Portée du suivi d'une politique eau, hygiène et assainissement dans la base vie d'une société forestièrepar Brice DJOMOU POKA Institut OTC (burkina faso) (en ligne) - Master 2 professionnel 2018 |
CHAPITRE VI : Cartographie des acteurs, rôles et analyse situationnelleAfin d'apprécier le fonctionnement de la mise en oeuvre de la politique « EHA », de l'entreprise, nous avons fait recours à l'analyse stratégique de Crozier et Friedberg. Cette approche théorique sociologique est avant tout une théorie organisationnelle. Elle servira à analyser le fonctionnement de la société tout en prenant à la fois en compte l'acteur et le système. Elle pourrait permettre de produire une connaissance pratique, une connaissance qui puisse être un outil du changement en permettant aux intéressés (acteurs) de mieux comprendre la situation dans laquelle ils se trouvent et donc, d'être mieux à même de la changer. I. Diagramme de VennFigure 6 : Diagramme de Venn Responsable hygiène sécurité, et environnement Responsable du site Population de la base vie Sous-préfecture de Salapoumbé Commune de Salapoumbé Responsable volet social / Médiateur social Pairs éducateurs Comité d'hygiène et salubrité au Camp Acteurs dans le système d'hygiène et assainissement sur le site Organe principal de mise en oeuvre du système dédié à l'eau, l'hygiène et l'assainissement dans la base vie Relation hiérarchique Relation conflictuelle (répression) Relation de négociation (sensibilisation) Relation de coopération bilatérale Relation bilatérale simple II. Analyse stratégique organisationnelleTableau 7: Grille pour une analyse stratégique organisationnelle significative pour les principaux acteurs
Pour Michel Crozier et Erhard Friedberg, le changement est un phénomène systémique. Pour qu'il ait changement, il faut que tout un système d'action se transforme, c'est-à-dire que les hommes devraient mettre en pratique de nouveaux rapports humains, de nouvelles formes de contrôle social. Il ne s'agit pas nécessairement de décider une nouvelle structure, une nouvelle technique, une nouvelle méthode, mais de lancer un processus de changement qui implique actions et réactions, négociations et coopération. Dans cette vision, le changement sera le résultat d'un processus collectif à travers lequel sont mobilisées, voire crées, les ressources et capacités des participants nécessaires pour la constitution de nouveaux jeux dont la mise en oeuvre libre permettra au système de s'orienter ou de se réorienter comme un ensemble humain et non comme une machine. Le jeu concilie la liberté et la contrainte. Le joueur reste libre, mais doit, s'il veut gagner, adopter une stratégie rationnelle en fonction de la nature du jeu et respecter les règles de celui-ci. Cela veut dire qu'il doit accepter pour l'avancement de ses intérêts les contraintes qui lui sont imposées. S'il s'agit d'un jeu de coopération, comme c'est toujours le cas dans une organisation, le produit du jeu sera le résultat commun recherché par l'organisation. Ce résultat n'aura pas été obtenu par la commande directe des participants, mais par l'orientation qui leur aura été donnée par la nature et les règles de jeux que chacun joue et dans lesquelles ils cherchent leur propre intérêt. A vrai dire, la liberté exclu le libertinage. Car la marge de liberté dont jouie l'acteur social n'est complètement pas absolue. Elle est soumise à des contraintes et à des contingences. Les acteurs règlent leur problème en construisant des principes qui structures leur champ d'action et le rend possible. Dans bien de situation, l'acteur se sert de cette marge de manoeuvre pour acquérir du pouvoir au sein d'une organisation. Ceci renverrait à ce que Crozier et Michel (1977) appellent zone d'incertitude. 77% de la population interviewée qui se conforment aux mesures d'hygiène le font non pas parce qu'ils l'ont légitimé, ou encore parce qu'ils l'ont appropriés ou encore moins parce qu'ils l'ont pris comme une valeur, mais parce qu'ils ont peur des sanctions encourues en cas de déviance (règlement intérieur de la société, textes et lois nationaux,...) cette philosophie nous rappelle la maxime de Francois de la roche Foucauld lorsqu'il disait « l'amour de la justice n'est pour la plupart des hommes que la crainte de souffrir l'injustice ». La négociation permet d'imposer une valeur conçue et jugée meilleure. Et ensuite, viendra l'appropriation de ses valeurs et sera socle de sa durabilité, d'où la légitimité. Cette question de légitimité fait ressortir deux (02) autres termes : appropriation et valeurs. La légitimité découle donc des relations entre les acteurs, mais ici le pouvoir se fond comme une glace qui devient de l'eau. Ce pouvoir n'a pas disparu, il a juste subi une transformation, mais a perdu en masse. Cette légitimité pourrait donc contribuer à la compréhension du système par les acteurs et participeront à l'élaboration de leurs stratégie. Même s'il y a eu changement dans le comportement des populations de la base vie durant ces dernières années, ce changement social qui est un changement structurel ne rassure pas quant à la durabilité. La preuve, pendant un relâchement de deux (02) à trois (03) mois d'activité du comité d'hygiène, ces populations retombent dans une insalubrité remarquable, tant au niveau des points d'eau, des fosses à ordures que dans les cases. C'est aussi dans cette période que les robinets sont les plus défectueux. Et là, les sensibilisations sont refaites et les répressions s'imposent. ces sensibilisations sont assimilées à cette négociation, car en allant vers les ouvriers et les autres ayants droits (femmes et enfants), nous avons pour objectif de les amener à changer de mode de vie et de manière de faire en matière d'hygiène, d'assainissement et de gestion des infrastructures hydrauliques. Cela nous fait penser à la définition de Guy rocher de la notion de changement social. Pour lui, le changement social est d'abord un phénomène collectif, en plus il doit être un changement de structure, identifié dans le temps, permanent, affectant le cours de l'histoire d'une société, d'où une définition définitive donnée par Guy Rocher : c'est « toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d'une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire »17(*). Dans ce système, il y a toujours un accompagnement de sociologues. Ils sont vigilants à avoir un regard sur les actions pour qu'il en reste quelque chose. Notre perception est façonnée par des mots, des gestes, des habitudes, et des regards perçus dans l'enfance ou la jeunesse. Les problématiques d'hygiène concernent également le rapport que les personnes entretiennent avec leurs environnements. Que ce soit face à leur propre environnement physique (milieu de vie), à leur environnement social (le relationnel) ou à leur environnement de travail ou scolaire, les problématiques liées à l'hygiène sont impératives. Il s'agit aussi de prendre en compte les écarts de représentation existant entre les comportements empiriques et les contraintes environnementales tels que vécus dans la base vie. L'approche multiculturelle est complexe parce qu'elle met en présence des cultures ou des habitudes aux caractéristiques et aux fondements différents. À leur arrivée dans la base vie, les ayants droits à la société devraient s'adapter à un certain nombre de réalités afin de vivre en harmonie avec les autres ouvriers avec lesquels ils désirent vivre dans le même environnement. Et, nous nous attendons à ce qu'ils changent et laissent de côté certains de leurs habitudes les plus apparents, pour s'intégrer au nouveau milieu et à ses valeurs ; d'où un rôle à jouer pour le sociologue de l'entreprise. * 17Guy Rocher (1968), Page 22 |
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