modificatives des lois organiques
déjà existantes, elles ne seront nullement soumises à ce
contrôle a priori. D'où, ce rempart juridictionnel semblerait
inefficace.
4.1.1.3 REMPART PRESIDENTIEL
Quand bien même ayant récusé ces trois
propositions de loi dans son discours à la nation en marge de la
célébration du soixantième anniversaire de
l'indépendance de la République démocratique du Congo, le
Président Félix TSHISEKDI a affirmé que « la
justice recouvre peu à peu son indépendance. Les avancées
enregistrées l'ont été au prix des sacrifices
extrêmes. Elles ne peuvent être annihilées par des
manoeuvres d'arrière -garde qui s'observent chez certains de vouloir
légiférer pour posséder le conseil supérieur de la
magistrature du pouvoir judiciaire qu'il détient pourtant la
constitution.110(*) » D'emblée, il sied de noter
que la marge de manoeuvre du Président de la République dans le
blocage de ces trois propositions de loi est limitée pour les raisons
suivantes : En effet, partant de l'article 140 de la constitution, le
Président de la République est revêtu du pouvoir des
promulguer les lois adoptées au parlement. Suivant le cas
d'espèce, le Président de la République peut certes
retarder son niveau la promulgation des dites propositions de loi s'il pense
qu'elles sont non conformes à la constitution. soit en saisissant
la cours constitutionnelle : ici, la chance de trouver gain de cause est
moindre si la haute cours est compromise (l'aspect politique pourrait
l'emporter sur le droit) ou soit en refusant la promulgation desdites lois si
jamais leur adoption passe au niveau du parlement :ici, il faut noter que
ce refus du Président de la République sera un
non-évènement car, l'article 140 alinéa 2 de la
constitution limite cette marge de manoeuvre en lui donnant un délai de
quinze jours pour promulguer des lois déjà adoptées au
parlement et qui lui sont transmises afin de les promulguer. Donc, passé
ce délai, la promulgation est de droit ou d'office. Ce qui revient
à dire que le Parlement restera toujours le maitre du jeu, d'autant plus
que quelles que soient les manoeuvres du Président de la
République dans le but de bloquer ces trois propositions de lois, sur le
plan juridique celles-ci passeront, sans préjudice de l'intervention
sur le plan politique bien-sûr. C'est-à-dire, une entente à
l'amiable entre les deux personnalités (le Président TSHISEKEDI
autorité morale du CACH et le Sénateur à vie Joseph KABILA
autorité morale du FCC.
4.1.1.4 L'INTERVENTION DE LA POPULATION
Il est reconnu à tout congolais le devoir de faire
échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir
par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la
constitution.111(*)Dans
le cas d'espèce, nous pensons que le fait pour les honorables
députés Aubin MINAKU et Gary SAKATA d'avoir reçu le mandat
de représentation du peuple congolais à l'Assemblée
nationale suppose qu'ils ont un réel pouvoir, lequel est exercé
dans le cas de figure manifestement en violation de la constitution d'autant
plus que leur propositions de loi tendent sans nul doute à porter
atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire qui, du reste est
l'un des principes intangibles de fondamental car, non susceptible de
révision tel que démontré ci-haut. C'est pourquoi
conformément à l'article 26 de la même constitution, la
liberté de manifestation est garantie. De ce fait, tout congolais peut
faire bloc contre ces trois propositions de loi aux fins d'empêcher
pacifiquement leur adoption pour la simple et bonne raison que le pouvoir
judiciaire étant le garant des libertés individuelles et des
droits fondamentaux des citoyens, c'est le seul rempart et le refuge qui reste
d'un côté, face aux abus du pouvoir des autorités
publiques. Et donc, l'autre côté, le pouvoir judiciaire est le
véritable pouvoir sanctionnateur des antivaleurs qui gangrènent
la société congolaise telles que le détournement des
deniers publics, la corruption, le détournement des biens du domaine
public etc.
Donc, vouloir dépouiller le pouvoir
judiciaire de ses prérogatives lui conférées par la
constitution c'est sans nul doute vouloir par ricochet d'une part, mettre en
danger l'ensemble de citoyens lambda face aux abus des autorités
publiques. Et d'autres parts, freiner conséquemment le
développement de la société congolaise car dit-on, la
justice élève une nation. De plus, les députés
doivent être animés du sens général que de
privilégier l'égoïsme politique.
CONCLUSION
La fin de nos études du second cycle à
l'université de l'Uélé (UNIUELE) au sein du
département des sciences politiques et administratives est
couronnée par ce modeste mémoire fruit de nos investigations.
Le présent mémoire intitulé
«Incidence des accords politiques dans la gestion de l'Etat cas de
FCC-CACH »retrace d'une manière
générale le processus électorale de 2018 jusqu'à
l'alternance appuyé par le jeu d'alliance avant, pendant et après
ledit processus.
