1.1.2.UNE SITUATION MACRO ECONOMIQUE DIFFICILE
D'un point de vue macroéconomique, il est important de
rappeler que l'Equateur a connu une grave crise économique jusqu'en 2000
; de part la diminution des prix des exportations pétrolières et
une industrie peu compétitive dans les années 1980, la dette
extérieure se creuse et le pays entre en crise. L'Equateur est alors
encouragé par le FMI 5 à suivre un plan d'ajustement
structurel en 1983. Celui-ci vise à gérer au mieux la dette
extérieure par une forte dévaluation de la monnaie nationale (le
sucre), un désengagement de l'Etat dans ses fonctions
régaliennes, la suppression des subventions aux produits de base, la
compression des budgets publics (éducation, santé, etc.), la
libération des prix, la «flexibilisation» du marché du
travail, la privatisation d'entreprises publiques, etc.. Les
dévaluations de la monnaie nationale qui suivront ne permettront pas de
redresser l'économie équatorienne et déclencheront des
mécanismes de paupérisation. La libéralisation des
échanges et le développement des exportations sont aussi mis en
avant pour répondre au service de la dette. De plus, les produits
agricoles des pays voisins entrent désormais librement en Equateur au
détriment de l'agriculture locale. Cette politique entraîne de
nombreux déséquilibres entre secteurs modernes (agriculture
d'exportation productive) et traditionnels (agriculture vivrière
d'autoconsommation).
Pour contrer une inflation grandissante (sa dette
extérieure représentait 14 milliards de dollars en 2000 soit 90%
de son PIB6), une hausse du chômage (plus de 50%), ou encore
le manque d'accès à l'eau (un tiers de la population n'avait pas
accès à l'eau potable), à l'éducation (64% des
enfants de 6 à 15 ans étaient non scolarisés) et la
santé (70 % de la population n'avait pas
4 Exploitation agricole de moins d'un hectare
5 Fonds Monétaire International
6 Produit Intérieur Brut mesurant les richesses
créées d'un pays pour une année
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
14
accès aux soins médicaux), l'Equateur a
opté pour le dollar comme monnaie nationale en 2000 en espérant
stabiliser son économie, diminuer rapidement l'inflation, les primes de
risques, et d'avoir ainsi une impulsion économique et une
intégration commerciale et financière (MOGLIANI,
2006)
Bien que la dollarisation redonne sur le long terme une
reprise de la croissance économique du pays, ce choix politique s'est
fait au détriment de l'agriculture paysanne : les prix des
denrées mais aussi des intrants agricoles sont en augmentation alors que
les revenus agricoles diminuent. Les produits d'exportation ont subi une forte
crise : ils ont perdu leur compétitivité sur le plan
international ; leur balance commerciale est devenue largement
déficitaire, d'où une baisse des exportations depuis 2000.
L'inflation diminuant mais restant tout de même en 2009 de 10% a eu comme
effet d'augmenter les coûts de production et notamment les coûts
salariaux, donc de baisser le pouvoir d'achat, de limiter les crédits,
de voir se désengager l'Etat au sein des campagnes. Les
conséquences immédiates ont été une
paupérisation des campagnes, une augmentation des conflits entre les
exploitants ainsi qu'un phénomène croissant d'exode rural et
d'émigration vers les Etats-Unis, l'Espagne ou l'Italie. Aujourd'hui les
revenus de la migration sont la seconde source de capitaux étrangers,
après le pétrole. Sur le plan social, la hausse du chômage
fragilise les populations les plus vulnérables, même si les
nombreuses subventions (logement, scolarisation) ont permis d'amortir les
effets de la crise. La pauvreté reste encore élevée
(environ 40% de la population) et touche particulièrement les zones
rurales et les populations indigènes. Pour autant Rafael Correa et son
gouvernement mettent en place, depuis trois ans, une nouvelle constitution en
faveur des économies paysannes (nous la développerons dans la
troisième partie de ce mémoire).
Remarque : le président actuel de la
République, Rafael Correa Delgado, soutient une politique de
substitution aux importations qui maintient le pays dans un
développement agricole essentiellement axé sur l'agro-business et
les produits d'exportation. Il est caractérisé par son approche
nationaliste de l'économie (renégociation de la dette et des
contrats pétroliers avec les compagnies privées), un fort
volontarisme social (réforme des services de santé et
d'éducation), la volonté de renforcer la souveraineté
nationale et régionale dans une optique « bolivarienne ».
Tableau 1: Les grands chiffres économiques de
l'Equateur (MAE, 2008)
PIB
|
54,67 Mds $
|
PIB/hab
|
3808 $; 7500 $ en PPA
|
Taux de croissance
|
6,5%
|
Taux de chômage
|
8,7%
|
Sous emploi
|
40%
|
Taux d'inflation
|
8,4%
|
Dette publique
|
32,2% du PIB
|
Balance commerciale
|
- 820 M$
|
Croissance démographique
|
2%
|
Espérance de vie
|
74,8 ans
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
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De plus, l'Équateur a un IDH7 de 0,807 qui
le situe au 89ème rang sur 173 pays
référencés (MAE 8 ). Dans ce contexte, la
province d'Esmeraldas est une des provinces les plus défavorisées
du pays, notamment via l'éducation et l'accès aux soins. A titre
de comparaison, son taux d'analphabétisme est de 14.5% contre 11.7% en
moyenne dans le pays ; son IDH n'est que de 0,8 en 2009.
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