III. Portrait des musiques actuelles dans le
Gâtinais
3.1. Le Gâtinais, quelle ruralité ?
« Qu'entend-on par le Gâtinais ? C'est une
question difficile à éclairer, car au cours des siècles,
le Gâtinais a connu trois aspects différents: - Le Gâtinais
primitif, à la période franque. - L'archidiaconé du
Gâtinais. - Et le Gâtinais politique qui a varié bien des
fois. »92
L'Atlas rural et agricole d'Île-de-France, paru en 2004,
définit le Gâtinais comme étant « un pays
caractérisé par une proportion importante de terres pauvres,
voire incultes, les «gâtines». Axé sur les
vallées de l'Essonne et du Loing, il a fait l'objet d'une proposition
avortée de département à la Révolution. Par rapport
au Loing, on distingue un Gâtinais occidental et un Gâtinais
oriental. Dans l'occidental, plateau de Beauce et massif de Fontainebleau
s'entremêlent en clairières et crêtes boisées.
L'oriental est un pseudo-bocage, un pays d'élevage et de cidre entre des
bois en lanières. Le Gâtinais est une ancienne terre d'apanage, on
y cultive des produits du terroir spécifiques (cresson, safran, menthe,
miel...). Sa pierre, le grès, était acheminée par train
pour paver Paris. Le pittoresque et la sylve du Gâtinais bellifontain ont
inspiré écrivains et peintres, dont l'École de
Barbizon».93
Géographiquement, le Gâtinais s'étend sur
quatre départements, l'Essonne, la Seine-et-Marne, le Loiret et l'Yonne
et sur trois régions, l'Île-de-France, le Centre et la Bourgogne,
mais ne représente pas une entité administrative à part
entière. Si l'on devait délimiter une zone naturelle, le
Gâtinais irait ainsi jusqu'à la Seine au nord, à l'Yonne
à l'est, à la forêt d'Orléans au sud et à
l'Essonne à l'ouest. Historiquement la capitale du Gâtinais
était Château-Landon, à
91 Voir en annexe n°5 la cartographie des studios de
répétition et d'enregistrement en Seine-et-Marne
92 Introduction à étude de l'Abbé
Crespin, « Évolutions religieuses du Gâtinais au premier
millénaire » dans le Bulletin de la Société
d'Émulation, n°98, novembre 1995
93 Atlas rural et agricole de l'Île-de-France,
DRIAF IAURIF, 2004, p.30
45
l'extrême sud de la Seine-et-Marne. Par la suite, le
Gâtinais fût scindé d'Ouest en Est, la partie Ouest
correspondant au « Gâtinais français », qui
s'étend à tout l'arrondissement de Fontainebleau94 et
à une partie du sud de l'Essonne, autour de Milly-la-Forêt, avec
pour « capitale » symbolique, Nemours. Divers auteurs s'accordent sur
le fait que la partie dite « Gâtinais orléanais »
correspondrait à l'ancien arrondissement de Montargis, une partie
importante de l'arrondissement de Pithiviers, dans le Loiret. Avec la loi dite
Voynet instaurant une nouvelle division administrative en « pays »,
le Gâtinais fut rattaché au « Pays du Gâtinais »,
regroupant 75 communes rurales, proche du Gâtinais montargois ou
orléanais. Aujourd'hui, plusieurs communautés de communes peuvent
se rattacher à l'ancien découpage en pays, et sont
employés comme principal repère pour qualifier dans cette
étude le Gâtinais : Les Terres du Gâtinais, le Pays de
Fontainebleau, le Pays de Nemours, Moret Seine et Loing, le Gâtinais
Val-de-Loing et le Bocage Gâtinais. Depuis 1999, une large part du
Gâtinais Ouest est classé « Parc Naturel Régional
», sur les traces du « Gâtinais français ».
Profil sociodémographique du Gâtinais
A partir de l'étude de la SEGESA (Société
d'études géographiques économiques et sociologiques
appliquées) sur l'espace rural en Île-de-France95, nous
pouvons clairement identifier une typologie rurale, dans laquelle un groupe
particulier se rattache majoritairement à notre zone d'étude. Il
s'agit du groupe 4 ou « le rural traditionnel Francilien » qui se
distingue par le gradient de ruralité le plus
élevé96. Ce groupe est composé de communes
assez petites (750 habitants en moyenne), peu attractives, marquées par
le vieillissement de sa population (avec près de 20% de
retraités), et où la population étrangère est la
plus faible. Ce sont également les communes les moins bien pourvues en
équipements et services privés et publics, avec un maximum de
deux commerces par communes. Leur structure sociale marquée par une
forte présence des retraités, est cependant en train de se
transformer avec le basculement des générations, un
rajeunissement est en cours, avec une variation de près 2,5% de jeunes
de moins de vingt ans entre 1990 et 1999. En 2009, la part de moins de vingt
ans sur le territoire sud seine-
94 L'arrondissement de Fontainebleau est une division
administrative qui comprend : le canton de Nemours, de Moret-sur-Loing, de
Lorrez-le-Bocage, de Fontainebleau, de Château-Landon et de la
Chapelle-la-Reine.
