Section 2 : Approche théorique
La rigueur scientifique à laquelle tout chercheur est
soumis, l'oblige à s'inscrire dans une perspective bien précise
qui sous-tend sa démarche. Car, le processus d'une recherche est soumis
aux lois scientifiques qui déterminent le mode de pensée du
chercheur.
Quant à ce qui nous concerne, nous avons opté
pour les «théories précurseurs des médias » en
se basant sur un aspect qui est en rapport avec notre travail. Nous avons
recouru à cette théorie pour bien décrire analyser les
dépêches de l'agence Congolaise de Presse. Ces théories
nous permettront aussi de décrire la politique de traitement des
nouvelles publiées par l'ACP.
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Selon Tarde et Tocqueville, la presse est celle qui diffuse
des actualités, des opinions, des témoignages, des chroniques
littéraires, judiciaires, etc. Elle unifie, vivifie les conversations,
les uniformises dans l'espace et le diversifie dans le temps. Tous les matins,
écrit Tarde, les journaux servent à leurs publics la conversation
de la journée.
On peut être à peu près sûr à
chaque instant du sujet des entretiens entre hommes qui causent dans un cercle,
dans un fumoir, dans une salle des pas perdus. Mais le rôle social de la
pensée, selon Tarde, est moins dans ce qu'elle offre que dans ce qu'elle
permet : un lien spirituel entre des individus dispersés. Ainsi les
actualités suscitent-elles moins la curiosité des individus pour
ce qu'elles racontent que pour ce qu'elles permettent de partager à
distance ou en présence avec d'autres. Ecrit Tarde : »j'ouvre un
journal que je crois du jour, et j'y lis avec avidité certaines
nouvelles, puis je m'aperçois qu'il date d'un mois, ou de la veille, et
il cesse aussitôt de m'intéresser. D'où provient ce
dégout subit ? Les faits racontés ont-ils perdu de leur
intérêt intrinsèque ? Non, mais nous nous disons que nous
sommes seuls à lire, et cela suffit ». Cela prouve donc que notre
vive curiosité tenait à l'illusion inconsciente que notre
sentiment nous était commun avec un grand nombre d'esprit. (Sacriste,
V., 20071, p.279).
Quant à l'influence des journaux, la presse diffuse les
informations et des opinions mais pour le psycho-sociologue, il ne fait aucun
doute que les informations diffusées par les journaux ne se font pas en
toute objectivité. Elles sont sélectionnées, construites
et donc nécessairement orientées.
Le journalisme est une pompe aspirante et foulante
d'informations qui, reçues de tous les points du globe, chaque matin,
sont, le jour même, propagées sur tous les points du globe en ce
qu'elles ont ou apparaissent avoir d'intéressant au journaliste, eu
égard au début qu'il poursuit et au parti dont il est la voix.
Ce pendant Tarde précise : le lecteur a choisi son
journal, le journal a trié ses lecteurs, il y a eu mutuelle
sélection, d'où mutuelle adaptation. Ainsi, il existe bien une
sélection, une orientation et une hiérarchisation de
l'information comme le redécouvriront plus tard les auteurs de la
thèse de l'agenda setting (MC Combes et show).
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Toutefois, ce qu'ils oublieront, à la différence
de Tarde, c'est que le traitement de l'information obéit à une
construction et que les publics s'exposent de façon diversifiée
aux contenus et aux agendas constitués : le journaliste traite
l'information en fonction de l'idéologie du journal. Autrement dit, la
communication de la presse se fonde sur une prise en compte réciproque
des intérêts. (Sacriste, V., opcite.280)
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