4.1.2 Présentation et analyses des résultats
du MCE
4.1.2.1 Présentation des résultats du MCE
La représentation à correction d'erreur
proposée par Engle et Granger se déroule en deux étapes
:
? 1ère étape :
Estimation de la relation de long terme
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Réalisé par Fidèle G. AYIKPA et
Patrice DOMINGO
Contribution à l'amélioration du niveau des
dépenses d'infrastructures routières pour soutenir la croissance
économique au Bénin
Dans l'estimation de la relation de long terme, nous avions eu
recours à trois variables auxiliaires D94, D95 et D87 pour marquer
respectivement la dévaluation du FCFA intervenue en 1994 et les effets
observés tout juste au lendemain de celle-ci puis l'instabilité
politique observée en 1987.
Le tableau résumant l'estimation de la relation de long
terme figure à l'annexe 8-1. La relation de long terme est :
LPIB = 12.3703387295 + 0.0976757817229*LDEP
+ 0.141344121723*LCAP_PRIV + 0.408309969015*LMHAT -
0.124387199015*D94
- 0.141389408299*D95 (1)
? 2ème étape :
Estimation de la relation du modèle dynamique (court
terme)
Le tableau présentant l'estimation de la relation du
modèle dynamique figure à l'annexe 8-2. La relation de court
terme est :
D(LPIB) = 0.0338672105856 + 0.019170235293*D(LDEP) -
0.0536708208967*D(LMHAT) + 0.0645473210285*D(LCAP_PRIV) -
0.121887377856*RESIDMLT(-1) - 0.0473215025696*D94 -
0.053269463606*D87
4.1.2.2 Validation et analyses des résultats du
MCE
4.1.2.2.1 Validation du MCE
Il s'agit dans cette rubrique de passer en revue trois points
principaux à savoir : la qualité globale de l'ajustement, la
qualité individuelle des estimateurs et enfin la qualité des
résidus.
Pour se prononcer sur la qualité globale de
l'ajustement dans le cas de la relation de long terme, nous avons fait recours
à la probabilité de la F-statistique de Fisher fourni par le
logiciel Eviews. Dans le présent cas, cette probabilité est
inférieure à 5% (0.000000) : l'hypothèse de nullité
de tous les coefficients est donc rejetée et par suite la relation de
long terme est globalement significative. Ce résultat est conforme
à la valeur de la statistique R2 (0.966492) qui renseigne lui
aussi sur la qualité de l'ajustement selon qu'elle soit proche de
l'unité. De plus, à partir du tableau d'estimation de la relation
de long terme, on remarque que tous les estimateurs sont significativement
différents de zéro (0) dans la mesure où les
probabilités
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Réalisé par Fidèle G. AYIKPA et
Patrice DOMINGO
Contribution à l'amélioration du niveau des
dépenses d'infrastructures routières pour soutenir la croissance
économique au Bénin
correspondantes à chacun d'eux sont inférieures au
seuil critique de 5% (voir annexe
8-1).
En ce qui concerne la relation de court terme, on ne saurait
seulement se lancer sur la significativité du coefficient du terme de
rappel [residmlt(-1)] pour accepter le modèle à correction
d'erreur. En effet, ce coefficient est significativement négatif ; ce
qui permet de ne pas rejeter la relation de court terme. Cependant, il
s'avère aussi indispensable de tenir compte des significativités
globale et individuelle des estimateurs. Lorsqu'on se réfère aux
probabilités associées aux différents paramètres
estimés dans le modèle de court terme, on conclut facilement que
ces derniers sont significatifs aussi bien individuellement que collectivement
sauf le facteur travail (voir annexe 8-2). La relation de court terme est donc
globalement significative. Par ailleurs, les résidus sont normaux, non
autocorrelés et enfin homoscédastiques car les
probabilités des différents tests fournies par le logiciel Eviews
sont supérieures à 5% (voir annexe 9). Quant à la
stabilité du MCE, elle est testée au moyen du « CUSUM Test
» et du « CUSUM of squares Test ». Les deux tests
révèlent que notre modèle est structurellement et
ponctuellement stable, car la courbe ne coupe pas le corridor (voir annexe
9).
4.1.2.2.2 Analyses économiques des
résultats
Les résultats des estimations de l'équation 1
montrent que les variables retenues expliquent à 96,64%
l'évolution du PIB réel à long terme ;
c'est-à-dire qu'elles ont une influence sur la variable
expliquée. Il convient également de signaler que les
résultats obtenus sont ceux attendus puisque les signes de tous les
coefficients sont positifs et sont conformes à ceux prédits par
la théorie économique. L'élasticité du capital
routier est de l'ordre 0,097, ce qui est proche de celle
qu'avaient trouvé Khanam (1996) au Canada et Kwandjeu Kuitcha (2005) au
Cameroun. En revanche, ces résultats s'inscrivent également dans
la moyenne de ceux obtenus par les auteurs travaillant en panel.
Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, une
augmentation de 1% des dépenses d'infrastructures routières
contribuera à augmenter à long terme le PIB du Bénin de
0,097%. Ce qui signifie que les dépenses
d'infrastructures routières influencent significativement la croissance
du PIB à long terme. La relation de long terme indique
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Réalisé par Fidèle G. AYIKPA et
Patrice DOMINGO
Contribution à l'amélioration du niveau des
dépenses d'infrastructures routières pour soutenir la croissance
économique au Bénin
également qu'une augmentation de 1% du stock de capital
privé entraînera une hausse de 0.141% du PIB.
Les dépenses d'infrastructures routières jouent
donc un rôle décisif dans le processus de croissance
économique au Bénin. Ainsi, pour doper la croissance, il serait
nécessaire de créer les conditions favorables pour attirer
l'investissement privé. Ces conditions se résument entre autres
au renforcement des infrastructures publiques en général et
celles liées au transport en particulier. Pour cela, l'Etat se doit tout
d'abord d'accompagner les forces du marché en adoptant une perspective
stratégique, un mode de gestion des systèmes d'infrastructures et
un cadre réglementaire favorable à la modernisation et au
développement des infrastructures. Cela suppose notamment de planifier
les besoins en matière d'investissements et d'identifier les projets
rentables auxquels le secteur privé pourrait être associé.
Cependant, le secteur privé doit aussi jouer un rôle moteur dans
le processus de croissance ; et ceci en renforçant les capacités
de production de l'économie d'où l'importance d'accroître
les investissements privés.
Le coefficient positif du niveau de l'emploi peut
également être justifié par le fait que l'économie
béninoise reste encore largement dominée par le secteur agricole
; celui des petites unités de transformation mais aussi par le secteur
informel qui, avec la crise économique, aurait pris une importance
croissante au Bénin et dont le fonctionnement nécessite
très peu de capital mais beaucoup de facteur travail. Ainsi, toutes
choses égales par ailleurs, une augmentation de 1% du niveau de travail
contribuera à augmenter à long terme le PIB du Bénin de
0,408%.
L'estimation du MCE montre que l'erreur d'équilibre
dénommée aussi résidu décalé d'une
période est statistiquement significatif et présente le signe
attendu. Son coefficient (-0,121) traduit l'effet d'ajustement du PIB à
chaque période à l'équilibre. Le PIB s'ajuste donc
à son niveau d'équilibre de long terme. Ce qui indique que la
représentation à correction d'erreur converge les séries
vers la cible de long terme. La vitesse d'ajustement faible du PIB justifie les
écarts entre certains coefficients de court et de long terme.
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Réalisé par Fidèle G. AYIKPA et
Patrice DOMINGO
Contribution à l'amélioration du niveau des
dépenses d'infrastructures routières pour soutenir la croissance
économique au Bénin
Par ailleurs, l'estimation du MCE met aussi en évidence
la dynamique du taux de croissance du PIB qui dépend du taux de
croissance des dépenses d'infrastructures routières. Mais, le
constat qui est fait ici est que la contribution de cette variable à la
croissance de court terme du PIB est insignifiante. De plus,
l'efficacité des investissements routiers est plus importante à
long terme qu'à court terme car leurs effets sur la croissance du PIB ne
se font pas sentir automatiquement, mais plutôt plusieurs années
après leur réalisation. Ainsi, toutes choses égales par
ailleurs, une augmentation de 1% du taux de croissance des dépenses
d'infrastructures routières élèvera le taux de croissance
du PIB de 0.01% à court terme. Les dépenses d'infrastructures
routières influent donc plus positivement sur la croissance
économique à long terme qu'à court terme au
Bénin.
Au total, l'examen de la pertinence de la dynamique de long
terme montre que les variables envisagées dans le cadre de ce travail de
recherche expliquent la croissance économique au Bénin.
Cependant, une restriction doit être faite sur le signe des coefficients
dans la mesure où ils peuvent avoir plus d'effet sur le niveau de vie
pour le capital routier et positif pour le capital privé. Au vue de ces
conclusions, quelques recommandations s'avèrent pertinentes pour
permettre à l'économie béninoise de relever les principaux
défis auxquels elle est confrontée.
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