UNIVERSITE de TUNIS
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET
COMEMRCIALES DE TUNIS
Mémoire pour l'obtention du
diplôme
de mastère de recherche en économie de
développement régional
L'impact de la décentralisation sur la
corruption :
Etude théorique et validation empirique
Encadré par :
Présenté par :
Dr GHASI Boulila Med
Issam KASRAOUI
Année universitaire
2017-2018
«L'Ecole Supérieure des Sciences Economiques et
Commerciales de Tunis n'entend donner aucune approbation ni improbation aux
opinions émises dans ces mémoires : ces opinions doivent
être considérées comme propres à leurs auteurs
»
Dédicaces
À mes chers parents qui n'ont pas cessé de
croire en moi.
À mes chères filles et à ma
chère épouse pour leurs soutiens inconditionnels.
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche a été marqué
par des moments de joie et d'admiration, mais aussi des périodes de
doute et de désespoir. L'accomplissement de ce mémoire n'a pas
été possible sans la notable contribution de nombreux individus
que je leurs remercie vivement.
Je tiens à exprimer ma plus vive reconnaissance
à mon encadrant Monsieur le docteur Ghasi BOULILA,
sans lui, ce travail n'aurait pas été possible. Je le remercie
énormément par ses conseils pédagogiques et sa
disponibilité.
J'exprime ma plus profonde reconnaissance à ma
femme WissalKhemaispour toutes ses relectures attentives et
ses commentaires.
Enfin, Je tiens à remercier mon
amiMouhamedAzeiz qui m'a permis d'améliorer mon
travail de recherche et m'a aidé à traiter la partie
empirique.
.
RÉSUMÉ :
Dans le présent travail de recherche, nous proposons
un nouveau regard sur l'impact de la décentralisation sur la corruption.
Tout d'abord, nous commençons parune étude théorique
puis nous effectuons une analyse empirique en utilisant des données de
panel pour un échantillon de 66 pays couvrant la période 2005
-20016. D'abord, l'analyse se fait de façon globale en utilisant un
modèle économétrique qui englobe l'ensemble de pays. Les
résultats montrent que la décentralisation a impact positif et
significatif sur la corruption. Puis nous effectuons une étude
comparative entre des groupes de pays répartis selon deux
critères à savoir : le niveau de la démocratie et la
localisation géographique. Les résultats montrent que ces deux
critères affectent la relation entre lesdites variables. Enfin nous
avons choisi de mener une étude complémentaire, à
caractère régional qui se focalise sur l'impact de la
décentralisation sur la corruption en Tunisie en utilisant un
modèle spatial. Les résultats attestent que la
décentralisation contribue à l'augmentation de la corruption.
Mots clés :
Décentralisation, Corruption, principe de compétition, principe
de proximité
Abstract:
In this research, a new approachis elaborated to study
theimpact of decentralization on corruption. Firstly, a theoretical study is
proposed, then an empirical analysis, based on panel data of a sample that
includes 66 countries covering the period 2005 -20016, is designed. In the
First step, the analysis is doneoverall, using an econometric framework that
includes all countries. The results show that decentralization has a positive
and significant impact on corruption. In the second step, a comparative
analysisbetween groups of countriesis used.It is divided into many groups,
according to two criteria: the level of democracy and the geographical
location. The results show that these criteria affect both the relationship
between decentralization and corruption. In the third step, a complementary
studyis studied, having a regional nature. It focuses,using a spatial model, on
the impact of decentralization on corruption in Tunisia. The results show that
decentralization contributes to increase corruption.
Keywords: decentralization, corruption, proximity principle,
competition principle
Keywords: decentraliuzatio, corruption
SOMMAIRE
Liste des graphiques
Liste des tableaux
Liste des abréviations
INTRODUCTION
GENERALE..........................................................................1
CHAPITRE 1) L'IMPACT DE LA DECENTRALISATION SUR
LA CORRUPTION : UNE REVUE DE LA
LITTERATURE..................................4
INTRODUCTION................................................................................4
SECTION 1) REVUE DE LA LITTÉRATURE
THÉORIQUE...................................................5
Section 2) Le modèle
théorique.................................................................16
Section 3) Revue de la littérature
empirique..................................................20
CONCLUSION..................................................................................25
CHAPITRE 2) L'IMPACT DE LA DECENTRALISATION SUR
LA CORRUPTION : UNE VALIDATION
EMPIRIQUE.....................................27
INTRODUCTION...............................................................................27
SECTION 1)
MÉTHODOLOGIE........................................................................27
Section 2) Interprétations des résultats
......................................................37
Section 3) Extention : Cas de la
Tunisie...................................................... 45
CONCLUSION...................................................................................54
CONCLUSION
GENERALE.........................................................................56
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................59
ANNEXES.................................................................................................64
TABLE DES
MATIERES...............................................................................71
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1- Nuage des points : décentralisation
vs corruption..............................31
Graphique2: Répartition spatiale de la corruption
................................................46
Graphique4: Répartition spatiale de la
décentralisation ...........................................47
Graphique4: Répartition spatiale des
municipalités ..............................................48
Liste des tableaux
Tableau 1 : Comparaison entre les
modalités de la décentralisation.............................8
Tableau 2 : Différences entre la
grande corruption et la petite corruption................... ...10
Tableu 3 : Récapitulation des
principaux résultats
théoriques......................................15
Tableau 4 - Les indicateurs de la
décentralisation..................................................21
Tableau 5- Liste des variables
.........................................................................30
Tableau 6- Statistiques
descriptives..................................................................30
Tableau 7- Matrice de
corrélation....................................................................32
Tableau 8- Test de spécification des
modèles........................................................34
Tableau 9 : Le test de
Husman..........................................................................35
Tableau 10 : Résultats des tests
d'hétéroscédasticité et
d'autocorrélation.....................36
Tableau 11 : Estimation des coefficients
du modèle global.......................................37
Tableau 12 : Estimations des
coefficients des modèles selon la localisation
géographique..40
Tableau 13 : Estimations des
coefficients des modèles selon le niveau de
démocratie......43
Tableau 14: Test d'autocorrélation
spatiale..........................................................49
Tableau 15: Estimations du modèle
spatial...........................................................50
Liste des abréviations
GIRP : Guide international de risque pays
ICC : Indice de contrôle de
corruption
IGM : Indice de gouvernance mondiale
IPC : Indice de perception de la
corruption
IT : International transparency
OCDE : Organisation de coopération
et de développement économique
ONG : Organisation non gouvernementale
PED : Pays en développement
PIB : Produit intérieur brut
INTRODUCTION GENERALE
Les politiques économiques adoptées durant les
années 1960 et 1970 par la majorité des pays en
développement ont abouti à des résultats mitigés.
Elles sont marquées par un fort interventionnisme étatique qui a
conduit à des déséquilibres macroéconomiques
remarquables. De plus, ces politiques n'étaient pas compatibles avec
les aspirations de la population locale en raison de la
détérioration de leur condition de vie. Face à ces
problèmes, plusieurs pays ont adopté à partir des
années 80 des programmes d'ajustement structurel et de transition
économique visant à limiter l'intervention de l'Etat et dans la
même perspective, les institutions internationales ont exhorté
ces pays d'entreprendre des nouvelles orientations qui tiennent comptes des
réalités locales et la responsabilisation des régions dans
la gestion de leur processus de développement. Parmi ces orientations on
peut citer la décentralisation.
la décentralisation a suscité un
véritable engouement dans la majorité des pays. Ce système
vise à redéfinir le rôle de l'Etat à travers le
transfert des pouvoirs et des compétences du niveau central au niveau
local. Il s'agit d'un moyen de réduire le rôle de l'Etat
grâce à la fragmentation de leur autorité et à
rendre la concurrence entre les régions plus rude et d'introduire des
contres pouvoirs. La décentralisation a été motivée
par la volonté d'initier la démocratie locale et de rendre les
responsables locaux plus efficaces et redevables. Par exemple en
Amérique latine, la décentralisation a été
considérée comme un important processus de
démocratisation à travers l'existence des gouvernements
élus qui remplacent les régimes centraux autocratiques. En
Afrique, l'instauration du pluralisme politique conduit à une plus
grande participation de la population locale dans la prise de précision.
Dans certains pays de l'Asie de l'Est, la décentralisation a
été motivée par le besoin d'améliorer la
fourniture des services publics à des populations de grande taille. Ces
exemples montrent que la décentralisation reste au centre des
préoccupations de la part des pays par la reconnaissance des
problèmes émergés par le système centralisé.
Sur un autre plan, la décentralisation peut être
analysée selon deux logiques : la première est politique et
la deuxième est économique. Selon la logique politique, la
décentralisation est une réforme qui permet de satisfaire la
volonté du gouvernement et de la population d'élargir le champ de
la démocratie. La logique économique montre que la
décentralisation est conçue comme un moyen d'optimiser
l'allocation des biens collectifs. Cette dernière annonce que les
autorités locales, qui sont plus proches des habitants, peuvent
facilement identifier les besoins des citoyens et fournir la nature et le
niveau des biens et des services publics appropriés. En outre, les
habitants seront plus disposés à payer des taxes locales lorsque
leurs contributions sont directement liées aux services reçus.
Selon la théorie du fédéralisme budgétaire, la
décentralisation, et sous certaines hypothèses, comme nous le
verrons ultérieurement, contribue à une allocation efficace de
la fourniture des biens et services publics grâce à deux
mécanismes à savoir : le principe de proximité et le
principe de compétition. Le premier principe montre que la
décentralisation permet de rapprocher les responsables locaux des
citoyens ce qui permet de connaitre les préférences de la
population mais également la redevabilité et l'efficacité
des autorités locales. Le deuxième montre que la
décentralisation pourrait entrainer une concurrence entre les
juridictions et améliorer par conséquent l'adéquation de
l'offre des services publics aux préférences de la population
locale.
Malgré les avantages que procurent la
décentralisation pour un pays, beaucoup de problèmes à la
fois théoriques et empiriques viennent compliquer la question de savoir
si ce système est un bon ou mauvais choix pour réduire la
corruption. Cette dernière, définie comme l'abus de pouvoir pour
des gains privés, est un phénomène très
répandu aussi bien dans les pays développés que dans les
pays en développements et on se rend de plus en plus compte que ce
phénomène n'est pas seulement répugnant sur le plan moral
mais constitue également l'un des principaux obstacles de
développement économique et social. Dans cette perspective,
la littérature académique qui étudie les effets de la
décentralisation sur la corruption fournit des résultats peu
concluants et parfois contradictoires. En effet, des chercheurs ont
constaté que la corruption était plus faible dans les pays
décentralisés par contre d'autres affirment que la corruption
augmente avec la décentralisation. Cette controverse est
expliquée par le fait que la majorité des études
élaborées traite la relation entre la décentralisation et
la corruption de façon globale et ne tient pas compte des
particularités des pays comme le niveau de la démocratie, la
structure politique de l'Etat (Etat fédéral, Etat unitaire), la
localisation géographique, le régime politique. Ces facteurs sont
susceptibles d'influencer la relation entre la décentralisation et la
corruption.
Le présent travail va prendre en considération
certains de ces facteurs à savoir le niveau de la démocratie et
la localisation géographique ce qui nous permet d'apporter des
nouvelles réponses. Donc,la question qu'on cherche à
répondre, compte tenu de ces deux facteurs, est la suivante : la
décentralisation permet -elle de réduire la
décentralisation ?
Pour répondre à cette question, plusieurs
objectifs doivent être envisagés et qui sont les
suivants :
Ø Définir la décentralisation et la
corruption et présenter ses caractéristiques.
Ø Présenter une revue de la littérature
sur l'impact de la décentralisation sur la corruption.
Ø Analyser empiriquement et globalement l'impact de la
décentralisation sur la corruption.
Ø Comparer empiriquement l'impact de la
décentralisation sur la corruption selon des groupes de pays en
fonction de leurs localisations géographiques.
Ø Comparer empiriquement l'impact de la
décentralisation sur la corruption entre deux groupes des pays
répartis selon leur niveau de démocratie.
Ø Analyser empiriquement l'impact de la
décentralisation sur la corruption à l'échelle
régionale en choisissant la Tunisie comme exemple.
Notre travail est structuré comme suit : dans le
premier chapitre on vaprésenter une revue de la littérature sur
la question de l'impact de la décentralisation sur la corruption. On
commence à traiter dans la première section une revue de la
littérature théorique. La deuxième section
s'intéresse à la présentation du modèle
théorique et la troisième section est réservée aux
études empiriques en question. Le deuxième chapitre est
réservé à l'analyse empirique. Nous présentons dans
la première section la méthodologie. La deuxième
section est consacrée à l'interprétation des
résultats. Quant à la troisième section, on abordera le
cas de la Tunisie en se basant sur une analyse spatiale.
CHAPITRE 1
L'IMPACT DE LA DECENTRALISATION SUR LA
CORRUPTION :
UNE ETUDE THEORIQUE
INTRODUCTION
L'impact de la décentralisation sur la corruption fait
l'objet d'un grand débat. Les études théoriques et
empiriques donnent des résultats mitigés. Prud'homme (1995),
dans son article intitulé les dangers de la décentralisation,
trouve que la décentralisation est fortement associée à
une plus grande corruption. en revanche Weingast (1995) observe que la
décentralisation via la compétition entre différents
niveaux du gouvernement augmente l'efficience et l'honnêteté du
gouvernement et contribue par conséquent à diminuer la
corruption. Ce chapitre a pour objectif d'apporter des réponses
à cette controverse. On va présenter,dansla première
section, une revue de la littérature théorique en exposant les
différents canaux de transmission par lesquels la
décentralisation affecte la corruption et la deuxième section
sera réservée à présenter une revue de la
littérature empirique.
SECTION 1) REVUE DE LA LITTÉRATURE
THÉORIQUE
1.1) Définitions
1.1.1) La décentralisation
La décentralisation n'a de sens que si on la place dans
sa liaison avec la centralisation. Cette dernière a un seul sens, il
s'agit d'un système d'administration dans lequel tous les pouvoirs de
décision sont concentrés au niveau de l'administration centrale.
Cependant,la décentralisation a une pluralité des
définitions dans la littérature au point que la notion semble
polysémique.
Selon le dictionnaire Larousse, deux définitions ont
été proposées. Premièrement, La
décentralisation est « un
système d'organisation des structures administratives de
l'État dans lequel l'autorité publique est
divisée et le pouvoir de décision est transféré
à des unités autonomes locales ».
Deuxièment, la décentralisation est définie comme est
« un ensemble des méthodes d'organisation et de gestionqui
consiste à transférer le pouvoir de décision aux niveaux
hiérarchiques inférieurs. »
Pour la banque mondiale (2015), la décentralisation
est « un transfert d'autorité et de
responsabilité des fonctions de l'administration vers les
autorités intermédiaires ou locales ou vers des organismes
gouvernementaux ou vers le secteur privé. »
MacLean (2003) définit la décentralisation comme
étant « un mouvement de reforme politique et
administrative permettant de transférer des fonctions, des ressources,
des pouvoirs politiques et budgétaires à des échelons
inférieurs de l'Etat qui peuvent être des régions, des
districts, des municipalités ».
La décentralisation peut être politique,
administrativeout fiscale. La décentralisation politique
est un processus qui vise à donner aux
représentants élus un ensemble des pouvoirs de décision en
matière d'élaboration des politiques et des législations.
Le pouvoir transféré à ces acteurs est imputable devant la
population dans leurs régions. Cette forme de décentralisation
repose sur l'élection et tend à favoriser la participation
populaire dans la prise de décisions au niveau local Ainsi, la
décentralisation politique fait bénéficier les
gouvernements locaux d'une autorité de prise de décision mais
donne à la population locale un contre pouvoir leur permettant
d'équilibrer leurs actions arbitraires et de les faire adapter à
leurs préférences. Donc, on peut dire que la
décentralisation politique est régie à une logique de
responsabilité devant la population locale.