Depuis son accession à la souveraineté
nationale et internationale, la République démocratique du Congo
s'est révélée comme un Etat à vocation
parlementaire. Toutes les fois que l'élan démocratique s'est
manifesté, au cours de son histoire (table ronde, conclave de Louvain,
conférence nationale souveraine, ou dialogue inter congolais) le
parlementarisme a été logiquement posé comme fondement
politique. Pourtant, le parlementarisme à la française aura
été le choix de la constitution du 18 février 2006, soit
un régime semi-présidentiel. La loi fondamentale consacre un
exécutif dualiste en ce que le Premier ministre engage la
responsabilité du Gouvernement devant la représentation
nationale, tandis que le chef de l'Etat détient le pouvoir de
dissolution.
Le parlementarisme est par nature, une variante de la
démocratie libérale qui impose que c'est finalement le parti
politique ou le groupe des partis qui obtient la majorité au terme d'une
compétition électorale, qui est censé gouverner le
pays.
Pour mener nos investigations, notre problématique
s'est appesantie autour des deux questions suivantes :
Ø L'accord entre le FCC et le CACH constitue-t-il un
dérapage constitutionnel ?
Ø Quels sont les dommages sociaux et politiques
qu'inflige la coalition FCC-CACH sur la gestion de l'Etat ?
Avant de confronter ces questions à des
vérifications, nous avons émis des hypothèses ci-dessous,
qui nous ont également aidés dans la compilation des
données.
Ø l'accord entre FCC et CACH rassure quant au bon
fonctionnement de l'appareil étatique et donne l'alerte sur le
dysfonctionnement des institutions de la République.Cependant, en lieu
et place de la cohabitation, le Front Commun pour le Congo et le Cap pour le
Changement ont plutôt opté pour une coalition de gouvernance,
option qui ne constitue pas un dérapage constitutionnel.
Ø La population n'aurait pas confiance en la coalition
FCC-CACH d'autant plus que l'asymétrie de rapport de force
constatée dès début mandat de cette union et les crises
intempestivesqui caractérisent cette alliance, laissent croire qu'il
n'en est nullement question de l'intérêt général
mais plutôt de ces deux familles politiques et ce bras de faire entre
alliés risque d'empêcher le nouveau Président d'incarner le
changement tant voulu par la population congolaise et sa la volonté de
rupture d'avec le régime précèdent.
La présente étude s'est assignée comme
objectifs :l'analyse del'impact de la coalition FCC-CACHsur la gestion et
le fonctionnement de l'appareil étatique ; l'identification des
dommages sociaux-politiques infligés à la nation congolaise par
cet accord politique et la démonstration du duel des alliés dans
les institutions étatiques.
La méthode dialectique avec ses quatre lois à
savoir : la loi de la totalité,du mouvement, du changement et la
loi des contraires ainsi que l'approche de l'histoire immédiate, nous
ont permis d'expliquer l'objet de notre étude, indispensables à
nos investigations. Nous avons utilisé la technique documentaire,
d'observation et d'interview libre.
Notre dissertation est subdivisée en quatre chapitres.
Le premier chapitre porte sur les considérations
générales, le deuxième s'articule sur l'état des
lieux et cadre légal des alliances et coalitions politiques en
République démocratique du Congo, le troisième aborde
l'analyse sur la situation post-électorale de décembre 2018 et
enfin le quatrième est axé sur l'impact de la coalition FCC-CACH
sur la gestion de l'Etat.
Au terme de cette étude, nous sommes parvenus aux
résultats que nous exposons succinctement ci-dessous :
v Les élections du 30 décembre 2018 n'ont pas
été inédites uniquement parce qu'elles donné lieu
à la première alternance pacifique au sommet de l'Etat, mais
aussi parce qu'elles ont créé une situation rare dans l'histoire
politique de la République démocratique du Congo à
savoir : la cohabitation couverte par une coalition de gouvernance commune au
regard des attitudes affichées par les prétendus
alliés.
v Pour ce qui est de la cohabitation, nous notons que la
cohabitation est une configuration politique historiquement exceptionnelle en
RDC. Il n'y a eu que deux épisodes de bipolarité du pouvoir
exécutif depuis l'indépendance avant Felix TSHISEKEDI et Joseph
KABILA. Entre Patrice Emery LUMUMBA et Joseph KASA-VUBU (1960-1961) et entre
MOBUTU et Etienne TSHISEKEDI qui fût trois fois
éphémère Premier ministre. Dans les deux cas, cela
correspondait à des crises politiques graves.
