Section II - Des difficultés aggravées
par le symbolisme de la circon-
cision
121. Malgré la prééminence du couple
Franco-Maghrébin dans le contentieux, il convient de s'intéresser
aussi à l'importance de la circoncision dans la communauté juive,
le contentieux pouvant évoluer. La circoncision est, pour les deux
communautés,
89Cité par B. Laffort, préc., page
19.
90Conception de la langue selon Jean-Paul Sartre,
reprise par A. Barbara,préc., page 207.
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perçue comme un facteur d'appartenance religieuse (I)
mais aussi, de manière plus profonde, comme un facteur
d'intégration sociale (II).
I - Facteur d'appartenance religieuse
122. Sera exposée d'abord la valeur de la circoncision
dans la confession juive (A), puis dans la culture arabo-musulmane (B).
A - La circoncision juive
123. Malek Chebel rapporte que dans le judaïsme, la
circoncision, signe de l' « Alliance avec Yahvé » est un
leitmotiv depuis déjà plus de trois mille ans. L'Exode (XII, 44,
48) précise très clairement que les étrangers qu'ils
fussent esclaves ou non, sont exclus de la célébration d'un
certain nombre de pratiques, à moins qu'ils ne se fassent circoncire. La
circoncision est d'entrée de jeu un passeport rituel, un sacrement
hébraïque dont la signification et l'impact sont socialement et
spirituellement déterminés. Aussi, la circoncision est-elle
devenue au fil du temps l'un des pôles de symbolisation de l'être
juif, le critère de sa « perfection »91.
124. Il s'agira en effet d'inscrire dans la chair de l'enfant
la mémoire d'une histoire et le projet de sa pérennisation par la
transmission d'un nom. Il n'est pas indifférent de noter que que le mot
pour dire « masculin » en hébreu, zakhar, a la
même racine que « se souvenir »,
zakhor92.
B - La circoncision arabo-musulmane
125. Le choix de l'adjectif « arabo-musulman » (au
lieu de « musulman ») n'est pas anodin. Il met l'accent sur
l'antériorité de la pratique de la circoncision à la
religion musulmane. Antériorité fortement soulignée par M.
Chebel. Mais, très vite, les musulmans se sont approprié cette
pratique, la considérant comme un rite de passage religieux. Si, pour
les écoles théologiques, la circoncision n'est finalement qu'une
pratique plus ou moins recommandée, il en va différemment pour
les familles arabes ou berbères, qui la considèrent comme
obligatoire. M. Chebel rapporte que cette pratique est aujourd'hui tenue par
les musulmans comme un acte de conformité à l'esprit du croyant
et à la lettre du texte sacré, le Coran. « En
vérité, même si la dimension hygiénique est
exaltée, la circoncision est, pour un musulman, une pratique qui
commande son intégration à la communauté des croyants. Le
vendredi est le jour idoine pour mener à bien cette opération.
Mieux, la valeur symbolique de ce jour est multipliée durant le
jeûne rituel qui correspond, dans le calendrier musulman, à tout
le mois de Ramâdhân »93.
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