3. Préférences des OEV pour les services
offerts
Le tableau N°11 présente la situation de prise en
charge dans les localités visitées. Les partenaires techniques et
financiers prennent la charge d'un enfant lorsque ce dernier est élu OEV
pour bénéficier du service retenu. En ce qui concerne l'appui
scolaire, qui est le service le plus répandu à travers tout le
territoire national, les fournitures scolaires, l'uniforme, le sac, les frais
de scolarité et parfois l'argent du petit déjeuner sont pris en
charge par les PTF et ce, par le truchement des ONG qui agissent sur le terrain
à travers leurs animateurs. « Par manque de moyens suite
au décès d'un parent, certains enfants en âge d'être
scolarisés sont envoyés précocement en apprentissage,
à la traite, à l'exploitation économique, à des
pires formes de travail et même à la prostitution clandestine,
pour échapper au cycle scolaire assez long, obscure et
dépensier », a confié un Directeur d'ONG
interrogé. Cependant, sur le terrain, tout en souhaitant l'appui des ONG
ou des PTF, certains OEV se sont prononcés sur les services qu'ils
préfèrent recevoir des ONG comme le montre le tableau
ci-après.
Tableau N°11 : Préférences
des OEV pour les services offerts
Prise en charge
|
Nombre d'enquêtés
|
Services priorisés
|
Pourcentage
|
Scolarité
|
300
|
Oui
|
100%
|
Apprentissage
|
275
|
Oui
|
91%
|
Santé
|
250
|
Oui
|
83%
|
Alimentation
|
50
|
Non
|
16%
|
Source : Résultats d'enquête,
juin-juillet 2010
Il ressort de ce tableau que les services pris en charge par
les parents/tuteurs d'OEV ou les services qu'ils souhaitent prendre en charge
ou ceux que les enfants pensent qu'ils peuvent prendre en charge sont surtout
l'alimentation. Selon les résultats d'enquête mentionnés
dans le tableau, 100% des OEV interrogés sont pris en charge par les
PTF sur le plan scolaire à travers les organisations non
gouvernementale, ce qui laisse entrevoir que sans l'intervention du partenaire,
tous ces enfants ne seraient plus à l'école. Certains parents
déclarent ne pouvoir supporter la scolarité de leurs enfants, ce
qui présage d'une situation chaotique après le retrait des PTF
dont les subventions ont une durée. Ils ont donc suggéré
aux intervenants de prioriser les services liés à la
scolarité, à l'apprentissage et à la santé. Mais le
problème qui se pose est que le besoin d'appui dans ce service ne
signifie la prise en charge en entièreté de ce service. Par
exemple, le besoin d'appui scolaire peut être lié à l'appui
en fournitures seules, ou au paiement des frais de scolarité ou à
l'uniforme ou le tout à la fois. Les besoins ne sont forcément
les mêmes. Sur le terrain, les services ne sont pas
spécifiés et les enfants ayant juste besoin par exemple de frais
de scolarité bénéficient d'autres services que leurs
parents peuvent prendre en charge. Ainsi, le service supplémentaire dont
auraient pu bénéficier d'autres OEV est injustement et
inutilement investi chez d'autres enfants qui n'en ont vraiment pas besoin.
L'expression de cette volonté est
récapitulée dans le tableau suivant qui présente
clairement la participation de chaque acteur dans la prise en charge.
Tableau 12 : Participation des
différents acteurs dans la prise en charge des services aux
OEV
Services pris en charge
|
PTF(ONG)
|
Parents/tuteurs
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Scolarité
|
300
|
100%
|
00
|
00%
|
Apprentissage
|
275
|
91,66%
|
25
|
08,33
|
Santé
|
250
|
83,33%
|
50
|
16,66%
|
Alimentation
|
60
|
20%
|
240
|
80%
|
Psychologique
|
300
|
100%
|
00
|
00%
|
Spirituel
|
10
|
3,33%
|
290
|
96,66%
|
AGR
|
20
|
6,66%
|
280
|
93,33%
|
Autres
|
10
|
3,33%
|
290
|
96,66%
|
Source : Résultat d'enquête,
juin-juillet 2010
A travers la lecture du tableau, les besoins des
ménages et des OEV sont claires et ne doivent souffrir d'aucune
incompréhension. Les investissements de certains PTF à travers
les ONG sont quelques fois concentrés sur des appuis alimentaires alors
que les ménages souhaitent les prendre en charge mais à condition
qu'ils soient appuyés économiquement pour leurs activités
génératrices de revenus. A ce sujet, une grand'mère, la
soixantaine environ du département du Zou, ayant la charge de quatre de
ses petits fils orphelins de père et de mère déclare
« Il vaut mieux nous appuyer financièrement à
renforcer nos petits commerces pour nourrir nos enfants que de nous distribuer
de vivres chaque mois. Cela ne peut durer longtemps alors que si on m'aide
à relancer mon commerce, au terme de deux ans je pourrai me passer des
aides alimentaires ». Cette assertion cadre bien avec le
proverbe béninois selon lequel, « il vaut mieux apprendre
à pêcher à quelqu'un que de lui donner chaque fois du
poisson au risque de le rendre dépendant ». Cette
anecdote contée par cette vieille pose dans son entièreté
la problématique de la pérennité de la prise en charge
psychosociale des OEV au Bénin. A quoi sert-il donc de prendre la charge
des enfants pendant trois ans ou six ans avec une bonne performance scolaire et
de les retrouver quelques années plus tard dans la rue en quête du
minimum pour assouvir sa faim. Ce questionnement amène à
réfléchir sur un système dynamique d'autonomisation des
parents/tuteurs d'OEV après le retrait des PTF.
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