II Aperçu de la situation économique
L'économie Ziguinchoroise est fortement donnée
par le port (situé à une soixantaine de km en amont de
l'embouchure du fleuve Casamance) et un emplacement stratégique sur les
flux d'échange entre le Sénégal, la république de
Gambie et celle de la Guinée Bissau, font de Ziguinchor une plaque
tournante commerciale sous régionale. L'agriculture joue aussi sa
partition, en effet, elle domine l'économie Casamançaise et une
part importante des populations de la ville de Ziguinchor, tire encore ses
revenus du secteur primaire : agriculture
21 ANSD, 2006
périurbaine, la pêche. La ville concentre
l'essentiel du secteur industriel de la Casamance, notamment régional
avec des unités de valorisation des produits agricoles. Quant aux
activités relatives à la pêche sont également fort
dynamiques et l'amélioration récente des infrastructures de
déparquement, de conditionnement et de négoce permet de dynamiser
l'accroissement du poids de ce secteur dans l'économie de la ville de
Ziguinchor. « Le tourisme représente également, un fort
potentiel grâce à une offre satisfaisante d'hébergement, de
restauration et de récréation existe dans la commune de
Ziguinchor »22. L'artisanat est tributaire à l'industrie
du bois, mais reste très minime.
28
22 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et Régionalisme :
Ziguinchor en Casamance, Edition de l'ORSTOM, Collection Travaux et documents
n°172, Paris, 1984, 259 pages.
29
Chapitre II : Présentation des différents
groupes ethniques
I Les autochtones et expansionnistes venus de l'est et
du nord ? Les Bainouck
Ce groupement ethnique, qui apparait comme le plus ancien
peuplement de la basse Casamance, a été exterminé ou
assimilés par les manding qui ont envahi son territoire en zone
soudanienne, et délogé du fogny par les Diola à la
recherche de nouvelles terres. Les bainouk viennent s'installer dans le bourg
de Ziguinchor, où ils deviennent les premiers occupants jusqu'à
la venue des portugais. Ainsi, le destin des Bainouk, à la fois «
décimés par les Balante asservis par les Manding, refoulés
par les Diola, parfois assimilés par les Portugais », selon Paul
Pelissier, le peuple Bainouk est désormais « en voie de disparition
aussi bien en Guinée Bissau qu'en Casamance »23
? Diola
Traditionnellement, les Diola se caractérisent par une
intime communion avec le milieu où ils vivaient, une adaptation commune
au sol, avec des techniques agraires semblables, une organisation sociale
égalitaire fondée sur une religion du territoire très
unifiée. L'origine des Diola, est de toute évidente très
confuse, s'il s'agit d'un même peuple ou « d'un ensemble de familles
réfugiées dans les forêts et la mangrove, auxquelles une
longue cohabitation aurait donné une série de traits
linguistiques sociaux, spirituels et techniques communs »24,
qui permettrait aujourd'hui de qualifier les Diola.
? Les Manding
Ces populations venues de l'est, sont traditionnellement,
contrairement aux Diola, aux Bainouk, des sociétés
féodales hiérarchisées, aux traditions agraires, assez
pauvres mais riche de leur histoire politico-militaire et déjà
islamisés depuis de longtemps, dans la commune de Ziguinchor les Manding
sont aujourd'hui environ 10.000 habitants et forment à peu près
1/3 de sa population Pierre Xavier Trincaz.
23 Paul Pelissier : Les paysans du Sénégal,
Imprimerie Fabrègue. France.1966 ; PP. 663-673. 24Paul
Pelissier : Les paysans du Sénégal, Imprimerie Fabrègue.
France.1966 ; PP. 663-673.
30
? Les Wolof :
Les wolof immigrés à Ziguinchor, sont dans la
majeure partie, originaires du Djolof et du Saloum. Leur venue en basse
Casamance, s'est faite par la mer au moment de l'installation française
en 1936, les Wolof amenés par les marins français comme
manoeuvres colons. Ainsi, ils constituent la caste dominante du commerce et de
l'administration. Et aujourd'hui, ces quelques plus de 6.000
personnes25 logent dans les quartiers résidentiels et «
centraux » de l'escale, Santhiaba et Boudody.
II Les minorités ethniques et les populations
venant de la Guinée Bissau Les populations originaires de la
Guinée Bissau.
Les Diola et Bainouk qui constituaient jadis,
l'écrasante majorité de la population de Ziguinchor. Aujourd'hui
un certain nombre de personnes s'est infiltrée dans leur domaine.