La décentralisation administrative est un
processus visant à répartir les responsabilités, les
pouvoirs et les ressources de financement entre différentes paliers de
gouvernement. Les acteurs qui bénéficient des pouvoirs
transférés sont responsables vis à vis du gouvernement
central puisqu'ils sont nommés. Notons aussi que, contrairement à
la décentralisation politique qui s'exerce dans une logique de
responsabilité devant la population locale, la décentralisation
administrative s'opère dans une logique de redevabilité verticale
devant le pouvoir central.
La décentralisation fiscale est le fait d'attribuer une
certaine autonomie aux collectivités locales pourla gestion de leurs
recettes et leurs dépenses discrétionnaires. Elle augmente
l'autonomie des collectivités locales et leur accorde le pouvoir d'agir
indépendamment du gouvernement central dans le but d'élaborer et
de mettre en oeuvre des politiques relatives aux revenus et aux dépenses
(Agrawal et Ribot , 1999)
Parallèlement, la décentralisation peut prendre
trois modalités à savoir la déconcentration, la
délégation et la dévolution. La déconcentration est
reconnue souvent dans les Etats unitaires, en ce sens l'Etat garde la maitrise
des responsabilités et des compétences mais sous l'égide
de leurs bureaux d'administration situés en dehors de la capitale. En
Tunisie par exemple, la déconcentration peut se traduire par la mise en
place des gouvernorats ainsi que des directions régionales des
ministères localisées dans tous les territoires du pays. Ces
circonscriptions administratives n'ont pas de la personnalité
juridiqueet assurent les mêmes missions que l'Etat central. En outre, les
responsables qui se chargent de la gestion dans ces circonscriptions sont
nommés par le gouvernement central et ne sont jamais élus, ils
détiennent uniquement un pouvoir d'exécution. Toutefois,
L'administration centrale reste le seul organisme qui détermine
l'orientation générale des politiques publiques, la coordination
et contrôle les organes déconcentrés.
La délégation se définit comme un
transfert de pouvoir ou de responsabilité à une autorité
locale en matière d'élaboration des politiques publiques et
d'administration pour des tâches spécialisées.
L'autorité locale reste indépendante du gouvernement central ou
sous un contrôle indirect. Il est à signaler que la prestation et
l'administration des services délégués sont
effectués par des personnes ayant des orientations différentes
que celles qui gèrent l'Etat central et sont responsables vis à
vis de la population locale dans la gestion des services.
La dévolution est un transfert de
compétences1(*) de
l'Etat central aux collectivités locales qui sont totalement
responsables de la définition et de l'implémentation des
politiques. De façon générale, la dévolution
s'opère par le transfert des responsabilités aux
municipalités. Dans ce mode de transfert, l'Etat central perd toutes ses
autorités et les collectivités locales assurent toutes ces
fonctions de façon autonome. La responsabilité des
collectivités locales ne réside pas devant le pouvoir central
mais également devant la population de la région en question (
Rosenbaum, 1998).
Après avoir identifié les trois modalités
de la décentralisation, il est nécessaire de présenter un
essai de comparaison entre lesdites modalités
Tableau 1 : Comparaison entre les modalités
de la décentralisation
Modalités
|
Responsables politiques
|
Responsables de l'exécution
|
Responsables de financement
|
Déconcentration
|
Les élus à l'échelle nationale
|
Les fonctionnaires de l'Etat central
|
Budget de l'Etat
|
Délégation
|
Les élus à l'échelle nationale et les
élus à l'échelle locale
|
Les agents du gouvernement local
Contrôlés par les fonctionnaires de l'Etat
central
|
Budget local
|
dévolution
|
les élus à l'échelle locale
|
Les agents du gouvernement local
|
Budget local et les transferts de l'Etat
|
Source : Auteur
1.1.2) La corruption
La corruption est un phénomène complexe et
multidimensionnel. La littérature qui a traité ce
phénomène dégage une diversité
d'approches.Concernant l'approche juridique, Nye (1967) a défini la
corruption comme « un comportement qui s'éloigne des
obligations formelles inhérentes à une fonction publique pour en
tirer un avantage privé ». Pour Mény (1997), la
corruption est « un ensemble des déviations par les
fonctionnaires de l'Etat par rapport à des normes ou des règles
régissant leurs comportements ».Concernant l'approche
économique, Van Klaveren (1990) affirme que la corruption
considére la fonction publique d'un fonctionnaire comme un
« commerce dont il va chercher à percevoir un revenu
élevé ». Quant à l'approche morale,
Johnston (1996) souligne que la corruption est « une
destruction de l'intégrité, des normes juridiques et sociales et
de façon générale de la santé morale de la
société dans son ensemble ».
Pour les organismes internationaux, les définitions
élaborées sont très génériques et
généralistes. International Transparency (1999) considère
la corruption comme « un l'abus de fonctions publiques ou
privées pour son bénéfice personnel ».
l'OCDE (2008) définit la corruption comme « l'abus de
responsabilité conférée pour s'enrichir
personnellement ». Pour labanque mondiale (1997) la
corruption est l'acte « d'utiliser sa position de
responsabilité d'un service public à son bénéfice
personnel ». Il existe une pluralité des
définitions qui varient selon les facteurs culturels, sociaux,
économique et démographiques
Sur un autre plan on distingue la grande corruption de la
petite corruption. Les experts et les organisations qui travaillent sur la
grande corruption s'accordent à affirmer que ce terme diffère de
la corruption ordinaire. Cette différence est marquée non
seulement par son étendue mais également par sa nature et ses
effets. Généralement la grande corruption englobe les cas
suivants :
* Acte commis par un haut fonctionnaire de l'Etat qui fait
détourner l'action publique afin de permettre aux dirigeants de
s'enrichir au détriment de l'intérêt
général.
* Acte commis par un haut cadre du secteur privé pour
détourner l'action publique.
* Des actes de corruptions qui exigent des montants trop
élevés.
* Des dommages remarquables sur l'économie et la
population d'un pays pouvant affecter les droits fondamentaux des citoyens.
La grande corruption constitue un fléau reconnu dans
tous les pays du monde. Il s'agit d'un phénomène dont l'ampleur
représente une raison légitime d'inquiétude pour les pays
à cause de ses effets flagrants et globaux. La grande corruption comme
le souligne IT devrait être traitée comme un crime
international.
S'agissant de la petite corruption, elle s'agit d'un
phénomène quotidien ou ordinaire qui s'observe dans le contexte
de pot de vin. Elle est plus répandue et acquiert une dimension
collective. La petite corruption peut avoir plusieurs formes, elle peut s'agir
par exemple des paiements pour obtenir un simple formulaire de demande ou une
simple signature ou pour obtenir un service.
La petite corruption se diffère de la grande corruption
au niveau du nombre des personnes concernées. La première touche
un grand nombre de personnes alors la seconde est très restreinte.
D'autres différences peuvent être dégagées et sont
récapitulées dans le tableau suivant :
Tableau 2 : Différences entre la grande
corruption et la petite corruption
Critères
|
Grande corruption
|
Petite corruption
|
La dimension
|
Dimension publique ou politique
|
Dimension privée ou technique
|
La planification
|
Organisée
|
Non organisée
|
Les personnes concernées
|
Hautes cadres
|
Personnels
|
La réglementation
|
Elaboration des lois
|
Application des lois
|
L'ampleur
|
Grande ampleur
|
Petite et moyenne ampleur
|
Les bénéficiaires
|
Résultat pour beaucoup ou pour tous
|
Résultat pour certains
|
Dimension géographique
|
Comprend des aspects nationaux
ou internationaux
|
Comprend des aspects régionaux et / ou locaux
|
Source : auteur
Ainsi, la corruption peut prendre plusieurs formes comme le
versement des pots vins, le détournement du fond, la manipulation des
informations, formulation des politiques et des législations au profit
des décideurs politiques, le favoritisme, le népotisme et
l'extorsion
1.2) Les études théoriques
Plusieurs arguments théoriques ont été
développés pour étudier la question de l'impact de la
décentralisation sur la corruption. Ces études n'ont pas fourni
des résultats concluants. Les chercheurs s'appuient sur des
mécanismes différents. Certains affirment que la
décentralisation permet de réduire la corruption alors que
d'autresaffirment le cas inverse.
1.2.1) La décentralisation réduit la
corruption
Tiebout (1956) trouve que la décentralisation permet de
réduire la corruption grâce à la concurrence
interjuridictionnelle. Cet argument est basé sous certaines
hypothèses comme la mobilité parfaite des agents
économiques, l'absence d'économie d'échelle2(*) et l'absence d'effet de
débordement3(*) .
Dans cette situation la décentralisation répond efficacement aux
préférences de la population locale et puisque le taux
d'imposition est variable selon les juridictions, les citoyens vont voter avec
leurs pieds c'est à dire passer d'une juridiction à l'autre pour
maximiser leurs utilités. Si les décideurs et les bureaucrates
adoptent un comportement corrompu (vole, gaspillage des ressources), ils vont
pousser les entreprises et les résidents à s'installer dans
d'autres juridictions et contribuent par la suite à la réduction
des ressources fiscales. Cette concurrence inter-juridictionnelle permet donc
de discipliner les gouvernements locaux et leur amènent à
adopter des politiques. Ces dernières se traduisent par une fourniture
plus efficace de biens publics. De même, la compétition
interjuridictionnelle peut avoir des avantages à la population
même en absence de mobilité des facteurs. En effet la population
peut comparer les performances de leurs autorités locales avec celles
des autres juridictions, cette situation amènent les décideurs
politiques à améliorer l'efficacité de leurs politiques et
à adopter un bon comportement pour ne pas être sanctionnés
lors des prochaines élections (Salmon, 1987). Ce mécanisme est
désigné par le terme compétition par comparaison.
Quant à Fan et al (2009), la décentralisation
permet de rapprocher les décideurs locaux aux citoyens, elle augmente
leur responsabilité et réduit par conséquent la
corruption. Elle pourrait réduire les asymétries d'information
entre eux. Cette proximité permet aux décideurs locaux de
connaitre mieux les préférences des citoyens de leur
région et d'encourager leurs participations et aussi la
redevabilité . Dans ce cas, les institutions locales, sous la pression
des citoyens, sont obligées de fournir efficacement les biens et
services publics. De plus, la proximité permet aux citoyens d'obtenir
plus facilement des informations sur les comportements des décideurs
locaux et peuvent parfois sanctionner ceux qui adoptent des mauvais
comportements. Kolstad et al (2014) soulignent que la proximité au
niveau local pourrait également rendre plus facile la sanction des
décideurs corrompus à travers les élections et les
protestations. Notons à cet égard que ce mécanisme
nécessite un ensemble des conditions qui garantissent sa réussite
comme l'existence d'une démocratie locale, un niveau
d'alphabétisation assez avancé et l'absence des conflits (Bardhan
et Mookherjee, 2006).
Weingast (1995) obtient que la compétition entre
différents niveaux du gouvernement diminuer la corruption ainsi à
augmenter l'efficience et l'honnêteté du gouvernement. L'auteur a
développé un modèle où un gouvernement central (A)
et deux groupes de citoyens (B, C) se livrent à un jeu dit de «
transgression». Le modèle est basé sur deux
hypothèses concernant la relation entre le gouvernement central et ses
citoyens :
- Premièrement, le gouvernement ne doit pas violer les
droits des citoyens. En contrepartie, les citoyens voteront en sa faveur le
temps des élections.
- Deuxièmement, le gouvernement doit conserver le vote
de suffisamment de citoyens pour demeurer au pouvoir.
Le jeu se déroule comme suit : A agit en premier lieu,
il a le choix de transgresser les droits des deux groupes, du groupe A, du
groupe B ou de ne pas transgresser. Ensuite B et C jouent simultanément.
Ces derniers ont le choix d'acquiescer ou de contesterla décision prise
par A. Cependant, contester le gouvernement est onéreux pour les
citoyens. Chaque combinaison de stratégie donne un paiement à A,
B et C. Pour demeurer au pouvoir, A doit avoir le soutien de B ou de C. Dans un
jeu sans répétition, A perd le pouvoir seulement si B et C
contestent l'action. Weingast (1995) trouve que l'optimum de Pareto pour la
société est le cas où A ne transgresse ni B, ni C, et que
les deux groupes de citoyens ne contestent pas A. Lorsque le jeu est
répété, B et C sont en mesure de punir A dans la
deuxième séquence du jeu. Pour cette situation, même si
l'optimum de Pareto résulte quand B et C contestent A, il existe
plusieurs équilibres. Les deux jeux suggèrent que A, en supposant
que les deux groupes ne partagent pas les mêmes opinions sur les limites
des actions gouvernementales, peut violer les droits d'un groupe tout en
maintenant le soutien de l'autre. En d'autres termes, un tel gouvernement est
propice à la formation de coalition entre différentes unions de
citoyens. Ainsi, la compétition parmi les gouvernements locaux restreint
le comportement de recherche de rente et contribue à augmenter
l'honnêteté du gouvernement en défavorisant la formation de
groupe d'intérêt.
Grâce à la décentralisation, Persson et
Tabellini (2003) affirment que chaque politicien est responsable d'une
tâche spécifique au sein de sa juridiction. En revanche, dans un
système centralisé, les agents sont responsables d'une multitude
de tâches affectant de nombreuses juridictions. Donc, la
responsabilisation directe impliquée par la décentralisation
améliore les performances des politiciens et réduit ainsi les
comportements corrompus.
Carbonara (1999) étudie l'effet de la
décentralisation sur la corruption dans un système
hiérarchique où la décentralisation est définie
comme la délégation de pouvoir du contrôle du niveau
supérieur aux niveaux inférieurs. Dans ce système, les
agents de niveaux inférieurs détiennent un pouvoir
discrétionnaire et sont plus libres de s'engager dans des pratiques de
corruption sans aucune crainte de la part des supérieurs. Grâce
à la décentralisation, les supérieurs pourraient
être plus incités à surveiller le comportement des agents
inférieurs . Si les supérieurs sont eux-mêmes corrompus
dans ce cas la décentralisation fait augmenter réellement la
corruption. En revanche, si les supérieurs profitent davantage de
déceler les cas de corruption, La décentralisation peut
améliorer ses incitations à surveiller les agents corrompus et
la décentralisation va augmenter la probabilité de capturer les
agents corrompus.
Sheifer et Vishny (1993) prouve que les hauts fonctionnaires
du gouvernement central peuvent utiliser leur pouvoir juridique et leur
immunité pour obtenir des pots-de-vin auprès d'entreprises ou de
citoyens. Mais si le taux de pot-de-vin est élevé, cela peur
décourager les entreprises ou / et les citoyens de produire de la
richesse, ce qui risque de réduire le montant des recettes fiscales
à collecter. D'où l'obligation de réduire les pots de
vins. Cependant, s'il existe plusieurs agents locaux non coordonnés
appartenant à des niveaux hiérarchiques inférieurs, ils
peuvent fixer un taux de corruption total plus élevé. La
corruption globale est susceptible d'augmenter avec le nombre de niveaux.
L'effet de la décentralisation sur la corruption a
été évoqué dans la théorie du principal -
agent (Bardhan et Mookherjee,2006) en raison de l'existence des
asymétries d'information entre les citoyens (principal) et les
politiciens locaux (agent) . La décentralisation constitue un moyen pour
les citoyens d'évaluer efficacement la performance des fonctionnaires
et de décider qui doit être réélu (aspect moral).
D'un autre coté la fonction objective des politiciens locaux (agent)
diffère du celle du principal. Plus le pouvoir de décisions des
collectivités locales est élevé plus les politiciens sont
incités à s'engager dans des actes de corruption
(sélection adverse). D'un point de vue théorique, l'effet global
de la décentralisation sur la corruption dépend de l'importance
relative de ces deux problèmes. L'auteur montre qu'un degré de
décentralisation intermédiaire peut atténuer le niveau de
corruption car les citoyens sont proches des politiciens en conservant leur
possibilité de les surveiller et au même temps le pouvoir des
politiciens n'est pas élevé.
