CHAPITRE2 : LES LOGIQUES DES ACTEURS DANS LA
COMMUNE D'IFANGNI
Comme l'indique le présent sujet, il s'agit de relater
à travers ce travail les effets induits de la politisation à
outrance sur le développement de la commune d'Ifangni. Ainsi,
après avoir fait le point des principaux acteurs à Ifangni dans
la première rubrique de la présentation des résultats de
cette recherche, cette rubrique met en exergue le discours desdits acteurs, les
logiques qui sous-tendent leurs actions et réactions.
Comme indiqué plus haut, les principaux acteurs dans
le développement sociopolitique et économique de la commune
restent les élus communaux avec à leur tête le Maire. Ils
élaborent et mettent en oeuvre les programmes/projets de
développement et assurent la gestion au quotidien de la commune. Pour ce
fait, leur disponibilité reste une condition indispensable pour
l'accomplissement de leur mission. Voilà ce que pensent les
enquêtés à propos de la disponibilité des
élus :
Tableau 9: Appréciations des
enquêtés sur la disponibilité des conseillers communaux.
Pensez-vous que les conseillers communaux sont
disponibles pour travailler pour le développement de la
commune ?
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
02
|
3,44%
|
Plus ou moins
|
09
|
15,51%
|
Non
|
47
|
81,03%
|
TOTAL
|
58
|
100%
|
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
Ce résultat a conduit à fouiller ce
qu'entendent les enquêtés par la disponibilité des
conseillers communaux. On se rend compte donc qu'ils l'assimilent à la
résidence ou non des conseillers sur le territoire la commune.
A propos de la résidence des élus dans la
commune, la loi stipule que: « le Maire et ses Adjoints une fois
élus, doivent avoir leur domicile dans la commune. » (Article
46 loi n°97-029/99).
Voici ce qu'il en est de la commune d'Ifangni.
Tableau 10 : Liste des conseillers
communaux de la commune d'Ifangni et leur (s) lieu(x) de résidence
N°
|
Nom et Prénoms
|
Sexe
|
Fonction
|
Lieu de
résidence
|
Observation
|
1
|
FAFOUMI Raymond
|
M
|
Maire
|
Cotonou
|
En
permanence
|
2
|
MICHODJEHOUN
Félix
|
M
|
1er Adjoint
|
Ifangni
|
En
permanence
|
3
|
AHISSOU
Nouhoumon
|
M
|
2è Adjoint
|
Porto novo
|
Ifangni accessoirement
|
4
|
ATCHAMBI Patrice
|
M
|
CA
|
Ifangni
|
En
permanence
|
5
|
SOGNIGBE Jean
|
M
|
CA
|
Ifangni
|
En
permanence
|
6
|
DOTONOU Jules
|
M
|
CA
|
Ifangni
|
En
permanence
|
7
|
TOLEKE Sètondji
|
M
|
CA
|
Ifangni
|
souvent à
Sakété pour
raison professionnelle
|
8
|
HOUNGUE Kévin
|
M
|
CA
|
Ifangni
|
souvent à
Cotonou pour raison professionnelle
|
9
|
BANKOLE Pierre
|
M
|
CA
|
Ifangni
|
En
permanence
|
10
|
AKLE Laurent
|
M
|
CC
|
Cotonou
|
Présent dans
la commune
certains
weekend
|
11
|
LANKPODJIVI Victor
|
M
|
CC
|
Cotonou et Bohicon
|
présent dans
la commune
certains
weekend
|
12
|
DJOSSOU Yves
|
M
|
CC
|
Ifangni
|
En permanence
|
13
|
DOSSA Grégoire
|
M
|
CC
|
Ifangni
|
En permanence
|
14
|
FALOLA Maroufath
|
F
|
CC
|
Ifangni et
Cotonou
|
A cheval entre
les deux (02)
communes
|
15
|
AKPATA Joseph
|
M
|
CC
(Maire
sorti)
|
Porto novo
|
En
permanence
|
16
|
HOUETO Victorien
|
M
|
CC
|
Ifangni
|
En
permanence
|
17
|
ATCHADJOU Ignace
|
M
|
CC
|
Cotonou
|
En
permanence
|
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
En résumé,
Tableau 11 : résumé
surles lieux (x) de résidence des conseillers communaux de la commune
d'Ifangni.
Résidence
|
Permanente dans la commune
|
Temporaire dans la commune
|
En dehors de la commune
|
Nombre de conseillers
|
08
|
03
|
06
|
Pourcentage
|
47,05%
|
17,64%
|
35,29%
|
Le Maire, selon les enquêtés, n'aurait
passé la nuit qu'une ou deux fois dans la commune durant son mandat de
plus de cinq ans.
Un enquêté commente : « au
départ il prétendait de ce que l'état de la
résidence n'était pas digne de son rang social et qu'il devra
d'abord l'aménager avant de commencer par y passer la nuit ; mais
malgré nos millions qu'il a dépensés pour
réfectionner la résidence, il n'y a jamais passé la
nuit ».
