Chapitre II : Une dynamique urbaine incontournable
I Les différentes phases de la mutation urbaine
de Ziguinchor : de l'époque coloniale aux années 1980
? De l'époque coloniale à 1960.
Lorsque, la ville de Ziguinchor devient française en
1886, l'escale n'était encore qu'un bourg de quelques 500 habitants,
peuplé de Portugais, métis ou assimilés par le
baptême. En effet, le développement commercial, économique
et culturel insufflé par la colonisation française, dès
1886, est à l'origine d'une très forte immigration, qui loin de
se ralentir aujourd'hui, se manifeste avec toujours plus de vigueur. La
migration de population est un « phénomène permanent dans
l'histoire de l'humanité, c'est à partir d'elle que se sont
forgés les différents môles de peuplement de la
planète qui servent désormais de base d'appartenance territoriale
à plusieurs groupes socio-culturels »33. L'implantation
des maisons de commerce, la mise en place d'une administration
régulière et la création d'industries, de banques,
attirent des commerçants et cadres Sénégalais. En plus,
des artisans et de petits commerçants viennent s'ajouter à ce
flux. Nous illustrons cette assertion, par les propos de TRINCAZ, «
l'essor de la traite en Casamance, en période coloniale, du caoutchouc,
puis surtout de l'arachide, provoque un afflux de main-d'oeuvre dans les
diverses escales du Sénégal et surtout à Ziguinchor, qui
s'affirme rapidement comme le premier port de Casamance »34,
c'est donc « la commercialisation avec l'ouverture de moyens de
communication qui se trouve à la base de l'exode rural ». Lorsque
le colonisateur a imposé l'arachide comme culture commerciale, au
détriment des cultures vivrières, suivi, plus tard, par la baisse
des cours mondiaux de l'arachide, la situation du paysan commence à se
détériorer peu à peu. C'est dans ce contexte que la
ruée vers les ciels les plus cléments débute, c'est, ce
que confirme toujours TRINCAZ : « à l'époque coloniale, la
situation paysanne devient, en effet de plus en plus difficile et
précaire »35. L'instauration d'un contrôle
administratif permanent et l'obligation de l'impôt,
33 Michel Bruneau : Mobilités, migrations et
pauvreté en Asie du sud-est, CNRS-Université de Bordeaux, 48
pages.
34 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et Régionalisme
: Ziguinchor en Casamane, Edition de l'ORSTOM, Collection Travaux et documents
n°172, Paris 1984, 259 pages.
35 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et Régionalisme
: Ziguinchor en Casamance, Edition de l'ORSTOM, Collection Travaux et documents
n°172, Paris 1984, 259 pages.
39
l'introduction forcée de la culture de l'arachide et
l'instabilité de son cours mondial, la baisse conjointe des productions
vivrières et l'incitation aux biens de consommation, font du paysan, un
être démuni, opprimé, angoissé et frustré.
Alors que, la ville offre, quant à elle de nouvelles possibilités
économiques, un cadre culturel attirant, un espoir d'enrichissement et
de promotion sociale totalement refusé aux paysan. Ce qui est, à
l'origine du peuplement rapide et croissant de la ville de Ziguinchor, par les
populations de la basse Casamance, suivi bientôt par les populations de
la Guinée Bissau, auxquelles la métropole pauvre est incapable
d'offrir des débouchés suffisants. La question des migrants
débouche sur elle, de l'insertion économique et
résidentielle, des populations dans les villes d'accueil. D'importants
efforts ont été menés, pour développer
l'économie de la Casamance, et plus particulièrement la ville de
Ziguinchor grâce à l'arachide, une nouvelle potentialité
s'impose dans les années 50, avec le tourisme.
Carte 3 : le plan de la ville de Ziguinchor en
1952
Source : Service technique de la ville de Ziguinchor.
