1ère partie : FONDEMENTS THEORIQUES ET
CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES
CHAPITREI : FONDEMENTS THEORIQUES
I. PROBLEMATIQUE
Le Bénin a, depuis le début des années
1990, opté pour la démocratie et la décentralisation
considérée comme un vecteur du développement à
l'échelle locale. C'est ainsi qu'en 2003, le processus de
décentralisation entre dans sa phase active avec l'organisation des
premières élections municipales et locales.
Après deux mandatures de décentralisation, bien
qu'on n'ait pas encore procédé à une évaluation
formelle des dix ans de décentralisation au Bénin, nous voudrions
nous référer aux résultats obtenus de l'étude
commanditée par la Banque Africaine de Développement (BAD) en
2010 pour évaluer la décentralisation au Mali. Cette étude
a révélé divers facteurs qui entravent la bonne marche de
la décentralisation dans ce pays. Il s'agit entre autres de :
- non transfert des compétences et des ressources aux
communes ;
- inexistence de potentialité naturelle dans certaines
communes ;
- la mauvaise gestion des ressources propres et
affectées ;
- l'incivisme des populations quant au payement des
impôts et taxes et ;
- la politisationà outrance dans la gestion des
affaires publiques.
Pour ce qui concerne le Bénin, le tableau n'est
guère reluisant. Bien que certain problème tel que le transfert
des compétences soit déjà résolu ; certains
facteurs comme la politisation à outrance dans la gestion des affaires
publiquescontinue d'entraver la bonne marche de la décentralisation au
Bénin. C'est ce que Guy Constant EHOUMI (2012) révèle
quand il écrit : « ... Mais aujourd'hui, le constat
est amer. Pour des raisons politiques, le pouvoir central et les mairies se
sont ligués contre le développement des populations. Au lieu de
prendre les mesures concrètes avec les moyens conséquents pour
permettre aux localités de se développer, ils continuent de se
jouer de l'analphabétisme des populations. La conséquence est que
les mêmes personnes s'arrangent pour ne pas en découdre avec la
résistance ou le refus du pouvoir central de laisser les populations
décider de leur développement. En retour, ces responsables
communaux se garantissent toujours leur réélection. Et le mal
perdure ».
Ainsi, au nombre des facteurs et contraintes qui inhibent les
actions des responsables locaux dans leur mission d'amélioration des
conditions de vie de leurs administrés se trouve en bonne place le
phénomène de la politisation. C'est également ce que
souligne Mahamadou DIAWARA (2008) au terme du travail mené dans la
commune de Réo au Burkina Faso : « la commune de
Réo se caractérise par une vie politique très
mouvementée. Ici, les retournements, les défections conduisant
jusqu'aux ruptures et aboutissant à des recompositions toujours
renouvelées sont monnaies courantes. Dans ce type de contexte, les
intérêts du citoyen ne sont pris en compte que de manière
détournée ».
Comme dans de nombreuses communes du Bénin et
même en Afrique, la commune d'Ifangni est une arène où
`'jeux politiques'' et développement s'entremêlent de façon
systémique. Bien que politique et développement forment un couple
très complémentaire, l'excès de la politique a toujours
été une grande menace pour le développement surtout
à l'échelle locale. C'est ce sur quoi James FERGUSON (2008),
anthropologue américain, attire l'attention lorsqu'il parlait du
développement comme une machine antipolitique.
Ainsi, dans la commune d'Ifangni, avec l'avènement de
la décentralisation prônant la gestion du pouvoir à la base
et mettant au vue et au su de tous, les avantages et privilèges qu'offre
le pouvoir, les motivations pour la conquête ou la conservation du
pouvoir se sont accruesau niveau de tous les acteurs sociopolitiques ;
tous s'étant donné pour défi de contrôler la commune
et évidemment de jouir des privilèges du pouvoir. Et pour relever
ce défi, le jeu politique reste la principale arme aux mains des
acteurs.
La question de recherche que nous nous posons est alors la
suivante :
Quels sont les effets induits du jeu politique sur le
développement local dans la commune d'Ifangni ?
1.1. Hypothèses
Les hypothèses posées à cet effet
s'énoncent comme suit :
- La commune d'Ifangni regorge d'acteurs diversement
impliqués dans son processus de développement ;
- La conduite du jeu politique par les acteurs n'est pas de
nature à favoriser des actions de développement
local efficaces et efficientes ;
- Les différents groupes d'acteurs contribuent aux
actions de développement en intégrant dans le processus leurs
intérêts partisans.
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