e. Les entreprises et la prise en considération de
la foule dans la création de valeur
Sur les 10 plus grandes marques dans le monde, 9 font appel
à la foule dans leur processus d'évolution de leur produit ou
service. Les entreprises considèrent la foule comme un nouveau gisement
d'opportunité en termes de présence, de disponibilité ou
encore de rapidité de réaction. Elle est une ressource à
la fois abondante, peu chère et motivée.51
Tout autant sur les 10 plus grandes marques dans le monde, une
entreprise renonce encore pour le moment aux concours créatifs en lien
avec la foule pour plusieurs raisons. Cette entreprise est l'une des plus
innovantes et se nomme Apple. Le premier argument de l'organisation c'est la
destruction de l'innovation par la foule.52 En effet, la
création de la foule ne permet pas d'éveiller une innovation car
la foule ne peut concevoir un produit ou un service comme les collaborateurs le
travaillent au quotidien. Ainsi, celle-ci est destructive d'innovation pour
l'entreprise car elle ne permet pas de créer de nouvelles richesses. Le
second argument avancé est la non compréhension des gens sur
leurs propres envies car ils ne connaissent pas leurs besoins tant qu'ils ne le
voient pas. Cette culture de l'entreprise est amplement impulsée par
Steve Jobs, le fondateur d'Apple, dont la vision stricte de l'innovation ne
repose en aucun cas sur les opinions de la foule. 53
Cependant, prenons le cas de Facebook au démarrage du
réseau social. Un besoin rapide de traduction de l'ensemble de sa
plateforme a dû être nécessaire pour une
compréhension linguistique à l'échelle internationale.
N'ayant pas les moyens techniques et financiers, Facebook a fait appel à
sa communauté de « passionnée-compétente » afin
de traduire l'ensemble du site. Les utilisateurs ont fait part gratuitement
d'une aide
50 Les barrières à l'adoption du crowdsourcing pour
innover par Emilie Ruiz, Sébastien Brion et Guy Parmentier, [En
ligne]
51 ESSCA Ecole de management, 9 des 10 plus grandes marques font
appel au crowdsourcing créatif, publié le 17/04/2012 par Yannig
Roth, [En ligne].
52 Tech Crunch, Peter Thiel Is Wrong About Lean Startups,
publié le 09/05/15, [En ligne]
53Andrew Wilkinson, Steve Jobs and the Lean Startup,
publié le 20/03/12, [En ligne]
27
considérable à l'innovation du service. En
effet, lorsque vous traduisiez un texte, un lien vous invitait à «
améliorer cette traduction ». Ainsi, vous pouviez offrir une
meilleure traduction et la soumettre à l'emplacement prévu. 54
L'exemple de Pinterest est tout autant intéressant.
Cette plateforme de réseau social dont la particularité est le
partage de photos regroupant les centres d'intérêt à
travers des albums photos. Disponible en 2010, Pinterest avait besoin d'une
communauté cette fois-ci « compétente-passionnée
» pour le test de son nouveau produit afin de mieux comprendre les usages.
Elle a donc fait appel à une communauté «
compétente-passionnée » via le site BetaList qui permet de
mettre en relation une communauté de testeurs
rémunérés et les entreprises. Cette solution a permis
à Pinterest d'obtenir de la foule d'internautes un retour technique
considérable sur l'amélioration de son service. 55
Le dernier exemple est celui de l'application Diaspora qui
apporte une alternative à Facebook avec une orientation axée
formellement utilisateur. La gouvernance de la plateforme du réseau
social repose sur la communauté pour une plus grande transparence. Pour
mettre à disposition cette plateforme à l'ensemble des
internautes, une campagne de financement auprès des internautes a eu
lieu via le site spécialisé Kickstarter destiné au
financement de projet. Cette solution a permis à Diaspora d'obtenir de
la foule d'internautes plus de 200 000 euros pour le développement de
Diaspora. L'objectif initial de financement a été atteint de plus
20 fois. Ici la communauté est clairement passionnée car nous
sommes proches du don.56
Ainsi nous avons pu voir par l'ensemble de ces cas
d'entreprises que l'appel à la foule est utilisé de
différentes manières. L'unique point commun étant le fait
que l'internaute reste au centre des préoccupations.
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