III.I.1.4 - LES DIFFICULTES DE DETERMINATION DES
RISQUES DES PROJETS A PARTIR DES SITUATIONS COMPTABLES DES PME
Selon CAPRIO et HONOHAN (1991), en raison de
l'asymétrie d'informations, les banques sont parfois incapables
d'évaluer la probabilité de défaut des projets pour
lesquels elles sont sollicitées et préfèrent rejeter les
demandes au lieu de prendre le risque de s'engager dans des projets trop
risqués. Le fait qu'une entreprise produise des éléments
comptables n'est pas toujours suffisant pour réduire l'asymétrie
d'informations, car ces documents,
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
quand on se réfère aux manipulations qui les
entourent lors de leur confection, ne sont pas fiables. En effet, les
entreprises établissent souvent trois déclarations statistiques
et fiscales (DSF) : la première a un usage interne, la deuxième
est destinée aux impôts et à la Direction de la Statistique
et de la Comptabilité Nationale et la troisième à la
banque. L'audit de ces documents par des commissaires aux comptes
assermentés n'est pas un critère de fiabilité en raison
des problèmes de corruption. Bien que les banques aient des logiciels
pour retraiter les bilans et déceler les incohérences, il n'en
demeure pas moins qu'elles ont toujours du mal à évaluer le
risque des entreprises.
III.I.1.5 - LA MISE A L'ECART DES PROJETS A PROBABILITE
D'ECHEC TROP ELEVE
Pour prendre la décision de mettre à
l'écart de sa politique de crédit les projets à
probabilité d'échec trop élevé, les banques
évaluent tour à tour le comportement de l'investisseur, la
probabilité de réalisation de l'état défavorable de
la nature, avant de prendre par la suite la décision.
III.I.1.5.1 - L'EVALUATION DU COMPORTEMENT DE
L'INVESTISSEUR
Avant d'étudier le risque spécifique du projet,
les banques s'intéressent d'abord à la personnalité et
à la surface financière de l'investisseur. Autant les banques
camerounaises manquent d'informations comptables fiables, autant il leur est
relativement facile d'obtenir des renseignements sur les emprunteurs potentiels
en raison de la taille relativement faible du marché et de la
densité du tissu social. Lorsqu'un entrepreneur les sollicite, elles
cherchent à savoir s'il connaît le secteur du projet, si c'est un
homme de terrain, s'il maîtrise la technique du projet. Elles
évaluent s'il va respecter ses engagements, autrement dit s'il les
préviendra dès que l'entreprise aura des problèmes. Les
banques cherchent surtout à savoir si l'entrepreneur ne confondra pas
les bénéfices de l'entreprise avec ses revenus.
III.I.1.5.2 - L'EVALUATION DE LA PROBABILITE DE
REALISATION DE « L'ETAT DEFAVORABLE » DE LA NATURE
L»état défavorable de la nature est
lié à la réalisation de trois risques : le risque
spécifique du projet, une mauvaise anticipation de la demande en raison
d'une méconnaissance du secteur, et la réalisation d'une variable
purement aléatoire que ni la banque ni l'entreprise ne peuvent
anticiper.
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
Pour déterminer le risque spécifique du projet,
la banque s'appuie sur des critères techniques (recours à des
ingénieurs spécialisés) et sur des données
comptables (bilans antérieurs et états prévisionnels).
Pour ce qui est du risque du projet ; les banques établissent un
équilibre entre les différents secteurs envers lesquels elles
s'engagent et décident, selon chaque secteur, d'intervenir plutôt
en amont ou plutôt en aval. Elles étudient ses
débouchés, sa structure (concurrentielle, oligopolistique ou
monopolistique), et les principaux opérateurs présents. Quant au
risque purement aléatoire, les banques savent qu'au Cameroun, la
probabilité de réalisation de "l'état défavorable"
de la nature est très importante. Elles demeurent très prudentes
pour s'engager même si l'entrepreneur paraît "solide", même
si le risque spécifique du projet est relativement faible et même
si le marché semble présenter des débouchés
conséquents. L'importance du risque au niveau macroéconomique
conduit les banques à adopter un comportement attentiste.
III.I.1.5.2 - LA DECISION DE FINANCEMENT DE LA
BANQUE
En général, la décision finale d'accorder
un crédit par une banque, est prise de deux manières. Soit le
responsable du suivi du dossier établit l'analyse du risque, soit ce
travail est confié à une cellule spécialisée. Dans
le premier cas, le personnel rencontre le client, analyse le risque et prend la
décision d'accorder ou de refuser le crédit. Dans ce type
d'organisation, le responsable du suivi du dossier connaît le
comportement de l'entrepreneur et tous les aspects du projet. Les banques qui
fonctionnent de cette manière mettent en avant la relation de
clientèle.
Dans le deuxième cas, les spécialistes de
l'analyse du risque ont plus de recul que les responsables du suivi du dossier.
De plus, grâce à ce mode de fonctionnement, les banques
centralisent l'information. Cependant, les analystes sont moins aptes à
apprécier le degré de confiance dans le comportement de
l'emprunteur.
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