Problématique de la pérennisation des interventions de prise en charge psychosociale des orphelins et enfants vulnérables au Bénin.( Télécharger le fichier original )par Benoit DAOUNDO Université catholique de Lilles/ Université polytechnique internationale du Bénin - Master gestion des projets et management de la qualité 2010 |
Section 2 : Discussion et propositionsDans une première partie de cette section, les résultats obtenus seront discutés et la deuxième partie sera consacrée aux propositions et suggestions. Paragraphe 1. Discussion des résultatsDes différentes analyses faites des informations collectées, il apparaît que plusieurs acteurs interviennent dans la prise en charge des OEV à travers tout le territoire national. La chaîne des acteurs de la prise en charge des OEV peut être décomposée de la façon suivante : ü L'Etat ü Les Partenaires Techniques et Financiers ü Les Organisations Non Gouvernementales ü Les Centres de Promotion Sociale et autres structures étatiques intervenant dans la prise en charge de certains services offerts aux OEV ü Les Collectivités locales ü Les parents/tuteurs et les Orphelins et Enfants Vulnérables eux-mêmes. Les problèmes relevés par l'enquête peuvent se résumer à : ü La non catégorisation des OEV pour un meilleur ciblage de leurs besoins ; ü L'inadéquation de certains services offerts aux OEV et leurs besoins réels ; ü L'insuffisance d'organisation du secteur, malgré les documents et cadres de concertations qui existent ; ü L'inexistence d'une cartographie des acteurs et de leurs interventions ; ü L'absence ou dysfonctionnement des cadres de concertation aux niveaux communal, départemental et national et entre les acteurs (entre les PTF, entre les ONG, entre ONG, autres acteurs et CPS) ; ü L'absence d'une mobilisation communautaire soutenue ; ü L'inexistence d'une base unique de données, d'un mécanisme fiable de coordination de toutes les interventions et le manque d'ouverture de certaines institutions ; ü La faible capacité de l'Etat en l'occurrence le Ministère de la Famille et de la Solidarité Nationale (MFSN) et ses structures décentralisées à coordonner les interventions et à faire un suivi régulier et rigoureux des interventions ; ü L'appui direct de certains partenaires aux ONG sans l'implication du MFSN. Au niveau de chaque acteur, des actions sont prises en faveur des OEV. En effet, quoique les résultats de l'enquête témoignent de la compréhension du concept d'OEV et de l'identification plus ou moins satisfaisante des OEV par les acteurs, il manque de précisions qu'il serait important de maîtriser pour des interventions de qualité. Le concept diversement défini par les enquêtés nécessitent que tous les acteurs comprennent que le statut d'OEV n'est pas seulement lié à l'infection au VIH/SIDA des géniteurs de l'enfant mais prend également en compte d'autres éléments de vulnérabilité basés sur la privation des droits de l'enfant. Ceci amène à catégoriser les OEV selon leurs niveaux de vulnérabilité en trois grands groupes à savoir la `'Haute vulnérabilité, la vulnérabilité moyenne et la vulnérabilité mineure comme définie dans le deuxième chapitre. Tout en reconnaissant cette classification, Sandrine Dekens est allé plus loin en proposant une catégorisation axée sur les risques courus par chaque enfant. Aussi, a-t-il souligné que dans le souci d'inclure les enfants dans les programmes de « prise en charge globale », il faut préalablement évaluer leur vulnérabilité pour adapter les différentes actions. Ceci lui a permis de retenir les niveaux de vulnérabilité ci-après : ü La vulnérabilité médicale et sanitaire (VM), dans laquelle peuvent être répertoriés tous les risques sanitaires et médicaux : enfants infectés par le VIH, handicapés moteurs, ou atteints d'autres pathologies ayant des degrés de gravité différents. La malnutrition, facteur important des risques sanitaires, est classée dans la vulnérabilité socio-économique, car la prise en charge qui est résulte s'inscrit davantage dans la sphère sociale (aide alimentaire) ; ü La vulnérabilité socio-économique (VS) : les risques associés à