v S'agissant de la coalition FCC-CACH, fallait-il au
Président Félix TSHISEKEDI d'opter pour la cohabitation en lieu
et place de la coalition ? nous pensons que sans majorité propre au
parlement, le nouveau Président de la République n'était
pas dans une situation favorable. Car deux choix s'offraient à
lui : soit une cohabitation, source des querelles permanentes, soit une
coalition avec son prédécesseur qui détient la
majorité au parlement.Nous avons également
révélé que, dans l'un des pays le plus pauvres du monde
où le gouvernement s'est désengagé des services sociaux de
base depuis plusieurs décennies, les attentes de la population qui a
voté pour la rupture avec le régime Kabila sont à la base
des frustrations populaires. D'autant plus que la majorité des congolais
ne croit pas en la coalition FCC-CACH et encore plus rares sont ceux qui
croient à une coalition fonctionnelle dans laquelle le bien-être
de la population est une priorité. La crise de confiance entre
alliés et l'asymétrie du rapport de force peuvent jouer en
défaveur du Président TSHISEKEDI et risquent de l'empêcher
d'incarner la volonté du peuple congolais qui n'aspire qu'au changement
et à la rupture avec le régime Kabila. De ce fait, après
investigations, rares sont ceux qui parient sur l'accomplissement normal du
mandat du nouveau Président par le simple fait que, si le
Président TSHISEKEDI se bat pour la réussite du quinquennat, on
constate que les FCC s'érige en une force d'inertie dont les membres
s'organisent sérieusement pour reconquérir le pouvoir en 2023. Un
combat logique en démocratie, mais qui ne rend pas la tâche facile
au nouveau chef de l'Etat minoritaire dans les deux chambres et même s'il
n'est pas encore au point de bénéficier d'un certificat de
divorce en dépit de demandes et menaces constatées de part et
d'autre, la tension observée depuis le début de cette coalition,
fait, néanmoins dire que ce mariage dit de contre nature est
sérieusement bousculé.
v S'agissant de dommages socio-politiques qu'inflige la
coalition FCC-CACH à la nationcongolaise, nous notons que sur :
Ø Le plan socio-économique,
Plus d'une année après, les raisons d'espérer semblent
englouties par la réalité du terrain. La mécanique
économique du pays ne tourne pas aussi bien que FATSHI l'aurait
souhaité. Les indicateurs passent progressivement au rouge et les plans
annoncés transpirent la contre-vérité. Les plaintes se
multiplient et les équilibres sociaux se bouleversent.Contrairement
à Joseph KABILA qui en 2001 accédait au sommet de l'Etat dans une
RDC dont l'économie était à bout de souffle,le
Président TSHISEKEDI est entré en jeu, rassuré par une
économie presque stable et performante. Il faut dire que son
prédécesseur avait fait preuve de rigueur en mettant en place
notamment un comité stratégique de suivi des mesures
économiques les plus importantes pour le pays. Résultat
Félix TSHISEKEDI a trouvé les caisses de l'Etat avec une
réserve confortable.Malheureusement l'avantage n'a visiblement pas fait
la différence et pour causes : les antivaleurs se sont
emparées de la présidence au point que la corruption y a
trouvé un grand refuge. Les scandales se sont multiplié aussi
vite que les promesses irréalisables. Le procès dit de 100 jours
dont le directeur de cabinet a été reconnu coupable illustre
cette page controversée d'une gestion festive de finances publiques. Il
y aurait aussi un tâtonnement dans la gouvernance économique, les
nouveaux venus opèrent selon le mode essai-erreur et ont tendance
à confondre la rapidité et précipitation.
Il nous parait judicieux de rappeler que le budget annuel
extravagant de près de 11 milliards de dollars américains
proposé par le régime TSHISEKEDI n'aura eu comme seul effet que
de bouger les chiffres. La réalité a finalement imposé sa
loi et le collectif budgétaire a émergé comme une
obligation incontournable.
Ø Sur le plan sécuritaire,le
Président TSHISEKEDI lors des sa prestation de serment s'est
engagé à construire un Congo fort, tourné vers le
développement dans la paix et la sécurité. Le nouveau
Président congolais a essayé de renforcer la
sécurité, mais les populations de l'Est du pays ne se sentent
toujours pas en sécurité. L'un de ses plus grands défis
est la violence continue dans l'Est du pays, où des dizaines de groupes
armés font des ravages. Le Président a ordonné à
l'armée de déplacer une base de commandement à Beni, la
ville au coeur des attaques. Certaines troupes ont été
remplacées, apportant une nouvelle énergie dans la lutte contre
la milice. Mais de nombreux autres petits groupes armés sont toujours
actifs dans cette région, certains étant impliqués dans le
commerce illégal de minerais. Les attaques contre les civils se
poursuivent, les rebelles, parfois armés de simples machettes frappent
à tout moment et sèment la terreur et la désolation.
