CHAPITRE I : L'ENDETTEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES : UN
ELEMENT EXPLICATIF DE LA RELATION BANQUE-ENTREPRISE
La relation banque-entreprise peut revêtir plusieurs
significations. BERGER (1999) pose trois conditions pour la mise en place de
cette relation : premièrement, l'intermédiaire financier doit
recueillir des informations qui ne sont pas à priori disponible dans le
public ; ensuite, les informations ainsi recueillies doivent s'inscrire dans le
temps, au travers de mulutiples interactions avec l'emprunteur, le plus souvent
au travers de la fourniture de différents services financiers ; enfin,
les informations obtenues doivent rester confdentielles dans la mesure
où elles ne sont pas publiques et peuvent être
considérées comme la propriété de
l'intermédiaire. Pour ONGENA et SMITH (2000) par exemple, cette relation
désigne « la connexion entre une banque et un client qui va
au-delà de la simple exécution de transactions financières
anonymes » De son coté, BOOT (2000) appréhende cette
relation comme la fourniture de services financiers par un intermédiaire
qui investit d'abord afin d'obtenir des informations spécifiques sur son
client, le plus souvent de manière prioritaire ; et qui ensuite
évalue la rentabilité de cet investissement à la fois au
travers de multiples interactions étalées dans le temps avec le
même client et par le biais de plusieurs produits.
Ces différentes définitions mettent en
évidence le fait que la relation banque-entreprise est soutenue par le
concept d'endettement bancaire qui constitue la véritable motivation
d'une entrée en relation de l'entrepreneur avec la banque (I). Mais
cette entrée en relation est elle-même soumise à de
nombreux aléas en locurrence, l'asymétrie de l'information
(II).
I.1. LE CONCEPT DE L'ENDETTEMENT BANCAIRE DES
ENTREPRISES
Pour mieux cerner le concept d'endettement bancaire des
entreprises, il faut le placer dans le contexte général d'une
économie d'endettement.
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Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
I.1.1 - L'ECONOMIE D'ENDETTEMENT : UN CADRE TOUT INDIQUE
DE
L'ANALYSE DE L'ENDETTEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES
L'économie d'endettement se caractérise par
trois traits essentiels : l'endettement des entreprises auprès des
banques, l'endettement des banques auprès de la Banque Centrale et le
faible endettement public.
I.1.1.1 - L'ENDETTEMENT DES ENTREPRISES AUPRES DES
BANQUES
Selon RENVERSEZ (1986), l'économie d'endettement est
celle où les entreprises ne trouvent pas auprès des marché
financiers les financements dont elles ont besoin et se financent par le biais
du crédit bancaire. Toutefois, pour qu'une économie d'endettement
soit considérée comme telle, il faut que l'appel au crédit
soit quelque chose de permanent.
Cette permanence suppose elle-même que le taux de
croissance désiré et donc le taux d'investissement
excèdent la capacité de financement de l'épargne locale.
Mais cela ne veut pas dire que dans une économie d'endettement, le taux
d'épargne est faible ; mais, le taux d'investissement est si
élevé que les entreprises doivent nécessairement faire
appel aux banques. C'est donc l'écart qui existe entre le taux
d'épargne, la capacité d'investissement qui en résulte et
le taux d'investissement souhaité qui justifie l'endettement des
entreprises auprès des banques. L'endettement bancaire des entreprises
apparaît alors comme la solution inévitable au maintien d'un taux
d'investissement élevé. L'origine de cet écart
diffère selon les pays, dans les pays développés, il se
situe généralement au niveau du partage social de la valeur
ajoutée entre les salaires et les profits. RENVERSEZ (1986) souligne
à cet effet qu'un concensus social peut s'organiser autour d'une
stabilité des parts relatives de salaires et des profits au
détriment de l'épargne des entreprises et partant de la
capacité d'autofinancement de celles-ci. C'est ce qui s'est passé
par exemple en France entre entre 1978 et 1981, période au cours de
laquelle le partage social s'est fait au détriment de profits des
entreprises. La conséquence en a été une baisse de
l'uatofinancement des entreprises. Dans les PVD c'est l'état même
du sous-développement de ces pays qui est à l'origine de cet
écart.
De ce qui précède, il ressort que c'est la
faiblesse de l'autofinancement des entreprises et le souci de
rentabilité de leurs activités ainsi que le désir de
maintenir un taux d'investisement élevé qui justifient le recours
au crédit bancaire, qui est la forme dominante de moyens de financeent
dans une économie d'endettement. En effet, les entreprises, ne trouvant
pas sur les marchés financiers les ressources nécessaires pour
financer leurs
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Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
investissements, vont s'adresser aux banques et l'appel
à ces dernières est avant tout un un appel au crédit. Dans
ces conditions, l'intermédiation financière au sens de GURLEY et
SHAW qu'assurent les banques, apparaît dès lors comme la
création des moyens de financement anticipant la croissance, laquelle se
réalise à son tour par le biais d'une opération : le
crédit. Il vient donc que la pression relative à la demande de
financement, vient des entreprises et dans une économie où le
taux d'investissement des entreprises est élevé, celles-ci
exercent un certain harcèlement sur les banques.
L'analyse telle qu'elle vient d'être faite, peut
conduire à assimiler l'économie d'endettement à une
économie de crédit. La question qui se pose est celle de savoir
si l'endettement des entreprises seul suffit à faire une économie
donnée une économie d'endettement ? On peut répondre
à cette question par la négative, car pour qu'une économie
de crédit soit une économie d'endettement, il faut que la
permanence de l'appel au crédit contraigne les banques à se
refinancer auprès de la Banque Centrale.
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