Finalement, Breton (1996) concluentque les gouvernements
démocratiques sont composés de nombreux centres de pouvoir
autonomes ou quasi-autonomes (départements, ministères...) et
ces centres se concurrencent entre eux dans la fourniture des biens et services
collectifs revendiqués par la population. Dans son analyse,
l'asymétrie d'information peut créer un environnement favorable
aux comportements de recherche de rente et de corruption. Une des conditions
pour ce genre de comportementest liée au nombre des centres de pouvoir.
En effet, selon les prédictions théoriques, la corruption semble
plus facile quand le nombre de centres est petit car il est plus facile pour un
petit nombre de se regrouper et d'escroquer la population. Ainsi, la
concurrence entre plusieurs centres de pouvoir réduit la corruption dans
la fourniture de biens publics pour lesquels un fonctionnaire peut demander un
pot-de-vin
1.2.2) La décentralisation augmente la
corruption
Cai et Treizman (2004) soulignent que la
décentralisation peut encourager la corruption par le biais de la
concurrence interjuridictionnelle. En effet, la peur de perdre des facteurs
mobiles pourrait conduire les décideurs de différentes
juridictions d'adopter une concurrence destructive. Celle-ci se traduit par la
protection des entreprises installées dans la région en contre
partie des violations des lois imposées par le gouvernement central.
Tanzi (1995) montre que la décentralisation
amène les fonctionnaires à être trop proche des citoyens ce
qui permet d'encourager le favoritisme et le népotisme.Prud'homme
(1995), dans son article intitulé les dangers de la
décentralisation, trouve que la décentralisation est fortement
associée à une plus grande corruption. L'auteur montre que la
probabilité de corrompre les bureaucrates est plus élevée
au niveau local car ces derniers sont susceptibles à subir les pressions
des groupes d'intérêts.
Oskar (2007) développe un modèle
théorique sur la relation entre la décentralisation et la
corruption et montre que la décentralisation réduit la corruption
uniquement dans les pays développés alors que dans les pays en
développement, l'effet est contraire. L'auteur prouve que, dans les PED,
la présence d'élites locales puissantes constitue l'un des
aspects qui réduit la responsabilité politique et encourage donc
la corruption. De plus l'auteur affirme que l'accentuation des
inégalités entre les juridictions dans les PED fait intensifier
le transfert dans les régions ce qui ouvre la porte au favoritisme.
Bardhan et Mookherjee (2006) souligne que l'absence d'une
concurrence électorale entre les partis en raison de l'existence d'un
parti dominant ainsi un niveau limité de connaissance de la part des
électeurs, peut entrainer une plus grande coordination entre les
groupes d'intérêt et peut favoriser la corruption à
l'échelle locale.
En somme, l'impact de la décentralisation sur la
corruption peut être analysé à travers plusieurs canaux de
transmission. C'est pour cette raison que les études théoriques
aboutissent à des résultats non concluants. Le tableau suivant
synthétise l'ensemble des canaux de transmission par lesquels la
décentralisation peut avoir un impact sur la décentralisation.
Tableau 3 : Récapitulation des principaux
résultats théoriques
Canaux de transmission
|
Résultats théoriques
|
la proximité
|
La décentralisation rapproche les collectivités
locales des citoyens, cette proximité augmente la responsabilité
des décideurs locaux et réduit par conséquent la
corruption. Cependant, la décentralisation amène les
fonctionnaires à être trop proche des citoyens ce qui permet
d'encourager le favoritisme et le népotisme.
|
La concurrence
interrégionale
|
La décentralisation via la compétition entre
différents niveaux du gouvernement augmente l'efficience et
l'honnêteté du gouvernement et contribue par conséquent
à réduire la corruption. En revanche, la décentralisation
peut encourager les décideurs de différentes juridictions
d'adopter une concurrence destructive pour éviter la perte des facteurs
mobiles.
|
La concurrence verticale
|
Le passage d'une structure centralisée à une
structure décentralisée pourrait entrainer une baisse de la
corruption à cause de la concurrence verticale entre les
différents niveaux de gouvernements car chaque niveau veut conserver les
entreprises dans sa juridiction. Sur un autre plan, dans un gouvernement
centralisé Le responsable central (haut fonctionnaire) et grâce
à l'immunité dont il jouit, coordonne la collecte de
pots-de-vin conduisant ainsi à une baisse du pot-de-vin. En revanche, la
décentralisation ne fait que rendre le responsable central un autre
collectionneur de pots-de-vin à coté des bureaucrates locaux qui
sont eux-mêmes non coordonnés conduisant ainsi à des
pots-de-vin plus importants.
|
La responsabilité électorale
|
La décentralisation pourrait également rendre
plus facile la sanction des décideurs corrompus à travers les
élections et les protestations car les citoyens sont mieux
informés sur leurs comportements.
|
Les incitations fiscales
|
Plus la corruption est grande, moins les entreprises seront
motivées à produire. Compte tenu de cette argumentation, si les
responsables locaux accordent un grand intérêt personnel dans
l'activité économique locale, il doit se comporter
honnêtement afin d'encourager les entreprises à s'installer dans
la région et de bénéficier des recettes fiscales
importantes.
|
Source : Auteur
SECTION 2) LE MODÈLE THÉORIQUE
Une grande variété des modèles
théoriques ont été développés pour
répondre à la question de savoir si la décentralisation
est susceptible de réduire ou d'augmenter la corruption. Les
résultats obtenus sont controversés. Cette controverse est
expliquée en partie par la nature des hypothèses retenues ainsi
que les notions de la corruption et de la décentralisation sont
définies de manière différente dans des nombreux
modèles, par conséquent il n'est pas surprenant que les
implications de ces modèles sont largement débattues. Pour
explorer cette problématique en détail, on va considérer
un modèle théorique développé par Edwards et Ken
(1996), l'objectif du modèle est de montrersi la décentralisation
affecte t - elle la corruption.
2.1) LES HYPOTHÈSES DU MODÈLE
Les hypothèses retenues sont les suivantes :
- L'ampleur de la décentralisation est mesurée
par l'augmentation du nombre de juridiction. Cette mesure ne capte pas de
manière efficace la décentralisation mais elle est
utilisée pour des raisons de simplicité sans perte de
généralité.
- L'économie est constituée de n juridictions
identiques.
- La population dans chaque juridiction est identique est
notée m. Donc la population totale notée N = nm
- L'économie détient un stock du capital fixe
noté K donc le niveau moyen de capital par travailleur dans
l'économie est notée =
- On note Ki le stock du capital fixe de la
juridiction i
- On note ki le capital fixe par travailleur dans
la juridiction i ( )
- La fonction de production dans chaque juridiction est
fonction de ki:
f= f(ki) avec f ` > 0 et f `' < 0.
- Les dépenses publiques dans chaque juridiction sont
financées par les impôts. On note ti le montant de
l'import collecté par une unité du capital.
- Le capital est supposé mobile et son taux de
rendement après impôt (noté ñ) est identique dans
toutes les juridictions. on a donc ñ = f `( ki) -
ti
2.2) Résultats théoriques
D'après ces hypothèses on peut écrire les
relations suivantes :
(1)
Puisque = la relation 1 peut s'écrire :
= N - mk1 (2)
On divise chaque terme par m on obtient
= n -k1 (3)
A partir de la relation 3, on peut extraire k2 ce
qui donne
k2 = (4)
Puisque ñ = f `( ki) - ti cela
signifie que f `( k1) - t1 = f `( k2) -
t2
Ce qui donne f `(
k1) - t1 = f `( - t2 (5)
On applique maintenant le différentiel par rapport aux
taux d'imposition dans la juridiction 1
On obtient f '' (k1)
dk1 - dt1 = - f '' ( dk1 (6)
Comme les juridictions sont identiques, l'équilibre
sera symétrique ( ki= )
La relation 6 peut s'écrire donc
= (1- (7)
L'équation (7) décrit l'effet d'une augmentation
de l'impôt dans la juridiction i sur le montant du capital du cette
juridiction. Cet effet est négatif cela signifie que l'augmentation de
l'impôt va entrainer une fuite des capitaux et cette fuite devient plus
prononcée que le nombre de juridiction augmente.
On va s'intéresser maintenant aux habitants de la
juridiction i et on désigne par :
- U (xi, z,) leur fonction
d'utilité qui est supposée identique, avec xi
désigne la quantité consommée du bien privé
supposée numéraire et zi désigne la
quantité consommée du bien public.
- La fonction d'utilité vérifie
l'hypothèse Uzx> 0, signifie que les deux biens sont
complémentaires (par exemple route et voiture). Cette hypothèse
signifie que les autorités des différentes juridictions se
préoccupent à la fois de leurs biens et aussi du bien être
de leurs habitants.
Dans ce cas, l'objectif du gouvernement local dans le
présent modèle est de maximiser à la fois l'utilité
des habitants et le montant des corruptions qui n'est pas dépensé
dans le financement du bien public.
La fonction objective est donnée comme suit :
L = ë U (xi ,
z,) + (1- ë) si
(8)
ë compris entre 0 e 1 représente le poids
accordé à l'utilité des habitants
si représente le revenus corrompus par
travailleur
En outre la contrainte budgétaire du gouvernement i est
donnée comme suit :
zi = tiki- si
(9)
De plus, la consommation privée xi d'un
individu dans la juridiction i est égale à la somme des revenus
salariaux (wi) et de revenus du capital (ñ )
avec wi = f(ki) - kif
'(ki) et ñ = (f `( ki) - ti) .
ce qui implique xi=
[f(ki) - kif '(ki)] + [(f `(
ki) - ti) . ]
ou bien xi=
f(ki) - (ki - )f '(ki) - ti (10)
En substituant les équations (9) et (10) dans (8) on
obtient
L( ti , si , ni) = ë
U([f(ki) - kif '(ki)] + [(f `(
ki) - ti) . ], tiki- si ) + (1- ë)
si (11)
Cette équation peut s'écrire
L( ti , si , ni) = ë
U[f(ki) - (ki- )f `( ki) - ti , tiki- si ) + (1- ë)
si (12)
Chaque gouvernement maximise la fonction objective en ajustant
le niveau d'imposition et le niveau de revenu corrompu dans le jeu de
Nash4(*) cela revient
à résoudre le système suivant :
Lti'( ti , si , ni) =
0 i avec i= 1,2 .....n
Lsi'( ti , si , ni) =
0 i avec i= 1,2 .....n
Les résultats donnentLti' =ë[- Ux + ( + t ( 1- ) ) Uz]=0 (13)
Lsi' = ëUz + (1-ë) = 0
(14)
Les équations (13) et (14) définissent les
niveaux d'équilibre de s et t qui seront les mêmes dans toutes les
juridictions.
Il convient de noter aussi qu'à l'équilibre les
contraintes budgétaires (9) et (10) deviennent :
z = t - s et x = f( ) - t
En utilisant ces nouvelles contraintes dans les
équations (13) et (14) on peut exprimer l'impôt (t) et le niveau
de corruption (n) en fonction de nombre de juridictions ( n) et on applique
la différentielle on obtient finalement
= (15)
Or Uzz< 0 et UxxUzz-
UxzUzx> 0 (la fonction U(x,z) est concave ) On
conclut que < 0
Ce résultat indique qu'une augmentation du nombre de
juridiction entraine une diminution de l'impôt sur le capital.
Concernant l'effet du nombre de juridictions sur le niveau de la
corruption, il est exprimé par le terme . , le résultat donne :
= (16)
Or Uzx> 0 donc le résultat final est
négatif
On peut expliquer ce résultat comme suit :
l'équation (7) indique qu'augmentation de l'impôt va entrainer
une fuite de capitaux , cet effet est d'autant plus élevé que le
nombre de juridiction est élevé. Donc, d'une augmentation de
nombre de juridictions va intensifier la compétition
interjuridictionnelle. Cela pousse les autorités à diminuer le
taux d'imposition pour attirer les capitaux. A l'équilibre, les recettes
fiscales diminuent et il semblerait qu'il y ait moins de place pour
l'extraction des revenus corrompus et par conséquent (s) va diminuer.
Ce résultat n'est valable que lorsque les deux biens sont
complémentaires. Dans le cas où les deux biens sont
substituables ( Uzs< 0), le signe de devient indéterminé, ce qui rend l'effet de (n) sur (s)
ambigu.
Ce modèle a mis en exergue l'effet négatif de la
décentralisation (mesurée par le nombre de juridiction) sur le
niveau de corruption (mesuré par le revenu corrompu). Cet effet suppose
l'existence de deux biens (privé et public) complémentaires.
Dans le cas de deux biens substituables (cas plausible) l'effet reste ambigu.
Cette ambigüité rend les prédictions du modèle
faiblement robuste.
SECTION 3) UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
EMPIRIQUE
3.1) La mesure de la décentralisation
La décentralisation est un processus complexe et
multidimensionnelle. Une mesure unique et précise s'avère
irréaliste. Fan et all (2009) affirme que malgré que les
données sur la décentralisation sont détaillées,
elles sont encore susceptibles de contenir des erreurs de mesure car plusieurs
facteurs sont étroitement associés à la
décentralisation. De plus les mesures adoptées diffèrent
selon la forme de la décentralisation. Le tableau suivant
récapitule l'ensemble des mesures utilisées dans les travaux
empiriques.
Tableau 4- Les indicateurs de la
décentralisation
Auteurs
|
Mesure de la décentralisation
|
Arikan, 2004
|
· Nombre de juridictions locales.
· Niveaux de gouvernement divisé par la population
totale.
· Part des emplois publics locaux dans les emplois
publics.
· Part des dépenses publiques locales dans les
dépenses totales.
|
De Mello, 2000
|
· Autonomie fiscale locale, dépendance aux
transferts,
· Interaction entre autonomie et part des dépenses
publiques locales
|
Wibbels, 2000
|
Variable discrète (fédéral, mixte,
unitaire).
|
King et Ma, 2001
|
Part des recettes fiscales qui reviennent au gouvernement
central
|
Rodden, 2002
|
Part des ressources locales propres et autonomie d'emprunt
|
Antonio Lecuna (2011)
|
· Population moyenne par région.
· Superficie moyenne par région.
|
Maria Rosaria (2014)
|
Part des recettes locales dans les recettes totales
|
KajsaKarlström (2015)
|
· Part des dépenses locales
· Part des emplois locaux
· Variable binaire (0 : élections
locales ; 1 : élections régionales)
|
TréismanDaniel (2000)
|
Variable binaire (0 : fédéral ;
1 : non fédéral
|
Fan et all (2009)
|
· Part des recettes locales dans le PIB.
· Part des emplois locaux.
|
Source : Emilie Caldeira et Gregoire Rota-Graziosi(2014)
3.2) La mesure de la corruption
La corruption est un phénomène difficilement
mesurable en raison de leur complexité et la pluralité de leurs
dimensions. Berg (2001) indique qu'un bon indicateur doit répondre
à quatre conditions à savoir la crédibilité, la
validité, l'exactitude et la précision donc une mesure qui
combine ces conditions s'avère irréalisable.
Généralement, les mesures utilisées dans la
littérature peuvent être classées en deux catégories
: mesures objectives et mesures subjectives.
* Les mesures objectives portent essentiellement sur le
nombre des agents accusés de cas de corruption, sur le montant
transféré ( pot de vins) dans les transactions de corruption
établies entre les agents publics et privés ou bien sur la
différence réelle entre le coût réel des
infrastructures et le montant payé par le pouvoir public (Miriam et
Lucio, 2005). Ces indicateurs s'utilisent pour des analyses micro-
économiques et leurs agrégations se heurtent à des
nombreuses difficultés en raison de l'inexistence des données
pour la majorité des pays, de plus ces indicateurs couvrent
partiellement la corruption et les données ne sont que peu comparables
entre les pays.