Curieusement, au moment même de la rédaction de
cette recherche, soit plus d'une année, les deux alliés au
pouvoir (FCC-CACH) se livrent à des querelles intempestives et autres
quolibets et cela, intervient au moment où le pays fait face à
des agressions de ses voisins notamment l'armée Zambienne qui occupe une
partie du territoire plus spécifiquement PWETO et MOBA dans le grand
Katanga, des groupes armées Sud-soudanaise et Centrafricaine dans les
provinces de l'Ituri et Haut-Uélé, en plus des groupes
armés Rwandaises, Burundaises et Ougandaises qui n'ont jamais
quitté le territoire congolais.
Ø Sur la magistrature,La guerre
judiciaire bat son plein. Felix TSHISEKEDI voit le camp de Joseph KABILA,
contester vigoureusement ses nominations à la cour constitutionnelle.
Néanmoins, si la polémique est vive, c'est surtout parce que de
telles nominations à la plus haute institution judiciaire du pays visent
des objectifs qui font craindre une tentative de contrôler
complètement le processus électoral à venir. En effet,
selon la constitution, la cour constitutionnelle est notamment arbitre des
contentieux électoraux. C'est elle qui valide tout le processus, du
calendrier à la publication des résultats définitifs, en
passant par la validation des candidatures, ainsi que leurs rejets.
Il s'observeégalement une succession
d'événements qui non seulement mettent le pays en péril,
mais également démontrent que la coalition au pouvoir ne pourra
jamais répondre aux attentes du peuple congolais. Cherchant à
avoir la main mise et le contrôle de l'appareil judiciairepour des
raisons purement politiques, les deux alliés se livrent à une
guerre sans précédent. C'est ce qui expirait les propositions de
lois organiques initiées et déposées au bureau de
l'Assemblée nationale par les honorables députés Aubin
MINAKU et Gary SAKATA en vue de modifier et compléter respectivement la
loi organique n°13/011 du 13 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre judiciaire, la
loi organique n°08/05 du 05 août portant organisation et
fonctionnement du conseil supérieur de la Magistrature ainsi que la loi
organique n°06/20 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats.
suivant l'article 130 alinéa 1er de la constitution
congolaise de 2006 telle que modifiée puis complétée
à ce jour par la loi de 2011, certes tout député national
a le droit d'initier des lois. Cependant, dans le cas échéant la
démarche parait inconstitutionnelle, car tendant une fois de plus
à dépouiller le pouvoir judiciaire de ses prérogatives
constitutionnelles au profit du pouvoir exécutif.
Considérant que la quasi-totalité des
prérogatives du pouvoir judiciaire à reformer par ces trois
propositions de lois sus épinglées sont régies par la
constitution elle-même (l'organigramme du conseil supérieur de la
magistrature et le pouvoir de sanctions disciplinaires sur les magistrats
prévus à l'article 152, la procédure de nomination des
magistrats par le président de la République prévue
à l'article 82 alinéa 2, et la non-ingérence des autres
pouvoirs dans la bonne administration de la justice fondée à
l'article 151), leur révision ou modification ne peut se faire par une
loi ordinaire ou organique comme le propose ces trois propositions de loi dont
question. Mais plutôt, seule l'initiative d'une loi constitutionnelle y
relative peut ce faire.
Ø Sur le plan politique, Les
négociations entre les deux parties ont durée sept mois avant
qu'un consensus ne soit trouvé pour qu'un gouvernement soit
formé. Les relations entre les deux parties au pouvoir demeurent tendues
créant ainsi un climat politique malsain et des crises à
répétions. Les politiciens rivaux échangeant des insultes
et, dans certains cas, recourant à la violence quand bien même les
deux autorités semblent déterminées à faire en
sorte que la coalition fonctionne. Depuis son arrivée au pouvoir, le
Président TSHISEKEDI a créé un climat politique qui
contraste avec les 18 années de KABILA. Des prisonniers politiques ont
été libérés et des personnalités clés
de l'opposition en exil sont revenues en RDC où ils jouent leur
rôle politique. Mais ceux qui, en RDC et à l'étranger ont
vu dans le pouvoir bicéphale mis en place à Kinshasa un moindre
mal, une formule grandissant l'apaisement politique et la stabilité du
pays, doivent déchanter. Les tensions sont de plus en plus vives entre
les partisans du Président Félix TSHISEKEDI et ceux de son
prédécesseur Joseph KABILA, qui a conservé la main mise
sur le pouvoir grâce à son écrasante majorité dans
les Assemblées. Toutefois, il ne faut pas oublier que ce rapport de
force entre le FCC et le CACH n'est pas figé et peut évoluer en
fonction des réactions de la population et des appuis internes et
extérieurs que le Président obtiendra.
De ce fait, pour décrisper les crises
récurrentes qui attaquent les institutions de la République,
mettent en péril la cohésion nationale et le bien-être du
peuple congolais, mais également pour éviter le pire, nous
pensons que la rupture de la coalition FCC-CACH parait idoine.
A la fin de notre étude, et après
vérification des questions essentielles, nous constatons que nos
hypothèses de départ ont été confirmées.
Nous n'avons pas la prétention d'avoir achevé ni
abordé tous les aspects de ce sujet. Nous invitons d'autres chercheurs
à mener des recherches ultérieures dans ce domaine pour
l'émergence de la science.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
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démocratique du Congo : la cohabitation insolite, Notes de
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gouverner : La rébellion KamwinaNsapu, un symbole du mal
congolais, Notes de l'IFRI, paris
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Mémoire de Licence, SPA, UNIKIN, Kinshasa
- LUANDA, P. (2003-2004) les partis politiques et le
processus de paix en RDC d'Addis-Abeba à Pretoria, Mémoire
de licence, SPA, UNIKIN
- KABUIKA, T. (2007-2008) Analyses des forces et Alliances
politiques face aux enjeux dans la dynamique démocratique durant la
transition en république démocratique du Congo (2003-2006),
Mémoire de licence, SPA, UPN
- MUKAYA, M. (2008-2009) Les alliances politiques en
République démocratique du Congo atouts et faiblesses cas de
l'Union pour la Nation aux élections de 2006, memoire, SPA,
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l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme
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public, université de Yaoundé II-SOA
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- KPODAR, A. (2005) « Politique et ordre
juridique ; les problèmes constitutionnels posés par
l'accord de Linas-Marcoussis du 23 janvier 2003 », Revue de la
recherche juridique, droit prospectif
- DU BOIS DE GAUDUSON, « Accord de Marcoussis,
entre droit et politique », Afrique contemporaine n°26
- Paterne MAMBO, (juillet 2012) « Les rapports
entre la constitution et les accords politiques dans les Etats africains :
Réflexion sur la légalité constitutionnelle en
période de crise », article, Volume 57, numéro 4,
IV. WEBOGRAPHIE
-
https://www.jeuneafrique.com
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https://www.provinces26rdc.net
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE.......................................................................................i
IN
MEMORIAM..................................................................................ii
DEDICACE........................................................................................iii
REMERCIEMENTS.............................................................................iv
ABREVIATION..................................................................................vi
0.0
INTRODUCTION....................................................................................1
0.1 ETAT DE LA
QUESTION................................................................. 1
0.2
PROBLEMATIQUE.........................................................................4
0.3
HYPOTHESES...............................................................................6
0.4 OBJECTIFS DU
TRAVAIL................................................................6
0.5 DELIMITATION
SPATIO-TEMPORELLE.............................................6
0.6 INTERET DU
SUJET........................................................................7
0.7 METHODOLOGIE ET
TECHNIQUES...................................................7
0.7.1 PRESENTATION DES LOIS DE LA
DIALECTIQUE...................8
0.7.1.1 LOI DE LA
TOTALITE...............................................8
0.7.1.2 LOI DU
MOUVEMENT..............................................8
0.7.1.3 LOI DU
CHANGEMENT.............................................8
0.7.1.4 LA LOI DES
CONTRAIRES.........................................9
0.7.2
TECHNIQUES.................................................................10
0.8 DIFFICULTES
RENCONTREES........................................................11
0.9 SUBDIVISION DU
TRAVAIL...........................................................11
1. CHAPITRE I. CONSIDERATIONS
GENERALES.....................................12
1.1 DEFINTIONS DES
CONCEPTS.........................................................12
1.1.1
INCIDENCE....................................................................12
1.1.2
POLITIQUE....................................................................12
1.1.2.1 LA
POLITIQUE......................................................13
1.1.3 ACCORD
POLITIQUE.......................................................13
1.1.4