Comme le dit un sage du milieu, pour s'indigner des mauvaises
pratiques des cadres, « ce n'est pas les paysans qu'il faut aller
chercher au champ pour venir diriger notre localité et l'amener au
développement ». En fait, le développement,
même local, reste un processus dont la conduite à bon port ne peut
être l'oeuvre des amateurs ou des parvenus sans ambitions ni attitudes et
aptitudes requises. Le travail s'est intéressé donc à
l'idée que se font les populations du niveau intellectuel des
conseillers pour apprécier le degré de confiance qu'ont les
populations à leurs conseillers pour ce qui concerne leur
capacité à amener la commune au développement.
Voici ci-dessous ce que pensent les enquêtés du
niveau intellectuel des conseillers.
Tableau 12 : Résumé
surl'appréhension des populations sur la capacité des
conseillers communaux de la commune d'Ifangni à développer leur
commune.
Sur une échelle de trois degré (bon -
moyen - faible), quelle appréciation faites-vous de la capacité
intellectuelle des conseillers pour amener effectivement la commune au
développement ?
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Bon
|
02
|
3,44%
|
Moyen
|
07
|
12,06%
|
Faible
|
49
|
84,48%
|
TOTAL
|
58
|
100%
|
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
Ce résultat a amené à s'intéresser
au profil de chaque conseiller. A ce niveau, toutes les tentatives pour avoir
le niveau intellectuel des conseillers ont été vaines. En dehors
de quelques informations pas très crédibles (car pas facilement
vérifiables), il a été presque impossible d'obtenir des
informations sur le niveau académique réel des conseillers
communaux.
Compte tenu de l'importance que requièrent ces
données pour le sujet, nous avons essayé de contourner cette
barrière en nous renseignant sur la profession des conseillers. Cette
option pourrait permettre d'établir le lien entre leur profession et
leprofil intellectuel.
Voici les résultats que nous avons obtenus :
Tableau 13 : Liste des conseillers
communaux de la commune d'Ifangni et leur profession
N°
|
Nom et Prénoms
|
Sexe
|
Fonction
|
Profession
|
Observation
|
1
|
FAFOUMI Raymond
|
M
|
Maire
|
Opérateur économique
|
|
2
|
MICHODJEHOUN
Félix
|
M
|
1er Adjoint
|
Enseignant du secondaire
|
Retraité
|
3
|
AHISSOU
Nouhoumon
|
M
|
2è Adjoint
|
Instituteur
Artiste
chanteur
|
En fonction
|
4
|
ATCHAMBI Patrice
|
M
|
CA
|
Instituteur
|
En
Fonction
|
5
|
SOGNIGBE Jean
|
M
|
CA
|
Pasteur
|
En
Exercice
|
6
|
DOTONOU Jules
|
M
|
CA
|
Fermier
|
Serait titulaire
d'un BAC+2
|
7
|
TOLEKE Sètondji
|
M
|
CA
|
Agent de
Santé
|
Niveau BEPC
|
8
|
HOUNGUE Kévin
|
M
|
CA
|
Fermier
|
Serait titulaire
d'un diplôme universitaire
|
9
|
BANKOLE Pierre
|
M
|
CA
|
Couturier
|
N'exerce plus
|
10
|
AKLE Laurent
|
M
|
CC
|
Vitrier
|
En exercice
|
11
|
LANKPODJIVI Victor
|
M
|
CC
|
Enseignant du secondaire
|
Nommé à la Direction de l'Enseignement
Supérieur
|
12
|
DJOSSOU Yves
|
M
|
CC
|
Dépanneur
|
N'exerce plus
|
13
|
DOSSA Grégoire
|
M
|
CC
|
Agent
collecteur
|
|
14
|
FALOLA Maroufath
|
F
|
CC
|
Opératrice économique
|
|
15
|
AKPATA Joseph
|
M
|
CC
(Maire
sorti)
|
Bibliothécaire
|
Retraité
|
16
|
HOUETO Victorien
|
M
|
CC
|
Instituteur
|
En
Fonction
|
17
|
ATCHADJOU Ignace
|
M
|
CC
|
Opérateur économique
|
|
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
A travers donc ces résultats bruts, on peut
déjà apprécier la capacité réelle des
conseillers communaux d'Ifangni à amorcer le développement de la
commune. Encore tous les acteurs s'accordent sur ce que le niveau
d'étude pour la 2ème mandature est largement
relevé par rapport à la première mandature.
Malgré ce profil, il n'est pourtant pas exclu que les
conseillers communaux fassent preuve d'une bonne attitude pour impacter de
façon substantielle, par des actions de qualité, le
développement de leur localité. Les populations étant les
premiers juges desdites actions (elles en sont les
bénéficiaires), nous avons cherché à avoir
l'idée qu'elles se font de la pertinence des actions de leurs
élus. La pertinence dont il s'agit ici est mesurée par rapport
aux actions prévues par le Plan de Développement Communal (PDC).