Pendant, cette période, la ville s'est
extrêmement développée sur le plan spatial, en consommant
plus d'espace. « Cela résulte par les lotissements successifs, qui
compléta Santhiaba celui de 1902, le plan est un dossier régulier
d'orientation NW-SE et NE-SW avec
40
des lots de 30m/30 »36. Boucotte, qui lui est
envahi par les ruraux, son lotissement se fait quelques années plus
tard, c'est-à-dire en 1926, avec des axes NS et EW. Depuis lors, les
quartiers qui l'entourent débordent pour former d'autres, le plus
souvent de manière spontanée. Quasiment, durant ces
années, toutes les villes côtières ont connu une croissance
exponentielle, les colons se sont installés dans ces zones pour
faciliter le transport des marchandises par voie maritime et fluviale. Ceci a
suscité même des vagues de touristes vers la Casamance à
cause de sa forêt verdoyante.
Graphique 2 : Evolution de la population de 1888
à 1960
35000 30000 25000 20000 15000 10000
5000
0
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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
|
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? De 1961 à 1980.
L'aspiration de chacun, à avoir, à sa
disposition des surfaces plus conséquentes, plus agréables pour
ses diverses activités, rendu possible notamment grâce à
l'élévation des
36 Source : ADM, Service technique de la mairie de Ziguinchor.
41
niveaux de vie, à la diversification de l'offre et de
déplacement, conduit à accélérer le
phénomène d'étalement urbain ces dernières
décennies. Par conséquent, nous considérons que l'urbain
est en constante croissante ; tant dans ses dimensions fonctionnelles, sociales
et spatiales. Ce qui fait, que depuis l'indépendance du
Sénégal en 1960, nos villes connaissent des mutations urbaines
importantes, liées à la croissance économique,
démographique et à la crise qui sévissait le monde rural
dans les années 70-80. Celle-ci a causé un déplacement
massif de populations vers les villes Sénégalaises en quête
d'un meilleur cadre de vie.
Carte 4 : Evolution Spatiale de la ville de
Ziguinchor
Cette période est considérée comme,
période charnière de la plus grande sécheresse connue en
Afrique de l'ouest au cours du XXème siècle, puis qu'elle marque
la fin de l'épisode humide. Les décennies 1970-1979, sont
caractérisées par l'importance et la
sévérité des déficits pluviométriques,
notamment 70-73, 76-77. Dans ce contexte, Le Borgne précise, «
qu'au Sénégal et en Gambie, sur douze stations synoptiques, une
seule, Kédougou, a connu depuis
42
1969, quatre années dont les précipitations sont
égales à la normale »37. Ceci montre, la
complexité et la gravité de cette sécheresse, qui a fait
souffrir énormément cette population paysanne, qui n'avait
d'autres sources de revenus que celles tirées de l'agriculture. Fall et
Al, en 2005, confirment également, « cette sécheresse a
profondément bouleversé les campagnes Sénégalaises
par l'absence ou la faiblesse de récolte, le tarissement précoce
des mares, les difficultés d'approvisionnement en eau, la perte du
cheptel, la disette dans les foyers et par voie de conséquence, la
migration vers des lieux aux conditions plus favorables,
particulièrement vers les villes »38. Ces vingt
dernières années la région de Casamance traverse une
multitude de crise : agricole, socio-économique39. La baisse
de la pluviométrie entraine un déficit dans la production
rizicole et une diminution des superficies cultivées.
Graphique 3 : Evolution annuelle de la
pluviométrie à Ziguinchor (1921-2009)
Source : Sané (Tidiane), et Sy (Oumar), Changement
Climatique et Vulnérabilité de la ville de Ziguinchor.
37 Le Borgne
38 Fall et al. 2005 : Changement climatique, mutations
urbaines et stratégies citadines à Dakar (Sénégal),
in urbain-rural : l'hybridation en marché, Enda tier-monde,p
:190-231.
39 Robin Nelly (IRD), Ndione Babacar (Handicap international)
: l'accès au foncier en Casamance : l'enjeu d'une paix durable ? Dakar,
Avril 2006, 15 pages.