* Les mesures subjectives sont basées sur la perception
et sont composées des données provenant des études ou des
questionnaires. En dépit de leurs niveaux élevés de
subjectivité, elles restent les plus répandues à
l'échelle internationale et largement utilisées dans les
études économétriques. Ces mesures provenant de plusieurs
organismes comme la banque mondiale, Transparency International, Freedom house,
World Economic Forum. Parmi ces mesures on peut citer :
* L'indice de perception de la corruption (IPC) :
il s'agit d'un indicateur publié chaque année par
l'organisation non gouvernementale (ONG) « Transparency
international » depuis 1995. Il permet de mesurer la corruption
perçue dans l'administration publique et dans la classe politique. Il
est compris entre 0 et 100. Un indice élevé correspond à
une corruption faible par contre un indice faible correspond à un niveau
de corruption élevé. Cet indice rassemble à lui seul 14
sources de données formulées principalement par des experts et
des hommes d'affaire et des analystes de risques qui résident dans leurs
pays ou à l'étranger.
* L'indice de gouvernance mondiale (IGM): Il est
lancé en 2008 par le forum sur la gouvernance mondiale. Cet Indice est
utilisé pour proposer aux décideurs politiques, quel que soit
leur niveau (national, régional ou international), aux entreprises et
aux ONG, une information fiable et indépendante leurs permettent
d'évaluer le degré de gouvernance d'un État, de
diagnostiquer cette gouvernance en repérant les points faibles et les
points forts et de suivre les évolutions au fil du temps. Il s'agit
d'un indicateur composite et calculé sur la base de cinq domaines
à savoir la Paix et Sécurité ; l'État de
droit ; les droits de l'homme et la participation et le
développement Durable. Il est compris entre 0 et 1. Un indice
élevé traduit un niveau de gouvernance élevé et
vice versa.
* Le guide internationale des risques pays (GIRP) : Il est
institué en 1996 par l'agence PoliticalRisk Services qui permet de
mesurer les risques politiques, financiers et économiques qu'un pays
peut rencontrer. L'indice ainsi calculé compris entre 0 et 100 et
rassemble à lui seul 25 sources de données formulées
principalement par des experts et des hommes d'affaire. Un indice
élevé traduit un risque faible et inversement.
3.3)LES ÉTUDES EMPIRIQUES
Comme dans le cas des études théoriques, les
études empiriques réalisées sur l'impact de la
décentralisation sur la corruption sont ellesmêmes non
concluantes et sont confrontées à des difficultés
méthodologiques. Certaines études ont montré que la
décentralisation favorise la corruption alors que d'autres au contraire
montrent que la décentralisation défavorise la corruption. La
divergence des résultats peut être liée au choix du
concept de la décentralisation (fiscale, administrative, politique), au
choix du concept de la corruption (petite corruption ou grande corruption),
à la nature de la relation entre la décentralisation et la
corruption (Linéaire ou non linéaire).
Les travaux en question utilisent des modèles
économétriques généralement en coupe transversale
et incluent presque les mêmes variable de contrôle comme le PIB
par habitant, l'ouverture commerciale, la taille de gouvernement, le niveau de
la démocratie, la fractionalisation ethnique, le niveau de
l'éducation. Dans cette section on va énumérer les
principaux résultats obtenus.
Goldsmith(1999)montre que la décentralisation pourrait
engendrer une haussede la corruption. La décentralisation n'est pas
idéale car il est plus facile de dissimuler les activités de
corruption. Contrairement au système centralisé qui impose aux
fonctionnaires plus de responsabilité et de transparence.
KajsaKarlström (2015) affirme que la
décentralisation fiscale et administrative sont associées
à un niveau de corruption faible pour les pays démocratiques mais
un niveaux de corruption élevé pour les pays autoritaires. Les
pays démocratiques disposent d'un ensemble d'institutions qui
fournissent aux citoyens des informations sur le comportement des responsables
locaux et leur accorde la liberté d'élire, de protester et
d'influencer les décisions prises par les gouvernements locaux.
L'étude montre aussi que la décentralisation politique n'a aucun
impact robuste sur la corruption.
Maria Rosario (2014) montre qu'une décentralisation
forte permet aux décideurs locaux de se rapprocher des citoyens et
d'adopter un comportement moins corrompus afin de maximiser la
probabilité de réélection. Cependant, ce degré
élevé de décentralisation permet aux décideurs
locaux de gérer des recettes importantes ce qui augmente les risques de
la corruption. les auteurs soulignent qu'un degré
intermédiaire de décentralisation est la meilleure structure
qu'un pays peut adopter pour lutter contre la corruption.
Selon Arikan (2004), les résultats de sonétude
ne sont pas robustes mais ils offrent des preuves selon lesquelles la
corruption peut être plus faible dans les pays où l'ampleur de la
décentralisation est élevée.
Antonio Lecuna (2012) montre que les pays ayant un nombre
élevé de gouvernement infranationaux de premier niveau par
rapport à leur population sont plus corrompus. L'auteur souligne que les
fonctionnaires dans les petites juridictions on tendance à être
plus capturés par les élites puisque les mécanismes de
contrôle, la dénonciation sont relativement faible. En outre,
l'auteur souligne que les fonctionnaires dans les gouvernements
régionaux sont moins fiables, sous rémunérés non
coopératifs et démotivés par rapport à ceux au
niveau national.
Pour Fisman et Gatti (2002), Les résultats sont
statistiquement significatifs et sont robustes à diverses
spécifications. Les auteurs montrent que la décentralisation en
matière de dépenses gouvernementales est constamment
associéeà une baisse de la corruption.
Treisman Daniel et all (2007) affirment que dans les pays
ayant un plus grand nombre de gouvernements et d'employés publics
locaux, la corruption signalée pourrait être fréquente.
Gurgur et Shah (2005) constatent que la
décentralisation a un impact négatif sur corruption, la
décentralisation est mesurée par le poids de l'emploi de
l'administration publique dans l'emploi total, et la corruption est
mesurée par l'indice de perception de la corruption. Ils divisent les
pays en deux groupes, pays unitaires et pays fédéraux. Ils
concluent que la décentralisation dans les États unitaires a un
plus grand impact sur la corruption.
CONCLUSION
D'après ce qui précède, on a vu que
l'analyse de l'impact de la décentralisation sur la corruption est un
travail compliqué. Cette complexité réside par le fait que
les deux notions sont multidimensionnelles et dépendent chacune des
particularités des pays. La décentralisation englobe plusieurs
concepts (politique, administrative ou financière) de même la
corruption peut avoir plusieurs formes (petite corruption / grande corruption)
et leurs évaluations se heurte à des nombreuses problèmes
(évaluation objective / évaluation subjective). De même
chaque pays présente des caractéristiques spécifiques
(régime présidentiel / régime parlementaire ; Etat
unitaire / Etat fédéral). Tous ces facteurs affectent la relation
entre la décentralisation et la corruption
En outre, Le modèle théorique
évoqué dans le cadre de ce chapitre traite notre sujet à
l'échelle microéconomique et nous a apporté une
réponse sur l'impact de la décentralisation sur la corruption
mais ce résultat est le fruit d'un ensemble d'hypothèses non
vérifiables.
Le chapitre suivant consiste à traiter notre question
de recherche d'une manière empirique en utilisant
l'économétrie des données de panel d'un coté et
l'économétrie des données spatiales d'un autre
coté.
CHAPITRE 2
L'IMPACT DE LA DECENTRALISATION SUR LA
CORRUPTION : UNE VALIDATION EMPIRIQUE
INTRODUCTION
Dans le présent chapitre, nous essayons de tester
l'impact de la décentralisation sur la corruption.Tout d'abord, nous
allons utiliser dans notre modèle économétrique des
données de panel qui sont rarement utilisées dans les
études antérieures. Notre étude porte sur un
échantillon de 66 pays couvrant la période 2005-2016. Ensuite
nous effectuons une étude comparative en décomposant notre
échantillon en des sous échantillons composés chacun par
des groupes de pays en fonction d'une part de leur localisation
géographique et d'autres part de leur niveau de démocratie. Le
but de cette étude est de tester si l'impact de la
décentralisation est -elle conditionnée par ces deux
critères. Finalement, nous proposons une extension en choisissant la
Tunisie comme exemple et dans cette analyse, on va utiliser un modèle
spatial utilisant un échantillon de 24 régions relatives à
l'année 2016.
Pour répondre à toutes ces questionnements,
nous allons adopter la démarche suivante. Dans la première
section, nous présentons notre méthodologie puis dans le cadre
de la deuxième section nous discutons les différents
résultats obtenus et la troisième section sera
réservée au cas de la Tunisie.
SECTION 1) MÉTHODOLOGIE
Cette section a pour objectif de répondre à
notre question de recherche de manière empirique. Dans un premier temps
nous allons effectuer une analyse globale qui porte sur un échantillon
de 66 pays hétérogènes et qui couvre une période de
12 années allant de 2005 à 2016. Puis dans un deuxième
temps, nous effectuons une étude comparative et nous décomposons
notre échantillon en des sous échantillons selon les
critères suivants. D'abord on va mettre l'accent sur la localisation
géographique des pays, selon ce critère on va comparer l'effet de
la décentralisation sur la corruption entre les groupes de pays à
savoir les pays africains, les pays européens, les pays asiatique et les
pays américains. Ensuite on va s'intéresser au critère de
la démocratie, dans ce cas on regroupe les pays en deux groupes à
savoir les pays démocratiques et les pays non démocratiques. Le
but de cette analyse est de savoir si la démocratie affecte la relation
entre la décentralisation et la corruption.
1.1) Données et description des
variables
Les données utilisées dans notre étude
empirique sont des données de panel qui proviennent de plusieurs sources
et relatives à un ensemble de pays couvrant la période 2005-
2016. Les données de Panel présente beaucoup d'avantages par
rapport aux données de type série temporelle et en coupes
transversales. Lesdites données ont une double dimension (individuelle
et temporelle) ce qui permet d'accroitre la taille de l'échantillon,
d'augmenter le degré de liberté, de réduire la
colinéarité entre les variables explicatives et
d'améliorer par conséquent les estimations.
Le modèle économétrique de base est
présenté comme suit :
Corruptionij = ái +
âiDécentralisationij + iX +
åij
Avec X : Vecteur des variables de contrôles ;
å : Terme résiduel ; á , â et
i sont des paramètres à estimer.
Puisque la corruption est influencée par des facteurs
économiques, sociaux, culturels et démographiques, on est
obligé de retenir les variables suivantes sans être exhaustif.
- La corruption : C'est une variable dépendante
mesurée par l'indice de perception de la corruption (IPC). Cet indice,
comme nous l'avons déjà évoqué ci-dessus compris
entre 0 et 100. Il mesure la perception de la corruption et pas le niveau
réel de la corruption. Cet indice est un outil statistique fortement
utilisé dans la recherche sur la corruption à cause de la taille
de son échantillon et parce que l'agrégation des enquêtes
renforce sa cohérence et sa fiabilité. Un IPC élevé
signifie un niveau de corruption faible et vice versa.
- La décentralisation : C'est la variable
d'intérêt qui fait l'objet de notre étude. Elle est
exprimée en pourcentage et mesurée par la part des recettes
fiscales locales dans les recettes fiscales totales.
Part des recettes fiscales locales en (%) =
Avec recettes fiscales totales = recette fiscales
locales + recettes fiscales du gouvernement central.
Le choix de cette mesure est justifié par deux
arguments. D'une part, les données relatives à la
décentralisation fiscalesont disponibles pour des nombreux pays alors
que les données relatives à la décentralisation
administrative et politique sont limitées.
D'autre part et au niveau local, la mesure de la
décentralisation fiscale porte sur les recettes fiscales locales et non
pas sur les recettes totales5(*) car la prise en compte de toutes les recettes peut
sur-estimer le degré de la décentralisation fiscale puisqu'elles
englobent non seulement les recettes fiscales mais également les
subventions et les emprunts qui proviennent soit du gouvernement central soit
des organismes externes. Donc l'utilisation de cette mesure nous permet
d'évaluer la capacité réelle des collectivités
locales à faire augmenter leurs ressources fiscales. Une part
élevée montre un degré de décentralisation fiscale
élevée. Si le coefficient associé à cette variable
est positif signifie que la décentralisation va permettre d'augmenter
l'IPC et par la suite le niveau de la corruption diminue.
- Le PIB par habitant en parité de pouvoir
d'achat : Cette variable mesure le niveau de vie moyen atteint dans chaque
pays.Il est exprimé en logarithme afin de diminuer le volume des
chiffres. Cette variable est exprimée en parité de pouvoir
d'achat afin d'éliminer la différence de structure des prix
entre les pays. On s'attend à ce qu'il ait une relation positive.
- Le taux d'ouverture : ilmesure le poids du commerce
extérieur dans le produit intérieur brut. Elle est
exprimée en pourcentage. On s'attend à ce qu'il ait une relation
positive.
- La taille de gouvernement : Cette variable mesure le
poids des dépenses publiques dans le PIB. Elle exprimée en
pourcentage.
- L'éducation : Cette variable est mesurée
par la part de la population ayant un niveau secondaire. Elle est
exprimée en pourcentage. On s'attend à ce qu'il ait une relation
positive.
- La fractionalisation : Cette variable mesure la
probabilité que deux personnes tirées au hasard dans une
population soient de groupes ethniques différents. Elle est comprise
entre 0 et 1. Une probabilité élevée indique une
population ethniquement hétérogène. On s'attend à
ce qu'il ait une relation négative.
- La population : Cette variable mesure la taille
démographique. Elle est exprimée en log. On s'attend à ce
qu'il ait une relation négative.
- La liberté de la presse : cette variable mesure
le degré de la liberté de la presse dans chaque pays. Elle est
exprimée en indice qui varie entre 0 et 100. Un indice faible
reflète un degré de liberté de presse élevé
alors qu'un indice élevé indique des restrictions de la
liberté de la presse. On s'attend à ce qu'il ait une relation
négative6(*).
Le tableau suivant récapitule l'ensemble des variables
introduites dans notre modèle avec leurs abréviations et leurs
unités de mesure (les sources sont données en
annexe).
Tableau 5- Liste des variables
Variables
|
Abréviations
|
Unité de mesure
|
Corruption
|
IPC
|
Indice compris entre 0 et 100
|
Décentralisation fiscale
|
Dec
|
Part en %
|
PIB par habitant
|
Lnpibh
|
Exprimée en log
|
Fractionalsation
|
Frac
|
Probabilité comprise entre 0 et 1
|
Education
|
Edu
|
Part en %
|
Taux d'ouverture
|
Ouv
|
Part en %
|
Taille de gouvernement
|
Gov
|
Part en %
|
Liberté de la presse
|
Presse
|
Indice compris entre 0 et 100
|
Population
|
Lnpop
|
Exprimée en log
|
Source auteur
1.2) Etude statistique
1.2.1) Statistiques descriptives
Tableau 6- Statistiques descriptives
variables
|
observations
|
moyenne
|
écart type
|
minimum
|
maximum
|
IPC
|
792
|
49.76263
|
21.66634
|
19
|
97
|
Dec
|
792
|
8.934436
|
8.545317
|
.0831143
|
59.38446
|
Gov
|
792
|
26.90147
|
10.94369
|
1.877688
|
62.31327
|
Lnpop
|
792
|
15.80117
|
2.412389
|
8.594154
|
19.38047
|
Lnpibh
|
792
|
9.381853
|
2.084157
|
5.298317
|
17.57671
|
Ouv
|
792
|
71.0015
|
31.82715
|
17.19666
|
180.891
|
Frac
|
792
|
.3908162
|
.2537879
|
.011928
|
.930175
|
Presse
|
792
|
27.95893
|
14.64634
|
8.0001
|
74.07
|
Edu
|
792
|
86.88321
|
19.97895
|
15
|
100
|
Source : calcul réalisé par
l'auteur
Les variables IPC, taille de gouvernement, population, PIB/h,
le taux d'ouverture et le niveau d'éducation ont des écarts types
faibles car leurs valeurs sont inférieures à la moitié de
la moyenne. Ces variables présentent donc des dispersions faibles, alors
que la décentralisation fiscale, la fractionalisation et la
liberté de la presse ont des écarts types forts. Ces variables
présentent donc des dispersions fortes.