ETAT............................................................................14
1.1.5
GESTION.......................................................................15
1.2 TYPOLOGIE DES ACCORDS
POLITIQUES.........................................15
1.2.1 COALITION
ELECTORALE................................................15
1.2.1.1 CONDITIONS POUR LA FORMATION D'UNE ALLIANCE
PREELECTORALE .................................................16
1.2.2 COALITION DE GOUVERNANCE
COMMUNE.......................17
1.2.3
COHABITATION.............................................................18
1.2.3.1 LES CAUSES DE LA
COHABITATION........................18
1.2.4 INCOMPATIBILITE DES ACCORDS POLITIQUES AVEC LA
CONSTITUTION..............................................................19
1.2.4.1 INCOMPATIBILITE
SUBTANTIELLE...........................19
1.2.4.2 INCOMPATIBILITE
FONCTIONNELLE........................20
1.2.5 ACCORDS POLITIQUES ET LES POUVOIRS DE
CRISE...........21
2. CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX ET CADRE LEGAL
DES ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUES EN
RDC....................................................23
2.1 LES ALLIANCES POLITIQUES PENDANT LA 1ère
et la 2ème REPUBLIQUE......23
2.1.1 DE 1960 A
1965........................................................................23
2.1.2 DE 1990 A
1997........................................................................24
2.1.3 DE 2002 A
2006........................................................................24
2.1.4 DE 2006 A
2011........................................................................25
2.1.5 DE 2011 A
2018........................................................................26
2.2 CADRE LEGAL DES ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUES EN
RDC...............................................................................................27
2.2.1 LES TEXTES JURIDIQUES DE REFERENCES EN MATIERE
D'ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUES EN
RDC........................................................................................28
2.2.1.1 LA CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO.............................................................................28
2.2.1.2 LA LOI SUR LES PARTIS
POLITIQUES....................................28
2.2.1.3 LA LOI
ELECTORALE..........................................................29
2.2.1.4 LES DISPOSITIONS
REGLEMENTAIRES...................................29
2.2.3 L'EXPERIENCE DU JEU DES ALLIANCES ET COALITIONS
POLITIQUES EN
RDC................................................................30
3. CHAPITRE III : ANALYSE SUR LA SITUATION
POST-ELECTORALE DE DECEMBRE
2018..............................................................................32
3.1 DESCRIPTION DES PRINCIPALES COALTIONS AUX ELECTIONS DE
DECEMBRE
2018...........................................................................................32
3.1.1 FRONT COMMUN POUR LE CONGO (FCC..................33
3.1.2
LAMUKA..............................................................33
3.1.3 LE CAP POUR LE CHANGEMENT (CACH)...................34
3.2 LE CARACTERE HISTORIQUE ET INEDITE DES ELECTIONS DE
DECEMBRE
2018......................................................................35
3.2.1 LE VOTE ET LES ARRANGEMENTS
POLITIQUES.........................................................36
3.2.2 REACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE PAR RAPPORT AUX
ELECTIONS DE DECEMBRE 2018 EN RDC
...............................................................37
3.3 LES SCENARIOS DE LA COALITIONS
FCC-CACH..........................38
3.3.1 LA COALITION FCC-CACH DUO OU DUEL.................39
3.3.2 DEMONSTRATION DES FORCES AU SEIN DE LA COALITION
FCC-CACH.......................................40
3.3.3 LA DISSOLUTION DU PARLEMENT EST-ELLE UNE
SOLUTION POUR DISSOUDRE LA COALITION ?............41
3.3.4 L'ESPOIR D'UN CHANGEMENT DU CLIMAT POLITIQUE ET
SOCIAL...........................................................42
4. CHAP. IV : IMPACT DE LA COALITION FCC-CACH
DANS LA GESTION DE
L'ETAT.....................................................................................44
4.1 DES ATTENTES SUR LE NOUVEAU
REGIME.................................44
4.1.1 ATTENTES DE LA POPULATION CONGOLAISE............44
4.1.2 ATTENTES DU PARTI
PRESIDENTIEL........................45
4.1.3 ATTENTES DES GROUPES
ARMES............................46
4.1.4 ATTENTES DES ENTREPRISES OCCIDENTALES..........46
4.2 QUELQUES CRISES CAUSEES PAR LA COALITION
FCC-CACH........47
4.2.1 DESIGNATION DU PREMIER
MINISTRE......................47
4.2.2 SORTIE DU
GOUVERNEMENT...................................47
4.2.3 AFFAIRE ORDONNANCES SNCC ET GECAMINES
BLOQUEES.............................................................47
4.2.4 AFFAIRE CHARLES NAWEJ POUR OUTRAGE AU CHEF DE