43
Conséquences, on note de plus en plus de
rizières abandonnées, la migration vers Ziguinchor, la principale
ville de la Casamance. Cette période correspond aussi, à la
guerre d'indépendance de la Guinée Bissau causant des centaines
de réfugiés vers la ville de Ziguinchor, et les
persécutions et exactions exercée par le régime de la
Guinée Conakry. Toutes ces personnes convergent vers la ville de
Ziguinchor en quête d'une sécurité et d'un meilleur cadre
de vie. Et une fois arrivés, ces néo-citadins s'installent dans
la périphérie, contribuant à une mutation urbaine
incontournable. Pendant cette période la ville a accueilli des milliers
de personnes déplacées. C'est pourquoi les responsables de la
gestion de la ville de Ziguinchor ont procédé à des
lotissements pour plus de sécurisation foncière et diminué
les habitats spontanés. Cela résulte, aux lotissements des
quartiers Lyndiane environ 53 ha 90a 49ca40, Tilène en vue
d'améliorer l'accès ; d'y réaliser des infrastructures de
base, d'y procéder à l'assainissement et de régulariser la
situation foncière des parcelles occupées à plus 1400
lots41, environ 400m2 chacun. En effet, les lotissements
de 1972, appliqués en 1979, sont à l'origine de plus de 5000
déguerpis à recaser dans les nouveaux quartiers Kénia,
Diabir, c'est dans ces quartiers périphériques qu'il y a plus
d'espace car le centre-ville et les anciens quartiers étant
saturés, les autorités ayant conscience de ce problème,
ont réalisé ces lotissements. Car « la pression de la ville
est définitive, l'élément catalyseur des mutations
foncières rurales et de son corollaire le morcellement et la vente des
champs sous forme de parcelles à usage résidentiel »,
l'exemple des quartiers comme : Diabir, Lyndiane, Kandialang, Goumel,
Kénya, Diéfaye montre un processus de mutation urbaine
exponentielle, à cause du nombre important de personnes arrivées
pendant cet intervalle, c'est-à-dire de 1961 à 1980. Pendant
cette période, plusieurs facteurs favorables à la migration, ont
causé le déplacement des milliers de personnes vers la ville de
Ziguinchor. Cette période coïncide encore, avec l'expansion de
l'industrie touristique, surtout avec la création de la station
balnéaire du cap-Skirring et le développement des hôtels
dans la commune de Ziguinchor. Viennent s'ajouter à ce flux, dès
l'indépendance, l'accroissement démographique très fort.
Entre le recensement de 1961 et celui de 1967, la direction de la statistique
du Sénégal a constaté un rythme d'accroissement
supérieur à celui de Dakar (8,1% par an)42. Donc,
en
40 Source : Service technique de la mairie de Ziguinchor.
41 Source : Service technique de la mairie de Ziguinchor.
42 ANSD.S
44
l'espace de quatre années la ville de Ziguinchor a connu
un boom démographique spectaculaire, lié à
l'arrivée de jeunes garçons et de jeunes filles en âge de
procréer43.
Graphique 4 : Evolution de la population de
Ziguinchor de 1960 à 1980.
80000
|
69646
70000
|
60000
|
|
50000
50000
|
|
40000
|
|
|
|
30000
|
31660
|
|
|
|
|
20000
|
|
|
|
10000
|
|
|
|
0
|
|
|
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1960 1967 1976
|
II Les différentes phases de la mutation
urbaine de la commune de Ziguinchor : de 1980 à nos jours
? De 1981 à 2000
L'étude des dynamiques et la structuration spatiales
donne d'abord une vue d'ensemble des formes urbaines. Elle souligne la
croissance globale, les principales modalités d'occupation du sol, et
aboutit fréquemment à une classification des sites et des
paysages. Du mode de composition `précoloniale 'aux étapes
contemporaines de consommation de l'espace périphérique, la
croissance urbaine relève plus souvent d'un « mode extensif que
d'un schéma de densification »44. L'urbanisation
galopante des villes ouest-Africaines est due à l'afflux massif des
ruraux. Cette période est marquée par une « mutation
très nette de la « conflictualité » et des guerres dans
un monde désormais unipolaire : les guerres entre Etats
43 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et Régionalisme
: Ziguinchor en Casamance, Edition de l'ORSTOM, Collection Travaux et documents
n°172, Paris 1984, 259 pages.
