INTRODUCTION
Depuis les premières heures de la vie en
communauté, l'Homme a toujours vécu dans une certaine dynamique
organisationnelle. Cette dynamique, qu'elle soit formelle ou informelle, a
toujours laissé place à un leadership ou une
légitimité qui peut être naturelle (charismatique),
délégué (choisi à travers des modes de
désignation) ou imposé dans le but d'organiser ou de gérer
le bien commun ou la cité. C'est fort de cette réalité que
la gestion de la vie en communauté a évolué des
régimes totalitaires qui laissent la décision de vie ou de mort
des autres dans les mains d'un seul souverain ou d'un groupuscule, aux
régimes les plus démocratiques.
Le Bénin, après les turbulences politiques des
lendemains de l'indépendance et de l'ère dictatoriale des
années 70 et 80, a opté pour la démocratie avec à
la clé plusieurs réformes politico-institutionnellesau
début des années 90. Entre autres réformes, se trouve en
bonne place la mise en oeuvre de la décentralisation prévue par
la constitution du 11 décembre 1990.
Ainsi, depuis 2003, le Bénin s'est engagé dans
un processus de décentralisation. Après deux mandatures
d'administration du territoire par les pouvoirs locaux, bien qu'il n'y ait pas
encore un rapport officiel d'évaluation de la décentralisation,
tous les observateurs de la vie publique s'accordent pour dire que les fruits
n'ont pas tenu la promesse des fleurs. Les facteurs ayant conduità ces
résultats sont nombreux et divers. Entre autres facteurs se trouveen
bonne place la politisation à outrance qui n'épargne aucune
échelle de la gestion des affaires publiques. C'est ce que Guy Constant
EHOUMI (2011) révèle dans le journal « la presse
du jour » dans son article
intitulé « Politisation à
outrance du pouvoir à la base au Bénin: des Maires creusent la
tombe de la décentralisation » en ces termes :
« A force de vouloir tout régenter, les
autorités locales sont en train de vider la décentralisation de
son contenu. C'est parce que le pouvoir était concentré au sommet
et que tout était imposé aux populations qui ne se portaient
guère mieux malgré les milliards de dettes, qu'il a
été décidé de passer à la
décentralisation ; mais la gangrène du pouvoir central a
fini par atteindre les autorités locales ».
Par cette remarque, Guy Constant EHOUMI (2011) jette le
pavé dans la mare et incite à aller voir de plus près les
réalités dans la pratique de la décentralisation au
Bénin. En effet lorsque EHOUMI (2011) déclare :
« la gangrène du pouvoir central a fini par atteindre les
autorités locales », on est forcément tenté
de se demander de quelle gangrène s'agit-il ?
C'est OLIVIER de SARDAN (2007) qui ouvre la brèche et
laisse entrevoir ce qui pourrait être le principal problème dans
la gestion des communes africaines. Dans sa communication intitulée
« Pouvoirs locaux, Gouvernance et Décentralisation en
Afrique » présentée au cours des journées de Tam
Dao 2007, il affirme qu'« auparavant, la politique était
une affaire urbaine concernant des élites urbaines. On a introduit la
politique à l'échelle locale, la politique moderne, la politique
partisane ».
Alors, l'effet de la politique (pris au sens du jeu des
politiciens) sur le processus de décentralisation reste un
problème majeur dont le contour mérite d'être cerné.
C'est donc pour étudier les liens entre la politique et le
développement dans la commune d'Ifangni que nous nous sommes
proposépour notre mémoire de maîtrise, de répondre
à la question : Quels sont les effets induits du jeu
politique sur le développement local dans la commune d'Ifangni ?
Le présent travail a pour objectif d'étudier les
diverses influences des jeux politiques sur le développement de la
commune d'Ifangni. Il se structure en trois volets :
- le cadre conceptuel,
- la démarche méthodologique et,
- la présentation et l'analyse des résultats.
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