En fait, le PDC devrait être élaboré dans une
démarche participative qui après avoir établi un
diagnostic des maux qui entravent le développement de la
commune,prévoit à travers des programmes/projets des actions
devant permettre de remédier aux maux identifiés et par ricochet
conduire vers le développement. Ainsi, toute action visant le
développement de la commune devra s'inspirer obligatoirement de ce
plan.
Certes, la plupart des enquêtés n'ont pas compris
la question sous cet angle, le lien a été donc fait par rapport
à l'influence des actions sur leur vie quotidienne. Voici l'avis de nos
enquêté.
Tableau 14 : Tableau
présentant l'appréhension des populations sur la pertinence des
actions du conseil communal d'Ifangni.
Sur une échelle de trois degré (pertinent
- peu pertinent - pas pertinent), quelle appréciation faites-vous de la
pertinence des actions du conseil communal pour amener effectivement la commune
au développement ?
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Pertinent
|
05
|
5,74%
|
Peu Pertinent
|
28
|
32,18%
|
Pas Pertinent
|
54
|
62,06%
|
TOTAL
|
87
|
100%
|
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
A la préoccupation de citer quelques exemples d'actions
pas trop pertinentes de la mairie, les exemples donnés par nos
enquêtés sont multiples, les plus récurrentes
sont :
I-2-1- L'acquisition par la mairie d'un domaine
En effet, la mairie a acheté à environ 3km de
ses bureaux, un domaine de cinq (05) hectares pour, selon les explications
fournies par certains conseillers communaux, accueillir les infrastructures
sociocommunautaires. Nombreux sont nos interviewés qui ont cité
cette réalisation, comme un exemple de gaspillage de ressources. Selon
eux, les trente-cinq millions qui ont servi à acquérir cedomaine
aurait pu permettre de faire autre chose car, la zone étant en
lotissement, il est favorable à la mairie de placer les réserves
administratives là où elle le souhaite. Alors que les
défenseurs de l'initiative disent que cet achat a permis
d'accélérer la viabilisation de la zone qui n'était qu'une
grande palmeraie.
I-2-2- L'acquisition d'un Hôtel
Autour de 2010, un premier hôtel a été
installé dans la commune par un groupe d'opérateurs
économiques qui tablaient sur la proximité avec le Nigéria
pour rentabiliser leur investissement. Mais autour de 2012, ayant
remarqué que le retour sur investissement ne promettait pas, le groupe
décida de brader l'hôtel. La mairie, après une
délibération du conseil communal, avec 13 voix pour et 04 contre,
décide d'acheter cet hôtel à quatre-vingt-douze millions
(92.000.000) FCFA. Cette réalisation est largement citée comme
exemple de gaspillage par les enquêtés. Jusqu'au moment où
cette recherche allait à son terme, l'hôtel n'avait encore rien
rapporté à la mairie et les appels d'offres lancés pour
son affermage ont été infructueux. Un enquêté
déclare à ce propos : « là où
le privé a échoué, est-ce c'est le public qui va
réussir ? »
I-2-3- Les voyages très peu
fructueux
Les enquêtés estiment qu'au cours de la
2èmemandature, beaucoup de voyages ont été
effectuée par le Maire et ses conseillers, mais ces déplacements
n'ont rien rapporté à la commune. Selon les informations
recueillies, pour les multiples voyages du Maire, la seule chose à
indexer reste un « fire truck » ramené des Etats
Unis qui selon les enquêtés ne sert à rien. L'engin,
garé dans la cour de la mairie (voir photo) serait abandonné aux
intempéries depuis 2012.
Mais l'exemple qui est cité par un grand nombre des
enquêtés est ce voyage en 2010 aux Etats Unis pour lequel il
aurait été offert à la commune, un (01) compacteur, une
(01) niveleuse et un (01) bulldozer. Pour la réparation et le transport
de ces engins, la mairie aurait décaissé vingt-trois millions en
dehors du coût du voyage. Mais quatre ans après, soit au moment de
ce travail, ces engins ne sont pas encore arrivés dans la commune.
Photo 1 : vue du Fire Truck
ramené des Etats Unis
Source : Travaux de terrain, Mai - Juillet
2014
Alors pour les enquêtés qui pensent que les
actions du conseil communal sont peu pertinentes ou pas du tout pertinentes,
les raisons de cette impertinence ont été recherchées.
Pour cela, quatre raisons au choix ont été
proposées : le manque de ressources financières ; le
manque de ressources humaines qualifiées à la mairie, la
politisation des actions de développement et autres raisons.
Voici ce que répondent nos
enquêtés :
Tableau 15 : Tableau
présentant les raisons de l'impertinence des actions du conseil communal
d'Ifangni selon nos enquêtés.
