Les nouvelles routes de la soie Chine Afriquepar Mahamadou dit N'fa Simpara Université Sidi Mohamed Ben Abdellah - Licence 2019 |
Paragraphe II : les grands piliers des nouvelles routes de la soieAvant tout, les nouvelles routes de la soie se donnent pour objet : l'amélioration de l'intégration économique, le développement infrastructurel, commercial, le processus d'amélioration active de la circulation des capitaux et enfin, véhiculer des messages de paix à travers le monde.18(*) -L'amélioration de l'intégration économique : A l'image du slogan « gagnant-gagnant » qui est le mot d'ordre même des nouvelles routes de la soie, Pékin veut mener cette initiative dans un cadre purement collaboratif. L'objet étant l'approfondissement de la coordination des politiques publiques de développement, l'initiative, de ce fait, ne peut évoluer que dans un cadre participatif des différents Etats concernés. Ces derniers, généralement des pays en développement (pays d'Asie et d'Afrique), tirent leur épingle du jeu par l'approvisionnement constant de leurs marchés en produits manufacturés, ce qui, dans une très large mesure, favorise la croissance de l'économie mondiale. Quant à la Chine, toujours à la recherche de marchés pour écouler ses biens et services, l'initiative peut avoir un effet considérable sur son économie, qui à la base, considérée comme une puissance économique mondiale. Dans cette idée de coopération économique nait la volonté de participer au développement infrastructurel mondial. - Le développement infrastructurel : Considérée comme l'aspect le plus visible des nouvelles routes de la soie, l'infrastructure occupe la place la plus concrète et la plus visible de l'initiative chinoise. La connectivité, comme objet premier des routes de la soie depuis l'origine, ne peut se réaliser que dans le cadre d'une forte construction infrastructurelle (chemins de fer, de ports, construction de réseaux routiers ou de réseaux de production et de transport d'énergie). D'ailleurs, selon les statistiques de BOAO, les travaux menés dans le cadre des nouvelles routes de la soie, entre 2013 et 2017, se résumaient à : « 15 aéroports déjà construits, 28 ont été rénovés ou agrandis, dans les provinces chinoises. De plus, les grandes entreprises publiques chinoises, dont China Railway Group et China communications construction company, ont entrepris 38 grands projets pilotes d'infrastructures de transport à l'étranger au profit de 26 pays riverains »19(*) Les réseaux numériques (internet, télécommunication) rentrent dans cette configuration. Ils nécessitent des infrastructures bien adaptées à leur mise en place. Le continent africain affiche cette envie de l'empire du milieu de participer au développement mondial en matière d'infrastructures. Le développement infrastructurel rime bien avec le développement des chiffres. Ce qui fait du développement du commerce international, la troisième priorité des nouvelles routes de la soie. -Le développement commerce international : Avec un esprit de participation et de collaboration, l'initiative des nouvelles routes de la soie engendre, dans le cadre de la construction des infrastructures et la participation à l'augmentation de la croissance économique internationale, une vente colossale des marchandises et des équipements à travers les zones reliées par l'initiative. Selon les mêmes statistiques menées par le BOAO, de « juin 2013 à juin 2016, le volume du commerce des marchandises entre la Chine et les pays le long des nouvelles toutes de la soie s'est élevé à 3 100 milliards de dollars, représentant 26 % du chiffre d'affaires total du commerce extérieur enregistré par la Chine. Dans un même temps, la Chine a établi dans 18 pays riverains 52 zones de coopération économique et, commerciale (dont 13 ont été certifiés) pour un investissement total de 15,6 milliards de dollars. À la date du 30 juin 2016, la Chine avait signé des accords d'investissement bilatéraux avec 104 pays riverains, et dans ces pays, le montant des investissements chinois atteignait 51,1 milliards de dollars, soit 12 % du total des investissements chinois à l'étranger sur la même période » 20(*) Ce troisième pilier aura pour condition, ou du moins pour conséquence, la libre circulation des capitaux. -La libre circulation des capitaux : Le projet titanesque des nouvelles routes de la soie nécessite des fonds colossaux estimés et variés entre 4 000 et 26 000 milliards de dollars.21(*) Alors petite précision, le financement total de l'initiative chinoise est complètement indépendant de tout effort économique du fond monétaire international (FMI). Le projet est largement financé par les organismes suivants : la Banque de développement de Chine -China Development Bank-, par l'Export-Import Bank of China, par l'Agricultural Development Bank of China (ABD), par la banque des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), par l'Organisation de Coopération de Shanghai, par les grandes banques publiques chinoises (CDB, ICBC, Eximbank)22(*). Avec une telle multitude de source de financement, on assiste à une mobilité des capitaux à travers le monde. -Favoriser la paix dans le monde : Ce 5e pilier représente le volet culturel des nouvelles routes de la soie. Cet aspect culturel des nouvelles routes de la soie est matérialisé par la création des centres culturels le long de la route de la soie, également par la mise en place d'une bourse d'étude « Route de la soie ». Elle est octroyée dans différents domaines de recherche, surtout ceux concernant les routes de la soie (géographie, géologie, économie...). Cette bourse prend en charge le financement total des études durant tout le cursus de l'étudiant et assure également la prestation de certains avantages sociaux. Un volet qui explique bien, l'envoie des casques bleus chinois dans les missions onusiennes (notamment au Mali et bien d'autres pays.) Entre également dans le programme culturel de l'initiative, l'organisation des festivals culturels et artistiques route de la soie, qui a lieu dans différents pays le long des routes de la soie. Toutefois, cet aspect des nouvelles routes de la soie fait face des critiques notamment sur le continent africain. Avancé que ce coté témoigne d'un élément du soft power chinois. Sur ce plan social, les nouvelles routes de la soie se donnent pour mission le développement de la compréhension mutuelle entre les peuples. Cependant, malgré toutes ces idées de bonne volonté, l'initiative « one belt, one road » fait face à d'énormes critiques, notamment, qu'elle serait un plan géopolitique consacré par la volonté de Pékin de dominer le monde. (Chapitre II) * 18 Pour la France, les nouvelles routes de la soie : simple label économique ou nouvel ordre mondial ? Rapport d'information de M. Pascal ALLIZARD, Mme Gisèle JOURDA, MM. Édouard COURTIAL et Jean-Noël GUÉRINI, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées n° 520 (2017-2018) - 30 mai 2018, publié sur le site officiel du sénat français.* 19 Z. Lin, Les nouvelles routes de la soie pour le bénéfice partagé et le développement » publié sur le site french.china.org.cn, 25 mai 2017 * 20 Ibis * 21 F. Lassere et E. Mottet, La belt and road initiative : quelle géopolitique ?, volume 4, numéro 3, Regard géopolitique, bulletin du conseil québécois d'études géopolitiques, Automne 2018, p.3 * 22 Pour la France, les nouvelles routes de la soie : simple label économique ou nouvel ordre mondial ? Rapport d'information de M. Pascal ALLIZARD, Mme Gisèle JOURDA, MM. Édouard COURTIAL et Jean-Noël GUÉRINI, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées n° 520 (2017-2018) - 30 mai 2018, publié sur le site officiel du sénat français. |
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