Au Brésil, le gouvernement de l'État du Goias,
en collaboration avec les ONG et la société civile, a mis en
place, depuis le début de 1995, un Programme d'aide pour les familles
nécessiteuses, qui présente de multiples aspects. L'État
consacre quatre(4) pour cent de son budget au programme qui a pour objectifs de
lutter contre la pauvreté, de se libérer de la faim,
d'améliorer la santé, et de fournir un toit aux plus pauvres.
C'est peut-être l'action coordonnée la plus importante qui ait
été entreprise pour combattre la faim au Brésil; elle est
un bon exemple des corrélations qui existent entre la santé,
l'éducation et la sécurité alimentaire. Par
l'intermédiaire du Secrétariat spécial de
solidarité humaine, 19 secrétariats d'État (dont ceux de
l'éducation, de la santé et du développement urbain)
collaborent avec 232 conseils municipaux, 4 800 organismes non gouvernementaux
et 11 000 volontaires, pour encourager les vaccinations des enfants, la
fréquentation des écoles et la création d'emplois. L'eau
et l'électricité sont gratuites pour les familles dont les
revenus sont inférieurs à 100 dollars EU par mois.
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La nourriture est au centre du programme tout entier. Avec le
slogan «la garantie de nourriture, un droit fondamental»,
l'État distribue des colis alimentaires gratuits à toutes les
familles dont les revenus déclarés mensuels sont
inférieurs à 100 dollars. Mais, pour recevoir les colis
alimentaires, les enfants des ménages à faible revenu doivent
montrer leurs certificats de vaccination et de fréquentation scolaire.
Ce programme a donc assuré la sécurité alimentaire
immédiate par la distribution directe de nourriture et par des
transferts de revenus comme l'exemption de paiement des services publics de
base, mais également celle du futur par l'amélioration de la
santé des adultes de demain, la création d'emplois et le
développement du capital humain. C'est dans des cas pareil quand parle
des programmes d'alimentation directe qui consistent aux transferts de la
nourriture directement à la population cible. Ils comprennent les repas
scolaires, les colis alimentaires des centres de santé ainsi que les
programmes d'alimentation en établissement, les soupes populaires et les
cantines spéciales.
Un plan pilote de subvention des prix des aliments,
ciblé géographiquement, a été mis en application
dans trois provinces des Philippines en 1983-1984. Il visait les ménages
ayant des enfants d'âge préscolaire et souffrant de malnutrition.
Il semble que ce plan ait réussi à atténuer la
malnutrition dans les sept villages qui y ont participé. Il consistait
à réduire les prix du riz et de l'huile de cuisine et à
dispenser une éducation nutritionnelle. Les sept villages avaient
été choisis en raison de l'incidence élevée de la
malnutrition et de la pauvreté. Le ciblage étant
géographique, tous les ménages des villages
sélectionnés, pour y appliquer les prix réduits,
remplissaient les conditions requises. Chaque ménage a reçu une
carte de ration indiquant son quota mensuel de riz et d'huile, calculé
en fonction de la taille de la famille. La ration de riz
bénéficiant d'un prix réduit représentait la
moitié de la consommation normale de la plupart des ménages, mais
la ration d'huile dépassait le volume ordinaire acheté
auparavant. Selon une étude de l'IFPRI (Garcia et Pinstrup-Andersen,
1987), l'élément subvention du plan a provoqué une hausse
des dépenses alimentaires et de l'énergie achetée et
consommée des ménages, ainsi que de la consommation
énergétique de la plupart des individus composant les
ménages. Les adultes ont bénéficié des parts les
plus larges, mais le poids moyen des enfants d'âge préscolaire a
également augmenté.
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L'étude a aussi observé que le second
élément du plan - l'éducation nutritionnelle - avait un
petit effet positif dans les ménages où il était
associé aux subventions. Mais aucun effet n'a pu être
constaté lorsque l'éducation était dispensée sans
complément de pouvoir d'achat. Par contre, la subvention sans
l'élément éducatif était également
efficace.
Les frais administratifs ont été faibles (9
pour cent de la dépense totale), de même que les primes
versées aux détaillants pour assurer une distribution efficace
des produits subventionnés (7 pour cent). Les subventions ont donc
représenté 84 pour cent du coût du plan.
Toutefois, le ciblage géographique signifiait que
même les ménages sans enfants mal nourris d'âge
préscolaire bénéficiaient du plan. Si donc le coût
budgétaire de chaque dollar EU transféré aux
ménages participants s'est élevé à peine à
1,19 dollar, le coût du transfert de ce même dollar aux seuls
ménages ayant des enfants mal nourris d'âge préscolaire a
atteint 3,61 dollars. De même, le coût d'un kilogramme de poids
corporel pris par chaque enfant d'âge préscolaire participant au
programme a été de 24 dollars par an, contre 56 dollars si l'on
ne tenait compte que du poids pris par les enfants souffrant de
malnutrition.
L'étude a conclu que, comparé à d'autres
programmes d'alimentation et de nutrition, le rapport
coût-efficacité du plan était favorable; mais que
l'objectif d'accroître la consommation alimentaire des ménages
ayant des enfants souffrant de malnutrition et d'améliorer l'état
nutritionnel des enfants d'âge préscolaire, aurait pu être
encore plus économique avec un ciblage complémentaire basé
sur le suivi de la croissance.