2-3- SONATRACH : Un État dans un État
L'exploitation du pétrole et certaines des ressources
naturelles représente aujourd'hui les plus importantes sources de profit
qui génère des milliards, et qui donnent aux entreprises
pétrolières parfois une puissance inégalée. La
PDVSA (Petroleos de Venezuela S.A) de Venezuela, l'Aramco de l'Arabie Saoudite,
la NIOC (National Iranian Oil Company) iranienne, chacune d'elles, est un
exemple d'entreprise disposant un pouvoir supérieur à celui de
l'Etat de son pays d'origine.
Quant à la SONATRACH, elle est pratiquement sur la
même lancée que ces entreprises citée
précédemment. Juste après sa création, elle a
spontanément commencé à prendre en charge des affaires de
l'Etat. Le gouvernement algérien n'a pas créé en 1963, une
simple entreprise économique, mais une arme politique que le
régime de cette époque et les régimes qui lui ont
succédés utiliseront, soit pour faire des pressions sur certains
pays qui ont prouvé une opposition politique, soit pour acheter ou
garder l'alliance avec d'autres. Le pouvoir politique de cette entreprise s'est
renforcé par le fait que le premier PDG BELAÏD Abdesselam, a
gardé le contact avec ceux qui ont fait des études universitaires
à travers le monde, et ceux qui ont rejoint les maquis pour la guerre de
libération, ce qui a donné par conséquent des cadres
supérieurs très impliqués politiquement.
Durant la présidence de HOUARI
Boumediene, apparemment, la SONATRACH n'a jamais été
aussi puissante que durant la gouvernance de HOUARI.B, c'est à cette
ère qu'elle a eu le mérite du titre d'être un « Etat
dans un Etat ». Grâce à des fonds secrets constitués
par des ponctions opérées sur les opérations
financières de la SONATRACH, l'Algérie soutenait moralement les
peuples luttant pour son indépendance, mais aussi matériellement,
caractérisé par l'accueil des réfugiés, et fournir
des aides financières pour l'acquisition de la nourriture et des armes.
L'Algérie organisait aussi des rencontres entre des pays en guerre, et
donnait des bourses aux étudiants ressortissant des ces pays. Tout les
frais de ces engagements sont couverts officieusement par la SONATRACH. D'autre
exemple peut être cité où la SONATRACH a réagi au
nom de l'État en prenant en charge la négociation avec les
Tunisiens à l'époque du président Habib Bourguiba, le
dédommagement des pertes subies, causées par l'exploitation d'un
gisement algérien pendant 4 ans. Une perte qui a été
estimée à environ 4 millions de tonnes.
Sous l'égide de CHADLI Bendjedid, la
SONATRACH n'est plus politiquement un Etat dans un Etat, mais en revanche elle
gardait toujours son pouvoir économique grâce à
l'exploitation du pétrole et le profit qu'elle génère. A
partir d'ici, la SONATRACH est devenue une source de pression endogène.
Autrement dit, les milliards générés par le pétrole
devenaient l'objet d'une guerre interne entre les clans de régimes.
Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
A cette époque, l'Etat a fait appel aux moyens
financiers dont disposent l'entreprise à deux reprises. Le premier,
quand les prix du baril ont chuté brusquement en 19868. Comme
conséquence, il y avait une baisse brutale des revenus du pays, cela a
impacté fortement sur le quotidien du peuple. Cet appel n'a pas aboutit,
et la situation économique se dégradait continuellement
d'où la nécessité de faire un deuxième appel
à la SONATRACH dans le but de négocier avec la FMI la dette
extérieure qui a rendu le fardeau de plus en plus lourd. GHOAZALI Sid
Ahmmed, le premier ministre à l'époque a proposé une
solution : « Si pour sortir notre pays des fourches Caudines du FMI,
il faut vendre le quart de Hassi messaoud, je suis prêt à cela
» (entretien de Sid Ammed Ghozali, Le Soir l'Algérie, 12 mars
2008). Et cette proposition a été adoptée le 4
décembre 1991. Il est nettement clair à partir de ces deux cas
que la politique économique et social, est totalement dépendante
de la SONATRACH.
Sous BOUTEFLIKA Abdel Aziz, la SONATRACH
bénéficie d'un nouveau statut, elle est désormais devenue
l'Etat même. Il y a une inversion des rôles, ce n'est plus l'Etat
qui lui donne le pouvoir mais plutôt l'inverse, c'est elle qui lui
fournit la puissance nécessaire à l'exercice de pouvoir. Il est
considéré que quiconque contrôle la SONATRACH
contrôle de fait le pays (MALTI Hocine, 2013)
Au terme du développement de ce chapitre, il
conviendrait de retenir que la mise en place de démarches RSE en
Algérie se développe avec beaucoup de retard et à des
vitesses différenciées selon les secteurs et la taille des
entreprise. Il faut bien comprendre aussi qu'en Algérie, la
majorité des entreprises adoptant une démarche de
responsabilité sociale et environnementale sont liées au secteur
des hydrocarbures vue qu'elles disposent de moyens financiers
conséquents.
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8 Les causes liées à cet
événement ont déjà été
mentionnées dans le premier chapitre
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