1.2 La direction
générale du Trésor
Mon apprentissage s'est déroulé au sein de la
direction générale du Trésor, qui est l'une des directions
les plus prestigieuses de l'administration économique française,
du fait de la palette étendue de ses activités, au coeur de
l'action économique de l'Etat.
L'importance de la direction générale du
Trésor réside dans le fait qu'elle incarne et pilote la dimension
monétaire, bancaire, diplomatique et internationale de la politique
économique de la France. Sa forte concentration en inspecteurs des
finances et de sa capacité à « placer » ses cadres
dirigeants dans les banques publiques ou privées, ou à la
tête des institutions financières nationales ou internationales
(Caisse des dépôts, Banque de France, Fonds monétaire
international, Banque mondiale, etc.), participe de la réputation de la
direction.
Les prémices de la direction générale du
Trésor et de ses fonctions sont établies dès 1814 avec la
création de la direction du Mouvement général des fonds
(DMGF). Ce service a pris une importance croissante au XIXème
siècle sur les questions de crédit, d'emprunt et du rapport de
l'Etat avec les institutions financières et la Bourse. L'importance des
déficits budgétaires qu'a connu la France lors de cette
période a conféré à la DGMF un rôle
d'emprunteur permanent et l'a peu à peu transformé en immense
banque de dépôt. Sa fonction principale était de s'attacher
à «l'application des ressources aux besoins» (ordonnance du 6
février 1828), en assurant l'équilibre de la Trésorerie
publique et en agissant dans le domaine de la monnaie, du crédit et de
l'épargne par la coordination, la tutelle et le contrôle des
activités économiques de l'Etat. Le rôle de la DMGF
s'accroît de manière substantielle pendant la Première
guerre mondiale, où elle administre le financement de l'effort de
guerre, couvert par des avances de la Banque de France au Trésor. Elle
intervient également dans la lutte contre la dépréciation
de la monnaie et dans le contrôle des opérations de change. Par la
loi du 30 août 1940, la DMGF est fusionnée avec la direction de la
comptabilité publique et devient la direction du Trésor.
Dans la seconde moitié du XXème siècle,
la direction du Trésor joue un rôle essentiel dans la
planification économique de la France, en coordonnant les
investissements publics, en répartissant les crédits du Plan
Marshall et en épousant la doctrine interventionniste
keynésienne. A cette époque, elle est également
chargée du contrôle de la Caisse centrale de coopération
économique, qui administre l'aide financière apportée aux
anciennes colonies françaises d'Afrique et d'Asie.
A partir des années 1980, La direction du Trésor
a pesé lourdement dans la prise en charge des réforme de
privatisations des entreprises et du secteur bancaire réformes, dans la
reformulation des diagnostics et des solutions, mais aussi dans la mise en
oeuvre des nouvelles orientations libérales de la politique
économique française. Ainsi, le processus de mise sur le
marché de la dette publique, l'accroissement de son poids et
l'importance stratégique des enjeux de son financement ont-ils conduit
à la création en 2001 d'une instance spécialisée
qui pilote ces sujets, l'Agence France Trésor, sous l'égide de la
direction du Trésor.?
La direction générale du Trésor actuelle
est issue d'un processus de rationalisation par fusion organisationnelle. Cette
méthode a été fortement employée dans les reformes
de l'administration et constitue un moyen de redistribuer et de reconcentrer
les pouvoirs de décisions, tout en renforçant le contrôle
des activités ministérielles concernées.
La direction générale du Trésor a ainsi
été formée en 2004, en suivant le mouvement de
reconfiguration des structures administratives dans le cadre de la nouvelle
gestion publique promue par le gouvernement. Le Trésor actuel est le
produit du regroupement de trois directions stratégiques du
ministère de l'Economie : la direction du Trésor,
héritière historique du mouvement général des
fonds ; la direction de la prévision et de l'analyse
économique ; la direction des relations économiques
extérieures.
Cette vaste réorganisation a été
sous-tendue par profile un enjeu bureaucratique : le souci de la direction du
Trésor d'élargir sa sphère d'influence, en retrouvant un
champ nouveau d'expansion de ses activités. La direction du
Trésor a été marquée par des
phénomènes d' « agentification »
et de scissiparité qui ont conduit à l'autonomisation de
certaines entités stratégiques en son sein (ce qui s'est
notamment traduit par la création de l'Agence France Trésor en
2001, et par celle de l'Agence des Participations de l'Etat en 2004). De
même, la réduction progressive de la place de l'Etat dans
l'économie, et l'européanisation croissante de la politique
économique avaient diminué le champ d'action et les marges de
manoeuvres décisionnelles du Trésor.
Le champ d'action de cette nouvelle Direction
générale du Trésor née en 2004 a ainsi
été étendu : il comprend désormais la
régulation du secteur financier, la gestion de la dette de
l'État, de l'analyse de la situation macroéconomique nationale et
internationale, l'animation des relations économiques
bilatérales, l'évaluation économique des politiques
publiques, la négociation économique et financière en
Europe et au plan international, la politique commerciale et à l'aide au
développement.?
Cinq services sont institués (politique
économique et affaires européennes, politiques publiques,
financement de l'économie, affaires multinationales et
développement, relations bilatérales et développement
international des entreprises), ainsi qu'un secrétariat
général ( figure 2.
Figure 2 - Organigramme de
la Direction générale du Trésor
Pour exercer ses missions, la direction générale
s'appuie sur près de 1 500 agents, dont 717 à Paris, en
administration centrale, dont 758dans son réseau implanté dans
112 pays et auprès des institutions européennes et
multilatérales, ainsi qu'une centaine d'agents dans les régions,
au sein des DIRECCTE ( figure 3)
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