INTRODUCTI0N
Qu'était Auguste Sérieyx ? Un compositeur, un
théoricien, un professeur, un musicologue ? Ce sont les qualificatifs
apposés à son nom dans les dictionnaires et encyclopédies.
Le présent mémoire propose de vérifier l'adéquation
de ces épithètes, d'en ajouter peut-être et de s'interroger
sur l'opportunité d'en privilégier l'un ou l'autre.
Seule la chronologie très soignée de Jean-Louis
Matthey figurant au début de l'Inventaire du FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX remplaçait jusqu'ici une biographie que nous avons donc
essayé d'écrire et qui constitue la première partie. de
notre travail. Divisée en trois chapitres, elle présente trois
périodes d'inégale durée de la vie de Sérieyx.
La première (1865-1897) retrace sa longue
préparation à sa situation de musicien au plein sens du terme.
Nous entamons le dernier tiers du XIXème siècle
Albéric Magnard est né cinq jours avant
Sérieyx, Paul Dukas en octobre 1865 et tous trois se retrouveront en
1897, à la Schola Cantorum. La France de cette époque se
relève difficilement de la défaite de 1870, tout en faisant
preuve d'un réel dynamisme, entre autres domaines par ses progrès
techniques que Sérieyx saluera souvent au passage. Pour ces
années-ci, nous avons puisé un maximum de renseignements dans son
Livre de Raison (Fonds Auguste Sérieyx 501), rédigé
pendant sa vieillesse à partir de carnets journaliers tenus
ponctuellement et dont une partie est conservée à la B.C.U. de
Lausanne.
Le deuxième chapitre (1897-1914), le plus long des
trois, couvre la période la plus courte mais il s'agit des années
les plus denses de sa vie. Nous sommes en pleine « Belle
Époque » et Paris joue plus que jamais son rôle de
capitale artistique du monde entier. On y écoute et joue toujours plus
de musique, variant selon les milieux sociaux mais l'opérette attire
l'éventail de public le plus large. C'est la période où
Sérieyx étudie, puis enseigne à la Schola et accepte des
fonctions de critique musical. I1 se passionne pour les opéras de Wagner
qu'il a d'abord vus à Bayreuth puis à Paris, restant trop discret
peut-être à l'égard des « Ballets
russes » (un seul article à notre connaissance entre 1908 et
1912).
Pour rédiger ce second chapitre (et la fin du premier),
nous avons utilisé non seulement le Livre de Raison mais la
partie transcrite des notes en sténotypie d'entretiens datant de 1945.
Des notes détaillées de 1909 à 1913 et déjà
des dossiers de correspondance ont complété notre information.
Le Livre de Raison II terminé par Madame
Bouët-Sérieyx, sa seconde épouse, s'arrête en 1931 (la
suite étant encore en sa possession). Pour la rédaction du
troisième chapitre (1914-1949), nous avons donc recouru à des
témoignages directs ou à des documents dispersés sous
différentes rubriques du FONDS AUGUSTE SÉRIEYX. Nous n'avons pu,
jusqu'ici, dépouiller tous les dossiers de correspondance. Leur lecture,
plus particulièrement celle des échanges de lettres avec C.Chaix,
G.Pantillon et G. Martin Witkowski présentera sans doute un grand
intérêt pour compléter un jour la dernière partie de
cette biographie. Celle-ci aurait pu, certes, être
développée davantage, vu la masse d'informations encore non
exploitées, mais nous osons espérer qu'elle forme un tout
cohérent et provisoirement suffisant.
Dans notre essai, en seconde partie, d'approcher l'oeuvre de
Sérieyx, nous n'avons, en revanche, pas d'autre prétention que
celle d'entrouvrir quelques portes qu'il faudra bien franchir un jour. Nous
essayerons d'y conserver un parallélisme chronologique avec la
première partie pour mieux suivre l'évolution du compositeur et
du théoricien.
Le chapitre IV concerne le compositeur, à propos duquel
nous citerons quelques lignes d'un projet d'article de M-L. Sérieyx,
datant de 1974
I1 n'est que de comparer la Sonate pour violon et piano (1904)
à la série des 24 Motets sur des textes de l'Imitation de
Jésus-Christ, ou aux Trois pièces pour grand orgue pour constater
que l'harmoniste de formation traditionnelle qui arrivait chez d'Indy
s'était petit à petit transformé en un polyphoniste
convaincu. Attiré comme Koechlin, Migot et .d'autres, par les richesses
modales que l'époque classique avait quelque peu
négligées, il se laissa envoûter par la pureté et la
profondeur du chant grégorien. Adepte enthousiaste de la réforme
solesmienne approuvée et encouragée par Pie X, il s'attacha
à enrichir ses cantilènes d'harmonies respectueusement modulantes
et toujours modales.
Au chapitre V, nous proposons, avec un commentaire, les
indications utiles pour creuser plus avant quelques textes originaux, le plan
de ces deux ouvrages essentiels, des listes d'articles de conférences
etc. I1 a fallu encore nous limiter et nous avons, en règle
générale, sélectionné les documents datés en
laissant de côté les autres.
Nous souhaitons que-notre choix mette en évidence
l'évolution constante de Sérieyx vers plus de simplicité.
Au fil des ans, il n'a pas cherché comment atteindre le plus grand
nombre (cet objectif, pourtant légitime, n'entrait pas dans ses vues).
Mais à tous ceux « entrés en musique » et
désireux d'y avancer en ne cessant d'approfondir leurs connaissances, il
a proposé un cheminement.
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