La faillite du processus démocratique en Afrique( Télécharger le fichier original )par Honoré EBENGO ALFANI Université de Lubumbashi RDC - Licence en relations internationales 2011 |
CHAPITRE III LES DIFFICULTES DE LA DEMOCRATIE EN COTE D'IVOIRECe chapitre qui constitue la moelle épinière de notre étude analysera l'ivoirité, les facteurs économiques dans la crise ivoirienne et le contexte socio-politique afin de mieux comprendre l'origine des difficultés de la démocratie en Côte d'ivoire. Section 1 l'ivoirité§ 1. Le débat sur l'ivoiritéDepuis le retour au multipartisme en avril, il y a un dévelop-pement excessif du politique34(*) en Côte d'ivoire comme partout ailleurs en Afrique. Pierre NIAVA expliquait ce concept par rapport à l'émergence de la culture ivoirienne qui selon, lui, devrait être partagée par tous les africains « une civilisation ivoirienne dynamique et intégrale où l'homme ivoirien dans la Nation ivoirienne serait à la fois le sujet et l'objet35(*) A partir des années 90, ce concept avait perdu son sens initial ; il ne sert que les intérêts politiques. Sous l'ivresse de la liberté d'expression politique, la population ivoirienne se trouve en face de plusieurs partis politiques. En 1995, après la mort de Monsieur Félix-Houphouët Boigny, le président Henry KONAN BEDIE lança l'ivoirité pour des fins politiques déguisées dans une participation de toutes les personnes se trouvant sur le territoire ivoirien d'apporter le mieux d'elles-mêmes afin de créer un esprit d'épanouissement national. En réalité, l'ivoirité vise écarter certains acteurs politiques considérés potentiellement fort et capable de bouleverser les résultats des élections de 1995 d'une part et aussi à attirer une popularité vers son camp afin de faire passer le programme impopulaire au sein de l'Etat mais qui correspondait aux aspirations des bailleurs des fonds en excitant un enthousiasme à la population originaire, privée de son sol pour la plantation de cacao, café, étc. L'ivoirité lancée, divise les pays en deux clivages sans précédent. Pour ceux qui sont du sud, considèrent le concept comme un enjeu de sauvetage. Ils y voient une protection de leurs intérêts, ils sont majoritairement chrétiens, descendant de Baoulé et certains sont originaires du pays. L'autre clivage est constitué de ceux qui sont considérés comme ivoirien d'immigration due à la sécheresse qu'avaient connue les pays voisins du pays. Ils occupent majoritairement le Nord du pays et sont en grande partie les musulmans. Pour eux, l'ivoirité vient les discriminer et les éloigner de la conquête du pouvoir. Un concept à combattre par tous les moyens. Ces deux vues évoluent, presque à chaque organisation des élections, dans un climat des tensions. Les débats politiques qui ont émaillé les années 90 attribuent ce concept au président Bédié en exercice en 1993 ; Monsieur Pépé Paul le président du parti national ivoirien se dit être auteur. Selon lui, vers les années 50, l'auteur avait lancé l'idée sous forme d'une ligue des originaires de la nation qui devait contrer les activités menées pour l'UNIDAC entendu par là, l'association des défenses des intérêts de dahoméens constituaient des étrangers36(*) La crise de 1958 devait provoquer l'expulsion des étrangers sur le sol ivoirien. J.P Dozon, fait de Bédié l'incarnation exemplaire et l'idéale de l'ivoirité. Selon JP DOZON, l'ivoirité pour Bédié est une façon de se fabriquer une légitimité particulière dans un pays à deux tendances politiques. Transformant le pays au clivage, l'ivoirité provoque un climat de tension entre les populations du Nord et celle du Sud. * 34 RAMES L.B, L'ivoirité entre culture et politique, éd. L'Harmattan, Paris, 2003, p.87 * 35 Idem, p.89 * 36 Philippe David, la Côte d'Ivoire, éd.Karthala, Paris, 2000, p.51 |
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