CONCLUSION
La zone de Quininde a participé dès le
début de sa colonisation au processus de participation au secteur
agro-exportateur de produits agricoles, d'abord le caoutchouc, puis ont suivi
la café et la banane, et désormais marqué par l'importance
croissante du palmier à l'huile. La présence de grandes cultures
dans la région a été marquée par des processus
hégémoniques internationaux : la Seconde Guerre mondiale pour
l'exportation de caoutchouc ; le boom de la banane pour l'augmentation de la
consommation des pays du Nord, caractérisant la région de zone
bananière; enfin la substitution aux importations avec la
présence de la culture du palmier à huile.
L'avantage de l'Etat est qu'il reçoit un pourcentage de
la vente d'huile de palme, en devises, alors qu'il n'engage aucun coût de
production de part sa filière entièrement privée. Par
l'ouverture des frontières aux IDE, par des incitations de plans de
colonisation et orientations dirigistes via l'accès au foncier et
à des lignes de crédit en faveur de la palme, l'Etat a
favorisé le développement de ce modèle d'agro-business au
détriment des exploitations familiales dans le canton de Quininde. De
plus, la production de palme génère un bon rapport
travail/revenu, une production stable dans le temps avec un prix au niveau
mondial croissant. Ainsi, les grands producteurs du canton dédient
majoritairement leur exploitation à la palme aux détriments de
leurs anciens systèmes de culture et/ou d'élevage.
Néanmoins on se rend compte que l'implantation des
grandes agro-industries, accaparent les ressources naturelles tant
l'accès à l'eau qu'à la terre, étant vitale pour
les systèmes de culture des économies paysannes afin de se
développer. Cette concentration foncière devient de plus en plus
importante, mettant donc les économies paysannes dans des situations de
goulots d'étranglement sans aides de l'Etat. De part une hausse
démographique, d'une absence de titre de propriété, d'un
désengagement de l'Etat, d'une pression foncière de plus en plus
importante, les paysans les plus vulnérables voient leur système
de production se fragmenter, dépossédé et/ou vendu. Ainsi
la majorité des petits exploitants familiaux sont contraints de
transférer leur force de travail familiale pour devenir, au mieux,
ouvrier agricole de ces exploitations capitalistes.
On observe actuellement au sein de ce canton, une dynamique de
paupérisation, entraînant un exode rural ce qui augmente le taux
de chômage. Au niveau des systèmes de culture, la
conséquence de cette diminution de l'économie paysanne se traduit
par une perte de diversité culturale, provoquant une diminution de la
sécurité alimentaire au niveau local. Ce fait se répercute
donc, sur une baisse de la souveraineté alimentaire à
l'échelle nationale : l'Equateur est de plus en plus dépendant de
l'importation de produits vivriers.
Aujourd'hui, face à ces problèmes
socio-économiques et environnementaux, l'Etat a un réel avantage
à s'impliquer dans ces systèmes de production. En effet, en plus
d'être les acteurs essentiels de la sécurité alimentaire du
pays, ces exploitations familiales ne concentrent pas les ressources
naturelles, fixent les populations et génèrent une
productivité de la terre, ainsi que de travail à l'hectare, les
plus hautes de la région.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Il est donc important que l'Etat se réengage dans les
campagnes, par des services publiques, dans des implications au niveau des
institutions de légalisation des terres, dans les centres de
marché et autres, afin d'encourager, de valoriser et de sécuriser
ces exploitations familiales face à l'agro-business. L'état doit
trouver un juste équilibre entre ces deux acteurs pour assurer un
développement équitable et durable pour tous et à chaque
échelle du pays.
Cette prise de conscience de l'Etat, ainsi que la mise en
place de cette nouvelle constitution sont un énorme tournant politique
dans un pays tel que l'Equateur. C'est une réelle avancée sociale
plus qu'économique qui s'ouvre aujourd'hui à ces exploitations
familiales.
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