L'ETAT............................................................48
4.2.5 MENANCE SUR LA DISSOLUTION DE L'ASSEMBLEE
NATIONALE...........................................................49
4.2.6 EPISODE JEAN-MARC
KABUND................................49
4.2.7 BRAS DE FER ENTRE L'ASSEMBLEE NATIONALE ET LA
JUSTICE.................................................................51
4.2.8 LA CHUTE DE VITAL
KAMERHE...............................51
4.2.9 LE CONTRESEING DES ORDONNANCES PORTANT NOMMINATIONS AU
SEIN DE L'ARMEE ET L'APPAREIL
JUDICIAIRE............................................................52
4.2.10 LES ORDONNANCES CONTROVERSEES.....................53
4.2.10.1 LA COALITION FCC-CAH DANS UNE SITUATION EPINEUSE
...............................55
4.3 OBSERVATIONS SUR LA GESTION DE L'ETAT SOUS
FCC-CACH.....................................................................................56
4.3.1 SUR LE PLAN
SOCIO-ECONOMIQUE..........................56
4.3.2 SUR LE PLAN
SECURITAIRE....................................57
4.3.3 SUR LE PLAN
POLITIQUE.........................................58
4.3.4 SUR LA
MAGISTRATURE.....................................................58
4.3.4.1 LE REMPART JURIDICTIONNEL.................. 59
4.3.4.2 REMPART
PRESIDENTIEL...................................60
4.3.4.3 L'INTERVENTION DE LA POPULATION.........61
CONCLUSION................................................................................................62
BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................66
TABLE
DES MATIERES.......................................................................................................69
251659264
251660288
251658240
251656192
ANNEXE
251657216
251655168
* 1 BIYOYA MAKUTU, P. et MUKENDI
TSHIMANGA, R. Alliances et coalitions des partis politiques en
République démocratique du Congo causes et
conséquences, 2015, document PDF, accessible sur
www.eisa.org.za visité le 01
décembre 2019 à 10h25
* 2 MUKAYA MUTSHIPAY,
F. « Les alliances politiques en République
démocratique du Congo : atouts et faiblesses cas de l'Union
Nationale Congolaise » mémoire, UNIKIN, Kinshasa, 2009
* 3MAMBO p.,
« Les rapports entre la constitution et les accords politiques
dans les
États africains : Réflexion sur la
légalité constitutionnelle en période de
crise », Revue africaine, Volume 57, numéro 4, juillet
2012
* 4 LOE M., « La
signature des accords politiques en Afrique noire francophone »,
Thèse, droit public, université de Yaoundé II-SOA, 2017
* 5 Article 1er de la
constitution de transition du 04 Avril 2003
* 6 BARBAKOUA P.,
« la constitution à l'épreuve des accords
politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain »,
thèse, droit public fondamental, université de Lomé Togo,
2008
* 7 SUR, S. système
politique français, PUF, Paris, 1971, P 11
* 8 Constitution du 18
février 2006, titre IIIème : de l'organisation
et de l'exercice du pouvoir
* 9 DUVERGER, M. Les partis
politiques, Armand colin, Paris, 1976, p. 47
* 10 LOKA-NE-KONGO, Lutte
de libération et piège de l'illusion multipartisme
intégral et dérive de l'opposition au Zaïre
(1990-1997), Presse universitaire, 2001, Kinshasa p.50
* 11 OLOFIO B., De la
problématique à l'hypothèse,Pawer Tokyo, 1999 P.
18
* 12 OLIVER de sardan, JP.
La rigueur du qualitatif. Les contraintes empiriques de l'interprétation
socio-anthropologique, Academia-Bruyant, Louvain la neuve, 2008, P.21
* 13GRAWITZ, M.
(1964), Méthodes en sciences sociales, PUF, Paris, 1964
p.85
* 14POILITZER,
G., Principes élémentaires de Philosophie,
Sociales, Paris, 1972, pp. 153-194
* 15VERHAEGEN,
B., Introduction à l'histoire immédiate, Du Culot,
Gembloux, 1974 P.180
* 16 Le petit Larousse
illustré, édition Larousse, 2011, p.528
* 17 LESCUYER, G. Histoire
des idées politiques, Dalloz, Paris, 2001, P.60
* 18GARAUDY, G., Parole
d'Homme, éd. Robert Laffont, Paris, 1975,
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* 19 GUILLIEN, R. et
VINCENT, J. Lexique des termes juridiques, Dalloz, 12eme
édition, Paris, 2001, P. 45
* 20 DAILLIER, P. FORTEAU,
M. et PELLET, A. Droit international public, 8eme édition, PUF,
Paris, 2009, P. 136
* 21 EHVENI MANZAN, I.
Les accords politiques dans la résolution des conflits armés
internes en Afrique, Université de la Rochelle, 2012, P. 34
* 22 HAQUET, A., Droit
constitutionnel, Dalloz, Séquences. Disponible sur
www.actu.dalloz-etudiant.fr
* 23 LOURAU, R. l'Etat
inconscient, Les éditions de minuit, paris, 1978, P. 40
* 24 LENINE, l'Etat et la
révolution, Maspero, Paris, 1917, P.3
* 25 LENINE, OP CIT,
P.3
* 26 CARROLL ET COX,
« coalitions et alliances électorales »,
www.aceproject.org.
Visité le 03 février 2020 à 21h20
* 27 Ibidem
* 28 BUE, N.,
« Les accords de coalition », disponible sur
www.vie-publique.fr
* 29 Nicolas BUE,
« Les accords de coalition »,
www.vie-publique.fr,
visité le 04 février 2020 à 09h11
* 30DINANGA, CINGOMA.