95 Étude SEGESA, DREIF, DRIAF, Dynamique
territoriale de l'agriculture et de l'espace rural en Île-de-France,
2005, p.23
96 En annexe n° 6 et 7 l'ensemble des
éléments de l'étude de la SEGESA permettant de
définir notre zone d'étude.
46
et-marnais varie d'un minimum de 22% à presque 32 %
selon les communes.97 Les ouvriers sont cinq fois plus nombreux que
les agriculteurs. La mobilité y est très forte avec moins de 20 %
des actifs travaillant dans leur ville de résidence. Notons que le rural
traditionnel francilien se distingue du rural moyen du reste du territoire
français, étant donné une densité deux fois plus
élevée. On peut également inclure, dans le territoire
étudié, quelques «pôles ruraux et
périurbains», principalement axés le long du Loing, pour une
taille moyenne de 5000 habitants. Près de 80% de ces communes ont plus
de 20 équipements et services. Un tiers de leur surface est agricole,
mais leur gradient de ruralité reste faible. Elles sont marquées
par une forte proportion de retraités, et de faibles arrivées de
jeunes. De plus, on peut également observer que cinq communes sur notre
territoire font partie du groupe des « bourgs ruraux nouvellement
attractifs », ce qui correspond à des communes d'une
ruralité marquée, qui ne comptent pas plus de 1100 habitants,
pour une surface agricole qui atteint près de 60% de leur territoire.
Toutefois, on constate une augmentation de nouveaux jeunes arrivants, de
catégories relativement modestes (peu de cadres) ainsi qu'une croissance
démographique forte (4% par an), la plus importante hors villes
nouvelles. Il convient de notifier la présence de communes appartenant
au « rural résidentiel aisé », autour de la Forêt
de Fontainebleau, avec une forte proportion de cadres (corrélativement
à un faible taux d'ouvriers), un faible taux de chômage, et un
taux élevé de résidences individuelles. Si leur indice de
ruralité est peu élevé, l'équipement de base est
lui limité, avec seulement 7 équipements en moyenne pour 1000
habitants. Enfin, la part de villes appartenant au « rural
résidentiel des classes moyennes » est également à
notifier. Avec 63% de sa surface employée aux terres agricoles, son taux
d'équipement est aussi faible que pour le rural traditionnel francilien.
Elles se distinguent avant tout par un taux de croissance démographique
variant de 3 à 2% par an. L'accession à la
propriété ou encore l'attractivité du foncier ainsi que la
relative proximité avec les pôles d'emploi de l'Ouest peut
expliquer l'accroissement du nombre de jeunes et d'actifs (plus de 3% entre
1990 et 1et999).
Il est à noter que l'étude de la SEGESA
excluait, d'emblée, une centaine de communes «non-rurales» sur
notre secteur d'étude, des villes de la grande couronne à savoir
: Nemours, Fontainebleau et Montereau-Fault-Yonne. Des villes que nous ne
pourrons pas entièrement exclure de cette étude étant
donné les liens étroits quelles entretiennent avec leurs
territoires limitrophes et les dynamiques croisées. Aussi, en se basant
les critères établis pour cette étude (sur les six
communautés de communes embrassant actuellement les limites naturelles
du
97 En annexe n°10, la répartition de la population de
moins de 20 ans par communes en Seine-et-Marne
47
Gâtinais98), on constate que le taux de
densité moyen est deux fois plus faible que la moyenne
départementale, avec 119 habitants au kilomètre carré
contre 222 sur l'ensemble du département. Lors de l'élaboration
de cette présente étude, il est apparu essentiel de prendre en
compte l'environnement démographique pour caractériser les
structures étudiées et leur environnement afin de pouvoir
véritablement parler de milieu rural. La proximité du
Gâtinais avec des zones urbaines et périurbaines nécessite
en effet de ne pas occulter ses potentiels démographiques et sa
capacité d'accueil qui pourraient être davantage associé
à l'urbanité. Néanmoins, notre exploration a pu confirmer
le profil rural du Gâtinais et de l'inscription des lieux dans un
environnement rural ou comme étant des lieux ruraux.99
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