44 Said Madani (2012) : Mutations urbaines
récentes des villes intermédiaires en Algérie : cas de
Sétif ; Thèse de doctorat d'Etat en Architecture,
Université Ferhat Abbas de Sétif ; Institut d'architecture et des
Sciences de la terre, Département d'architecture 266 pages.
45
sont en régression, mais les violences civiles et
guerres locales continuent et s'internationalisent »45. Dans ce
contexte, les réalités nouvelles de violences des droits de
l'homme posent des déplacements humains forcés, internationaux ou
internes. En effet, la Casamance n'a pas échappé à ce
phénomène qui ne cesse de gangréner surtout au sein des
Etats Africains. C'est dans ce contexte que la Casamance est confrontée
depuis 1982 à une revendication indépendantiste, qui est source
d'un conflit armé qui ne cesse de perdurer. Par conséquent, les
exactions et l'insécurité ont fait fuir des milliers personnes
des campagnes vers la ville de Ziguinchor en quête de
sécurité. Depuis, la plupart des refugiés ou
déplacés confrontés à des conditions d'existence
lamentables et précaires, ont rejoint la ville de Ziguinchor. Cette
nouvelle mobilité forcée a accru encore la pression
démographique, causant un accroissement exponentiel de la population. En
effet, « au cours de ces 20 ans de conflit, dans toutes ces zones
stratégiques, la violence des affrontements a entrainé un exode
de 60.000 à 80.000 personnes, et un abandon de plus de 231 villages, et
4000 élèves »46, nouvellement installés
dans la commune de Ziguinchor. Dès lors, l'exode de ces populations pose
avec acuité le problème foncier. L'ONG, APRAN/SDP notait en 2009
le « déplacement à Ziguinchor de 23 villages avec 995
familles soit 10.522 personnes »47. Ces personnes à
revenus modestes voire inexistants, s'installent dans la
périphérie où l'accès au foncier est plus facile,
et qu'ils puissent pratiquer en même l'agriculture périurbaine,
qui est la base de leur alimentation et de leur source de revenus, du fait que
la majeure partie, ayant aucune qualification professionnelle, leur permettant
à l'accès facile, à un emploi urbain autre que
l'agriculture. En une décennie, la ville de Ziguinchor a connu une
croissance démographique rapide, résultant une extension
irrégulière dépassant ses limites officielles, qui
était en 1972 à 3400 ha, pour atteindre aujourd'hui 4450 ha
(ADM)48. En effet, ne pouvant pas payer le loyer, ni acheter des
terrains dans le centre-ville moins encore dans les quartiers anciens,
s'installent dans les zones non loties, résultant de la multiplication
de l'habitat spontané et d'une mutation considérable, ainsi
qu'une occupation anarchique, compliquant la gestion
45 Ruano Borblan (J-C) : La théorie des
relations internationales : Sciences Humaines, n°116, mai 2001, PP
42-43.
46ONG : Association pour la promotion rurale de
l'arrondissement de Nyassia/ Solidarité-Développement -Paix
(APRAN/SDP).
47 ONG : Association pour la promotion rurale de
l'arrondissement de Nyassia/ Solidarité-Développement -Paix
(APRAN/SDP).
48 Source : ADM de Ziguinchor.
46
foncière. Ce que confirment les travaux de DIEYE,
200949, selon lui quasiment tous les néo-citadins se sont
retrouvés dans les quartiers périphériques à
l'exception de Boucotte Centre. Car vue, la cartographie des zones
d'installation des personnes déplacées, d'emblée nous
comprenons que le phénomène est quasi-universel.
