II.6. LE FAIBLE NIVEAU DES REVENUS DES POPULATIONS
Les revenus des populations des petits centres urbains sont
très faibles (25 000 à 40 000 FCFA/ménage de 5 à 8
personnes) ce qui rend l'accès aux réseaux d'adduction d'eau
difficile (figure 8). Le montant d'un branchement est de 150 000 FCFA en
moyenne. Coût que plusieurs ne peuvent se le permettre.
![](Amelioration-de-l-approvisionnement-des-quartiers-des-villes-secondaires-du-Cameroun-en-eau-potable29.png)
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Source : Enquête de terrain, Mai 2012
Figure 8: Catégories des revenus des
chefs de ménages au quartier I
Les populations, incapables de payer les factures d'eau trop
élevées, sont obligées de moduler l'utilisation de l'eau
servie par la CDE; elles ne l'utilisent que pour la boisson et la cuisine. Pour
les autres besoins, elles s'approvisionnent aux puits et aux sources c'est le
cas des populations du quartier I de Bangangté. Si on estime la
consommation à 40 Litres6 d'eau /jour/personne, on arrive
à environ 5m3/ménage/mois. Donc, le ménage
paiera à la CDE une facture de 2 600 F CFA (location de compteur et TVA
comprises). Il y a quelques années elles seraient abonnées en
payant environ 45 000 F CFA si la canalisation arrivait sur la parcelle. Selon
les populations, la CDE a adopté des mesures
répréhensibles très sévères. Si le
ménage accuse un retard d'un jour dans le règlement de la
facture, il paiera en plus de celle-ci une pénalité qui se situe
entre 4 000 et 5 000 F CFA et des frais de rétablissement d'environ 1500
F CFA. D'après nos enquêtes de terrain, un ménage moyen au
quartier I peut consacrer jusqu'à 2 % de ses revenus seulement pour
l'eau qu'elle consomme. Cette hausse des coûts a mené à
l'incivisme des populations qui se traduit par une réticence à
payer les factures à temps ou plutôt le refus catégorique
de les payer. Les abonnés dès que suspendus, recourent à
la fraude ou à d'autres méthodes informelles pour
s'approvisionner en eau (destruction des conduites dans le but de
s'approvisionner), ce qui créé des pertes importantes sur le
débit à distribuer.
6 Programme Alimentation en eau potable dans les
quartiers périurbains et les petits centres urbains
réalisés par l'École Nationale Supérieure
Polytechnique Yaoundé ; février 1998
48
Le coût d'exploitation d'un puits est bien moins cher au
ménage même si l'on emploie des techniques telles que la
chloration lente etc. Voici une estimation d'un compte d'exploitation (100
ménages par point d'eau avec une consommation de 3,6
m3/ménage/mois/) :
Ouvrier de surveillance 20 000 F CFA/mois = 20 000 F CFA
Produit de traitement (eau de javel) 3,6
m3/ménage
X 100 ménages X 240 F CFA/m3 = 86 400 F CFA
Chacun des 100 ménages ne paiera que 1064 F CFA/mois.
[Si 1 Litre d'eau de javel coûte 600 F CFA et que l'on compte 2 gouttes
par litre d'eau à traiter]
|
Tableau 2 : Nombre de branchements au
réseau CDE par catégorie de revenu au quartier I
REVENU DU CHEF DE MÉNAGE
|
BRANCHEMENT AU RÉSEAU CDE
|
NON
|
OUI
|
Plus de 100 000 F CFA
|
6
|
62
|
De 10 000 à 50 000 FCFA
|
28
|
38
|
De 5 000 à10 000 FCFA
|
12
|
4
|
De 50 000 à 100 000 FCFA
|
18
|
28
|
De 5000 à 10 000 FCFA
|
4
|
0
|
Source : Enquête de terrain, Mai 2012
On peut constater que le nombre de branchement par
ménage varie avec le pouvoir d'achat de ce dernier. Les ménages
ayant un revenu de plus de 100 000 FCFA par mois sont les plus connectés
au réseau de la CDE (figure 9). Moins de 20 % des ménages du
quartier I sont branchés au réseau CDE7. Ceci justifie
l'idée selon laquelle le faible niveau des revenus des ménages
est un facteur à ne pas négliger dans l'accès des
populations à l'eau potable. À ce faible pouvoir d'achat vient se
greffer le piteux état des infrastructures.
7Donnée issues de la DD/MINEE/NDE
![](Amelioration-de-l-approvisionnement-des-quartiers-des-villes-secondaires-du-Cameroun-en-eau-potable30.png)
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Source : Enquête de terrain, Mai 2012
Figure 9: Taux de branchement réseau
CDE au quartier I
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