f) Synthèse des résultats des
représentations de l'alimentation
L'alimentation ne doit pas se réduire pas à la
nutrition, comme ce que nous vivons en Europe et spécialement d'une
manière visible, le paradoxe anglais et américain [avec un taux
de prévalence très élevé de la surcharge
pondérale] où la culture nutritionnelle est très
diffusée.
Les pratiques alimentaires d'acquisitions, de transformations
et de prises, sont généralement définies dans les
perspectives d'analyse des rôles des aliments, sur leurs valeurs
nutritionnelles et des rations ou tout simplement pour mieux orienter les
messages d'éducation nutritionnelle. Dans ce cas, la fonction biologique
de l'alimentation est souvent considérée comme supérieure
puisqu'elle est directement liée à la notion de la santé
biologique.
Or, la nutrition et la diététique ne peuvent pas
tout expliquer sur la problématique de santé nutritionnelle.
Surtout que l'éducation nutritionnelle place les aspects de santé
et de nutrition en position dominante, camouflant ainsi les autres univers
alimentaires comme la convivialité, le plaisir, l'identité, le
sens d'organisation, la santé et la survie.
Toutefois il apparaît que, c'est en mangeant [en tant
qu'un acte intime] que les gens s'incorporent eux-mêmes et
s'intègrent dans des espaces socioculturelles ainsi que dans des
systèmes de significations. Cette incorporation alimentaire fait en soi
l'objet d'habitudes, de pratiques, de rituels et de réglementations
strictes [Rozin P., 1994]. Elles sont structurées dans un système
social contextué, comme suggère aussi la théorie de site
symbolique(d).
Ceci confirme l'idée selon laquelle
l'alimentation est un levier du comportement de santé en ce sens qu'elle
englobe l'aliment dans sa chaîne alimentaire avec ses attributs
socioculturels. D'autant pu que dans le contexte actuel où de plus en
plus le contact avec la terre ne nous est plus familier, ce rapport si intime
à l'aliment du terroir tend à s'éloigner de notre
conscience. Les produits que nous consommons ne nous apparaissent plus comme
produits du travail d'un agriculteur ou d'un éleveur, d'un terroir mais
plutôt comme des produits de savoirs, traités dans les
usines.
Il y a donc intérêt de centrer le
programme d'interventions en éducation pour la santé plus sur les
représentations de l'alimentation que de la nutrition, qui
habituellement relègue les autres valeurs de l'alimentation, comme
facteurs de déviance. Ces facteurs représentent davantage la
marque, un nombre de calories ou assemblage de vitamines, etc.
(d) L'Homo situs est l'homme social,
pensant et agissant dans une situation donnée. Et, il est tout cela, en
véhiculant le sens du moment, celui de sa situation avec tout le poids
du passé et du changement qui s'impose. Les croyances et les mythes
donnent sens et direction aux adhérents du site. Le site suppose ainsi
complicité et proximité. Il est singulier mais aussi pluriel de
par son ouverture sur l'environnement, sur le changement. Il est fermé
et ouvert. C'est une entité immatérielle qui
imprègne l'ensemble des comportements et des matérialités
visibles de la contrée. Le site préfigure le caractère
local des comportements [Lire Latouche S. et al., 1999].
Surcharge pondérale : Représentations du corps et
de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D.
P.-01/2006]
Comprendre les représentations est sans doute essentiel
avant même de tenter de modifier des habitudes
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L'alimentation est la résultante des
métissages multifactoriels des faits sociaux : elle dépend de
la convivialité, du plaisir, de l'identité, de l'organisation, de
la survie et de la santé. Nous estimons ainsi répondre
à notre question spécifique de la recherche concernant
l'identification des éléments qui composent les
représentations de l'alimentation [Fig. 6 :].
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