Quelles sont alors les raisons de cette
impertinence ; est-ce le manque de ressources
financières ; le manque de ressources humaines qualifiées
à la mairie ; la politisation des actions de développement
ou autres raisons ?
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Manque de ressources financières
|
02
|
2,43%
|
Manque de ressources humaines qualifiées à la
mairie
|
13
|
15,85%
|
La politisation des actions de développement
|
63
|
76,82%
|
Autres raisons
|
05
|
6,09%
|
TOTAL
|
82
|
100%
|
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
En commentaire à cette préoccupation, voici ce
que répond un agent de la mairie : « la politique est
un danger pour la commune, car par la politique, certains conseillers rejettent
à tort et à travers les budgets annuels parce qu'ils sont
opposants ». Un membre d'Organisation de la
Société Civile : « on ne sait pas si la
réalisation est bien pensée avant la concrétisation ;
pour le cas du pavage de la mairie par exemple, l'idée est
mauvaise ». Un conseiller visiblement proche du Maire fait
remarquer : « absolument ! Il y a eu beaucoup de
réalisations au temps de cette mandature, des écoles construites,
des hangars des WC dans les écoles....etc. » ; un
autre conseiller probablement du camp des opposants
rétorque : « la politisation à outrance a
fait échouer de bonnes initiatives car si c'est le camp opposé,
on rejette ; les réalisations sont hasardeuses et entrent
rarement dans le développement de la commune ; l'achat d'un
hôtel qui n'est pas opérationnel, des voyages inutiles à
grand sous....etc. » et à un citoyen lambda de
conclure : « il n'y a rien que du gâchis des
ressources dont disposent la commune ».
Dans un souci de comparaison,pour savoir comment les acteurs
retrouvés sur place apprécient la première mandature de
l'ère de la décentralisation à la seconde en termes
d'actions de développement de la commune. Voici ce qu'ils en
pensent :
Tableau 16 : Tableau de
comparaison des deux mandatures de l'ère de la décentralisation
dans la commune d'Ifangni
Si vous devez comparer cette 2ème
mandature finissant à la 1ère en terme de
l'avancée de la commune que choisirez-vous entre : Bon - Pareil -
Moins bon
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Bon
|
69
|
79,31%
|
Pareil
|
1
|
1,14%
|
Moins bon
|
17
|
19,54%
|
TOTAL
|
87
|
100%
|
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
Comme pour nuancer cet écart entre les deux mandatures,
un agent de la mairie ajoute : « ..... Mais la plupart des
réalisations de cette mandature sont faites sur fonds FADEC alors
qu'à la première mandature, il n'existait pas le
FADEC ».
Un autre enquêté parmi les populations lambda
signale que : « .... Mais le plus grand problème
de ce mandat en cours, c'est la politisation à outrance ;
même les familles sont cassées à cause de la
politique ; tout est vu et analysé sous l'angle de
politique ».
A la question « pouvez-vous citer quelques exemples
de décisions ou d'actions relevant de la politisation? »,
beaucoup de faits et actes ont été cités. Après
compilation, nous vous proposons ceux ci-dessous :
I-2-4- Choix de l'emplacement pour la construction des
nouveaux bureaux à la mairie.
A la prise de service du nouveau Maire (celui de la
2ème mandature), il a hérité d'un
bâtiment en très mauvais état abritant les bureaux de la
mairie. La nécessité de construire de nouveaux bureaux pour la
mairie était donc pressante. Mais il faut noter que ce même besoin
avait déjà été identifié par le premier
Maire (celui de la 1ère mandature). Il avait même
déjà entamé un chantier qui se trouvait au premier niveau
de chainage.
Photo 2 : vue du chantier
entamé par le premier Maire
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
La volonté du nouveau Maire de doter la mairie de
nouveaux bureaux a connu déjà un début de satisfaction
dira-t-on. Mais contre toute attente il aurait décidé d'aller
commencer juste à côté de cette fondation, une nouvelle.
Raison avancée, le nouveau Maire ne voudrait pas que cette
réalisation soit vue comme l'achèvement d'un travail
commencé par son prédécesseur.
Au bout de quelques mois, voici ci-dessous la vue des nouveaux
bureaux de la mairie situés juste à environ cinq (05)
mètres de la première fondation.
Photo3 : vue du bâtiment
abritant les nouveaux bureaux de la mairie.
Source : Travaux de terrain, Mai -
Juillet 2014
I-2-5- Politisation dans la mobilisation des
ressources de la mairie.
