I.1.1.c. Le développement du maraichage, une
volonté des exploitants en premier lieu.
Il est vrai que le développement du maraichage en
Afrique de l'Ouest s'est inscrit dans un contexte de restructuration et de
politique en faveur de la libéralisation des activités mais aussi
et surtout par la volonté des paysans de diversifier leur
activité principale, la céréaliculture. Cela est dû
aux nombreuses contraintes auxquelles ils font face, en raison du
désengagement de l'État, de la pression foncière induisant
un morcellement des parcelles, qui passent en deçà du seuil de
viabilité économique,
9 Voir, la sous partie I.3.2.d. Le renouveau de la zone
ON.
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mais aussi d'une irrégularité
pluviométrique... Autant de contraintes qui mettent à mal les
rendements. Ces exploitants sont donc confrontés à la mise en
péril de leur activité de subsistance, les poussant à
chercher une activité complémentaire, qui souvent est le
maraichage. Ainsi, son développement est le résultat d'une
volonté endogène et non pas seulement d'une contrainte
imposée par des acteurs exogènes (Bastin, Fromageot, 2007). Les
nombreux atouts que confère cette activité poussent les
exploitants à la pratiquer. Les recettes engendrées aujourd'hui
par le maraichage en zone ON10 excèdent largement celles de
la riziculture, ce depuis 2002 (Kuper, Tonneau, 2002).
I.1.2 Une activité étudiée depuis
le début des années 1980.
Du point de vue bibliographique, les études sur le
maraichage au Mali sont constituées d'ouvrages relativement
récents. Les plus anciens datent du début des années 1980,
et reflètent la prise de conscience récente du potentiel de cette
activité en Afrique par les experts. Cette filière est au
départ présentée à l'ON comme une activité
de femmes (Correze, 1988 ; Lalande, 1989), qui en font leur activité
principale, gage de justice sociale. Progressivement, le maraichage est
toutefois apparu comme une activité réellement rentable en zone
ON. Il s'agit de l'activité principale en contre-saison ; elle est
pratiquée autant par les femmes que par les jeunes et les hommes (Kuper,
Tonneau, 2002). La principale zone de production en zone ON pour le maraichage
et la plus fréquemment étudiée est la zone de Niono. Son
chef-lieu, Niono, est désenclavé depuis 1984, grâce
à la création d'une route bitumée (Ghazi, 1993). Celle-ci
a permis d'agrandir le marché de commercialisation, et d'approvisionner
(notamment en échalotes) des villes comme Bamako, Ségou, et
même des villes de la sous-région. Le maraichage en zone ON fait
forcément référence à l'échalote. Elle
domine dans la région, et ce de tout temps. Si le plateau dogon est l'un
des principaux producteurs (Meyer, 2011) la zone de l'ON l'est
également. En ce sens, des études ont été
menées sur le sujet (Mémoires, Rapports, Doctorats, etc.),
concernant la production, la conservation et la transformation ainsi que la
commercialisation (Dembélé, 1992). De nombreux projets ont
accordé des aides pour l'amélioration et le développement
de la filière (PCDA,
10 Recette en 2017 du maraichage qui avoisinerait les 27
milliards de FCFA (plus de 41 Millions d'euros) selon les indications du PDG de
l'ON : Mamadou M'Barré Coulibaly.
USAID11, WAAPP, NIETA CONSEIL, PROJET RETAIL...).
Le « cheval de Troie » qu'est la fluctuation des prix a
engendré l'émergence d'études pour la conservation, mais
aussi la transformation de l'échalote fraiche, plus
précisément (Diallo, 2002) afin d'apporter de la valeur
ajoutée à cette spéculation.
Cette spécialisation de la zone ON dans la culture de
l'échalote peut constituer un risque. En ce sens, des projets tels que
le Centre Agro-Entreprise (C.A.E.), un projet de l'USAID, incitent à la
production d'autres cultures. Ce processus qui pourtant est en marche depuis
plus d'une vingtaine d'années. C'est le cas par exemple pour la pomme de
terre. Elle a été introduite depuis bientôt une vingtaine
d'années en zone ON, afin de diversifier la production, mais
également diversifier aussi les bassins de productions. Afin de la
sécuriser cette zone et permettre de répondre à la demande
nationale. Des projets comme le WAAPP soutiennent cette filière «
d'avenir » : Avec le développement par exemple de la filière
semencière pour un meilleur approvisionnement et une indépendance
vis- à- vis des commerçants importateurs de semences, qui ont le
libre décident du prix de la semence. En raison de leur monopole,
indique M. Koumare, de l'ONG Suisse contact.
Sécuriser la production nationale de pommes de terre,
c'est un pas en avant vers la sécurité alimentaire et la
souveraineté alimentaire.
Cette culture fait actuellement partie des habitudes
alimentaires des Maliennes.
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11 Agence des États Unis pour le développement
international.
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