Figure 19 - Comparaison
entre l'aide bilatérale de la Franceaux Etats du Sahel et ses
dépenses militaires dans la région
Source : Projets de loi de finance (2010-2017) ;
donnnées de l'OCDE
Le coût de l'effort militaire français est donc
bien supérieur à ses versements d'aide bilatérale
programmable. Ce déséquilibre est persistant depuis
l'intervention française au Mali, et risque de confiner la France dans
un rôle de gendarme de la bande sahélo-saharienne,
reléguant ses relais de coopération pour le développement
au second plan. D'autres puissances joueraient ainsi un rôle de bailleur
et de financeurs du développement, un partage des tâches qui peut
potentiellement nuire à la présence française au Sahel, si
celle-ci n'est perçue que comme une force militaire
déconnectée des enjeux de développement de la
région.
La France place pourtant depuis plusieurs années les
Etats du Sahel sur sa liste des pays prioritaires de sa politique de
coopération pour le développement, mais cela ne se transcrit pas
dans les montants alloués à ces pays. En 2017, l'aide publique au
développement nette totale (bilatérale et multilatérale)
de la France a représenté 10,3 milliards d'euros (11,4 milliards
de dollars). Elle est le cinquième bailleur bilatéral en termes
de montant d'aide publique déclaré. Cependant, son aide publique
au développement représente 0,43% de son revenu national brut en
2017, loin de la cible des 0,7% définie par l'ONU. Pour 2017, la France
n'a alloué que 4,9 % de son APD totale aux Etats de la bande
sahélo-saharienne, et 5,3 % de son aide bilatérale.
Il semble par ailleurs qu'en dépit des discours et des
publications du comité interministériel pour la
coopération et le développement, la bande
sahélo-saharienne ne fasse pas partie des priorités de la
politique d'aide publique au développement de la France en Afrique
subsaharienne : la part de l'aide bilatérale versée au
Burkina Faso, au Mali, au Niger, à la Mauritanie et au Tchad en 2017
représentait seulement 16% de l'APD totale de la France à
l'Afrique subsaharienne, et 22% de son aide bilatérale. De
manière générale, la part de l'aide bilatérale
allouée par la France à l'Afrique subsaharienne a fortement
diminué depuis le début de la décennie 2000, une tendance
suivie par les versements alloués aux cinq états de la bande
sahélo-saharienne. En 2002, la part de l'aide bilatérale
allouée à l'Afrique subsaharienne était de 53%, contre 23%
en 2017.
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