Malgré les dispositions du Droit International
Humanitaire visant à préserver l'environnement93,
« en période de conflit des atteintes à l'environnement sont
inévitables. En réalité, les guerres ont de tout temps
laissé des traces - parfois extrêmement durables - sur
l'environnement naturel »94. L'histoire récente a
montré qu'au cours des trois dernières décennies, les
conflits armés ont eu un impact, parfois très important, sur le
maintien en l'état des espaces protégés dans certains pays
de l'Afrique orientale. Quelles que soient les formes que prend un conflit
(international, civil, tribal, rébellion, etc.), ses conséquences
possibles sur la faune et ses habitats peuvent être diverses et
persistantes, ce qui compromet immédiatement l'avenir du tourisme dans
la région95.
D'une façon générale, les
problèmes liés à l'environnement requièrent de plus
en plus l'attention du Gouvernement. Mais en raison de l'état de
paupérisation générale du pays et la guerre, plusieurs
infrastructures et domaines naturels ont été soit détruits
soit abandonnés à eux-mêmes. C'est ainsi que des hectares
de forêt ont été brûlés, des sites
touristiques détruits par l'occupation de populations
déplacées ou regroupées suite à la guerre. Les
perturbations climatiques ont également
93 Ici, nous faisons référence :
au principe selon lequel le droit des Parties au conflit de
choisir des méthodes ou moyens de guerre n'est pas illimité,
à la Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre
(Convention IV, signée à La Haye en 1907), le Protocole
concernant la prohibition d'emploi, à la guerre, de gaz asphyxiants,
toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques , adopté
à Genève le 17 juin 1925; la Convention sur l'interdiction de la
mise au point, de la fabrication et du stockage des armes
bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur
destruction, adoptée le 10 avril 1972; la Convention sur l'interdiction
ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent
être considérées comme produisant des effets traumatiques
excessifs ou comme frappant sans discrimination, adoptée le 10 octobre
1980 ; la Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de
modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres
fins hostiles (Convention «ENMOD» adoptée dans le cadre des
Nations Unies le 10 décembre 1976) ; les « Directives du CICR pour
les manuels d'instruction militaire sur la protection de l'environnement en
période de conflits », 1996.
94 La protection de l'environnement naturel en période
de conflit armé, 31-12-1991 ARTICLE, REVUE INTERNATIONALE DE LA
CROIX-ROUGE, 792, DE ANTOINE, Op. Cit.
95 RWANYIZIRI G., Populations et aires
protégées en Afrique de l'Est, Université Michel de
Montaigne-Bordeaux III - DEA Géographie 2002
38
occasionné l'assèchement de marais et de
certaines rivières un peu partout dans le pays, ce qui a causé
des dégâts importants à l'environnement
burundais96. La crise socio-politique qui secoue le pays depuis
Octobre 1993 est venue remettre en cause les efforts entrepris et un
relâchement97 s'observe en matière de la protection et
de la conservation de la diversité biologique sauvage qui est
sérieusement menacée par des activités anthropiques de
destruction ou de surexploitation qui risquent d'entraîner la disparition
imminente de beaucoup d'espèces biologiques98.
Suite à la crise socio-politique que le Burundi a
connue depuis 1993 à 2005, la surveillance des monuments était
devenue difficile et plusieurs infractions se sont multipliées notamment
la coupe d'arbres, le sciage dans la faille de Nyakazu99. La crise
récente qui a secouée le pays et la pauvreté
récurrente des populations riveraines, a eu une incidence significative
sur la biodiversité, mais les valeurs essentielles (monuments naturels)
persistent100.