I.2.4.2.A. LA DIVERSIFICATION DES RISQUES
La diversification des risques réalisée par les
banques est aussi un facteur important d'économies d'échelle. En
effet, un investisseur prudent cherche typiquement à diversifier ses
placements, conformément au vieil adage selon lequel on ne met pas tous
ses oeufs dans le même panier. Du fait des indivisibilités (on ne
peut pas acheter une demi-action ou une demi-obligation), les
possibilités de diversification sont d'autant meilleures que le montant
à investir est élevé. Un intermédiaire financier
qui collecte des fonds auprès d'une multitude d'épargnants aura
donc des possibilités de diversification du risque autrement plus
importantes qu'un investisseur individuel. De la même façon, une
banque qui a un grand nombre de déposants peut se permettre de ne garder
en réserve (afin de faire face aux retraits de ces déposants)
qu'une fraction limitée des dépôts, le reste étant
investi dans des actifs de long terme plus rémunérateurs.
Dans ce système dit de réserves fractionnaires,
le montant des réserves nécessaires pour couvrir les besoins de
liquidités des déposants avec une probabilité
donnée croît moins vite que le volume total des
dépôts. La fraction des dépôts que la banque devra
garder en réserve (pour limiter son risque d'illiquidité à
un certain seuil) est donc plus faible pour les
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
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banques de taille importante. Comme ces réserves de
liquidité ont un coût d'opportunité pour la banque (car
elles sont moins bien rémunérées que les placements
à long terme), la banque sera d'autant plus efficace qu'elle peut
attirer un volume important de dépôts. Cette diversification,
liée à la loi des grands nombres, est en fait exploitée
par l'ensemble des intermédiaires financiers: banques, mais aussi
compagnies d'assurance et organismes de placement collectif en Bourse.
I.2.4.2.B. LE FINANCEMENT DES PETITES ET MOYENNES
ENTREPRISES
Un autre type de diversification joue un rôle important
dans une activité qui est cette fois spécifique aux banques: le
financement des petites et moyennes entreprises (et des ménages) qui
n'ont pas la possibilité d'emprunter directement sur les marchés,
en particulier parce qu'il leur est plus difficile qu'aux grandes entreprises
dont la réputation est déjà acquise de se signaler aux
marchés (problèmes d'asymétrie d'information que nous
avons vu plus en profondeur en section ii). Ce financement comporte quatre
étapes importantes: la collecte des fonds (auprès de
déposants ou de petits investisseurs); la sélection des
emprunteurs (afin d'écarter ceux qui sont trop risqués); la
surveillance de leurs activités (pour éviter un mauvais choix
d'investissement ou même un détournement des fonds par les
emprunteurs); enfin, le recouvrement des créances (avec
éventuellement une procédure de contentieux en cas de
défaut de paiement).
Dans la mesure où une part très importante de
leur financement est à court terme, les banques sont à la merci
d'un retrait massif de leurs déposants en cas de mauvaise performance de
leurs actifs. Comme l'a montré Douglas DIAMOND (1984), c'est la source
d'un autre type d'économies d'échelle. En effet, une grande
banque aura la possibilité de diversifier suffisamment ses actifs pour
que leur rentabilité globale soit peu liée aux aléas subis
par ses emprunteurs individuels.
La performance de la banque sera alors le reflet de la
qualité de sa gestion. Par contre, même si une petite banque est
efficace dans sa politique d'investissement, elle reste tributaire du
défaut toujours possible d'un ou plusieurs gros emprunteurs, qui
entraîne la sanction immédiate du retrait massif de ses
déposants. Apparaît toujours le problème d'asymétrie
d'information entre les prêteurs (ici les déposants) et
l'emprunteur (ici la banque). Les déposants n'observent pas les
détails de la gestion bancaire et se fondent sur le résultat
des
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investissements pour se forger une opinion. Une mauvaise
performance transitoire, même si elle n'est pas le reflet de la
qualité fondamentale des actifs de la banque, peut entraîner un
retrait massif qui met en péril la viabilité de
l'établissement bancaire.
En Définitive, l'endettement bancaire des entreprises
qui est aujourd'hui au centre des préoccupations des chercheurs, des
banques et des entreprises est soutenu au Cameroun par le concept d'une
économie de l'endettement. Les banques ne pouvant faire face au volume
de demandes de financement qui leur parviennent, elles sont parfois contraintes
de se refinancer sur le marché interbancaire ou alors au niveau de la
Banque Centrale vu le faible niveau de l'endettement public. Et même,
lorsque les banques s'avèrent suffisament liquides, elles se retrouvent
confrontées à un problème d'asymétrie de
l'information qui débouche le plus souvent sur la selection et
l'exclusion bancaire. Certes, des intérrogations subsistent à
propos du comportement fastidieux que les banques ont affiché avant les
réformes monétaires et financières de 1990 bien qu'ayant
toujours été en situation d'oligopole sur le marché
bancaire camerounais. Situation que nous allons approfondir dans le chapitre II
de cette première parties.
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