C : Des discours très divergents entre les «
pro-ours » et les « anti-ours »
1/ Sur sa dangerosité.
Les défenseurs de l'ours mettent en avant le
caractère craintif, solitaire et discret du plantigrade : «
l'ours fuit l'homme et n'est pas agressif ». Ils
rappellent néanmoins que, comme de nombreuses autres espèces
sauvages ou domestiques, il peut éventuellement être dangereux
dans certaines circonstances de rencontres : une femelle suitée
(accompagnée de ses petits), un animal surpris ou blessé ; mais
dans les Pyrénées « aucun homme n'est mort
depuis 1850 » et si les ours s'approchent parfois des
habitations, « cela ne constitue pas pour autant un
danger, l'ours fuyant à la première perception de présence
humaine »14. L'ours est donc
présenté comme pas particulièrement dangereux, en tout cas
pas plus que d'autres animaux qui sont bien plus nombreux que les ours
tels que les sangliers ou les cerfs par exemple.
Au contraire, certains opposants à la
réintroduction estiment que les ours réintroduits n'ont
pas peur de l'homme car ils n'hésitent pas à s'aventurer
près des villages, ce qui les rendrait potentiellement dangereux
et surtout peut entraîner un sentiment
d'insécurité dû à la présence d'ours aux
abords des villages et des exploitations agricoles situés en zone
intermédiaire, notamment au printemps. Voici comment ce point
est présenté dans une plaquette éditée par
l'Aspap : « l'ours attaque l'homme, c'est rare mais c'est
vrai, le risque zéro n'existe pas ». Ce sentiment
d'insécurité est comparé par certains à
l'insécurité qui peut régner dans certaines grandes
villes, l'ours apparaît ici comme un être «
déviant » et potentiellement dangereux. « Chaque fois
qu'il y a une première attaque c'est au printemps [...] on sort plus, on
ne laisse plus les enfants dehors, [...] d'un coup on se dit on est
agressé, un peu comme si on vivait au centre ville et
qu'il y avait des agressions sur des gens... » (Mme Joly,
femme d'un éleveur).
14 Les passages entre guillemets sont des extraits
de plaquettes éditées par des associations militant pour la
réintroduction des ours.
19
2/ Sur son régime alimentaire.
Les défenseurs des ours valorisent le
caractère opportuniste, omnivore et plutôt
végétarien de l'ours en s'appuyant sur les
résultats des analyses scientifiques réalisées à
partir de leurs excréments. L'ours y apparait comme
végétarien à 70%, et la part de son alimentation animale
composée en grande partie d'insectes comme les fourmis. Au contraire, et
en s'appuyant sur le caractère dit « opportuniste
» de l'animal, ses détracteurs mettent en avant
l'idée que les ours se nourrissent de ce qui est le plus facile à
attraper et le plus « nourrissant ». Ce point de vue est des
fois accentué par une idée assez répandue selon laquelle
les ours réintroduits seraient plus carnivores car ils auraient
été nourris avec des carcasses d'animaux en
Slovénie, ce qui aurait modifié leur comportement alimentaire au
fil des générations.
« Quand ils ont gouté à la viande,
ils ne mangent quasiment plus que ça l'été
». (un
éleveur )
« La brebis, en terme de recherche de
protéines animales, c'est super facile à attraper, ce
sont des opportunistes ». (Jérôme, accompagnateur en montagne
et agent territorial)
« Ces ours slovènes, amenés, qui
vivent à 600, 700 mètres d'altitude, qui ont des
comportements tout autres que nos ours pyrénéens nous
ennuient, ce sont des viandards, ils ont été nourris, ils restent
habitués à cette viande ». (Un éleveur).
|