1.2.2) Analyse bivariée :
décentralisation et corruption
Le graphique suivant montre un aperçu des nuages des
points mettant en jeu la décentralisation fiscale et la corruption.
Pour chaque pays nous avons calculé la moyenne de l'IPC et de la
décentralisation fiscale durant la période 2005 -2016. Les
résultats sont donnés dans le graphique suivant :
Graphique 1- Nuage des points :
Décentralisation versus Corruption
Corruption
Décentralisation fiscale
Source : calcul réalisé par
l'auteur
L'axe horizontal indique le degré de la
décentralisation fiscale et l'axe vertical désigne l'indice de
perception de la corruption. On décompose le graphique en 4 cadrans et
on peut dégager les informations suivantes.
v Le Cadran en haut à droit correspond aux pays ayant
un niveau de décentralisation élevé et un niveau de
corruption faible. Dans ce cadran figure le japon et la majorité des
pays nordiques. (Notons qu'un IPC élevé signifie un niveau de
corruption faible).
v Le Cadran en haut à gauche correspond aux pays ayant
un niveau de décentralisation faible mais un niveau de corruption
faible. Dans ce cadran figure Canada et certains pays européens et de
l'Amérique latine
v Le Cadran en bas à gauche correspond aux pays ayant
un niveau de décentralisation faible et un niveau de corruption
élevé. Dans ce cadran figure la majorité des pays
africains, certains pays de l'Amérique latine et la Russie
1.2.3) MATRICE DE CORRÉLATION
La matrice de corrélation7(*) nous renseigne sur l'existence ou l'absence d'une
éventuelle corrélation linéaire entre les
différentes variables.
Tableau 7 - Matrice de corrélation
|
ipc
|
dec
|
gov
|
ouv
|
frac
|
ed
|
lnpop
|
lnpibh
|
presse
|
ipc
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
dec
|
0.3785*
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
|
|
gov
|
0.4130*
|
0.3030*
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
|
ouv
|
0.0721*
|
-0.0665
|
0.0852*
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
frac
|
-0.4928*
|
-0.3979*
|
-0.5187*
|
0.0442
|
1.0000
|
|
|
|
|
ed
|
0.4431*
|
0.1516*
|
0.4468*
|
0.0162
|
-0.4878*
|
1.0000
|
|
|
|
lnpop
|
0.1187*
|
0.2279*
|
0.2902*
|
-0.1584*
|
-0.2350*
|
0.6317*
|
1.0000
|
|
|
lnpibh
|
0.4399*
|
0.4334*
|
0.2395*
|
-0.0915*
|
-0.3993*
|
0.1683*
|
0.2384*
|
1.0000
|
|
presse
|
-0.6695*
|
-0.1106*
|
-0.2896*
|
-0.1335*
|
0.3706*
|
-0.2993*
|
0.2423*
|
-0.1089*
|
1.0000
|
Source : calcul réalisé par
l'auteur
Une lecture de cette matrice nous permet de dégager
les informations suivantes relatives aux variables clés :
L'IPC est corrélé positivement avec la
décentralisation, taille de gouvernement, le niveau de vie, le niveau de
scolarisation et la population. Cette corrélation est significative au
seuil de 5 %. L'IPC est corrélé négativement et
significativement avec la liberté de la presse et la
fractionalisation.
La décentralisation est corrélée
positivement et significativement avec le niveau de vie, la taille de
gouvernement, l'éducation et la population mais négativement
avec la fractionalisation et la liberté de la presse.
La corrélation entre lavariable dépendante et
les variables explicatives sont généralement en rapport avec la
littérature théorique.
1.3) LA STRUCTURE DU MODÈLE
ÉCONOMÉTRIQUE
Pour déterminer la structure du modèle, il est
nécessaire d'effectuer un ensemble des tests qui sont les
suivants :
1.3.1) LE TEST DE SPÉCIFICATION
Lorsqu'on utilise des données de panel, il est
nécessaire de tester la spécification du modèle. En
effet, Le modèle de panel peut avoir plusieurs spécifications.
Les coefficients du modèles (âi ) ainsi que les
constants (ái) peuvent être identiques pour tous les
pays ou bien différents selon les pays. Dans le premier cas, on parle du
modèle sans effets individuels alors que dans le deuxième cas on
parle de modèle à effets individuels. Le choix de nos
modèles doit s'effectuer selon un processus séquentiel
élaboré par Hsiao (1986) d'où le nom du test de Hsiao.
Corruptionij = ái +
âiDécentralisationij + iX +
åij
Le modèle de départ s'écrit :
Le test 1 est basé sur les hypothèses
suivantes :
H0= homogénéité totale (
ái = á et âi =â)
H1 =
hétérogénéité totale (
ái ? á et âi ? â)
Si H0n'est pas rejetée, le modèle a
une structure parfaitement homogène c'est-à-dire les constantes
(ái) et coefficients (âi) sont
identiques pour tous les pays. Si on rejette H0, on doit passer au
test 2.
Le test 2 est basé sur les hypothèses
suivantes
H0= effets individuels (ái ? á
et âi =â)
H1 =
hétérogénéité totale
Ce test consiste à tester l'égalité des
coefficients âi et on n'impose aucune restriction sur les
constantes ái. Si H0 est rejetée le
modèle à une structure hétérogène et si
H0 n'est pas rejetée, le modèle est à effets
individuels et dans ce cas on doit passer au test 3.
Le test 3 ayant comme hypothèse :
H0= homogénéité totale
H1 = effets individuels
Si on rejette H0, on conclut que le modèle est à
effets individuels. Les relations entre la variable dépendante avec
les variables explicatives sont identiques quel que soit le pays alors que les
constantes différent d'un pays à l'autre.
A l'aide de logiciel stata, on a calculé les p-value
pour les trois tests et pour tous les modèles. Les résultats sont
mentionnés dans le tableau suivant.
Tableau 8- Test de spécification des
modèles
Ensemble de pays
|
Europe
|
Afrique
|
Asie
|
Amérique
|
Pays Démocrates
|
Pays non démocrates
|
F1 = 31.75
|
F1 = 17.29
|
F1 = 12.13
|
F1 = 4.35
|
F1 = 18.20
|
F1 = 18.88
|
F1 = 9.13
|
F2 = 1.23
|
F2 = 0,875
|
F2 = 0,98
|
F2 = 1.30
|
F2 = 1.21
|
F2 = 0,98
|
F2 = 0,89
|
F3 = 99.11
|
F3 = 50.692
|
F3 = 28.71
|
F3 = 23.66
|
F3 = 133.89
|
F3 = 62.60
|
F3 = 28.31
|
PvalF1 = 0
|
PvalF1 = 0
|
PvalF1 = 0
|
PvalF1 = .0
|
PvalF1 = 0
|
PvalF1 =0
|
PvalF1 = 0
|
PvalF2 = 0,18
|
PvalF2 = 0,24
|
PvalF2 = 0,35
|
PvalF2 = .239
|
PvalF2 = .28
|
PvalF2 = 0,28
|
PvalF2 = 0,35
|
PvalF3 = 0
|
PvalF3 = 0
|
PvalF3 = 0
|
PvalF3 = 0
|
PvalF3 = 0
|
PvalF3 = 0
|
PvalF3 = 0.002
|
Source : calcul réalisé par
l'auteur
Pour tous les modèles, le p-value 1 relatif au test 1
est inférieur à zéro ce qui nous amène à
rejeter l'hypothèse nulle d'homogénéité totale. Le
p-value 2 du test 2 est supérieur à 0 cela signifie que
l'hypothèse nulle de présence d'effets individuelles ne peut pas
être rejetée et finalement le p-value 3 du test 3 est
inférieur à 0 ce qui confirme que le modèle est à
effets individuels. Une fois la structure du modèle est définie,
on doit passer à l'étape suivante pour déterminer la
nature des effets individuels car ces derniers peuvent être fixes ou
aléatoires. Le test du Hausman permet de choisir le modèle le
plus approprié.
1.3.2) LE TEST DE HAUSMAN
Le test du Hausman permet de faire le choix entre Les deux
effets spécifiques présentés ci-dessus. Il permet de
tester l'existence ou non de corrélations entre les effets individuels
et les variables explicatives. Les hypothèses sont données comme
suit :
H0= effets aléatoires
H1 = effets fixes
Les résultats du test sont donnés dans le
tableau ci-dessous
Tableau 9 : Le test de Husman
Modèles
|
pays
|
test : H0 : difference in coefficients not
systematic
|
Type du modèle
|
Modele global
|
Ensemble des pays
|
chi2(7) = 118,18
|
Modèle à effets fixes
|
Prob>chi2 = 0.0000
|
Modèle 1
|
Europe
|
chi2(8) = 41,66
|
Modèle à effets fixes
|
Prob>chi2 = 0.0000
|
Modèle 2
|
Afrique
|
chi2(4) = 54,78
|
Modèle à effets fixes
|
Prob>chi2 = 0.0000
|
Modèle 3
|
Asie
|
chi2(0) = 0,00
|
Modèle à effets fixes
|
Prob>chi2 = 0.0000
|
Modèle 4
|
Amérique
|
chi2(3) = 9,62
|
Modèle à effets fixes
|
Prob>chi2 = 0.0220
|
|
Modèle 7
|
Pays démocratiques
|
chi2(8) = 108,45
|
Modèle à effets fixes
|
Prob>chi2 = 0.0000
|
Modèle 8
|
Pays non démocratiques
|
chi2(8) = 108,45
|
Modèle à effets fixes
|
Prob>chi2 = 0.0488
|
Source :calcul réalisé par
l'auteur
On constate d'après les résultats affichés
dans le tableau que tous les modèles sont à effets fixes.
L'estimation de ces modèles dépend de la structure des termes
des erreurs. Dans le cas où les erreurs sont homoscédastiques et
non corrélées on utilise la méthode de LSDV8(*)et dans le cas contraire, on
utilise la méthode de moindre carrées
généralisées.
Pour savoir la méthode d'estimation la plus
adaptée, on utilise successivement le test
d'hétéroscédasticité et le test de
corrélation.
1.3.3) LE TEST
D'HÉTÉROSCÉDASTICITÉ ET D'AUTOCORRÉLATION
DES ERREURS
Le premier test est conçu pour tester
l'hypothèse d'homoscédasticité des erreurs. on utilise le
test de Breusch-Pagan. L'hypothèse nulle suppose une
égalité de la variance des erreurs pour tous les individus. Pour
le deuxième test, on utilise le test Wald dont l'hypothèse nulle
est celle d'absence d'autocorrélation des erreurs. Si on rejette cette
hypothèse, les erreurs des individus sont autocorrélées.
Les résultats sont donnés dans le tableau suivant
Tableau 10 : Résultats des
tests
Modèles
|
Groupes de pays
|
Test
d'hétéroscédasticité
|
Test d'autocorrélation des erreurs
|
Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity
Ho: Constant variance
Variables: fitted values of IPC
|
Résultats des tests
|
Wooldridge test for autocorrelation
H0: no first-order autocorrelation
|
Résultats des tests
|
Modèle global
|
Ensemble
des pays
|
chi2(1) = 0.14
Prob>chi2 = 0.71
|
Erreurs homoscédastiques
|
F( 1, 65) = 88.462
Prob> F = 0.0000
|
présence
d'autocorrélation des erreurs
|
Modele 1
|
Europe
|
chi2(1) = 14.68
Prob>chi2 = 0.0001
|
Erreurs hétéroscédastiques
|
F( 1, 30) = 60.741
Prob> F = 0.0000
|
présence
d'autocorrélation des erreurs
|
Modele 2
|
Afrique
|
chi2(1) = 13.57
Prob>chi2 = 0
|
Erreurs hétéroscédastiques
|
F( 1, 16) = 10.376
Prob> F = 0.0053
|
présence
d'autocorrélation des erreurs
|
Modele 3
|
Asie
|
chi2(1) = 0.04
Prob>chi2 =0.8381
|
Erreurs homoscédastiques
|
F( 1, 7) = 27.702
Prob> F = 0.0012
|
présence
d'autocorrélation des erreurs
|
Modele 4
|
Amérique
|
chi2(1) = 0.38
Prob>chi2 = 0.5395
|
Erreurs homoscédastiques
|
F( 1, 9) = 19.318
Prob> F = 0.0017
|
présence
d'autocorrélation des erreurs
|
Modele 7
|
Pays démocratique
|
chi2(1) = 22.32
Prob>chi2 = 0.00
|
Erreurs hétéroscédastiques
|
F( 1, 37) = 40.010
Prob> F = 0.0000
|
présence
d'autocorrélation des erreurs
|
Modele 8
|
Pays non démocratique
|
chi2(1)= 5.46
Prob>chi2 = 0.0195
|
Erreurs hétéroscédastiques
|
F( 1, 26) = 46.015
Prob> F = 0.0000
|
présence
d'autocorrélation des erreurs
|
Source : calcul réalisé par
l'auteur
SECTION 2) INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
2.1) Cas du modèle global
Dans une première étape, on va effectuer une
régression sur un échantillon de 66 pays couvrant la
période 2005 -2016. Les résultats sont donnés dans le
tableau suivant :
Tableau 11 : Estimation des coefficients du
modèle global
Variables
|
Coefficients estimés
|
Dec
|
.3236915 ***
(4.10)
|
Gov
|
.1305484 **
(2.57)
|
Ouv
|
.0147781
(1.00)
|
Frac
|
-7.092916**
(-2.59)
|
Ed
|
.1860483***
(3.90)
|
Lnpop
|
.4016846
(1.07)
|
Lnpibh
|
1.026047***
(3.79)
|
Presse
|
-.7559598***
(-12.55)
|
Const
|
32.10587***
(7.34)
|
Number of obs
|
792
|
Number of groups
|
66
|
Time periods
|
12
|
Wald chi2(8)
|
555.09
|
Prob> chi2
|
0.000
|
*** significative à 1% ** significative à 5% *
significative à 10%
Source : calcul réalisé par
l'auteur
L'examen des coefficients associés aux
différentes variables expliquées fait ressortir que
Le test de Wald permet de tester la significativité du
modèle et celle de ses différents paramètres. La valeur
de la probabilité associée au test est inférieure à
1% alors nous dirons que le modèle obtenu est globalement significatif.
Le coefficient associé à la variable
décentralisation est positif et fortement significatif puisque le
p_value est égal 0. Le signe positif est conforme à celui
attendu. A titre d'exemple, une augmentation de 1 point de degré de la
décentralisation conduit à une augmentation de 0.32 point de
l'IPC et par conséquent une baisse de niveau de corruption. L'impact
positif de cette variable sur la corruption vient en confirmation avec les
théories qui suggèrent que la décentralisation conduit
à la réduction de la corruption. La décentralisation
réduit les asymétries informationnelles entre la population
locale et les décideurs locaux. Le contrôle de ces derniers
devient plus facile, de plus ils seront soumis aux pressions des citoyens.