La commune d'Ifangni est frontalière à la
République Fédérale du Nigeria sur plusieurs
kilomètres (voir carte d'Ifangni). Cette situation géographique,
à la vue du taux d'échange entre le Bénin et le Nigeria,
représente une grande opportunité pour la commune. En raison de
cette position, Ifangni fait partie des quelques communes autorisées
à percevoir la taxe de stationnement. Ainsi, les nombreux
échanges entre le Bénin et le Nigeria (à l'entrée
comme à la sortie), à travers Ifangni devraient être des
sources de revenue considérable pour la commune. Par exemple, en dehors
d'autres produits, plus de 74% des véhicules d'occasion en transit vers
le Nigéria emprunteraient la commune d'Ifangni. Tous les acteurs sociaux
à Ifangni s'accordent sur le fait que la commune regorge de grandes
potentialités pour son développement notamment du fait de sa
position géographique par rapport au Nigéria. Mais dans la
pratique, le constat est tout autre.
1-2-5-1- L'irruption de forces non officielles dans le
recouvrement des recettes.
En dehors des entrées et sorties officielles sur le
Nigéria à partie d'Ifangni, il existe aussi beaucoup de pores qui
permettent d'échanger à travers Ifangni. Sachant que le principe
de la libre circulation des personnes et des biens restent une utopie, chaque
passage est gardé par soient des structures formelles comme la Douane,
la Gendarmerie, la Police ou les agents collecteurs de la mairie soient par des
groupuscules en mission pour eux-mêmes. Ainsi il existe plusieurs groupes
de personnes ne jouissant d'aucune légalité qui collectent des
fonds qu'ils se partagent au vu et au su de tout le monde sans être
inquiétés. Selon les enquêtés, les seules conditions
pour accéder à ces faveurs, c'est d'être des personnes
influentes dans la commune qui bien évidemment soutiennent les actions
du Maire. Les autres ne soutenant pas le Maire sont systématiquement
empêchés d'activité ou obligés d'exercer dans le
noir. D'ailleurs, de tels groupes comme l'Association pour la
Sécurité des Véhicules en Transit (ASSEVET), ayant
soutenus le Maire sorti contre l'actuel au cours des élections de 2008,
se sont vus interdire d'activité dès les premières heures
du nouveau mandat alors les soutiens du nouveau Maire ont tout suite
occupé le terrain.
Commentant cette situation, un Chef Service
déclare : « la grande partie des ressources devant
servir pour développer la commune vont dans les poches des individus au
nom du soutien au Maire ».
1-2-5-2- Les services de la mairie comme outil de
propagande politique et de remerciement des militants.
L'une des sources fiables des recettes propres pour la mairie
est le produit des services qu'elle rend aux populations. En effet, les
principales raisons d'existences des mairies restent le pouvoir de servir les
populations notamment pour ce qui concerne l'établissement de documents
administratifs. Ces services n'étant pas gratuits, conformément
à la loi, le conseil communal fixe leur coût : « la
création des impôts et taxes est du domaine de la loi. Le conseil
communal, par sa délibération, en fixe le taux dans la limite
déterminée par la loi » (article 8 loi
n°98-007/1999). Mais les faits dans la commune dans ce domaine sont
édifiants ; Suivant les déclarations des
enquêtés et même des témoignages recueillis sur
place, le coût d'un service peut passer du simple à moitié
ou même à la gratuité selon le bord politique de l'usager.
Et cette pratique concerne essentiellement deux (02) services ; le Service
des Affaires Domaniales et le Service de l'Etat Civil.Connus de tous les
usagers notamment les soutiens du Maire, lorsqu'ils se présentent
à la mairie pour des services, leur première
préoccupation, c'est comment faire pour réduire le coût du
service ou au meilleur des cas l'obtenir gratuitement. Un agent de la mairie
contacté pour se prononcer sur cet état de chose, reconnaît
non seulement que c'est une réalité mais surtout, ajoute-t-il, il
y a même des agents à la mairie dédiés
spécialement pour aider les militants à jouir de cette faveur. Un
autre agent enfonce le clou : « lorsqu'un proche du Maire
demande la réduction du coût d'un service, et tu
résistes ; malheur à toi s'il arrive à contacter le
Maire ; il te sera demandé de rendre ce service gratuitement, tu
seras désavoué ».
1-2-6- Recrutement, gestion des agents et relation
professionnelle à couleur politique.
Le recrutement a pour principale fonction de fournir du
personnel pour combler un vide en effectif ou en compétence de sorte
à améliorer les performances et donc la productivité de la
structure qui recrute.
Suivant les résultats du présent travail, les
bases ou les raisons des recrutements à la mairie sont autres. La
principale motivation d'un recrutement serait liée à la
visibilité et à l'impact politique, aux avantages politiques que
pourraient induire ce recrutement. Avec des exemples à l'appui, les
échanges ont montré clairement que derrière chaque
recruté, existe une histoire, mieux une raison politique qui sous-tend
son recrutement. Ainsi, après compilation des données et
informations recueillies, nous pouvons dire que deux principales raisons
motivent les recrutements à la marie d'Ifangni : le besoin de
remercier les parents d'un recruté ou le recruté lui-même
et la volonté de ratisser très large. Cet état de chose
est plus constaté au cours du second mandat comparativement au premier.
