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Existe-t-il une stratégie géopolitique de l'aide publique au développement de la France au Sahel ?par François De Block Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Ecole Normale Supérieure - Master 2 Géopolitique 2019 |
3.2.1. Une tentative de coordination multilatérale pour le développement dans la bande sahélo-saharienneLa prise de conscience par la France, en première ligne au Sahel, et ses alliés européens que la résolution des crises que connaît la région ne passera que par une approche combinant actions sécuritaires et soutien au développement, a poussé Paris et Berlin à lancer en juillet 2017 l' « Alliance pour le Sahel ». Cette initiative rassemble une douzaine de bailleurs internationaux : la France, l'Allemagne, l'UE, le Programme de développement des Nations Unies (PNUD), la Banque mondiale, auxquels sont venus se joindre le Royaume-Uni l'Italie, l'Espagne, le Danemark, le Luxembourg.et les Pays-Bas. Celle-ci a été créée afin d'améliorer la coordination, la cohérence et l'efficacité de l'aide au développement dispensée aux Etats et au populations sahéliennes. L'un des objectifs affichés par le président de la République est d'améliorer la perception qu'ont les populations de l'aide publique au développement de la France et des bailleurs internationaux en général dans la région : « tous nos efforts en matière de sécurité seront inutiles s'ils ne s'inscrivent pas dans un projet plus large de développement. Le lien entre sécurité et développement ne doit pas être martelé seulement dans les discours, il doit se matérialiser en actions concrètes. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui nos promesses ne sont plus entendues.» Figure 33 - L'institutionnalisation du complexe militaro-humanitaire au SahelRéalisé avec QGIS Le mandat de cette initiative multilatérale recoupe le périmètre d'action militaire de l'opération Barkhane et des forces du Mali, du Niger du Burkina Faso et du Tchad réunies au sein de la force anti-terroriste du G5 Sahel. Cette coopération entre l'Alliance et le G5 s'est institutionnalisée à l'occasion de la signature entre ces deux entités d'un protocole d'accord, le 30 octobre 2018 à Niamey, est la première tentative d'une opérationnalisation du nexus « sécurité-développement » constamment mis en avant dans les stratégies des bailleurs internationaux, en particuliers européens, sans implications concrètes jusqu'ici. L'ambition est d'encourager des dynamiques de développement au plus près des zones d'opérations militaires afin de fidéliser les populations locales, de répondre à leurs besoins urgents en matière de développement et de marginaliser les groupes djihadistes qui opèrent au Sahel. Elle dispose aujourd'hui d'un portefeuille de financement de 11 milliards d'euros qui doit soutenir près de 750 projets dans les Etats du G5 Sahel à l'horizon 2022. La France y contribue à hauteur de 1,6 milliards sur cette période50(*). * 50https://www.alliance-sahel.org/ |
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