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3.3.2. Problèmes du foncier à Libreville
3.3.2.1 Régime foncier au Gabon
Le régime foncier en vigueur au Gabon, à
l'instar de ceux des Etats africains francophones est marqué par la
coexistence des normes juridiques foncières modernes et
coutumières non reconnues. Malgré les prérogatives que lui
confère la loi depuis les années 60, l'Etat n'arrive pas à
maîtriser le patrimoine foncier en tant que gestionnaire exclusif des
terres (PAPSUT, vol 11, 2001).
Aussi, savons-nous que le foncier constitue des enjeux
politique et économique majeurs. Il est au coeur des politiques de
développement, d'aménagement urbain, etc. De même, les
choix d'une politique foncière ont un impact déterminant sur le
développement durable d'un pays (REEG, 2000). C'est pourquoi, la
question de la sécurisation foncière est fondamentale pour
garantir un développement harmonieux et certains.
D'ailleurs, l'absence d'une politique foncière et
d'application rigoureuse des outils d'aménagement urbain (SDAU, POS,
etc.) donnent libre cours à la spéculation foncière,
l'insécurité foncière et à l'absence
d'hygiène dans le milieu.
3.3.2.2 Spéculation foncière à
Libreville
Au Gabon, la gestion des terrains est régie par le
décret 1136/PR du 31décembre 1980, portant interdiction de
construire dans les zones non aménagées. Mais, la demande est
forte dans les zones d'aménagements limités (PAPSUT, 2001). En
conséquence, l'Etat malgré sa responsabilité ne
détient pas le monopole du marché de la production
foncière. La spéculation foncière constitue l'un des
facteurs déterminant de l'anarchie dans l'occupation spatiale de la
ville de Libreville.
Certaines personnes au motif qu'elles auraient «
colonisé » les terres domaniales, n'hésitent pas à
les commercialiser, en s'érigeant en promoteur fonciers. Les dimensions
de la parcelle voulu et son coût sont soumis à
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l'appréciation de ce dernier qui selon son bon vouloir,
les réduit ou les augmente. Les parcelles sont donc vendues par des
personnes qui ne les ont pas eues légalement (Djéki, 2003).
La cupidité, l'escroquerie ou l'indifférence
sont très souvent au rendezvous dans les transactions entre vendeurs et
acquéreurs. Les prix sont fixés souvent de manière
unilatérale et sans aucun critère précis. Manifestement,
les pratiques populaires en milieu urbain bafouent l'autorité et l'Etat
et piétinent la légalité foncière. Malgré la
batterie de textes juridiques qui réglemente l'accès au sol
à Libreville, l'échec est réel. Tout le monde produit et
consomme de l'espace selon sa vision de la réalité spatiale. Ces
textes initiés au départ pour une meilleure utilisation du sol
urbain se sont heurtés à la diversité des pratiques
sociétales très complexes (Comby, 1995).
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