Cette envie de satisfaire des besoins inavoués a fait que les
contraintes relatives à un recrutement en termes de procédure ne
sont pas respectées. A travers cette réponse d'un agent de la
mairie très proche du processus de recrutement, « le
recrutement suit la procédure normale. Car depuis l'année 2012,
il y a des reformes allant dans ce sens », il reconnait que ce
n'est qu'en 2012, que la mairie a commencé par respecter les
procédures en matière de recrutement. Et même là
aussi, reste à vérifier si les choses ont vraiment changé
à partir de 2012 ; un Chef d'Arrondissement (du camp opposé
au Maire) nous a confié que pour un recrutement en 2013, les noms des
trois (03) candidats qui devraient être retenus étaient connus
d'avance et qu'à la fin, c'est les trois noms qu'il a cités qui
ont été effectivement recrutés.
En conséquence, la gestion des agents à la
mairie serait intimement liée à leur profil politique. Les
charges et responsabilités des agents au sein de l'administration
communale dépendraient de non seulement leur importance politique mais
surtout du degré de leur engagement sur le terrain. Sur cette base, et
en nous référant aux informations recueillies sur le terrain, il
n'est pas rare que comme le dit l'adage, les attributions d'un maçon
soient confiées à un menuisier et vice versa. Nous avons pu
reconstituer le redéploiement le plus
majeur effectué en 2012 au sein de l'administration
communale.
En voici le résultat :
Tableau 17 : Tableau
présentant la logique d'un déploiement des agents à la
mairie d'Ifangni
SERVICE
|
CHEF SERVICE ENTRANT
|
CHEF SERVICE SORTANT
|
Profil
|
Poste précédemment
occupé
|
Tendance politique
|
Profil
|
Nouveau Poste à occuper
|
Tendance politique
|
Service des Affaires Générales
|
BTS en gestion des ressources humaines
|
Nouvellement recruté
|
Proche du Maire
|
CAP/
Aide Comptable
|
Chef Division des Affaires Sociales
|
Proche des opposants au Maire
|
Secrétariat Administratif
|
Certificat d'Etudes Primaire
|
Sans responsabilité (12 ans de service)
|
Proche du Maire
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CAP/
Employé de Bureau
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Chef Service des Archives, de la Documentation, de
l'Information et de la Communication
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Proche du Maire
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Service des Affaires Financières et Economiques
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CAP / Aide Comptable
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Service des Affaires Financières et Economiques
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Proche du Maire
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Idem
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Idem
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Idem
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Service Technique
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BTS en Génie Civil
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Nouvellement recruté
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Proche du Maire
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License en Génie Civil
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Secrétaire d'Arrondissement
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Proche des opposants au Maire
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Service de la Planification et du Développement Local
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Maîtrise en Science Juridique
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Nouvellement recruté
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Proche du Maire
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BAC D
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Secrétaire d'Arrondissement
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Proche des opposants au Maire
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Service des Affaires Sociales, Culturelles et Sportives
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DUEL 2 en Sociologie
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Nouvellement recruté
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Proche du Maire
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Certificat d'Etudes Primaires
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Chargé de Mission du Maire
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Centriste
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Service de l'Etat Civil et de la Population
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BEPC
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Nouvellement recruté
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Proche du Maire
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Certificat d'Etudes Primaires
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Chef Division des Affaires Domaniales
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Proche du Maire
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Service de Radio et de Transmission
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BEPC
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Service de Radio et de Transmission
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Indépendant
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Idem
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Idem
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Idem
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Service des Affaires Domaniales
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Licence en comptabilité
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Nouvellement recruté
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Proche du Maire
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Maîtrise en Aménagement du Territoire
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Chargé de Plan Foncier Rural
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Proche des opposants au Maire
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Service des Archives, de la Documentation de l'Information et
de la Communication
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CAP/
Employé de Bureau
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Secrétariat Administratif
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Proche du Maire
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BEPC
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Collaborateur
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Centriste
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Parlant des relations professionnelles, bien évidemment
quand les agents sont recrutés et gérés tels que c'est
constaté, les relations de travail entre lesdits agents poseront
problème. Et c'est justement ce que révèlent les
informations recueillies sur place. Les agents forment deux camps plus ou moins
opposés notamment sur le plan de collaboration professionnelle ; le
groupe des agents proches du Maire et celui des agents proches des opposants. A
l'intérieur de chaque camp, le courant passe bien mais entre les deux
camps c'est de la méfiance (relation horizontale à rude
épreuve). Pour ce qui concerne la relation verticale
(employeur-employé), entre l'autorité communale et le camp des
proches du Maire c'est la lune de miel, entre l'autorité et le second
camp, la collaboration n'est pas normale. En effet, dès les premiers
mois de la deuxième mandature, un syndicat a été
créé pour réunir essentiellement les agents proches du
Maire, le seul syndicat existant étant taxé d'être trop
proche du Maire sorti. Ainsi, deux syndicats se partagent les agents de la
mairie ; l'un réuni les proches du Maire et l'autre les proches des
opposants au Maire. Un agent se prononçant sur cette situation,
déclare : « à la mairie, seuls les agents
proches du Maire ont droit de cité, nous autres, sommes
persécutés et poursuivis jusqu'à nos derniers
retranchements ; dépouillés de toute attribution, nous
allons seulement humer l'air à la mairie. » Un autre
agent, comme pour défendre le chef, nous demande :
« comment voulez-vous que le Maire fasse confiance à des
agents qui sont contre lui ? Ils vont saboter ses actions ; le Maire
est avant tout une autorité politique avant d'être
administrative ». Un conseiller communal se prononçant
sur la même situation trouve que : « à la
mairie, le seul critère d'appréciation d'un agent est son
rapprochement ou non au chef ; ni sa compétence, ni sa
disponibilité ne compte; les bons sont les bénis oui oui du
chef ».
