3.2.2.TYPOLOGIE DE PRODUCTEURS
Organisation des Unités de Production (UP)
Les UP familiales se définissent principalement par des
exploitations diversifiées, qui ont tendance à concentrer la
force de travail familiale et à valoriser leur terre au maximum du fait
de leur faible accès au foncier.
Au contraire, les UP d'agro-entrepreneurs ont des
salariés permanents et journaliers sur leurs grandes
propriétés; ces grandes entreprises ou grands
propriétaires cherchent à maximiser leur taux de profit donc leur
la rentabilité financière; ce qui va s'en dire minimiser la
rémunération et le nombre des salariés. Cela se traduit
dans le canton de Quininde, par des systèmes extensifs et/ou
capitalistes (apport de beaucoup d'intrants).
Les différents types de producteurs sont
regroupés à partir des critères principaux suivants :
l'emplacement dans la zone, leur tendance productive, leur SAU et l'utilisation
de main-d'oeuvre familiale et embauchée.
Les types de producteurs les plus représentatifs de la
zone d'étude sont représentés ci-dessous :
Typologie
|
Producteur
|
Zone
|
Paysan sans terre
|
Paysan sans terre
|
1 et 2
|
Producteur diversifié
|
Paysan Semi-prolétaire
|
1 et 2
|
Moyen Diversifié
|
2
|
Grand Diversifié
|
2
|
Eleveur
|
Eleveur Traditionnel
|
2
|
Eleveur Semi-technicisé
|
1 et 2
|
Palmiculteur éleveur
|
Petit Producteur
|
1
|
Grand Patronal
|
1
|
Palmiculteur
|
Moyen Capitaliste
|
1
|
Grand Capitaliste
|
1
|
Tableau 7: Typologie des producteurs
(étude SIPAE, 2009)
78
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Pourcentage de la SAU pour chaque type de producteur
rencontré :
Tableau 8: Pourcentage de la SAU pour chaque type de
producteur rencontré (étude SIPAE, 2009)
Type de producteurs*
|
Systèmes de culture et
d'élevage
|
Total
|
Agroforestier
|
Palme
|
Fruit de la Passion
|
Autres
|
Elevage
|
ha
|
% ha % ha % ha % ha % ha %
|
Paysans sans terre
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
100
|
Paysan Semi-prolétaire
|
3
|
80
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
20
|
0
|
0
|
3
|
100
|
Moyen Diversifié
|
5
|
58
|
0
|
0
|
0,5
|
1
|
1
|
9
|
2
|
25
|
9
|
100
|
Petit Producteur
|
2
|
12
|
10
|
60
|
1
|
3
|
2
|
10
|
1
|
3
|
17
|
100
|
Grand Diversifié
|
14
|
74
|
0
|
0
|
0,6
|
2
|
0
|
0
|
5
|
24
|
19
|
100
|
Eleveur Traditionnel
|
6
|
13
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
3
|
36
|
81
|
44
|
100
|
Moyen Capitaliste
|
0
|
0
|
76
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
76
|
100
|
Eleveur Semi-technicisé
|
0,3
|
0
|
4
|
3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
150
|
97
|
155
|
100
|
Grand Patronal
|
1
|
0
|
89
|
53
|
0
|
0
|
0
|
0
|
79
|
47
|
168
|
100
|
Grand Capitaliste
|
0
|
0
|
500
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
500
|
100
|
* Pour expliquer l'organisation du tableau : les types de
producteurs ont été classés selon la taille de
l'unité agricole.
Les producteurs qui ont accès à des superficies
comprises entre 3 et 44 ha ont des exploitations ayant le plus de
diversité de système de culture et/ou élevage. A
l'exception des Petit Producteurs (PP) et de l'Eleveur Traditionnel (ET), la
majeure partie de la superficie est occupée par des systèmes
agroforestiers. Ces cultures servent principalement à garantir une
sécurité alimentaire pour la famille.
Le Petit Producteur (PP), consacrent 60% de sa superficie
totale au palmier à huile. Ceci montrant que la palme pourrait
être la valeur de rente la plus appréciée pour ce type de
producteur.
Concernant les producteurs disposants de superficies
supérieures à 44 ha, on observe que la diversification des
cultures est quasiment nulle. Il existe des cas où la surface se
répartie entre la palme et les pâturages. Cela indique que ces
types de producteurs consacrent leurs grandes surfaces à des cultures
rentières qui présentent une sécurité et une
fréquence de paiement supérieures ou égale à des
systèmes extensifs, comme la palme, où la production permanente
permet d'avoir un flux constant de capitaux.