Donc pour augmenter la probabilité de réélection, les
décideurs locaux doivent éviter toutes tentatives de
détournement du fonds et de vol. Ils seront inciter à adopter une
politique budgétaire prudente afin d'améliorer la fourniture des
services collectifs. La décentralisation fiscale via le mécanisme
de proximité permet d'une part d'augmenter les recettes fiscales
locales et d'autre part de pousser les décideurs locaux à
adopter un comportement honnête.Une autre explication concernant l'impact
positif de la décentralisation fiscale sur la corruption provient de
principe de la compétition. En effet, la maximisation des recettes
locales dépend de l'efficacité dans la fourniture des biens
publics. Atteindre cet objectif peut conduire les gouvernements locaux à
entrer en compétition pour attirer les citoyens et les investisseurs
à se localiser dans leurs propres régions et leursempêchent
de se déplacer dans les régions voisines. Donc la
compétition incite les décideurs locaux à être plus
efficace, à lutter contre le gaspillage et les dépenses publiques
non productives et décourage par conséquent la corruption.
La variable taille de gouvernement a un impact positif et
significatif sur la corruption puisque le p value est inférieur
à 10%. Une augmentation de la part de dépenses publiques peut
conduire à une augmentation plus faible de l'IPC à raisonde 0.13
point. Mais au niveau théorique, il n'y a pas un consensus parmi les
auteurs sur la relation entre la taille de gouvernement et la corruption. La
définition de la taille de gouvernement, la nature des dépenses
publiques affectées (subvention, redistribution, investissements
publics), les régimes politiques du pays (démocratiques ou
autoritaires) sont autant de facteurs qui expliquent la divergence des
résultats. Mais l'obtention d'un signe positif dans notre
régressionpeut se justifier par le fait qu'une partie de
dépenses de gouvernement central peut être affectée dans
l'application de normes de bonne gouvernance et des paragrammes
anti-corruption.
Le coefficient associé à la variable taux
d'ouverture s'est avéré positif mais non significatif puisque
le p value est supérieur à 10 %.
Concernant la variable fractionalisation, elle entre dans la
régression avec un signe négatif et fortement significatif.
D'après les résultats, l'augmentation de l'indice de
fractionalsation risque fort de multiplier les occasions de corruption.
La variable éducation à un signe positif et son
coefficient est fortement significatif ce qui est conforme à celui
escompté puisque l'éducation a un effet positif sur la
réduction de la corruption. En effet, à coté des avantages
cognitifs attendus de l'éducation, cette dernière est
également associée aux nombreux résultats positifs comme
l'augmentation de la probabilité de voter, de faire de
bénévolat dans des associations, une probabilité faible de
participer à la criminalité et d'être arrêté,
une tendance accrue à se comporter légalement et à montrer
une bonne citoyenneté. Tous ces éléments augmentent la
responsabilité des individus et contribuent à
l'amélioration de la cohésion sociale et à la diminution
des pratiques de corruption. De même une éducation
élevée améliore la capacité des citoyens à
contrôler le gouvernement et à juger sur les performances des
politiciens.
Concernant la variable population, elle est
corrélée négativement mais non significative avec la
variable IPC car le p_value est supérieur à 10%.
Quant à la variable PIB par habitant, elle mesure le
niveau de vie moyen et son coefficient est positif et fortement significatif
au seuil de 1 %.. Un pays ayant un niveau de vie moyen élevé
peut avoir un niveau de corruption faible. Le résultat montre qu'une
augmentation de niveau de vie de 1 % peut provoquer une augmentation de l'IPC
à raison de 0.0102 point. Lorsque le niveau de vie ne permet pas de
combler les dépenses nécessaires d'un fonctionnaire ou lorsqu'il
est inférieur à celui des autres fonctionnaires ayant les
mêmes qualifications, la corruption serait donc un moyen pour
améliorer le niveau de vie.
En ce qui concerne la liberté de la presse, les
résultats affichent un signe négatif de plus cette variable est
significative en seuil de 10 % ce qui conforme à celui escompté.
D'après notre estimation une baisse de l'indice de liberté de la
presse de 1 point provoquerait une augmentation de l'IPC de 0.75 point9(*). La presse joue un rôle
majeur dans la lutte contre la corruption. En effet, lorsque les citoyens
sontbiens informés et que les médias sont libres de tout pouvoir
politique, la liberté d'information contribue à réduire la
corruption.
A la lumière de nos développements empiriques,
les résultats obtenus sont généralement en rapport avec
la littérature. Lutter contre la corruption nécessite non
seulement un système décentralisé mais également un
ensemble de facteurs économiques, culturels, institutionnels et
politiques. Les résultats obtenus ci-dessus sont globaux et ne
tiennent pas compte des particularités des pays susceptibles d'affecter
la relation entre la décentralisation et la corruption. Pour ce faire,
nous allons effectuer une comparaison entre des groupes de pays selon deux
critères, d'une part on retient la localisation géographique
d'autre part on retient le niveau de la démocratie. Le but de cette
analyse est de savoir si l'effet de la décentralisation sur la
corruption peut donner des résultats différents ou non.
2.2) Etude comparative
2.2.1) Comparaison selon la localisation
géographique.
Nous allons décomposer notre échantillon en des
sous échantillons en fonction de la localisation géographique de
chaque pays. Le premier regroupe les pays africains le deuxième
regroupe les pays européens, le troisième regroupe les pays
américains et le quatrième regroupe les pays asiatiques. Le but
de cette analyse est de savoir si la localisation géographique influe
sur la relation entre décentralisation et corruption. Nous allons
effectuer une régression pour chaque groupe de pays tout en suivant les
mêmes procédures d'estimation évoquées dans la
section précédente. A l'aide de logiciel stata onobtient les
résultats suivants.
Tableau 12 : Estimations des coefficients des
modèles selon la localisation géographique
variable
|
Europe
|
Afrique
|
Asie
|
Amérique
|
Dec
|
1.3315006 ***
(5.94)
|
-.4233121***
(-3.16)
|
0.209464***
(7.12)
|
0.7836301**
(2.35)
|
Gov
|
.0505612
(1.28)
|
-.1101597
(-1.39)
|
.0208473
(0.11)
|
.4964323***
(2.92)
|
Ouv
|
.0078569
(0.49)
|
.0001927
(0.07)
|
.0758171**
(1.99)
|
.0891324*
(1.78)
|
Frac
|
-2.31258
(-0.68)
|
-32.93228***
(-9.48)
|
-13.11762**
(-2.01)
|
17.81842***
(2.90)
|
Edu
|
.1188081
(1.41)
|
.0179006
(0.26)
|
3.777187***
(4.24)
|
-1.284573
(-1.63)
|
Lnpop
|
-.7427879*
(-1.98)
|
.237788
(0.65)
|
-4.849303***
(-2.7)
|
-.6513221
(-0.53)
|
Lnpibh
|
1.351404***
(3.01)
|
-.0190442
(-0.11)
|
1.344738*
(1.86)
|
2.671947***
(3.48)
|
Presse
|
-2.185131***
(-4.79)
|
-.0878145
(-1.37)
|
-0.571711
(-1..27)
|
-1.161959***
(-5.79)
|
Const
|
63.63277***
(5.11)
|
55.96594***
(13.34)
|
-389.8284***
(-3.97)
|
64.94827
(0.96)
|
*** significative à 1% **
significative à 5% * significative à 10%
Source :
calcul réalisé par l'auteur
En ce qui concerne la variable censée capter l'effet de
la décentralisation fiscale sur la corruption, elle entre positivement
et significativement dans tous les groupes de pays sauf les pays africains qui
ont un coefficient négatif et significatif. L'impact de la
décentralisation sur la corruption pour les pays européens,
asiatiques et américains se fait avec des intensités
différentes. Pour le cas des pays européens, l'effet de la
décentralisation sur la corruption est plus intense par rapport aux
autres groupes de pays. Les collectivités locales dans les pays
européens sont régies par des dispositions législatives
et réglementaires strictes10(*). En outre la majorité des pays
européens se caractérisent par une grande implication des
citoyens et des organisations non gouvernementales (ONG) dans le contrôle
effectif du travail des élus locaux. Tous ces éléments
montrent que la corruption devient difficile à trouver.
Pour les pays africains, la décentralisation à
un effet négatif et significatif sur la corruption. La
décentralisation dans la majorité des pays africains a
été conçue et mise en oeuvre comme une simple technique
d'organisation administrative et pas comme une véritable politique. Les
institutions locales ne sont élues que rarement et sont marquées
par des difficultés et des insuffisances réelles notamment en
personnels compétents. Les fonctionnaires locaux reçoivent des
salaires faibles et peuvent se trouver intérêt à se livrer
à la corruption. De plus, l'effondrement des normes sociales, qui est
une caractéristique majeure de la majorité des pays africains,
encourage les gens à participer aux activités de corruption
surtout lorsque le népotisme dévient évident dans les
institutions locales. Encore, l'absence d'obligation de rendre compte et de
règles de déontologie ainsi que l'inefficacité des
mécanismes de contrôle encouragent les agents économiques
à commettre plusieurs types de fraude et d'infraction. Comme le souligne
Hollands (2007), la corruption pratiquée dans les institutions locales
africaines a un caractère systématique et systémique et
loin d'être des actes arbitraires de fraude et de détournement.
S'agissant de la variable censée prendre en compte la
taille de gouvernement, dans les pays africains, européens et
asiatiques cette variable est non significative puisque le p_value qui leur
est associé est supérieur même à 10% tandis que
cette variable entre positivement et significativement dans la
régression pour les pays américains.
La variable censée prendre en compte l'effet de
l'ouverture commerciale, elle entre dans la régression avec un signe
positif et significatif au seuil de 5% seulement pour les pays asiatiques et
américains. En effet, les barrières douanières dans ces
pays sont très limitées et par la suite les opportunités
des fonctionnaires d'exiger des pots de vins sont devenus faibles.
Concernant la variable fractionalisation, elle est fortement
significative au seuil de 5% dans tous les groupes de pays à
l'exception des pays européens mais leur influence est
différente. L'influence négative s'observe seulement pour les
pays africains et asiatiques et conforme à celui attendu. Toutefois
l'influence positive s'observe pour les pays américains. Ce
résultat s'écarte de la grande part de la littérature.
L'impact de l'éducation sur la corruption est
insignifiant dans le cas des pays africains, européens et
américains. En revanche, pour les pays asiatiques cette variable entre
positivement et significativement dans la régression. Ce
résultat est conforme avec la théorie qui montre qu'un niveau
d'éducation plus élevé dans un pays améliore la
capacité des citoyens à contrôler le gouvernement et
à juger sur les performances des politiciens ce qui contribue par
conséquent à la lutte contre la corruption.
La population est corrélée négativement
et significativement avec la corruption uniquement dans les pays
européens et asiatiques mais reste insignifiante dans les pays
africains et américains. La corruption est plus répandue dans les
pays asiatiques plutôt que dans les pays européens car ces pays
sont caractérisés par une population de grande taille et par
conséquent la fourniture des services publics par les autorités
locales est accompagnée par des files d'attentes énormes qui
poussent les gents à recourir au paiement des pots de vins.
Quant à la variable PIB par habitant, son impact sur la
lutte contre la corruption est positif et fortement significatif pour tous les
groupes de pays à l'exception des pays africains. Ce résultat
est plausible car un niveau de vie élevé réduit la
probabilité des gens de pratiquer des activités de corruption.
L'impact de la liberté de la presse sur la corruption
est positif et significatif uniquement pour les pays européens et
américains, le signe négatif implique que la réduction de
l'indice de la liberté de la presse contribue à l'augmentation de
l'IPC. Plus la presse est libre, plus la corruption diminue. Ces pays sont
marqués par une presse libre capable de surveiller le comportement des
décideurs locaux mais également des citoyens ayant une
capacité d'agir sur les informations véhiculées par la
presse. Cette capacité se manifeste par la liberté de protester,
de sanctionner les élus. Par exemple en Ukraine suite à un
article publié dans la presse, un groupe de protestataire a jeté
un élu local accusé de corruption dans la poubelle.
Pour les pays africains et asiatiques, la liberté de
presse n'a aucun effet sur la corruption puisque elle entre dans la
régression avec un coefficient insignifiant.
2.2.2) Comparaison selon le niveau de la
démocratie
Le but de cette analyse est de montrer si le niveau de la
démocratie conditionne la relation entre la décentralisation et
la corruption. Pour ce faire nous allons décomposer notre
échantillon en deux sous échantillons, le premier comprend les
pays démocratiques et le deuxième comprend les pays non
démocratiques. La mesure adoptée pour la sélection est
l'indice de la démocratie. Cet indice11(*)est institué par le groupe de presse
britannique «
The Economist
Group en 2006 » qui permet d'évaluer le niveau
de
démocratie de
tous les pays. La natation attribuée varie entre 0 et 10. Les pays
ayant un indice supérieur à 6 sont classés comme pays
démocratiques et ceux ayant un indice inférieur à 6 sont
classés comme pays non démocratiques. Les résultats de
l'estimation donnent :
Tableau 13 : Estimation des coefficients des
modèles selon le niveau de la démocratie
IPC
|
Pays démocratiques
|
Pays non démocratiques
|
Dec
|
.4802419***
(8.57)
|
-.228367**
(-2.22)
|
Gov
|
.1272961***
(3.30)
|
.2634085***
(4.00)
|
Ouv
|
-.0091233
(-0.64)
|
.0171577
(0.90)
|
Frac
|
10.67499***
(4.21)
|
-8.701975***
(-3.27)
|
Edu
|
.263866***
(3.81)
|
-.1221704***
(-3.07)
|
Lnpop
|
.7493892**
(2.05)
|
.5859676**
(2.01)
|
Lnpibh
|
1.827475***
(4.27)
|
.3432104*
(1.66)
|
Presse
|
-1.98029***
(-26.07)
|
-.142652
(-0.54)
|
Cons
|
36.24055***
(3.21)
|
32.14676***
(10.21)
|
*** significative à 1% ** significative à 5%
* significative à 10%
Source : calcul réalisé par l'auteur
A la lumière des résultats, on peut affirmer
que :
Pour les pays démocratiques le coefficient
associé à la variable décentralisation est positif et
fortement significatif puisque le p_value est inférieur à 1% en
revanche pour les pays non démocrates, le coefficient associé
à la variable décentralisation est négatif et
significatif au seuil de 5%. La différence des signes montre que le
niveau de la démocratie conditionne la relation entre la
décentralisation et la corruption. la réussite de processus de
décentralisation dans la lutte contre la corruption est expliquée
par le fait que les pays démocratiques sont dotés par un ensemble
d'institutions démocratiques capables de fournir des informations sur
le comportement des responsables locaux et de donner aux citoyens la
capacité d'agir. Ces institutions garantissent la liberté des
élections, la liberté d'expression, le respect de la
liberté civile. En outre les pays démocratiques sont
marqués par l'existence des groupes d'opposition et des groupes non
gouvernementaux indépendants. Tous ces moyens renforcent les
mécanismes de contrôle et forcent les responsables locaux
d'être moins corrompus.
Pour les pays non démocratiques, la
décentralisation ne peut pas freiner la corruption car dans ces pays la
démocratie locale est faiblement concrétisée. De plus,
il existe ainsi un manque de conscience politique des citoyens, une
liberté d'expression et de presse restreintes. Les citoyens n'ont pas
la possibilité de protester, d'élire de façon libre,
d'obtenir des informations sur les décisions prises par les responsables
locaux. Tous ces éléments encouragent la propagation de la
corruption à l'échelle locale.
La variable liberté de la presse à un signe
négatif et son coefficient est fortement significatif pour les pays
démocratiques ce qui est conforme à celui escompté mais
cette variable est insignifiant pour les pays non démocratiques.
A l'exception de l'ouverture internationale, les variables
population, éducation et la taille de gouvernement ont un impact
significatif et positif sur la corruption pour les deux groupes de pays mais la
variable fractionalisation entre dans les régressions avec un
coefficient significatif mais avec des signes différents.
