6-Définition des concepts
Dans le cadre de cette étude, trois (3) concepts
méritent d'être clarifiés. Il s'agit des concepts de :
pauvreté, commercialisation et de gestion
6-1 Pauvreté
D'étymologie gréco-latine, (du Latin Pauper et
du Grec Penes), le terme de pauvreté renvoie à deux notions: la
pénurie et un état d'esprit. La pauvreté est un concept
multidimensionnel et complexe, généralement
représenté sous trois dimensions : la dimension monétaire,
la dimension sociologique et la dimension psychologique.
La dimension monétaire est celle des économistes
en général. Ceux-ci la retiennent traditionnellement comme
critère, le niveau de revenu de l'individu. Elle renferme le manque ou
la non satisfaction des besoins vitaux et désigne la consommation par
tête ou niveau de revenu personnel dont une personne dispose. Le PNUD la
définit comme le manque de revenu adéquate le plus faible ou de
la capacité d'engager les dépenses correspondantes. A cet effet
le PNUD distingue deux grands types de pauvreté monétaire
à savoir la pauvreté relative et la pauvreté absolue.
La pauvreté relative désigne une situation dans
laquelle le mode de vie et le revenu de certaines personnes se situent
en-deçà du niveau général de vie dans le pays ou la
région où ces personnes vivent. La gravité du
problème varie d'un pays à un autre en fonction du niveau de vie
de la majorité des citoyens. Une personne est reconnue comme vivant dans
cette tranche de pauvreté si son revenu et ses ressources sont
insuffisants au point de l'empêcher d'avoir un niveau de vie
considéré comme acceptable pour la
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société dans laquelle il vit (PNUD, 1998). En
Côte d'Ivoire est pauvre; celui qui a une dépense de consommation
inférieur à 241145 FCFA par an, soit 661 FCFA par jour (DSRP,
2009).
La pauvreté absolue est définie par rapport
à ce que l'on appelle le «minimum vital». En d'autres termes,
on considère qu'il y a des exigences minimales pour une vie
«décente», en deçà desquelles l'individu tombe
dans la catégorie des «pauvres». Dans ce domaine, l'un des
instruments les plus couramment utilisés est le niveau de revenus: si
les revenus d'un individu ou d'une famille se situent en dessous d'un certain
niveau considéré comme le niveau minimum pour un mode de vie
convenable, cette personne ou ce foyer est considéré comme
«pauvre». Elle est définie par une norme fixe, Par exemple, le
seuil international de pauvreté d'un Dollar (US) par jour.
La pauvreté sociologique est vécue du point de
vue collectif et s'exprime en termes de conditions d'existence, de capital
humain, d'exclusion sociale et perception générale. Elle
désigne un manque tel que le partage des formes de vie communes et la
coopération dans les activités habituelles de la
société dans laquelle l'on vit (Fragnière et Girod, 2002).
La non satisfaction des besoins jugés vitaux, les difficultés
financières, l'environnement épidémiologique, la
disponibilité de services sanitaires, la nature de la couverture sociale
et l'accès à l'éducation font partie des facteurs
déterminants à la qualité de vie (Sylla, 2004).
La pauvreté constitue un groupe homogène qui
partage à la fois des caractéristiques et un destin commun. Les
conséquences de cette dynamique de la pauvreté sont diverses.
D'abord elles signalent l'importance de considérer la pauvreté
sur la longue durée plutôt que de centrer l'attention
exclusivement sur un moment en particulier (Schecter et Paquet, 2000). La
pauvreté est la privation de possibilités de choix et d'occasions
qui
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permettraient aux individus de mener une vie décente
(MESS, 2002). Pour Adam Smith, une personne pauvre est celle « qui n'a pas
le moyen de participer à la vie sociale » (Smith, 1776). Selon
Henry, le pauvre est soit un individu qui de par lui-même est incapable
de subvenir à ses besoins essentiels, soit une personne qui se satisfait
de peu, en ce sens, la pauvreté est une vertu (Henry, 1990).
Pour Simmel, la pauvreté est l'assistance qu'une
personne reçoit de la collectivité qui détermine son
statut de pauvre (Simmel, 1907). Il donne une définition de la
pauvreté, permet une compréhension des modes de constitution de
la catégorie des pauvres et le lien qui la rattache à la
société.
La pauvreté psychologique est vécue au plan
individuel. Elle n'est pas seulement l'insuffisance du revenu, mais elle
comporte aussi les « dimensions d'avoir, de savoir et de pouvoir, qui
limitent la possibilité de se développer et qui entravent le
bien-être individuel (MESS, 2002). Selon Robichaud, vivre dans la
pauvreté, c'est aussi : « [...] vivre les préoccupations qui
se rattachent aux privations, c'est se percevoir à travers ce que les
autres nous communiquent, c'est vivre avec l'image que l'on a de soi. C'est
aussi avoir une image très nette de la société qui nous
entoure, de ses structures et du rôle qu'on y joue... ou qu'on n'y joue
pas. C'est chercher au-delà des misères quotidiennes ce qui
permet de tenir le coup et de contrer ou de réduire les effets multiples
de manques tout aussi multiples... C'est également espérer qu'un
jour cette situation change » (Robichaud et al, 1994, P.18),
Dans cet ordre d'idées, l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE) a fait
valoir qu'il faudrait considérer le concept de la pauvreté non
pas comme la privation des besoins absolument essentiels (nourriture,
habillement, logement), mais comme l'exclusion du
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mode de vie auquel les autres ont largement accès dans
la même société. (OCDE (2001), dans CCDS, 2007).
L'Organisation Internationale du Travail (OIT) quant à elle, mesure la
pauvreté d'après le nombre d'heures de travail
rémunérées requis pour acheter certains biens. En passant
par de nombreux auteurs, on note que pour examiner la pauvreté on doit
tenir compte du contexte social, des valeurs et des pratiques culturelles de la
société et de l'environnement. Le paradoxe que relèvent
ces approches de la notion de pauvreté serait à la base des
diverses acceptions.
Dans le cas précis de notre recherche, le terme de
pauvreté désigne une personne ou un groupe de personnes disposant
des revenus adéquats pouvant faire face à ses besoins dont le
mode d'utilisation de ces revenus met la personne dans une situation où
elle se trouve dans l'incapacité de subvenir à ses besoins
essentiels tels que l'alimentation, la santé, le logement,
l'éducation.
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