79
80
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Utilité de la main d'oeuvre :
Le recours à de la main d'oeuvre salariale dépend
des principales activités nécessaires à chaque
système de production, ainsi que la capacité du capital à
investir dans la main d'oeuvre.
Répartition de la main d'oeuvre familiale et
salariale selon les types d'exploitations
Tableau 9: Répartition de la main d'oeuvre
par typologie de producteur (étude SIPAE, 2009)
Typologie
|
Producteur
|
MOF*
|
MOC**
|
MO Total
|
Superficie
|
J
total/ha
|
Jour
|
%
|
Jour
|
%
|
Jour
|
%
|
ha
|
$
|
Paysan sans terre
|
Paysan sans terre
|
11
|
100
|
0
|
0
|
11
|
100
|
0
|
0
|
Producteur diversifié
|
Paysan Semi-prolétaire
|
331
|
98
|
9
|
2
|
338
|
100
|
3
|
113
|
Moyen Diversifié
|
506
|
87
|
76
|
13
|
582
|
100
|
9
|
65
|
Grand Diversifié
|
1325
|
93
|
100
|
7
|
1425
|
100
|
19
|
75
|
Eleveur
|
Eleveur Traditionnel
|
904
|
79
|
240
|
21
|
1144
|
100
|
44
|
26
|
Eleveur Semi-technicisé
|
36
|
3
|
1164
|
97
|
1200
|
100
|
155
|
8
|
Palmiculteur éleveur
|
Petit Producteur
|
492
|
45
|
601
|
55
|
1093
|
100
|
17
|
64
|
Grand Patronal
|
266
|
4
|
6377
|
96
|
6643
|
100
|
168
|
40
|
Palmiculteur
|
Moyen Capitaliste
|
0
|
0
|
5548
|
100
|
5548
|
100
|
76
|
73
|
Grand Capitaliste
|
0
|
0
|
36500
|
100
|
36500
|
100
|
500
|
73
|
* MOF = Main d'oeuvre familiale sur l'exploitation ** MOC
= Main-d'oeuvre salariée sur l'exploitation
Dans l'ensemble, ce sont les exploitations des Producteurs
Diversifiés (PD) qui sont le plus demandeur de jours de travail par
hectare (jusqu'à 113 J /ha pour les paysans n'ayant que 3 ha de terre).
Elles occupent le travail familiale de 87% à 98% de l'effectif total de
main d'oeuvre des UPA.
Pour les Eleveurs, les besoins en main d'oeuvre par
unité de surface sont faibles; ils varient de 8 à 26 J total/ha.
La différence fondamentale entre ces deux systèmes est que dans
le cas de l'Elevage Traditionnel, la famille représente la part la plus
grande de l'offre de main d'oeuvre, tandis que c'est le contraire pour
l'Elevage Semi-technicisé (ES). En effet, le budget dédié
à la main d'oeuvre salariale est de 97% pour l'ES.
De part une diversification de ces systèmes de culture
et d'élevage, le Petit Producteur a besoin de 64 journées de
travail à l'hectare, pour une exploitation moyenne de 17 ha. Ce type de
producteur a un bon équilibre, autant au niveau d'occuper sa famille au
sein de son exploitation, que de créer de la main d'oeuvre salariale
(55%) et donc de pouvoir s'occuper à d'autres activités.
Dans le cas du Grand Patronal (GP), leurs exploitations
combinent la palme et l'élevage mis en en association. C'est pourquoi
elles génèrent 40 J total/ha en moyenne, valeur entre les
éleveurs et les palmiculteurs. La part dédiée à la
main d'oeuvre représente 96% du total.
81
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Ces producteurs disposent de travailleurs permanents qui
réalisent toutes les activités dans l'exploitation. Le
propriétaire intervient seulement dans les activités de
contrôle et d'administration.
Les exploitations des Grands Palmiculteurs (GP) sont
caractérisées par leur absentéisme ; ils disposent de
travailleurs permanents, allant de la manoeuvre à l'administrateur en
passant par la secrétaire. Autrement dit, le fonctionnement est celui
d'une micro-entreprise, dans laquelle le propriétaire n'est que peu ou
pas présent sur ses plantations. Il est en contact direct avec le
comptable et l'administrateur. Ces systèmes se basent sur un
équilibre entre la valorisation de la terre et la superficie de
celle-ci.
