7-2-Condition de commercialisation : rapport prix et
pauvreté
Hine et Ellis (1998) mettent en exergue l'impact des
coûts de transport sur le développement agricole. Ils montrent que
le prix de vente final auquel les producteurs vendent leurs produits agricoles
dépend de l'efficacité des systèmes de transport. Les
marges sur le prix de vente ainsi que les coûts de transports sont
retranchés du prix du marché. C'est en ce sens qu'ils
établissent une comparaison entre les producteurs africains et les
producteurs asiatiques. Les producteurs africains ne reçoivent que 30
à 50% du prix du marché alors que ceux de L'Asie reçoivent
70 à 85%. Pour eux, cette différence réside surtout dans
les coûts de transport.
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Même si ces auteurs n'abordent pas la filière
anacarde proprement dite, ils apportent cependant un éclairage sur les
mécanismes et les logiques qui favorisent l'instabilité des prix
de vente des produits agricoles et sa corrélation sur les conditions de
vie des paysans.
Dans la même lancée, Quenum (2002) dans son
rapport, met l'accent sur les fluctuations brusques et les
caractéristiques auxquelles la production mondiale de l'anacarde est
soumise. En effet, les variations observées en Afrique, sont dues le
plus souvent aux récoltes abondantes ou faibles enregistrées dans
certains pays. En outre, la monopolisation de la destination américaine
n'est pas à négliger. C'est en ce sens qu'il affirme :
« Le marché des Etats-Unis joue un rôle
fondamental dans le commerce de l'anacarde et de l'amande de cajou. Ce
marché représente 50 % du total des importations mondiales »
Quenum (2002 P.5).De ce fait, il dicte les prix mondiaux.
L'auteur a permis de comprendre à certains
égards les facteurs explicatifs de l'instabilité du marché
de la noix de cajou à l'échelle mondiale. Par contre, il ne
permis pas d'apercevoir ou d'appréhender la relation commerciale de
l'anacarde et la pauvreté, à un degré moindre rapport mode
de gestion de revenus et lutte contre la pauvreté.
Pour leur part, Lothoré et Delmas (2004), après
avoir mis en exergue l'irrégularité des productions agricoles
à laquelle le continent africain fait face, parlent du non ajustement
spontané entre l'offre et la demande des produits agricoles. En outre,
l'asymétrie d'accès et de niveau d'information, les taxes
formelles et informelles génèrent des coûts
élevés et l'instabilité des prix. Ces facteurs traduisent
l'incertitude et la faiblesse des prix pour les producteurs et incitent peu
ceux-ci à risquer des investissements dans la production sur le moyen et
long terme. Ils poursuivent que cela a un impact
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sur le pouvoir d'achat des populations.
De ce qui précède, nous pouvons dire que le
rapport de ces auteurs a permis de repérer la part des taxes sur le
prix. Ensuite, ils ont le mérite de montrer que ces facteurs amenuisent
les revenus des populations à cause de la réticence
d'investissements dans la production. Enfin, il convient de retenir de ce
rapport qu'il faut chercher des mesures coercitives afin que les populations
bénéficient de leurs récoltes. Mais, ces auteurs
n'abordent pas la contribution de la gestion des revenus sur la lutte contre la
pauvreté.
A la suite de ces auteurs, (Bukobero, 2013) relate les
difficultés d'écoulement des produits agricoles liées
faiblesse, à l'irrégularité et aux prix non
rémunérateurs. Pourtant, c'est avec les revenus issus de la vente
des produits que les producteurs arrivent à satisfaire leurs besoins
immédiats. Face à cet état de fait, Le paysan est souvent
obligé de recourir à la commercialisation de sa récolte
quel qu'en soit le prix. Et dans cette transaction, le producteur sort rarement
gagnant face à la concurrence des produits, le non ajustement de
l'offre, de la demande, et le faible accès au crédit.
En plus, la dispersion des producteurs les oblige à
avoir un accès limité à l'information sur les
marchés se retrouvant ainsi très souvent en situation non
compétitives face à des commerçants « aguerris »
en position dominante.
Ce travail de l'auteur contribue à la
compréhension du rapport entre le prix des produits agricoles et les
conditions de vie des producteurs burundais et au-delà, son rapport avec
la pauvreté. Toutefois, le cas échéant de la
commercialisation de la noix de cajou n'a pas été
évoqué.
A la lumière de tout ce qui précède, nous
attestons que ces auteurs, à leurs différents niveaux, nous
édifient clairement sur le rapport entre
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l'instabilité des prix et les conditions de vie des
producteurs et reconnaissent que ceux-ci ne sont pas
rémunérés à la hauteur de leurs efforts fournis.
Les auteurs, s'ils ont le mérite de nous amener
à s'imprégner de la dimension économique de la
filière, leurs analyses n'établissent aucun rapport entre la
gestion des revenus et la pauvreté.
Conséquemment, leurs études ne nous permettent
pas de saisir à un degré moindre, les raisons explicatives de la
pauvreté, son rapport avec le mode de gestion des revenus dans la
commercialisation de la filière anacarde.
Cette phase de lecture nous a permis de mieux cerner les
contours du problème, de savoir à quel point le thème de
la recherche s'inscrit dans le champ des connaissances scientifiques.
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