2.1.4.3- Effets sur la reproduction
La possibilité d'un risque d'augmentation des
avortements et des malformations suite à une exposition aux agents
anesthésiques par inhalation reste un objet de controverse. Cependant,
dans plus de 10 études rétrospectives chez des femmes ayant
travaillé avant ou durant leur grossesse dans des salles
d'opération, une fréquence d'avortements spontanés
augmentée de 1,5 à 2 fois a été constaté.
Une telle augmentation d'avortements spontanés a aussi été
démontrée chez les épouses d'hommes exposés (
Rùgger, 1998).
Selon Colavolpe cité par Arnaud Bassez( 2012 ), les
études animales et les enquêtes épidémiologiques
réalisées durant la période 1970-1985 ont surestimé
les effets des gaz anesthésiques présents à l'état
de traces dans l'atmosphère de travail sur la santé des
personnels : atteinte de la fonction de reproduction (avortements
spontanés, baisse de la fertilité, malformations
congénitales), survenue de certains cancers,
hépatotoxicité, neurotoxicité, altérations de
l'hématopoïèse et du système immunitaire.
2.1.4.4- Effets sur le système nerveux
Le personnel des blocs opératoires se plaint
fréquemment de nausées, de troubles de l'humeur,
d'irritabilité, de fatigue, de céphalées.
D' après Saurel- Cubizolles cité par Arnaud
Bassez, le syndrome neuropsychologique décrit en France est une
association d'au moins deux des trois symptômes suivants
(céphalées, vertiges, ralentissement des réactions).Il
s'observerait chez 22 % des personnels de bloc lorsque le taux de
renouvellement de l'air est inférieur à 10 vol /h. La
surmortalité par suicide observée chez les anesthésistes
mâles anglais par rapport aux hommes de condition sociale similaire est
en fait identique à celle d'autres médecins.Une enquête
récente, menée auprès des infirmières
anesthésistes suédoises, fait état d'une incidence accrue
de scléroses en plaques.
2.1.4.5- Toxicité hépatique
Selon Gomis(2005), la toxicité hépatique des
agents halogénés est d'origine immunoallergique liée
à la production d'acide trifluoroacétique, produit du
métabolisme de l'halothane, de l'isoflurane et du desflurane. Plus le
métabolisme de l'agent halogéné est important, plus la
quantité de néoantigènes formés est importante et
plus le risque d'hépatite cytolytique est élevé. Ainsi, en
cas d'utilisation d'halothane qui est métabolisé à 20 %,
son incidence est d'environ 1/10 000 anesthésies chez l'adulte. Elle
serait plus faible chez l'enfant, de l'ordre de 1/200 000. Avec les autres
agents halogénés, la fréquence de l'hépatite est
très faible et n'est à l'origine que de publications sous forme
de cas isolés d'autant plus rares que le métabolisme de l'agent
est faible. Bien qu'exceptionnel avec les agents utilisés aujourd'hui,
le diagnostic doit être évoqué devant la survenue d'une
fièvre élevée 3 à 5 jours après une
anesthésie, de nausées, vomissements, d'un rash cutané et
d'un ictère, particulièrement chez la femme obèse et/ou
après anesthésies répétées. À
l'exception de l'halothane, aucune toxicité hépatique directe non
immunoallergique n'a été décrite avec les autres agents
halogénés, y compris lesévoflurane. Après
anesthésie avec de l'halothane, jusqu'à 12 % des patients peuvent
présenter une cytolyse hépatique biologique. Cette
toxicité peut s'exprimer cliniquement sous forme d'un ictère
postopératoire. Les lésions hépatiques
résulteraient de la formation excessive de radicaux libres.
En effet, selon de nombreuses études,
tant chez l'homme que chez l'animal, l'exposition répétée
à l'halothane peut être très toxique via la synthèse
de métabolites toxiques. Ces métabolites entrainent des
hépatites parfois mortelles, des problèmes de reproduction
(teratogénicité, embryotoxicité), une dépression du
système nerveux, ou encore des anomalies congénitales (Smith,
1993).
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