Carte 5 : L'installation des
réfugiés dans la commune de Ziguinchor
Dans toutes les villes du monde, plus particulièrement
celles, Africaines, 99% des nouveaux arrivants, que ce soit, ceux ayant fui le
conflit ou ceux qui ont fui les conditions difficiles des campagnes
s'installent en périphérie. Ils vivent dans des zones
dépourvues d'infrastructures de base, ni d'équipements et dans
les conditions de promiscuité, de vulnérabilité et de
précarité, sont confrontés à de nombreuses
difficultés dans leur zone de résidence. L'afflux
49 Dieye Babacar : Personnes déplacées : les
courants migratoires vers la ville de Ziguinchor du début du conflit
Casamançais à nos jours : cas des venan de Nyassia et Niaguis,
mémoire de maitrise, FLSH, UCAD, Dakar, 2009, 123 pages.
47
migratoire n'est pas seulement liée à la guerre
indépendantiste, elle résulte encore de la sécheresse qui
a sévit pendant cette période, dans toute l'Afrique de l'ouest,
et qui n'épargne pas la Casamance. La période 1980-1989, marque
comme les années précédentes, une recrudescence de la
sécheresse au Sénégal causant des milliers de
déplacés vers les villes. Cette crise profonde n'est imputable
à la seule sécheresse. Dans le contexte de la « baisse des
prix des principaux produits d'exportation tels que l'arachide, le coton, la
nouvelle politique agricole de l'Etat qui s'est traduite par la
réduction des subventions et la limitation des crédits pour
l'achat d'intrants, et l'acquisition de matériel agricole
»50, sont autant de facteurs qui ont contribué à
aggraver les conditions difficiles et précaires des paysans dans le
milieu rural. En effet, les mouvements migratoires à caractère
économique comprennent, à la fois le nomadisme, pas-total, le
développement des activités de la pêche, du commerce et la
recherche d'un emploi bien rémunéré en ville, sont autant
de causes du départ des ruraux vers les ciels les plus cléments
c'est-à-dire les villes. Pour plus de sécurisation
foncière, la mairie procède à des lotissements des
quartiers de Castor qui est une cité dénommée la «
baguette magique », à cause sa position géographique,
entourée par l'aéroport, l'université, par
conséquent, elle est convoitée par les grands patrons de la
ville. Kandialang n'a pas échappé à ces lotissements, dont
l'application est faite en 2004 : nombre de parcelles 146651.
? De 2001 à nos jours.
La croissance urbaine se matérialise d'abord, par une
occupation maximale des espaces restés libres à
l'intérieur des enceintes et une augmentation des densités. Peu
à peu, cette densité pose problème, car la classe
aisée est la première à quitter la ville dense
(centre-ville) pour s'installer dans les faubourgs aux limites de la ville :
phénomène appelé gentrification. L'espace urbain prend une
place de plus en plus grande et devient omniprésent (Haeringer, 1998,
El-Haggar et al. 2003)52. Le manque sérieux d'espace dans le
centre-ville et les anciens quartiers de Ziguinchor et le retour des conditions
pluviométriques normales dans les quartiers comme : Escale, Santhiaba
Est et Ouest, Goumel, Diéfaye, obligent les populations à partir
vers la périphérie. Le retour des conditions
pluviométriques normales, oblige les résidents des anciens
quartiers à s'orienter vers la périphérie, surtout celle
vers le sud, là où il
50 Arfang F Keita : Les mutations des terres agricoles autour de
Ziguinchor, mémoire de master 2, UCAD, département de
Géographie, 2012-2013, 96 pages.
51 Mairie de Ziguinchor : Service technique
52 Haeringer, 1998, El-Haggar et al, 2003.
48
énormes réserves foncières et
d'infrastructures par exemple l'université. La partie sud de la ville
est le futur pôle urbain de Ziguinchor. En plus, les enjeux fonciers
(valorisation du foncier, conjugués au manque d'espaces constructibles
dans le pôle urbain et la cherté des reliques de parcelles
à vendre dans la ville, les paysages de la couronne périurbaine
évoluent.