Lorsque les exploitants travaillent eux-mêmes sur leur
propriété (Producteur diversifié), leur
intérêt est avant tout de valoriser au mieux leur force de travail
à l'hectare du fait de leur faible accès au foncier. Et donc, de
choisir les systèmes de culture assurant une production de richesse
élevée au regard du travail requis.
|
Cependant, les palmiculteurs, qui ont un important
accès à la terre, génèrent de l'emploi. En effet,
leur force de travail (73 J total/ha) est presque équivalente à
celle des exploitations familiales.
|
Il est important de savoir à ce point de
l'étude, si les exploitations de ces types de producteurs suffisent pour
subvenir à leurs besoins ou s'ils doivent vendre aussi leur force de
travail à l'extérieur, impliquant donc les problèmes
d'exode rural, de pauvreté, accès aux services publiques, etc.
|
3.2.3.RICHESSE PRODUITE AU SEIN DES SYSTEMES DE
PRODUCTION
Tableau 10: Cumul des VAB selon les différents
types d'exploitations (étude SIPAE, 2009)
* Pour une explication de l'organisation du tableau : les
types de producteurs ont été classés selon la richesse
produite par an, exprimée en termes de Valeur Ajoutée Brute
(VAB).
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
82
On observe que la VAB totale produite par exploitation varie
de 338$ à 712 000$. Cette fourchette est large et peut s'expliquer par:
l'accès à la terre, le capital à investir, le choix des
cultures, ses itinéraires techniques, le prix de vente, le temps de
travail disponible par surface, etc.
Les Grand Patronaux ou les Capitalistes disposent de petites
habitations pour les travailleurs permanents (Paysan sans terre) et leur
laissent exploiter une petite surface tel que l'aviculture, et c'est pour cela
que la richesse de la terre produite est minime. Ces paysans sont d'anciens
producteurs (notamment type Semi prolétaire) ayant du partir par manque
de moyens financiers (décapitalisation des cultures), de pressions
foncières (pas de titre de propriété) et/ou sociales
(pression démographique, fragmentation des terres).
Les producteurs dont la superficie est inférieure
à 44 ha, sont les Agriculteurs Semi-prolétaires aux Grand
Diversifiés (GD). La richesse totale produite peut atteindre
jusqu'à 32879 $/an. On se rend compte que la richesse brute des
systèmes d'agroforesterie augmente avec la superficie de ces producteurs
(elle passe de SA2 à SA1). Ce système de culture peut être
un réel atout pour l'économie paysanne: le fait d'être en
SA1 permet d'amoindrir le temps consacré à travailler ce
système tout en optimisant sa production. De plus, il permet
réellement de créer de la richesse pour ces populations
rurales.
Remarque : le fruit de la passion apparaît comme
une entrée d'argent supplémentaire pour les moyens et grands
diversifiés ayant rendu leur système agroforestiers efficients
(SA1).
L'éleveur traditionnel ne reçoit que 39% de
richesse totale produite avec son élevage prenant plus de 81% de sa SAU.
Bien que ce système d'élevage lui assure une revenu
régulier, et lui assure une caisse d'épargne pour les moments
d'urgence, ce sont les systèmes d'agroforesterie ainsi que du fruit de
la passion qui lui génèrent en plus grande partie sa VAB
totale.
Les petits producteurs, étant situés en zone 1,
ont profité de leur situation (grâce à des crédits
par les extracteurs ou autres) pour remplacer leur système agroforestier
par celui de la palme dans leur système de production. Ceci leur a
permis, de part un travail à la journée moindre, de se
diversifier réellement en termes de systèmes de culture tout en
ayant une entrée d'argent hebdomadaire garantie par la palme (57% de
leur VAB totale).
Remarque : les prêts sont essentiels pour ces
types de producteurs. En effet, durant les quatre premières
années de croissance de la palme, il n'y a pas de production ni
d'association possible. Ils n'avaient donc que leurs autres systèmes de
culture pour vivre et investir dans la plantation de palmiers africains, ce qui
n'est que pas possible.
La VAB totale des Eleveurs Semi-technicisés (ES)
jusqu'aux Grands Capitalistes (GC), dépasse facilement les 36 000 $/an.
Ces producteurs/éleveurs ont les capitaux pour investir dans les
techniques agricoles modernes, intrants chimiques et ont un grand accès
à la terre, aux ressources naturelles, aux infrastructures, services
tels que les crédits (ils ont tous leur titre de propriété
et une garantie financière), etc.
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