Figure 27 -
Répartition géographique de l'aide multilatérale
française en 2017
Réalisé avec QGIS. Source des
données : OCDE
Parmi les dix premiers pays récipiendaires de l'aide
multilatérale de la France, en 2017, il n'y avait aucun pays
Sahélien, et seul le Sénégal y est présent en tant
que pays pauvres prioritaires défini par le CICID de 2016. Les Etats
d'Afrique de l'Est anglophones sont, l'Inde, la Turquie et le Maroc sont parmi
les principaux bénéficiaires de l'aide multilatérale, ce
qui traduit la forte dispersion des crédits transitant par ces canaux
vers différentes régions du monde (Asie, Maghreb, Proche-Orient,
Afrique de l'Est). Le recours accru au canal multilatéral ne permet donc
pas de cibler les pays prioritaires de l'Afrique de l'ouest francophone, et a
fortiori les Etats sahéliens (voir figure 28). En 2017, le Mali
était seulement le 19ème récipiendaire d'aide
française multilatérale avec 54 millions d'euros, et le premier
Etat sahélien ciblé par l'aide multilatérale.
Figure 28 - Les dix
principaux récipiendaires de l'aide multilatérale
française ( en millions de dollars)
.
Source des données : OCDE
Un second élément qui rend difficile le ciblage
de l'aide publique au développement française concerne les
modalités d'allocation de l'aide bilatérale. Cela concerne en
particulier à un choix politique et budgétaire qui remonte
à une vingtaine d'années par les pouvoirs publics d'avoir recours
aux de prêts concessionnels comme instruments privilégiés
de l'aide bilatérale plutôt qu'aux dons-projets.
Si l'on reprend l'exemple des crédits
budgétaires programmés pour 2018 dans la loi de finance, la
mission « aide publique au développement »
s'élève à 2,8 milliards d'euros, dont 1,6 milliards
d'euros qui transitent par les canaux multilatéraux, ce qui laisse 1,2
milliards d''aide bilatérale que la France peut allouer à ses
pays prioritaires. Sur ces 1,2 milliards, qui transitent principalement par
l'Agence française de développement, les ressources en
dons-projets s'élèvent à 280 millions d `euros pour
les 19 pays prioritaires de l'aide française (soit une moyenne de 15
millions d'euros par pays par an). Ces montants sont largement insuffisants
pour financer des actions de développement tangibles au Sahel : les
cinq pays de la bande sahélo-saharienne ont seulement reçu en
moyenne 60 millions d'euros par an depuis 2010, des montants très
faibles au regard des besoins des pays et des populations de la bande
sahélo-saharienne. Ceci alors que près de 4000 soldats
français y sont déployés depuis 2013 dans le cadre de
l'une des plus grandes opérations militaires mise sur pied par la France
après la guerre froide. L'aide bilatérale française est
par conséquent du « saupoudrage » sur les pays
prioritaires de la coopération pour le développement, ce qui ne
lui permet pas jusqu'ici d'avoir une véritable stratégie d'appui
bilatéral significatif pour une zone d'importance stratégique
comme le Sahel. Ceci est une conséquence de l'insuffisante dotation en
dons de l'AFD par rapport aux prêts.
|