II. La frontière sauvage/domestique ou comment
les habitants des villages de
montagne délimitent, au niveau symbolique, leur
environnement ?
A : Évolution socio-économique des
territoires de montagne et conséquences en termes d'occupation
des espaces naturels
B : Découpage « traditionnel » de
l'espace
C : Déplacements de frontières
QUATRIÈME PARTIE : IMPLICATIONS
SOCIO-POLITIQUES
I. Résistance au pouvoir central : le local face
au global
II. Conséquences dans la société
locale
III. Les liens entre pastoralisme et
environnement
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ANNEXE
|
36
37
38
39
42
45
|
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tous ceux qui ont permis
à ce mémoire de voir le jour et plus particulièrement
toutes les personnes qui ont accepté de me recevoir. Merci à
Bernard et Andréa pour leur accueil chaleureux.
Je souhaite également remercier tout
particulièrement les membres du jury d'avoir pris le temps de se pencher
sur mon travail.
Enfin, un très grand merci à
Marlène Albert-Llorca pour m'avoir dirigée et conseillée
dans la réalisation de ce mémoire.
1
INTRODUCTION
Les zones de montagne, par leurs hauts reliefs peu
anthropisés et l'exceptionnalité de certains sites sont
parmi les premières zones à avoir été l'objet
d'attentions particulières et érigées au rang de
patrimoine naturel; ce qui a donné lieu à différents types
de politiques de protection de la nature comme les parcs nationaux, mais aussi
à d'autres modalités de gestion des espaces
naturels permettant de mettre « entre parenthèses » certains
espaces et certaines espèces quant à l'impact que
l'activité humaine pouvait avoir sur eux.
Le projet de restauration d'une population d'ours dans les
Pyrénées est un des aspects de ces politiques publiques
de protection de la nature. Et, dans ce contexte, les différents
discours tenus à propos des ours et du projet de restauration d'une
population d'ours permettent de rendre compte d'abord de la
variété des images de l'ours que ce soit dans le
contexte passé et actuel. Mais aussi de tout ce qui est en jeu, autour
de cette politique de restauration d'une certaine biodiversité, pour les
habitants de la chaîne pyrénéenne. La gestion des espaces
et des espèces naturels apparaissent comme un enjeu majeur pour les
différents groupes d'acteurs qui y
participent.
La modification des statuts de ces espaces et
espèces a entrainé une reconfiguration, une multiplication, une
superposition des images que les gens ont du monde végétal ou
animal. Dans ce contexte, la réintroduction des ours a mis à jour
et exacerbé des conflits d'intérêts et de
représentations préexistants notamment dans les domaines
de la protection de l'environnement et de l'agropastoralisme. Aussi,
l'ours concentre-il sur lui tout un panel de discours
englobant l'ensemble des équilibres et des enjeux, actuels mais
aussi passés, relatifs aux territoires de montagne.
Dans un premier temps, je m'étais
intéressée à des personnes concernées de
près par ce sujet et activement engagées dans la mise en
oeuvre du programme de réintroduction ou contraire activement
engagées à son encontre : éleveurs, agents de
l'ONCFS1 et de l'Equipe Technique du suivi de l'Ours, membres actifs
de l'ASPAP (Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de l'Ariège et
des Pyrénées, qui regroupe les personnes opposées au
programme de réintroduction dans le département de
l'Ariège) etc. Ce premier travail m'avait permis de
constater qu'il y avait souvent un lien entre les représentations de la
nature qu'ont les individus et leur avis sur le projet de
réintroduction. D'une manière générale,
ceux qui s'opposent au projet valorisent une nature
humanisée, culturelle alors que ceux qui le soutiennent valorisent bien
souvent la nature dite « sauvage ». J'avais également
décrit dans
1 Office National de la Chasse et de la Faune
Sauvage.
2
un précédent mémoire les
processus mis en oeuvre par les opposants pour contrer le projet et
comment leur action s'était structurée au sein
d'associations.
Les questions auxquelles je tenterai
d'apporter quelques éléments de réponses ici sont
les suivantes : comment a évolué le statut de l'ours en
France et quelle influence cela a-t-il sur la
variabilité des images de l'ours dans les Pyrénées
actuelles ? Quelles sont les implications de ce statut et de
ces différentes images dans la place qui lui est assignée ou
qu'on souhaiterait lui assigner dans les espaces de montagne ?
Et qu'est ce que cela nous révèle du contexte social et
politique au sein duquel sa réintroduction cause de sérieux
clivages ? Ce type de questionnement a été traité à
propos des animaux sauvages par différents chercheurs dont les
résultats ont notamment été publiés dans
l'ouvrage collectif publié, sous la direction de
Stéphane Frioux et Émilie-Anne Pépy, en 2009 et
intitulé : L'animal sauvage entre nuisance et
patrimoine.
Après avoir présenté le contexte
de mon étude, par un bref retour historique j'ai
souhaité montrer quelle a pu être
l'évolution du statut et de l'image de l'ours et en
quoi cela peut permettre d'apporter des éléments de
compréhension à ce qui se passe actuellement pour les
populations de montagne confrontées au retour des ours. Ensuite, je
souhaite apporter quelques éclairages sur la variété des
images de l'ours que l'on peut rencontrer de nos jours dans
les Pyrénées, et qui, chez certains, se sont radicalisées
au fil du temps dans le contexte de l'opposition qui existe
entre les défenseurs et les détracteurs de la
réintroduction. Cette radicalisation des discours
n'empêche pas une large palette de discours possibles
que j'ai souhaité illustrer à travers la
présentation de deux portraits de personnes aux discours plus
nuancés, qui se rejoignent d'ailleurs sur de nombreux
points malgré un avis quelque peu différent au sujet des
réintroductions. C'est ensuite la question de la place
de l'ours et de la faune sauvage dans le territoire que
j'aborderai car il me semble que les frontières ont
évolué dans le contexte de la déprise
agricole.
Dans la quatrième partie, nous verrons comment
les opposants à la réintroduction inscrivent leur combat dans une
sorte de tradition de résistance face au pouvoir central et quelques
unes des répercussions qu'il y a eu dans la
société locale. Au final j'aborderai la
question des rapports entre le pastoralisme et les politiques de
l'environnement et comment on assiste depuis presque deux
décennies à un rapprochement de ces domaines. C'est
à dire depuis que l'on cherche à
impliquer le monde agricole dans les questions la protection de
l'environnement. Une part des acteurs du domaine agropastoral
s'y intéresse également, notamment en cherchant
à tendre vers la production d'aliments de « haute
qualité gustative », obtenus par des moyens de production
respectueux de l'environnement.
3
|