ce domaine sont les plus nombreux et les plus repérables. Elle traverse, à degrés différents, toutes les catégories d'enfants. La prise en charge de cette vulnérabilité prend en compte la famille et le contexte de vie de l'enfant ; ü La vulnérabilité psychologique (VP), domaine où s'exprime le vécu spécifique des différentes catégories d'enfants. La prise en charge qui en découle pourra varier selon la nature des risques auxquels l'enfant est ou a été exposé. Il est très important de la repérer et de préciser au maximum les risques qui y sont associés, car la nécessité d'une prise en charge psychologique des enfants est souvent sous estimée. Pourtant, un orphelin peut vivre dans un contexte matériel très favorable, et manifester une souffrance psychique. Les personnes enquêtées ont bien exprimé leurs capacités de prendre en charge certains besoins des OEV mais les acteurs ne peuvent découvrir les potentialités locales exploitables au profit des OEV que suite un travail fouillé de catégorisation des OEV sur la base de critères clairement définis. Par ailleurs, l'enquête de terrain nous a révélé que plusieurs PTF et ONG interviennent sur le terrain et parfois dans les mêmes localités sans aucune concertation formelle. Cet état de chose poserait un problème de duplication des actions sur le terrain et de ce fait une mauvaise gestion des ressources injectées dans la prise en charge psychosociale des OEV au Bénin. Le problème se pose aussi bien au niveau des acteurs opérationnels qu'à celui des PTF qui ne disposent pas aussi de cadre formel de discussion et d'harmonisation de leurs interventions. L'une des conséquences de cette situation est la prise en compte par presque tous les partenaires des mêmes services au profit des OEV sans oublier le jeu de double financement des mêmes interventions auquel s'adonnent certaines ONG de la place au détriment des milliers d'OEV qui attendent d'être pris en charge. En ce qui concerne la responsabilité de l'Etat dans la prise en charge des OEV, elle est double. En effet, l'Etat a l'obligation de protéger les êtres les plus faibles et de leur porter secours et assistance. A ce titre, aucun enfant ne devrait souffrir de secours ou d'assistance en cas de besoin. Mais compte tenu des moyens limités nos Etats, le recours aux partenaires économiques, techniques et financiers devient indispensables au regard des catastrophes socioéconomiques que subissent certaines familles dans le pays. Ainsi, l'intervention des PTF ne peut être vue que comme une aide temporaire pour secourir l'Etat dans cette épreuve. S'il en est ainsi, l'Etat devra trouver les formules pour prendre le relai des PTF étant donné que l'action de ces dernières est ponctuelle et programmée sur une durée déterminée. La pérennisation des de la prise en charge engagée constitue donc un devoir pour l'Etat qui doit chercher les voies et moyens pour qu'après le retrait des bienfaiteurs, les ménages continuent de bénéficier des services à eux rendus. Il est donc important pour l'Etat, qui a toujours très faiblement budgétisé les actions en faveur des OEV de reconsidérer ce secteur qui concerne des milliers d'enfants béninois. La pérennisation des interventions des PTF se trouve donc à deux niveaux : ü Le premier concerne l'appropriation des interventions par l'Etat et les collectivités locales afin qu'au retrait des financements extérieurs tous les acquis ne s'estompent pas. L'Etat doit donc assurer la continuation des actions des PTF par leur truchement de ses structures décentralisées et par l'appui aux ONG. ü Le deuxième niveau de pérennisation est l'autonomisation des bénéficiaires eux-mêmes. Selon les résultats de l'enquête, la seule perspective plausible pour le moment est l'autonomisation des parents/tuteurs d'OEV à travers divers appuis. Au nombre de ces appuis figurent en bonne place les activités génératrices de revenus que 95% des ménages pensent être la solution alternative pour résister à la misère au départ des PTF. Différentes formes d'AGR ont été proposées par les acteurs enquêtés. |
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