« Accord CACH et FCC du 06 mars 2019, complot contre la
République ou acte de coalition-Co
démocratisation »
www.Afriwave.com, visité le
02 décembre 2019 à 09h30
* 31 DINANGA,
CINGOMA « Analyse et dossier politique en République
démocratique du Congo » publié le 22 mars 2019 sur
www.lerpzig.org,
visité le 04 février 2020 à 09h11
* 32 MASSOT, J,
Alternance et cohabitation sous la Vème République, PUF,
Paris, 1997, Document PDF
* 33Rédaction vie
publique, « La cohabitation : quelle situation
institutionnelle »
www.vie-publique, visité le
04 février. 2020 à 09h30
* 34 BARBAKOUA, P.
« La constitution à l'épreuve des accords
politiques dans le nouveau constitutionnalisme Africain »,
Université de Lomé Togo, 2000, P. 45
* 35 ARDANT, P. et DABEZIE, P.
« Les pouvoirs de crise », in pouvoir n°10,
Paris, 1979, P.3
* 36 DU BOIS DE GAUDUSON,
« Accord de Marcoussis, entre droit et
politique », in Afrique contemporaine n° 206, 2003, P.46
* 37 KPODAR, A.
« Politique et ordre juridique ; les problèmes
constitutionnels posés par l'accord de Linas-Marcoussis du 23 janvier
2003 », Revue de la recherche juridique, Droit prospectif, 2005,
P.25-15
* 38 DU BOIS DE GAUDUSSON Op.
Cit. P.47
* 39 BARBAKOUA, P. Op. cit. P.
50
* 40 KPODAR, Op. Cit. P.
25-15
* 41 DU BOIS DE GAUDUSSON, Op.
Cit. P. 46
* 42 Moyen (G), les accords
de sortie de crises politique et constitutionnelles en Afrique :cas de la
République démocratique du Congo et la côte d'ivoire,
inédit, P.2
* 43 Ibidem P.3
* 44 BARBAKOUA, P. Op. Cit. P.
52
* 45 TUNC, A. Droit des Etats
unis, paris, 1999, PUF, P.18
* 46 TUNC, A. Op. Cit. P. 20
* 47 YOUNG, introduction
à la politique congolaise, Kinshasa, PUC, 1965 P.42
* 48 BANYAKU, L. : Lettre
ouverte à Masiré, la palabre politique congolaise, Ed. Noraf.
Kinshasa, 2013
* 49 NTUMBA, E., Les alliances
politiques en République Démocratique du Congo, atouts et
faiblesses cas l'Union Congolaise aux élections de 2006, UNIKIN, 2009, P
25
* 50 OBOTELA, R. et
OMASOMBO, j. De la fin des composantes à l'hégémonie par
les élections en RDC. L'Afrique des grands lacs, Annuaire 2006-2007,
Paris Harmattan. P.35
* 51 DE VILLERS, G : Rd
Congo : la guerre aux élections. L'ascension de Joseph KABILA et la
naissance de la troisième République, Paris Harmattan 2009,
p.78
* 52idem
* 53 DE VILLERS, Op. cit.
P.215
* 54 BIYOYA,
M : « Les perspectives des élections apaisées
existentielles ?
www.lephareonline.net
visité le 25 décembre 2019 à 10h
* 55 BIYOYA, M. Op.cit P.219
* 56 Exposé des motifs
de la loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement
des partis politiques.
* 57 Loi modifiant et
complétant la loi n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des
élections présidentielles, législative, provinciale,
urbaines, municipales et locales.
* 58 Règlements
intérieurs de l'assemblée nationale juillet 2012 et du
sénat 2006
* 59 SYDNEY, L. :
Elections en RDC : « victoires politiques, défaite
démocratique, alternance ? » francopaix. Vol 4, n°5
Mai 2019 P.24
* 60
www.ceni.org visité le 16 avril
2020 à 08h
* 61
CEDOCA, « République démocratique du Congo,
situation politique »
www.cgra.be visité le 16 avril
2020 à 10h
* 62 Yassin KOMBI,
« MbusaNyamwisi encourage le recensement annoncé par
l'état-major des FARDC pour notamment savoir l'effectif réel des
militaires qui se battent contre ADF à Beni »
www.actualité.cd
visité le 05 avril 2020 à 17h
* 63 Jeune Afrique,
« Antipas MbusaNyamwisi quitte la coalition
Lamuka »
www.jeuneafrique.com
visité le 20 novembre 2018 à 14h
* 64Humanrightswatch :
« RD Congo : les élections ont été
entachées de violence et de restrictions du droit de vote. »
www.ibit.ly/2c205kh
visité le 28 Décembre 2019 à 15h
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* 66 JASON,
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