II « Présentation de l'établissement
B »
La construction du second établissement commença
en 1838, là aussi au siècle de l'aliénisme. L'utilisation
de la chambre d'isolement dans cet établissement constitue une
modalité de soin traditionnelle. D'une manière
générale, les médecins utilisent le terme de chambre
d'isolement, alors que les infirmiers et le cadre de santé parlent de
Chambre de Soin Intensif (CSI).
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II.1 « Les acteurs »
II.1.1 « Les psychiatres »
Avant d'arriver dans l'établissement, les deux
psychiatres ont exercé au sein de structures de soin ou la chambre
d'isolement n'existait pas. La trajectoire professionnelle du chef de service
influence son discours sur la chambre d'isolement. Venant d'un
établissement à la culture institutionnelle opposée, il
préférait déjà la modalité de l'enfermement
à la mise sous contention. La mise sous contention pose d'emblée
un sentiment de traitement « inhumain » du patient. La mise sous
contention s'apparente à une maltraitance, et renvoie ainsi aux
conceptions qui l'accompagnent. Elle justifie alors la pratique de l'isolement,
considéré alors comme moins inhumaine. Pour le second psychiatre,
c'est la découverte, en plus, de la gestion de l'hospitalisation sous la
contrainte.
« Quand je suis arrivé ici, il y avait des
chambres d'isolement partout, dans tous les services, la tradition c'est
l'isolement. Alors qu'à A on attachait les malades sur les lits, on les
attachait sur les lits rarement plus d'une journée, mais c'était
quand dans ces eaux là, quelques heures, une journée. Et je me
souviens quand j'étais à A, je disais si on avait des chambres
d'isolement on règlerait beaucoup de problème, alors il y avait
des patients pour lesquels on pouvait pas les attacher, c'était pas
humain »(chef de service)
« J'ai découvert l'hôpital psychiatrique
tardivement pendant toute ma formation j'étais dans des services
hospitalo-universitaire à l'AP-HP. Et donc s'était naturellement
une psychiatrie ou il y avait moins de chronicité et ou dans l'ensemble
les cas étaient plutôt moins lourds qu'à l'hôpital
psychiatrique. Même s'il y avait des cas lourds de temps en temps et il
n'y avait pas d'hospitalisation sous contrainte non plus dans ces services,
toujours pas d'ailleurs, puisqu'ils ne sont pas sectorisés.
»(praticien hospitalier)
II.1.1.1 « Influence d'outre Manche
»
Le chef de service définit sa fonction en s'inspirant
du modèle anglo-saxon, en prenant l'exemple de l'organisation des soins
de la psychiatrie en Angleterre, ou le psychiatre y
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joue un rôle d'organisateur. En effet, ce dernier a souvent
insisté sur l'organisation du
travail.
«É il y a un déplacement des
responsabilités du psychiatre vers le médecin
généraliste qui fait beaucoup d'ordonnances de ce genre
là, et beaucoup d'infirmiers qui font beaucoup de formes de
thérapies. Et le psychiatre en Angleterre sert beaucoup plus à
orienter, à organiser les choses. »(chef de service)
« Éla fonction de chef de service est
quand même très très institutionnelle. » (chef de
service)
Les responsabilités doivent être réparties
selon les compétences des individus et pas selon la fonction. Les
responsables sont choisis dans toutes les catégories de personnel
(médicale ;infirmière)
« Et chez les anglo-saxons il peut y avoir un
infirmier qui est directeur d'un hôpital de jour ou responsable d'un
hôpital de jour, moi je trouve ça très bien parce que c'est
pas la formation, c'est pas le grade c'est les compétences de la
personne. (chef de service)
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