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L'impact de la décentralisation sur la corruption: Etude théorique et validation empirique

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par Mouhamed Issam Kasraoui
Université de Tunis - Mastère de recherche en économie de développement régional 0000
  

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CONCLUSION

Dans ce chapitre on a essayé d'analyser empiriquement l'impact de la décentralisation sur la corruption. On a utilisé un modèle de panel estimé par la méthode de moindres carrés généralisés sur un échantillon de 66 pays couvrant la période 2005- 2016. Le principal résultat obtenu montre que la décentralisation fiscale a permis de lutter contre la corruption. Ce résultat est vérifié uniquement pour le modèle global, c'est-à-dire le modèle qui englobe l'ensemble des pays. La décomposition de l'échantillon en des sous ensemble des pays répartis en fonction de leur localisation géographique et de leur niveau de démocratie nous donne des résultats différents et on conclut que ces deux critères conditionnent la relation entre la décentralisation et la corruption. Pour les pays européens et dans une moindre mesure les pays asiatiques et américains, la décentralisation a permis de lutter contre la corruption en revanche pour les pays africains la décentralisation a contribué à l'augmentation de la corruption. Selon le critère de la démocratie, pour les pays démocrates, les résultats sont favorables alors que pour les pays non démocratiques, la décentralisation ne peut pas absorber la corruption. Ce chapitre a examiné aussi la situation en Tunisie et on a utilisé un modèle spatial (SAR). Les résultats montrent que la décentralisation fiscale a permis d'augmenter la corruption.

CONCLUSION GÉNÉRALE

La décentralisation est conçue comme un transfert d'autorité et de responsabilité du niveau central au niveau local. Elle peut prendre plusieurs formes et plusieurs modalités et chacune d'elle présente des caractéristiques et des spécificités différentes. Ce système présente beaucoup d'avantages puisqu'il permet de rapprocher géographiquement des organismes de pouvoir aux citoyens même les plus défavorisées et de les rendre participatives, de faciliter la participation de la population à la prise des décisions, de lutter contre la pauvreté, d'améliorer la capacité d'action collective et d'instaurer une bonne gouvernance. En revanche, la décentralisation peut provoquer des limites parce que, dans certaines situations, peut exclure la participation des minorités dans la prise de décision et peut parfois émerger des personnes peu compétentes à la tête des institutions locales et qui sont dépourvues de toute popularité devant la population locale. Généralement, les effets de la décentralisation semblent avoir un certain consensus de la part de chercheurs mais l'effet de la décentralisation sur la corruption a fait l'objet d'un grand débat. En effet, La corruption est un phénomène complexe et multidimensionnel car elle englobe une diversité des définitions selon qu'elle s'agit d'une petite ou grande corruption ou bien d'une corruption économique, sociale ou politique. De même, la décentralisation peut avoir des formes différentes et sa mise en oeuvre dépend des particularités des pays concernés. Tous ces facteurs rendent les résultats de l'impact de la décentralisation sur la corruption fortement mitigés. La majorité des chercheurs défendent l'idée selon laquelle la décentralisation est un bon choix pour lutter contre la corruption, alors que d'autres ont trouvé des résultats contradictoires. Dans le cadre de ce travail, on a essayé de clarifier cette controverse. Pour ce faire, on a présenté dans le premier chapitre, une revue de la littérature, en insistant sur les études théoriques élaborés dans ce contexte (section 1), sur le modèle théorique ( section 2) et sur les études empiriques en question (section 3). Le deuxième chapitre de ce travail de recherche est consacré totalement à la validation empirique dans le but de tester économétriquement l'effet de la décentralisation sur la corruption. La méthodologie élaboréé consiste à présenter les données et les variables ainsi que la spécification du modèle économétrique (section 1). Puis on a discuté les différents résultats obtenus  (section 2). Finalement, on a proposé une extension qui consiste à étudier l'impact de la décentralisation sur la corruption à l'échelle régionale et on a choisi la Tunisie comme exemple. (Section 3). L'apport de ce travail de recherche se résume comme suit :

- D'abord on a utilisé un modèle économétrique avec des données de panel qui englobe un ensemble des pays hétérogène. Le principal résultat obtenu est que la décentralisation fiscale a permis globalement de réduire la corruption.

- Ensuite on a utilisé des sous modèles et chacun correspond à un groupe de pays en fonction de deux critères à savoir : la localisation géographique (pays africains, pays européens, pays américains et pays asiatique) et le niveau de la démocratie. On a conclu que ces deux critères conditionnent la relation entre la décentralisation et la corruption mais avec des intensités différentes.

- Finalement on a choisi la Tunisie comme exemple type en utilisant un modèle économétrique spatial. La conclusion principale qu'on a pu dégager est que la décentralisation au niveau régional peut favoriser la corruption.

Notre travail de recherche a l'avantage d'utiliser des données de panel actualisées qui sont rarement utilisées dans les travaux antérieurs et de faire une étude comparative entre des groupes de pays. De plus, on a effectué une analyse à l'échelle régionale à l'aide d'une régression spatiale. Mais, comme tout travail de recherche, notre étude présente cependant certaines limites qui sont les suivantes.

* On a mis l'accent sur la décentralisation fiscale dans notre validation empirique et on a omis les autres formes à savoir la décentralisation administrative et politique pour des raisons liées à l'absence des données.

* On a présenté un seul modèle théorique qui traite l'effet positif de la décentralisation sur la corruption et on a exclu le modèle qui traite l'effet inverse pour des raisons de complexité de l'analyse.

* Les résultats obtenus supposent qu'il y a une causalité à sens unique entre la décentralisation et la corruption. En effet, si on considère que la décentralisation réduit la corruption, les bureaucrates corrompus font de leur mieux afin d'empêcher la décentralisation fiscale car pour eux la décentralisation pourrait réduire leur capacité à dégager des revenus supplémentaires. On en déduit que la corruption affecte la décentralisation et par la suite une causalité à double sens peut être envisagée. La prise en compte d'une causalité unique dans notre travail empirique permettrait d'éviter le problème d'endogénéité.

* Le modèle ne prend pas en considération l'idée selon laquelle la corruption est un phénomène dynamique car la corruption d'une année donnée est influencée par celle des années antérieures.

Ces insuffisances peuvent être palliées dans le cadre d'autres recherches mais certaines questions qui mériteraient des réponses. Les plus importantes peuvent porter sur l'impact de la décentralisation sur le développement local et sur la taille de secteur public.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand