3.5. ENJEUX DES PRATIQUES OBSERVEES
Selon notre analyse, les pratiques que les acteurs
impliqués développent sur la mine sont orientées à
deux types d'enjeux que nous avons trouvés comme pertinents à
savoir : les enjeux économiques et les enjeux
règlementaires.
3.5.1. Les enjeux
économiques
Selon Mbale (20019 : 20),l'économie est une
science de l'équilibre et de l'échange ; elle étudie
le comportement humain, et les humains ont constamment besoin
d'échanger. Les avis des certains gardes et creuseurs clandestins sont
partagés par rapport à l'exécution des activités
rémunératrices dans le site minier. Ces creuseurs justifient leur
présence sur le site minier et considèrent l'exécution des
activités minières comme la solution permettant de
résoudre les difficultés qu'ils font face.
Pourles creuseurs clandestins, ils avouent de ne plus avoir
une autre occupation à part celle de la vente des ressources
minières. Les uns reconnaissent que ces activités sont favorables
pour leur épanouissement et l'amélioration du cadre de vie. Peu
importe les conséquences néfastes qu'ils courent derrière
ces pratiques, mais pour desraisons pécuniaires, ils recourent à
ces dernières afin de répondre aux besoins quotidiens. Ils
conseillent à leurs coéquipiers qui dilapident leurs revenus dans
les frivolités après des dures conditions dans lesquelles ils
travaillent pour avoir l'argent et de se méfier à toute autre
pratique telle que le vol des câbles, le vandalisme et l'agression des
employés et contractants de l'entreprise.
Par rapport à cette vision, les creuseurs KEBA et MAMBO
partagent la même idée :
« Atuna na kaji ingine a part iyi ya kulokota
mayibue ku remblai ju ya kujisha, i kaji tunaifuaniaka ju ya rho ya nguvu bule,
tuko na bibi nabatoto ; kama MMG leo anafungaihi usine ao kama bana
nifunga ku prison famille yangu itaishi je ? Mina conseiller bandugu yetu
bale banalabishaka bintu bia societe, kupikana na kuiba bintu bingine sa ma
câbles électriques na tapis batshe,
ainamuzuru, »
Ce qui veut dire en français :
« Nous n'avons pas un autre boulot à part
celui de ramasser des déchets miniers dans le remblai pour vendre afin
que nous ayons l'argent pour nourrir nos famille. Si aujourd'hui MMG se
décide de fermer l'usine ou si on m'arrête qu'elle sera l'avenir
de ma famille ? Je conseille à tous mes frère qui
vandalisent les biens de la société, qui agressent les gens et
volent les câbles électriques et les tapis de cesser car ce n'est
pas bien ».
Quant aux agents de sécurité, certains sont
également conscients que la négociation ou la coopération
avec les creuseurs peut engendrer un licenciement sans préavis sur leur
travail. Mais compte tenu des conditions de travail, des influences et de toute
forme de marginalisation du point de vue statut professionnel et le niveau
salarial très bas, ils se trouvent dans des pratiques illicites pour
avoir de l'argent. Ils condamnent leur société (G4S) qui manque
la volonté d'améliorer leurs niveaux salariaux étant
donné que l'entreprise MMG paye beaucoup d'argent aux comptes des agents
de sécurité, mais ces derniers en bénéficient que
des miettes.
Selon notre analyse, la manière de faire pour les
agents de sécurité lorsqu'ils sont face aux creuseurs clandestins
peut être expliqué par le repère familial, le capital
social et les influences.Voici le propos du garde KEBA :
« Mon frère, ce qui nous pousse parfois
à coopérer avec les creuseurs c'est le manque d'argent, nous
avons des familles et des enfants pour répondre à leurs
besoins ; MMG paye dans le compte des gardes beaucoup d'argent à
notre société, mais le salaire que nous touchons ne permet pas
de répondre suffisamment à nos besoins.»
Pourle garde MAMBO:
« Ce que je peux avoir comme avantage c'est ma
sécurité. Car pour sécuriser les biens de l'entreprise il
faut d'abord se sécuriser soi-même ; la manière dont
nous traitons bien avec les creuseurs lorsqu'ils viennent avec des menaces
constitue un avantage pour moi d'être en
sécurité ».
Dans cette perspective d'idées, l'emploi obtenu par les
agents de sécurité ne leur permet pas un encadrement
adéquat ni de faire des apprentissages, ce qui accroît les risques
d'instabilités sur le plan professionnel (Gariepy José
1947 : 57). C'est dans cette même logique que Sutherland cité
par Lascoumes et Nagels( 2014 : 144) pense que l'organisation d'une
structure sociale et le poids des inégalités économiques
seraient criminogènes. Les mécanismes économiques formels
ne permettent pas à tous d'accéder légalement à la
richesse, il s'ensuit donc des phénomènes de déviance afin
de s'adapter et améliorer les conditions de vie.
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