L'immigration en provenance de la Guinée Bissau fut notamment
très active. Traditionnellement populations sédentaires «
les Mandjak, Mancagne, Papeis, Balante » ont commencé à
immigrer au Sénégal dès l'époque coloniale à
cause de la surpopulation et de la surexploitation en « terre Portugaise
»26, conséquence de la désagrégation de
l'organisation politico-sociale, à cause des travaux forcés
qu'ils exerçaient, quasiment 12 mois/12. L'immigration, a atteint son
paroxysme pendant la première guerre mondiale. Chaque année, des
milliers de personnes se déplacent de la Guinée Bissau vers la
ville de Ziguinchor. Comme le remarque Paul Pelissier c'est paradoxalement la
fixation artificielle d'une frontière politique entre zone
Française et Portugaise qui est à l'origine de ces mouvements
«loin d'avoir joué un rôle de barrière qui lui
était dévolu, cette frontière a créé entre
des populations naguère dotées des même ressources et
vivant dans un climat humain comparable, des déséquilibres
politiques et économiques, extrêmement sensibles qui expliquent
son franchissement par des effectifs croissants de travailleurs originaires de
la Guinée Bissau »27. C'est dans ce contexte, que
plusieurs raisons expliquèrent cette migration : économique la
traite du caoutchouc, l'essor de la culture de l'arachide, la lutte de
résistance armée pour
25 Pierre- Xavier trincaz :
Colonisation et Régionalisme : Ziguinchor en Casamance, Edition de
l'ORSTOM, collection travaux et documents n°172, Paris, 1984, 259 pages
26 Pierre Xavier Trincaz :
Colonisation et Régionalisme : Ziguinchor en Casamance, Edition de
l'ORSTOM, Collection Travaux et documents n°172, Paris 1984, 259 pages.
27 Paul pelissier : Les paysans du Sénégal,
Imprimerie Fabrègue. France. 1966 ; PP.663-673.
31
l'indépendance de leur pays. Les exactions et les
violences ont fait, fuir des centaines de personnes en quête de paix et
d'un travailleur dans une ville qui est susceptible de produire des
débouchés énormes. Amilcar Cabral écrivait, en 1970
: « des milliers de paysans abandonnent leurs foyers et cherchent dans des
pays voisins la paix et les moyens indispensables à leur entretien.
C'est ainsi que, des milliers de Balant, Mandjack... entrent en
République du Sénégal »28. Cette
immigration a toujours continué jusqu'à nos jours, à cause
encore des coup-d' états successifs.
Les minorités ethniques
? Les Sérers Niominka
Ils sont notamment, originaires du saloum, et viennent des
mois de décembre à mai, à bord de leurs pirogues de haute
mer pour pratiquer la pêche au filet. C'est ce qui fait que, certains
d'entre eux se sont définitivement installés dans la commune de
Ziguinchor. On peut dénombrer actuellement environ plus de 2.000
sérers29, dans la majeure partie qui se sont
transformés en Wolof.
? Les Toucouleurs :
Ils viennent de la plupart de la vallée du fleuve
Sénégal, attirés par les potentialités piscicoles
considérables de cette région. Ces pêcheurs thioubalo,
pratiquaient le commerce des ressources halieutiques jusqu'en Guinée
Conakry. Ils s'installent dans les quartiers de Boucotte, et les plus
aisés dans les quartiers d'HLM de Boudody et Néma.
? Les Peul :
De la haute Casamance, originaires de la région du
Fouladou, plus connus sous le nom de Foulacounda sédentaires qui ont
amenaient leurs cheptel en basse Casamance. Peu à peu ils
s'installèrent dans la ville de Ziguinchor. Et on dénombre
quelques milliers de peuls
28 Discour d'Amilcar Cabral, en 1970.
29 Pierre Xavier Trincaz :
Colonisation et Régionalisme : Ziguinchor en Casamance, Edition de
l'ORSTOM, Collection Travaux et documents n°172, Paris 1984, 259 Pages.
32
originaires de la Guinée Conakry, ils sont environ
4500, qui se trouvent dans leur majeure partie au quartier de Peyrissac
d'après Pierre Xavier Trincaz30
? Les Européens :
Ils sont environ quelques 300 Européens,
Français ou Libanais, qui sont dans l'industriel ou exercent le
commerce. Ils sont issus des anciens coloniaux, aujourd'hui des
coopérations techniques, dont l'implantation est de courte durée,
et vivent généralement dans les villas de l'escale. La plupart
des villes des pays développés datent de plusieurs
siècles. En effet, elles sont nées du commerce (lieu
d'échanges, carrefour de voies de communication) ou de l'industrie qui
attire de la main-d'oeuvre. Résultant d'un dynamisme
démographique qui se répercute en ville. En plus, la
moitié de la population de ville en développement, est jeune, ces
jeunes citadins feront à leur tour des enfants, contribuant ainsi,
à maintenir une forte croissance de la population. L'exode rural, quant
à lui, a joué sa partition, dans la croissance urbaine surtout
celle de Ziguinchor. Etant en plein essor, la ville de Ziguinchor connait une
évolution, qui se caractérise par une mutation urbaine
considérable et continue. De manière générale, la
croissance démographique exponentielle de Ziguinchor de 1888 à
nos jours, est la conséquence directe de l'afflux migratoire, venant de
l'intérieur du pays et de l'extérieur.
Graphique 1 : répartition de la
population.
Répartition de la population
4,3
5,2
13,4
35
10,5
13,6 18
Diola Manding poular
Wolof Mandjack Sérère
autres
Source : Enquête de terrain Assane Diallo, Septembre
2015.
30 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et
Régionalisme : Ziguinchor en Casamance, Edition de l'ORSTOM, Collection
Travaux et documents n°172, Paris 1984, 259 pages.
33
En somme, Diola, Bainouk, Mandjak, Mancagne, Balant,
population fondamentalement paysannes, sont devenues majoritaires, elles
représentent 56,4% de la population totale, la population Wolof quant
à elle, a très nettement diminué passant de 16% en 1951
à 8,5% en 1970. En effet, le nombre de fonctionnaires et
commerçants, essentiellement Wolof à Ziguinchor a diminué,
c'est-à-dire que, leur migration s'est parachevée.
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