SECTION 3) EXTENSION : CAS DE LA TUNISIE
On va essayer dans cette section d'analyser empiriquement
l'impact de la décentralisation sur la corruption en Tunisie. Dans notre
travail empirique, on a confronté à l'utilisation des
données localisées, car les observations d'une variable sont
mesurées en des localisations différentes réparties dans
l'espace. Donc on va introduire l'espace dans notre modèle
économétrique. La spécification du modèle
dépend de l'absence ou de l'existence d'autocorrélation spatiale,
pour cette raison on est obligé d'effectuer un test
d'autocorélation spatiale. Dans la littérature, il existe trois
tests à savoir le test de Moran, le test de multiplicateur de Lagrange
pour la dépendance spatiale des erreurs (LMerror ) et Le test de
multiplicateur de Lagrange pour la dépendance spatiale de la variable
endogène (LMlag ). Une fois le test est effectué, le
modèle économétrique peut prendre la forme d'un
modèle SAR ou d'un modèle SEM.
3.1) DESCRIPTION DES VARIABLES
Les données utilisées dans notre analyse
empirique sont des données en coupe transversale. L'échantillon
est composé de 24 régions qui couvrent l'année 2016.
Notre modèle contient une variable dépendante et un ensemble de
variables explicatives décrites comme suit :
- La corruption (CORR) : Elle est mesurée par le
nombre de dossiers par région parvenus à l'institut national de
la lutte contre la corruption pour chaque région pour l'année
2016.
- La décentralisation fiscale ( Dec_fisc) : Cette variable
mesure par le rapport entre les dépenses locales12(*) réalisées par
les municipalités d'une région donnée et les
dépenses totales effectuées dans la région en question.
Les dépenses totales sont composées par des dépenses
publiques et des dépenses locales. Lorsque cet indicateur augmente, Les
municipalités localisées dans la région sont
qualifiées plus décentralisées.
Deci =
.
- Nombre de municipalités (Munic) : Cette variable
mesure le nombre de municipalité dans chaque région.
3.2) ANALYSE SPATIALE
Avant de passer à l'estimation du modèle, il est
nécessaire de présenter une analyse spatiale pour chacune des
trois variables objet de l'étude.
Graphique 2 : Répartition de nombre de
dossiers de corruption entre les différentes régions
|
Régions
|
Nombre des dossiers de corruption
|
1
|
Ariana
|
535
|
2
|
Ben Arous
|
732
|
3
|
Manouba
|
307
|
4
|
Tunis
|
3418
|
5
|
Bizerte
|
412
|
6
|
Nabeul
|
565
|
7
|
Zaghouan
|
159
|
8
|
Beja
|
323
|
9
|
Jendouba
|
282
|
10
|
Siliana
|
228
|
11
|
Al-Kaf
|
169
|
12
|
Kairouan
|
310
|
13
|
Kasserine
|
306
|
14
|
Sidi Bouzid
|
224
|
15
|
Mahdia
|
229
|
16
|
Monastir
|
235
|
17
|
Sousse
|
426
|
18
|
Gafsa
|
214
|
19
|
Kebili
|
34
|
20
|
Tozeur
|
45
|
21
|
Gabes
|
46
|
22
|
Tataouine
|
34
|
23
|
Sfax
|
393
|
24
|
Medenine
|
45
|
Source : institut nationale de lutte contre la
corruption 2016
Les régions où la corruption est plus
répandue se concentrent dans les zones littorales du pays. La
région de grand Tunis occupe la première position en termes de
nombre de dossiers de corruption transférés. Le centre semble
être la région plus au moins affecté par la corruption.
Le sud- de la Tunisie est la région la moins affectée par la
corruption.
Graphique 3 : Répartition régionale
de la décentralisation
|
régions
|
dec en %
|
1
|
Ariana
|
45,52
|
2
|
Ben Arous
|
30,07
|
3
|
Manouba
|
21,10
|
4
|
Tunis
|
26,28
|
5
|
Bizerte
|
15,56
|
6
|
Nabeul
|
32,61
|
7
|
Zaghouan
|
22,19
|
8
|
Beja
|
9,95
|
9
|
Jendouba
|
14,89
|
10
|
Siliana
|
15,75
|
11
|
Al-Kaf
|
10,36
|
12
|
Kairouan
|
12,50
|
13
|
Kasserine
|
14,19
|
14
|
Sidi Bouzid
|
11,69
|
15
|
Mahdia
|
18,21
|
16
|
Monastir
|
40,43
|
17
|
Sousse
|
38,78
|
18
|
Gafsa
|
11,35
|
19
|
Kebili
|
18,71
|
20
|
Tozeur
|
4,08
|
21
|
Gabes
|
27,90
|
22
|
Tataouine
|
8,14
|
23
|
Sfax
|
26,64
|
24
|
Medenine
|
15,37
|
Source : calcul réalisé par
l'auteur selon les données du ministère de développement
et de l'investissement et de coopération internationale et du
ministère des collectivités locales
Concernant la décentralisation, les régions
Nord -Ouest sont marquées par un degré de
décentralisation relativement élevé et peut
dépasser 20% tandis que les régions intérieures et le
sud sont marqués par un degré de décentralisation
faible.
Graphique 4 : Répartition régionale
des municipalités
|
régions
|
Nombre de municipalités
|
1
|
Ariana
|
7
|
2
|
Ben Arous
|
13
|
3
|
Manouba
|
10
|
4
|
Tunis
|
8
|
5
|
Bizerte
|
17
|
6
|
Nabeul
|
28
|
7
|
Zaghouan
|
8
|
8
|
Beja
|
12
|
9
|
Jendouba
|
14
|
10
|
Siliana
|
12
|
11
|
Al-Kaf
|
15
|
12
|
Kairouan
|
19
|
13
|
Kasserine
|
10
|
14
|
Sidi Bouzid
|
17
|
15
|
Mahdia
|
18
|
16
|
Monastir
|
31
|
17
|
Sousse
|
18
|
18
|
Gafsa
|
13
|
19
|
Kebili
|
8
|
20
|
Tozeur
|
6
|
21
|
Gabes
|
16
|
22
|
Tataouine
|
7
|
23
|
Sfax
|
23
|
24
|
Medenine
|
10
|
Source : ministère des collectivités
locales
La répartition des municipalités montre une
forte concentration dans les régions littorales. Les régions
centre et frontalières accueillent un nombre de municipalité
moyen alors que la région Sud est marquée par un nombre de
municipalités faible. Les raisons qui expliquent cette disparité
sont liés généralement à la forte concentration de
la population et des activités économiques dans les
régions littorales plutôt dans que dans les autres
régions.
3.3) LE TEST D'AUTOCORRÉLATION SPATIALE ET CHOIX DU
MODÈLE
H0 : absence d'autocorrélation spatiale
H1 :présence d'autocorrélation spatiale
En utilisant le logiciel Geoda, on obtient les
résultats suivants :
Tableau 14 a : Test d'autocorrélation
spatiale
TEST MI/DF
VALUE PROB
|
Moran's I (error)
|
0.3063 2.8444 0.00445
|
Lagrange Multiplier (lag)
|
1 7.7716 0.00531
|
Robust LM (lag)
|
1 5.2108 0.02245
|
Lagrange Multiplier (error)
|
1 4.3564 0.03687
|
Robust LM (error)
|
1 1.7956 0.18025
|
Lagrange Multiplier (SARMA)
|
2 9.5672 0.00837
|
Source : calcul réalisé par
l'auteur
Le P-value associé au test du Moran inférieur
à 1%, on peut rejeter l'hypothèse nulle et on peut affirmer
l'existence d'autocorrélation spatiale. Pour détecter les sources
de cette autocorrélation, on doit recourir au test de Multiplicateur lag
et error. Les deux tests présentent un p-value inférieur à
5% mais le test lag est plus significatif car son p-value est inférieur
à 1% alors que le deuxième présente un p-value
inférieur à 5 % mais supérieur à1%. On retient
par conséquent le test lag et le modèle le plus adapté
est celui de SAR13(*)
donné comme suit :
CORRi= W CORR +DECi+ Muni +
Avec
- : Multiplicateur spatial / W14(*) : Matrice de
contiguïté
- á et â : Coefficients à estimer
- : le terme d'erreur
3.4) INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
Les résultats obtenus à l'aide de logiciel Geoda
sont les suivants :
Tableau : 15 : Estimations
des coefficients du modèle spatial
R-squared : 0.568157
|
Variables
|
Coefficient
|
Std.Error
|
z-value
|
Probability
|
W-corruption
|
0.66
|
0.14
|
4.5
|
0.000
|
Constant
|
5.28
|
83
|
0.06
|
0.950
|
Decentralisation
|
5.27
|
2.95
|
1.78
|
0.077
|
Municipalités
|
-0.18
|
4,84
|
-0.039
|
0.098
|
Source ; calcul réalisé par
l'auteur
Le modèle SAR est estimé par la méthode de
maximum de vraisemblance. D'après le tableau on peut dégager les
informations suivantes :
* Le R2 est égal à 0.568 ce qui
montre que la qualité de régression est moyenne puisque 56.8 %
de la variance de la variable dépendante est expliquée par la
corrélation..
* La corruption dans une région donnée affecte
celle des autres régions puisque le coefficient ( ) associé
à la variable décalée (W-Corruption) est positif et
significatif à 1 %. Ce résultat est expliqué par l'effet
d'imitation qui montre qu'une corruption localisé dans une
région donnée peut se propager vers les régions voisines.
* La décentralisation à un effet négatif
et significatif sur la corruption car le p-value associé à ce
coefficient est inférieur à 10 %. D'après les
résultats car une augmentation de degré de
décentralisation d'un point dans une région donnée
entrainerait en moyenne une augmentation de 5 dossiers de corruption. . Donc
la corruption est plus répandue au niveau local etles risques de la
corruption sont d'autant plus élevés que les fonds mis à
la disposition des régions seront importants et les compétences
transférées seront élevées.
En général, les risques de corruption à
l'échelle locale existent dans les domaines suivants :
v La passation et l'exécution des marchés
publics. En effet, certains achats (construction de bâtiment et travaux
publics, les dépenses de collecte et traitement des ordures
ménagères) peuvent faire l'objet de malversations et de
surfacturation. L'augmentation des centres de décision lors de la
décentralisation poussent les entreprises privées à
chercher à garantir le marché par des ententes occultes et la
corruption (GhasiBoulila, 2018).
v Les délégations de services publics15(*) sont soumises à la
reglémentation de la consultation et non pas à la
réglementation des marchés publics ce qui permet d'ouvrir la
porte au favoritisme.
v L'urbanisme et l'urbanisme commercial font l'objet de forte
corruption, en raison de leur expansion et de leurs enjeux financiers (permis
de construction, plans d'aménagement du territoire, localisation des
routes et des lotissements futurs).
v Les aides et subventions publiques octroyées aux
acteurs économiques et aux associations sont nombreuses et peuvent avoir
des formes diverses comme les apports monétaires, les subventions des
intrants etc. Tous ces versements pourraient faire l'objet de malversations.
v Les programmes d'aides et d'assistance sociale
nécessitent des fonds élevés et ont fait dans la
plupartdes cas l'objet de malversations.
Quant à la variable nombre de municipalité, elle
agit positivement et significativement sur la corruption puisque qu'une
augmentation de nombre de municipalité dans une région peut
entrainer en moyenne une réduction du nombre de dossiers de corruption.
Ce résultat est évident car plus le nombre des
municipalités augmente plus la concurrence entre les régions
s'intensifie et plus les citoyens tendent à se rapprocher aux
représentants élus, plus les pratiques de corruption diminuent.
3.5) Recommandations pour prévenir la
corruption à l'échelle locale
Pour que la décentralisation puisse donner des
résultats escomptés en matière de lutte contre la
corruption, un certains nombre de recommandations doivent être
respectées dont notamment :
- La divulgation des informations relatives aux pratiques de
corruption et de dénoncer les personnes corrompues par des médias
locaux.
- L'instauration des plans de formation aux élus et
aux agents locaux dans le domaine de la lutte contre la corruption ;
- Elargissement de la mission des cours des comptes
régionaux pour un contrôle intensif et périodique des
documents comptables et budgétaires dans le but de créer un
contrepoids aux nouveaux pouvoirs des élus. Ces organismes devraient
avoir un pouvoir de sanction vis-à-vis des responsables locaux.
- L'adoption d'un contrôle budgétaire externe
qui permet le respect des règles et de processus de l'exécution
du budget des collectivités locales
- Présentation d'un extrait de B2 vierge de tout
délit aux personnes qui désirent accéder aux
élections locales.
- Imposer au maximum deux mandats successifs des fonctions
des maires de toute présidence d'un autre exécutif local ou
national pour limiter l'influence électorale;
- L'obligation de tous les responsables locaux de
présenter des déclarations des revenus et de la situation
patrimoniale.
- L'adoption d'une charte de déontologie des acteurs
publics locaux par des règles et procédures adaptées.
- Un contrôle périodique des responsables locaux
pour s'assurer qu'ils aient une bonne compréhension de leurs
missions, et pour qu'ils signalent les opérations de corruption.
- La centralisation de la gestion des ressources humaines des
collectivités locales (recrutements, rémunération et
promotion) dans le butd'éviter le clientélisme.
- La réduction du risque de favoritisme dans la gestion
des achats publics par le respect des lois et règlements et par plus de
contrôles interne et externe crédibles et le recrutement
suffisamment de contrôleurs d'Etat.
- L'implication de la société civile (ONG) dans
les opérations du contrôle des responsables locaux.
Toutes ces recommandations font que la décentralisation
empêche la corruption de se produire localement et contribue par
conséquent à améliorer les services publics et le bien
être des citoyens.
CONCLUSION
Dans ce chapitre on a essayé d'analyser empiriquement
l'impact de la décentralisation sur la corruption. On a utilisé
un modèle de panel estimé par la méthode de moindres
carrés généralisés sur un échantillon de 66
pays couvrant la période 2005- 2016. Le principal résultat
obtenu montre que la décentralisation fiscale a permis de lutter contre
la corruption. Ce résultat est vérifié uniquement pour le
modèle global, c'est-à-dire le modèle qui englobe
l'ensemble des pays. La décomposition de l'échantillon en des
sous ensemble des pays répartis en fonction de leur localisation
géographique et de leur niveau de démocratie nous donne des
résultats différents et on conclut que ces deux critères
conditionnent la relation entre la décentralisation et la corruption.
Pour les pays européens et dans une moindre mesure les pays asiatiques
et américains, la décentralisation a permis de lutter contre la
corruption en revanche pour les pays africains la décentralisation a
contribué à l'augmentation de la corruption. Selon le
critère de la démocratie, pour les pays démocrates, les
résultats sont favorables alors que pour les pays non
démocratiques, la décentralisation ne peut pas absorber la
corruption. Ce chapitre a examiné aussi la situation en Tunisie et on a
utilisé un modèle spatial (SAR). Les résultats montrent
que la décentralisation fiscale a permis d'augmenter la corruption.
CONCLUSION GÉNÉRALE
La décentralisation est conçue comme un
transfert d'autorité et de responsabilité du niveau central au
niveau local. Elle peut prendre plusieurs formes et plusieurs modalités
et chacune d'elle présente des caractéristiques et des
spécificités différentes. Ce système
présente beaucoup d'avantages puisqu'il permet de rapprocher
géographiquement des organismes de pouvoir aux citoyens même les
plus défavorisées et de les rendre participatives, de faciliter
la participation de la population à la prise des décisions, de
lutter contre la pauvreté, d'améliorer la capacité
d'action collective et d'instaurer une bonne gouvernance. En revanche, la
décentralisation peut provoquer des limites parce que, dans certaines
situations, peut exclure la participation des minorités dans la prise de
décision et peut parfois émerger des personnes peu
compétentes à la tête des institutions locales et qui sont
dépourvues de toute popularité devant la population locale.