Carte 6 : Les quartiers inondables de la ville
de Ziguinchor
« Et 91% cette population venant de la ville ne s'y est
installé que depuis 2000 »53 affirme Sakho P., et Sy O.,
dans leurs travaux. Ainsi, il apparait que la périphérie est
d'installation récente : « 88% de la population s'y
installé, il y a moins de 30 ans. Alors qu'avant 1970, la population ne
représentait que 4% de la population de la ville »54. Ce
qui montre, l'évolution
53 Sy Omar et Sakho Papa : « Dynamiques des paysages
périurbains de la ville de Ziguinchor au Sénégal »,
24 pages.
54 Sy Omar et Sakho Papa : « Dynamiques des paysages
périurbains de la ville de Ziguinchor au Sénégal »,
24 pages.
49
rapide de la ville de 2000 à nos jours. Le contexte lui
étant favorable, la crise politico-armée qui sévit depuis
les années 80, puis l'implantation de l'université Assane Seck
dans le quartier de Diabir, favorise la mutation. Dans « la
dernière décennie, on aborde plus nettement les pratiques actives
d'insertion et de différenciation des populations en ville, qu'il s'agit
bien de mettre en rapport avec le marché du travail et le changement
socio-culturel (mobilité scolaire par exemple), puis plus
l'université Assane Seck, et l'université Catholique, les
instituts de formation, les écoles privées, participent beaucoup
à la mutation urbaine. Nous notons, le désir d'avoir un emploi,
avec l'arrivée des taxis clando, des motos taxis et plus
récemment les mini bus TATA, arrivés depuis une année dans
la commune de Ziguinchor, relient toutes les artères de la ville, des
plus lointains quartiers au centre-ville
Graphique 5 : Evolution de la population de 2000
à nos jours
243881
250000
300000
276354
269002
200000
155575
150000
100000
50000
0
2002 2004 2009 2010
Cette évolution démographique s'accompagne d'une
prolifération de l'habitat spontané. Depuis cette dernière
décennie, la ville de Ziguinchor est convoitée pour sa
capacité à créer de petits emplois, mais encore pour les
jeunes étudiants et élèves désireux de poursuivre
leur étude. Des lotissements et restructurations ont été
menés, par la mairie : le plan d'application n°1, le 23 Novembre
2005 : nombre de parcelles 144855. A cet égard, une politique
préventive, basée sur la planification rationnelle de l'espace et
l'aménagement de site d'accueil, permettrait de résoudre ce
problème de manque d'espace dans la commune de
55 Source : Service technique de la mairie de Ziguinchor.
Ziguinchor. L'urbanisation galopante combinée à
une planification insuffisante caractérisant certaines villes, contraste
fortement avec le phénomène de périurbanisation et de
recomposition urbaine. La ville favorise la monétarisation de
l'économie, facilite la mobilité sociale et l'adéquation
entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre qualifiée, élargit
les débouchés de la production industrielle et agricole remarque
Paul Bairoch. Cela résulte de l'évolution rapide et exponentielle
surtout ces dernières années, qui donnent à la ville de
Ziguinchor un fort taux d'urbanisation par rapport à sa région.
Le taux d'urbanisation du département qui est de 83,7% tire la moyenne
régionale vers le haut, alors que Bignona et Oussouye ont des taux
respectifs d'urbanisation de 16,56% et 11,32%56. La ville
d'aujourd'hui, dont les frontières sont de plus en plus incertaines, se
présente comme « une nappe urbaine qui semble s'étendre
à l'infini » (May et al, 1998, P.7)57. Son extension
peut prendre différentes formes, selon différents contextes et
différentes contraintes (Wiel, 1990a)58. Dans d'un contexte
de la crise du monde rural, aggravée par la sécheresse, le
conflit armée, sont autant de facteurs favorable à la mutation
urbaine de Ziguinchor. En plus, les contraintes du fleuve Casamance, obligeant
la ville à évoluer, que vers le Sud, sud-ouest et sud-est.
50
56 Service Régional de la Statistique et de la
démographie de Ziguinchor : Situation économique et Sociale de la
Région de Ziguinchor, 2010, 170 pages.
57 May et al, 1998, P.7.
58 Wiel, 1990.
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