Dans la démarche de vouloir comparer l'ampleur de cette
politisation de la gestion des ressources humaines entre les deux mandatures,
la déclaration de l'un des doyens (24 ans de service) a retenu notre
attention :
« c'est vrai que c'est difficile pour un chef de
travailler avec des collaborateurs qui ne partagent pas sa vision politique et
ne le soutiennent pas politiquement ; mais à la première
mandature, la tension n'était pas aussi forte comme maintenant ;
tout le monde ne pourra quand même pas regarder dans la même
direction ».
Par ailleurs, nous voudrions signaler qu'au moment de ce
travail, une procédure de licenciement était en cours contre un
des agents de la mairie.
1-2-7- Des agents de la mairie au service de la
politique en défaveur du développement
A la lueur de tous ces constats posés plus haut, il est
normal de se demander si les agents de la mairie pourraient être
productifs, efficaces. Et cette question a été posée
à certains des enquêtés :
Tableau 18 : Tableau
présentant l'appréciation de l'efficacité des agents de
la mairie d'Ifangni
Si vous devez apprécier l'efficacité des
agents de la mairie sur une échelle de quatre : très
efficaces - moyennement efficaces - peu efficaces - pas efficaces, que
choisirez-vous
|
Nombre
|
Pourcentage
|
très efficaces
|
00
|
00%
|
moyennement efficaces
|
3
|
3,84%
|
peu efficaces
|
19
|
24,35%
|
pas efficaces
|
56
|
71,80%
|
TOTAL
|
78
|
100%
|
Pour cette préoccupation, il a été
prévu le cas échéant, de chercher à avoir les
raisons de l'inefficacité des agents.
Voici les résultats obtenus :
Tableau 19: Tableau présentant
les raisons de l'inefficacité des agents de la mairie d'Ifangni
Quel peut être selon vous, les raisons de cette
inefficacité : manque de compétence - manque de motivation -
politisation des rôles- autres, que choisirez-vous
|
Nombre
|
Pourcentage
|
manque de compétence
|
09
|
12%
|
manque de motivation
|
06
|
08%
|
politisation des rôles
|
58
|
77,33%
|
Autres
|
02
|
02,67%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
Des deux agents de la mairie qui se sont prononcés sur
cette appréciation de nos enquêtés, l'un a
déclaré : « Le seul critère pour
être un bon agent ici, c'est d'être proche du boss et d'être
présent sur le terrain pour la mobilisation des électeurs ;
tout agent qui n'est pas dans cette logique, est dépouillé de ses
attributions et ne participent à rien à la mairie ; ceux qui
sont acquis à cette cause passe tout leur temps même les weekends
à défendre des causes politiques et oublient le travail pour
lequel ils sont recrutés mais restent les meilleurs pour le
chef ».
1-2-8- Les Organisations de la Société
Civile en manque de crédibilité.
Le rôle des organisations de la Société
civile dans la gestion des affaires publiques est toujours salvateur car
censé être épris de l'esprit d'équité et
surtout de prise de position objective. Comme partout ailleurs, elles sont
également présentes à Ifangni et participent comme elles
peuvent à l'amélioration des conditions de vie des populations.
Dans le contexte d'Ifangni, leur crédibilité a été
une préoccupation dans le cadre de cette recherche, c'est pourquoi les
enquêtés en mesure d'apprécier leurs actions de même
que l'attitude de ceux qui les animentont été invités
à se prononcer sur leur rôle dans la commune.
Voici les résultats obtenus :
Tableau 20 : Tableau
présentant l'appréciation des Organisations de la
Société Civile dans la commune d'Ifangni.
Si vous devez apprécier la
crédibilité des acteurs des Organisations de la
Société Civile à Ifangni sur une échelle de
trois : crédible - peu crédible - pas crédible -que
choisirez-vous ?