Généralement, les effets de la décentralisation semblent
avoir un certain consensus de la part de chercheurs mais l'effet de la
décentralisation sur la corruption a fait l'objet d'un grand
débat. En effet, La corruption est un phénomène complexe
et multidimensionnel car elle englobe une diversité des
définitions selon qu'elle s'agit d'une petite ou grande corruption ou
bien d'une corruption économique, sociale ou politique. De même,
la décentralisation peut avoir des formes différentes et sa
mise en oeuvre dépend des particularités des pays
concernés. Tous ces facteurs rendent les résultats de l'impact
de la décentralisation sur la corruption fortement mitigés. La
majorité des chercheurs défendent l'idée selon laquelle la
décentralisation est un bon choix pour lutter contre la corruption,
alors que d'autres ont trouvé des résultats contradictoires.
Dans le cadre de ce travail, on a essayé de clarifier cette controverse.
Pour ce faire, on a présenté dans le premier chapitre, une revue
de la littérature, en insistant sur les études théoriques
élaborés dans ce contexte (section 1), sur le modèle
théorique ( section 2) et sur les études empiriques en question
(section 3). Le deuxième chapitre de ce travail de recherche est
consacré totalement à la validation empirique dans le but de
tester économétriquement l'effet de la décentralisation
sur la corruption. La méthodologie élaboréé
consiste à présenter les données et les variables ainsi
que la spécification du modèle économétrique
(section 1). Puis on a discuté les différents résultats
obtenus (section 2). Finalement, on a proposé une extension qui
consiste à étudier l'impact de la décentralisation sur la
corruption à l'échelle régionale et on a choisi la
Tunisie comme exemple. (Section 3). L'apport de ce travail de recherche se
résume comme suit :
- D'abord on a utilisé un modèle
économétrique avec des données de panel qui englobe un
ensemble des pays hétérogène. Le principal résultat
obtenu est que la décentralisation fiscale a permis globalement de
réduire la corruption.
- Ensuite on a utilisé des sous modèles et
chacun correspond à un groupe de pays en fonction de deux
critères à savoir : la localisation géographique
(pays africains, pays européens, pays américains et pays
asiatique) et le niveau de la démocratie. On a conclu que ces deux
critères conditionnent la relation entre la décentralisation et
la corruption mais avec des intensités différentes.
- Finalement on a choisi la Tunisie comme exemple type en
utilisant un modèle économétrique spatial. La conclusion
principale qu'on a pu dégager est que la décentralisation au
niveau régional peut favoriser la corruption.
Notre travail de recherche a l'avantage d'utiliser des
données de panel actualisées qui sont rarement utilisées
dans les travaux antérieurs et de faire une étude comparative
entre des groupes de pays. De plus, on a effectué une analyse à
l'échelle régionale à l'aide d'une régression
spatiale. Mais, comme tout travail de recherche, notre étude
présente cependant certaines limites qui sont les suivantes.
* On a mis l'accent sur la décentralisation fiscale
dans notre validation empirique et on a omis les autres formes à savoir
la décentralisation administrative et politique pour des raisons
liées à l'absence des données.
* On a présenté un seul modèle
théorique qui traite l'effet positif de la décentralisation sur
la corruption et on a exclu le modèle qui traite l'effet inverse pour
des raisons de complexité de l'analyse.
* Les résultats obtenus supposent qu'il y a une
causalité à sens unique entre la décentralisation et la
corruption. En effet, si on considère que la décentralisation
réduit la corruption, les bureaucrates corrompus font de leur mieux afin
d'empêcher la décentralisation fiscale car pour eux la
décentralisation pourrait réduire leur capacité à
dégager des revenus supplémentaires. On en déduit que la
corruption affecte la décentralisation et par la suite une
causalité à double sens peut être envisagée. La
prise en compte d'une causalité unique dans notre travail empirique
permettrait d'éviter le problème
d'endogénéité.
* Le modèle ne prend pas en considération
l'idée selon laquelle la corruption est un phénomène
dynamique car la corruption d'une année donnée est
influencée par celle des années antérieures.
Ces insuffisances peuvent être palliées dans le
cadre d'autres recherches mais certaines questions qui mériteraient des
réponses. Les plus importantes peuvent porter sur l'impact de la
décentralisation sur le développement local et sur la taille de
secteur public.
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www.macsa.com.tn
www.ites.tn
https://www.transparency.org/
http://www1.worldbank.org/publicsector/anticorrupt/corruptn/cor02.htm
ANNEXES
ANNEXE 1: SOURCES DES VARIABLES
Variables
|
Sources
|
Indice de perception de la corruption
|
l'ONG Transparency International
|
Décentralisation fiscale
|
Statistique FMI
« http://data.imf.org/regular.aspx?key=60991467
|
PIB par habitant en PPA
|
Indicateurs de développement dans le monde, banque
mondiale
|
Taux d'ouverture
|
Indicateurs de développement dans le monde, banque
mondiale
|
Taille de gouvernement
|
Indicateurs de développement dans le monde, banque
mondiale
|
Taux d'alphabétisation des adultes
|
Indicateurs de développement dans le monde, banque
mondiale
|
Fractionalisation
|
http://www.anderson.ucla.edu/faculty_pages/romain.wacziarg/papersum.html
|
Population
|
Indicateurs de développement dans le monde, banque
mondiale
|
Liberté de la presse
|
Reporters Reporters sans frontiers
|
Indice de la démocratie
|
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/BMEncyclopedie/BMEphemeride.jsp
|
Corruption en Tunisie
|
Instance nationale de lutte contre la corruption
|
Décentralisation en Tunisie
|
http://www.collectiviteslocales.gov.tn/donnees-ouvertes/
http://www.mdici.gov.tn/wp-content/uploads/2017/06/Volume_Regional.pdf
|
Nombre de municipalité
|
http://www.collectiviteslocales.gov.tn
|
ANNEXE 2 : LISTES DES PAYS
Ukraine
|
Rowanda
|
Sovador
|
Russie
|
Indonissi
|
Denmark
|
Brétagne
|
Tanzani
|
Estonia
|
Slovaki
|
Grec
|
Finland
|
Tayland
|
Benin
|
Corea
|
Switzerland
|
Alelmagne
|
France
|
Sued
|
Burkina Faso
|
Luxemburg
|
Paraguay
|
Georgie
|
Hungary
|
Espagne
|
Cote ivoire
|
Pays Bas
|
Kenya
|
Romani
|
Canada
|
Afrique Sud
|
Mali
|
Aughanda
|
Bolivia
|
Norvege
|
Island
|
Portugal
|
Niger
|
Mangolia
|
Albania
|
bulgarie
|
Jordani
|
Pologne
|
Togo
|
Lithuana
|
Armenia
|
Colambie
|
Italy
|
Japon
|
Sinégal
|
hunduras
|
Bosna
|
Croatie
|
Irland
|
Turki
|
Malawi
|
austria
|
Chili
|
Costa rika
|
Péru
|
Tunisie
|
Belgique
|
Maurice
|
Congo
|
Brazil
|
Maroc
|
ANNEXES 3 : STATISTIQUE DESCRIPTIVE
Matrice de corrélation
ANNEXES 4 : RÉSULTATS DES TESTS
4.1) Résultats des tests de
spécification
di in y "PvalF1 = " in gr `PVF1'
|
. di in y "F1 = " in gr `F1'
|
PvalF1 = 4.36e-103
|
F1 = 31.757018
|
. di in y "PvalF2 = " in gr `PVF2'
|
. di in y "F2 = " in gr `F2'
|
PvalF2 = 0,64
|
F2 = 1.2396962
|
. di in y "PvalF3 = " in gr `PVF3'
|
. di in y "F3 = " in gr `F3'
|
PvalF3 = 0
|
F3 = 99.118704
|
4.2) Résultats des tests
d'hétéroscédasticité des différents
modèles
4.3) Résultats des tests
d'autocorrélation des résidus
ANNEXES 5 : ESTIMATIONS DES MODÈLES
5.1) modèle global
5.2) modèle
« Europe »
5.3) modèle
« Afrique »
5.4 ) modèle
« Asie »
5.5) modèle
« Amérique »
5.6) modèle « pays
démocratiques
5.7) modèle « pays non
démocratiques »
5.9) Test d'autocorrélationspatiale
REGRESSION DIAGNOSTICS
MULTICOLLINEARITY CONDITION NUMBER 4.013660
TEST ON NORMALITY OF ERRORS
TEST DF VALUE PROB
Jarque-Bera 2 4.0116 0.13455
DIAGNOSTICS FOR HETEROSKEDASTICITY
RANDOM COEFFICIENTS
TEST DF VALUE PROB
Breusch-Pagan test 1 1.3645 0.24275
Koenker-Bassett test 1 0.8041 0.36987
DIAGNOSTICS FOR SPATIAL DEPENDENCE
FOR WEIGHT MATRIX :tunisie
(row-standardized weights)
TEST MI/DF VALUE PROB
Moran's I (error) 0.3063 2.8444
0.00445
Lagrange Multiplier (lag) 1 7.7716
0.00531
Robust LM (lag) 1 5.2108
0.02245
Lagrange Multiplier (error) 1 4.3564
0.03687
Robust LM (error) 1 1.7956
0.18025
Lagrange Multiplier (SARMA) 2 9.5672
0.00837
============================== END OF REPORT
================================
5.9) Estimation du modèle spatial «
Tunise »
SUMMARY OF OUTPUT: SPATIAL LAG MODEL - MAXIMUM LIKELIHOOD
ESTIMATION
Data set : tunisie
Spatial Weight : tunisie
Dependent Variable : CORRUPTION Number of Observations:
24
Mean dependent var : 300.542 Number of Variables :
4
S.D. dependent var : 212.528 Degrees of Freedom :
20
Lag coeff. (Rho) : 0.668573
R-squared : 0.568067 Log likelihood :
-154.338
Sq. Correlation : - Akaike info criterion :
316.677
Sigma-square : 19509.6 Schwarz criterion :
321.389
S.E of regression : 139.677
-----------------------------------------------------------------------------
Variable Coefficient Std.Error z-value
Probability
-----------------------------------------------------------------------------
W_CORRUPTION 0.668573 0.148312 4.50787
0.00001
CONSTANT 5.16792 83.3244 0.0620217
0.95055
DEC 5.27291 2.95363 1.78523
0.07422
num_munic -0.189352 4.84688 -0.0390667
0.06884
Table des matières
Abréviations
Liste des Tableaux
Liste des graphiques
Introduction générale
.....................................................................................1
CHAPITRE 1) L'IMPACT DE LA DÉCENTRALISATION SUR
LA CORRUPTION : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
INTRODUCTION................................................................................................4
SECTION 1) REVUE DE LA LITTÉRATURE
THÉORIQUE.........................................................5
1.1) Définitions
............................................................................................5
1.1.1) LA
DÉCENTRALISATION.................................................................................5
1.1.2) La
corruption.......................................................................................8
1.2) LES ÉTUDES
THÉORIQUES...............................................................................10
1.2.1) la décentralisation réduit la
corruption.........................................................10
1.2.2) LA DÉCENTRALISATION AUGMENTE LA
CORRUPTION....................................................13
Section 2) le modèle
théorique........................................................................16
2.1) LES HYPOTHÈSES DU
MODÈLE..........................................................................16
2.2) les Résultats
théoriques............................................................................17
SECTION 3) REVUE DE LA LITTÉRATURE
EMPIRIQUE......................................................20
3.1) la mesure de la
décentralisation..................................................................20
3.2) LA MESURE DE LA
CORRUPTION........................................................................22
3.3) les études
empiriques..............................................................................23
Conclusion
................................................................................................25
CHAPITRE 2) IMPACT DE LA DÉCENTRALISATION SUR LA
CORRUPTION : UNE VALIDATION EMPIRIQUE
INTRODUCTION...............................................................................................27
Section 1)
Méthodologie..............................................................................27
1.1) Données et description des
variables............................................................28
1.2) ETUDE
STATISTIQUE...................................................................................30
1.2.1) Statistiques
descriptives..........................................................................30
1.2.2) ANALYSE
BIVARIÉE..................................................................................31
1.2.3) matrice de
corruption............................................................................32
1.3) LA STRUCTURE DU MODÈLE
ÉCONOMÉTRIQUE.........................................................33
1.3.1) le test de spécification
..........................................................................33
1.3.2) LE TEST DE
HAUSMAN...............................................................................35
1.3.3) le test
d'hétéroscédasticité et d'autocorrélation
des erreurs..............................36
SECTION 2) INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
................................................................37
2.1) Cas du modèle
global..............................................................................37
2.2) ETUDE
COMPARATIVE..................................................................................40
2.2.1) Comparaison selon la localisation
géographique...........................................40
2.2.2) COMPARAISON SELON LE NIVEAU DE
DÉMOCRATIE.................................................43
Section 3) Cas de la
Tunisie............................................................................46
3.1) DESCRIPTION DES
VARIABLES..........................................................................45
3.2) Analyse
spatiale....................................................................................46
3.3) LE TEST D'AUTOCORRÉLATION SPATIALE ET CHOIX DU
MODÈLE.......................................48
3.4) Interprétation des
résultats........................................................................50
3.5)
RECOMMANDATIONS..................................................................................53
Conclusion
................................................................................................53
CONCLUSION
GÉNÉRALE......................................................................................55
Bibliographie
.............................................................................................58
ANNEXES....................................................................................................62
Table des
matières........................................................................................70
* 1Les compétences
peuvent être des compétences décisionnelles,
financières.
* 2 L'économie
d'échelle existe lorsque l'augmentation de la production d'un bien
public entrainera une réduction de cout moyen.
* 3 L'absence d'effet de
débordement signifie l'absence d'externalité
interrégionale.
* 4Le jeu de Nash est
expliqué comme suit, soit deux agents A et B, L'agent A décide
en regardant le choix de B qui est lui-même déciderait en
regardant le choix de B.
* 5La prise en compte de toutes
les recettes peutsur-estimer le degré de la décentralisation
fiscale puisqu'elles englobent non seulement les recettes fiscales mais
également les subventions et les emprunts qui proviennent soit du
gouvernement central soit des organismes externes
* 6 Si le coefficient
associé à la variable liberté la presse est
négatif signifie qu'une baisse de l'indice de liberté contribue
à l'augmentation de l'IPC cela signifie qu'une presse à
degré de liberté élevé conduit à la
réduction de la corruption
* 7Le tableau montre l'absence
d'une forte corrélation entre les variables explicatives ce qui nous
permet de les introduire simultanément dans un même
modèle économétrique.
* 8La méthode LSDV
(Least Square Dummy Variable) consiste à appliquer la MCO ou la
MCG sur le modèle avec introduction des variables dummy
spécifiques pour chaque pays.
* 9Notons que la baisse de
l'indice de liberté de la presse reflète un degré de
liberté élevé.
* 10On peut illustrer l'exemple
de la loi relative à la déclaration de patrimoine en France,
à la loi appliquée dans les pays scandinaves relative à
l'obligation des collectivités locales de consulter les contrats
publics par la presse
* 11Le calcul de l'indice de
démocratie est basé sur 60 critères regroupés en
cinq catégories : le processus électoral et le
pluralisme, les
libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation
politique et la culture politique.
* 12 Les dépenses
retenues dans le calcul sont relatifs aux dépenses de
développement
* 13 SAR : Spatial
AutoRegression
* 14 La matrice de
contiguïté est une matrice carré qui mesure l'interaction
spatiale entre les régions .
* 15Les
délégations des services publics sont des contrats administratifs
ou des conventions par lesquels une personne morale de droit public confie
à une autre administration publique ou privée la gestion d'un
service public pour une durée déterminée comme par exemple
une autoroute, un aéroport, le transport urbain, des terrains agricoles
etc.
|