CHAPITRE III : LA PROBLEMATIQUE
3.1. PROBLEMATIQUE :
Le terroir de Sansanto, à l'instar des autres parties
de la Commune Rurale de Keniéba, est confronté aux défis
de la dégradation de l'environnement dont les conséquences sont
dramatiques sur le développement socioéconomique des
populations.
La pratique anarchique et archaïque de l'orpaillage
traditionnel, les techniques culturales inappropriées et l'accroissement
de la population ont accentué l'appauvrissement des paysans.
Le village de Sansanto, terroir bien arrosé dont les
hauteurs de précipitations oscillent entre 900 à 1200 mm d'eau
par an, dispose d'importantes potentialités dans le domaine
agro-sylvo-pastorale et jadis considéré comme la zone de
concentration de nombreux gibiers.
Mais hélas ! De nos jours, nous assistons à
une diminution progressive et soutenue des terres de culture, des riches
pâtures, de la végétation dense et de la faune, en un mot
la biodiversité même est menacée dans toute sa
composante.
En effet, l'orpaillage traditionnel n'est autre chose que
l'extraction artisanale de l'or, il consiste à creuser des trous (mines
d'or), d'environ trois (3) mètres de diamètre et quinze (15)
à vingt (20) mètres de profondeur et ceux-ci sur de vastes
étendues de terres, à la recherche de quelques miettes
quantités d'or.
Cette pratique n'épargne rien sur son passage. Des
observations directes ont permis de constater que des hectares de forêts
sont dévastés chaque année, causant ainsi la mort de
beaucoup d'arbres et d'arbustes.
Du point de vue environnemental, l'activité artisanale
de l'orpaillage engendre localement des dégradations très
préoccupantes : chantiers orphelins non sécurisés,
terres agricoles stérilisées, forêts
dégradées, rivières polluées par les
sédiments, nappes phréatiques altérées par pompage
excessif, pollutions anthropiques diverses, etc. (Boutin,
1982)
La réhabilitation n'est donc pas vraiment
nécessaire et, de plus, serait d'un coût insupportable pour les
populations. Le problème environnemental majeur réside aussi dans
l'utilisation massive de substances chimiques, principalement du mercure pour
l'amalgamation de l'or, particulièrement lorsque l'opération est
effectuée en milieu humide. Les pertes en mercure (environ un gramme de
mercure est " évaporé " par gramme d'or produit)
peuvent générer des impacts sanitaires importants avec une
introduction dans la chaîne alimentaire et une amplification rapide par
bioaccumulation.
Les trous ne sont jamais refermés et constituent ainsi
des gîtes très dangereux pour le cheptel et souvent même
pour les personnes.
Les lieux qui abritent ces trous d'or (mines d'or à
ciel ouvert ou « daman diquin »en langue nationale bambara)
sont appelés les placers et à cet effet, ils sont impropres
à toute activité humaine, causent la mort de plusieurs animaux
domestiques (d'ailleurs ces gîtes sont appelés des
« lions sans dents »).
Il faut dire que l'Agriculture pâtit
considérablement de la ruée vers l'or. Aujourd'hui, les placers
ont littéralement remplacé les champs. L'exploitation artisanale
de l'or occupe près de 50% de la population active. Les dabas et autres
équipements sont tronqués contre des pioches. Les quelques champs
de mil, de fonio, d'arachide que l'on peut encore apercevoir dans les environs
du site d'orpaillage sont de petites superficies (Zida,
2004).
Quel dommage !
La dégradation de l'environnement et
l'épuisement des ressources naturelles n'ont-ils pas des incidences
graves sur les personnes démunies, surtout celles qui vivent dans les
zones rurales où les moyens de subsistance et l'emploi sont directement
liés aux ressources naturelles ?
Dans notre tentative de remédier au problème de
l'insuffisance des terres cultivables due à la pratique de l'orpaillage
traditionnel dans le village de Sansanto, nous avons voulu entreprendre en
premier lieu des actions de restauration des sols, en oubliant ainsi que les
mêmes causes produisent les mêmes effets.
L'analyse très minutieuse de la situation a
démontré que la pratique de l'orpaillage traditionnel, est non
seulement la cause principale de la dégradation de l'environnement, mais
aussi la conséquence d'une insuffisance d'activités
génératrices de revenus.
En effet, cette insuffisance d'activités
génératrices de revenus est surtout accentuée pendant la
période d'après récoltes.
Ainsi pour freiner cette dégradation des terres dans le
village de Sansanto, il serait souhaitable alors de diversifier et
d'intensifier d'autres activités telles les cultures
maraîchères, pouvant faire occuper les populations, tout en
diminuant progressivement la pratique de l'orpaillage traditionnel.
Vu l'ampleur du phénomène et l'urgence du
problème, nous envisagions de faire « d'une pierre deux
coups », c'est-à-dire résoudre les conséquences
liées à la dégradation de l'environnement et en même
temps créer des conditions favorables à l'atteinte de la
sécurité alimentaire et l'amélioration du bien être
de la population.
Photo N° 1 : Vue des mines
aurifères traditionnelles :
Photo N° 2 : Vue
d'une partie de la végétation
dévastée par l'orpaillage traditionnel.
Source, SISSOKO. H, Mémoire de fin de cycle,
2010.
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