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Crédible
|
00
|
00%
|
peu crédible
|
06
|
16,21%
|
pas crédible
|
31
|
83,78%
|
TOTAL
|
37
|
100%
|
De ces données, il ressort que la
crédibilité des acteurs de la société civile, dans
la commune d'Ifangni pose problème, les raisons de ce manque de
confiance ont été recherchées.
Les réponses de nos enquêtés sont les
suivantes :
Tableau 21 : Tableau
présentant les raisons de manque de confiance aux acteurs de la
société civile dans la commune d'Ifangni.
Raisons évoquées par les
enquêtés
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Manque de visibilité
|
01
|
2,70%
|
Politique
|
36
|
97,30%
|
TOTAL
|
37
|
100%
|
Ces résultats,de toute évidence, laissent croire
que les acteurs des Organisations de la Société Civile dans la
commune d'Ifangni sont impliqués dans la politique politicienne. Pour
donc en avoir une idée nette, il a été demandé de
fournir des exemples concrets.
Voici les exemples cités :
1-2-8-1- Cas du cadre de concertation de la
société civile
Comme dans plusieurs autres communes, les Organisations de la
Société Civile sont réunies dans un cadre
dénommé Cadre de Concertation des Organisations de la
Société Civile. C'est l'instance de représentation des OSC
au niveau communal. Le Président de ce cadre qui bien entendu est aussi
responsable d'une ONG, aurait été la cheville ouvrière de
la victoire du Maire de la 2ème mandature. Le siège de
son ONG aurait été le Quartier Général de la
campagne pour l'élection du Maire. Au moment de cetterecherche, les
informations font état de ce que le torchon brûlerait entre le
Maire et lui depuis 2010 ce qui a fait que depuis les élections
présidentielles de 2011, il est le représentant communal de
l'Alliance pour le Bénin du Futur (ABT) à Ifangni.
1-2-8-2- Cas du Mécanisme Africain de
l'Evaluation par les Pairs (MAEP)
Le Mécanisme Africain de l'Evaluation par les Pairs
(MAEP), est un dispositif de contrôle citoyen essentiellement
composé des acteurs de la société civile pour aider les
acteurs en charge de la gestion publique à évaluer les
résultats de leurs actions en vue de déceler les points faibles
et de les corriger. A ce titre, le MAEP a mis en place dans chaque commune, une
cellule communale pour faire le travail à l'échelle locale. Le
Président de la cellule d'Ifangni est l'un des leaders du Parti du
Renouveau Démocratique (PRD).
1-2-8-3- Cas de la Cellule de Participation Citoyenne
(CPC)
L'ONG ALCRER et Social Watch mettent en oeuvre dans
quarante-neuf (49) communes du Bénin dont Ifangni, le Programme de
Participation Citoyenne dénommé PaRTICIP. L'objectif principal
est de contribuer au suivi des actions de développement au niveau des
communes et d'amener les populations à s'intéresser d'avantage
à la gestion de leur commune. Pour atteindre cet objectif, des cellules
communales appelées Cellule de Participation Citoyenne (CPC) sont
installées au niveau de chacune des communes et doivent être
constituées uniquement des ONG et Associations de développement.
Le Président de la CPC d'Ifangni qui est bien entendu un responsable
d'ONG se trouve être un candidat malheureux aux élections
communales de 2008 sur une liste de parti politique contre le Maire en
exercice.
Ainsi, suivant les informations recueillies sur le terrain,
les principaux acteurs de la Société civile dans la commune se
trouvent être également de grands politiciens ; on y trouve
des responsables de parti politique, des candidats malheureux aux
élections communales, des agents de la mairie avec des couleurs
politiques affichées et même des Chefs d'Arrondissement.
1-2-9- Les services déconcentrés
relativement épargnés
Les services déconcentrés de l'Etat font partie
des acteurs incontournables dans le processus de développement au niveau
des communes. A ce titre, ils influencent de façon très
substantielle ce processus.
Dans notre curiosité de voir si de leur
côté également existe de prise de position politique, il
faut retenir qu'essentiellement, il y en a pas en dehors de quelques faits
difficilement vérifiables évoqués par certains de nos
enquêtés.
Par exemple, on avance que le Commandant de brigade de
Gendarmerie, sur demande de certains opposants au Maire, effectue des
patrouilles diurnes et nocturnes dans le fief du Maire afin de mettre à
mal son autorité. En effet, au cours de ces contrôles, c'est
souvent des proches (les électeurs) du Maire qui sont
appréhendés. Et les appels à l'intervention du Maire pour
leur libération n'a pas toujours un écho favorable au niveau de
la brigade de gendarmerie ; cette manoeuvre viserait à montrer aux
électeurs du Maire, qu'il n'est pas aussi fort qu'ils le pensent.
De même, du côté de la Recette Perception,
il n'est pas rare de voir le Receveur Percepteur outrepasser ses attributions
du fait de ses accointances avec un quelconque camp politique.
Mais tous ces faits selon l'avis des interviewés,
restent mineurs et difficilement vérifiables.
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